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Comment Projet Caution réforme la justice pénale aux États-Unis

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    Manoush Zomorodi : Robin Steinberg,
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    merci beaucoup d'être
    ma première invitée officielle
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    en tant que nouvelle animatrice
    de TED Radio Hour.
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    Je suis vraiment excitée.
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    Robin Steinberg : Et moi ravie.
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    (Applaudissements)
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    MZ : Je veux commencer
    par le Projet Caution,
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    la façon dont il a vu le jour
    et comment vous avez eu l'idée.
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    L'histoire raconte
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    qu'il y a dix ans, vous et votre mari
    mangiez des plats chinois à emporter
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    lorsque vous avez eu l'idée.
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    Vous étiez avocate commise d'office
    depuis plus de 30 ans,
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    mais ce moment a été celui
    où vous avez décidé
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    que quelque chose devait changer.
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    RS : Nous avions tous deux
    passé des décennies
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    dans les tranchées du système
    judiciaire pénal comme commis d'office,
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    nous battant pour chaque client
    du mieux que nous pouvions,
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    défendant l'humanité
    des gens et leur dignité
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    et nous battant pour leur liberté.
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    Peu importe à quel point
    nous étions de bons avocats,
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    sans fausse modestie,
    nous étions très bons,
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    et à quel point nous nous battions
    au nom d'un client,
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    parfois, tout se jouait
    à une centaine de dollars :
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    est-ce que le client pouvait
    ou non payer la caution
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    et se battre pour sa liberté
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    ou s'il allait se retrouver
    incarcéré à Rikers Island
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    et finir par plaider coupable
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    qu'il le soit vraiment ou non.
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    Et ça nous mettait en colère.
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    Et vous savez, parfois,
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    les réponses sont simples
    et juste sous vos yeux.
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    Nous avons pensé :
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    « Et si nous payions
    les cautions des clients ? »
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    C'est là qu'est née l'idée
    d'un fonds de caution renouvelable --
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    la caution revient à la fin d'une affaire.
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    Si nous mettions dans un fonds
    les moyens levés
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    et avions un fonds renouvelable,
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    nous pourrions payer
    les cautions des clients.
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    Mais c'était en 2005, tout ça.
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    On ne parlait pas de réforme
    de la justice pénale comme maintenant,
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    on parlait peu de la réforme des cautions,
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    et nous avons passé deux ans à espérer
    que les gens nous soutiendraient.
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    Mais non, rien.
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    Jusqu'à ce que Jason Flom et sa famille
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    décident de nous donner une chance
    et une subvention en 2007.
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    Nous avons commencé à tester notre modèle
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    et à voir ce qu'il se passait.
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    MZ : Pouvez-vous expliquer
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    pourquoi est-ce si important
    de ne pas être en prison
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    lorsque l'on attend son procès ?
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    Vous l'avez dit par le passé
    et ça m'a coupé le souffle :
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    j'ignorais ce qui pouvait se passer
    durant ces jours ou semaines
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    avant qu'on puisse plaider sa cause.
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    RS : Être incarcéré,
    même pour quelques jours,
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    peut changer radicalement des vies.
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    On peut être victimisé,
    pas seulement sexuellement,
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    on peut être exposé à la violence,
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    traumatisé de tas de manières
    alors qu'on est en prison,
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    et ça seulement
    en quelques jours ou semaines.
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    La plupart des morts,
    suicides ou homicides,
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    ont lieu à ce moment.
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    Quand ces gens sont en prison,
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    en détention provisoire,
    ils n'ont pas été condamnés,
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    ils y sont car ils ne peuvent pas
    payer la caution.
  • 2:47 - 2:51
    Pendant ce temps, leur vie
    à l'extérieur est réduite à néant.
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    Ils perdent leur travail,
  • 2:52 - 2:54
    ils peuvent perdre leur maison,
  • 2:54 - 2:56
    leurs enfants peuvent leur être retirés,
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    leur statut d'immigration
    peut être menacé,
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    ils peuvent être virés de l'école.
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    Il y a donc ce qui arrive en prison,
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    mais aussi à l'extérieur, à la famille
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    et à la communauté dont ils ont été exclus
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    en attendant leur procès.
  • 3:09 - 3:12
    Ça peut d'ailleurs prendre des jours,
    des semaines, voire des années.
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    MZ : Vous avez explicité ce flou
    dans lequel les gens se trouvent
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    depuis la scène TED en 2018,
  • 3:20 - 3:23
    et j'aimerais qu'on passe
    un extrait de ce dont vous avez parlé
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    et qui été vraiment émouvant.
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    Est-ce qu'on peut le passer ?
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    (Audio : Robin Steinberg)
    Il est temps pour du grandiose.
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    Il est temps de faire quelque chose d'osé.
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    Il est temps de faire quelque chose
    d'audacieux peut-être ?
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    (Rires)
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    Nous voulons prendre notre modèle
    de fonds de caution renouvelable
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    établi dans le Bronx
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    et l'étendre à travers les États-Unis,
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    attaquer le système légal de front
  • 3:44 - 3:46
    avant le début de l'incarcération.
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    (Applaudissements)
  • 3:48 - 3:52
    MZ : L'énergie dans la pièce
    était palpable pendant que vous parliez
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    et cela a conduit à l'obtention de fonds
    de la part de « The Audacious Project »,
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    l'initiative de TED pour financer
    de grandes idées comme celle-ci
  • 4:01 - 4:04
    pour qu'elles puissent se réaliser.
  • 4:04 - 4:07
    Pouvez-vous nous expliquer
    ce qu'il s'est passé depuis ?
  • 4:07 - 4:08
    RS : Bien sûr.
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    La subvention Audacious
  • 4:10 - 4:12
    a fait que nous avons pu
    augmenter l'envergure du projet.
  • 4:12 - 4:17
    Nous le mettons à l'échelle du pays.
  • 4:17 - 4:20
    Nous sommes actuellement
    présents sur 18 sites.
  • 4:20 - 4:22
    Et nous faisons deux choses.
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    Le Projet Caution est conçu à la fois
  • 4:25 - 4:28
    pour fournir une bouée de sauvetage
    immédiate aux gens incarcérés
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    parce qu'ils sont pauvres
  • 4:29 - 4:31
    et qu'ils ne peuvent pas payer la caution.
  • 4:31 - 4:35
    C'est une réponse à l'urgence directe
  • 4:35 - 4:38
    et à la crise humanitaire
    à laquelle nous faisons face
  • 4:38 - 4:39
    pour la détention provisoire.
  • 4:39 - 4:42
    Deuxièmement, nous testons un modèle :
  • 4:42 - 4:45
    la libération communautaire
    avec soutien volontaire.
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    Nous essayons de prouver que :
  • 4:46 - 4:48
    la caution est inutile,
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    les gens vont revenir
    au tribunal sans caution.
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    Ce mythe a déjà été réfuté et on le sait.
  • 4:52 - 4:54
    Nous essayons de mettre en place
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    la libération des personnes
    dans les communautés
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    avec des notifications efficaces
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    et des relations
    avec les services nécessaires.
  • 5:01 - 5:04
    Les gens vont aller au tribunal
    tant que leur dossier est ouvert
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    jusqu'à ce qu'il soit cloturé.
  • 5:06 - 5:10
    Il s'agit d'un effort
    pour faire avancer les politiques,
  • 5:10 - 5:12
    pour que le changement
    systémique se produise,
  • 5:12 - 5:13
    mais voici notre crainte :
  • 5:13 - 5:15
    c'est une course contre la montre.
  • 5:15 - 5:17
    Alors que cette conversation s'accélère
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    et que la réforme commence à s'imposer,
  • 5:20 - 5:23
    certains systèmes passeront
    à des nouveaux systèmes
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    qui, nous le craignons, recréeront
    certains des mêmes préjudices
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    que le système initial avait créés.
  • 5:28 - 5:30
    Il s'agit de disparités raciales,
  • 5:30 - 5:32
    d'inégalités économiques,
  • 5:32 - 5:35
    et nous pouvons les recréer
    si nous ne faisons pas ce qu'il faut.
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    C'est une course contre la montre
  • 5:37 - 5:40
    pour prouver que nous pouvons créer
    un modèle basé sur le communautarisme
  • 5:40 - 5:43
    sans avoir besoin de bracelet électronique
  • 5:43 - 5:47
    ou d'algorithmes ou de cellules
    ou de caution en espèces,
  • 5:47 - 5:50
    mais qu'on put relâcher ces gens
    avec le support approprié.
  • 5:50 - 5:52
    Et ça va marcher.
  • 5:52 - 5:54
    MZ : On va y revenir
    dans une minute mais avant :
  • 5:54 - 5:56
    je suis experte en technologie
  • 5:56 - 5:58
    et quand vous parlez
    d'une échelle comme celle-ci,
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    je ne peux que supposer
    que les défis rencontrés sont différents
  • 6:02 - 6:06
    de ceux pour une application
    ou une plateforme.
  • 6:06 - 6:07
    Quels sont les défis ?
  • 6:07 - 6:10
    Vous allez dans des États
    avec chacun leurs lois,
  • 6:10 - 6:12
    chaque ville doit être différente.
  • 6:12 - 6:14
    Comment faites-vous ?
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    RS : La mise à l'échelle
    du fonds de caution renouvelable,
  • 6:18 - 6:20
    c'était une solution facile et élégante.
  • 6:20 - 6:22
    C'est la partie facile,
    directe du service,
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    nous pouvons l'étendre à tout le pays.
  • 6:24 - 6:25
    Le travail sur le terrain,
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    les équipes de perturbateurs de caution
  • 6:29 - 6:31
    dans différents endroits du pays,
  • 6:31 - 6:32
    doivent prendre le modèle
  • 6:32 - 6:35
    et l'adapter aux besoins uniques
    de chaque juridiction.
  • 6:35 - 6:38
    Et c'est là que ça devient complexe,
  • 6:38 - 6:40
    cela demande beaucoup de ressources,
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    car la justice pénale est vraiment locale,
  • 6:43 - 6:46
    et la façon dont chaque système
    fonctionne est donc unique.
  • 6:46 - 6:48
    Et les besoins de nos clients
  • 6:48 - 6:51
    sont vraiment différents
    en fonction des juridictions.
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    On peut être dans l'Oklahoma
  • 6:53 - 6:56
    où les communautés ont été ravagées
    par la crise des opioïdes
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    et quand nous ramenons des gens chez eux,
  • 6:58 - 7:01
    il leur faut un contact
    avec les services adéquats.
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    Quand on est à Spokane,
  • 7:02 - 7:04
    c'est une épidémie de sans domicile fixe.
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    Si on envisage de fournir des services
    directs et de ramener les gens chez eux,
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    on doit être conscient du fait que,
    dans cette juridiction,
  • 7:11 - 7:14
    le plus grand obstacle pour les gens
    est qu'ils n'ont pas d'abri.
  • 7:14 - 7:18
    On doit adapter notre modèle
    dans chaque juridiction où l'on va
  • 7:18 - 7:20
    pour répondre aux besoins
    de la communauté.
  • 7:20 - 7:22
    MZ : Je suppose que certaines communautés
  • 7:22 - 7:24
    ne sont pas contentes de votre présence.
  • 7:24 - 7:26
    Ça doit être une réalité.
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    Devez-vous conquérir
    les cœurs ainsi que les esprits
  • 7:29 - 7:30
    dans certains endroits ?
  • 7:30 - 7:33
    RS : Je pense que ça dépend
    de la définition de communauté.
  • 7:33 - 7:36
    Celles qui ont été prises pour cible
    par notre système judiciaire
  • 7:36 - 7:38
    durant des générations,
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    celles de couleurs, avec de bas revenus,
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    les marginalisées,
    les femmes à travers le pays,
  • 7:42 - 7:45
    sont plus qu'heureuses de nous voir,
  • 7:45 - 7:47
    parce que nous venons les sauver.
  • 7:47 - 7:50
    Les fonds pour les cautions
    sont immédiats,
  • 7:50 - 7:53
    ce n'est ni à long terme, ni systémique.
  • 7:53 - 7:55
    Mais les gens, bien sûr,
  • 7:55 - 7:57
    veulent rentrer chez eux,
    chez leurs familles,
  • 7:57 - 7:59
    les communautés veulent les voir rentrer.
  • 7:59 - 8:00
    Y a-t-il eu des oppositions ?
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    Oui, bien sûr.
  • 8:02 - 8:04
    Quand nous allons sur un nouveau site,
  • 8:04 - 8:06
    nous procédons très précautionneusement,
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    nous essayons de comprendre
    qui nous aidera sur le terrain
  • 8:09 - 8:11
    dans cette initiative,
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    des citoyens organisateurs,
    des organisations,
  • 8:13 - 8:15
    des responsables, des shérifs...
  • 8:15 - 8:18
    Donc qui va nous aider
    et qui va faire l'inverse.
  • 8:18 - 8:21
    MZ : Certaines personnes
    dont vous payez la caution,
  • 8:21 - 8:24
    vous les faites revenir
    en tant que responsables du programme.
  • 8:24 - 8:25
    Ça fait partie du système,
  • 8:25 - 8:31
    de créer une communauté
    autour de vos efforts ?
  • 8:31 - 8:34
    RS : Quand nous embauchons
    pour les juridictions locales,
  • 8:34 - 8:35
    nous le faisons localement.
  • 8:35 - 8:37
    Si nous ouvrons un site à Baton Rouge,
  • 8:37 - 8:40
    nous embauchons des gens
    en lien avec la communauté.
  • 8:40 - 8:42
    Nous priorisons les gens
    qui ont une expérience
  • 8:42 - 8:43
    du système juridique pénal
  • 8:43 - 8:46
    ou qui ont été impactés
    directement par celui-ci.
  • 8:46 - 8:49
    C'est important ;
    ils comprennent mieux le système,
  • 8:49 - 8:52
    ils ont les meilleures solutions
    car ils sont proches du problème
  • 8:52 - 8:53
    et ce sont de bons ambassadeurs
  • 8:53 - 8:56
    pour les clients interviewés
    et dont nous payerons la caution.
  • 8:57 - 8:58
    MZ : Vous avez évoqué le sujet,
  • 8:58 - 9:01
    la réforme de la justice pénale
    est un sujet sensible,
  • 9:01 - 9:04
    vous devez vous dire :
    « enfin, les gens parlent de ce truc
  • 9:04 - 9:07
    dont je parle depuis des décennies. »
  • 9:07 - 9:11
    Ici en Californie, il y a eu
    un gros changement.
  • 9:11 - 9:13
    C'est compliqué,
  • 9:13 - 9:16
    mais je crois qu'ils se débarrassent
    de la caution en espèces.
  • 9:16 - 9:19
    Bonne ou mauvaise chose,
    ou difficile à expliquer ?
  • 9:19 - 9:21
    RS : Tout dans la réforme
    de la justice pénale,
  • 9:21 - 9:23
    surtout pour les cautions,
  • 9:23 - 9:25
    est bien plus complexe qu'il n'y paraît.
  • 9:25 - 9:28
    C'est facile d'avoir un hashtag :
    « fin à la caution en espèces ».
  • 9:28 - 9:29
    Évidemment.
  • 9:29 - 9:32
    On doit éliminer ça pour toujours.
  • 9:32 - 9:34
    On sait que l'argent
    ne fait pas revenir les gens,
  • 9:34 - 9:36
    on doit s'en débarrasser.
  • 9:36 - 9:38
    Mais la question sur ce qui
    vient après est très complexe,
  • 9:38 - 9:40
    et la Californie est un bon exemple.
  • 9:40 - 9:43
    Un projet de loi a fait son chemin
    dans le processus politique,
  • 9:44 - 9:45
    appelé SB 10.
  • 9:45 - 9:49
    C'était un projet de loi qui semblait
    aller vers plus de décarcération.
  • 9:50 - 9:52
    A la fin du processus politique,
  • 9:52 - 9:55
    c'était un projet de loi que personne
    dans la communauté n'allait soutenir,
  • 9:55 - 9:57
    y compris le Projet Caution.
  • 9:57 - 10:02
    Et il a subi des modifications
    durant le processus
  • 10:02 - 10:06
    qui ont mis les services d'instruction
    entre les mains des forces de l'ordre,
  • 10:06 - 10:08
    employé des algorithmes
    de prévision des risques,
  • 10:08 - 10:11
    ce qui a donné des signes
    révélateurs d'un système
  • 10:11 - 10:16
    qui allait recréer les mêmes inégalités
    raciales et économiques
  • 10:16 - 10:17
    qui étaient toujours là.
  • 10:17 - 10:20
    Cette loi a suivi ce processus
  • 10:20 - 10:22
    et on pensait que c'était la fin.
  • 10:22 - 10:26
    Mais l'industrie des cautions
    a obtenu 400 000 signatures
  • 10:26 - 10:28
    pour le soumettre à un vote.
  • 10:28 - 10:30
    En novembre, les Californiens décideront
  • 10:30 - 10:32
    de l'avenir de SB 10.
  • 10:32 - 10:36
    MZ : Ceux présents dans la salle,
    vous allez voter.
  • 10:36 - 10:38
    Quel doit être leur choix ?
  • 10:38 - 10:42
    RS : Je ne me prononcerai pas là-dessus.
  • 10:42 - 10:44
    Je suis audacieuse, mais pas tant que ça.
  • 10:44 - 10:47
    Mais je dirai ceci : éduquez-vous.
  • 10:47 - 10:49
    Comprenez ce pour quoi vous allez voter.
  • 10:49 - 10:52
    Comprenez ce que ça veut dire
    d'être en prison
  • 10:52 - 10:54
    lorsqu'on n'a pas été condamné
  • 10:54 - 10:56
    juste parce qu'on est pauvre.
  • 10:56 - 11:00
    Demandez-vous si vous voulez
    un système juridique pénal
  • 11:00 - 11:05
    qui incarcère les gens
    avant qu'ils aient pu être condamnés.
  • 11:05 - 11:07
    Est-ce qu'on veut
    d'un système juridique pénal
  • 11:07 - 11:08
    qui s'en prend aux gens de couleur
  • 11:08 - 11:10
    et aux pauvres dans le pays ?
  • 11:10 - 11:13
    Est-ce que les dégâts causés
    par l'incarcération de masse
  • 11:13 - 11:16
    doivent se poursuivre ?
  • 11:16 - 11:18
    Je ne prends pas position sur les votes
  • 11:18 - 11:20
    mais gardez ça à l'esprit.
  • 11:20 - 11:23
    MZ : Elle m'a dit en coulisse
    qu'elle ne savait pas ce qu'elle voterait.
  • 11:23 - 11:26
    C'est difficile, pas vrai ?
  • 11:26 - 11:29
    RS : C'est un peu plus compliqué que ça.
  • 11:29 - 11:31
    La loi SB 10
    telle qu'elle est actuellement,
  • 11:31 - 11:35
    peu de gens
    lui apporteraient leur soutien.
  • 11:35 - 11:38
    Mais supprimer la caution
    en espèces est important.
  • 11:38 - 11:41
    MZ : Pouvez-vous faire
    des prévisions pour l'avenir ?
  • 11:41 - 11:44
    À quoi ressemblerait le système idéal ?
  • 11:44 - 11:48
    Selon vous, l'Amérique
    est obsédée par l'incarcération.
  • 11:48 - 11:50
    Doit-il y avoir des changements culturels
  • 11:50 - 11:54
    en plus des autres changements
    dont vous parlez ?
  • 11:54 - 11:58
    RS : Nous devons reconnaître nos actes.
  • 11:58 - 12:00
    Si nous ne changeons pas
  • 12:00 - 12:02
    notre utilisation
    du système juridique pénal,
  • 12:02 - 12:05
    nos anciennes cibles,
    notre définition du crime,
  • 12:05 - 12:07
    notre façon de punir les gens,
  • 12:07 - 12:08
    nous n'avancerons jamais.
  • 12:08 - 12:11
    Nous allons devoir tenir compte
    du mal que nous avons infligé.
  • 12:11 - 12:15
    Et ce faisant, nous allons
    devoir changer d'objectif.
  • 12:15 - 12:17
    Et c'est très problématique
    pour nous, c'est ça ?
  • 12:17 - 12:19
    Nous devrons changer de cap,
  • 12:19 - 12:25
    d'un système établi sur la punition,
    la cruauté, l'isolation
  • 12:25 - 12:27
    et les cellules
  • 12:27 - 12:28
    à un autre,
  • 12:28 - 12:31
    établi sur les besoins, le soutien,
  • 12:31 - 12:33
    la reconnaissance de nos erreurs
  • 12:33 - 12:35
    et comment améliorer les choses,
  • 12:35 - 12:37
    comment redresser les torts et guérir.
  • 12:37 - 12:40
    Et si nous ne sommes pas
    prêts pour tout ça,
  • 12:40 - 12:43
    la réforme va être retardée
  • 12:43 - 12:45
    ou ce qui va s’ensuivre
    va être très problématique.
  • 12:46 - 12:48
    C'est un changement fondamental de vision
  • 12:48 - 12:50
    du système juridique pénal.
  • 12:50 - 12:51
    Ne vous y méprenez pas,
  • 12:51 - 12:53
    le contexte de notre système
  • 12:53 - 12:57
    repose sur nous, tournant le dos
    aux problèmes sociaux.
  • 12:57 - 12:59
    Nous avons tourné le dos au sans-abrisme,
  • 12:59 - 13:02
    à la pauvreté extrême,
    au racisme structurel,
  • 13:02 - 13:04
    aux problèmes de santé mentale,
  • 13:04 - 13:05
    à l'addiction
  • 13:05 - 13:07
    et même au statut d'immigrant.
  • 13:07 - 13:11
    À la place, nous avons utilisé nos prisons
    et notre système de justice pénale
  • 13:11 - 13:13
    pour répondre à ces problèmes.
  • 13:13 - 13:15
    Et ça doit changer.
  • 13:15 - 13:17
    MZ : Ce n'est pas la solution.
  • 13:17 - 13:21
    RS : Nous avons fait du mal
    à des millions de personnes
  • 13:21 - 13:23
    et ce faisant, à leurs familles
  • 13:23 - 13:25
    et à leurs communautés,
  • 13:25 - 13:26
    et nous devons en tenir compte.
  • 13:26 - 13:28
    MZ : J'aimerais vous demander...
  • 13:28 - 13:33
    (Applaudissements)
  • 13:34 - 13:40
    Vous êtes entourée par des femmes
    parmi les plus intelligentes du monde,
  • 13:40 - 13:41
    Elles ont plein d'énergie
  • 13:41 - 13:43
    et elles veulent savoir quoi en faire
  • 13:44 - 13:45
    quand elles retourneront chez elles.
  • 13:45 - 13:50
    Et je sais que vous en avez emmenées hier
    visiter une prison locale, c'est vrai ?
  • 13:50 - 13:51
    RS : Oui, c'est vrai.
  • 13:51 - 13:52
    MZ : Pouvez-vous nous en parler ?
  • 13:52 - 13:54
    RS : Voici ce que nous devons comprendre :
  • 13:54 - 13:57
    ce problème nous concerne tous.
  • 13:57 - 13:59
    Nous sommes tous impliqués
  • 13:59 - 14:02
    dans la vision du système juridique pénal.
  • 14:02 - 14:03
    Il n'y a pas d'échappatoire.
  • 14:03 - 14:04
    Il nous représente tous.
  • 14:04 - 14:07
    Chaque fois qu'un procureur dit :
  • 14:07 - 14:11
    « Les habitants de Californie »,
    ou « New York », ou « Idaho »,
  • 14:11 - 14:13
    il parle en vos noms.
  • 14:13 - 14:15
    Nous devons en prendre la responsabilité.
  • 14:15 - 14:18
    Nous devons réaliser que ça doit changer
  • 14:18 - 14:20
    et que ça nous implique tous.
  • 14:20 - 14:22
    Donc ce que vous devez faire,
  • 14:22 - 14:25
    c'est vous éduquer et vous imprégner.
  • 14:25 - 14:26
    Par « vous en imprégnez »,
  • 14:26 - 14:30
    je veux dire aller voir
    comment le système opère.
  • 14:30 - 14:32
    Ça peut être la visite
    du tribunal pénal local,
  • 14:32 - 14:34
    rester assis au fond de la salle...
  • 14:34 - 14:36
    Vous en sortirez très différent.
  • 14:36 - 14:38
    C'est ce qui m'a fait devenir
    avocate commise d'office
  • 14:38 - 14:39
    il y a des années.
  • 14:39 - 14:42
    Hier, j'ai emmené certaines
    personnes de la conférence TED
  • 14:42 - 14:43
    à une prison locale.
  • 14:44 - 14:47
    Ça fait 38 ans que je visite des prisons.
  • 14:47 - 14:49
    J'ai toujours été choquée
  • 14:49 - 14:51
    et hier n'a pas fait exception.
  • 14:51 - 14:53
    J'étais choquée, horrifiée.
  • 14:53 - 14:57
    C'était des conditions déshumanisantes,
    dégradantes et horrifiantes --
  • 14:57 - 14:58
    et incompréhensibles
  • 14:58 - 15:01
    si l'on ne les voit pas
    de ses propres yeux.
  • 15:01 - 15:03
    C'était choquant.
  • 15:03 - 15:06
    Je l'ai vu sur le visage
    des gens qui m'accompagnaient.
  • 15:06 - 15:10
    On doit savoir que c'est ce qu'on fait
    au nom de la justice dans ce pays
  • 15:10 - 15:11
    et s'y opposer.
  • 15:11 - 15:13
    Mais la seule façon d'y parvenir
  • 15:13 - 15:18
    est de combattre le récit de la peur
    qui permet à tout ça de se réaliser.
  • 15:18 - 15:19
    Qu'est-ce que je veux dire ?
  • 15:19 - 15:21
    Chaque fois que vous parlez
  • 15:21 - 15:24
    de la réforme juridique pénale
    ou des cautions,
  • 15:24 - 15:25
    voici ce qui se passe :
  • 15:25 - 15:27
    tout le monde parle
    d'un cas qui fait peur.
  • 15:28 - 15:31
    « Et le gars qui a fait ceci ? »
  • 15:31 - 15:33
    Voilà pourquoi je suis là.
  • 15:33 - 15:37
    Posez-vous avec ce que je vais vous dire.
  • 15:37 - 15:40
    Bien que nous ayons utilisé
    notre système juridique pénal
  • 15:40 - 15:42
    et détruit des millions de personnes,
  • 15:42 - 15:43
    que nous leur avons fait du mal,
  • 15:43 - 15:46
    et exposés à des traumatismes
    et à de la violence,
  • 15:46 - 15:48
    jour après jour,
  • 15:48 - 15:51
    la vérité est que,
    lorsque les gens rentrent chez eux,
  • 15:51 - 15:53
    les malheurs sont rares.
  • 15:53 - 15:56
    C'est l'exception, pas la règle.
  • 15:56 - 16:00
    Ça sort de l'ordinaire,
    ce n'est pas une habitude.
  • 16:00 - 16:01
    Mais si on ne le sait pas,
  • 16:01 - 16:03
    si on ne s'y raccroche pas,
  • 16:03 - 16:06
    si on ne peut pas le prouver
    avec des faits -- on le peut --
  • 16:06 - 16:08
    on va être poussé vers la peur
  • 16:08 - 16:10
    qui va amener à justifier
  • 16:10 - 16:12
    toutes les horreurs qu'on a infligées
  • 16:12 - 16:15
    aux gens de couleur et aux pauvres
  • 16:15 - 16:17
    et aux gens pris au piège
    dans notre système
  • 16:17 - 16:19
    depuis bien trop longtemps.
  • 16:19 - 16:20
    Alors éduquez-vous...
  • 16:20 - 16:25
    (Applaudissements)
  • 16:25 - 16:27
    Éduquez-vous,
    imprégnez-vous, restez vigilants,
  • 16:27 - 16:30
    ne vous laissez pas avoir
    par les récits de la peur,
  • 16:30 - 16:33
    qui sont de toute façon fortement
    et grossièrement racisés.
  • 16:33 - 16:34
    Vérifiez si vous entendez des infos,
  • 16:34 - 16:37
    questionnez les gens,
  • 16:37 - 16:39
    demandez les preuves,
    pourquoi ils disent ça
  • 16:39 - 16:41
    et ne vous laissez pas entraîner.
  • 16:41 - 16:43
    Et si c'est pourtant le cas,
  • 16:43 - 16:44
    je suis convaincue
  • 16:44 - 16:48
    que c'est le moment
    de construire un meilleur système.
  • 16:48 - 16:50
    Et si vous êtes proche de ce système
  • 16:50 - 16:52
    et vous engagez là-dedans,
  • 16:52 - 16:55
    nous formerons un pays meilleur
  • 16:55 - 16:57
    et les gens seront meilleurs.
  • 16:57 - 16:59
    Et ça en vaut la peine.
  • 16:59 - 17:01
    MZ : Ça en vaut vraiment la peine.
  • 17:01 - 17:05
    (Applaudissements)
  • 17:05 - 17:09
    J'ai touché le gros lot
    pour ma première interview, pas vrai ?
  • 17:09 - 17:11
    Elle est fabuleuse.
  • 17:11 - 17:13
    Robin Steinberg, le Projet Caution,
  • 17:13 - 17:14
    merci beaucoup.
  • 17:14 - 17:16
    RS : Merci.
  • 17:16 - 17:17
    MZ : Je suis Manoush Zomorodi,
  • 17:17 - 17:20
    nouvelle animatrice pour TED Radio Hour,
    on se voit au printemps.
  • 17:20 - 17:25
    (Applaudissements)
Title:
Comment Projet Caution réforme la justice pénale aux États-Unis
Speaker:
Robin Steinberg, Manoush Zomorodi
Description:

Près d'un demi million de personnes aux États-Unis sont actuellement en prison sans avoir été condamnées, tout simplement parce qu'elles ne trouvent pas l'argent nécessaire pour payer une caution en espèces. Pour essayer de réparer ce système, l'avocate et militante Robin Steinberg a posé une question simple : « et si nous payions leur caution pour eux ? » Dans une conversation avec Manoush Zomorodi, l'animatrice de l'émission TED Radio Hour, Steinberg explique comment son association, nommée Projet de Caution, qui utilise un fonds renouvelable pour payer la caution de ceux qui n'ont pas les moyens de payer, intensifie ses efforts dans tout le pays et met en place un nouveau modèle communautaire pour lutter contre les incarcérations de masse. (Cette idée ambitieuse fait partie de l'initiative de TED « The Audacious Project » destinée à promouvoir et financer le changement à l'échelle mondiale.)

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:38

French subtitles

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