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Je m'appelle Tahar Ben Jelloun.
Je suis né il y a 50 ans à Fès,
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une ville formidable au Maroc.
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Et je suis écrivain, c'est à dire
je raconte des histoires.
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Je les raconte en français, alors
que j'ai une culture bilingue.
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J'ai choisi très tôt le français
parce que pour moi
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c'était un défi de m'exprimer
dans une langue
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qui n'est pas celle de ma mère
ou de mon père.
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C'est un peu vouloir s'emparer
de quelque chose qui
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n'a été pas donné, qui n'a pas
été acquis pendant l'enfance.
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Et essayer de s'exprimer
dans cette langue,
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tout en la transformant un petit
peu, tout en l'amenant à vivre
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dans d'autres contrées,
dans d'autres mémoires,
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dans d'autres imaginaires.
Et ça, c'est très intéressant.
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Si, par exemple, des Européens
écrivaient en arabe,
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je serais moi, ravi de pouvoir
les lire parce que je saurais
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beaucoup plus de choses
sur ma société
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que s'ils écrivaient uniquement
en français.
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Et en même temps, on a
parqué les écrivains
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francophones dans une espèce
de ghetto, qui fait que
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n'y appartiennent que les
Africains, les Arabes
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et quelques Belges et Suisses,
ou Canadiens, Québécois.
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Alors que pour moi la Francophonie,
c'est la langue française.
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Donc, je ne comprends pas
pourquoi les écrivains
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pourquoi Balzac ne
serait pas francophone.
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Or, si vous dites aujourd'hui :
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"Balzac est un écrivain
francophone", on vous dit :
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Non ! Balzac est un écrivain français".