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L'institution qui va vous transformer | Piper Kerman | TEDxMuncyStatePrison

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    Je m'appelle Piper Kerman.
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    Je suis l'auteure d'un mémoire :
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    « L'Orange lui va si bien : une année
    dans une prison de femmes ».
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    Naturellement, quand je suis
    dans un endroit comme celui-ci,
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    quand je viens dans une prison de femmes,
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    je suis immédiatement
    transportée dans le temps,
  • 0:27 - 0:31
    10 ans en arrière,
    auprès de la communauté incroyable
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    de femmes dont j'ai partagé la vie
    pendant mon temps en prison.
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    J'ai eu la chance
    de ne passer qu'une seule année
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    dans une institution fédérale pour femmes.
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    Les femmes que j'y ai rencontrées
    ont eu une influence puissante sur moi.
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    Ça a transformé ma vie.
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    Elles m'ont aidée à survivre cette année
  • 0:55 - 1:00
    et elles ont partagé
    leur propre survie avec moi.
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    Elles m'ont aussi marquée de l'impression
    indélébile du besoin criant
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    de réformes profondes
    du système pénal américain.
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    (Applaudissements)
  • 1:15 - 1:18
    Nombre de ses femmes
    font partie de ma vie aujourd'hui.
  • 1:18 - 1:22
    Je suis profondément
    reconnaissante de leur amitié.
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    Des endroits comme celui-ci
    évoquent en moi
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    d'autres institutions pour femmes
    où j'ai passé une partie de ma vie :
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    l'université pour femme.
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    J'ai étudié dans une telle université,
    le Smith College.
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    J'ai reçu mon diplôme
    il y a plus de 20 ans.
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    Il s'agit d'un communauté incroyable
    de femmes qui ont marqué ma vie
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    de manière indélébile.
    Elles l'ont transformée.
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    J'ai eu la chance de pouvoir
    y passer quatre ans de ma vie.
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    Pas uniquement parce que
    l'éducation y est formidable.
  • 2:00 - 2:05
    Aussi parce qu'au moment de quitter
    ce lieu, je savais très clairement
  • 2:05 - 2:08
    que la vie des femmes a de la valeur.
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    Les pensées et les opinions
    des femmes comptent vraiment.
  • 2:12 - 2:17
    Les relations entre les femmes
    sont fascinantes.
  • 2:17 - 2:21
    Elle ont un pouvoir de transformation
    et la capacité de changer le monde.
  • 2:21 - 2:25
    Je ne sais pas si toutes les filles
    et jeunes femmes
  • 2:25 - 2:28
    reçoivent ce message de la société.
  • 2:28 - 2:33
    Mais pour moi, en quittant l'université,
    c'était très clair.
  • 2:34 - 2:38
    On me demande parfois
    quelles sont les similitudes
  • 2:38 - 2:41
    entre une prison pour femmes
    et une faculté pour femmes.
  • 2:41 - 2:42
    Je réponds toujours
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    que les points communs les plus
    importants concernent les relations,
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    la manière dont les femmes entrent
    en concurrence et collaborent.
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    En réalité, les différences
    entre ces deux institutions
  • 2:58 - 3:00
    sont bien plus significatives.
  • 3:00 - 3:04
    Une université pour femmes
    existe pour aider celles-ci
  • 3:04 - 3:08
    à devenir le meilleur
    de ce qu'elles peuvent être
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    et à se préparer à entrer
    dans la vie active,
  • 3:11 - 3:14
    à accomplir tout ce qu'elles projettent,
  • 3:14 - 3:19
    à les aider à approfondir
    leur compréhension du monde
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    et des changements qu'elles pourront
    y apporter en entrant dans la vie active.
  • 3:25 - 3:28
    Une prison pour femme existe pour punir.
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    Aux États-Unis, la plupart des États
    dépensent davantage en pénalisation
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    que les budgets destinés
    aux hautes études.
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    Le problème fondamental
    des prisons américaines
  • 3:41 - 3:46
    est qu'en fait,
    ce sont des endroits très, très durs,
  • 3:46 - 3:50
    des endroits où vous êtes défini
    chaque jour de votre peine
  • 3:50 - 3:55
    par votre pire choix, votre pire erreur,
  • 3:55 - 3:57
    et votre pire échec.
  • 3:58 - 4:01
    Le temps passé
    dans une institution pénitentiaire
  • 4:01 - 4:06
    est du temps passé
    en isolation du monde extérieur.
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    Mon expérience de ce temps est
    que la plupart de notre énergie mentale
  • 4:10 - 4:15
    est consacrée à survivre
    au sein de l'institution.
  • 4:15 - 4:22
    Trop peu de prisons américaines
    font un travail substantiel
  • 4:22 - 4:27
    pour aider les gens à faire
    ces changements si nécessaires,
  • 4:27 - 4:31
    pour les aider à penser comment
    ils agiront différemment
  • 4:31 - 4:32
    quand ils rentreront à la maison.
  • 4:32 - 4:35
    Or, presque tout le monde
    rentre à la maison.
  • 4:35 - 4:39
    Il n'y a pas assez d'efforts consacrés
    à aider les gens à reconnaitre
  • 4:39 - 4:42
    ce qui leur est nécessaire
    pour devenir le meilleur d'eux-mêmes,
  • 4:42 - 4:47
    et quelles sont les opportunités
    que le monde peut leur offrir
  • 4:47 - 4:50
    quand ils seront libérés.
  • 4:50 - 4:53
    Je suis convaincue
  • 4:53 - 5:00
    que si on souhaite que les prisonniers
    se transforment pour le mieux,
  • 5:00 - 5:06
    il manque manque une pièce vitale :
    les études supérieures.
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    Voici ce que nous savons :
  • 5:09 - 5:13
    l'éducation universitaire fonctionne bien
    auprès des prisonniers.
  • 5:13 - 5:18
    Chez ceux qui ont l'occasion
    d'obtenir une licence
  • 5:18 - 5:20
    durant leur incarcération,
  • 5:20 - 5:24
    le taux de récidive est inférieur à 6%.
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    Nous savons que l'éducation
    a un pouvoir transformateur
  • 5:28 - 5:33
    qui aide les gens à réussir
    leur libération.
  • 5:33 - 5:38
    Mais dans les années 90, les bourses Pell
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    et la prise en charge des coûts
    ont été retirés aux prisonniers.
  • 5:42 - 5:46
    Du jour au lendemain,
    il est devenu pratiquement impossible,
  • 5:46 - 5:49
    pour les personnes incarcérées,
    de suivre une éducation universitaire.
  • 5:49 - 5:51
    Parce que, vous devez savoir que,
  • 5:51 - 5:55
    80% des personnes accusées
    d'un crime dans ce pays
  • 5:55 - 6:00
    sont trop pauvres pour se permettre
    les services d'un avocat.
  • 6:00 - 6:04
    Alors, ne pensons même pas
    aux coûts de scolarité.
  • 6:05 - 6:11
    C'est un problème épineux.
    C'est une barrière.
  • 6:11 - 6:15
    La plupart des femmes
    avec qui j'ai passé ma peine,
  • 6:15 - 6:19
    en fait, permettez-moi de vous
    décrire ces femmes
  • 6:19 - 6:21
    qui ont partagé ma vie en prison.
  • 6:21 - 6:26
    Je dirais qu'elles sont perspicaces,
  • 6:26 - 6:30
    et réfléchies, attentionnées,
  • 6:30 - 6:36
    déterminées, curieuses et créatives.
  • 6:37 - 6:39
    Ce que je veux dire,
  • 6:39 - 6:42
    c'est que non seulement ces femmes
    avaient besoin d'apprendre,
  • 6:42 - 6:47
    mais elles étaient prêtes.
  • 6:47 - 6:49
    Quand j'étais à l'université,
  • 6:49 - 6:52
    de nombreuses personnes avaient
    consenti de nombreux sacrifices,
  • 6:52 - 6:56
    les étudiantes et leurs familles avaient
    fait des sacrifices pour être là.
  • 6:56 - 7:00
    Certains venaient de très, très loin,
  • 7:00 - 7:03
    de l'autre bout du monde parfois,
    pour recevoir cette éducation
  • 7:03 - 7:07
    et de nombreuses familles et étudiantes
    portaient une charge financière énorme
  • 7:07 - 7:10
    pour ce qu'elles pensaient
    en valoir la peine.
  • 7:10 - 7:12
    Quand il s'agit de prisons pour femmes,
  • 7:12 - 7:17
    on y rencontre évidemment des personnes
    qui ont commis des délits.
  • 7:18 - 7:23
    Mais parmi les femmes et jeunes femmes
    dans le système pénal,
  • 7:23 - 7:30
    on observe trop souvent
    des personnes qui ont été sacrifiées.
  • 7:30 - 7:33
    On connait les causes
    qui associent les femmes au crime :
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    les problèmes de santé mentale,
  • 7:36 - 7:41
    la toxicomanie, et pour la plupart
    de ces détenues,
  • 7:41 - 7:48
    la violence à un moment donné de leur vie.
  • 7:48 - 7:50
    Je peux vous affirmer
  • 7:50 - 7:55
    que quand une fille n'a pas la sécurité
    qu'elle mérite d'avoir,
  • 7:55 - 7:59
    trop souvent, son éducation est
    interrompue prématurément.
  • 7:59 - 8:03
    Or, nous savons qu'un enfant
    qui ne va plus au lycée
  • 8:03 - 8:06
    voit les risques d'aller en prison
    augmenter fortement.
  • 8:08 - 8:11
    Ces femmes avec qui j'ai fait mon temps,
  • 8:11 - 8:13
    la plupart d'entre elles, voyez-vous,
  • 8:13 - 8:19
    n'ont jamais eu le moindre espoir
    de faire partie d'une institution
  • 8:19 - 8:25
    aussi productive que l'université
    pour femmes où je suis allée.
  • 8:26 - 8:28
    Je crois que la plupart des gens,
  • 8:28 - 8:31
    s'ils avaient rencontré ces femmes
    avec qui j'ai partagé mon temps,
  • 8:31 - 8:34
    auraient vu que leur enfermement
  • 8:34 - 8:36
    dans une institution pénitentiaire
  • 8:36 - 8:42
    était futile et absurde
  • 8:42 - 8:44
    car la plupart d'entre elles
  • 8:44 - 8:50
    avaient commis des délits
    mineurs et non violents.
  • 8:52 - 8:56
    J'aimerais pouvoir affirmer
    que l'administration fédérale des peines
  • 8:56 - 9:03
    faisait tout ce qu'elle peut pour cultiver
    la perspicacité, la curiosité,
  • 9:03 - 9:06
    la détermination
    et toutes les autres qualités
  • 9:06 - 9:08
    que j'ai décrites
  • 9:08 - 9:11
    et faisait tout ce qu'elle pouvait
    pour reconnaitre ces qualités,
  • 9:11 - 9:14
    les cultiver et les orienter
  • 9:14 - 9:19
    vers quelque chose susceptible de créer
    un avenir meilleur pour ces femmes
  • 9:19 - 9:21
    après la prison.
  • 9:21 - 9:24
    Hélas, je ne peux rien dire de tout cela.
  • 9:25 - 9:26
    Bien.
  • 9:28 - 9:32
    Toutes ces femmes
    avec qui j'ai fait mon temps,
  • 9:32 - 9:35
    elles méritent la même chance que moi.
  • 9:35 - 9:38
    Elles méritent leur chance
    d'aller à l'université.
  • 9:38 - 9:43
    Elles méritent de faire partie
    d'une institution productive.
  • 9:43 - 9:47
    Et pour voir cela arriver,
  • 9:47 - 9:50
    nous devons focaliser nos efforts
    pour faire des prisons
  • 9:50 - 9:55
    pas uniquement des lieux de pénitence
    mais aussi des lieux d'éducation.
  • 9:57 - 9:59
    Certaines de ces femmes,
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    malgré les chances contre elles,
  • 10:01 - 10:04
    sont rentrées à la maison
    et elles ont réussi.
  • 10:04 - 10:08
    Elles ont obtenu un diplôme universitaire,
    malgré une situation vraiment contraire
  • 10:08 - 10:12
    et elles se sont créé une vie incroyable
    après leur libération.
  • 10:12 - 10:15
    Mais cela n'aurait-il pas eu plus de sens
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    de faire tout cela
    pendant leur temps en prison ?
  • 10:18 - 10:24
    On peut arrêter de gaspiller
    du temps et de l'argent,
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    et on peut arrêter de gaspiller
    le potentiel humain
  • 10:28 - 10:35
    en assurant une éducation supérieure
    aux personnes en situation d'incarcération
  • 10:35 - 10:39
    qui en ont besoin, et qui sont prêtes
    à consentir les efforts nécessaires.
  • 10:39 - 10:44
    Dans notre pays, il y a d'excellents
    programmes d'études universitaires.
  • 10:44 - 10:46
    Mais il y en a trop peu.
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    Il y a des programmes fabuleux,
  • 10:48 - 10:51
    comme le « College and Community
    Fellowship for Women, »
  • 10:51 - 10:55
    le « Hudson Link »
    ou le « Bard Prison Initiative ».
  • 10:55 - 11:00
    Nous savons maintenant que nous avons
    besoin de plus de programmes.
  • 11:00 - 11:04
    Pour y arriver, nous devons
    ré-instaurer les bourses Pell
  • 11:04 - 11:06
    et garantir que l'assistance
    aux frais académiques
  • 11:06 - 11:12
    pour les prisonniers
    est à nouveau disponible.
  • 11:12 - 11:16
    Il est également indispensable
  • 11:16 - 11:20
    que les hautes écoles
    et universités dans le pays
  • 11:20 - 11:26
    forgent des relations directes
    avec les centaines de prisons
  • 11:26 - 11:28
    que nous avons construites partout.
  • 11:29 - 11:32
    il faut que ces institutions académiques
  • 11:32 - 11:36
    mettent fin à la discrimination à l'entrée
  • 11:36 - 11:43
    qui pénalise les 60 millions d'Américains
    qui ont un casier judiciaire.
  • 11:44 - 11:46
    Bien.
  • 11:46 - 11:52
    J'ai appris en prison que le gouvernement
    peut vous dérober
  • 11:52 - 11:55
    tout, littéralement.
  • 11:55 - 12:01
    Il peut prendre vos bijoux,
    vos sous-vêtements, votre dignité.
  • 12:01 - 12:04
    Mais il ne pourra jamais
    reprendre votre éducation.
  • 12:04 - 12:09
    Il ne pourra jamais dérober votre capacité
    à penser de manière critique.
  • 12:09 - 12:14
    Il ne pourra jamais vous prendre
    votre capacité à appréhender le monde
  • 12:14 - 12:20
    et à percevoir votre vie
    dans un contexte plus grand.
  • 12:20 - 12:23
    Or, c'est ce que vous offre l'éducation.
  • 12:23 - 12:24
    On me demande parfois :
  • 12:24 - 12:29
    « Piper, quelle serait ta vie
    si tu n'avais jamais été en prison ?
  • 12:29 - 12:31
    Peux-tu imaginer ça ? »
  • 12:31 - 12:35
    Je dois vous avouer que je peux
    imaginer ça très facilement.
  • 12:35 - 12:36
    (Rires)
  • 12:36 - 12:39
    Mais c'est impossible d'imaginer
  • 12:39 - 12:43
    ce que serait ma vie
    sans éducation universitaire,
  • 12:43 - 12:47
    tant la transformation
    qu'elle apporte est profonde.
  • 12:47 - 12:50
    Elle change la manière dont on se perçoit.
  • 12:50 - 12:53
    Elle change la manière
    dont on appréhende le monde.
  • 12:53 - 12:57
    Elle change la manière
    dont on résout les problèmes.
  • 12:58 - 13:03
    Chacune des femmes que j'ai rencontrée
    durant mon incarcération mérite ça,
  • 13:03 - 13:06
    mérite cette trasnsformation.
  • 13:06 - 13:10
    Si on veut que les gens
    en prison changent,
  • 13:10 - 13:13
    il faut leur fournir
    les outils pour changer.
  • 13:13 - 13:16
    Ils doivent obtenir
    les outils de la transformation,
  • 13:16 - 13:21
    c'est-à-dire l'éducation, pure et simple.
  • 13:21 - 13:22
    Merci.
  • 13:22 - 13:24
    (Applaudissements)
Title:
L'institution qui va vous transformer | Piper Kerman | TEDxMuncyStatePrison
Description:

Piper Kerman est l'auteure du mémoire best-seller « L'Orange lui va si bien : une année dans une prison de femmes » [Orange is the New Black]. Elle relate l'importance de l'éducation pour les personnes en milieu carcéral en tant qu'investissement dans leur réinsertion. Elle compare et met en contraste son temps au sein de deux institutions pour femmes : le Smith College et la prison fédérale.

Mme Kerman est actuellement consultante en communication auprès d'organisations à but non lucratif ou philanthropiques. Elle est régulièrement conviée à prendre la parole devant les auditoires de facultés de droit et de criminologie, d'étude des genres, de sociologie et d'écriture créative. Elle est également invitée à prendre la parole devant les organisations pénitentiaires et responsables de réforme judiciaire.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http: //ted. com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
13:32

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