Mieux armer les enfants contre le harcèlement scolaire : Emmanuelle Piquet à TEDxParis
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0:04 - 0:07Il est un pli du monde singulier,
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0:07 - 0:10un pli du monde difficilement observable
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0:10 - 0:12par les adultes que nous sommes devenus,
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0:12 - 0:14et qui donc nous fait très très peur.
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0:14 - 0:18Je veux parler de la cour de récréation.
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0:19 - 0:23Notre cœur de parents se serre en effet
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0:23 - 0:26aux souvenirs des cruautés qu'elle recèle
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0:26 - 0:30et dont nos enfants
pourraient être les victimes. -
0:30 - 0:35Or, si nous nous souvenons en effet
que cet endroit -
0:35 - 0:38est un lieu particulièrement
dangereux relationnellement, -
0:38 - 0:40nous en avons évidemment oublié les codes.
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0:40 - 0:43Nous sommes trop vieux.
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0:43 - 0:45Mais, nos angoisses,
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0:45 - 0:48quant aux attitudes relationnelles
de nos enfants -
0:48 - 0:51nous poussent pourtant
à nous mettre maladroitement, -
0:51 - 0:55parfois, entre eux
et ce monde qui leur est propre, -
0:55 - 0:57et ainsi de transformer
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0:57 - 0:59de simples difficultés relationnelles
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0:59 - 1:02en problèmes récurrents.
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1:02 - 1:03Depuis une petite dizaine d'années,
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1:03 - 1:06je reçois, dans un centre dédié, le CRISS,
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1:06 - 1:08un certain nombre de jeunes patients
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1:08 - 1:10et leurs parents confrontés
à ces souffrances. -
1:10 - 1:13Et l'autre jour, je reçois
la maman d'Augustin -
1:13 - 1:14qui me dit :
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1:14 - 1:17« Augustin n'a pas été invité
à l'anniversaire de Lou. » -
1:17 - 1:20Je lui dis : « Mince, mais alors,
qu'est-ce que vous avez fait ? » -
1:20 - 1:22« Pas grand chose,
je suis allé le voir, je lui ai dit, -
1:22 - 1:25Augustin, comment se fait-il
que tu n'aies pas été invité, -
1:25 - 1:29alors que tous tes copains
ont été invités, j'ai vérifié. » -
1:29 - 1:31Il m'a répondu :
« Ce n'est pas ma copine. » -
1:31 - 1:33Je lui ai dit : « Augustin,
ce n'est pas le problème. -
1:33 - 1:35L'amitié, c'est important.
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1:35 - 1:38Je vais te demander
de te remettre un peu en cause, -
1:38 - 1:39et de réfléchir à la façon
dont tu vas t'y prendre -
1:39 - 1:43pour être invité aux plus
d'anniversaires possibles. » -
1:43 - 1:46Je lui dis : « Ah bon, et ça a marché ? »
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1:46 - 1:48Elle me dit : « Non, pas du tout.
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1:48 - 1:50Il est de plus en plus stressé,
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1:50 - 1:51de moins en moins invité,
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1:51 - 1:54et chaque fois qu'on en parle, il pleure.
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1:54 - 1:56Je suis un peu inquiète. »
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1:56 - 1:59Moi aussi, je suis un petit peu inquiète,
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1:59 - 2:01parce qu'en effet, vous l'avez compris,
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2:01 - 2:03le risque, c'est que cette inquiétude,
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2:03 - 2:06nous la diffusions
auprès de nos enfants, précisément, -
2:06 - 2:08et que nous finissions par provoquer
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2:08 - 2:10exactement l'inverse
de ce que nous souhaitons, -
2:10 - 2:12c'est-à-dire un mal-être relationnel,
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2:12 - 2:15une sorte d'inaptitude, même,
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2:15 - 2:17et surtout la volonté d'y réfléchir,
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2:17 - 2:18ce qui est très mauvais,
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2:18 - 2:19l'amitié c'est comme l'amour,
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2:19 - 2:21on n'y réfléchit pas,
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2:21 - 2:22on la ressent.
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2:22 - 2:25C'est l'histoire du mille-pattes
qui se promène dans la forêt, -
2:25 - 2:28et qui un jour rencontre
un escargot qui lui dit : -
2:28 - 2:30« Je suis trop content
de te rencontrer parce que -
2:30 - 2:33ça fait hyper longtemps que je
me demande comment tu fais pour marcher, -
2:33 - 2:34mettre une patte, deux pattes,
trois pattes, -
2:34 - 2:36quatre pattes, cinq pattes, jusqu'à mille,
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2:36 - 2:38sans jamais trébucher ? »
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2:38 - 2:40Et le mille-pattes réfléchit
et dit : -
2:40 - 2:43« Je ne sais pas,
je n'en ai pas la moindre idée. » -
2:43 - 2:46Alors l'escargot, un peu dépité, repart.
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2:46 - 2:48Et là, le mille-pattes,
qui veut repartir également, -
2:48 - 2:51se met à réfléchir à la façon
dont il s'y prend pour marcher -
2:51 - 2:53et évidemment il n'y parvient pas.
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2:53 - 2:55Cette histoire est dramatique
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2:55 - 2:57parce que, à cet instant précis,
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2:57 - 2:59un oiseau qui tournoie dans le ciel
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2:59 - 3:00voit ce petit mille-pattes figé,
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3:00 - 3:03tétanisé, plaqué au sol,
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3:03 - 3:05il se jette sur lui et l'avale.
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3:05 - 3:07Et ce que je crois,
c'est que sans le vouloir, -
3:07 - 3:10nous envoyons tous les jours
dans la cour de l'école -
3:10 - 3:13des centaines de petits
mille-pattes tétanisés. -
3:13 - 3:15Des petits mille-pattes tétanisés
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3:15 - 3:18dont la vulnérabilité, visible à l’œil nu,
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3:18 - 3:23attire immanquablement
des oiseaux de proie plus populaires. -
3:23 - 3:26Ça donne quoi, un enfant tétanisé
dans la cour de l'école ? -
3:26 - 3:29Ça donne Bastien, 18 ans.
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3:29 - 3:33Sa classe a créé un groupe Facebook
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3:33 - 3:34anti-lui.
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3:34 - 3:38Et tous les soirs,
Bastien enrage et pleure -
3:38 - 3:41en lisant les insultes et les injures
dont il est l'objet sur la toile. -
3:41 - 3:45Lorsqu'il vient me voir, ça fait 15 jours
qu'il n'est pas retourné au lycée, -
3:45 - 3:49mais, me dit-il : « Je n'ai pas dit
à la CPE, ni aux parents pourquoi, -
3:49 - 3:51parce que sinon la situation va empirer. »
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3:51 - 3:54Les enfants sont lucides.
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3:54 - 3:55Ça donne Julie, 15 ans,
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3:55 - 3:58qui s'est entichée d'un groupe
plus populaire qu'elle, -
3:58 - 4:00dont la plus populaire
d'entre elles, Candice, -
4:00 - 4:01la jette, la prend,
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4:01 - 4:04la jette, la prend, et la rejette.
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4:04 - 4:06[Julie] est très mal,
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4:06 - 4:09totalement angoissée, lorsqu'elle
est à l'intérieur du groupe -
4:09 - 4:10d'en être exclue,
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4:10 - 4:12elle déprime lorsqu'elle n'y est pas.
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4:12 - 4:15Sa maman est en larmes
lorsqu'elle nous l'amène -
4:15 - 4:16un mercredi après-midi.
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4:16 - 4:17Ça donne Gabriel, 3 ans et demi,
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4:17 - 4:20dont les joues rebondies
et lisses comme des pêches -
4:20 - 4:21attirent immanquablement la petite Salomé,
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4:21 - 4:233 ans et demi également,
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4:23 - 4:24qui, quatre à cinq fois par jour
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4:24 - 4:28se jette sur lui et le mord avec délice.
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4:28 - 4:31Le personnel de la crèche
a bien entendu tancé Salomé, -
4:31 - 4:32qui n'en a cure,
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4:32 - 4:35et s'est débrouillée
pour le mordre de façon subreptice, -
4:35 - 4:38dès que le personnel
a le dos tourné. -
4:39 - 4:41Ça donne Lily-Rose, six ans,
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4:41 - 4:43qui arrive au CRISS et me dit :
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4:43 - 4:45« Je te demande une seule chose,
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4:45 - 4:47dis à maman de me changer d'école,
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4:47 - 4:49parce que depuis la rentrée,
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4:49 - 4:53Kévin n'arrête pas de me taper, il me donne
des coups de pieds et des coups de poings, -
4:53 - 4:56il me fait des béquilles et hier
il m'a mis de la colle dans les cheveux. -
4:56 - 4:57Je t'en supplie,
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4:57 - 4:59dis à maman de me changer d'école. »
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4:59 - 5:03Ce que nous avons constaté
au CRISS, souvent, -
5:03 - 5:06c'est que lorsqu'un adulte,
aussi intelligent et bienveillant, -
5:06 - 5:07délicat soit-il,
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5:07 - 5:09intervient entre deux enfants
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5:09 - 5:13pour tenter de régler à leur place
une relation conflictuelle ou difficile, -
5:13 - 5:17au mieux il cristallise la situation,
au pire il l'amplifie. -
5:17 - 5:22C'est que, en intervenant,
il envoie deux messages implicites. -
5:22 - 5:24Le premier, à l'enfant agressé, qui est :
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5:24 - 5:26« Tu es vraiment nul relationnellement.
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5:26 - 5:28Tu n'as aucune compétence sociale,
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5:28 - 5:31la preuve, je suis obligé
d'intervenir à ta place. » -
5:31 - 5:33Le deuxième, à l'enfant agresseur,
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5:33 - 5:34et qui est :
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5:34 - 5:36« Tu as vraiment trouvé une cible de choix
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5:36 - 5:38tout à fait incapable
de se défendre, bravo. -
5:38 - 5:41Bonus : tu es en plus
une vraie star du rock, -
5:41 - 5:44puisque tu réussis à mobiliser les adultes
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5:44 - 5:46avec ta méchanceté et tes bêtises. »
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5:46 - 5:48N'oublions pas qu'au collège,
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5:48 - 5:49mobiliser les adultes
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5:49 - 5:51avec sa méchanceté et ses bêtises
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5:51 - 5:54est un gage de popularité.
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5:54 - 5:56Nous faisons donc autrement.
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5:56 - 5:57Ce que nous faisons,
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5:57 - 6:00c'est que nous aidons les enfants
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6:00 - 6:02à construire, fourbir,
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6:02 - 6:04puis décocher tout seul
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6:04 - 6:06des flèches verbales,
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6:06 - 6:08des flèches de résistance,
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6:08 - 6:09des flèches de défense,
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6:09 - 6:11des flèches d'arrêt,
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6:11 - 6:14mais qui font que, subitement,
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6:14 - 6:15l'oiseau de proie populaire
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6:15 - 6:17n'a plus envie de se frotter
à ce petit mille-pattes -
6:17 - 6:19parce qu'il prend un risque énorme
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6:19 - 6:21pour sa propre popularité.
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6:21 - 6:24Parce que contrairement
à ce que nous enseignent -
6:24 - 6:26nos pensées psychologisantes
qui datent un peu, -
6:26 - 6:29mais qu'on entend
encore ici et là sur les ondes, -
6:29 - 6:32nos enfants ne se font pas harceler
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6:32 - 6:34parce qu'ils sont roux, gros,
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6:34 - 6:35ou mal habillés.
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6:35 - 6:38Nos enfants se font harceler
parce qu'ils sont vulnérables -
6:38 - 6:39et que cela se voit.
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6:39 - 6:41A Bastien, nous avons dit :
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6:41 - 6:43« Ce qui serait peut-être intéressant,
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6:43 - 6:46c'est que tu laisses un message
sur le mur du groupe Facebook -
6:46 - 6:49en disant : « Je suis quand même
le mieux placé pour savoir -
6:49 - 6:51à quel point je suis un pathétique
et triste crétin. -
6:51 - 6:53Je me propose donc
d'en prendre la présidence, -
6:53 - 6:55et je me permettrais également d'évaluer
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6:55 - 6:57les meilleurs postes d'entre vous. »
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6:57 - 6:59Tu pourrais terminer en disant :
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6:59 - 7:01« Je vous remercie infiniment
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7:01 - 7:02de tout mettre en œuvre
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7:02 - 7:06pour que je sois à la fois
votre président et votre idole. » -
7:06 - 7:08Le groupe, faute d'intérêt,
s'est évidemment dissous -
7:08 - 7:0948 heures après.
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7:09 - 7:11Mais bien plus que ça, lorsque Bastien
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7:11 - 7:14s'est retrouvé dans la cour du lycée,
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7:14 - 7:15plus personne ne l'a agressé,
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7:15 - 7:18parce qu'on embête pas un enfant
qui sait aussi bien se défendre. -
7:18 - 7:21A Julie, nous avons dit :
« Tu vois, le problème c'est que, -
7:21 - 7:24lorsque Candice te prend
puis te jette, puis te reprend, -
7:24 - 7:27eh bien, tu dis oui, et elle le sait,
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7:27 - 7:30et en disant oui,
tu attestes devant le groupe -
7:30 - 7:31du pouvoir énorme qu'elle a.
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7:31 - 7:33Pourquoi veux-tu qu'elle arrête ?
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7:33 - 7:35Ce qui serait peut-être intéressant,
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7:35 - 7:38c'est que la prochaine fois
qu'elle te jette et vient te reprendre, -
7:38 - 7:40tu lui dises :
« J'ai bien réfléchi Candice, -
7:40 - 7:43je trouve que c'est vraiment
important pour toi visiblement, -
7:43 - 7:45donc je veux bien qu'on soit copine, okay,
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7:45 - 7:48mais amies, je crois pas.
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7:48 - 7:50Parce qu'on n'est pas compatibles. »
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7:50 - 7:51Julie a souri.
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7:51 - 7:53Un mois plus tard,
lorsqu'elle est revenue, -
7:53 - 7:54elle nous a expliqué
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7:54 - 7:56que depuis qu'elle avait dit ça à Candice,
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7:56 - 7:58celle-ci n'avait de cesse
de la solliciter. -
7:58 - 8:00Au personnel de la crèche,
nous avons dit : -
8:00 - 8:02« Voilà, il serait intéressant
de dire à Gabriel -
8:02 - 8:05qu'il a le choix entre rester
une grosse fraise Haribo qui pleure -
8:05 - 8:08ou alors de choisir le tigre rugissant.
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8:08 - 8:10S'il choisit la grosse fraise Haribo,
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8:10 - 8:12alors il continuera à se faire
mordre par Salomé, -
8:12 - 8:14et vous n'y pourrez évidemment rien.
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8:14 - 8:16En revanche,
s'il choisit le tigre rugissant, -
8:16 - 8:18peut-être pourriez-vous
l'entraîner un peu. -
8:18 - 8:19Ce qu'elles ont fait, bien évidemment,
-
8:19 - 8:22puisque vous imaginez que Gabriel
n'avait pas de grandes aptitudes -
8:22 - 8:24au rugissement au départ.
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8:24 - 8:26Le lendemain, elles se sont cachées
derrière le petit fauteuil -
8:26 - 8:28dans lequel il s'asseyait habituellement,
-
8:28 - 8:30et lorsque Salomé est arrivée,
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8:30 - 8:32elles ont surgi brutalement,
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8:32 - 8:35et tous les trois ont poussé
un tonitruant rugissement. -
8:35 - 8:37Salomé a fait un bond.
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8:37 - 8:40Depuis elle a arrêté la morsure.
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8:40 - 8:43Pour Lily-Rose, ça a été plus compliqué.
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8:43 - 8:46Nous lui avons dit : « Tu vois,
le problème, c'est que si par hasard -
8:46 - 8:49nous arrivions à convaincre maman
de te changer d'école, -
8:49 - 8:51le risque, ce serait que,
dans cette nouvelle école, -
8:51 - 8:53il y ait d'autres Kévin,
-
8:53 - 8:56peut-être ils seront un peu plus pénibles,
ou un peu moins pénibles, -
8:56 - 8:59on ne saurait le prévoir,
mais ce qui est bien, c'est que toi, -
8:59 - 9:01tu as Kévin 1er sous la main
pour t'entraîner. -
9:01 - 9:05Alors, on a une flèche à te proposer,
mais comme elle est très compliquée -
9:05 - 9:09et qu'il faut être une guerrière
extrêmement courageuse pour la lancer, -
9:09 - 9:10peut-être tu n'en seras pas capable.
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9:10 - 9:15Comme c'était une enfant rebelle,
elle nous dit : « Dites toujours. » -
9:15 - 9:17Nous lui avons dit :
« Ce qui serait peut-être intéressant, -
9:17 - 9:19c'est que tu ailles voir Kévin
et que tu lui dises : -
9:19 - 9:22« Dis donc, les grands ils disent
un truc super bizarre. -
9:22 - 9:25Ils disent que,
lorsqu'un garçon tape une fille, -
9:25 - 9:28c'est parce qu'il l'aime et qu'il
n'arrive pas à lui dire. Tu m'aimes ? » -
9:28 - 9:30Lily-Rose a dit : « Je peux pas dire ça
-
9:30 - 9:32à mon pire ennemi de tout l'univers
-
9:32 - 9:34que je voudrais qu'il m'aime ou
qu'il se pourrait qu'il m'aime -
9:34 - 9:35parce que je le déteste. »
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9:35 - 9:37« On comprend très bien chérie,
-
9:37 - 9:40mais si tu continues comme ça,
c'est clair qu'il va continuer. -
9:40 - 9:41Mais maintenant tu as le choix
-
9:41 - 9:44de faire exactement
comme tu le souhaites. » -
9:44 - 9:46Sa maman nous a raconté que Lily-Rose s'est entraînée,
-
9:46 - 9:49régulièrement devant sa glace
le soir même, -
9:49 - 9:51et également avec sa grande sœur,
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9:51 - 9:54qui a pris un grand plaisir
à jouer le rôle de Kévin. -
9:54 - 9:57Lorsqu'elle arrive 15 jours plus tard,
en deuxième séance, je lui dis : -
9:57 - 10:00« Comment ça va, chérie ? »
Elle me dit : « Pas du tout bien. » -
10:00 - 10:04- « Pourquoi ça ne va pas du tout bien ? »
- « Parce que j'ai pas pu dire ma flèche. » -
10:04 - 10:06« Pourquoi t'as pas pu dire
ta flèche, chérie ? » -
10:06 - 10:08« Parce qu'il m'a plus tapée,
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10:08 - 10:10il m'a offert une grosse
bague rose en plastique. » -
10:10 - 10:13Je lui dis : « Ah, c'est pas facile. »
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10:13 - 10:16Notre hypothèse était sans doute la bonne,
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10:16 - 10:17ce qui se passe en réalité,
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10:17 - 10:19et c'est 50% des cas,
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10:19 - 10:22c'est que Lily-Rose est arrivée
dans la cour de l'école -
10:22 - 10:25non pas en tentant d'éviter
Kévin et son regard, -
10:25 - 10:27ou en tentant de se fondre dans le décor
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10:27 - 10:28comme font plein d'enfants harcelés,
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10:28 - 10:30elle est arrivée dans la cour en disant :
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10:30 - 10:32« Viens », en le cherchant des yeux,
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10:32 - 10:34et il n'est pas venu.
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10:34 - 10:38Parce que contrairement à ce que pensent
certaines d'entre nous, -
10:38 - 10:41les hommes sont parfois intuitifs.
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10:41 - 10:44Alors, on parle souvent
de souffrance scolaire, -
10:44 - 10:45surtout en ce moment,
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10:45 - 10:46on en parle dans la presse,
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10:46 - 10:47on en parle au rectorat,
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10:47 - 10:50on en parle jusque sur les bancs
de l'Assemblée Nationale, -
10:50 - 10:53mais toujours, pour trouver
des solutions extérieures -
10:53 - 10:54à l'enfant qui souffre.
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10:54 - 10:57Toujours pour moraliser,
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10:57 - 10:58sanctionner l'enfant qui agresse,
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10:58 - 11:01ça ne marche pas mais on continue.
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11:01 - 11:04C'est qu'on n'a pas foi dans les capacités
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11:04 - 11:06des enfants vulnérables à se déplier
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11:06 - 11:08pour enrayer les cercles vicieux
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11:08 - 11:10dont ils sont les victimes.
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11:10 - 11:13Quand j'étais petite,
je voulais être avocate pour enfant, -
11:13 - 11:14mais ce n'existe pas comme métier,
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11:14 - 11:18j'ai donc décidé de construire avec,
et pour eux, des flèches sur mesure. -
11:18 - 11:20Ce que je voulais vous dire ce soir,
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11:20 - 11:22c'est que ce serait peut-être intéressant
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11:22 - 11:25qu'on soit plus nombreux
à regarder ce sujet -
11:25 - 11:26de cette façon-là,
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11:26 - 11:29pour qu'il y ait de moins en moins
d'enfants repliés sur eux-mêmes -
11:29 - 11:30dans la cour de l'école.
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11:30 - 11:32Merci beaucoup.
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11:32 - 11:33(Applaudissements)
- Title:
- Mieux armer les enfants contre le harcèlement scolaire : Emmanuelle Piquet à TEDxParis
- Description:
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Filmé à TEDxParis le 28 novembre 2013 à la Gaîté Lyrique. Plus d'interventions sur http://tedxparis.com/
Issue du monde de l'entreprise où elle fut DRH pendant quinze ans, Emmanuelle Piquet, psycho-praticienne et formatrice, exerce la thérapie brève et intervient majoritairement auprès d'enfants et d'adolescents. Elle est la cofondatrice du CRISS, le Centre de Recherche sur l'Interaction et la Souffrance Scolaire. À la fois centre de consultation, de recherche et de formation, ce lieu reçoit enfants, adolescents, parents et enseignants pour apaiser les souffrances et forme des professionnels de l'enfance à une meilleure gestion des interactions.
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