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Qui êtes-vous ?
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Je suis Peter Baláž,
plus connu comme Petro
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dans le monde de l'espéranto.
Je viens de Slovaquie,
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je suis né dans cette ville,
là où est notre bureau,
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à Partizánske, et j'ai 36 ans.
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Je m'appelle Dorota, j'ai 27 ans
et je suis polonaise.
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Je m'appelle Matthieu et
je suis un Français de 25 ans.
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Je m'appelle Elena, je viens de Russie.
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Je suis Oleh Rohalsky, je viens
d'Ukraine, de la ville de Kiev.
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Je m'appelle Robert Nielsen,
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j'ai 24 ans et je viens de Galway
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dans l'ouest de l'Irlande.
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Pourquoi avez-vous appris l'espéranto ?
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En fait c'est un peu un hasard.
Après le collège
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j'en ai entendu parler pour la
première fois dans un livre.
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J'ai trouvé que c'était
une idée intéressante,
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mais je n'y croyais pas trop,
et peu à peu
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j'ai simplement contacté
des espérantistes,
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je me suis renseigné plus en détail
sur la langue et le mouvement
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et j'ai trouvé l'idée de plus
en plus intéressante.
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J'ai appris l'espéranto
quand j'étais étudiante.
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J'étudiais l'économie à Białystok et
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j'ai vu une annonce sur Internet
qui disait qu'il y aurait
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un cours gratuit d'espéranto pour
les habitants de Białystok.
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Donc j'ai décidé d'y aller,
même si je n'avais aucune idée
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de ce qu'était cette langue,
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je ne l'avais même pas
cherchée sur Google.
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Au bout de deux cours
je me suis rendu compte
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que je comprenais et je pouvais
déjà dire beaucoup
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donc j'ai décidé de
continuer à l'apprendre.
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J'ai commencé à m'y
intéresser il y a neuf ans.
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En général j'aime bien les langues
et l'idée me semblait bonne
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et ça me plaisait de pouvoir parler
à des gens de plein de pays.
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Mais en gros, je suis tombé
dessus par hasard
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sur Internet et je me suis dit
« C'est super, je veux faire ça. »
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Mes parents se sont connus
grâce à l'espéranto
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et j'aurais pu être « native »
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mais mes parents n'ont pas voulu
me l'apprendre
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parce qu'ils pensaient que
ça devait être ma décision.
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Donc j'ai réfléchi pas mal de temps
et en fin de compte,
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quand ma sœur a soudain
appris l'espéranto,
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elle est allée à SES
(cours d'espéranto d'été)
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et en est revenue avec
tellement d'émotions
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que ça m'a enthousiasmée
et je me suis dit :
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j'aimerais bien essayer,
l'ambiance a l'air amusante
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et les gens intéressants.
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J'ai beaucoup voyagé,
dans beaucoup de pays,
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mais j'avais souvent
un problème de langue.
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Je pouvais utiliser l'anglais,
ma langue maternelle,
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mais même si c'est très bien pour moi,
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ce n'est pas juste pour les autres
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parce qu'ils doivent travailler
beaucoup pour l'apprendre
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alors que je ne fais rien.
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Donc je me suis dit que ce serait mieux
si on pouvait se rencontrer à mi-chemin.
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Je suis aussi nul en langues,
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à l'école je n'apprenais rien.
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Je suis irlandais et je ne sais
même pas parler irlandais.
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Quand j'ai entendu dire que
l'espéranto était une langue
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juste et facile, je me suis dit :
« Oh, c'est super ! »
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Alors je l'ai apprise, et ensuite j'ai
rencontré plein de monde,
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je me suis fait plein d'amis,
et c'est pour ça que je l'apprécie.
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Pourquoi avez-vous commencé
à travailler chez E@I ?
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Au début je m'occupais surtout d'édition,
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j'éditais des livres et
j'organisais les choses
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dans le mouvement slovaque, et en 2005
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l'un des trois fondateurs d'E@I,
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Håkan Lundberg de Suède,
est venu me proposer
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de reprendre après lui
la direction d'E@I,
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alors j'ai dit, pourquoi pas ?
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Comme les activités d'E@I
m'intéressent beaucoup
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et j'ai toujours aimé
organiser des choses,
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et c'est pour ça que je fais ça
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depuis plus de dix ans.
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Donc c'était quelque chose
d'un peu spontané.
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Après avoir fini mes études,
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je ne savais pas vraiment
ce que je voulais faire
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et j'ai appris par hasard qu'E@I
cherchait des volontaires,
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donc je me suis dit que
ça pouvait être intéressant
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parce que je pourrais faire de
l'informatique et utiliser des langues
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et en même temps découvrir un autre pays
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et je connaissais déjà un peu
les gens avec qui je travaillerais.
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Parce que j'aimais beaucoup vivre
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en « Espérantie » et utiliser l'espéranto
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et toujours parler avec des espérantistes
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parce qu'ils sont plus intéressants
que les gens normaux.
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Il y a quelques mois, je travaillais
dans un bureau en Irlande,
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c'était bien payé, mais
le problème, c'est que
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le travail était très ennuyeux.
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Alors je me suis dit : « J'ai toute la vie
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pour m'ennuyer dans un bureau,
maintenant je veux voyager,
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voir d'autres pays, d'autres cultures,
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parler d'autres langues. »
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Que faites-vous chaque jour au travail ?
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Ça dépend un peu, parce que
je suis le coordinateur
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d'E@I et de ses projets.
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Donc les jours ne se ressemblent pas tous.
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Bien sûr, les activités en ligne
prennent beaucoup de temps,
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être derrière l'écran et
répondre aux messages,
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préparer des choses, etc.,
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communiquer avec des
partenaires d'autres pays.
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Mais je m'efforce aussi de coordonner
le travail des autres,
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que ce soit les volontaires
qui travaillent chez nous
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et que nous remercions de leur aide,
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ou le travail des autres employés,
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dont certains travaillent ici avec nous
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et d'autres dans d'autres villes.
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C'est un travail très varié
et pas monotone.
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Normalement je m'occupe
de l'administration
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des projets de l'UE que nous avons
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et de l'organisation du congrès
mondial d'espéranto cette année,
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également de SES et KAEST [conférence sur l'application de l'espéranto dans les sciences et la technique],
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et aussi de l'administration des
documents, des finances d'E@I.
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Mes deux tâches principales
sont la gestion
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de sites Internet et,
parfois, la traduction.
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Certains de nos projets
sont en rapport avec
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l'espéranto, d'autres pas du tout.
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Par exemple, j'ai programmé des sites
de blagues ou de recettes en espéranto.
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Mais j'ai aussi traduit
divers sites en français,
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et en ce moment nous organisons
le prochain congrès mondial d'espéranto,
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dans ce cadre j'ai fait
pas mal de traductions.
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Je programme des projets sur Internet
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et j'ajoute des articles à Wikipédia.
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Tous les jours, bien sûr, je dessine,
parce que c'est ma spécialité.
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Je dessine diverses choses en espéranto,
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comme ceci,
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des couvertures de livres,
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j'ai aussi créé le logo du
prochain congrès mondial
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qui sera à Nitra. Venez-y !
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Et, surtout, je m'occupe de divers
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documents publicitaires pour le congrès,
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voilà un bulletin, une carte postale,
et plein d'autres choses.
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Et le sujet de mon
volontariat est Wikipédia,
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donc quand j'en ai marre de dessiner,
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j'écris ou je traduis pour Wikipédia.
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Je fais souvent des traductions et
je corrige des documents en anglais
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et je crée aussi des vidéos et
j'en sous-titre en espéranto.
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Comment utilisez-vous l'espéranto ?
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Ces dix dernières années, c'est sans doute
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l'une de mes langues principales
et on peut dire
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que je le parle parfois beaucoup plus
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que ma propre langue, parce qu'au bureau
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on l'utilise tous les jours,
comme notre langue de travail.
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À part ça, je l'utilise aussi avec
ma petite amie, enfin, ma fiancée.
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J'utilise l'espéranto maintenant
surtout pour travailler,
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donc c'est ma langue de tous les jours,
du matin au… matin,
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parce que je l'utilise aussi
dans ma vie privée
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et avec des amis, donc c'est vraiment…
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98 % du temps, quand
j'utilise une langue,
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c'est l'espéranto.
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Alors au début, je l'utilisais
seulement sur Internet,
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après j'ai commencé
à aller à diverses rencontres.
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Mais maintenant c'est
ma langue de tous les jours.
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Je l'utilise au travail, et pour moi
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il est aussi normal de parler
espéranto que français.
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Donc, par exemple, je l'utilise
pour tout et n'importe quoi :
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pour raconter des blagues, me plaindre
que la vaisselle n'a pas été faite, etc.
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Avant j'utilisais l'espéranto
surtout pour parler
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avec d'autres espérantistes et des amis.
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Maintenant j'utilise aussi
l'espéranto pour travailler
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et communiquer au travail,
ou simplement pour parler.
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C'est ma langue principale pour tout.
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J'utilise l'espéranto
pour lire des livres,
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écouter de la musique, rencontrer
des gens de nombreux pays,
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voir de nouveaux endroits,
et j'ai même un blog en espéranto.
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Qu'est-ce que vous aimez le plus
et le moins dans votre travail ?
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Ce qui me plaît, c'est qu'il est
assez varié et pas ennuyeux,
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parce que j'avais justement
quitté mon travail précédent
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parce que je voulais faire
quelque chose de plus créatif.
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Ce qui est intéressant, c'est de pouvoir
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créer quelque chose qui n'existe pas,
ou simplement
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réaliser des projets
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et ensuite voir les résultats
et l'utilisation de ces projets.
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Lernu.net et Slovake.eu
sont de bons exemples,
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comme nos autres projets linguistiques,
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après on peut rencontrer
les gens qui les utilisent
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et profitent du travail qu'on a effectué
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ou aidé à réaliser.
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Ce que je n'aime pas ?
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Peut-être le fait que j'aie du mal
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à sortir du travail et que
je travaille un peu plus
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que je le devrais.
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Mais c'est peut-être l'impôt sur le fait
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que si votre travail devient votre
passion, il est ensuite difficile
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de sortir du travail parce qu'il
-
vous retient quand même,
et c'est agréable
-
de ne pas avoir l'impression
d'être au travail,
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et vous partez à 9 heures du soir
ou quelque chose comme ça.
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Généralement, ça me plaît
de pouvoir faire un travail
-
qui m'intéresse, et la vie ici
-
est plutôt tranquille.
-
Par exemple, j'habite à cinq
minutes à pied du travail
-
et le métro parisien
ne me manque pas du tout.
-
Mais la ville est peut-être
un peu trop tranquille,
-
et parfois il n'y a pas
grand-chose à faire ici.
-
Ce que j'aime le plus, c'est que je peux
-
m'améliorer, apprendre quelque chose
de nouveau, et je sens
-
que pendant le volontariat
je m'améliore tous les jours.
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Ce que j'aime le plus, c'est
-
vivre en espéranto et
l'utiliser pour le travail,
-
pour des projets vraiment intéressants,
pas de la pub à la noix,
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comme dans la vie normale,
donc je pense vraiment
-
que c'est un travail qui a de la valeur.
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Ce que j'aime beaucoup,
c'est le pays,
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il est incroyablement beau et
la nourriture est délicieuse.
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Ce qui me plaît, c'est que dans notre
bureau il y ait sept personnes
-
de sept pays différents et nous
pouvons nous parler facilement.
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facilement. J'aime bien aussi le fait
que dans les magasins,
-
les prix sont très bas.
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Le seul problème que j'aie, c'est que
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je ne comprends pas la
langue locale, le slovaque,
-
pour moi c'est très difficile.
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Avez-vous une histoire amusante ou
intéressante en rapport avec l'espéranto ?
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Il m'est arrivé beaucoup de choses
-
intéressantes et amusantes,
mais aussi des moins amusantes,
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avec l'espéranto, parce que c'est devenu
-
l'une de mes langues les plus importantes.
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Il y a sûrement de quoi
écrire un livre à ce sujet.
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On avait un volontaire suédois ici,
-
et une fois, il a utilisé un
mot de sa langue et a dit
-
« Faisons une pause fika ! »
[« Pause-baise » en espéranto]
-
Alors on ne savait pas de quoi il parlait
-
parce que personne n'avait
prévu de baiser au bureau,
-
mais en fait, en suédois « fika »
c'est quelque chose comme
-
un deuxième petit déjeuner,
ou un casse-croûte
-
entre le petit déjeuner et le déjeuner.
-
Et cette idée nous a tellement plu
-
que nous faisons souvent
des « pauses fika » au bureau.
-
Oui, grâce à l'espéranto il m'est arrivé
-
pas mal de choses, par exemple j'ai appris
-
le slovaque et le russe, et sans l'espéranto
-
je n'aurais sûrement jamais parlé ces langues.
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J'ai aussi beaucoup voyagé,
surtout en Europe centrale et de l'Est
-
et il m'est arrivé pas mal d'aventures.
-
Par exemple, j'ai bu trop
de vodka en Russie,
-
j'ai dormi dans un squat à Strasbourg,
-
j'ai passé la moitié de la nuit
dehors en hiver en Pologne.
-
J'ai aussi vu l'ancien
président polonais Lech Wałęsa.
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Mes amis pensent que
l'espéranto est très intéressant
-
et très bizarre, mon
meilleur ami pense même
-
que l'espéranto est un genre de secte !
-
Mes autres amis ne peuvent pas comprendre
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pourquoi je n'utilise pas
l'anglais au travail.
-
Pour eux, utiliser une autre langue
est complètement impensable.
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Et c'était très drôle, l'année dernière,
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je suis allé à une rencontre d'espéranto
dans une ville
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en Hongrie, à côté de la
frontière autrichienne.
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Une nuit, nous sommes
allés avec nos oreillers
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et nos couvertures en dehors de la ville
-
pour regarder les étoiles.
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C'était bien, c'était beau.
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Mais au retour, les policiers
nous ont interpellés
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parce qu'ils ont vu un grand groupe
-
qui venait de la frontière,
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qui parlait une langue inconnue,
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avec des couvertures et des oreillers,
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et ils ont cru que nous
étions des réfugiés !
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Alors ils nous ont arrêtés,
nous ont demandé nos passeports
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que nous n'avions pas sur nous,
donc c'était un problème important,
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mais finalement nous avons
pu trouver des Hongrois
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qui leur ont expliqué qui nous étions
et nous ne sommes pas allés en prison.
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Participants
-
Filmé et monté par