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Les possibilités révolutionnaires de l'ADN artificiel

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    Toute vie,
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    toute forme de vie et depuis toujours
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    s'est construite selon l’information
    contenue dans l'ADN.
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    Qu’est-ce que ça veut dire ?
  • 0:08 - 0:11
    Cela veut dire que,
    tout comme la langue française
  • 0:11 - 0:14
    utilise les lettres de l’alphabet
    qui, combinées en mots,
  • 0:14 - 0:17
    me permettent de vous raconter
    l'histoire d'aujourd'hui,
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    l'ADN est composé de lettres génétiques
    qui, combinées en gènes,
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    font que les cellules
    produisent des protéines,
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    des chaînes d'acides aminés
    qui se replient en structures complexes
  • 0:26 - 0:29
    pour permettre à une cellule
    de faire ce qu'elle a à faire,
  • 0:29 - 0:31
    de raconter son histoire.
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    L'alphabet français contient 26 lettres
    et l'alphabet génétique quatre.
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    Elles sont assez célèbres.
    Vous les connaissez peut-être.
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    Il s’agit des lettres G, C, A et T.
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    Mais c'est incroyable
    que toute la diversité du vivant
  • 0:44 - 0:46
    soit le résultat de
    quatre lettres génétiques.
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    Imaginez que l'alphabet français
    n'ait que quatre lettres.
  • 0:51 - 0:54
    Quels genres d'histoires
    pourriez-vous raconter ?
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    Et si l'alphabet génétique
    avait plus de lettres ?
  • 0:59 - 1:02
    Est-ce que la vie pourrait raconter
    des histoires différentes ?
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    Des histoires même plus
    intéressantes peut-être ?
  • 1:06 - 1:10
    En 1999, mon laboratoire à l'Institut
    de Recherche Scripps en Californie
  • 1:10 - 1:14
    s'est penché sur cette question, dans
    le but de créer des organismes vivants
  • 1:14 - 1:17
    avec un ADN composé
    d'un alphabet génétique à six lettres,
  • 1:17 - 1:22
    les quatre lettres naturelles plus deux
    nouvelles lettres que nous avons créées.
  • 1:23 - 1:25
    Un tel organisme serait
    la première forme de vie
  • 1:25 - 1:27
    entièrement modifiée
    qui ait jamais été créée.
  • 1:27 - 1:30
    Ce serait une forme de vie
    semi-synthétique
  • 1:30 - 1:33
    avec une capacité de stockage
    d'informations jamais vue jusqu'à présent.
  • 1:34 - 1:36
    Il pourrait faire de nouvelles protéines
  • 1:36 - 1:39
    à partir de plus d'acides aminés
    que les 20 normaux
  • 1:39 - 1:41
    utilisés d'habitude
    pour construire les protéines.
  • 1:42 - 1:44
    Quelles histoires
    cette vie pourrait-elle raconter ?
  • 1:45 - 1:48
    Grâce à la chimie de synthèse
    et à la biologie moléculaire,
  • 1:48 - 1:50
    et en moins de 20 ans de travail,
  • 1:50 - 1:52
    nous avons créé des bactéries
    avec un ADN de six lettres.
  • 1:52 - 1:54
    Laissez-moi vous expliquer.
  • 1:55 - 1:57
    Tout ce que vous devez retenir
    de vos cours de biologie,
  • 1:57 - 2:01
    c'est que les 4 lettres naturelles
    s'assemblent pour former 2 paires de base.
  • 2:01 - 2:03
    G s'assemble avec C et A avec T.
  • 2:03 - 2:05
    Pour créer nos nouvelles lettres,
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    nous avons synthétisé des centaines
    de lettres candidates
  • 2:08 - 2:11
    et étudié les appariements sélectifs
    des unes avec les autres.
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    Après 15 ans de recherche,
  • 2:13 - 2:16
    nous en avons trouvé deux
    qui s'appariaient vraiment bien,
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    tout au moins en éprouvette.
  • 2:18 - 2:19
    Elles ont des noms compliqués,
  • 2:19 - 2:21
    alors appelons-les juste X et Y.
  • 2:22 - 2:25
    Ensuite, il fallait trouver un moyen
    de mettre X et Y dans les cellules.
  • 2:25 - 2:29
    Nous avons trouvé qu'une protéine faisant
    la même chose dans les algues
  • 2:29 - 2:31
    marchait bien avec nos bactéries.
  • 2:31 - 2:35
    On n'avait plus qu'à démontrer
    qu'avec l'ajout des nouvelles lettres,
  • 2:35 - 2:39
    les cellules pouvaient se reproduire, tout
    en conservant X et Y dans leur ADN.
  • 2:40 - 2:43
    Jusque-là, le travail avait pris
    plus de temps que j'avais espéré,
  • 2:43 - 2:45
    car je suis quelqu'un de très impatient.
  • 2:45 - 2:49
    Mais cette étape, la plus importante,
    a marché plus vite que dans mes rêves...
  • 2:50 - 2:51
    immédiatement en fait.
  • 2:53 - 2:55
    En 2014, au cours d’un week-end,
  • 2:55 - 2:58
    un de mes étudiants a cultivé
    des bactéries avec un ADN à six lettres.
  • 2:59 - 3:02
    Permettez-moi de saisir cette occasion
    pour vous les présenter.
  • 3:02 - 3:04
    Voici une vraie photo de ces bactéries.
  • 3:05 - 3:08
    Ce sont les tous premiers
    organismes semi-synthétiques.
  • 3:09 - 3:12
    Des bactéries avec un ADN à six lettres,
    c'est plutôt cool, non ?
  • 3:12 - 3:15
    Peut-être que certains parmi vous
    se demandent toujours pourquoi.
  • 3:16 - 3:19
    Je vais donc vous expliquer
    quelques-unes de nos motivations,
  • 3:19 - 3:21
    à la fois théoriques et pratiques.
  • 3:21 - 3:24
    Les gens ont réfléchi
    au concept de la vie,
  • 3:24 - 3:26
    ce qui la rend différente
    des choses non vivantes,
  • 3:26 - 3:28
    depuis qu'ils ont commencé à penser.
  • 3:28 - 3:30
    Beaucoup considèrent
    que la vie est parfaite
  • 3:30 - 3:33
    et cela prouve l'existence d'un créateur.
  • 3:33 - 3:36
    Les êtres vivants sont différents
    parce qu'un dieu leur a donné la vie.
  • 3:36 - 3:39
    D'autres ont cherché
    une explication scientifique.
  • 3:39 - 3:40
    Mais il est juste de dire
  • 3:40 - 3:43
    qu'ils voient toujours les molécules
    du vivant comme spéciales.
  • 3:43 - 3:46
    L'évolution les a bien optimisées
    pendant des milliards d'années, non ?
  • 3:46 - 3:49
    Quelle que soit l'idée de départ,
    il semble impossible
  • 3:49 - 3:52
    que des chimistes viennent ajouter
    de nouvelles parties
  • 3:52 - 3:55
    fonctionnant aux côtés
    des molécules naturelles du vivant
  • 3:55 - 3:57
    sans vraiment tout faire foirer.
  • 3:58 - 4:01
    Mais, créés ou évolués,
    sommes-nous vraiment parfaits ?
  • 4:01 - 4:04
    En quoi les molécules du vivant
    sont-elles spéciales ?
  • 4:05 - 4:07
    Il était impossible alors
    de poser ces questions,
  • 4:07 - 4:09
    car on n'avait rien
    à comparer avec le vivant.
  • 4:10 - 4:12
    Pour la première fois,
    notre travail suggère
  • 4:12 - 4:15
    que ces molécules
    ne sont peut-être pas si spéciales.
  • 4:15 - 4:18
    Peut-être que la vie telle qu'on la
    connaît n'est pas la seule option.
  • 4:19 - 4:22
    Nous ne sommes peut-être pas
    la seule solution, ni même la meilleure,
  • 4:22 - 4:24
    juste une solution.
  • 4:26 - 4:28
    Ces questions sur les aspects
    fondamentaux de la vie
  • 4:28 - 4:30
    semblent peut-être un peu ésotériques.
  • 4:30 - 4:32
    Quelles sont les motivations pratiques ?
  • 4:32 - 4:35
    Nous voulons découvrir
    quelles nouvelles histoires
  • 4:35 - 4:37
    la vie pourrait raconter
    avec plus de vocabulaire.
  • 4:37 - 4:39
    Ces histoires sont les protéines
  • 4:39 - 4:41
    produites par une cellule,
    ainsi que leur fonction.
  • 4:41 - 4:45
    Alors quelles nouvelles protéines
    avec quelles nouvelles fonctions
  • 4:45 - 4:48
    nos organismes semi-synthétiques peuvent
    créer et peut-être même utiliser ?
  • 4:48 - 4:50
    Nous avons quelques idées en tête.
  • 4:51 - 4:56
    D'abord, c'est que les cellules fassent
    des protéines pour notre propre usage.
  • 4:56 - 4:57
    Aujourd'hui, on utilise les protéines
  • 4:57 - 5:00
    dans des applications
    de plus en plus diverses,
  • 5:00 - 5:02
    des matériaux de protection
    pour les militaires
  • 5:02 - 5:05
    aux appareils de détection
    de matières dangereuses.
  • 5:05 - 5:06
    Mais, pour moi,
  • 5:06 - 5:09
    l'application la plus intéressante
    est les protéines thérapeutiques.
  • 5:09 - 5:11
    Bien que relativement nouvelles,
  • 5:11 - 5:13
    ces protéines ont déjà
    transformé la médecine,
  • 5:13 - 5:16
    par exemple, l'insuline est une protéine.
  • 5:16 - 5:19
    Vous le savez sûrement.
    Elle est utilisée comme médicament.
  • 5:19 - 5:21
    Elle a bouleversé la façon
    dont on traite le diabète.
  • 5:21 - 5:25
    Mais le problème est que
    les protéines sont difficiles à fabriquer.
  • 5:25 - 5:28
    La seule façon de les obtenir est
    de les faire fabriquer par les cellules.
  • 5:29 - 5:31
    Cependant, les cellules naturelles
  • 5:31 - 5:34
    ne peuvent créer que des protéines
    utilisant les acides aminés naturels.
  • 5:34 - 5:36
    Donc les propriétés de ces protéines,
  • 5:36 - 5:39
    leurs domaines d'application,
  • 5:39 - 5:41
    sont limités par la nature
    de ces acides aminés
  • 5:41 - 5:43
    qui produisent les protéines.
  • 5:43 - 5:44
    Les voici donc,
  • 5:44 - 5:47
    les 20 acides aminés normaux qui,
    liés ensemble, forment une protéine.
  • 5:47 - 5:50
    Vous pouvez voir
    qu'ils se ressemblent assez.
  • 5:50 - 5:54
    Ils ne permettent pas
    d'obtenir une grande variété de fonctions.
  • 5:54 - 5:58
    Comparez-les aux molécules synthétiques
    transformées en médicaments.
  • 5:58 - 6:00
    Elles sont plus simples que les protéines
  • 6:00 - 6:03
    mais sont produites à partir
    d'un éventail d'éléments plus large.
  • 6:03 - 6:05
    Ne vous attardez pas sur les détails.
  • 6:05 - 6:08
    Vous pouvez voir
    combien elles sont différentes.
  • 6:08 - 6:11
    Et ce sont leurs différences
    qui en font de bons médicaments
  • 6:11 - 6:13
    pour traiter diverses maladies.
  • 6:13 - 6:17
    C'est très osé d'imaginer quelles
    nouvelles protéines thérapeutiques
  • 6:17 - 6:20
    on pourrait développer
    à partir d'éléments plus variés.
  • 6:22 - 6:24
    Notre organisme semi-synthétique
    peut-il créer des protéines
  • 6:24 - 6:27
    avec des acides aminés nouveaux et divers,
  • 6:27 - 6:29
    acides aminés choisis
    pour donner à la protéine
  • 6:29 - 6:31
    une propriété ou une fonction souhaitée ?
  • 6:33 - 6:34
    Par exemple,
  • 6:34 - 6:37
    beaucoup de protéines, injectées
    chez les gens, deviennent instables.
  • 6:37 - 6:39
    Elles sont vite dégradées ou éliminées,
  • 6:39 - 6:41
    perdant ainsi
    leur possibilité thérapeutique.
  • 6:42 - 6:45
    Et si on faisait des protéines
    avec des acides aminés
  • 6:45 - 6:46
    ayant des trucs attachés
  • 6:46 - 6:48
    qui les protègent de leur environnement,
  • 6:48 - 6:52
    pour qu'elles ne soient
    ni dégradées ni éliminées,
  • 6:52 - 6:54
    afin de devenir de meilleurs médicaments ?
  • 6:56 - 6:58
    Pourrait-on créer des protéines
    avec des petits doigts
  • 6:58 - 7:01
    qui s'accrocheraient
    aux autres molécules ?
  • 7:01 - 7:04
    Beaucoup de molécules
    n'ont pas pu devenir des médicaments
  • 7:04 - 7:07
    car, par manque de précision,
    elles ne trouvaient pas leur cible
  • 7:07 - 7:09
    dans l'environnement complexe
    du corps humain.
  • 7:09 - 7:13
    Pourrait-on alors utiliser ces molécules
    pour faire de nouveaux acides aminés
  • 7:13 - 7:16
    qui, une fois incorporés
    dans une protéine,
  • 7:16 - 7:18
    seraient guidés par cette protéine
    vers leur cible ?
  • 7:20 - 7:22
    J'ai créé une entreprise
    de biotechnologie, Synthorx,
  • 7:22 - 7:25
    qui signifie organisme synthétique.
  • 7:25 - 7:29
    On a ajouté un x parce que ça se fait
    avec les sociétés de biotechnologie.
  • 7:29 - 7:30
    (Rires)
  • 7:30 - 7:32
    Synthorx collabore avec mon laboratoire.
  • 7:32 - 7:36
    Ils travaillent sur une protéine qui
    reconnaît un certain récepteur
  • 7:36 - 7:38
    à la surface d'une cellule humaine.
  • 7:38 - 7:41
    Mais le problème, c'est
    qu'elle reconnaît aussi
  • 7:41 - 7:43
    un autre récepteur à la surface
    de ces mêmes cellules
  • 7:43 - 7:45
    et ça la rend toxique.
  • 7:46 - 7:48
    Pouvait-on produire
    une variante de cette protéine
  • 7:48 - 7:52
    où la partie qui interagit avec
    ce récepteur nocif serait protégée,
  • 7:52 - 7:54
    bloquée par une sorte de grand parapluie
  • 7:54 - 7:58
    afin que la protéine n'interagisse
    qu'avec le premier bon récepteur ?
  • 7:58 - 8:00
    Ce serait vraiment difficile
  • 8:00 - 8:03
    ou impossible à faire
    avec les acides aminés naturels,
  • 8:03 - 8:06
    mais pas avec les acides aminés qui sont
    précisément créés dans ce but.
  • 8:08 - 8:12
    Faire de nos cellules semi-synthétiques
    des usines qui produisent
  • 8:12 - 8:13
    de meilleures protéines thérapeutiques
  • 8:13 - 8:16
    n'est pas la seule application
    vraiment intéressante,
  • 8:16 - 8:20
    car ce sont les protéines qui permettent
    aux cellules de faire ce qu'elles font.
  • 8:20 - 8:24
    Si des cellules produisent de nouvelles
    protéines avec de nouvelles fonctions,
  • 8:24 - 8:27
    peut-on leur faire faire des choses
    impossibles aux cellules naturelles ?
  • 8:27 - 8:30
    Peut-on ainsi développer
    des organismes semi-synthétiques
  • 8:30 - 8:34
    qui, injectés chez une personne,
    chercheraient les cellules cancéreuses
  • 8:34 - 8:37
    et ne détruiraient que celles-ci en
    sécrétant une protéine toxique ?
  • 8:38 - 8:41
    Peut-on créer des bactéries qui mangent
    toutes sortes d'huiles,
  • 8:41 - 8:43
    pour nettoyer une marée noire
    par exemple ?
  • 8:43 - 8:45
    Ce ne sont que
    quelques exemples d'histoires
  • 8:46 - 8:49
    que le vivant avec un vocabulaire étendu
    pourra nous raconter.
  • 8:49 - 8:50
    Ça a l’air excitant, non ?
  • 8:50 - 8:53
    Injecter des organismes
    semi-synthétiques chez les gens,
  • 8:53 - 8:57
    verser des millions et des millions
    de litres de bactéries dans l'océan
  • 8:57 - 8:58
    ou sur votre plage préférée.
  • 8:58 - 9:01
    Oh, attendez !
    Ça fait vraiment peur en fait.
  • 9:01 - 9:03
    Ce dinosaure fait vraiment peur.
  • 9:04 - 9:06
    Mais ce n’est pas tout :
  • 9:06 - 9:10
    pour survivre,
    nos organismes semi-synthétiques
  • 9:10 - 9:13
    doivent être alimentés avec
    les précurseurs chimiques de X et Y.
  • 9:14 - 9:17
    X et Y sont totalement différents
    de tout ce qui existe dans la nature.
  • 9:18 - 9:21
    Les cellules en sont dépourvues et ne
    peuvent même pas les fabriquer.
  • 9:22 - 9:23
    On les prépare,
  • 9:23 - 9:26
    on les cultive dans
    l'environnement contrôlé du laboratoire,
  • 9:26 - 9:28
    où on leur donne
    de la nourriture artificielle.
  • 9:28 - 9:31
    Ensuite, lorsqu'on les utilise
    sur une personne ou sur une plage
  • 9:31 - 9:34
    où ils n'ont plus accès
    à cette nourriture spéciale,
  • 9:34 - 9:37
    ils se développent et survivent
    pendant un certain temps,
  • 9:37 - 9:41
    peut-être assez longtemps
    pour remplir la fonction désirée,
  • 9:41 - 9:43
    puis ils commencent
    à manquer de nourriture.
  • 9:43 - 9:44
    Ils commencent à dépérir.
  • 9:44 - 9:46
    Ils meurent et disparaissent, simplement.
  • 9:47 - 9:50
    On peut faire raconter
    de nouvelles histoires au vivant
  • 9:50 - 9:53
    mais aussi décider où et quand
    les raconter.
  • 9:55 - 9:59
    Au début de cette conférence,
    je vous ai parlé de la création, en 2014,
  • 9:59 - 10:02
    d'organismes semi-synthétiques
    qui stockent plus d'informations,
  • 10:02 - 10:04
    X et Y, dans leur ADN.
  • 10:04 - 10:06
    Mais pour les applications
    dont je viens de parler,
  • 10:06 - 10:09
    les cellules doivent utiliser X et Y
    pour les protéines.
  • 10:09 - 10:11
    Nous avons commencé
    à travailler là-dessus.
  • 10:12 - 10:15
    Nous avons démontré que les cellules
    pouvaient prendre l’ADN avec X et Y
  • 10:15 - 10:18
    et le transcrire en ARN,
    la copie de travail de l’ADN.
  • 10:20 - 10:21
    L'année dernière,
  • 10:21 - 10:25
    on a démontré qu'elles pouvaient
    utiliser X et Y pour créer des protéines.
  • 10:25 - 10:27
    Voici les vedettes du jour,
  • 10:27 - 10:31
    les premiers organismes
    semi-synthétiques totalement fonctionnels.
  • 10:32 - 10:36
    (Applaudissements)
  • 10:38 - 10:42
    Ces cellules produisent
    une protéine fluorescente verte.
  • 10:42 - 10:44
    C'est une protéine bien connue
    qui vient de la méduse.
  • 10:44 - 10:46
    Elle est souvent utilisée
    sous sa forme naturelle
  • 10:46 - 10:48
    car il est facile d'en voir le résultat.
  • 10:49 - 10:52
    Mais chacune de ces protéines contient
    un nouvel acide aminé
  • 10:52 - 10:55
    avec lequel la vie naturelle
    ne peut pas fabriquer des protéines.
  • 10:57 - 11:01
    Toute cellule vivante,
    et ce depuis toujours,
  • 11:02 - 11:05
    a produit chacune de ses protéines
  • 11:05 - 11:07
    à l'aide d'un alphabet génétique
    à quatre lettres.
  • 11:08 - 11:12
    Ces cellules vivent, se développent
    et produisent des protéines
  • 11:12 - 11:14
    avec un alphabet de six lettres.
  • 11:14 - 11:16
    Ce sont de nouvelles formes de vie.
  • 11:16 - 11:19
    Des formes de vie semi-synthétiques.
  • 11:20 - 11:22
    Alors, qu'en est-il de l'avenir ?
  • 11:22 - 11:25
    Mon labo cherche déjà à étendre
    l’alphabet génétique à d'autres cellules,
  • 11:25 - 11:27
    dont les cellules humaines,
  • 11:27 - 11:30
    et on se prépare à travailler
    sur des organismes plus complexes.
  • 11:30 - 11:32
    Imaginez des vers de terre
    semi-synthétiques.
  • 11:33 - 11:35
    La dernière chose que je veux dire,
  • 11:35 - 11:38
    et qui est la plus importante,
  • 11:38 - 11:40
    c'est que l’ère de la vie
    semi-synthétique est arrivée.
  • 11:41 - 11:42
    Merci.
  • 11:42 - 11:47
    (Applaudissements)
  • 11:53 - 11:56
    Chris Anderson :
    Je trouve ça incroyable, Floyd.
  • 11:56 - 11:59
    Je voulais juste vous demander,
  • 11:59 - 12:01
    quelles sont les répercussions
    de votre travail
  • 12:01 - 12:05
    sur notre façon de penser
    aux formes de vie possibles,
  • 12:05 - 12:07
    dans l'univers ou ailleurs ?
  • 12:07 - 12:12
    Il semble que la vie, ou la plupart
    de nos hypothèses sur la vie,
  • 12:12 - 12:14
    repose sur l’existence
    incontestée de l’ADN.
  • 12:14 - 12:19
    Mais le champ de possibilités offertes
    par des molécules auto-réplicantes
  • 12:19 - 12:22
    n'est-il pas plus grand que l'ADN,
    même un ADN à six lettres ?
  • 12:22 - 12:24
    Floyd Romesberg : Absolument,
  • 12:24 - 12:26
    et ce que notre travail a montré,
  • 12:26 - 12:30
    comme je l’ai mentionné, c'est qu'il y a
    toujours eu cet a priori
  • 12:30 - 12:32
    que nous sommes parfaits, optimaux,
  • 12:32 - 12:34
    que Dieu nous a créés ainsi,
  • 12:34 - 12:36
    que l'évolution nous a rendus parfaits.
  • 12:36 - 12:39
    Nous avons créé des molécules
    qui fonctionnent bien avec les naturelles.
  • 12:40 - 12:44
    Je pense que cela suggère
    que toutes les molécules
  • 12:44 - 12:46
    qui obéissent aux lois
    de la chimie et de la physique,
  • 12:46 - 12:48
    que vous pouvez optimiser,
  • 12:48 - 12:50
    peuvent faire les mêmes choses
    que les molécules naturelles.
  • 12:50 - 12:52
    Il n’y a rien de magique.
  • 12:52 - 12:53
    Et je pense que cela suggère
  • 12:53 - 12:56
    que la vie pourrait évoluer
    de diverses manières,
  • 12:56 - 12:58
    peut-être semblables à nous
    avec d'autres types d'ADN,
  • 12:59 - 13:00
    ou peut-être sans ADN du tout.
  • 13:01 - 13:02
    CA : Mais alors,
  • 13:02 - 13:06
    quelle pourrait être l'ampleur
    de ce champ de possibilités ?
  • 13:06 - 13:09
    Le savons-nous ? La majorité des choses
    ressembleront-elles à une molécule d’ADN
  • 13:09 - 13:12
    ou à quelque chose de différent
    qui pourrait s'auto-reproduire
  • 13:12 - 13:14
    jusqu'à créer des organismes vivants ?
  • 13:14 - 13:17
    FR : Selon moi, si l'on découvre
    une nouvelle forme de vie,
  • 13:17 - 13:19
    on peut même ne pas la reconnaître.
  • 13:19 - 13:22
    CA : Alors cette recherche obsessionnelle
    de planètes idéales,
  • 13:22 - 13:25
    à l'endroit parfait, avec de l'eau
    et le nécessaire,
  • 13:25 - 13:27
    n'est peut-être qu'une idée réductrice.
  • 13:27 - 13:30
    FR : Pas si vous cherchez
    quelqu'un à qui parler.
  • 13:30 - 13:33
    Mais si vous recherchez simplement
    une forme de vie,
  • 13:33 - 13:37
    alors en effet, cela limite
    les possibilités de trouver de la vie.
  • 13:37 - 13:40
    CA : Merci de nous avoir époustouflés
    ainsi. Merci beaucoup, Floyd.
  • 13:40 - 13:43
    (Applaudissements)
Title:
Les possibilités révolutionnaires de l'ADN artificiel
Speaker:
Floyd E. Romesberg
Description:

Chaque cellule vivante a toujours été le produit de l'alphabet génétique à quatre lettres : A, T, C et G, les unités de base de l'ADN. Mais les choses ont changé désormais. Dans un discours visionnaire, le biologiste synthétique Floyd E. Romesberg nous présente les premiers organismes vivants créés avec un ADN à six lettres - les quatres lettres naturelles plus deux lettres artificielles, X et Y - et explore comment cette avancée pourrait remettre en question nos connaissances de base sur la façon dont la nature est conçue.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
13:56

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