Les incroyables récits des sino-indiens |Sylvia Ku | TEDxNUS

Sylvia Ku est chinoise, et elle est aussi indienne. Elle a grandit à Calcutta, dans le seul Chinatown d'Inde. Elle nous parle de son enfance à Chinatown, de son déménagement et de son exploration de l'Inde. Elle est devenue chinoise, indienne, et une citoyenne du monde en son cœur. Voici son récit.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

L'année dernière, nous avons décidé,
en famille, d'aller au Taj Mahal.

Le voyage était super,

et c'est toujours amusant de se rendre
quelque part en famille.

Surtout lorsque la famille
ne se réunit pas souvent

car nous habitons
à différents endroits du globe.

Nous sommes passés devant plein de forts
et de monuments anciens, et c'était super.

On s'est arrêté plusieurs fois

et on s'est imprégné de l'atmosphère,

on a profité du cadre splendide.

C'était comme une montée en pression
graduelle.

Et quand nous sommes enfin arrivés
au Taj Mahal, nous avions hâte d'y entrer.

Nous avons rapidement fait la queue,

et lorsque nous sommes arrivés au guichet,

la personne nous donné un prix
qui ne me semblait pas être correct.

Lorsqu'on lui a posé la question,
il a pointé du doigt les tarifs.

Et puis je lui ai dit :

(En hindi) « Mon frère, je suis indienne.

Pourquoi tu me fais payer plus cher,
tu crois que je suis étrangère ? »

(Rires)

Bonjour mesdames et messieurs,
je m'appelle Sylvia, et je suis indienne.

Je suis ici pour vous raconter
quelques histoires de mon enfance,

comment c'était pour moi
de grandir en Inde.

Ce sont mes récits.

Ce sont les récits, peut-être,
de 12 000 autres personnes comme moi,

sino-indiennes, ayant grandit en Inde.

J'ai grandi à Chinatown, en Inde,

et ça ne ressemble
à aucun autre Chinatown du monde,

car, oui, il y a des restaurants
et des boutiques chinoises,

mais surtout, c'est une ville
industrielle.

Il y a des tanneries partout, et si vous
êtes déjà allés dans une tannerie,

vous savez que l'odeur de peau de bête
préservée dans du sel

n'est pas la meilleure,

mais cette odeur me rappelle mon chez-moi.

Le nom de mon Chinatown est Tangra.

On n'y transforme pas seulement
des peaux,

mais on y fabrique aussi du cuir pour
chaussures, ceintures, vestes, tabliers.

Alors,

si un jour vous me voyez
dans une boutique,

avec une chaussure, la tenant près de moi,
la caressant, la sentant,

ça veut simplement dire que je suis
chez-moi et rien d'autre.

(Rires)

Mon Chinatown en Inde avait une école.

C'est là que j'ai étudié.

La plupart des élèves à l'école
étaient chinois.

Donc la plupart de mes amis
étaient chinois.

En fait, je n'ai toujours eu
que des amis chinois,

jusqu'à mon bac,
lorsque j'ai terminé le lycée.

Puis il était temps d'aller à la fac,
et j'ai dû quitter mon Chinatown,

ma bulle protectrice.

Et c'est là que je me suis faite
beaucoup d'amis, des amis non-chinois.

Et il y avait cette fille, qui est devenue
une très bonne amie,

ma meilleure amie, ma première amie
non-chinoise.

Elle m'a donc invité chez elle.

Elle a envoyé une voiture
venir me chercher.

Quand je suis arrivée chez elle,

de l'autre côté de Calcutta,

elle m'a emmené au salon, m'asseoir,
et m'a donné un verre de jus de fruits,

puis s'est enfuie.

J'ai trouvé ça étrange - ok, je suis
seule, qu'est-ce que je dois faire ?

Puis j'ai entendu du bruit dehors,

et je l'ai entendu dire en Bengali :

« Hé les tantes, venez vite ! Il y a une
chinoise dans le salon.

Vous devez la voir. »

(Rires)

Et très vite, il y avait ces trois tantes,

grandes, formidables, dans le salon.

J'avais un peu peur,

mais elles se sont assises près de moi,
m'ont caressé les bras,

et elles ont dit : « oh, elle est comme
une poupée de porcelaine. »

(Rires)

Je ne suis pas certaine de mon ressenti
sur le moment.

C'était intéressant,
car j'aimais l'attention,

et donc j'étais heureuse.

Mais à la fois, j'étais un peu déçue

car j'ai réalisé que

j'étais juste amie "trophée" pour elle.

Mais bon, ce n'est pas si mal.

Il y a des avantages à être chinoise
en Inde :

les gens pensent que je suis étrangère
tout le temps

et donc je peux aller dans des plus
petites queues à la poste, à la gare,

et parfois même au guichet
de l'immigration.

Ils me font passer vite car
je suis juste une étrangère.

Mais ce n'est pas si mal.

Je suis chinoise, je suis indienne,
je suis une personne,

donc je ne peux pas être réduite
à une simple étiquette :

chinoise, indienne, chindienne, métissée.

Je suis Sylvia.

Et puis avec l'hindi et le mandarin,

je peux parler à la moitié de
la population mondiale.

(Rires)

Merci beaucoup.

(Applaudissements)