Un TEDx...? Ce n'est pas pour moi ! | Laura Dondi | TEDxYouth@EEB3

Êtes-vous timide ou avez-vous peur de parler en public ? C’est assurément le cas de Laura Dondi ; du moins jusqu’à ce qu’elle participe à TEDxYouth@EEB3 où elle nous montra des moyens concrets pour surmonter la timidité dans la société de nos jours.

Laura est une élève d’école secondaire, d’origine italienne et autrichienne. Elle nous révèle exactement comment elle vaincu sa peur lors de la présentation de sa conférence TEDx.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Oui.

Non.

Mais si.

Non.

Ce n'est pas pour moi.

Une conférence TEDx ? Non, non, non...

D'abord, je suis beaucoup trop timide.

Je n'arriverai jamais à parler
en public, je suis trop timide.

Le plus effrayant, c'est vos regards.

Vous êtes là à me regarder,
et je suis sûre que

la seule chose que vous entendez,
c'est ma voix qui tremble.

Je suis sûre que la seule chose
que vous voyez

sont mes lèvres qui se pincent
et mes mains qui se tordent,

ma voix qui s'accélère sans même
que je m'en rende compte,

mes mots qui se perdent,
mes idées qui s'embrouillent...

Tous ces effets combinés provoquent
des balbutiements incontrôlables

qui pourraient rendre
mon discours incompréhensible.

Toute ma vie, je me suis sentie
emprisonnée dans une timidité

et un manque de confiance en moi.

Par exemple, lorsque je suis
avec un groupe d'amis,

je ne suis jamais la première à partager
mon avis, à prendre une décision

ou à faire de l'humour.

Toute ma vie,
je me suis donné des limites

en me disant que je n'y arriverai pas,
que j'étais trop timide,

et que ce n'était pas pour moi.

J'ai souvent baissé les bras
lorsqu'une difficulté se présentait

et j'ai toujours préféré fuir plutôt que
de faire face au problème, et m'imposer.

Malgré cela, je pense qu'il y a quand même
des points positifs au fait d'être timide.

En quoi la timidité peut-elle
donc être avantageuse ?

J'ai toujours considéré ma timidité
comme un de mes plus grands défauts,

jusqu'à ce que j'apprenne que Montesquieu
avait le même problème que moi.

Vous imaginez, Montesquieu ?
Cet homme que vous connaissez,

que tout le monde connaît ?
Un des hommes les plus importants

du siècle des Lumières, ce grand juriste,
être timide, vraiment ?

L'auriez-vous cru ? Il a même dit
dans son œuvre « Mes pensées » :

« La timidité a été le fléau
de toute ma vie. »

Mais la timidité est-elle
réellement un fléau,

comme le dit notre célèbre philosophe ?

N'y a-t-il vraiment que du négatif
dans le fait d'être timide ?

Ne pourrait-on pas y voir un atout ?

En effet. Il y a aussi des avantages
pour une personne à être timide.

Effectivement,

les personnes timides sont de
merveilleux partenaires de conversation.

Ils écoutent davantage, sont discrets

et ne cherchent surtout pas à attirer
toute l'attention sur eux.

C'est-à-dire qu'ils ne vont pas montrer

de signes d'arrogance, n'auront pas
de fierté ou d'égo surdimensionné

et ne seront pas fiers
de montrer leur dernier iPhone

ou quelques autres marques chères
qui montrent la richesse.

Au contraire, les personnes
timides resteront humbles

et c'est cela qui devient de plus en plus
rare dans notre société.

C'est ainsi que je me suis rendu compte
que la timidité peut être maîtrisée

de manière à ce qu'elle devienne
un point fort.

Comme Montesquieu était timide,
c'était une personne posée et réfléchie,

et cela était sûrement
un facteur de réussite pour lui.

Je pense qu'il faudrait trouver
un juste milieu, il faudrait pouvoir oser

mais sans exagérer, et il faudrait
pouvoir réfléchir avant d'agir

mais sans non plus avoir peur
ou honte de parler.

Pourquoi est-ce que je n'ose pas ?

De quoi est-ce que j'ai peur ?

Est-ce parce que je suis une fille ?

En général, dans les classes,
les garçons parlent plus que les filles.

Je ne sais pas pourquoi les autres filles
ne parlent pas, mais ce que je sais,

c'est que, si je ne suis pas
sûre d'une réponse,

je préfère ne pas prendre la parole.

Visiblement, je ne suis pas la seule.

Je ne remets pas en cause
la bonne volonté des enseignants.

Je sais que, consciemment,

ils font tout pour que nous réussissions
tous, garçons et filles réunis.

Cependant, j'ai découvert
grâce à une étude

de la Ligue de l'Enseignement
et de l'Éducation Permanente belge

qu'en 2012, deux sociologues
ont filmé des cours en France,

en primaire et en secondaire,
qui démontrent que certains enseignants,

inconsciemment, adoptent
des comportements qui valorisent

et encouragent davantage les garçons.

Inconsciemment, ils demandent
aux filles d'être plus sages

et aux garçons à se surpasser.

Autrement dit, ils encouragent
les garçons à oser.

Les garçons, ont-ils plus
le droit à l'erreur ?

Ou s'autorisent-ils tout simplement
à faire plus d'erreurs ?

Moi, j'ai le droit de faire des erreurs.
Je préfère ne pas en faire. Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que j'ose être
parfaite ? Juste en venant ici, j'ai vu,

nous avons tous vu au moins
dix affiches publicitaires

de femmes à la plastique parfaite
vantant les mérites de vêtements,

de maquillage, de parfum.
Ce qui est flagrant sur ces affiches,

c'est que toutes sont parfaites, certes,

mais toutes, sur leurs affiches,
sont muettes.

Cette exigence de perfection nous est
non seulement imposée sur ces affiches

et via publicité, mais également
dès notre plus jeune âge.

Une étude venant de l'ouvrage
de sociologie « Allez, les filles »

en 2006, démontre que les filles
sont incitées à se développer

en fonction des regards des autres et
dans l'approbation constante des adultes.

Pourquoi les femmes osent-elles
moins que les hommes ?

Dans mon école,
et sûrement aussi ailleurs,

les filles ont des meilleurs résultats
que les garçons.

Pourtant, ce sont les hommes,

qui finalement, obtiennent
les plus hauts postes dans la société.

Pourquoi ?

J'ai donc décidé
de mener ma petite enquête.

J'ai donc posé la question
à plusieurs garçons.

Et vous savez ce qu'ils m'ont répondu ?
Ils m'ont tous répondu la même chose.

Ils m'ont dit :
« C'est parce qu'on est plus dominant.

C'est un fait, c'est la nature. »

C'est peut-être vrai ce qu'ils disent,
mais j'en doute un peu.

Et si c'était justement
parce qu'on nous suggère,

ou pire, qu'on nous assène
à longueur de journée

que les hommes sont plus dominants

qu'on a fini par accepter
et intégrer cette condition ?

Peut-on vraiment accepter cela ?

Je ne suis pas d'accord.

Je ne suis pas d'accord

que nous nous donnions
constamment des limites

quelles qu'elles soient.

Nous avons tous quelque chose
que nous n'osons par faire.

Que ce soit chanter en public,
sauter d'une falaise dans l'eau,

avouer nos sentiments à quelqu'un
ou ne pas participer

à quelconque compétition
parce qu'on ne se croit pas assez fort.

La vérité, c'est que
nous sommes tous pareils.

Nous avons peur. Nous avons peur
que ça se passe mal.

Nous avons peur de décevoir, que ce soit
d'autres personnes ou nous-mêmes,

peur d'échouer et de ce que
certaines personnes pourraient penser.

C'est pour cela qu'on
se donne des limites,

parce que nous ne voulons pas risquer.

Cependant, je suis certaine
que beaucoup d'entre vous

connaissent le fameux dicton :
« Celui qui ne tente rien, n'a rien. »

Un conseil : appliquez-le.

Prenez le taureau par les cornes.
Dépassez vos limites et osez.

Osons.

Moi... je n'ai pas envie de me taire,
même si ma voix tremble,

même si mes lèvres se pincent,
même si mes mains se tordent,

je n'ai pas envie de me taire !
Je suis venue, j'ai osé, et je suis ici

pour dire à tout le monde d'oser aussi
et de ne jamais, jamais, jamais dire

que ce n'est pas pour eux.

Merci.

(Applaudissements)