Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012.
-
0:43 - 0:47- Y a les Indiens d'Amérique aussi, si je peux me permettre, certaines peuplades...
-
0:47 - 0:54- Alors, en Amérique la démocratie... - Le chef qui était élu comme chef c'était juste pour pouvoir se plaindre envers eux,
-
0:54 - 0:55mais ils avaient vraiment pas de pouvoir, quoi.
-
0:55 - 0:58- C'est génial ça. Les Amérindiens, c'est un autre exemple de démocratie
-
0:58 - 1:03à part Athènes ça ; mais on parle plus de processus constituant, là, mais... c'est intéressant quand même.
-
1:03 - 1:08Un autre exemple de démocratie à part Athènes, qui est un gros exemple pendant 200 ans,
-
1:08 - 1:10ça c'est un truc très robuste où ils étaient très organisés et l'organisation
-
1:10 - 1:15nous intéresserait aujourd'hui... Dans les sociétés amérindiennes, notamment chez les Iroquois.
-
1:15 - 1:23Mais presque tous les Amérindiens, donc les Indiens d'Amérique, avaient des chefs, mais des chefs
-
1:23 - 1:26qui n'avaient de pouvoir que en période de guerre. Donc en période de guerre les chefs avaient du pouvoir.
-
1:26 - 1:31Mais en période de paix, les chefs n'avaient pas de pouvoir. Donc ils avaient leurs plumes,
-
1:31 - 1:37ils avaient un trône, y avait un siège pour le chef... En fait, tout se passait comme si les Indiens
-
1:37 - 1:43avaient peur des voleurs de pouvoir. Et comme s'ils prévoyaient tout ce qu'il faut pour que la place
-
1:43 - 1:47du chef existe, pour que comme ça il y ait quelqu'un dedans, pour que le voleur de pouvoir
-
1:47 - 1:51puisse pas y aller, y a déjà un chef... y a déjà un chef. Mais par contre le chef il est là,
-
1:51 - 1:57il prend la place du chef mais, il a pas de pouvoir. Il a pas de pouvoir et on va lui montrer tous les jours
-
1:57 - 2:01qu'il n'a pas de pouvoir. C'est-à-dire que c'est lui qui va nous faire des cadeaux. D'abord quand on va le nommer,
-
2:01 - 2:04c'est nous qui allons le nommer, et il pourra pas refuser - c'est comme ça que ça marchait, hein -
-
2:04 - 2:08et puis une fois qu'il était nommé il fallait qu'il nous fasse des cadeaux. Et puis toute la journée,
-
2:08 - 2:12le chef, là, il blablatait, il palabrait, il parlait, blablablablabla... et on lui passe devant
-
2:12 - 2:18sans même le regarder. On l'ignore. On le... pour bien lui montrer que c'est le chef,
-
2:18 - 2:23mais c'est pas le chef, quoi. C'est rigolo ça, hein ? C'est-à-dire toutes les procédures
-
2:23 - 2:28que les Amérindiens mettaient en place eux-mêmes, pour se protéger déjà des abus de pouvoir.
-
2:28 - 2:32C'était autre chose que les Athéniens, mais c'est du même... c'est la même famille je trouve, c'est tout à fait ça.
-
2:32 - 2:36C'est intéressant pour nous de... Alors, à mon avis, c'est moins robuste. Je vois pas bien comment
-
2:36 - 2:39est-ce qu'on pourrait appliquer la même chose alors que... Vous allez voir que la démocratie athénienne,
-
2:39 - 2:43y a plein d'idées qui viennent et on se dit : ça c'est intéressant, ça ça m'intéresse, ça m'intéresse...
-
2:43 - 2:47Y a plein de choses qu'on peut prendre aux Athéniens, alors qu'aux Amérindiens...
-
2:47 - 2:52Je nous vois pas, je nous vois mal avec un chef qui bavarderait, et puis on lui passerait devant en l'ignorant.
-
2:52 - 3:03Ça va bien pour les toutes petites, toutes petites sociétés ça... Où est-ce que j'en étais ? Alors...
-
3:03 - 3:12Je vais reprendre mon fil parce que... Je m'étais arrêté à l'élection. Il y a 200 ans tout le monde savait que l'élection
-
3:12 - 3:16est aristocratique. Aujourd'hui on a complètement oublié, puisque je vous dis, tous les jours
-
3:16 - 3:22on nous rappelle que élection égale démocratie, démocratie égale élection... Il y a 200 ans, si on avait dit
-
3:22 - 3:26à quelqu'un, si vous aviez dit à Montesquieu, si vous aviez dit à Rousseau, si vous aviez dit
-
3:26 - 3:32à un penseur politique du XVIIIème, XVIIème, XVIème... sur 2 000 ans, 2 500 ans, vous auriez dit
-
3:32 - 3:36à quelqu'un, un politologue : élection égale démocratie, il aurait dit : ça va pas lui ?
-
3:36 - 3:42Tout le monde savait que l'élection est aristocratique. Mais c'est par définition !
-
3:42 - 3:48Élection, élire, c'est choisir ! C'est vrai ou c'est pas vrai ? Élire, c'est choisir ;
-
3:48 - 3:52et choisir, vous allez pas choisir le pire : vous choisissez le meilleur. Par définition,
-
3:52 - 3:59vous choisissez le meilleur. Et le meilleur, c'est aristos. Aristos ça veut dire le meilleur. Aristos c'est...
-
3:59 - 4:07Aristocratie, c'est le pouvoir des meilleurs. Donc... c'est pas étonnant ! C'est pas étonnant
-
4:07 - 4:14qu'avec un régime fondé sur l'élection, on ait un régime aristocratique au début ; c'est-à-dire qu'au début,
-
4:14 - 4:18on choisit effectivemennt les meilleurs, et puis petit à petit y a des biais, des travers,
-
4:18 - 4:23et on élit plus les meilleurs, on élit une petite caste... Aristote déjà nous disait : « Toutes les aristocraties
-
4:23 - 4:30dérivent, se dégradent, dégénèrent en oligarchie. » C'est-à-dire le pouvoir d'un petit nombre,
-
4:30 - 4:36mais pas les meilleurs. Si nous arrivions... Et ça on peut peut-être le faire ensemble... c'est... génial ça,
-
4:36 - 4:38c'est vachement intéressant parce que si ça se trouve on pourrait imaginer un meilleur système
-
4:38 - 4:45que la démocratie ! Un système d'aristocratie tellement bien verrouillé, tellement bien pensé que nous aurions vraiment les meilleurs !
-
4:45 - 4:49Les meilleurs d'entre nous ! Et qui devraient prouver tous les jours
-
4:49 - 4:53qu'ils sont les meilleurs ! Et dès qu'ils sont plus les meilleurs, on les vire ! Alors y aurait plus les meilleurs,
-
4:53 - 4:57y aurait plus les aristocrates héréditaires, parce que ça c'est une dérive mortifère ;
-
4:57 - 5:02enfin, quand l'aristocrate il est héréditaire, c'est plus le meilleur ! L'enfant du meilleur...
-
5:02 - 5:05Ou peut-être que le meilleur, il était bon à la guerre...
-
5:05 - 5:09On estimait que c'était le meilleur, d'accord, mais son enfant, il n'y a aucune raison
-
5:09 - 5:12qu'il soit lui aussi le meilleur... Dès que c'est devenu héréditaire, ils ont morpionné le truc.
-
5:12 - 5:15Mais on pourrait imaginer... Je vais pas ouvrir trop longtemps la parenthèse sur l'aristocratie,
-
5:15 - 5:21parce que... mais gardez ça dans un coin de votre tête. Je suis... par le jeu des controverses,
-
5:21 - 5:26des conférences, je me retrouve à être le défenseur du tirage au sort et même de la démocratie athénienne pur jus,
-
5:26 - 5:30pour montrer que c'est possible, que c'était pas si mal que ça, qu'il y a des tas de choses à en tirer.
-
5:30 - 5:34Mais je suis tout à fait capable d'imaginer une amélioration du gouvernement représentatif,
-
5:34 - 5:39voire même, une aristocratie, peut-être même... Là je vais peut-être vous faire dresser
-
5:39 - 5:42les cheveux sur la tête, mais je pousse le bouchon pour vous montrer comme je suis... Je suis open
-
5:42 - 5:47là-dessus... Même royaliste ! Mais pas royaliste au sens des Versaillais, hein,
-
5:47 - 5:53parce que là c'étaient des affreux, hein, mais royaliste avec une royauté constitutionnelle
-
5:53 - 5:58dans laquelle on a tout bien pensé... nous ! Tout le monde... pas eux, hein ;
-
5:58 - 6:01il faut pas que ça soit eux qui écrivent des règles pour eux-mêmes. Mais si le peuple lui-même
-
6:01 - 6:10a inventé des règles robustes, astucieuses pour que le roi - parce qu'il veut un roi - n'exagère jamais,
-
6:10 - 6:15quand il exagère on s'en débarasse, on en met un autre à la place ;
-
6:15 - 6:21ben, ça me dérange pas si vous voulez. Ce qui m'intéresse, ce que je cherche, c'est un régime robuste,
-
6:21 - 6:27durable, qui nous protège tous contre les abus de pouvoir. Et la démocratie ça marche drôlement bien
-
6:27 - 6:32là-dessus... Il faut vraiment que j'arrive à vous parler de la... On va bientôt mettre notre schéma,
-
6:32 - 6:36je vais vous parler de la démocratie athénienne ; mais y a plein de choses très utiles
-
6:36 - 6:38contre les oligarques dans la démocratie athénienne. Oui ?
-
6:38 - 6:41- Si c'était si bien pourquoi ils sont passés à autre chose ? Ils ont abandonné ou...
-
6:41 - 6:46- Alors ça c'est une des objections. Ben, je peux y répondre parce que c'est pas très long.
-
6:46 - 6:51Mais il y aura des objections, bien sûr, mais les objections c'est : si c'était formidable,
-
6:51 - 6:56on aurait continué. Alors, attends, si c'était formidable pour les 99 %, c'était pas formidable pour les 1 %.
-
6:56 - 7:01Or les 1%, ils étaient riches, hein ; ils étaient les philosophes, les Platon, Aristote,
-
7:01 - 7:05tous ces gens-là parlaient de la démocratie, décrivaient la démocratie, mais détestaient la démocratie.
-
7:05 - 7:11Platon, Aristote et pratiquement tous les philosophes, hein, y avait que les... les sophistes
-
7:11 - 7:15qui aimaient la démocratie et qui formaient les gens à... qui leur apprenaient à parler, qui leur apprenaient
-
7:15 - 7:21à se défendre, donc qui étaient des démocraties et qui le faisaient... et qui faisaient payer...
-
7:21 - 7:25Et Platon s'en moquait. Il s'en moquait en disant : « Qui c'est ces gens qui apprennent aux gens à parler,
-
7:25 - 7:30qui leur apprennent à mentir ? » Non, ils leur apprenaient pas à mentir ; ça c'est Platon
-
7:30 - 7:33qui le dit parce qu'il aimait pas la démocratie. Ils leur apprenaient à s'exprimer, à s'exprimer
-
7:33 - 7:38en faisant... en défendant bien leur point de vue, en mettant correctement en valeur les arguments...
-
7:38 - 7:45Et la plupart des philosophes étaient contre la démocratie. Et donc pendant 200 ans,
-
7:45 - 7:48les Athéniens qui étaient armés... C'est pas un détail, ils étaient pas que armés, ils étaient armés
-
7:48 - 7:51et c'étaient des soldats, c'est-à-dire qu'ils étaient armés et savaient se servir de leurs armes.
-
7:51 - 7:55Et à mon avis, c'est l'une des conditions de faisabilité. Je suis désolé,
-
7:55 - 7:57je suis moi-même complètement pacifique et désarmé ; je suis complètement à poil, hein,
-
7:57 - 8:02j'ai pas d'arme... Donc, j'ai été dressé comme ça et j'ai été complètement... Mais c'est un conditionnement, ça,
-
8:02 - 8:06et à cinquante ans je m'aperçois que je me suis peut-être fait un petit peu rouler
-
8:06 - 8:12quand même, parce que je vois bien que les gens non armés se font massacrer régulièrement !
-
8:12 - 8:16Faut écouter Guillemin, quoi ! Je vais pas développer, mais c'est pas des mots en l'air j' veux dire.
-
8:16 - 8:21Y a des périodes de calme, et puis dès que nous nous mettons en tête d'arrêter
-
8:21 - 8:27d'être oppressés en disant : « Ça suffit l'oppression ! » Ceux qui sont pas armés s'en mordent les doigts, quoi.
-
8:27 - 8:31Bon je développe pas là-dessus ; enfin, c'est un sujet de discussion, parce qu'il y a plein de gens...
-
8:31 - 8:37... des gens progressistes, de gauche et qui ont fait une croix sur les armes en disant :
-
8:37 - 8:41« Il faut que ce soit non violent, absolument. » Et quand je dis ça... « Qu'est-ce qu'il me raconte, lui !? »...
-
8:41 - 8:44Ben oui, je sais bien, moi aussi j'étais comme ça, mais je suis en train de me dire que...
-
8:44 - 8:50... mais bon, c'est un débat ! Peut-être que j'ai tort, hein, mais bon, on verra, on en discutera. En tout cas, ces gens-là
-
8:50 - 8:55qui étaient armés ont pu pendant 200 ans imposer la démocratie en se débarrassant des oligarques.
-
8:55 - 8:58C'est-à-dire que quand il y en avait un, ils le zigouillaient, ou ils le mettaient...
-
8:58 - 9:01Alors ils le zigouillaient pas tout le temps, hein, ils pouvaient l'ostraciser ; on verra, c'est l'une des procédures.
-
9:01 - 9:05Donc ils s'en débarassaient, mais ils s'en occupaient, quoi, ils surveillaient, ils avaient leurs globules blancs.
-
9:05 - 9:13Et pendant 200 ans les philosophes ont méthodiquement écrit des centaines de pages
-
9:13 - 9:23pour expliquer que le coeur battant, le rouage central, la condition sine qua non de la démocratie,
-
9:23 - 9:30c'est le tirage au sort. Parfaitement identifié par les philosophes, et ça c'est mon explication du truc.
-
9:30 - 9:35C'est-à-dire que les Athéniens, ils ont fait... Bon, on pourra le prévoir d'ailleurs dans notre propre démocratie,
-
9:35 - 9:39faudra qu'on craigne ce danger : c'est-à-dire qu'ils ont fait des envieux ou des ennemis tout autour,
-
9:39 - 9:42donc les riches se sont coalisés autour. L'armée de Philippe de Macédoine est devenue un monstre,
-
9:42 - 9:48qui est devenue invincible pour eux. Et ils ont fini par perdre une guerre. Mais c'est contingent, ça,
-
9:48 - 9:51c'est accessoire, c'est non nécessaire, c'est pas... c'est non obligatoire, ça aurait pu ne pas arriver,
-
9:51 - 9:55c'est contingent. En tout cas, il se trouve qu'ils ont perdu une guerre. Ils ont perdu une guerre
-
9:55 - 10:02alors que le matériel idéologique, le matériel intellectuel pour que ça n'arrive plus jamais était là.
-
10:02 - 10:08Ils avaient compris. Après 200 ans, les voleurs de pouvoir qui sont pas arrivés à voler le pouvoir
-
10:08 - 10:13pendant 200 ans grâce au tirage au sort... C'est mon explication, c'est chouardesque, hein.
-
10:13 - 10:18Je m'appuie pas sur un bouquin pour vous dire ce que je dis là. Enfin, c'est ce que je lis dans les bouquins
-
10:18 - 10:23qui me fait deviner ça, mais c'est mon explication. Y en a peut-être d'autres que je rate, hein,
-
10:23 - 10:29parce que je suis pas omniscient, évidemment. Mais il me semble que si la démocratie
-
10:29 - 10:37n'a plus jamais pu avoir lieu, c'est parce que sa procédure centrale, indispensable
-
10:37 - 10:43- quand on fera le schéma, ça vous apparaîtra que c'est indispensable -, sa procédure centrale
-
10:43 - 10:47a été très correctement identifiée par les philosophes, qui en parlent tous très clairement. Tous les philosophes
-
10:47 - 10:56parlent très clairement du tirage au sort comme la règle de base d'une démocratie.
-
10:56 - 10:59Et si vous retirez le tirage au sort et que vous mettez l'élection vous n'avez plus de démocratie.
-
10:59 - 11:02- Ma remarque c'était pas pour vous dire que c'était pas bien, ma remarque
-
11:02 - 11:06c'est pour vous faire comprendre que ça demande beaucoup d'efforts...
-
11:06 - 11:08- Ah oui, oui, ça demandera des efforts, oui, je sais bien ça...
-
11:08 - 11:11- ... et que peut-être la nature humaine tend vers ce qu'on est actuellement...
-
11:11 - 11:12- Oui, oui, oui, absolument !
-
11:12 - 11:13-... et que ça sera toujours comme ça, parce que on est des...
-
11:13 - 11:17- Alors, peut-être que vous avez raison, j'espère que non. Alors je répète avec le micro
-
11:17 - 11:24pour que tout le monde ait entendu. L'objection consiste à dire... il s'agit pas de dire que la démocratie est mal.
-
11:24 - 11:29Il s'agit de dire que puisque ça n'est jamais advenu à nouveau, c'est peut-être
-
11:29 - 11:34que la nature de l'homme n'y tend pas et qu'elle tend à l'oligarchie et qu'elle tend à...
-
11:34 - 11:37Alors, j'espère que vous avez tort. Peut-être que vous avez raison, je sais ça.
-
11:37 - 11:43Et je sais bien, je sais bien, il n'est pas question d'imposer la démocratie.
-
11:43 - 11:45Si on a... C'est comme le communisme, si on impose le communisme,
-
11:45 - 11:48ça fait une boucherie... À chaque fois qu'on l'impose, c'est une boucherie absolue !
-
11:48 - 11:54Nous n'aurons la démocratie que quand nous l'aurons... D'abord quand nous arrêterons d'appeler
-
11:54 - 11:57« démocratie » son contraire. Donc faut qu'on sache déjà de quoi on parle, donc faut qu'on ait remis
-
11:57 - 12:02les mots à l'endroit, et que nous la voulions ! C'est-à-dire qu'il faut qu'on ait pesé les avantages,
-
12:02 - 12:07les inconvénients ; ça va nous demander plus de travail ; ça va nous apporter plus de protections
-
12:07 - 12:11contre les abus de pouvoir et contre les injustices, mais ça va nous demander plus de travail.
-
12:11 - 12:15Est-ce que nous y sommes prêts ? Est-ce que nous la voulons ? Est-ce que nous avons été suffisamment
-
12:15 - 12:22nombreux et convaincants pour convaincre une multitude d'y adhérer ?
-
12:22 - 12:26C'est pas parce qu'on n'y est pas arrivés encore qu'on n'y arrivera pas. Je répète qu'Internet
-
12:26 - 12:30est un outil qui nous permet de nous découvrir.
-
12:30 - 12:36On se serait jamais découvert avant Internet. Internet nous rend les connexions et la progression du groupe
-
12:36 - 12:41infiniment plus rapide... elle rend possible et tellement rapide que ça permet de rêver quand même.
-
12:41 - 12:45Parce que il y a quand même plein de gens qui sont capables de faire un bilan coûts/avantages
-
12:45 - 12:49en disant : bon, je vais travailler un peu plus, mais en même temps comme je vais me débarrasser de mes parasites banquiers...
-
12:49 - 12:54Donc je vais me libérer des milliers de milliards de ressources ! Je vais avoir besoin
-
12:54 - 12:58de beaucoup moins travailler quand j'aurai repris le contrôle public de la monnaie, hein ? C'est un sujet...
-
12:58 - 13:02C'est complètement lié, hein. Je vous en parlerai moins ce soir, mais faudra que vous regardiez les conférences,
-
13:02 - 13:08elles sont sur le Net. Mais ce que j'ai à vous dire sur la monnaie, c'est pas autre chose qui n'a rien à voir.
-
13:08 - 13:13C'est complètement intriqué comme deux organes d'un même corps, quoi, hein...
-
13:13 - 13:19On récupérera pas la création monétaire sans la Constitution, sans écrire nous-mêmes la Constitution,
-
13:19 - 13:27et on n'établira pas la prospérité et le peu de travail... avec un travail raisonnable, en travaillant
-
13:27 - 13:32deux fois moins, en travaillant deux jours par semaine, quoi ; on n'arrivera pas à une prospérité
-
13:32 - 13:36avec une une émancipation intellectuelle... parce que quand on travaillera moins, on pourra faire de la philo,
-
13:36 - 13:43de la musique, l'amour... des tas de choses qu'on fait plutôt mal ou pas du tout,
-
13:43 - 13:51parce qu'on est abrutis de travail ! Mais vous savez que la productivité a quadruplé, quintuplé, décuplé
-
13:51 - 13:57depuis la Deuxième Guerre mondiale. La productivité, notre travail est de plus en plus efficace,
-
13:57 - 14:02mais dans des proportions énormes !, depuis quarante ans. Est-ce qu'on travaille moins ?
-
14:02 - 14:07Non, on travaille pareil... quasiment... à une demi-heure par semaine... On travaille pareil,
-
14:07 - 14:13mais c'est parce qu'y a un truc : on a des parasites sur le dos. Je le dis violemment, mais c'est... quand je vous écoute...
-
14:13 - 14:17Je pourrais dire les Versaillais, comme on disait au moment de la Commune ; ceux qui étaient...
-
14:17 - 14:22... ceux qui se sont rassemblés autour de la commune de Paris... donc les riches, hein,
-
14:22 - 14:25ceux qui s'étaient faits prendre... enfin qui s'étaient faits prendre... ceux qui avaient abandonné
-
14:25 - 14:28le pouvoir ; parce que les communards ont pas pris le pouvoir... On est encore en train d'ouvrir
-
14:28 - 14:34une parenthèse. Les Versaillais, en fait c'est... Les gens du pouvoir, les Thiers et compagnie
-
14:34 - 14:41qui se sont barrés, ils ont déserté Paris. Ils ont eu peur, l'armée n'a pas obéi, ils ont dit : oh la la,
-
14:41 - 14:45l'armée n'obéit pas, hop, on fout le camp ! Et ils sont allés à Versailles. Et là ils ont fabriqué
-
14:45 - 14:57une armée énorme pour revenir ensuite massacrer les communards.
-
14:57 - 15:01Donc... oui, oui, peut-être que vous avez raison, peut-être que ça n'adviendra pas parce que nous ne le voulons pas,
-
15:01 - 15:07mais il me semble que dans la ferveur que je trouve autour de cette idée qui va grandissant depuis un an,
-
15:07 - 15:12là... ça avance bien, il me semble, je trouve qu'il y a plein de gens qui voient bien... qui voient bien
-
15:12 - 15:17ce que c'est qu'une vraie démocratie, qui découvrent les leçons d'Athènes.
-
15:17 - 15:20Alors on prend pas tout dans Athènes, hein, y a des choses qu'on veut pas dans Athènes, évidemment,
-
15:20 - 15:24mais y a des choses qui sont vraiment sexys, attrayantes, enfin intéressantes à Athènes, et donc...
-
15:24 - 15:30Je trouve que cette... Y a une novation, quelque chose de nouveau qui nous rend
-
15:30 - 15:35une perspective possible, je trouve, qui me rend pas défaitiste.
-
15:35 - 15:38- Dans le cas d'Athènes...
-
15:38 - 15:39- Oui ?
-
15:39 - 15:44- Dans le cas d'Athènes quel était le pourcentage des gens qui habitaient à Athènes
-
15:44 - 15:49qui étaient susceptibles de prendre une décision ?
-
15:49 - 15:53- Ça va être une colle ça... Quel était le pourcentage des Athéniens qui étaient susceptibles
-
15:53 - 15:56de rendre une décision ? Vous parlez des êtres vivant à Athènes ou vous parlez des citoyens ?
-
15:56 - 15:58- Je parle des êtres vivants, bien sûr.
-
15:58 - 16:05- Ah ben non, mais... Pourquoi ?
-
16:05 - 16:07Comment ? Mais oui mais...
-
16:07 - 16:12- ... des êtres vivants qui sont moins être vivants que d'autres ?
-
16:12 - 16:14- Bah, bien sûr. - Les femmes et les esclaves...
-
16:14 - 16:16- Les femmes, les esclaves, les chiens,
-
16:16 - 16:18les chats, les enfants, les étrangers, enfin y a...
-
16:18 - 16:20- On s'est bien compris : on parle d'êtres humains vivants.
-
16:20 - 16:26- Ah vous voyez... Et moi je mettrais les animaux aussi, hein. Donc y a des débats,
-
16:26 - 16:35y a des débats sur : qu'est-ce qu'est le peuple ? J'espère que vous n'imaginez pas
-
16:35 - 16:40que je suis esclavagiste ou phallocrate. Je n'imagine pas une seconde une démocratie
-
16:40 - 16:45sans les femmes ou avec des esclaves ; vous imaginez bien ! Bah, ça fait une heure que je parle,
-
16:45 - 16:50vous avez bien compris que le truc c'est pas... Ce qui m'intéresse à Athènes,
-
16:50 - 16:56c'est qu'il y avait dans le peuple de l'époque... Et il faut comprendre que c'est pas raisonnable
-
16:56 - 17:02de juger, de le juger en termes de jugement de valeur, un peuple d'il y a 2500 ans avec nos valeurs
-
17:02 - 17:06d'aujourd'hui ! Ça s'appelle un anachronisme. On fait une erreur, on est en train de faire quelque chose
-
17:06 - 17:11qui n'a pas de sens. Quand nous serons, nous, aujourd'hui, jugés par nos petits, petits petits
-
17:11 - 17:15petits enfants, qui auront fini de manger de la viande et de tuer les animaux depuis longtemps ;
-
17:15 - 17:19ils fabriqueront de la viande artificielle qui sera bien meilleure encore que la viande qu'on connaît
-
17:19 - 17:23aujourd'hui, mais bien meilleure ! Et ils auront plus du tout besoin de tuer les animaux. Les animaux
-
17:23 - 17:27ce seront leurs amis, leurs frères, ils auront même appris à leur parler... Ils auront appris que,
-
17:27 - 17:33finalement, les animaux parlent, et ils parleront avec eux. Et quand ils sauront, quand ils nous jugeront aujourd'hui,
-
17:33 - 17:37nous qui les mangeons, qui les mettons dans des camps de concentration nazis !
-
17:37 - 17:42Là c'est pas une exagération, c'est véritablement de la torture qu'on impose aux animaux
-
17:42 - 17:48pour pouvoir les manger pour pas cher. Quand ils nous jugeront, ils diront : mais c'étaient,
-
17:48 - 17:52c'étaient des monstres ! Est-ce que vous êtes un monstre ? Non ! Faut être jugé
-
17:52 - 17:57avec les critères de l'époque. Je dis ça pour que vous compreniez, mais je pense que vous l'auriez fait
-
17:57 - 18:03sans moi, que à l'époque d'Athènes, tous les peuples du monde étaient esclavagistes.
-
18:03 - 18:06Tous les peuples du monde traitaient mal leurs femmes. D'ailleurs le traitement, le mauvais traitement des femmes,
-
18:06 - 18:10ça continue encore aujourd'hui. Je sais pas si ça vous a échappé que les femmes
-
18:10 - 18:15ne sont encore pas traitées comme les hommes, pas du tout. Et y a quelques dizaines d'années,
-
18:15 - 18:19elles n'avaient même pas le droit de vote ! Donc c'est... Y a pas que les Athéniens qui étaient des barbares
-
18:19 - 18:25dont il faudrait avoir peur. Non, c'est le peuple de l'époque. C'était... Y avait pas les femmes,
-
18:25 - 18:27y avait pas les esclaves, y avait pas les métèques - les métèques, on appelait comme ça les étrangers -
-
18:27 - 18:31et c'est pas... Ce que je veux vous dire c'est que c'est pas ça qui m'intéresse,
-
18:31 - 18:36et c'est évidemment pas ça que je vais recopier... C'est un procès... vous me faites pas ce procès, hein,
-
18:36 - 18:41j'ai compris, mais c'est un procès que nous font les élus !
-
18:41 - 18:43Les élus disent : « Mais Monsieur Chouard, vous êtes en train de défendre un régime esclavagiste !
-
18:43 - 18:50Seriez-vous esclavagiste ? » Non, je ne suis pas esclavagiste. Je dis : c'étaient des critères,
-
18:50 - 18:55c'étaient des caractéristiques de l'époque qui n'étaient pas nécessaires à la démocratie. La démocratie,
-
18:55 - 19:04par contre, dans le peuple de l'époque y avait 99 % de pauvres et 1 % de riches. Ah ! Ah tiens ça, par contre,
-
19:04 - 19:07ça ressemble ! Ah ben oui parce que ça, dans tous les pays du monde et à toutes les époques,
-
19:07 - 19:16c'est transversal, le 99 %/1 %, et ça existait déjà. Ah, ça existait déjà ! Et alors ? Et ben et alors,
-
19:16 - 19:21pendant 200 ans ces gens-là... Je sais qu'ils avaient pas les femmes, je sais qu'il y avait pas les...
-
19:21 - 19:30... mais écoutez ! Dans les citoyens, y avait 99 % de pauvres et 1 % de riches. Qui est-ce qui a dirigé pendant 200 ans ?
-
19:30 - 19:36Et pendant 200 ans les riches ont existé, hein ; ils ont existé et ils vivaient leur vie de riches,
-
19:36 - 19:39ils vivaient vachement bien, hein ! Ils étaient plus... ils vivaient plus confortablement que les autres, hein.
-
19:39 - 19:44Ils avaient plus d'esclaves, ils vivaient mieux que les autres, mais pendant 200 ans de tirage au sort,
-
19:44 - 19:55ceux qui ont dirigé, c'est les 99 %. Pendant 200 ans, les 1% de plus riches n'ont jamais dirigé.
-
19:55 - 20:01Ils ont vécu, ils ont vécu bien, ils ont vécu richement, ils ont vécu au milieu des autres,
-
20:01 - 20:07mais ils n'avaient pas le pouvoir politique. Le tirage au sort a permis pendant 200 ans... Écoutez bien,
-
20:07 - 20:11c'est ma façon de le dire, mais c'est ça qui fait que je me donne du mal pour comprendre le truc,
-
20:11 - 20:15pour être sûr que ça marche-ça marche pas ; et c'est ça qui m'intéresse parce que c'est ça qui est transposable.
-
20:15 - 20:21Pendant 200 ans, le tirage au sort a permis aux humains de l'époque qui faisaient société...
-
20:21 - 20:24Donc c'était plus petit que nous aujourd'hui, mais ça marcherait très bien en plus grand !
-
20:24 - 20:33Le tirage au sort leur a permis de désynchroniser, de découpler la richesse économique
-
20:33 - 20:39- donc la richesse - de la richesse politique, de la puissance politique. Des gens qui étaient pauvres,
-
20:39 - 20:45qui travaillaient dans les champs, allaient voter les lois. Alors qu'il y avait des gens qui vivaient
-
20:45 - 20:51dans des palais, ne pouvaient pas voter les lois. Enfin, ils allaient à l'assemblée comme tout le monde,
-
20:51 - 20:54mais comme ils étaient peu nombreux, ils pouvaient pas voter les lois.
-
20:54 - 20:55- Ils étaient exclus ou...
-
20:55 - 20:58- Non, ils étaient pas exclus, ils étaient citoyens, mais comme ils étaient pas nombreux,
-
20:58 - 21:00ils pouvaient pas décider. Oui ?
-
21:00 - 21:03- Au tirage au sort, on peut avoir un vrai con.
-
21:03 - 21:08- On peut avoir un vrai con, ou un salaud. - Oui. - On en parlera tout à l'heure, si vous voulez...
-
21:08 - 21:12Évidemment, évidemment, mais évidemment ! En tirant au sort on pouvait avoir un...
-
21:12 - 21:15- C'est pas parce qu'il est paysan qu'il sera con.
-
21:15 - 21:18- Mais bien sûr ! Non, non, mais c'est un malentendu. Donnez-moi... faites-moi encore crédit
-
21:18 - 21:23une seconde que je vous explique, mais vous allez voir que j'ai une réponse parfaite pour ça, vous allez voir !
-
21:23 - 21:27Une réponse costaud dont vous allez vous-mêmes pouvoir vous servir quand vous sortirez pour...
-
21:27 - 21:31Vous allez voir ! Elle est puissante cette objection, évidemment ; elle vient à l'esprit de tout le monde !
-
21:31 - 21:34« Enfin, si on tire au sort un con ! Enfin, quand même ! Ou un salaud ! »
-
21:34 - 21:44Y a plusieurs réponses à ça. Donc je finis sur celle-là... Oui ? Excusez-moi.
-
21:44 - 21:49- Oui... À Athènes, c'est bien gentil, mais y avait peut-être 40 000 citoyens.
-
21:49 - 21:52- Ah c'est encore une autre objection ; c'est le nombre. Ils étaient 40 000 citoyens et aujourd'hui
-
21:52 - 21:57on est 40 millions. Ah Monsieur Chouard, vous êtes en train de nous...
-
21:57 - 21:59- Ils étaient capables de se rassembler dans un seul lieu...
-
21:59 - 22:02- ... se rassembler dans un seul lieu. Comment on va faire pour se rassembler à 40 millions ?
-
22:02 - 22:09Bon j'ai une réponse à ça aussi, mais alors après, dans l'ordre.
-
22:09 - 22:13Alors non, non, mais ces objections, j'ai pas du tout l'intention de les éluder. Je vous jure
-
22:13 - 22:19que je ne vais pas éluder, même tricher avec la moindre de vos objections. On va les traiter très correctement. Oui ?
-
22:20 - 22:22- Quelqu'un qui maîtrise les outils aussi, une personne...
-
22:22 - 22:24... la communication, qui ait un savoir aussi...
-
22:24 - 22:25- ... qui ait un savoir...
-
22:25 - 22:26- ... et des diplômes...
-
22:26 - 22:29- Popopopop ! On va discuter, on va discuter ! - Je les appelle comme ça, mais peut-être... - Il faut qu'il soit compétent.
-
22:29 - 22:38- ... qu'il ait un savoir reconnu par les autres... - Il faut qu'il soit compétent. - Compétent...
-
22:38 - 22:41- Une autre objection repérée. Non, mais c'est super, c'est très bien ! On les a nos objections !
-
22:41 - 22:43- Les mots sont les mots, alors « diplôme » j'ai pas d'autre chose...
-
22:43 - 22:48- Oui oui, tout à fait ! Non mais je dis pas que l'objection est mauvaise, elle est tout à fait intéressante
-
22:48 - 22:57et il faut la traiter ! Il faut la traiter. De deux choses l'une : ou elle est fondée et irréfutable,
-
22:57 - 23:02et dans ce cas-là on arrête d'en parler, parce que c'est vrai, vous avez raison, le truc est par terre,
-
23:02 - 23:08voilà. C'était... y a objection, le truc est... n'est pas viable, ça marchera pas,
-
23:08 - 23:15c'est un truc gravissime. Ou bien l'objection est une première... c'est une première idée,
-
23:15 - 23:22une première pensée, et puis ah oui, mais y a ça... ah oui mais y a aussi ça et ça... Les Athéniens...
-
23:22 - 23:27Alors, je vais vous répondre globalement. Je vais vous répondre globalement parce qu'il y a d'autres objections
-
23:27 - 23:32qui ne vous sont pas encore venues à l'esprit, et qui vont vous venir à l'esprit
-
23:32 - 23:36quand vous serez sortis, ou qu'on va vous sortir. Je vais vous répondre, je vais vous donner une réponse
-
23:36 - 23:42aux objections qui vaut pour presque toutes ; peut-être pas pour la taille mais qui vaut...
-
23:42 - 23:51... qui est robuste. Les Athéniens étaient comme vous et moi, ils avaient les mêmes peurs que nous.
-
23:51 - 23:56Ils étaient pas fous du tout ! Ils étaient pas bêtes parce c'est il y a 2 500 ans. Ils étaient aussi malins que nous
-
23:56 - 24:04et ils étaient beaucoup plus entraînés à la politique que nous. C'est-à-dire qu'ils pratiquaient la politique,
-
24:04 - 24:07ils savaient de quoi ils parlaient, ils connaissaient bien tous les risques.
-
24:07 - 24:14Et ces gens-là, très avertis, qui auraient pas laissé passer un danger comme celui-là :
-
24:14 - 24:18on va tirer au sort un con, qu'est-ce qu'on fait ? Ils auraient pas laissé passer ça sans rien faire.
-
24:18 - 24:24Ces gens-là, ces Athéniens, pendant 200... 200 ans c'est ultra long, hein. C'est pas deux ans,
-
24:24 - 24:29c'est pas vingt ans, c'est pas cent ans... 200 ans c'est très long !
-
24:29 - 24:32Pendant 200 ans ils ont tiré au sort quand même. Ah, c'est bien...
-
24:32 - 24:41- Est-ce que pendant ces 200 ans, est-ce qu'ils ont considéré donc, comme vous que l'instrument politique
-
24:41 - 24:46c'était à la limite un but, ou est-ce que c'est un moyen ? Si pendant 200 ans
-
24:46 - 24:52ils ont exercé un système politique tel, qu'il a laissé en place toutes les inégalités sociales...
-
24:52 - 24:56- Ils ne les vivaient pas comme des inégalités sociales. Oui ?
-
24:56 - 24:57- Ah ils ne les vivaient pas... Ah oui...
-
24:57 - 25:00- Bah, oui. C'est le peuple de l'époque, enfin... Non mais ça c'est...
-
25:00 - 25:03- Athènes pendant 200 ans c'est quand même une grande cité...
-
25:03 - 25:03- Oui !
-
25:03 - 25:07- Un système politique, c'est un instrument, c'est pas...
-
25:07 - 25:08- Oui, c'est un instrument, absolument.
-
25:08 - 25:12- C'est un instrument pour améliorer la vie de la plupart des gens...
-
25:12 - 25:13- Absolument.
-
25:13 - 25:15- Faire en sorte de réduire les inégalités sociales, par exemple...
-
25:15 - 25:22- Absolument, absolument, absolument. Et d'aileurs, si vous... Je vous demande juste de me croire
-
25:22 - 25:27avant que je ne vous le prouve, mais il me semble que ce pour quoi je me bagarre là, c'est-à-dire
-
25:27 - 25:32arriver à instituer une vraie démocratie, mais une démocratie moderne, c'est-à-dire dans laquelle
-
25:32 - 25:36on aurait les femmes, on n'aurait plus d'esclaves, arriver... Si nous arrivions
-
25:36 - 25:39à instituer une vraie démocratie, c'est-à-dire si nous arrivions à comprendre
-
25:39 - 25:42pourquoi nous n'avons pas réussi à le faire ; et je pense que c'est parce que nous avons renoncé
-
25:42 - 25:45au processus constituant. Et je pense que si nous arrivions à faire une vraie démocratie,
-
25:45 - 25:51je pense que nous viendrions à bout de bien des injustices sociales
-
25:51 - 25:56que nous sommes obligés de supporter aujourd'hui. Je pense que mes copains marxistes, mes copains anarchistes,
-
25:56 - 26:01mes copains progressistes en général, les gars qui sont les plus... les plus virulents
-
26:01 - 26:09sur la... On veut la justice, quoi, hein, on veut Kropotkine, on veut la justice sociale ;
-
26:09 - 26:16je pense que ces gens-là devraient... J'ai pas du tout l'impression d'être en antagonisme avec eux.
-
26:16 - 26:20C'est-à-dire que ce que... Je crois que ça va marcher... C'est-à-dire que si nous arrivons...
-
26:20 - 26:29Le système politique que nous sommes en train de... de peaufiner, d'équilibrer en disant :
-
26:29 - 26:32faut faire attention à ce que ce pouvoir-là il devienne pas abusif, à ce que celui-là il devienne pas tyrannique,
-
26:32 - 26:40à ce que ce que celui-là ne devienne... Cette précaution d'horloger à ce qu'aucun pouvoir ne puisse abuser de son pouvoir,
-
26:40 - 26:45c'est ça une démocratie ; c'est un système dans lequel nous nous protégeons...
-
26:45 - 26:50Enfin, une démocratie modérée, hein, parce qu'il faut pas que l'assemblée elle-même puisse écraser ;
-
26:50 - 26:55faut pas que la majorité puisse écraser la minorité, par exemple. Donc, il faut penser aux rouages
-
26:55 - 27:02qui vont permettre aux minorités de se défendre. Je suis pas du tout... je suis pas fou, hein, je cherche...
-
27:02 - 27:06Je cherche pas à mettre en place un système qui va s'appeler démocratie parce que ça s'appelle démocratie,
-
27:06 - 27:09parce que c'est beau comme ça, parce que ça me plaît à Athènes, non pas du tout !
-
27:09 - 27:18Mon fil d'Ariane, c'est la réduction... Je sais bien qu'on n'arrivera jamais à bout, complètement...
-
27:18 - 27:21enfin, je me fais pas d'illusions... Je sais bien qu'on n'arrivera pas à bout complètement
-
27:21 - 27:26des injustices sociales, il en restera toujours, mais mon objectif c'est bien de les réduire drastiquement,
-
27:26 - 27:34et d'interdire les abus de pouvoir. Donc, on est sur la même ligne, hein, ne vous méprenez pas, je...
-
27:34 - 27:40S'il vous plaît, je vous demande comme un service de pas... Dans une controverse, c'est Rabelais
-
27:40 - 27:45que j'aurais dû... C'est pas Rabelais, c'est Montaigne que j'aurais dû amener, qui dans « Les Essais »...
-
27:45 - 27:53... décrit dans... c'est le chapitre huit du livre trois qui s'appelle « L'art de converser », qu'il faut...
-
27:53 - 27:57Il faut acheter « Les Essais » dans la version traduite de Lanly en français moderne, sinon on comprend rien.
-
27:57 - 28:01En vieux français, on bute sur tous les mots, c'est incompréhensible « Les Essais » ; alors que traduit
-
28:01 - 28:05par Lanly, c'est merveilleux. Vous allez voir, c'est lié à ce qu'on disait... C'est une petite parenthèse,
-
28:05 - 28:12mais qui est très utile, vous allez voir. Dans « Les Essais » Montaigne s'observe lui-même
-
28:12 - 28:17avec une telle honnêteté que ce qu'il trouve en lui-même, nous sert à nous comprendre nous-mêmes.
-
28:17 - 28:21Et dans ce qu'il dit de nos conversations, il dit : dans la plupart
-
28:21 - 28:28des conversations, par le jeu du ton qui monte et de nos egos, nous sommes conduits,
-
28:28 - 28:34malgré nous, à essayer de montrer que l'autre a tort et que nous avons raison,
-
28:34 - 28:40alors que normalement nous devrions, si nous... si les choses étaient bien faites,
-
28:40 - 28:47nous devrions tous les deux chercher la vérité... Dites-le autrement si ça vous choque,
-
28:47 - 28:52parce que vous considérez qu'y a pas une vérité, qu'y en a... mais nous cherchons
-
28:52 - 28:56à nous tromper le moins possible, et si nous cherchons à nous tromper le moins possible,
-
28:56 - 29:00quand l'autre nous dévoile une erreur, nous devrions être contents ! Bon, on a perdu parce qu'on se trompait,
-
29:00 - 29:04lui a raison, mais globalement on progresse puisqu'on a trouvé une erreur
-
29:04 - 29:10qu'on ne commet plus. Donc, ce que je vous demande comme un service, c'est d'essayer
-
29:10 - 29:19de pas prendre nos controverses, des désaccords d'un moment, comme une joute
-
29:19 - 29:24où l'un va gagner, l'autre va perdre, mais plutôt comme la recherche...
-
29:24 - 29:27Moi je suis en train de chercher un truc, je viens pas dire une messe,
-
29:27 - 29:32je viens pas dire un truc tout prêt, une vérité révélée ; je suis en train de réfléchir,
-
29:32 - 29:38c'est pas fini mon truc. Je continue à trouver des tas d'idées : super les Iroquois, là, récemment ;
-
29:38 - 29:44c'est une mine, une mine de trucs qu'on va pouvoir intégrer. Donc je cherche si vous voulez, je...
-
29:44 - 29:51Donc, je suis complètement intéressé par vos objections, mais le prenez pas comme si l'un des deux
-
29:51 - 30:00allait avoir raison et l'autre tort. Vous voyez ce que je veux dire ? À mon avis, nous gagnerons
-
30:00 - 30:07à essayer de trouver ensemble un système dont les voleurs de pouvoir ne veulent pas
-
30:07 - 30:13et qu'ils ne nous donneront jamais, et que nous seuls, ceux qui renonçons au pouvoir, qui voulons
-
30:13 - 30:18la justice sociale, mais qui voulons éviter les abus de pouvoir, mais qui ne désirons pas le pouvoir ;
-
30:18 - 30:25nous seuls sommes capables, je pense, d'inventer un régime, un mécanisme, un système d'horlogerie
-
30:25 - 30:31qui nous protège durablement. Qui nous protège contre les injustices sociales, qui nous protège tous.
-
30:31 - 30:37Alors... oui, alors... Si c'est une objection, faut que je traite les objections,
-
30:37 - 30:40mais peut-être on va allumer le schéma pour que...
-
30:40 - 30:44parce que vous allez voir que les objections, elles vont... je vais avoir besoin de...
-
30:44 - 30:48- C'est pas une objection, c'est juste par rapport à Montaigne ; je voudrais rajouter une petite chose.
-
30:48 - 30:54Le problème, on dit souvent l'exemple par le haut. À partir du moment où... Moi, je trouve que depuis
-
30:54 - 30:58pas mal d'années le débat politique, et même on va dire, même des débats scientifiques ou autres,
-
30:58 - 31:02est tourné plus vers l'affect que vraiment vers la réflexion ; on a l'impression qu'ils sont toujours
-
31:02 - 31:08Ils sont toujours... ils ont jamais, on ne trouvera jamais en face de l'autre une chose
-
31:08 - 31:12qui nous met en commun, ils sont toujours en contradiction. C'est sûr et certain que les gens sont habitués
-
31:12 - 31:18à ce genre de débats, à ce genre de... à ce genre de communication, et ça va être très très dur d'instaurer
-
31:18 - 31:20une autre communication plutôt que la communication conflictuelle...
-
31:20 - 31:27- Ça va être dur, mais faut pas renoncer. C'est vrai, nous avons une tendance... probablement...
-
31:27 - 31:33... boostée par le spectacle... le spectacle qui nous est proposé à la télévision et au cinéma,
-
31:33 - 31:36où vraiment l'émotion et la violence sont omniprésentes et...
-
31:36 - 31:37- ... ils sont jamais d'accord...
-
31:37 - 31:44- ... et elles nous dressent à réagir émotivement. Et quand on réagit sous l'emprise de la passion,
-
31:44 - 31:49la raison recule, hein, c'est tout à fait vrai ça. Mais faut pas renoncer, je pense que là encore,
-
31:49 - 31:55si nous discutons, nous allons mettre au jour ce risque,
-
31:55 - 32:00cette faiblesse, et un homme averti en vaut deux, peut-être en venir à bout, hein.
- Title:
- Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012.
- Description:
-
PARTIE IV :
Les Iroquois et la place du chef. — Élections, aristocratie, et oligarchie. — Athènes, Platon, et les sophistes. — Tirage au sort et démocratie.— Vouloir la démocratie. — Désynchroniser la richesse économique et le pouvoir politique.
Les objections de «l'assemblée du 5ème arrondissement de Lyon» :
— Pourquoi la démocratie athénienne s'est-elle éteinte ?
— Les humains veulent-ils la démocratie ?
— Esclavagisme et phallocratie à Athènes, au Vème siècle avant J.-C.
— Le tirage au sort et la question de la compétence.
— La question du nombre.— Montaigne, et l'art de converser.
Etienne Chouard, chercheur autonome.
Conférence de Lyon, le 9 mars 2012. MJC St Just.
"La démocratie est-elle un leurre ?"Cadre & montage : Matthieu Wadoux — matwad@gmail.com
- Video Language:
- French
- Duration:
- 32:17
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. | |
![]() |
Eric94 edited French subtitles for Etienne Chouard. — Partie IV. — Conférence de Lyon, mars 2012. |