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Pourquoi le Bouddha n’a pas parlé de « l’observation du
corps » mais « l’observation du corps dans le corps » ?
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Si nous sommes des chercheurs,
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nous avons tendance à croire
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que l'objet de notre recherche
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est indépendant de notre esprit,
de notre conscience.
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C’est comme si la bactérie sous la lentille
du microscope du scientifique
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n’avait aucun lien avec
le scientifique lui-même.
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L’observateur et l’observé sont considérés
comme deux entités distinctes et dissociées.
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C'est l'approche scientifique,
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et l'approche courante de la perception.
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Mais quand on pratique la pleine conscience
et la vision profonde,
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nous devons apprendre à transcender
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la frontière qui divise
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le sujet qui observe et l’objet observé.
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Regarder d'une telle manière que
le sujet de l'observation
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et l'objet observé deviennent un.
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Alors seulement, notre
compréhension s'approfondie.
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Parce que
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nous devons savoir que
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l’objet observé porte en lui la couleur de
l’esprit, ou de la conscience de l’observateur.
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Parce qu'on ne peut séparer
l'observé de l'observateur.
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Surtout dans le bouddhisme, on dit toujours
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que les dharmas sont les objets de l'esprit.
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Il n'y a pas de dharmas en dehors de l'esprit.
Il n'y a pas d'esprit en dehors des dharmas.
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C'est pour cette raison
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que le sujet qui observe
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entre dans l'objet observé.
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Et la frontière entre l'observateur
et l'observer se dissout.
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Les scientifiques commencent
aussi à le reconnaître.
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Ils savent que le sujet de l'observation
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influence l'objet de l'observation.
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Il est impossible d'enlever l'esprit subjectif
ou la conscience de l'observateur de l'objet.
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C’est semblable à l’acte d'éclairer
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un objet
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à observer, comme par exemple
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un électron.
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Sans cette lumière, il est
impossible de le voir.
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Mais lorsqu’on dirige la lumière vers lui,
la lumière se transforme,
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la lumière a un effet
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sur cet objet.
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Parce que la lumière est aussi
une source d'énergie
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quand elle éclaire un objet, ou quand elle
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enveloppe un objet, cet objet change.
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C'est pareil pour notre conscience.
Notre conscience est aussi une source d'énergie.
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Quand on enveloppe un objet avec notre
conscience, ou quand on regarde profondément
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cet objet se changera aussi.
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C'est le lien entre le sujet et l'objet.
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Ainsi, les physiciens nucléaires
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nous disent aussi que
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si l'on veut comprendre profondément
la nature d'une particule élémentaire,
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nous devons apprendre
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à être un participant,
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et ne pas nous accrocher à
notre rôle d'observateur.
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Ils utilisent des noms :
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"Le participant"
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et "l'observateur".
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Si nous sommes un observateur extérieur,
nous ne comprendrons jamais vraiment.
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Nous devons apprendre à être un participant.
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Ca veut dire que nous devons participer,
nous devons faire un avec cet objet.
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C'est comme en français, nous
avons le verbe "comprendre" (en français).
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"Comprendre" (en français)
signifie comprendre.
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Mais comprendre a le préfixe "com-".
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et le verbe "prendre",
qui veut dire "saisir".
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Comprendre un objet, c'est le saisir
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Et devenir un avec cet objet ("com-").
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C'est le sens du préfixe "com-".
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"Comprendre" (il traduit)
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veut dire "comprendre".
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Par exemple, si nous voulons comprendre
notre sœur aînée,
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nous devons nous mettre à sa place.
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Nous devons ne faire qu'un avec
ses formations mentales, ses inquiétudes,
ses peines, ses espoirs, ses joies.
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Nous devons nous mettre dans sa chair et
ses os et faire un avec elle. Alors seulement
nous pourrons la comprendre.
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Pourtant, si nous restons
un observateur externe,
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il est impossible de la comprendre vraiment.
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Ainsi, en Inde,
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on utilise souvent l'exemple
d'un grain de sel
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qui, depuis la plage, veut savoir
à quel point l’eau de l’océan est salée.
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On dit à ce grain de sel :
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"Si tu veux vraiment savoir
à quel point l’eau de l’océan est salée,
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il n’y a qu’un seul moyen : tu dois plonger
dans l’océan et ne faire qu’un avec lui.
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Ce n’est qu’alors que ta compréhension
de la salinité de l’océan sera complète et parfaite.
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C'est de cette façon qu'ils expliquent
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que si nous voulons vraiment comprendre
quelque chose, nous devons en faire parti.
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Ce n’est que lorsque nous faisons un avec elle
que notre compréhension peut être profonde.
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Sinon, notre perception et notre compréhension
restent marquées par la discrimination
et le dualisme.
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Que ce soit du point de vue politique
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ou culturel,
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lorsqu'il y a...
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des conflits,
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ou des désaccords,
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très généralement,
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chaque camp se considère comme ayant raison
et le camp d'en face tort.
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Si les deux camps sont assis à la même table
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et si quelqu'un peut aider chaque côté à
se comprendre l'un l'autre,
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ils peuvent alors naturellement comprendre
les difficultés et souffrances de l'autre.
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et arriver à un
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accord
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qui rend facile de vivre ensemble en
paix et en harmonie.
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Deux frères ou deux associés sont en colère
l’un contre l’autre, s’opposent l’un à l’autre,
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sont tristes à cause de l'autre,
ou se font souffrir l'un l'autre,
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parce que chacun considère que l'autre est
complètement différent de lui même.
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Mais si nous trouvons des moyens
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de nous mettre à la place
de l'autre personne
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et de voir toutes les souffrances,
les espoirs et les rêves, les inquiétudes
et les difficultés qu’elle vit,
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grâce à cette compréhension, nous pouvons
accueillir l’autre avec un regard neuf.
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Avec l’acceptation, nous pouvons
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pardonner
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et vivre en paix et en harmonie
avec elle, sans problème
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Ainsi, non seulement lorsque nous sommes
sur notre coussin à méditer et à voir
avec vision profonde,
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nous devons dissoudre la frontière
entre le sujet et l’objet.
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mais il y a aussi la vie quotidienne.
Si nous voulons atteindre
la compréhension et l’amour,
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nous devons aussi apprendre à dissoudre
la frontière entre le sujet et l’objet.
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C'est pourquoi "l'observation du corps
dans le corps" signifie
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que nous observons le corps d'une
telle manière que nous participons au corps
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que nous ne faisons qu'un avec le corps
et que la frontière entre
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le sujet qui observe et l'objet qui est
observé, c'est à dire le corps, n'existe plus.
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Ce n’est que dans cette union
que nous pouvons réussir cette pratique.