Rappelez-vous des femmes : l'importance des femmes dans l'Histoire | Emily Krichbaum | TEDxColumbusWomen

Actuellement, moins de 10% des cours d'Histoire américains s'intéressent aux femmes. Et, de ces 10%, 60% mettent en avant les femmes américaines comme compagnes. Comment ces exemples historiques sélectionnés forment-ils l'attitude des jeunes garçons et la confiance en elles des jeunes filles ? Que se passerait-il si on ajoutait de plus en plus d'histoires de femmes de l'Histoire américaine, et si les jeunes filles commençaient à se reconnaître dans les cours qu'elles étudient ?

Experte en histoire et en politique des femmes américaines, le Dr Emily Krichbaum a obtenu son doctorat de l'Université Case Western Reserve et a écrit de nombreux articles sur les réformateurs des dix-neuvième et vingtième siècles. Ses travaux récents sur Elizabeth Cady Stanton seront publiés par la presse de l'Université de Notre Dame en 2020. Pendant 20 ans, elle a enseigné à l'Université d'Ashland, où elle a reçu les prix de « Membre féminin de la faculté de l'année » et « Mentor de l'année ». En 2018, elle a fondé Remember The Ladies [Rappelle-toi des femmes], une organisation à but non lucratif qui aide les professeurs et les districts scolaires à incorporer plus d'histoires de femmes dans les cours d'Histoire de l'Amérique. Plus récemment, elle a rejoint la faculté de Haute École à l'école pour filles de Columbus et enseigne l'Histoire et la politique américaines. Elle vit à Bexley dans l'Ohio avec son mari, Brian, et leur chien, Quincy.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Au début des années 1780,

l'État du Massachusetts
a créé sa première constitution.

Cette constitution

a été créée quelques années
après la Déclaration d'Indépendance,

et cela se voit
car elle s'en est inspirée,

en fait dès les premiers mots
que vous lirez :

« Tous les hommes sont nés
libres et égaux ».

Et à cette époque, c'était la tradition :

la manière de transmettre
ces informations,

cette législation, ces lois,

était de les lire sur la place publique.

Alors qu'elles étaient lues
sur la place publique un jour,

il y avait une esclave du nom de Mum Bett,

qui la traversait,

et en tant qu'esclave,
elle entend ces mots

disant que chacun au Massachusetts
est né libre et égal aux autres.

Elle est étonnée évidemment.

Mais au lieu de vivre avec cet étonnement,
elle fait appel à la justice.

Elle poursuit son propriétaire,
John Ashley, devant la justice,

porte plainte pour sa liberté,

et avec son avocat défend le fait
qu'elle devrait être libre

car cette institution même

est non constitutionnelle
dans l'État du Massachusetts,

et elle gagne.

Cette histoire a-t-elle de l'importance ?

Peut-être pas,

si les jeunes filles ne l'entendent pas.

Actuellement, moins de 10% de l'Histoire

qui est enseignée dans les classes
d'Histoire américaines

est au sujet de femmes.

Il y a deux choses intéressantes :

premièrement, de ces femmes
dont on parle en classe,

deux d'entre elles sont
Molly Pitcher et Rosie the Riveter.

(Rires)

Ce ne sont même pas de vraies personnes.

(Rires)

Elles ont été créées. Elles sont fictives.

Bien sûr, elles sont le symbole

des femmes qui ont existé à cette époque

mais cela soulève la question :

pourquoi ne pas parler des vraies femmes ?

Aussi, 60% de ces 10%

parle de femmes dans un rôle de compagne,

qui cuisine, lave, s'occupe de la maison,

aide son mari.

Bien sûr que les femmes
ont un rôle à la maison,

mais elles en ont aussi
eu un dans l'Histoire.

Comme on le sait,
les histoires ont de l'importance.

Elles sont incroyablement importantes.

On les partage avec nos proches,
on en rit,

elles nous inspirent,

et elles donnent un sens à nos vies.

Il y a tout un corps de recherche

qui suggère que si on n'est pas
une partie de l'information consommée,

que ça soit ce que l'on regarde,
ou lit en classe,

ça suggère que l'on n'est pas
aussi important,

on se considère comme pas aussi important,
ni aussi capable ou compétent.

Actuellement, il faut qu'une femme
entende environ six fois :

« Tu devrais te présenter
à un poste politique »

avant qu'elle ne commence à penser :

« Je devrais me présenter
à un poste politique ».

Moins de femmes négocient leur salaire,

et même moins de femmes
postulent à un emploi

si elles ne pensent pas avoir
100% des qualifications.

Peut-être que si les jeunes filles

commençaient à se voir
dans les histoires d'hier,

elles croiraient en leur capacité
pour leur avenir.

J'ai créé une association

qui s'appelle « Remember the Ladies »
[NdT : Rappelle-toi des femmes]

et une chose sur laquelle on se focalise

est de pousser les professeurs
et les districts scolaires

à incorporer plus d'histoires de femmes
dans les classes d'Histoire américaines,

car on ne peut pas être
ce que l'on ne voit pas.

Et je pense qu'il est important

pour les jeunes filles et garçons
de voir les capacités des femmes.

Nous faisons cela en enrichissant
les manuels scolaires

et en enrichissant des leçons

car il ne s'agit pas
de réécrire l'Histoire,

mais plutôt d'élargir la vision,

la version du réalisateur si vous voulez.

Parce que même si Megan Rapinoe,

Serena Williams et Ruth Bader Ginsburg

sont incroyablement inspirantes
et des personnes extraordinaires,

ce que les jeunes filles
doivent comprendre,

c'est que cela a
toujours été dans leurs gènes,

ce n'est rien de nouveau,

et ce sera toujours leur héritage.

Au printemps 1776,

John Adams, Benjamin Franklin,
et Thomas Jefferson

sont à Philadelphie.

Ils parlent de déclarer
l'indépendance du pays

de la Grande-Bretagne.

Et ils ne parlent pas seulement
pour se séparer de la Grande-Bretagne,

mais ils suggèrent
qu'on devrait déclarer l'indépendance

car on croit à cette série de principes :

que tous les hommes sont créés égaux
et ont certains droits inaliénables

dont la vie, la liberté,
et la poursuite du bonheur ;

que peu importe la lignée,
peu importe qui sont ses parents,

peu importe à quel niveau
on naît dans la société,

on est l'égal des autres.

Ils décidaient
du langage qu'ils voulaient utiliser

et de la manière dont
ils allaient s'y prendre.

Pendant ce temps, la femme
de John Adams est au Massachusetts,

tenant la ferme, avec quatre enfants,

tenant l'épidémie de variole à distance,

et essayant de nourrir ces enfants
pendant l'hiver

alors que les britanniques bloquent
les ports de Boston,

la seule nourriture qu'ils ont

est donc ce qu'ils ont
fait pousser l'été dernier,

essayant d'éviter les batailles,
et les abus des Britanniques.

Abigail avait un message pour son mari

quand il laissa entendre qu'ils étaient
en train d'écrire cette déclaration.

Elle dit que
dans cet extraordinaire code de lois :

« Je demande que
tu te souviennes des femmes. »

Et je demande que vous fassiez de même.

Merci.

(Applaudissements)