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Extrait de "La Discrète" de Christian Vincent - Fabrice Luchini

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    [Bruit de machine à écrire]
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    Je sais plus où
    Jankélévitch écrit que
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    l'homme est un être
    essentiellement optique
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    mais ça, les femmes
    le savent depuis toujours,
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    même les moins jolies.
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    Surtout les moins jolies, parce qu'elles
    savent que si elles veulent un peu d'amour
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    il faut qu'elle soit plus
    imaginatives que les autres.
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    - C'est un peu injuste mais c'est comme ça.
    - Oh merde.
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    - [Ouverture d'un flacon]
    - [Soupire]
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    [Fermeture du flacon]
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    - [Bruit sourd]
    - [Bruit de machine à écrire]
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    - Vous n'attendez pas que ça sèche?
    - Non.
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    C'est drôle,
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    quand je rencontre un ami
    au bras d'une fille plutôt moche,
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    je me dis toujours:
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    "Mais est-ce qu'il se rend compte
    qu'il y a des filles charmantes,
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    alors que la sienne est
    vraiment pas terrible?"
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    Puis aussitôt après je me dis:
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    "Peut-être que c'est lui qui est plus sage,
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    plus sage que moi."
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    "Il aime cette fille pour ses qualités,
    parce qu'elle est gentille avec lui."
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    Mais j'arrive jamais à
    me convaincre véritablement.
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    Je crois que beaucoup
    d'hommes se contente au fond...
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    très lâchement de ce qu'ils ont.
    Hein, vous ne croyez pas, Catherine?
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    Je voudrais travailler, s'il vous plaît.
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    Ah, excusez-moi.
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    Alors, juste une anecdote.
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    Quand j'étais en cinquième,
    j'étais en pension.
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    Il y avait un type chez les internes,
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    un grand garçon, le type germanique
    qui me fascinait.
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    On avait 12, 13 ans,
    il s'appelait Flèche.
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    Et jamais, jamais ce type
    ne disait de gros mots.
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    Mais jamais.
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    Et je me disait, ce gars a plus
    de maturité que nous,
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    plus de classe et puis
    j'étais pas loin de l'admirer.
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    Puis, c'était curieux parce que je sentais
    bien que les curés ne l'aimaient pas beaucoup.
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    Alors que c'était vraiment un garçon,
    mais vraiment très, très sérieux
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    il communiait tous les jours,
    alors que nous, on était des vrais obsédés.
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    Et puis, un jour,
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    on a appris que ce garçon n'aurait jamais
    dû se trouver avec nous dans ce collège.
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    Oui, parce que cette attitude étrange,
    vous voyez Catherine, qu'il avait,
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    ce regard toujours très fixe,
    un peu dans le vague
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    qu'on prenait pour des qualités supérieures.
    C'était celui d'un demeuré.
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    C'était un cinglé.
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    C'est un peu le sentiment que j'ai devant
    un type que je rencontre avec un boudin.
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    Je commence par lui envier
    cette sorte de grâce
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    et puis aussitôt après je me dis:
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    - "Mais...
    - Écoutez, je voudrais finir.
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    Je vous ai heurté!
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    Non c'est pas ça, c'est la façon dont
    vous me regardez qui me gène.
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    Alors dans ce cas,
    je reste derrière vous immobile,
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    comme ça, vous ne me verrez plus.
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    Mais non, justement pas dans mon dos.
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    Ah non mais...
    vous ne me verrez plus.
Title:
Extrait de "La Discrète" de Christian Vincent - Fabrice Luchini
Description:

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Video Language:
French
Team:
Film & TV
Duration:
02:22

French subtitles

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