La fascinante histoire des cimetières

Des arbres grêles, des portails rouillés, une pierre tombale qui s'écroule, une figure solitaire, tout cela vient à l'esprit lorsqu'on pense aux cimetières. Mais, il n'y a pas si longtemps, beaucoup de cimetières étaient des lieux animés, avec des jardins fleuris et des foules de gens et, pendant une bonne partie de l'histoire humaine, on n'enterrait pas du tout les morts. Comment les cimetières sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui ? Keith Eggener plonge dans notre processus toujours changeant pour honorer les morts. [Animation TED-Ed par Remus & Kiki].

Des arbres grêles,

des portails rouillés,

une pierre tombale qui s'écroule,

une figure solitaire,

tout cela vient à l'esprit
lorsqu'on pense aux cimetières.

Mais, il n'y a pas si longtemps,

beaucoup de cimetières
étaient des lieux animés,

avec des jardins fleuris
et des foules de gens

qui se promenaient
parmi les pierres tombales.

Comment les cimetières sont-ils
devenus ce qu'ils sont aujourd'hui ?

Quelques-uns existent depuis des siècles,

comme le plus grand au monde,
Wadi al-Salaam,

où sont enterrés
plus de cinq millions de personnes.

Mais la plupart des lieux qu'on connaît
comme cimetières sont bien plus jeunes.

En effet, pendant une bonne partie
de l'histoire humaine,

on n'enterrait pas du tout les morts.

Nos plus anciens ancêtres

avaient beaucoup d'autres façons
pour se séparer des êtres chers.

On en laissait dans des grottes,

d'autres dans des arbres

ou au sommet des montagnes.

D'autres encore étaient coulés
dans des lacs,

jetés à la mer,

cannibalisés pendant des rituels

ou incinérés.

Toutes ces pratiques,

même si certaines peuvent
paraître bizarres aujourd'hui,

étaient des façons de vénérer les défunts.

En revanche, les premiers
enterrements connus,

qui datent d'il y a 120 000 ans environ,

étaient probablement réservés
aux transgresseurs,

les excluant des rituels habituels

prévus pour honorer les défunts.

Mais les premiers enterrements

présentèrent des avantages
par rapport aux autres pratiques :

ils protégeaient les corps
des charognards et des éléments,

et empêchaient aux vivants
de voir leurs chers en décomposition.

Ces avantages pourraient avoir changé
la façon de penser de nos ancêtres

vers des tombes conçues
pour honorer les morts

et l'enterrement devint ainsi plus commun.

Parfois, ces tombes contenaient
des objets pratiques ou rituels,

suggérant la croyance
d'une vie après la mort

où les défunts pourraient
avoir besoin de ces outils.

Les enterrements communs
apparurent d'abord

dans l'Afrique du Nord
et dans l'Asie de l'Ouest

il y a de 10 à 15 000 ans environ,

tout comme les premiers établissements
permanents dans ces zones.

Ces cimetières créèrent des lieux
permanents pour commémorer les défunts.

Le peuple nomade des Scythes
parsema les steppes

de tumulus appelés kourgans.

Les Étrusques construisirent
de vastes nécropoles,

des rues en quadrillage
alignées avec des tombes.

À Rome, les catacombes abritaient

les urnes crématoires
et aussi les restes intacts.

Le mot cimetière,
ou « lieu pour dormir »,

fut utilisé pour la première fois
par les Grecs,

qui construisaient les tombes
dans des champs funéraires

juste hors des cités.

Dans les villes médiévales européennes,

les jardins des églises chrétiennes
fournissaient des espaces ouverts

qui accueillaient les morts,

mais aussi les marchés, les foires
et d'autres manifestations.

Les agriculteurs y faisaient même
brouter le bétail,

convaincus que l'herbe du champ funéraire
rendait le lait plus sucré.

Lorsque les villes se développèrent
pendant la révolution industrielle,

de grands cimetières suburbains

remplacèrent les petits
cimetières urbains.

Des cimetières comme le Père-Lachaise
à Paris, de 68 hectaces,

ou celui de Mount Auburn à Cambridge,
dans le Massachussetts, de 70 hectares,

étaient des jardins luxuriants

remplis de pierres sculptées
et de tombes décorées.

Autrefois un luxe réservé
aux riches et aux puissants,

les tombes individuelles

devinrent disponibles pour
la classe moyenne et la classe ouvrière.

Les gens visitaient les cimetières
pour les enterrements,

mais aussi pour les anniversaires,
pendant les vacances

ou juste pendant un après-midi
en plein air.

À la fin du XIXe siècle, avec l'apparition
de parcs et jardins botaniques,

les cimetières commencèrent
à perdre leurs visiteurs.

Aujourd'hui, beaucoup de vieux
cimetières sont des lieux désertés.

Certains attirent à nouveaux
les touristes avec des visites,

des concerts et autres attractions.

Mais même en relançant
les vieux cimetières,

on pense au futur des enterrements.

Des villes comme Londres,
New York et Hong Kong

sont à court d'espace
pour les enterrements.

Même où l'espace n'est pas un problème,

les cimetières occupent
de façon permanente de la terre

qui ne peut pas être cultivée
ou exploitée.

Les enterrements traditionnels
utilisent des matériaux

comme le métal, la pierre et le béton

qui peuvent contaminer
le sol et les eaux souterraines

avec des substances toxiques.

Par sensibilité environnementale,

les gens cherchent des alternatives,

et beaucoup choisissent la crémation
ou des pratiques similaires.

En plus de ces pratiques
plus conventionnelles,

on peut maintenant envoyer
ses restes dans l'espace,

les utiliser comme fertilisant,

ou pour réaliser des bijoux,

des feux d'artifice

ou même de l'encre pour tatouage.

Dans le futur, des options similaires

pourraient remplacer
totalement les enterrements.

Les cimetières sont peut-être
les monuments aux défunts les plus connus,

mais ils sont juste une étape

dans notre processus toujours changeant

de souvenir et de respect
envers les morts.