-
Réaliser pleinement
vos rêves d'enfance
-
Attendez que je les mérite.
-
C'est merveilleux d'être ici.
-
Indira ne vous a pas dit
que ces conférences
-
étaient autrefois appelées
"Le Dernier Cours"
-
Avant de mourir
quel serait votre dernier cours ?
-
J'ai pensé : mince, j'avais tout
prévu, et ils l'ont renommé !
-
Au cas où certains débarqueraient,
mon père disait toujours :
-
"Quand il y a un éléphant
dans le salon, présente-le."
-
Sur mon scanner, vous pouvez voir
une dizaine de tumeurs hépatiques.
-
Les docteurs m'ont donné
3 à 6 mois en bonne santé.
-
C'était il y a un mois,
vous pouvez faire le calcul.
-
J'ai les meilleurs médecins.
-
C'est comme ça.
-
Nous ne pouvons rien y faire,
-
nous devons juste décider
comment répondre à cela.
-
Nous ne pouvons pas
changer les cartes en main,
-
seulement la façon
de les jouer.
-
Si je ne suis pas aussi dépressif
et morose que je devrais l'être,
-
désolé de vous décevoir !
-
Je vous assure que
je ne suis pas dans le déni.
-
Ce n'est pas comme si
j'ignorais ce qui se passe.
-
Ma famille et moi
venons juste de déménager.
-
Nous avons acheté une merveilleuse
maison en Virginie, nous l'avons fait
-
parce que c'est un meilleur
endroit pour vivre, pour la famille.
-
Et l'autre chose, c'est que
j'ai une pêche d'enfer.
-
La meilleure dissonance
cognitive qu'on ait jamais vue :
-
je suis un mourant
en parfaite santé physique.
-
Je suis en meilleure forme
que la plupart d'entre vous !
-
Ceux qui veulent s'apitoyer,
venez faire quelques pompes,
-
et après vous pourrez
avoir pitié de moi.
-
Aujourd'hui, nous n'allons pas
parler de cancer,
-
j'ai passé beaucoup de temps
à en parler, ça ne m'intéresse plus.
-
Si vous avez le remède miracle,
restez à l'écart !
-
Nous n'allons pas parler
de choses plus importantes
-
que réaliser ses rêves d'enfance.
Nous n'allons pas parler de ma femme,
-
ou de mes enfants.
Parce que je suis doué,
-
mais pas suffisamment
pour en parler sans pleurer.
-
Retirons ça de la table,
c'est beaucoup trop important.
-
Nous n'allons pas parler
spiritualité et religion,
-
même si j'avoue m'être
converti sur mon lit de mort :
-
Je viens d'acheter un Macintosh.
-
Je mets 9% de la salle
dans ma poche avec ça.
-
De quoi allons nous
parler aujourd'hui ?
-
De mes rêves d'enfance,
de comment je les ai accomplis.
-
J'ai été particulièrement
chanceux de ce côté.
-
Comment j'ai pu aider
les autres à réaliser leurs rêves,
-
et quelles leçons en tirer.
Je suis professeur,
-
il y a donc
des leçons à retenir.
-
Comment vous pouvez
utiliser ce dernier cours
-
pour réaliser vos rêves,
ou aider les autres à accomplir les leurs.
-
Et en vieillissant,
vous découvrirez
-
que dévoiler les rêves des autres
c'est encore plus satisfaisant.
-
Donc, quels étaient
mes rêves d'enfance ?
-
J'ai vraiment eu
une enfance heureuse.
-
Je ne plaisante pas,
-
j'ai fouillé les
archives familiales,
-
et j'ai été surpris
de ne pas trouver
-
une photo de moi
où je ne souriais pas.
-
Ça m'a fait vraiment plaisir.
-
Voilà notre chien.
-
J'ai même une photo
de moi en train de rêver.
-
J'étais souvent dans la lune,
on me disait "Réveille-toi !"
-
C'était une époque faite de
rêves. Je suis né en 1960,
-
quand vous avez 8 ou 9 ans,
vous regardez la télé,
-
et que des hommes marchent
sur la lune, tout est possible.
-
Nous ne devons
pas perdre de vue
-
que l'inspiration et le rêve
sont des choses énormes.
-
Alors, quels étaient
mes rêves d'enfance ?
-
Vous pouvez réfuter cette liste,
mais c'est la mienne.
-
Être en apesanteur,
jouer dans la National Football League,
-
écrire un article dans
l'Encyclopédie Universelle,
-
— on voit déjà
le geek que j'étais —
-
être Capitaine Kirk, quelqu'un
ici a eu ce rêve d'enfance ?
-
Pas à Carnegie Mellon, non.
Je voulais être un de ces types
-
qui gagne les peluches géantes
dans les parcs d'attraction.
-
Et je voulais être un
concepteur d'attractions Disney.
-
Ils ne sont pas dans
un ordre précis, mais je pense
-
qu'ils sont classés par difficulté,
sauf peut-être le premier.
-
Donc, être en apesanteur.
-
C'est important
d'avoir des rêves précis.
-
Je ne voulais pas être astronaute,
je portais des lunettes
-
on m'a dit "les astronautes
ne peuvent pas avoir de lunettes"
-
Moi je ne voulais pas
tout le boulot des astronautes
-
je voulais juste
flotter dans les airs !
-
Et comme
tous les enfants,
-
Prototype 0.0.
-
Mais ça ne
fonctionnait pas bien,
-
et j'ai découvert
que la NASA avait
-
un avion appelé
la Vomit Comet
-
qu'ils utilisaient pour
entraîner les astronautes.
-
Elle fait un vol parabolique,
et sur chaque arc
-
vous avez environ
25 secondes sans propulsion
-
qui provoque
un équivalent d'apesanteur.
-
Il y avait un programme
où des étudiants
-
pouvaient soumettre
des projets,
-
et s'ils gagnaient
la compétition
-
ils pouvaient
faire un tour de vol.
-
J'ai pensé
que ça serait cool,
-
j'ai monté une équipe,
ils ont gagné le droit de voler.
-
J'étais si excité
de partir avec eux
-
et là j'ai percuté
le premier mur de brique.
-
Il était bien spécifié
qu'en aucune circonstance
-
il ne serait permis aux profs
de voler avec les étudiants.
-
Ca m'a
brisé le cœur.
-
J'étais mais genre,
"J'ai travaillé si dur !"
-
J'ai relu avec attention,
et j'ai vu que la NASA,
-
— ça faisait partie de leur
campagne de communication —
-
permettait aux
étudiants d'emmener
-
un journaliste local
de leur ville d'origine.
-
Et voilà, Randy Pausch,
journaliste web !
-
C'est si facile d'obtenir
une carte de presse !
-
J'ai appelé les gars
de la NASA et j'ai dit
-
J'ai besoin de connaître
votre numéro de fax.
-
Ils m'ont répondu : quels
documents allez-vous nous faxer ?
-
Ma rétractation
comme encadrant universitaire,
-
et mon inscription
en tant que journaliste.
-
Il m'a dit : c'est
un peu transparent, non ?
-
Oui mais notre projet
porte sur la réalité virtuelle,
-
nous allons apporter
plein de kits
-
et tous les étudiants de toutes
les équipes vont en profiter.
-
Les journalistes des autres
équipes vont filmer tout ça !
-
Jim Foley se dit :
"Espèce d'enfoiré !"
-
Le gars m'a dit :
voici le numéro de fax.
-
Mais on a tenu
notre engagement,
-
et c'est un des thèmes
de la conférence,
-
Apportez toujours quelque chose,
vous serez mieux accueilli.
-
Si vous êtes curieux de voir
à quoi ressemble l'apesanteur
-
— j'espère que
le son fonctionne —
-
Ça c'est moi.
-
On déguste sérieusement
en bas de la courbe !
-
Et voilà, rêve n°1 :
C'est fait !
-
Maintenant on va
parler de football.
-
Mon rêve était de jouer
dans la National Football League.
-
La plupart d'entre vous
ignorent que j'ai vraiment...
-
Non, je n'ai pas réussi
à jouer dans la NFL.
-
Mais j'ai probablement
appris davantage
-
en ne réalisant
pas ce rêve
-
que de tous ceux
que j'ai accomplis.
-
Je me suis
inscrit à 9 ans,
-
j'étais de loin
le plus petit de la ligue.
-
J'avais comme entraîneur
Jim Graham, 1.95m,
-
il jouait défenseur en
Pennsylvanie. Un genre de Hulk
-
il était de la vieille école.
Vraiment old school.
-
Il pensait que la passe
offensive n'était qu'une ruse !
-
Il s'est pointé à
l'entraînement le 1er jour,
-
une armoire à glace,
on était mort de trouille,
-
et il n'avait pas
apporté de ballon.
-
Comment va-t-on
s'entraîner sans ballon ?
-
Un des enfants
a demandé :
-
Excusez-moi monsieur,
mais on n'a pas de ballon.
-
Graham a dit :
"C'est exact,
-
combien y a-t-il
de joueurs sur le terrain ?"
-
11 par équipe,
22 au total.
-
"Et combien touchent
la balle à chaque instant ?"
-
Un seul.
-
"Bien, on va voir
ce que font les 21 autres."
-
C'est vraiment une
histoire intéressante,
-
parce qu'elle
parle des fondamentaux.
-
Vous devez apprendre
les fondamentaux
-
sinon le reste ne fonctionne pas.
L'autre histoire avec Jim Graham
-
c'est un entraînement où
il m'en a fait baver,
-
"Tu le fais mal,
recommence,
-
tu vas faire des pompes après
l'entraînement." À la fin,
-
un des entraîneurs
est venu et m'a dit :
-
"Graham t'en fait
baver, non ?"
-
Ouais.
-
Il m'a dit :
"C'est une bonne chose."
-
Quand tu te plantes,
-
et que personne
n'élève plus la voix,
-
ça veut dire
qu'ils ont abandonné.
-
C'est une leçon
qui m'a servi toute ma vie.
-
"Quand tu vois que tu
fais de la merde, et que
-
personne ne te le dit,
tu es dans de sales draps."
-
Vous comptez toujours
pour ceux qui vous critiquent.
-
Après Graham, j'ai eu un autre
entraineur, Setliff, qui m'a appris
-
énormément sur la puissance
de l'enthousiasme. Pendant un match,
-
il a mis les joueurs à la place
la moins adéquate pour eux,
-
Tous les petits deviennent
des ailiers, vous voyez ?
-
C'était ridicule. Mais c'était
juste pour un match,
-
et l'autre équipe n'a pas compris
ce qui lui est tombé dessus
-
car quand tu joues juste une partie
à la place où tu n'es pas sensé être,
-
et que "liberté"
signifie "rien à perdre"
-
tu leur mets
une sacrée branlée.
-
Ce genre d'enthousiasme
c'était génial.
-
Depuis ce jour, je me sens
à l'aise sur un terrain de foot.
-
C'est comme
les moments où
-
je tente de résoudre
un problème difficile, les gens
-
me voient dans les couloirs
en train de faire ça
-
c'est juste parce que
-
quand tu fais quelque chose
jeune et que tu t'entraînes,
-
ça devient
une partie de toi.
-
Et je suis heureux que
le foot fasse partie de ma vie.
-
Je n'ai pas réalisé mon rêve
de jouer dans la NFL, mais ça fait rien.
-
J'en ai retiré des choses
bien plus importantes.
-
Regardez ce qu'il advient
de la NFL, ne suis pas sûr
-
que les gars s'en sortent
aussi bien que moi.
-
Une expression que je tiens
d'Electronic Arts et que j'adore,
-
qui convient à merveille :
-
"L'expérience est ce qu'on obtient
quand on n'obtient pas ce qu'on veut."
-
C'est vraiment adorable.
-
L'autre truc,
c'est que nous envoyons
-
nos enfants jouer au foot,
faire de la natation, ou autre,
-
et c'est le premier
exemple de ce que j'appelle
-
les "feintes pédagogiques" :
l'apprentissage indirect.
-
On ne veut pas faire
de nos enfants des footballeurs,
-
certes, c'est génial
d'apprendre les positions
-
de savoir bloquer,
et tout ça,
-
Mais on envoie nos enfants
apprendre des choses plus importantes :
-
Travail en équipe, esprit sportif,
persévérance, etc.
-
Ce genre de "feinte"
est indispensable.
-
Faites un peu attention,
vous verrez qu'il y en a partout.
-
Un facile : devenir un auteur
de l'Encyclopédie Universelle.
-
Quand j'étais enfant,
-
on avait l'Encyclopédie
Universelle sur l'étagère,
-
Pour les jeunes :
ceci est du papier.
-
On appelait ces choses "des livres".
-
Une fois devenu une tête
en matière de réalité virtuelle,
-
pas parmi les plus importantes,
mais du niveau de ceux
-
que demandent
les éditeurs de l'Encyclopédie.
-
Ils m'ont appelé,
j'ai écrit un article,
-
là c'est Caitlin Kelleher,
-
jetez un œil
dans une bibliothèque
-
qui conserve un exemplaire
de l'Encyclopédie
-
cherchez à V pour
Virtual Reality et le voilà.
-
La seule chose
que j'ai à dire :
-
Pour avoir été sélectionné comme
auteur dans l'Encyclopédie Universelle,
-
je peux dire que Wikipédia
est une source d'information
-
parfaitement sûre, parce que
je connais le contrôle qualité
-
des vraies Encyclopédies.
-
Ils m'ont laissé
écrire dedans !
-
Rêve suivant :
-
Rencontrer
Devenir Capitaine Kirk
-
Au bout d'un moment,
on réalise qu'on ne fera pas
-
certaines choses, et que le mieux
est de s'en rapprocher.
-
Quel modèle
pour la jeunesse !
-
Il est tout
ce qu'on a rêvé d'être.
-
Ce que j'ai appris qui m'a
servi en leadership plus tard
-
c'est qu'il n'est pas
le gars le plus intelligent.
-
Spock est très malin, McCoy
est médecin, Scotty est ingénieur,
-
mais quelles compétences
a Kirk pour piloter ce vaisseau ?
-
C'est clairement une
compétence appelée leadership.
-
Que vous aimiez
ou pas la série,
-
vous apprendrez beaucoup
sur comment on dirige des gens
-
en regardant
faire ce mec.
-
Et il avait
les gadgets les plus cool !
-
Je veux dire,
-
déjà enfant je
trouvais ça fascinant
-
de pouvoir parler à tout
le vaisseau avec ce bidule,
-
Je trouvais ça
spectaculaire,
-
mais maintenant le mien
est encore plus petit !
-
C'est vraiment génial.
-
Et j'ai accompli ce rêve.
-
James T. Kirk,
ou son alter ego
-
William Shatner,
a écrit un livre,
-
je crois même que
c'était un bon bouquin,
-
avec Chip Walter,
-
un bon écrivain
de Pittsburgh.
-
Ils ont écrit un livre sur
la science de Star Trek,
-
tout ce qui est devenu réalité,
-
Ils ont fait une tournée,
regardé différentes choses
-
et ils sont venus ici étudier
notre système de Réalité Virtuelle.
-
On a fait un monde pour lui,
qui ressemblait à ça :
-
On a déclenché l'Alerte Rouge.
Il a joué le jeu,
-
même si il avait
flairé l'entourloupe.
-
C'est vraiment chouette de
rencontrer son héros d'enfance.
-
Mais c'est encore plus chouette
quand il vient à vous
-
regarder les trucs chouettes
que vous faites dans votre labo.
-
Ça c'était un grand moment.
-
Gagner des peluches géantes.
-
Ca peut paraître banal, mais
quand vous voyez ces grands mec
-
qui se balladent dans
les parcs d'attraction
-
et qui trimballent
toutes ces peluches géantes
-
Voilà mon épouse adorée,
-
j'ai beaucoup de photos
des peluches que j'ai gagnées,
-
Voilà mon père, qui
pose avec l'une d'elles.
-
J'en ai vraiment
gagné beaucoup !
-
Mon père, qui a gagné
celle-là, il faut le dire.
-
Ce fut une bonne partie
de ma vie de famille.
-
Mais j'entends déjà
venir les cyniques :
-
À notre époque d'images
trafiquées numériquement,
-
peut-être que ces ours en peluche
ne sont pas vraiment avec moi...
-
peut-être ai-je
payé quelqu'un 5$
-
pour prendre une photo de moi
à côté de son ours en peluche.
-
Comment, dans cette époque
cynique, puis-je vous convaincre ?
-
Je sais : je peux
vous montrer les peluches !
-
Mettez-les là,
contre le mur.
-
On t'entend mal.
-
Merci chérie.
-
Voilà quelques
ours en peluche.
-
On n'avait pas beaucoup
de place dans le camion
-
si quelqu'un
veut en emporter
-
venez à la fin,
premiers arrivés premiers servis.
-
Rêve suivant :
fabriquer des attractions.
-
Ça a été
le plus difficile.
-
Être en apesanteur
c'est rien à côté.
-
À l'âge de 8 ans, notre
famille a traversé le pays
-
pour aller
à Disney Land.
-
Si vous avez vu le film
National Lampoon's Vacation
-
ça y ressemblait beaucoup.
C'était une quête !
-
Voilà des photos
de l'époque,
-
là c'est moi
devant le château.
-
Et là c'est moi,
-
pour ceux qui l'ont deviné,
c'est le train d'Alice.
-
Je me suis dit
que c'était l'environnement
-
le plus cool
où j'ai jamais été,
-
et au lieu d'en profiter,
j'ai dit "je veux en fabriquer".
-
J'ai attendu mon heure,
j'ai fait mon doctorat
-
à Carnegie Mellon,
me croyant qualifié pour tout.
-
J'ai envoyé une lettre de motivation
à Walt Disney Imagineering
-
et ils m'ont envoyé
la plus belle lettre de refus
-
que j'ai jamais eue.
-
"Nous avons étudié
attentivement votre candidature,
-
et nous n'avons
actuellement aucun poste
-
correspondant à
vos qualifications."
-
Vous recevez cette lettre
d'un endroit
-
connu pour embaucher
des armées de balayeurs.
-
Ça m'a bien refroidi.
-
Mais rappelez-vous, les murs
sont là pour quelque chose.
-
Ils ne sont pas là pour
nous empêcher d'entrer,
-
ils sont là pour
nous donner une chance
-
de montrer combien notre
motivation est grande.
-
Ils sont là pour arrêter les gens
pas suffisamment motivés.
-
Ils sont là pour
arrêter les autres.
-
On avance
jusqu'en 1991.
-
On a fabriqué un système
à l'Université de Virginie,
-
appelé "La Réalité Virtuelle
pour 5$ par jour".
-
Une expérience incroyable
et spectaculaire. J'étais si effrayé,
-
en tant que jeune prof.
Jim Foley est avec nous,
-
et j'adore raconter cette histoire.
Il connaissait mon directeur de thèse,
-
Andy Van Dam, j'étais à ma
première conférence, mort de trouille,
-
et cette icône dans le monde
des interfaces utilisateur vient à moi,
-
me prend dans ses bras
et me dit :
-
"De la part d'Andy."
-
Et là j'ai pensé :
Je peux y arriver.
-
Peut-être que
c'est ma place.
-
Une histoire similaire,
cette incroyable réussite,
-
car à l'époque, il fallait
500.000$ pour faire de la VR,
-
on se sentait frustrés,
et pour 5000$ de pièces détachées
-
on a bricolé un système
-
de Réalité Virtuelle fonctionnel.
Les gens se disaient
-
qu'on était comme ces gars
de Hewlett Packard dans leur garage.
-
J'ai présenté le système,
la salle était en effervescence,
-
et pendant les questions,
Tom Furness, un grand nom
-
de la Réalité Virtuelle, a
pris le micro et s'est présenté.
-
— je le connaissais
juste de nom —
-
Il a posé une question
et j'ai dit tout de suite :
-
"Excusez-moi, vous
êtes bien Tom Furness ?"
-
Il a répondu oui. J'ai dit :
"Je vais vous répondre
-
mais avant, voulez-vous
déjeuner avec moi demain ?"
-
Il s'est passé beaucoup
dans ce petit instant,
-
beaucoup d'humilité mais aussi :
Demander à quelqu'un
-
dans une situation
où il ne peut pas refuser.
-
Deux ans plus tard,
Disney travaillait
-
sur un projet de Réalité
Virtuelle top secret.
-
Ils niaient toute existence
d'un projet de Réalité Virtuelle
-
alors que la pub pour
l'attraction passait à la télé.
-
Disney avait vraiment
surveillé ce projet.
-
C'était l'attraction Aladdin où
vous volez sur le tapis volant.
-
Avec un écran sur la tête,
qu'on appelait la Croco Vision.
-
J'avais mes entrées.
Dès que le projet a démarré,
-
ils ont commencé
la campagne de pub.
-
On m'a demandé d'expliquer
au Secrétaire d'État à la Défense
-
où on en était
sur la Réalité Virtuelle.
-
Fred Brooks et moi-même
avons expliqué au Secrétaire d'État.
-
J'ai pris ça
comme prétexte.
-
J'ai appelé Disney :
"Bonjour,
-
je suis avec le Secrétaire
d'État à la Défense,
-
j'aimerais lui montrer
vos équipements,
-
car vous avez les meilleurs
systèmes VR au monde."
-
Ils m'ont envoyé chier,
alors j'ai demandé
-
si tous les trucs patriotiques
dans leurs parcs c'était pour rire.
-
Ils m'ont dit : "Soit, mais le
Département des Relations Publiques
-
n'a aucun équipement à vous montrer,
je vais devoir vous mettre en contact
-
directement avec
les concepteurs." Jackpot !
-
Je me suis retrouvé au téléphone
avec un certain Jon Snoddy,
-
un des gars les plus impressionnants
que j'ai jamais rencontré,
-
il dirigeait toute l'équipe,
-
et c'est pas étonnant qu'il
ait fait des choses incroyables.
-
Il m'a envoyé des trucs,
on a parlé un peu,
-
et j'ai dit : "Je fais une
conférence près de chez vous,
-
ça vous dirait de déjeuner ensemble ?"
Traduction : je vais vous mentir,
-
et vous dire que j'ai une excuse
pour être dans les parages
-
comme ça je n'aurai
pas l'air trop nerveux.
-
Mais j'irai sur Neptune
juste pour déjeuner avec vous !
-
Jon a accepté,
-
et j'ai passé
plus de 80 heures
-
à parler à tous les experts
de Réalité Virtuelle dans le monde,
-
leur demandant : "Si vous
aviez accès à ce projet,
-
que demanderiez-vous ?"
-
J'ai compilé toutes les réponses,
j'ai dû les apprendre par cœur
-
avec ma mémoire de poisson rouge,
je ne pouvais pas me pointer
-
comme un gros nerd :
"Alors, question 72..."
-
Sur un déjeuner
de 2 heures,
-
Jon a dû penser qu'il
parlait à un génie,
-
car je ne faisais que relayer
Fred Brooks, Ivan Sutherland
-
Andy Van Dam, Henry Fuchs,
des gens comme ça.
-
C'est facile de faire le malin
quand vous êtes un perroquet.
-
À la fin du déjeuner avec Jon,
-
j'ai comme qui dirait
"posé la question" :
-
"Je compte prendre
une année sabatique."
-
Il m'a répondu :
"C'est quoi ?"
-
Le choc
des cultures.
-
J'ai évoqué
la possibilité de venir
-
et de travailler
avec lui.
-
Il m'a dit "C'est bien,
mais vous savez,
-
votre métier est
de transmettre un savoir,
-
le notre est
de garder des secrets."
-
Mais ce qui change
avec Jon Snoddy,
-
c'est qu'il a dit :
"On va s'arranger."
-
L'autre chose
que j'ai apprise avec Jon
-
— je pourrais parler une heure
de ce que j'ai appris avec lui —
-
Une chose
qu'il m'a dite :
-
"Sois patient et tu verras les gens
te surprendre et t'impressionner."
-
Quand quelqu'un t'énerve
jusqu'à te mettre en colère
-
sois simplement
plus patient avec lui,
-
et presque toujours
il finira par t'impressionner.
-
Ça m'a toujours servi. Il a
totalement raison sur ce coup.
-
Pour faire court,
on a négocié un contrat.
-
Certains disent que
c'est le premier et dernier
-
document jamais publié
par Disney Imagineering.
-
Les termes étaient :
J'auto-finance un projet
-
sur lequel je travaille pendant
6 mois, et je publie un rapport.
-
C'est là que
le méchant apparut.
-
Trop gentil et conciliant,
je ne serais pas crédible.
-
Je dois bien mettre
quelqu'un au pilori.
-
C'était un doyen
de l'Université de Virginie.
-
Son nom n'est pas
important, appelons-le
-
le Doyen Wormer
(de Animal House)
-
Je lui ai dit que je voulais
prendre une année sabatique,
-
que les gars de Disney
acceptaient enfin un professeur,
-
— ce qui était dingue :
si Jon avait eu toute sa tête,
-
ça n'aurait pas été possible.
Ils ont le culte du secret. —
-
Wormer a regardé le contrat
et a remarqué qu'ils se réservaient
-
ma propriété intellectuelle.
J'ai répondu : "Oui,
-
mais je peux publier un rapport.
C'est toute ma propriété,
-
je ne vais pas faire de brevet.
- Cela reste une éventualité.
-
Je ne peux pas autoriser ça.
Dites-leur de changer cette clause,
-
et revenez
me voir ensuite.
-
J'étais genre :
"Excusez-moi ?
-
Je veux que vous compreniez
à quel point c'est important.
-
Si on ne règle pas ça,
je prends un congé sans solde
-
j'y vais et
je le fais."
-
Il m'a répondu :
"Vous savez,
-
je ne peux pas non plus
vous laisser faire ça.
-
Vous avez déjà
les idées en tête,
-
ils vont vous les voler, je
ne peux pas laisser faire ça.
-
Il est très important de savoir
quand on joue au plus bête,
-
et il est très important
d'arrêter le plus vite possible.
-
Je lui ai dit :
"Bon, oublions ça,
-
est-ce que ça vous paraît
être une bonne idée ?"
-
Il me répond :
"Aucune idée."
-
On a trouvé
un terrain d'entente.
-
Je lui demande : "Est-ce que
c'est vraiment de votre ressort ?
-
Ou bien celui du doyen
de recherche sponsorisée
-
vu que c'est un problème
de propriété ?" - Oui.
-
"Donc s'il est satisfait, vous
le serez ?" - Tout à fait.
-
Wosh ! Comme dans
Bip Bip & Coyote
-
J'ai couru au bureau
de Gene Block, un mec génial.
-
Commençons
par le commencement,
-
Je n'ai pas envie
qu'on s'embrouille de nouveau.
-
"Ca vous paraît
une bonne idée ?"
-
Je n'ai pas suffisament
d'infos pour en juger.
-
Tout ce que je sais,
-
c'est que mon meilleur prof
est dans mon bureau
-
et il est très excité,
j'attends qu'il m'en dise plus.
-
C'est une leçon pour ceux
qui travaillent dans l'administration.
-
Tous les deux ont
dit la même chose.
-
Mais il y a une bonne
manière de le dire.
-
"J'en sais rien !"
-
"Je n'ai pas toutes les infos,
mais mon meilleur professeur
-
est tout excité, j'attends
qu'il m'en dise davantage."
-
Une bonne et une mauvaise
manière de dire "Je ne sais pas".
-
On a fini par résoudre l'affaire.
J'ai pu aller chez Disney,
-
Que du bonheur,
tout est bien qui finit bien.
-
Certains murs de brique
sont faits de chair.
-
Je travaillais sur le projet Aladdin.
Absolument spectaculaire,
-
Tout simplement incroyable.
-
Mon neveu Christopher,
assis sur le prototype
-
comme sur une moto,
et qu'on pouvait
-
pencher pour contrôler
le tapis volant.
-
On avait un écran monté
sur la tête, un système
-
intéressant, fabriqué en deux
parties, une conception ingénieuse.
-
Pour avoir un meilleur débit,
la seule partie qui touchait la tête
-
était un petit casque,
et le matériel cher se fixait dessus.
-
Vous pouviez fabriquer les
casques en série, pour pas cher,
-
et j'ai été le nettoyeur de
casques pendant un an.
-
J'adorais Imagineering.
Un endroit merveilleux,
-
comme j'en avais toujours rêvé.
J'adorais les maquettes,
-
plein de gens accroupis dans un modèle
grand comme cette pièce
-
qui n'était que la réplique
d'une véritable attraction.
-
Un super endroit pour
se balader en quête d'inspiration.
-
Je me rappelle de mon arrivée,
les gens ont dit
-
"Tes attentes
ne vont-elles pas être déçues ?"
-
Vous avez vu le film
Charlie et la Chocolaterie de 1971 ?
-
Willy Wonka dit à Charlie
qu'il s'apprête à lui donner
-
toute l'usine : "Quelqu'un
t'a déjà raconté l'histoire
-
du petit garçon qui a soudain eu
tout ce qu'il désirait ?"
-
Charlie écarquille les
yeux et demande :
-
"Non, que lui
est-il arrivé ?"
-
"Il vécut heureux
jusqu'à la fin de ses jours."
-
Le projet Aladdin
était une opportunité comme
-
on n'en croise que toutes les 5 vies.
J'en suis persuadé.
-
Ça m'a changé
à tout jamais.
-
Pas juste pour
le boulot de rêve,
-
mais travailler sur site,
avec de vrais pros,
-
confronté à de vrais problèmes
d'interface homme-machine.
-
La plupart des gens du milieu
vivent dans leur monde
-
de laborantins et de doctorants,
et tant que personne
-
ne vous éclabousse de crème glacée, vous n'êtes pas en conditions réelles.
-
Plus que tout, Jon
m'a appris à réunir
-
artistes et ingénieurs.
Son véritable héritage.
-
On a publié le rapport. Un scandale
culturel dans le monde universitaire.
-
Quand on l'a écrit,
Imagineer a proposé
-
de mettre une grande photo
comme dans les magazines.
-
Le comité SIGGRAPH,
qui a accepté l'article,
-
en a fait tout un foin :
"Ils ont l'autorisation de faire ça ?"
-
Rien ne le précisait.
-
On a publié l'article
et curieusement depuis lors
-
SIGGRAPH prend l'habitude
de mettre des photos en 1ère page.
-
J'ai changé le monde,
à ma manière.
-
Au bout des 6 mois,
ils sont venus et m'ont dit :
-
Veux-tu devenir un concepteur ?
Tu peux rester avec nous.
-
Et j'ai dit "Non".
-
Une des rares fois où
j'ai surpris mon père.
-
Il a fait genre :
"Tu as quoi ?"
-
Depuis que tu étais tout petit...
c'était tout ce que tu voulais...
-
et maintenant que tu peux,
tu... ?
-
J'avais une bouteille de Maalox
dans mon tiroir. Faites attention
-
à vos désirs.
Un endroit stressant
-
— Imagineering n'est pas tant
consommatrice d'anti-acides —
-
sauf le labo où j'étais,
Jon mis à part.
-
Ça ressemblait à
l'Union Soviétique.
-
C'était vraiment chaud
depuis quelque temps.
-
Mais on s'en est sorti.
S'ils avaient dit :
-
"Reste ici ou ne reviens jamais."
je serais parti quand même.
-
J'aurais refusé le
poste de toute manière.
-
Mais ils m'ont donné le beurre
et l'argent du beurre.
-
Je suis devenu consultant
un jour par semaine pour eux,
-
et j'ai fait ça
pendant environ 10 ans.
-
C'est une des raisons pour
lesquelles il faut devenir professeur.
-
Vous pourrez avoir le
beurre et l'argent du beurre.
-
J'ai été consultant sur des
projets comme Disney Quest.
-
Il y avait la bataille navale
dans la jungle
-
la meilleure expérience interactive
jamais faite
-
on la doit à Jesse Schell,
Pirates des Caraïbes,
-
splendide à
Disney Quest.
-
Ce sont mes
rêves d'enfance.
-
C'est plutôt chouette.
J'étais dans mon élément.
-
Maintenant vient
la question :
-
Comment rendre possible
les rêves d'enfance d'autrui ?
-
Et là encore, je suis heureux
d'être devenu professeur.
-
Quel endroit plus approprié
pour révéler les rêves d'enfance ?
-
Travailler à
Electronic Arts, peut-être,
-
juste en
deuxième position.
-
J'ai réalisé de façon concrète
que je pouvais faire cela.
-
Un jeune homme, Tommy Burnett,
alors que j'étais prof en Virginie,
-
m'a demandé s'il pouvait
intégrer mon groupe de recherche.
-
On a bavardé, il m'a dit
avoir un rêve d'enfance.
-
C'est facile de les reconnaître
quand ils vous le disent en face.
-
J'ai dit : "Oui Tommy,
quel est ton rêve d'enfance ?"
-
Je veux travailler sur le
prochain film Star Wars.
-
Gardez à l'esprit l'époque
des faits. Où est Tommy ?
-
C'était quelle année ?
Tu étais en 2e année.
-
Vers 1993.
-
Qu'est-ce que tu fais
dans le fond, jeune homme ?
-
En 1993 donc.
Je lui ai dit : "Tommy,
-
tu sais qu'il ne vont jamais
tourner la seconde trilogie."
-
Il m'a répondu :
"Si. Ils vont la faire."
-
Tommy a travaillé quelques
années à mes côtés,
-
comme étudiant puis comme chercheur,
et quand j'ai été muté à Carnegie Mellon
-
tous les membres de mon
équipe ont quitté la Virginie,
-
pour Carnegie Mellon,
sauf Tommy...
-
... qui a eu une
meilleure offre.
-
Et il a en effet travaillé
sur chacun des trois films.
-
Je me suis dit c'est bien,
mais un élève à la fois,
-
ce n'est pas
très productif.
-
Mon entourage connait
mon obsession pour l'efficacité.
-
Puis-je faire un tir groupé ?
Tourner les gens de telle façon
-
qu'ils se concentrent sur
la réalisation de leurs rêves ?
-
J'ai créé un cours
à Carnegie Mellon
-
que j'ai appelé "Construction
de mondes virtuels".
-
Un cours très simple. Combien
d'entre vous ont assisté aux présentations ?
-
Vous êtes nombreux à connaître.
Pour ceux qui ne savent pas,
-
c'est très simple.
On prend 50 étudiants
-
de tous les différents
départements de l'Université,
-
on compose des
équipes au hasard,
-
quatre personnes par équipe,
qui changent à chaque projet.
-
Un projet dure 2 semaines,
vous fabriquez quelque chose,
-
vous le présentez,
puis je mélange les équipes,
-
vous obtenez trois nouveaux
compagnons et tout recommence.
-
Toutes les 2 semaines, ça
donne 5 projets par semestre.
-
Dès la première année,
je ne vous dis pas
-
à quel point tout
cela m'a échappé.
-
C'était un défi.
On venait d'apprendre
-
à placer des textures
sur des modèles 3D,
-
pour faire des choses
qui aient un peu de gueule.
-
Mais les ordinateurs étaient
des veaux comparé à aujourd'hui.
-
Je me suis dit :
"On va essayer."
-
J'ai passé quelques
coups de fil sur le campus,
-
"je veux faire un cours
inter-départements"
-
Et en 24 heures le cours était
était proposé dans 5 départements.
-
J'aime cette université.
C'est un endroit fantastique.
-
Les étudiants ont demandé quel
type de contenu ils devaient produire.
-
"Je sais pas, moi.
Faites ce qui vous plaît.
-
Deux règles : pas de
coups de feu, pas de porno."
-
Je n'ai rien contre ça,
mais vous savez,
-
on fait souvent ça avec
la Réalité Virtuelle, pas vrai ?
-
C'est étonnant de voir combien
de jeunes adultes sont à court d'idées
-
quand on élimine
ces deux options !
-
Voilà, j'ai commencé
à faire ce cours...
-
... ils sont revenus
15 jours plus tard
-
et m'ont littéralement
mis sur le cul.
-
Leur travail dépassait
tellement mes espérances,
-
j'avais copié le kit de Réalité
Virtuelle de Disney, mais j'ignorais
-
ce que des étudiants
pourraient bien en faire.
-
Sans parler des
ordinateurs d'un autre âge.
-
Ils sont revenus présenter
leur premier projet, quelque chose
-
de si impressionnant,
qu'après 10 ans d'enseignement
-
je ne savais pas quoi faire.
Alors j'ai appelé mon mentor,
-
Andy Van Dam
-
Et j'ai dit :
"Andy, je leur
-
ai donné un travail sur 15 jours,
ils sont revenus avec un résultat
-
qui aurait mérité 20/20
s'il avait été réalisé sur un semestre.
-
Sensei, qu'est-ce que je fais ?
-
Il a réfléchi une minute
et m'a répondu :
-
Retourne en classe demain,
regarde-les dans les yeux et dis-leur :
-
"Les gars, c'était pas mal, mais
je sais que vous pouvez faire mieux."
-
C'était le bon conseil.
-
Je ne savais manifestement pas
où placer la barre.
-
Et ce n'était pas leur rendre service
que de la fixer arbitrairement.
-
Ce fut vraiment
un bon conseil, car
-
ils n'ont pas
arrêté de progresser.
-
Pendant tout le semestre,
c'est devenu un vrai spectacle.
-
Je rentrais dans une salle
avec 50 étudiants,
-
mais il y avait
95 personnes dans la salle.
-
Parce que c'était
le jour de la démo.
-
Les camarades,
les amis, les parents
-
J'avais jamais vu
des parents venir en classe !
-
C'était à la fois flatteur
et plutôt flippant.
-
Il y a eu un effet
boule de neige,
-
on a eu l'envie étrange
de partager tout ça.
-
J'ai été élevé depuis
toujours dans le partage,
-
On doit présenter tout ça
à la fin du semestre.
-
Faire un vrai spectacle.
-
On a réservé cette salle, McConomy.
Beaucoup de bons souvenirs ici.
-
On ne l'a pas réservé
pour être sûr d'avoir de la place,
-
mais pour son vidéoprojecteur
en état de marche.
-
C'était un vrai zoo.
Des ordis partout,
-
mais on l'a remplie.
Et même plus que ça.
-
On avait une partie
du public dans les couloirs.
-
Je n'oublierai jamais
le doyen de l'époque Jim Morris
-
il s'est assis sur la scène,
à peu près là.
-
On a quasiment
dû le faire dégager.
-
L'énergie dans cette salle
était sans commune mesure
-
avec mes expériences passées.
Le Président Jerry Cohon
-
a ressenti la même chose.
Il a dit :
-
"C'est comme un
championnat de foot de l'Ohio
-
mais avec des universitaires."
-
Il m'a posé
une excellente question :
-
"D'où viennent tous ces gens ?"
-
Le public vient
de quel département ?
-
On a fait un sondage, et
ils venaient d'absolument partout.
-
Ça m'a rassuré car
j'étais nouveau, lui aussi, et
-
ce nouveau directeur a découvert
que cette université
-
était celle qui réunissait
tout le monde.
-
C'était un sentiment
vraiment grisant.
-
On a fait ce spectacle
avec tout le campus,
-
les étudiants se déguisaient
-
et le public
pouvait suivre l'action,
-
On pouvait voir
ce qui est affiché dans les casques.
-
Il y avait de gros supports,
voilà un gars en plein rafting.
-
Voilà Ben
dans E.T.
-
Je lui ai dit qu'on devait absolument
voir le vélo devant la lune
-
sinon il serait recalé.
Une histoire vraie.
-
J'ai pensé vous montrer...
-
... juste un monde, si
on pouvait éteindre les lumières ?
-
Apparement non.
C'est pas grave.
-
On va faire de notre mieux.
-
Oh !
Salut toi !
-
Je me sens seule !
-
Dessine-moi un monde !
-
Fais-moi des arbres !
-
Ils vont la débrancher.
Regardez.
-
Le monde ne veut pas
passer à l'étape suivante.
-
Elle est prête à continuer,
mais pas le monde.
-
Qu'est-ce que tu fais ?
-
Ne nous débranche pas !
-
Mais nous avons tant
d'autres mondes à visiter !
-
Notre monde est le meilleur !
-
Nous allons t'éteindre.
-
Control + Alt + Delete.
-
Pas Control + Alt + Delete !
-
Nous t'aimions !
-
Ce n'était pas
un cours comme les autres.
-
Les étudiants les plus brillants,
les plus créatifs du campus.
-
C'était une joie
que d'y participer.
-
Ils ont pris cette cérémonie
beaucoup trop au sérieux.
-
C'est devenu l'attraction annuelle de
la fac. Les gens faisaient la queue.
-
C'était très flatteur.
-
Les étudiants avaient
de quoi se réjouir
-
de présenter leur travail
devant un public si excité.
-
C'est un des meilleurs cadeaux
qu'on puisse faire à quelqu'un :
-
avoir la chance de lui montrer
ce que ça fait
-
de rendre les gens heureux.
-
C'est un cadeau somptueux.
-
On a toujours essayé de
faire participer le public :
-
certains avaient des bâtons lumineux,
des ballons de plage...
-
On pouvait les faire conduire.
-
Cette technologie a été utilisée
à Los Angeles pour l'avant-première
-
de Spiderman 3, le public
contrôlait quelque chose à l'écran.
-
Je n'ai pas une photo de
classe de chaque promotion,
-
mais j'ai réuni toutes celles que
j'avais, et je peux dire aujourd'hui
-
que ce fut un privilège et un
honneur d'enseigner dans ce cours
-
pendant quasiment dix ans.
-
Toutes les bonnes choses
ont une fin.
-
Je n'enseigne plus ce cours
depuis l'année dernière.
-
Les gens me demandent toujours
quel fut mon meilleur moment.
-
Je ne sais pas si on peut
avoir une préférence,
-
mais celui-ci,
je ne l'oublierai jamais.
-
C'était un monde virtuel avec
un ninja qui fait du skateboard.
-
La règle était de présenter
les créations en direct,
-
il fallait que ça fonctionne.
Si jamais ça plantait,
-
on passait une vidéo de secours,
une décision plutôt embarrassante.
-
On avait donc ce ninja sur scène,
en train de faire ses trucs de skater,
-
et le monde virtuel
a totalement planté. Pouf !
-
Je crois que c'était Steve
Audia, non ? Où est-il ?
-
Ah, voilà mon gars.
Steve Audia.
-
Il faut savoir retomber
sur ses pattes, pas vrai ?
-
Je lui ai dit : "Désolé Steve,
ton monde a planté,
-
on va passer
la vidéo de secours."
-
Il dégaine son katana et crie :
"Je suis déshonoré !"
-
Et il s'écroule !
-
C'est plutôt significatif
que mon moment favori soit
-
une improvisation si brillante
après 10 ans de high-tech.
-
Une fois la vidéo terminée
et les lumières rallumées,
-
il est resté planté là sans vie, et ses
collègues l'ont traîné vers la sortie.
-
Ce fut un moment inoubliable.
-
Tout ce cours n'était
qu'un prétexte pour créer des liens.
-
Les gens me demandent ce qu'il faut
pour réussir son monde virtuel.
-
Je ne connais pas la recette,
mais je peux vous dire si un monde
-
sera réussi juste en observant
le langage corporel.
-
Si les membres de l'équipe sont
proches, leur monde sera réussi.
-
Building Virtual Worlds
était un cours pionnier,
-
sans entrer dans les détails,
c'était compliqué à gérer.
-
On m'a offert ceci quand j'ai quitté
l'Entertainment Technology Center
-
Si vous faites
quelque chose de novateur
-
on vous tirera dans le dos,
et vous devrez faire avec.
-
On a essuyé tous les plâtres.
-
Mais au final, beaucoup
de gens se sont éclatés.
-
Dix ans à gérer
quelque chose d'aussi précieux,
-
c'est très difficile
de passer la main.
-
Je n'ai qu'un conseil :
passez le relai à quelqu'un
-
de plus doué que vous.
C'est ce que j'ai fait.
-
Il y avait ce gamin dans
le studio de Réalité Virtuelle...
-
Quelques minutes
aux côtés de Jesse Schell
-
et on devine que
La Force est puissante en lui.
-
Mes deux plus belles réussites
à Carnegie Mellon
-
sont d'avoir fait venir
Jessica Hodgins et Jesse Schell.
-
J'ai été ravi
de confier le cours à Jesse.
-
Il en a encore
repoussé les limites.
-
Le cours n'est pas entre de bonnes
mains, mais entre les meilleures.
-
Mais c'était juste un cours.
-
On est allé encore plus loin.
-
Nous avons créé
une Usine à Réaliser les Rêves
-
je me suis associé
à Don Marinelli
-
et avec les encouragements
de l'Université
-
on a monté ce truc
de toutes pièces.
-
Une idée complètement folle,
personne ne devrait essayer.
-
Aucune université digne
de ce nom n'aurait jamais osé
-
ouvrir ce boulevard d'opportunités.
-
L'ETC était formé
d'artistes et de techniciens
-
qui réalisent des projets
en équipes réduites.
-
Un Master Pro en deux ans.
-
Don et moi étions sur
la même longueur d'onde.
-
Mais les gens qui nous connaissent
savent combien nous sommes différents.
-
On aimait innover,
et à dire vrai
-
on ne se sentait
pas à l'aise à l'Université.
-
Je dis souvent qu'être
professeur me met mal à l'aise,
-
car dans ma famille
les gens travaillent pour vivre.
-
Je détecte
des rires nerveux.
-
J'aimerais souligner que Carnegie
Mellon est le seul endroit au monde
-
où l'on peut créer
des choses comme l'ETC.
-
Vraiment le
seul endroit.
-
Cette photo est
l'idée de Don.
-
On l'appelle :
"Don Marinelli à la guitare
-
et Randy Pausch au clavier".
-
Nous étions vraiment les
deux hémisphères cérébraux
-
et on se
complétait bien.
-
Don déborde
d'énergie.
-
On a partagé
un bureau,
-
on a commencé
dans un bureau minuscule
-
pendant 6 ans.
-
Tout le monde vous dira
que Don déborde d'énergie.
-
Vu mon état de santé,
quelqu'un m'a demandé
-
— une blague horrible, mais
je vais la faire quand même —
-
Don me pardonnera.
Quelqu'un m'a dit :
-
"Vu ton état de santé,
t'es-tu demandé si tu allais
-
en enfer ou au paradis ?"
J'ai répondu :
-
Aucune idée,
mais si l'enfer m'attend
-
ma peine sera
raccourcie de 6 ans.
-
C'était comme partager
son bureau avec une tornade :
-
Tant d'énergie, ne pas savoir
ce qui va nous tomber dessus.
-
Mais voir qu'un truc énorme
est en train de se produire.
-
Je sais qu'il faut rendre
à César ce qui lui appartient.
-
Toujours dans ma façon
de représenter les choses
-
si nous devions nous
partager les mérites du ETC
-
Don se taillerait la part du lion.
Il a fait pratiquement tout le boulot,
-
et a eu les meilleures idées.
Du grand travail d'équipe,
-
Comme le Yin et le Yang,
mais plutôt "YIN & yang".
-
Je lui donne sans
concession tout le mérite
-
parce que l'ETC est
un endroit fantastique,
-
Maintenant il le gère tout seul.
On en reparle après.
-
Dur de décrire l'ETC,
j'ai trouvé une métaphore.
-
Parler de l'ETC c'est comme
parler du Cirque du Soleil.
-
Si c'est nouveau pour eux,
vous allez faire l'erreur :
-
Vous allez dire :
"C'est comme un cirque."
-
Et la conversation va dévier
sur "Combien de tigres ?"
-
"Combien de lions,
combien de trapézistes ?"
-
Et ils vont passer
complètement à côté.
-
Quand on dit
que c'est un Master,
-
ça ne ressemble à aucun
Master que vous connaissiez.
-
Voici le cursus :
-
Juste pour vous
faire comprendre
-
que vous faites 5 projets
de Mondes Virtuels
-
puis 3 autres. Vous êtes
en permanence avec vos équipes.
-
Aucun cours magistral.
Don n'avait pas la patience
-
pour faire
des cours magistraux.
-
Ils sont en Master, ils ont
passé 4 ans dans les bouquins.
-
Arrivés là, ils sont
censés les avoir lus.
-
La clé du succès :
Carnegie Mellon
-
nous a laissé carte blanche.
Aucun rapport à faire aux doyens.
-
On dépendait directement
du recteur, idéal car
-
le recteur est beaucoup trop
occupé pour nous surveiller.
-
On avait comme consigne
de casser les habitudes
-
Tout reposait sur les projets.
On faisait des sorties scolaires !
-
Au début du deuxième
semestre, en janvier,
-
les 50 étudiants
de première année
-
visitaient Pixar,
Industrial Light and Magic,
-
et quand vous êtes accueilli
par des gens comme Tommy
-
tout devient facile d'accès.
-
C'est un cursus
très inhabituel.
-
Parmi les projets
qui revenaient souvent
-
on a fait beaucoup
de "jeux éducatifs".
-
On a travaillé en partenariat
avec les pompiers de New-York,
-
un simulateur d'entraînement
qui utilisait les techniques
-
du jeu vidéo pour
apprendre des choses concrètes.
-
C'est pas mal.
-
Les compagnies se
sont engagées par écrit
-
à embaucher
nos étudiants.
-
Vous voyez les contrats
d'Electronic Arts et Activision.
-
On a 5 entreprises maintenant ?
Je parie que Drew le sait.
-
On a donc 5 accords.
-
Je n'ai vent d'aucune autre école
qui a ce type d'accord écrit
-
avec des entreprises.
C'est une véritable avancée.
-
Ces accords sont valables
plusieurs années, donc ils s'engagent
-
à prendre en stage des étudiants
qui ne sont même pas encore admis.
-
Ca en dit long
sur la qualité du programme.
-
Et Don,
— ce type est dingue —
-
Je dis ça
comme un compliment.
-
Il fait des choses
qui me mettent sur le cul.
-
Il n'est pas là ce soir.
Il est à Singapour,
-
parce qu'ils vont
ouvrir un ETC là-bas.
-
Il en existe un en Australie,
un autre va ouvrir en Corée.
-
Tout cela prend
une échelle mondiale.
-
Ca en dit long
sur les autres universités.
-
Carnegie Mellon est la seule
à pouvoir faire ce genre de choses.
-
Il faut étendre notre modèle
au niveau mondial.
-
Une autre réussite de l'ETC
concerne l'investissement personnel
-
J'entends
les étudiants s'agiter.
-
J'avais oublié son effet
thérapie de choc.
-
Pendant le cursus de
Building Virtual Worlds
-
vous êtes évalué
par vos camarades.
-
On fait un graphique,
3 évaluations pour 5 projets
-
donne 15 valeurs,
une statistique fiable.
-
Vous obtenez un graphique
qui vous donne un indice
-
de votre faculté
à travailler en groupe.
-
Une façon
de se mesurer aux autres.
-
Un retour
difficile à ignorer.
-
Certains s'entêtent,
-
mais majoritairement,
ils réalisent
-
qu'ils peuvent s'améliorer.
-
Ils commencent à faire attention
à ce qu'ils disent aux réunions.
-
C'est une bonne
leçon de pédagogie.
-
Leur apprendre
à être auto-critique.
-
L'ETC cartonne, mais
-
même avec
les ambitions mondiales de Jon,
-
ça reste quand même
un boulot de dingue.
-
Ce n'est pas Tommy, ni un groupe
de recherche de 10 personnes.
-
C'est 50 à 100 personnes
sur chacun des 4 campus.
-
Mais nous voulions
une formation extensible
-
afin que des dizaines
de millions de gens
-
puissent avoir un outil
pour réaliser leurs rêves.
-
C'est le genre d'objectif
-
qui me fait passer
pour le Chapelier Fou.
-
Ainsi Alice
-
fut un projet
mûrement préparé.
-
Une toute nouvelle façon
d'enseigner la programmation.
-
Des jeux et des films créés
par les enfants. Encore une feinte.
-
La meilleure manière
d'apprendre quelque chose
-
à quelqu'un est de lui faire croire
qu'il apprend quelque chose d'autre.
-
J'ai fait ça toute ma vie.
-
La feinte ici est
qu'ils apprennent à programmer
-
en pensant faire simplement
des films et des jeux.
-
Alice a été téléchargé
plus d'un million de fois.
-
On a écrit 8 livres
sur ce programme.
-
10% des universités US
l'utilisent aujourd'hui.
-
Et le meilleur reste à venir
-
dans la prochaine
mise à jour.
-
Comme Moïse, j'apperçois
la Terre Promise sans l'atteindre.
-
Mais ça me suffit
-
de pouvoir la voir.
-
Ma vision est claire
comme de l'eau de roche.
-
Des millions d'enfants
qui s'éclatent
-
en apprenant
quelque chose de difficile.
-
Je peux considérer ça
comme mon héritage.
-
La prochaine version
sera lancée en 2008.
-
Elle intègrera
le langage Java
-
si vous voulez
qu'ils le sachent,
-
mais sinon ils penseront
faire des scripts de films.
-
Elle va inclure
les personnages
-
du jeu PC le plus vendu,
Les Sims.
-
Tout ça fonctionne
déjà en labo,
-
il n'y a pas vraiment
de risque technologique.
-
Je n'ai pas le temps
de remercier toute l'équipe d'Alice,
-
je voulais juste dire
que Dennis Cosgrove
-
en est le concepteur principal.
Alice est son bébé.
-
Si vous voulez savoir
à qui envoyer un email
-
sur Alice dans quelques mois ?"
Où est Wanda Dann?
-
Lève-toi,
que tout le monde te voit.
-
Dites bonjour à Wanda.
-
Envoyez-lui un email.
-
Je voudrais aussi parler
de Caitlin Kelleher,
-
mais elle a eu son doctorat
à l'Université de Washington.
-
Elle va aider
Alice à se propager
-
jusque dans les collèges.
-
Une vision à long terme,
au delà de notre simple vie.
-
Je perdurerai
à travers Alice.
-
Troisième partie de la conférence :
Leçons retenues.
-
On a parlé de mes rêves
-
de comment aider les autres
à accomplir les leurs.
-
Quelque part sur votre route,
vous trouverez un indice
-
de ce qui vous permet
d'atteindre vos rêves.
-
D'abord, le rôle respectif
parents - professeurs - élèves
-
J'ai eu la chance de naître
dans une famille incroyable,
-
voilà ma mère
à son 70e anniversaire.
-
Je suis derrière,
elle a un tour d'avance.
-
Voilà mon père sur
une montagne russe à 80 ans.
-
Non seulement il est courageux,
mais en plus il est très doué,
-
parce qu'il a gagné
l'ours en peluche juste après.
-
Mon père était plein de vie.
-
Chaque moment
était une aventure.
-
J'ignore ce qu'il tient dans ce sac,
mais je sais que c'est un truc chouette.
-
Il se déguisait
en Père Noël
-
mais il a fait beaucoup
-
pour aider plein de gens.
-
Voici un dortoir en Thaïlande
financé par mes parents.
-
30 étudiants vont à l'école
chaque année grâce à eux.
-
Et ma femme et moi
avons repris le flambeau.
-
Le genre de choses
-
que chacun devrait faire :
aider son prochain.
-
La meilleure histoire
à propos de mon père :
-
Quand il est mort
l'année dernière,
-
on a commencé
à ranger ses affaires...
-
— Il a fait la bataille des Ardennes
pendant la Seconde Guerre —
-
et quand on a
rangé ses affaires
-
on a découvert
sa Médaille de Bravoure.
-
Ma mère
n'en savait rien.
-
Il n'avait rien dit
en 50 ans de mariage.
-
Voilà ma mère.
-
Les mères vous aimeront toujours,
même si vous leur tirez les cheveux.
-
J'ai deux belles histoires
avec ma mère.
-
Quand j'étais
en Master recherche,
-
je passais un examen
pour être doctorant
-
Je peux vous affirmer
-
qu'il n'y a rien de pire
à part une chimiothérapie.
-
Je me plaignais à ma mère
de combien ce test était dur
-
de combien
il était affreux,
-
Elle s'est penchée sur moi,
m'a pris le bras et m'a dit :
-
"Je compatis mon chéri,
mais rappelle-toi
-
qu'à ton âge, ton père
combattait les allemands."
-
Quand j'ai eu mon doctorat,
ma mère a pris un malin plaisir
-
à me présenter comme docteur,
mais pas celui qui soigne les gens.
-
Les photos sont un peu sombres,
mais quand j'étais au lycée
-
j'ai repeint ma chambre.
-
J'ai toujours voulu
un sous-marin et un ascenseur.
-
Ce qui est génial...
-
- Que puis-je dire ?
-
Ce qui est génial,
c'est qu'ils m'ont laissé faire.
-
Ils ne m'ont pas grondé,
et la peinture est toujours là.
-
Dans la maison
de mes parents.
-
Si vous êtes parent,
faites moi une faveur,
-
si vos enfants veulent
peindre leur chambre : laissez-les faire.
-
Ne vous préoccupez pas
du prix de revente de la maison.
-
Après nos parents :
nos profs, nos mentors,
-
nos amis et nos collègues.
-
Que puis-je dire
sur Andy Van Dam ?
-
Quand je suis entré à Brown,
il était sur le départ.
-
Tout le monde parlait
de ce Andy Van Dam.
-
Une créature mythique,
tel un centaure.
-
Un centaure qui serait
vraiment sur les nerfs.
-
Tout le monde
regrettait son départ,
-
mais tout le monde
était aussi soulagé.
-
J'ai compris pourquoi
en travaillant avec lui.
-
J'ai été son assistant
en seconde année.
-
J'étais jeune et arrogant.
-
Je suis venu pour bosser,
il était 9h du soir,
-
Andy était toujours là,
de qui vous donne une idée
-
de quel type de professeur il était.
-
J'arrivais en fanfaronnant,
je voulais sauver le monde.
-
Tous ces élèves
ont besoin d'aide...
-
Andy m'a sermoné,
il est hollandais,
-
il m'a sermoné
comme un hollandais,
-
Il a passé son bras sur mon épaule,
et m'a emmené faire un tour,
-
Randy, comme c'est dommage
-
que les gens
voient tant d'arrogance en toi.
-
Parce que ça va limiter
ce que tu pourras accomplir dans ta vie.
-
Quelle belle manière de dire :
"T'es vraiment un connard."
-
Il n'a pas dit
que j'étais un connard.
-
Il a dit qu'on me
perçevait comme tel,
-
et que ça allait
me desservir.
-
En devenant proche d'Andy,
les coups sont devenus plus directs.
-
Je pourrais vous parler
d'Andy pendant des mois,
-
je vais vous raconter le moment
où il a fallu commencer à réfléchir
-
à quoi faire
une fois diplomé de Brown,
-
Je n'avais jamais imaginé
continuer mes études.
-
Jamais de la vie.
-
Ce n'était pas le genre de choses
qu'on faisait dans ma famille.
-
On trouvait, comment dit-on ?
Des emplois !
-
Andy m'a dit : ne fais pas ça.
Fais une thèse, deviens professeur.
-
J'ai demandé
"Mais pourquoi ?"
-
Il m'a dit :
-
Tu es si bon vendeur
que toutes les entreprises
-
t'emploieront comme vendeur.
Alors que tu pourrais vendre
-
des choses qui valent le coup,
comme l'éducation.
-
Merci.
-
Andy fut mon premier patron,
à proprement parler.
-
J'ai eu la chance
d'avoir beaucoup de patrons.
-
Le cercle rouge
n'est pas bien placé, Al est à côté.
-
Je ne sais pas
ce qui s'est passé.
-
Al nous regarde probablement
depuis le web en se disant :
-
"Il m'a encore loupé !"
-
Je n'ai pas grand chose
à dire sur mes patrons,
-
à part qu'ils ont
été géniaux.
-
Je connais beaucoup de gens
qui ont eu de mauvais patrons,
-
mais je n'ai pas eu
à en subir un moi-même.
-
Je suis redevable de chaque personne
à qui j'ai dû faire un rapport.
-
Ils ont été incroyables.
-
Mais nous apprenons
aussi de nos étudiants.
-
La meilleure feinte pédagogique
vient de Caitlin Kelleher.
-
Pardon,
Docteur Caitlin Kelleher,
-
qui venait de partir d'ici
pour aller à Washington,
-
elle a vu Alice comme un outil sympa
pour apprendre à programmer,
-
et elle a dit :
"Mais en quoi c'est sympa ?"
-
J'étais genre :
"Parce que je suis mâle compulsif,
-
j'adore commander
les soldats de plomb, ça m'amuse.
-
C'est elle qui a dit :
-
On va considérer Alice comme
un moyen de raconter des histoires.
-
Elle a fait
un merveilleux travail
-
en particulier
avec des collégiennes.
-
Si vous présentez Alice
comme un outil de narration
-
elles trouvent la motivation
pour apprendre à programmer.
-
Le prix de la meilleure feinte
revient à Caitlin Kelleher.
-
Quand j'ai dit au Président Cohon
que j'allais faire cette conférence,
-
il m'a demandé de vous dire
de vous éclater dans la vie,
-
car c'est le souvenir
qu'il a de moi.
-
J'ai répondu que c'était
comme un poisson
-
qui vous rappelle
l'importance de l'eau.
-
Je ne sais pas
comment ne pas m'amuser.
-
Je suis mourant
et pourtant je m'éclate.
-
Je continuerai à m'éclater
chaque jour qu'il me reste,
-
car il n'y a pas
d'autre façon de vivre.
-
Conseil suivant :
vous devez choisir
-
entre être
Tigrou ou Bourriquet.
-
Je me positionne plutôt
clairement sur cette échelle.
-
Ne perdez pas
votre émerveillement d'enfant.
-
C'est le plus important.
C'est ce qui nous guide.
-
Aidez votre prochain.
-
Denny Proffitt en connait
un rayon en matière d'altruisme.
-
Il en a oublié plus que je n'ai
jamais appris. Il m'a appris
-
à diriger une équipe,
à faire attention aux autres.
-
M.K. Haley : "Les enfants
de familles nombreuses sont meilleurs
-
car ils ont appris
à être sociables très tôt."
-
M. K. Haley vient
d'une famille de 20 enfants.
-
Je sais, c'est incroyable.
-
Elle disait toujours :
"C'est amusant de faire l'impossible."
-
Quand je suis arrivé
chez Disney Imagineering,
-
elle a été la première
à me tailler une veste :
-
"Vous bossez sur le Projet Aladdin.
Que savez-vous faire ?"
-
Je suis professeur titulaire
en informatique.
-
"C'est génial,
monsieur le professeur
-
mais ce n'est pas ce que j'ai demandé.
Que savez-vous faire ?
-
J'ai parlé de mes
racines prolétaires.
-
Nous gardons près de nous
ce qui nous semble important.
-
J'ai gardé ma veste
d'athlète universitaire.
-
J'aimais la porter
en étant doctorant,
-
mon amie
Jessica Hodgins dirait :
-
Pourquoi tu portes
cette veste ?
-
J'ai regardé
tous les gars pas sportifs
-
mais bien plus intelligents
et j'ai dit : "Parce que moi je peux."
-
Elle a apprécié
ma plaisanterie
-
et elle a fait fabriquer
cette poupée de chiffon Randy.
-
Elle a aussi
la veste d'athlète.
-
C'est ma préférée.
-
Le parfait cadeau
pour un égocentrique.
-
J'ai rencontré tant de gens
fabuleux dans ma vie.
-
La loyauté est à double sens.
Il y a eu Dennis Cosgrove
-
à l'Université de Virginie,
-
et dans sa jeunesse
-
il y a eu
certains événements.
-
Je me suis retrouvé
à le défendre contre un doyen.
-
Pas le doyen Wormer.
-
Il avait une dent contre Dennis,
je n'ai jamais compris pourquoi.
-
Dennis est
quelqu'un de bien.
-
Mais ce doyen avait vraiment
une dent contre lui.
-
Je me suis porté garant pour Dennis.
Il m'a répondu :
-
"Vous n'êtes même pas titularisé,
et vous vous portez garant
-
pour un étudiant de 3e année ?"
-
Oui, je me porte garant,
car j'ai confiance en lui.
-
Il m'a dit qu'il s'en souviendrait
au moment de ma titularisation.
-
J'ai dit :
"Pas de problème."
-
Je suis allé voir Dennis :
"J'apprécierais vraiment que tu...
-
... ça serait cool.
-
La loyauté est à double sens.
C'était il y a très longtemps,
-
mais ce même Dennis Cosgrove
porte maintenant le projet Alice.
-
Il a été à mes côtés
toutes ces années.
-
Si nous n'avions qu'une personne
à envoyer rencontrer une race alien,
-
je choisirais Dennis.
-
Vous ne pouvez pas faire
de conférence à Carnegie Mellon
-
sans remercier
une personne très spéciale.
-
C'est Sharon Burks.
-
Je plaisantais avec elle :
"Si vous partez à la retraite,
-
ça ne vaudra plus
la peine de vivre."
-
Il n'y a pas de mot pour décrire
combien elle est merveilleuse.
-
Et pour tous ceux qu'elle a aidés,
ça dépasse l'entendement.
-
J'aime cette photo d'elle avec Syl.
Syl est quelqu'un de super,
-
qui m'a donné
le meilleur conseil de ma vie.
-
Toutes les jeunes filles
devraient le connaître.
-
"Ca m'a pris du temps,
mais j'ai finalement compris.
-
Quand un homme
tente de vous séduire,
-
c'est très simple :
ignorez tout ce qu'ils disent,
-
et faites attention
à tout ce qu'ils font."
-
Aussi simple que ça.
-
Je repense à mes années
de célibat, et je me dis souvent :
-
"La vache..."
-
N'abandonnez pas.
J'ai raté le concours d'entrée à Brown.
-
J'étais sur liste d'attente.
Je les ai appelés,
-
ils en ont finalement eu marre
que j'appelle chaque jour
-
et m'ont laissé rentrer.
-
J'ai raté mon entrée en doctorat.
Andy m'avait guidé :
-
"Deviens doctorant,
tu vas entrer à Carnegie Mellon.
-
Tous mes bons étudiants
vont là-bas."
-
Vous connaissez la suite.
-
"Tu iras à Carnegie Mellon,
sans problème."
-
Il avait oublié de me dire
-
que c'était devenu très difficile
de faire financer son doctorat.
-
Il ignorait que j'allais
rater l'examen d'entrée,
-
parce qu'il avait
confiance en moi.
-
Une mauvaise idée
à en croire mes notes.
-
Je n'ai pas réussi
à entrer à Carnegie Mellon.
-
Personne n'est au courant,
mais voilà la vérité.
-
Mon admission
à Carnegie Mellon a été refusée.
-
J'étais alors
un gamin odieux.
-
Je suis allé voir Andy,
j'ai jeté la lettre de refus sur son bureau.
-
"Voilà ce que valent
vos lettres de recommandation
-
pour Carnegie Mellon."
-
Avant même que la lettre
touche son bureau,
-
sa main était sur le
téléphone, et il a dit :
-
"Je m'en occupe."
-
J'ai dit :
Non, je ne veux pas être pistonné.
-
On ne m'a pas élevé comme ça.
-
D'autres fac voudront
peut-être de moi...
-
Il m'a dit :
"Tu vas entrer à Carnegie Mellon,
-
mais on va passer un marché.
-
Va voir les fac
qui acceptent ton inscription
-
et si aucune
ne te convient vraiment
-
alors tu me laisses
appeler Nico."
-
Nico Habermann.
J'ai accepté.
-
J'ai été dans les autres fac,
que je ne nommerai pas
-
— Berkeley, Cornell —
-
qui m'ont si mal reçu
que j'ai dit à Andy :
-
Je vais trouver du travail.
Il m'a répondu : "Hors de question."
-
Il a décroché son téléphone,
il a parlé en néerlandais
-
Il a raccroché et a dit :
"Nico dit que si tu es sérieux,
-
tu dois être dans son bureau
demain matin à 08:00."
-
Pour ceux qui connaissent Nico,
il y a de quoi s'inquiéter.
-
Je suis allé au bureau de Nico
le lendemain à 08:00.
-
On a discuté...
-
Je crois qu'il ne tenait pas
à faire cet entretien.
-
Je crois que
je ne l'intéressais pas.
-
Il a dit : "Randy,
-
pourquoi sommes-nous ici ?"
-
Parce qu'Andy vous a téléphoné ?
-
Depuis que vous m'avez reçu,
j'ai obtenu une bourse.
-
Du Bureau de la Recherche Navale,
une bourse prestigieuse.
-
Ce n'était pas dans mon dossier
lorsque je me suis présenté.
-
Une bourse c'est de l'argent,
de l'argent on en a plein.
-
C'était vrai à l'époque.
-
On a plein d'argent.
-
Pourquoi pensez-vous
que cette bourse nous importe ?
-
Il y a des moments
qui changent votre vie.
-
Si vous savez reconnaitre
ces moments avec 10 ans de recul,
-
vous avez beaucoup de chance.
-
Mais reconnaître ce moment
en temps réel !
-
Quand Nico lit en vous
comme dans un livre...
-
J'ai dit :
"Je ne parlais pas d'argent.
-
Je parlais du prestige.
Seulement 15 personnes la reçoivent.
-
Je prends ça comme un honneur,
une reconnaissance au mérite.
-
Je m'excuse
si c'était présomptueux.
-
Il a souri.
Et c'était bon.
-
Comment obtenir de l'aide.
Vous ne pouvez pas tout faire seul.
-
Je crois au karma.
Il faut renvoyer l'ascenseur.
-
On vous aidera
si vous êtes honnête et sincère.
-
Je préfèrerai toujours quelqu'un
de sincère à quelqu'un de sympa,
-
car branché ça dure un temps,
mais sincère c'est pour toujours.
-
Présentez vos excuses
quand vous vous plantez,
-
et consacrez-vous aux autres,
pas à vous-même.
-
Comment puis-je illustrer ça
de manière concrète ?
-
Peut-on trouver un exemple concret
d'altruisme dans cette salle ?
-
Pourrait-on le montrer ?
-
Hier, c'était
l'anniversaire de ma femme.
-
Le moment idéal
pour ne penser qu'à moi
-
serait sûrement
mon Dernier Cours.
-
Mais je supporte mal que ma femme
n'ait pas eu un vrai anniversaire,
-
je trouvais sympa que
500 personnes le lui souhaitent.
-
Tu dois souffler.
-
Une raison de plus
de venir à la soirée.
-
Les murs de briques permettent
de montrer notre détermination.
-
Ils font la différence entre nous
et ceux pas suffisamment motivés
-
pour réaliser leurs rêves d'enfance.
-
Perséverez ! Pour chaque pépite
il faut remuer une tonne de merde.
-
Steve ne vous a pas raconté
l'année sabbatique chez EA,
-
J'y étais depuis 48h,
-
ils adoraient l'ETC,
ils nous adoraient.
-
Quelqu'un m'a dit :
"Au fait, on va donner
-
8.000.000 $ à l'Université de Californie
pour copier votre cursus.
-
On espère que vous pourrez
les aider à monter ça.
-
Steve est arrivé :
"Ils ont dit quoi ? Mon Dieu."
-
Pour citer quelqu'un de célèbre :
"Je m'en occupe."
-
Il a tout arrangé.
Steve a été un partenaire incroyable,
-
On a passé de grands moments,
personnels comme professionnels.
-
Il a joué un rôle clé
pour obtenir
-
des modèles 3D pour améliorer
l'éducation de millions d'enfants.
-
C'est juste incroyable.
-
Il aurait été raisonnable
que je m'en aille
-
48h après cet événement,
-
mais ce n'était pas
la meilleure chose à faire.
-
Quand vous faites le bon choix,
de bonnes choses peuvent arriver.
-
Obtenez des retours
et tenez-en compte.
-
Que ce soit
ce classement stupide,
-
ou bien une personne formidable
qui vous dit ce que vous devez entendre.
-
La difficulté reste d'en tenir compte.
On se fait tous réprimander.
-
Mais rares sont ceux
qui l'acceptent.
-
La plupart
essaient de se justifier.
-
On a tous vécu ça.
-
Quand on vous donne un retour,
tenez-en compte.
-
Montrez votre gratitude.
-
Quand j'ai été titularisé,
j'ai emmené toute mon équipe de recherche
-
pendant une semaine
à DisneyLand.
-
Un des professeurs de Virginia a dit :
"Comment pouvez-vous faire ça ?"
-
Ils m'offrent le meilleur job au monde.
Comment j'aurais pu ne pas le faire ?
-
Ne vous plaignez pas.
Travaillez plus dur.
-
Jackie Robinson : son contrat stipulait
de ne pas se plaindre, même sous les crachats.
-
Soyez bon dans un domaine.
Cela vous confère de la valeur.
-
Travaillez dur. J'ai été titularisé
une année plus tôt, comme disait Steve.
-
Les étudiants de 3ème année
me demandaient souvent
-
Vous avez eté titularisé plus vite.
Quel est votre secret ?
-
C'est très simple.
Appelez-moi un vendredi soir
-
à 22:00 au bureau,
et je vous expliquerai.
-
Trouvez le meilleur en chacun.
-
Une des choses
que Jon Snoddy m'a dites
-
est que l'on peut devoir
attendre longtemps, même des années
-
mais les gens finiront par
vous montrer leur bon côté.
-
Attendez. Peu importe
combien de temps.
-
Personne n'est complètement mauvais.
Tout le monde a un bon côté. Attendez, il apparaîtra.
-
Et soyez prêt. La chance c'est la rencontre
de la préparation et de l'opportunité.
-
Notre causerie ce soir était autour
de mes rêves d'enfance,
-
comment développer
les rêves des autres,
-
et de quelques leçons à retenir.
-
Vous avez repéré
la feinte pédagogique ?
-
Il ne s'agit pas
de comment réaliser vos rêves,
-
Mais de comment
mener votre vie.
-
Si vous menez votre vie correctement,
vous n'aurez pas à gérer votre karma.
-
Le rêve viendra à vous.
-
Vous avez repéré
la seconde feinte pédagogique ?
-
Cette conférence n'était pas pour vous,
mais pour mes enfants.
-
Merci à tous.
Bonne nuit.
-
Sous-titres :
© Bidule200