Les avantages commerciaux des bonnes actions

« Si on veut progresser de façon considérable dans la résolution des problèmes actuels, il faut que ce soit le monde des affaires qui fournisse les solutions à ces problèmes, » dit Wendy Woods, spécialiste de l'impact social. Woods nous parle d'une façon originale de jauger l'impact que chaque partie d'une entreprise peut avoir sur chaque partie de la société ; et comment les ajuster, afin de ne plus nuire, mais aussi d'améliorer les choses. Découvrez comment les cadres peuvent aller au-delà de leur Responsabilité Sociale de l'Entreprise, vers un « impact sociétal total », pour le bien de leur entreprise, mais aussi de la société en général.

Il y a quelques années,

tous les pays développés du monde,

les plus riches,

et toutes les œuvres caritatives

ont donné un total d'environ
200 milliards de dollars

aux pays en voie de développement,

sur lesquels pèse un énorme fardeau,
les plus grands problèmes au monde :

la pauvreté, la famine,
le changement climatique et l'inégalité.

Cette même année,

les entreprises ont investi 3 700
milliards de dollars dans ces mêmes pays.

J'ai beaucoup l'occasion
de voyager pour mon travail

et j'ai le privilège de voir
les choses incroyables

que les ONG et certains gouvernements font
avec une partie de cet investissement.

Ils aident les enfants malnutris,

les familles sans accès à l'eau potable,

et les enfants n'ayant pas
accès à l'éducation.

Mais ce n'est pas suffisant,

car les plus grands problèmes de
notre monde nécessitent des billions,

pas seulement des milliards.

Donc si on souhaite
un progrès durable et significatif

face aux défis importants de notre monde,

on a besoin que le monde des affaires,

ses entreprises
ainsi que ses actionnaires,

fournisse des solutions.

Essayons de comprendre quel serait
le rôle du monde des affaires.

Vous pensez sûrement que je vais parler
de la philanthropie d'entreprise

ou la responsabilité sociale
des entreprises (RSE).

Le RSE est la norme actuelle,

et elle est très utile.

Elle ouvre la voie à une
générosité de l'entreprise

et cette générosité est importante
pour beaucoup d'employés

et leurs clients.

Mais vous savez quoi ?

Ce n'est pas suffisant,
pas assez fort, pas assez durable,

pour trouver des solutions aux grands
problèmes du monde d'aujourd'hui,

car elle a un coût croissant.

Même lorsque les affaires fleurissent,

le RSE n'est pas faite pour s'agrandir.

Et bien sûr, quand les affaires vont mal,

c'est l'un des premiers programmes
à être supprimés.

Donc non, la RSE,

la Responsabilité Sociale des Entreprises,

n'est pas la réponse.

Mais l'IST,
l'Impact Sociétal Total, l'est.

L'IST est le cumul de toutes les manières

dont les entreprises affectent la société

en faisant ce qui compte vraiment :

penser à leurs chaînes
d'approvisionnement,

travailler sur le design de leurs produits
et les processus de fabrication

et leur distribution.

Le vrai travail des entreprises,

quand il est fait de façon innovante,

peut créer des avantages commerciaux
pour leur activité principale

et résoudre les problèmes significatifs
du monde d'aujourd'hui.

À quoi ressemble l'impact sociétal ?

Se concentrer sur cet impact

permettrait d'intégrer des considérations
environnementales et sociales.

Et vous savez quoi ?
Ce n'est pas totalement nouveau.

On y pense depuis longtemps.

Mais les entreprises continuent
de ne penser presque qu'exclusivement

qu'à ce qu'on appelle le RTA :

le rendement total pour les actionnaires.

Mais l'IST, l'impact sociétal total,

doit être considéré de la même façon
que le rendement total

comme un important et solide moteur
de stratégie d'entreprise

et de prise de décisions collective.

Nous avons les données nécessaires
pour vous le démontrer.

Certaines entreprises ont déjà
mis en place ce concept.

Elles commencent à l'appliquer.

Laissez-moi vous parler de Mars.

Mars est la sixième plus grande
entreprise privée des États-Unis.

Si vous êtes comme moi,

ils fabriquent des produits importants,

comme le café ou le chocolat.

Il n'est donc pas surprenant

que l'un de leurs ingrédients phares
soit le cacao.

Certains de leur concurrents
sont inquiets par rapport

à l'accessibilité et à la durabilité de
leur approvisionnement en cacao.

Mais pas Mars.

Mars est assurée de son approvisionnement
en cacao sur la durée.

Pourquoi ?

Parce qu'ils sont partenaires avec
des ONG du monde entier

qui travaillent avec
de petits fermiers actionnaires.

Et ces ONG certifiées

aident les fermiers à améliorer
le rendement de leurs récoltes,

s'assurent qu'ils aient un salaire juste
et suffisant pour vivre.

Ils les aident à résoudre tout problème
concernant les droits de l'Homme

dans la chaîne d'approvisionnement,

et ils aident à minimiser
les effets sur l'environnement,

comme la déforestation.

Mars est en passe de devenir
un acheteur de cacao 100% certifié.

C'est donc un bon programme
pour les communautés fermières,

c'est un bon programme
pour l'environnement,

et un bon programme pour Mars,

qui a résolu un problème significatif
dans sa chaîne d'approvisionnement.

Mais parlons maintenant des données,

car c'est en réalité incroyable.

Laissez-moi vous expliquer les points
importants des données dont on va parler.

Quand les analystes et les services
de finance observent les entreprises,

ils pensent à toutes les
différentes statistiques.

Je vais parler des deux plus importantes.

Je vais parler de
la valeur totale de l'entreprise,

son estimation,

et je vais parler de ses marges.

C'est la différence entre les revenus

et les coûts.

Dans notre étude,

on a observé des compagnies pétrolières.

Celles qui ont de meilleures
performances au niveau de l'IST,

l'Impact Sociétal Total,

comptent une majoration de 19%
de leur évaluation.

19%, quand elles s'en sortent
vraiment bien

dans la minimisation
de l'impact de leur entreprise

sur l'environnement et l'eau,

et quand elles mettent en place de sérieux
programmes de santé et de sécurité.

Et si elles ajoutent de solides programmes
de formation pour leurs employés,

elles améliorent leurs marges
de 3,4 % de points.

Mais qu'en est-il des autres secteurs ?

Les compagnies biopharmaceutiques sont
les plus performantes en termes d'IST,

avec une surévaluation de 12%.

Et si elles améliorent
l'accessibilité aux médicaments,

en rendant leur accès possible
aux personnes qui en ont besoin,

elles voient leurs marges brutes
augmenter de 6,7 % de points.

Pour les banques de détail,
qui ont le meilleur IST,

elles totalisent une amélioration
de 3 % de points.

Et pour celles qui proposent
une inclusion financière,

l'accès aux produits financiers
pour ceux qui en ont besoin,

elles voient leur marge nette
augmenter de 0,5%.

Ces chiffres peuvent paraître
dérisoires pour des banques

mais dans des secteurs
où la concurrence est élevée,

la moindre variation de
marge a son importance.

Qu'en est-il des sociétés
de biens de consommation

qui produisent ce que nous adorons,
comme le café ou le chocolat ?

Les entreprises qui ont
l'impact sociétal total le plus performant

voient une amélioration de 11%.

Et s'ils travaillent intelligemment
avec leur chaîne d'approvisionnement,

en s'approvisionnant
de manière responsable et solidaire,

elles totalisent une augmentation
de 4,8% sur leurs marges brutes.

Ces chiffres sont significatifs.

Nous savons depuis longtemps
que les fondamentaux en finance,

les taux de croissance
et les risques financiers

sont des facteurs clés
dans l'évaluation d'une entreprise.

Mais cette analyse montre que
les facteurs sociaux et environnementaux,

les mesures sur l'impact sociétal total,

sont également liés à l'évaluation
et aux marges.

Waouh !

Sauf imprévu, l'analyse est correcte.

Sauf imprévu,

les entreprises qui ont de bons résultats
en matière d'environnement et de social

augmentent leurs marges
et augmentent leurs évaluations.

Maintenant, je comprends bien
que les entreprises

subissent de grosses pressions
par rapport à leurs gains à court terme.

Mais heureusement,

les investisseurs
qui exercent cette pression

commencent de plus en plus
à penser au long terme

et à intégrer l'IST dans cette réflexion.

Au cours de nos échanges et
sondages auprès des investisseurs,

75% déclarent s'attendre à
ce que leur chiffre d'affaire augmente

et que l'efficacité de leur
exploitation s'améliore

pour les entreprises qui gardent
comme objectif l'IST.

Et ils commencent déjà à l'intégrer

dans leurs comportements d'investissement.

L'année dernière,

23 000 milliards d'actifs globaux

concernaient l'investissement
socialement responsable.

Cela représente 5 milliards de plus
que les deux dernières années

et un quart des actifs mondiaux.

Je sais que cela
en fait grimacer certains.

Au fil de mes années d'expérience
en conseil stratégique

avec des entreprises, des ONG
et des gouvernements du monde entier,

je m'aperçois que beaucoup d'entrepreneurs

sont hésitants quand il s'agit
d'évoquer ou même de penser

aux avantages commerciaux
des bonnes actions.

Ils s'imaginent parfois
que ça va remettre en cause

la valeur des avantages
qu'ils génèrent pour la société.

Ou qu'ils seront perçus comme
des mercenaires ou des êtres sans cœur.

Mais nous nous devons vraiment
de penser différemment.

Nous devons penser différemment,

car la seule façon de progresser
de manière considérable,

dans la gestion des problèmes
d'aujourd'hui,

repose sur les entreprises
qui vont fournir ces solutions.

Le but des entreprises
est de répondre aux besoins des clients

et de le faire de manière rentable.

Elles doivent le faire pour survivre.

Donc la meilleure manière pour assurer
les entreprises de leur croissance,

de leur longévité,

c'est de faire face aux plus grands défis
de notre société

et de le faire de manière rentable.

Et quand elles le font
de manière innovante,

de manière éthique, responsable,
remarquable,

elles doivent en être fières.

Et si vous n'êtes toujours pas convaincu,

prenons d'autres exemples.

Imaginez une entreprise technologique,

vous essayez de faire grandir
votre plateforme

et d'augmenter votre nombre de clients.

Comme Airbnb.

Airbnb possède une gamme d'activités
à l'impact sociétal total.

Ils en font le cœur de leurs affaires.

Avec une seule initiative,

ils aident leur communauté

à loger gratuitement
les personnes dans le besoin :

des rescapés et des personnels de secours.

Dans un autre de leurs efforts,

ils aident et travaillent avec les ONG

pour s'assurer que les gens puissent
loger gratuitement des réfugiés.

Ce que j'aime dans ce programme,

c'est que les gens n'auraient pas compris

comment montrer leur générosité

et accueillir chez eux
les gens dans le besoin,

aussi rapidement,
et de manière aussi efficace,

sans l'aide innovante d'Airbnb.

Mais en même temps,

c'est le cœur
de leur stratégie d'entreprise

et de leur croissance.

Car leur croissance est basée
sur le nombre d'hôtes et de clients

utilisant leur plateforme.

Mais s'ils avaient pensé uniquement

au retour sur investissement,

je ne pense pas qu'ils auraient eu
le même programme de croissance.

Car ils n'ont pas de frais de service.

Donc c'est extraordinaire

qu'ils aient concilié l'apport
de leurs services

à une société dans le besoin

et cette façon d'améliorer
leur croissance en même temps.

Mais si on veut trouver
une nouvelle branche de clients ?

Regardons l'Afrique du Sud

et parlons de Standard Bank.

En Afrique du Sud,

le gouvernement a une loi

stipulant que chaque banque
doit donner 0,2% de ses bénéfices

aux petits et moyens commerces
tenus par des gens de couleur.

Beaucoup de banques donnent
ces 0,2% aux entrepreneurs,

mais Standard Bank est sorti
des sentiers battus.

Ils ont pris ce capital en considération

et l'ont investi dans
une fiduciaire indépendante,

et ils ont utilisé cette fiduciaire
pour financer des prêts

à ces entrepreneurs de couleur.

C'est une très bonne rentabilisation.

Ils peuvent soutenir
beaucoup plus d'entrepreneurs,

et comme leur succès est entremêlé
à celui des entrepreneurs,

ils peuvent aussi utiliser ce capital
pour leur fournir une aide technique.

Plus d'entrepreneurs soutenus

et plus de personnes
qui sortent de la pauvreté.

Et ça marche pour Standard Bank.

Tellement, que ce programme
est sur le point de s'étendre

à de nouveaux domaines
dans leur portefeuille d'actions.

Je ne dis pas qu'on n'a pas tenté
de résoudre les problèmes du monde

depuis un certain temps.

Nous avons tenté,
mais ils sont toujours là.

Nous avons progressé,

mais pas suffisamment,

trop lentement,

et pas assez au niveau universel.

Nous devons changer notre façon de penser.

Nous avons besoin que les affaires,

entreprises comme actionnaires,

créent des stratégies d'entreprise
créatives, innovantes

et qu'elles aient le capital pour résoudre
les plus gros problèmes de notre monde.

Et quand elles feront ça,
de manière innovante,

évaluant toutes les stratégies
possibles et imaginables,

investissant leur capital au maximum,

créant les rémunérations totales
des actionnaires

tout en gardant en tête
l'impact sociétal total,

nous savons que nous résoudrons
ces problèmes,

de façon rentable et généreuse.

Merci.

(Applaudissements)