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Pitié,me prends pas mes Air Jordans

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    « Mes Air Jordan coûtent 100 $, taxes comprises.
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    Il y a écrit Raiders au dos
    de ma veste en daim Starters.
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    Je suis stylé, souriant,
    j'ai l'air d'un vrai dur,
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    parce qu'il ne s'agit pas d'être entendu,
    mais juste d'être vu.
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    Ma casquette de baseball en cuir Adidas
    est assortie
  • 0:19 - 0:23
    à mon faux sac à dos Gucci.
    (Rires)
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    Personne n'est aussi beau que moi,
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    mais ça coûte cher,
    c'est vraiment pas gratuit,
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    et j'ai pas de travail,
    pas d'argent du tout,
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    mais c'est facile de voler tout ça
    au centre commercial.
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    Les parents disent que je ne devrais pas,
    mais je sais que je devrais.
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    Je dois faire tout ce que je peux
    pour être sûr d'être beau,
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    et la raison pour laquelle je dois être beau,
    eh bien, pour dire vrai, mec,
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    je la connais pas.
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    Je pense que ça me fait
    me sentir spécial à l'intérieur.
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    Quand je porte des nouvelles fringues,
    j'ai pas à me cacher,
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    et je dois vraiment trouver vite fait
    des fringues neuves
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    ou mon égo va se dégonfler
    comme un ballon de baudruche.
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    Mais dans tous les magasins
    la surveillance est étroite.
  • 0:55 - 0:57
    Il y a chaque jour
    de plus en plus de flics.
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    Ma bande se moque de moi
    parce que je porte de vieilles fringues.
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    L'école est presque finie.
    L'été approche.
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    Et je porte des Jordan déchirées.
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    Il me faut
    quelque chose de neuf.
  • 1:07 - 1:09
    Il ne me reste
    qu'une chose à faire.
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    Sécher l'école vendredi,
    descendre en ville en métro,
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    repérer ma victime
    parmi les gens qui trainent là.
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    Peut-être que j'aurai de la chance
    et trouverai une proie facile.
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    Je dois trouver de nouvelles fringues.
    Il n'y a pas d'autre moyen.
  • 1:20 - 1:22
    Je suis prêt et décidé.
    J'empoche mon pistolet.
  • 1:22 - 1:25
    C'est une affaire sérieuse.
    C'est pas pour rire.
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    Et il ne faudrait pas
    que mes potes se moquent de moi.
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    Je vais chourer un truc classe,
    attendez un peu, vous allez voir.
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    Descendez à la station West 4th,
    près du parc,
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    les frères tirent des paniers,
    et quelqu'un fait remarquer,
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    « Hey les mecs, vous les avez eues où, ces Nikes ?»
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    Je me dis :
    « Ouais. J'les kiffe, je kiffe. »
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    Elles étaient blanches comme un coton-tige,
    lumineuses et aveuglantes.
  • 1:45 - 1:47
    On aurait dit que l'emblème rouge de Michael
    allait s'envoler.
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    Pas un seul grain de poussière.
    Les Air étaient flambant neuves.
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    J'avais mon flingue
    et savais ce que je devais faire.
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    J'ai attendu le bon moment,
    l'ai suivi de très près.
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    Il a tourné à gauche dans Houston,
    j'ai sorti mon pistolet
  • 1:57 - 2:00
    et j'ai dit :
    « Donne-moi ces Jordan ! »
  • 2:00 - 2:02
    Et le vaurien
    a essayé de s'enfuir !
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    Il a démarré vite mais n'est pas allé loin.
    J'ai tiré, « Pan ! »
  • 2:05 - 2:07
    L'idiot est tombé entre deux voitures garées.
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    Il toussait, pleurait,
    le sang coulait sur la chaussée.
  • 2:10 - 2:13
    Et j'ai arraché les Air Jordan de ses pieds.
  • 2:14 - 2:16
    Alors qu'il était allongé mourant,
    tout ce qu'il a pu dire c'est :
  • 2:16 - 2:21
    « Pitié, mec, emporte pas mes Air Jordan ».
  • 2:21 - 2:24
    On aurait pu penser
    qu'il se préoccuperait de rester en vie.
  • 2:24 - 2:27
    Alors que je me tirais avec ses baskets,
    ses yeux étaient pleins de larmes.
  • 2:27 - 2:30
    Le jour suivant,
    j'ai déboulé à l'école
  • 2:30 - 2:34
    avec mes Air Jordan flambant neuves,
    mec, j'étais cool.
  • 2:34 - 2:36
    J'avais tué pour les avoir,
    mais je m'en fous,
  • 2:37 - 2:40
    parce que maintenant
    j'ai besoin d'une nouvelle veste. »
  • 2:41 - 2:49
    Merci.
    (Applaudissements)
  • 2:49 - 2:53
    Depuis ces 15 dernières années
    où j'ai été sur scène,
  • 2:54 - 2:59
    ce que j'ai toujours voulu,
    c'est apporter la poésie au monde.
  • 2:59 - 3:01
    Vous voyez, ça ne me suffisait pas d'écrire un livre.
  • 3:01 - 3:04
    Ça ne me suffisait pas de participer
    à une compétition de slam,
  • 3:04 - 3:06
    et même si ces choses
    ont leur importance,
  • 3:06 - 3:10
    ce n'était pas ce qui poussait mon stylo
    vers mon bloc-notes.
  • 3:10 - 3:14
    Ce dont j'avais faim et soif,
    et encore aujourd'hui, c'est :
  • 3:14 - 3:17
    Comment faire pour que des gens
    qui détestent la poésie
  • 3:17 - 3:19
    m'aiment ?
  • 3:20 - 3:22
    Parce que je suis une extension
    de mon travail,
  • 3:22 - 3:24
    et s'ils m'aiment,
    alors ils aimeront mon travail,
  • 3:24 - 3:27
    et s'ils aiment mon travail,
    alors ils aimeront la poésie,
  • 3:27 - 3:30
    et s'ils aiment la poésie,
    alors j'aurais fait mon boulot,
  • 3:30 - 3:33
    qui est de l'apporter au monde.
  • 3:33 - 3:38
    En 1996,
    j'ai trouvé la réponse de principe
  • 3:38 - 3:43
    chez un maître de la poésie orale,
    nommé Reg E. Gaines,
  • 3:43 - 3:48
    qui a écrit le célèbre poème,
    « Pitié, me prend pas mes Air Jordans »
  • 3:48 - 3:52
    Et j'ai suivi ce gars partout,
    jusqu'à le coincer entre deux portes,
  • 3:52 - 3:54
    et je lui ai lu
    une de mes compositions,
  • 3:54 - 3:56
    et vous savez
    ce qu'il m'a dit ?
  • 3:56 - 3:58
    « T'es nul.
  • 3:58 - 4:01
    Tu sais ce que c'est ton problème,
    mon p'tit gars ?
  • 4:01 - 4:04
    Tu ne lis pas
    la poésie des autres,
  • 4:04 - 4:07
    et tu n'as aucune subordination
    aux mesures verbales
  • 4:07 - 4:13
    de considération tonale. »
    (Rires)
  • 4:13 - 4:16
    Et il a continué à déblatérer
  • 4:16 - 4:21
    sur la poésie, le style
    et les vendredis soirs au Nuyorican.
  • 4:21 - 4:23
    Bon, j'aurais pu abandonner.
    J'aurais dû.
  • 4:23 - 4:27
    Je veux dire, je pensais que la poésie
    n'était que de l'expression personnelle.
  • 4:27 - 4:30
    Je ne savais pas qu'il fallait avoir
    un contrôle créatif.
  • 4:30 - 4:34
    Alors au lieu d'arrêter,
    je l'ai suivi partout.
  • 4:34 - 4:38
    Quand il écrivait un show pour Broadway,
    je l'attendais sur le pallier.
  • 4:38 - 4:41
    Je le réveillais
    à 6:30 du matin
  • 4:41 - 4:44
    pour lui demander
    qui était le meilleur poète.
  • 4:44 - 4:48
    Je me souviens avoir mangé les yeux d'un poisson
    tout juste sorti de l'eau
  • 4:48 - 4:50
    parce qu'il m'avait dit que c'était
    nourissant pour le cerveau.
  • 4:50 - 4:53
    Et puis, un jour, je lui ai dit :
  • 4:53 - 4:59
    "Reg E., qu'est ce que la subordination aux mesures verbales de considération tonale ?"
  • 4:59 - 5:01
    (Rires)
  • 5:01 - 5:05
    Et il m'a tendu une thèse
    imprimée noir sur blanc
  • 5:05 - 5:08
    sur un poète nommé
    Etheridge Knight
  • 5:08 - 5:10
    et sur la nature orale
    de la poésie,
  • 5:10 - 5:12
    et à partir de là,
  • 5:12 - 5:14
    Reggie n'était plus le meilleur selon moi,
  • 5:14 - 5:17
    car ce que Etheridge Knight
    m'a appris,
  • 5:17 - 5:21
    c'est que je pouvais faire sonner mes mots
    comme de la musique,
  • 5:21 - 5:24
    même les petits,
    les monosyllabes,
  • 5:24 - 5:26
    les "si", "et", "mais", "quoi",
  • 5:26 - 5:31
    le côté gangsta de mon argot
    pouvait chanter à l'oreille,
  • 5:31 - 5:34
    et à partir de là,
    j'ai commencé à suivre Etheridge Knight.
  • 5:34 - 5:36
    Je voulais savoir
    quel poète il lisait,
  • 5:36 - 5:40
    et je suis tombé sur un poème nommé
    « Dark Prophecy : Sing of Shine »
  • 5:40 - 5:45
    une expérience signifiante
    qui m'a porté à la plus haute scène
  • 5:45 - 5:47
    qu'un poète
    ne peut jamais atteindre :
  • 5:47 - 5:50
    Broadway, baby.
  • 5:50 - 5:53
    Et là, j'ai appris
    à m'éloigner du micro
  • 5:53 - 5:57
    et à attaquer la poésie
    avec mon corps.
  • 5:57 - 6:00
    Mais ce n'est pas la plus grande leçon
    que j'ai apprise.
  • 6:00 - 6:04
    La plus grande leçon que j'ai apprise,
    c'est bien des années plus tard,
  • 6:04 - 6:09
    quand je suis allé à Beverly Hills
    et que j'ai rencontré un agent artistique
  • 6:09 - 6:11
    qui m'a regardé
    de haut en bas
  • 6:11 - 6:14
    et m'a dit que je n'avais pas l'air
    d'avoir assez d'expérience
  • 6:14 - 6:17
    pour travailler dans ce milieu.
  • 6:17 - 6:21
    Et je lui ai dit :
    « Ecoute, crétin,
  • 6:21 - 6:24
    t'es un acteur raté
    qui est devenu un agent,
  • 6:24 - 6:25
    et tu sais pourquoi t'as échoué
    en tant qu'acteur ?
  • 6:25 - 6:29
    Parce que des gens comme moi
    t'ont pris ton boulot.
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    J'ai fait tout le voyage
    depuis Cleveland et l'Essex
  • 6:31 - 6:33
    jusqu'à New York Est,
  • 6:33 - 6:36
    pris la ligne 6 jusqu'aux putes de Hunt's Point
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    qui me barraient le chemin
    vers la maîtrise de l'art de l'espace,
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    et du nombre variable à l'infini d'hommes,
    de femmes et d'enfants,
  • 6:41 - 6:43
    que tu ne mets ici
    que pour que je puisse les refouler dos au mur
  • 6:43 - 6:46
    avec mon expérience.
  • 6:46 - 6:48
    Des gens ont acheté des billets
    pour mon expérience
  • 6:48 - 6:51
    et les ont utilisés comme magnets de réfrigérateur
    pour se souvenir
  • 6:51 - 6:53
    que la révolution est proche,
    et qu'il faut stocker des provisions.
  • 6:53 - 6:56
    J'ai tellement d'expérience
    que pendant que tu allais
  • 6:56 - 6:58
    dans une école pour privilégiés
    pour apprendre un sonnet de Shakespeare,
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    on m'apprenait ces rythmes
    à coups de pieds et de poings.
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    Je peux maitriser le choc de « The Crying game »
    avec la stupeur d'un enfant
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    montré comme une victime du SIDA
    par une brute qui ne savait pas
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    que c'était son père
    qui l'avait donné à ma mère,
  • 7:11 - 7:13
    et c'est à double sens.
  • 7:13 - 7:15
    J'ai tellement d'expérience
    que quand tu est allé à la Fell School,
  • 7:15 - 7:18
    et que tous les petits gosses de riche
    ont décidé de parrainer un enfant,
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    c'était moi,
    mais j'ai été viré quand j'ai été choppé
  • 7:21 - 7:24
    en train d'apprendre aux gosses de riche
    comment virer l'antivol d'un jean Lee
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    et de les emmener au VIM Store.
    Tu crois que Chekhov s'en serait mieux tiré ?
  • 7:27 - 7:31
    Sanford Meisner était mon Oncle Artie
    qui gueulait silencieusement en lui-même :
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    "Il y a toujours quelque chose qui ne va pas
    quand jamais rien ne va."
  • 7:33 - 7:35
    La Méthode n'est rien d'autre qu'un mélange
  • 7:35 - 7:38
    de personnalités multiples,
    et prendre tes mensonges pour la réalité,
  • 7:38 - 7:41
    comme au lycée, le tranquille Kenny
    qui me disait qu'il voulait être flic.
  • 7:41 - 7:44
    Mon gars, tu n'as qu'à aller à l'académie
    de Riker's Island.
  • 7:44 - 7:46
    Je pourrais faire psychanaliser
    mon attaque du dialogue
  • 7:46 - 7:48
    par David Mamet,
  • 7:48 - 7:51
    transformer Stanislasvki en Bruce Lee,
  • 7:51 - 7:54
    qui botterait tes ribambelles d'étudiants sans talent
    à travers tout Crenshaw.
  • 7:54 - 7:57
    Alors quoi, tes acteurs ont étudié le théâtre de guérilla
    à la Représentation de Londres ?
  • 7:57 - 8:00
    Laisse-moi te dévoiler
    un ancien secret chinois de kung-fu,
  • 8:00 - 8:01
    du samedi après-midi.
  • 8:02 - 8:04
    Les planches
    ne répliquent pas.
  • 8:04 - 8:07
    Tu penses que les comiques noirs
    ont du mal à trouver du boulot
  • 8:07 - 8:09
    dans ce milieu ?
    Je suis un mulâtre suspect,
  • 8:09 - 8:11
    ce qui veut dire
    que je suis trop noir pour être blanc
  • 8:11 - 8:12
    et trop blanc pour bien faire.
  • 8:12 - 8:15
    Oublie le ghetto Américain.
    J'ai usé les planches à Soweto,
  • 8:15 - 8:17
    enterré des bébés avortés
    dans la fosse commune,
  • 8:17 - 8:19
    et j'ai quand même réussi à garder
    un sourire sur mon visage,
  • 8:19 - 8:21
    alors quoi que tu balance sur moi
    à ton larbin d'assistant
  • 8:21 - 8:24
    en voiturette de golf,
    quand je passerai la porte,
  • 8:24 - 8:26
    quelques soient les calomnies
    que tu m'enverras,
  • 8:27 - 8:29
    ta mère.
  • 8:30 - 8:34
    Merci. (Applaudissements)
Title:
Pitié,me prends pas mes Air Jordans
Speaker:
Lemon Andersen
Description:

Seriez vous prêt à tuer pour une paire de Nike Air Jordans ? Lemon Andersen nous conte l'histoire de quelqu'un qui l'a fait, en récitant un poème de Reg E. Gaines. Ces vers ont appris à Lemon que la poésie peut être bien plus qu'une expression personnelle, et qu'elle peut ressembler à de la musique lorsqu'on y ajoute du rythme et qu'on y insuffle la hargne des rues de New-York.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
08:55
Patrick Brault approved French subtitles for Please don't take my Air Jordans
Mohand Habchi accepted French subtitles for Please don't take my Air Jordans
Patrick Brault approved French subtitles for Please don't take my Air Jordans
Patrick Brault rejected French subtitles for Please don't take my Air Jordans
Patrick Brault edited French subtitles for Please don't take my Air Jordans
Patrick Brault edited French subtitles for Please don't take my Air Jordans
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