Delacroix, Scène des massacres de Scio; Familles Grecques attendant la mort ou l'esclavage, 1824

Eugène Delacroix, Scène des massacres de Scio; Familles Grecques attendant la mort ou l'esclavage, 1824 Salon, huile sur toile, 164" × 139" (419 cm × 354 cm) (Musée du Louvres, Paris)

Orateurs: Dr. Beth Harris et Dr. Steven Zucker

http://www.smarthistory.org/delacroix-scene-massacre-chios.html

intro: musique

DR. STEVEN ZUCKER: Nous sommes au musée du Louvres

Et nous regardons le "Massacre de Scio"

par Eugène Delacroix.

C'est une oeuvre qu'il a présenté au Salon en 1824.

Et cela vaut probablement la peine de savoir que lorsque que l'on parle du Salon

nous parlons du Salon Carré, une pièce dans ce bâtiment.

Cette peinture représente un évènement politique contemporain, les conséquences

d'une bataille pendant la guerre d'indépendance Grecque face à l'Empire Ottoman.

Les Français auraient sans doute été du côté des Grecs

et ce pour maintes raisons

Premièrement, la France avait traversé, elle-même, une série d'épisodes révolutionnaires...

J'ai presque envie de les appeler des séismes: d'abord la Révolution Française,

ensuite, bien-sûr, tous les évènements qui s'en sont découlés

avec Napoléon condamnant la corruption de la monarchie.

Donc, les Grecs étaient vus comme commençant à se rebeller

contre la corruption de l'Empire Ottoman.

DR. BETH HARRIS: Donc, ceux qui avaient sympathisé avec la révolution en France

auraient sympathisé avec les révolutionnaires en Grèce.

Zucker: C'est vrai, mais il y avait aussi un autre problème,

les Grecs tendaient à être Chrétiens

et leurs dirigeants, les Ottomans, tendaient à être Musulmans.

Donc, il y avait aussi ce problème.

Harris: Delacroix nous montre une misère implacable.

Nous avons, tout au premier plan, un arrêt sur image sur les personnages

qui sont les survivants de cette Bataille de Scio.

Ceux qui sont encore vivants, sont sur le point d'être pris en esclavage

il ya des personnages blessés, des autres morts ou agonisants

donc la concentration est vraiment sur ces moments individuels de souffrance dans la peinture.

Alors, au contraire du "Radeau de la Méduse" de Géricault

où tous les personnages sont joints ensemble dans cette tentative héroïque

de héler le bâteau dans la distance,

avec Delacroix on se concentre sur chaque personnage et sa misère.

Zucker: C'est une peinture qui effectivement ressemble à celle de Géricault

dans le fait que c'est une peinture représentant l'émotion.

Harris: Et il y a une vraie percéption de la souffrance humaine

avec un manque de heroïsme à la fin.

Avec David et "Le Serment des Horaces"

ces personnages sont sur le point de partir au combat, mais ils le font pour un principe.

Et je crois que ces personnages qui ont combattu ici l'ont fait pour de même.

Mais ce qu'on obtient à la fin sont la souffrance et l'esclavage.

Zucker: Et un sentiment d'épuisement.

Harris: Et dans le David on a un espace très organisé.

Nous obtenons une perspective linéaire; nous obtenons l'accent sur la ligne.

Et ici avec Delacroix, nous comprenons l'importance de la couleur.

Nous avons un travail de pinceau plus ouvert.

Encore plus d'intérêt dans l'émotion.

Un de mes passages favoris est celui du Turc montant un cheval qui se cabre

Ce qui est magnifique, c'est ce personnage Grec

qui semble plaider avec le Turc à cheval

qui se détourne brutalement et fait cabrer son cheval vers l'arrière.

Et je pense que ce sentiment d'indifférence des détenteurs de pouvoir,

l'indifférence de l'oppresseur à la souffrance de l'oppressé

est quelque chose qui aurait eu un impact en France

au cours de cette période de la restauration de la monarchie.

fin: musique