Redéfinir la réalité | Jordan B. Peterson | TEDxToronto

Cette présentation a été donnée lors d'un évènement TEDx en utilisant le format de conférence TED mais a été organisé indépendamment par une communauté locale. Apprenez-en plus à http://ted.com/tedx

Le Dr Jordan B. Peterson, professeur de psychologie à l'université de Toronto, donne une conférence à un évènement TEDxToronto sur le thème de « Redéfinir la réalité », où il déclare que la réalité et la vie ne sont pas faites d'objets mais d'ordre et de chaos, et des détails de chacun. Il nous invite à « passer plus de temps là où nous souhaitons être, car un petit pas dans cette direction peut donner des merveilleux résultats. »

Bonjour.

J'ai entendu parler de cette conférence
il y a seulement deux semaines,

je pense que c'était Darius
qui gérait cet évènement,

qui m'a contacté et m'a dit que quelqu'un
de la communauté pensait

que j'avais quelque chose à dire

qui vaudrait la peine
d'être écouté à ces trucs TEDx,

je me suis dit : « Oh, c'est bien !

Je connais TED,

je vais faire un discours
sur quelque chose de vraiment important. »

Et Darius m'a dit :

« Tu as six minutes. »

et je me suis dit :
« Je vais devoir réduire mon plan. »

Puis j'ai pensé :

« Non, je ne vais pas réduire,

je vais faire
ce que j'ai toujours voulu faire. »

Et c'était d'essayer de redéfinir
la réalité en six minutes.

(Rires)

Donc accrochez-vous.

La réalité dont je vais
vous parler aujourd'hui,

c'est la réalité des gens
que vous avez écoutés aujourd'hui,

qui sont inspirés,

c'est leur réalité,

et ce dont je vais vous parler,

ce n'est pas de la métaphysique,

je pense vraiment
que ce dont je vais vous parler

c'est ce qu'il y a de plus vrai ;

c'est quelque chose
qui a complètement changé ma vie.

Je pense que les gens
que vous avez écoutés,

qui ont changé leur vie,

et la vie d'autres gens,

le savent aussi.

Je pense aussi que vous verrez
que ce que je vais vous dire,

vous le savez déjà,

mais vous n'en avez pas conscience.

C'est tellement bien d'apprendre
quelque chose que vous savez déjà,

pour que ce soit conscient et explicite ;

et c'est ce que je vais tenter de faire.

Il y a beaucoup de diapositives,
beaucoup de mots,

et... c'est parti.

Je pense que nous souffrons
plus que nécessaire

parce que nous ne comprenons pas
ce qui est réel.

Nous ne voyons pas ce qui est fondamental,

et ne voyons que ce qui est
plus facile à percevoir ;

nous ne réalisons pas ce qui est
authentique et important.

Nous pensons que le monde
est fait d'objets ;

Je voudrais plutôt dire

que le monde est fait de chaos et d'ordre,

et que la qualité de notre être dépend

de la façon dont nous
équilibrons les deux.

Le chaos - c'est ce qui se manifeste quand
nous ne savons pas ce que nous regardons ;

ce que nous avons vu quand
les Tours Jumelles se sont effondrées,

c'est le chaos qui surgit

quand votre partenaire depuis des années
vous révèle une longue liaison.

C'est le chaos qui vous submerge
quand un proche décède ;

le chaos, c'est l'inconnu, l'inattendu,

l'anormal.

C'est la « mater », la mère,

la racine latine des mots
matrice et matériel ;

la substance de la réalité.

Le chaos est la fécondité de la nature
et la terreur du temps.

C'est un océan de possibilités qui entoure
le territoire de la culture humaine ;

c'est l'eau de la vie
qui apporte la subsistance

à ceux assoiffés
par leurs propres idées préconçues,

c'est l'inondation relâchée
par un Dieu en colère,

quand les idées de l'homme étaient
si perverties que ce n'était plus durable.

C'est le Yin des Taoïstes,

c'est l'horreur paralysante des ténèbres,

c'est la trahison de nos formes physiques,

c'est le monstre sous le lit,

et c'est le serpent qui rôde
éternellement dans le jardin.

Le chaos est ce que vous rencontrez

quand vous allez avec courage
là où personne ne s'est aventuré.

L'ordre, par contraste,

c'est là où tout fonctionne parfaitement.

Quand les trains sont à l'heure,
c'est l'ordre.

Quand vous avez un foyer sûr et heureux,

c'est l'ordre.

L'ordre garde
les salles d'opération propres ;

l'ordre, c'est ce que Dieu fait sortir
du chaos au commencement des temps

et offre aux hommes et aux femmes
comme lieu de vie.

C'est un îlot de stabilité
dans une mer d'ignorance,

c'est le Yang des Taoïstes,

les murs d'une cité,

les principes d'une constitution,

l'uniforme de la police.

L'ordre, c'est la pierre qui dure
et garde les barbares à l'écart.

À l'extrême par contre,

l'ordre devient tyrannie

et compromet l'esprit.

Quand les êtres humains errent,

nous devenons rigides et inflexibles,

ou dissolus et négligents ;

on ne sait plus penser différemment,

donc on dérive sans but,
et on se noie dans les possibilités.

On veut la tyrannie car on méprise
ce que l'on ne connaît pas,

ou on veut l'anarchie
car on refuse les responsabilités.

Dans tous les cas, on risque
de s'exposer au principe inverse.

Trop d'ordre incite l'effondrement
dans le chaos.

Trop de chaos appelle
les démons du totalitarisme

à sortir des crevasses où ils se cachent.

Les Bouddhistes pensent
que la vie est une souffrance.

Les Juifs et les Chrétiens sont d'accord.

Les premiers se rappellent
d'une longue histoire de persécution,

les seconds vénèrent un dieu

qui est à la fois humain,
trahi et crucifié.

Quand nous crions vers le ciel,

face à nos souffrances,

qu'attendons-nous ?

Un sens.

Un sens, pas un phénomène rationnel.

Ce que l'on ressent avec nos êtres
et non pas notre intellect,

qui doit nous guider
plutôt que nous suivre.

Quand le chaos et l'ordre sont équilibrés,
on a un pied dans chaque domaine.

C'est ce dont la vie dépend le plus.

Ici, nous sommes
en sécurité et en confiance,

mais assez stimulés
pour être alertes et en développement.

Ici, nous jouons chaque match ;

pas seulement pour gagner

mais pour devenir de meilleurs joueurs
pour tous les jeux du futur.

Un tel sens correctement entretenu

peut produire un amour de la vie
et une gratitude si profonds

que les terribles limitations
d'être sont justifiées.

C'est de cette façon
que l'on regagne le paradis.

L'alternative est de vivre
une vie déséquilibrée ;

ce n'est pas bon

parce que les forces terribles
du chaos et de l'ordre

déchireront une personne déséquilibrée.

Cette personne
sera oppressée, sans espoir,

amère, rancunier, et cruelle.

Elle deviendra aveugle de son plein gré,

étroite, ennuyée, cynique et vicieuse.

Quand la vie est déséquilibrée,
les gens œuvrent contre elle

car ils sont en colère contre les atroces
conditions limitées de l'existence.

« Au diable tout ça ».

C'est le juron des gens aigris.

L'enfer, c'est là où ils se dirigent,

là où ils veulent entraîner tout le monde.

C'est une revanche contre Dieu,

ou contre la condition d'existence,

- comme vous préférez -

motivée par le désir
que les choses subissent l'inaptitude

et cessent d'être.

Comment une personne
vit-elle dans la réalité ?

C'est une question empirique
et non rationnelle.

Commencez par vous obserser

comme si vous vous connaissiez très peu ;

voyez quand vous êtes là
où vous devriez l'être psychologiquement,

et quand vous ne l'êtes pas.

N'y pensez pas ;

observez,

et essayez de passer plus
de temps là où vous souhaitez être.

Vous serez plus près du paradis,
et plus loin de l'enfer.

Faites ce que vous avez
à faire pour rester là.

En un mois, avec des efforts disciplinés,

vous serez au bon endroit plus souvent.

En un an, encore plus.

En trois ans, avec de la chance,
vous y serez la plupart du temps.

Interrogé sur le royaume des cieux,

le Christ dit :

« C'est comme une graine de moutarde,
la plus petite des graines,

mais quand cela tombe sur un terrain
préparé, cela produit une belle plante

et devient un abri pour
tous les oiseaux du ciel.

C'est de ces petits débuts
que les grandes choses grandissent. »

Merci.

(Applaudissements)