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Robert Legato : L'art de créer l'émerveillement

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    J'ai travaillé sur un film intitulé « Apollo 13 »,
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    et en travaillant sur ce film, j'ai appris quelque chose
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    sur le fonctionnement de notre cerveau,
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    et c'est que quand on est en quelque sorte saisi
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    d'enthousiasme, d'admiration,
    d'affection, peu importe,
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    ça change et altère notre perception des choses.
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    Ça change ce qu'on voit.
    Ça change ce dont on se souvient.
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    Pour faire une expérience,
    parce que je me suis assigné
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    la tâche intimidante de recréer
    un lancement de Saturn V
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    pour ce film là, parce que je m'étais engagé,
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    je me sentais un petit peu nerveux,
    donc j'avais besoin de faire une expérience
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    et de rassembler un groupe de personnes
    comme celui-ci dans une salle de projection
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    et de montrer ces séquences d’archive,
    et quand j'ai montré cette séquence,
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    je voulais simplement savoir
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    ce dont les gens se rappelaient,
    ce qu'il y avait de mémorable à ce sujet.
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    Que devrais-je essayer de reproduire, en fait ?
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    Que devrais-je essayer d'imiter au mieux ?
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    Voilà donc la séquence
    que je montrais à tout le monde.
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    Et ce que j'ai découvert,
    c'est que de par la nature
  • 0:55 - 0:57
    de cette séquence
    et du fait que nous étions en train de faire ce film,
  • 0:57 - 0:59
    elle portait une émotion par elle-même,
  • 0:59 - 1:02
    dans la mémoire collective de ce que ce lancement représentait pour nous
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    et toutes ces choses.
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    Quand je l'ai montrée,
    j'ai immédiatement demandé,
  • 1:06 - 1:09
    dès que la projection était finie,
    ce qu'ils en pensaient,
  • 1:09 - 1:11
    quelles étaient les plans les plus marquants,
    ils les ont changés.
  • 1:11 - 1:14
    Ils y ont rajouté des mouvements de caméra.
  • 1:14 - 1:16
    Ils y ont rajouté toutes sortes de choses.
    Les plans étaient mélangés,
  • 1:16 - 1:19
    et j'étais très curieux -- je veux dire,
  • 1:19 - 1:21
    que diable regardiez-vous
    il y a juste quelques minutes
  • 1:21 - 1:24
    et d'où sortez-vous
    une telle description ?
  • 1:24 - 1:28
    Ce que j'ai découvert,
    c'est que je ne devais pas reproduire
  • 1:28 - 1:32
    ce qu'ils ont vu,
    mais reproduire ce dont ils se souvenaient.
  • 1:32 - 1:36
    Voici notre séquence du lancement,
    basée principalement sur les notes
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    qu'on a prises en demandant aux gens
    ce qu'ils pensaient,
  • 1:39 - 1:41
    et puis la mise en commun
    de tous les différents plans
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    et des différentes choses combinées
  • 1:43 - 1:45
    recréait en quelque sorte la conscience collective
    de ce dont ils se souvenaient,
  • 1:45 - 1:47
    mais pas ce à quoi ça ressemblait vraiment.
  • 1:47 - 1:50
    Voilà donc ce que nous avons créé
    pour « Apollo 13 ».
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    (Bruit du lancement)
  • 1:54 - 1:57
    Littéralement, ce que vous voyez
    c'est la confluence
  • 1:57 - 1:59
    d'une série de différentes personnes,
    une série de souvenirs différents,
  • 1:59 - 2:02
    y compris les miens,
    et la prise de quelques petites libertés
  • 2:02 - 2:04
    avec le sujet.
  • 2:04 - 2:07
    Fondamentalement j'ai tout tourné
    avec des courtes focales,
  • 2:07 - 2:09
    ce qui signifie que vous êtes tout près de l'action,
  • 2:09 - 2:11
    mais j'ai cadré comme si c'était
    des longues focales,
  • 2:11 - 2:14
    ce qui vous donne un sens de la distance,
    donc, au fond,
  • 2:14 - 2:16
    je créais un dispositif qui devait vous rappeler
  • 2:16 - 2:19
    quelque chose que vous n'aviez jamais vraiment vu.
    (Musique)
  • 2:19 - 2:22
    Je vais ensuite vous montrer exactement ce à quoi
  • 2:22 - 2:25
    vous avez réagi quand vous avez réagi.
  • 2:25 - 2:38
    (Musique)
  • 2:38 - 2:40
    Tom Hanks : Bonjour, Houston, ici Odyssey.
  • 2:40 - 2:43
    Content de vous revoir.
    (Bravos) (Musique)
  • 2:43 - 2:45
    Rob Legato : Je fais semblant qu'ils m'applaudissent.
  • 2:45 - 2:48
    (Rires)
  • 2:48 - 2:51
    Là je suis dans un parking.
    Fondamentalement, c'est une boite de conserve,
  • 2:51 - 2:53
    et je suis en train de recréer le lancement
  • 2:53 - 2:57
    avec des extincteurs, du feu,
    j'ai de la cire que je lance
  • 2:57 - 3:00
    devant l'objectif pour que ça ressemble
    à de la glace, et donc
  • 3:00 - 3:03
    si vous avez cru à ce que je vous ai montré,
  • 3:03 - 3:06
    ce à quoi vous avez réagi,
    ce qui vous fait éprouver des émotions,
  • 3:06 - 3:09
    ce n'est qu'un complet mensonge,
    et j'ai trouvé ça
  • 3:09 - 3:10
    assez fascinant.
  • 3:10 - 3:13
    Et ce cas en particulier,
    c'est le point culminant du film,
  • 3:13 - 3:17
    et, vous savez, la réalisation en a été simple,
  • 3:17 - 3:20
    il suffisait de prendre un modèle,
    le lancer d'un hélicoptère et tourner.
  • 3:20 - 3:22
    Et c'est tout simplement ce que j'ai fait.
  • 3:22 - 3:25
    Me voilà en train de tourner,
    je suis un cadreur assez médiocre,
  • 3:25 - 3:28
    mais j'ai ce sens de la vraisemblance,
  • 3:28 - 3:31
    vous savez, de suivre la fusée jusqu'au bout,
  • 3:31 - 3:33
    et compte tenu de cet enjeu,
    je cherchais désespérément
  • 3:33 - 3:36
    à la maintenir dans le cadre.
    J'en viens à la suite.
  • 3:36 - 3:39
    Nous avions un consultant de la NASA
    qui était en fait un astronaute,
  • 3:39 - 3:42
    qui avait vraiment participé à certaines missions,
    à Apollo 15,
  • 3:42 - 3:45
    et il était là pour contrôler les aspects scientifiques.
  • 3:45 - 3:49
    Je suppose que quelqu'un a cru
    que c'était nécessaire.
  • 3:49 - 3:50
    (Rires)
  • 3:50 - 3:53
    Je ne sais pas pourquoi,
    mais c'est ce qu'ils ont cru.
  • 3:53 - 3:57
    Donc nous voilà, c'est un héros, un astronaute,
  • 3:57 - 4:00
    et nous sommes tous enthousiasmés,
    et j'ai pris la liberté de dire
  • 4:00 - 4:02
    que certaines des prises que j'avais faites
  • 4:02 - 4:05
    n'étaient pas si nulles que ça.
  • 4:05 - 4:08
    Et peut-être, vous voyez,
    que nous en étions
  • 4:08 - 4:11
    assez satisfaits,
    je l'ai donc amené la bas,
  • 4:11 - 4:13
    et il fallait vraiment qu'il vérifie
    ce que nous étions en train de faire,
  • 4:13 - 4:16
    et nous donner un 20 sur 20,
  • 4:16 - 4:18
    je lui ai donc montré des plans
    sur lesquels nous travaillions,
  • 4:18 - 4:21
    et j'ai attendu la réaction dont vous vous doutez,
  • 4:21 - 4:24
    et je l'ai obtenue.
    (Musique) (Bruits de lancement)
  • 4:24 - 4:26
    Je lui ai donc montré ces deux plans,
  • 4:26 - 4:30
    et il m'a dit ce qu'il en pensait.
  • 4:30 - 4:32
    ("Ça ne va pas")
    (Rires)
  • 4:32 - 4:35
    Ok.
    (Rires)
  • 4:35 - 4:37
    C'était ce dont je rêvais.
  • 4:37 - 4:40
    (Rires)
  • 4:40 - 4:44
    Ce que j'ai obtenu de lui
    c'est qu'il s'est tourné vers moi en disant,
  • 4:44 - 4:47
    « On ne dessinerait jamais une fusée comme ça,
    jamais.
  • 4:47 - 4:48
    On ne ferait jamais décoller une fusée
  • 4:48 - 4:50
    en même temps que les bras de la tour de lancement
    se rétractent.
  • 4:50 - 4:52
    Vous imaginez le drame qui pourrait se produire ?
  • 4:52 - 4:55
    On ne dessinerait jamais une fusée comme ça,
    jamais.»
  • 4:55 - 4:57
    Il me regardait.
    Hé, je ne sais pas
  • 4:57 - 4:59
    si vous avez remarqué,
    mais je suis le gars sur le parking
  • 4:59 - 5:01
    qui a recréé l'un des plus beaux moments
    de l’Amérique
  • 5:01 - 5:03
    avec des extincteurs.
  • 5:03 - 5:05
    (Rires)
  • 5:05 - 5:08
    Je ne vais pas vous contredire.
    Vous êtes un astronaute,
  • 5:08 - 5:11
    un héros, et je suis du New Jersey, donc...
  • 5:11 - 5:12
    (Rires)
  • 5:12 - 5:14
    Je vais juste vous montrer des images.
  • 5:14 - 5:17
    Je vais vous montrer des images,
    et vous me dites ce que vous en pensez.
  • 5:17 - 5:19
    Et là, j'ai obtenu la réaction que j'espérais.
  • 5:19 - 5:21
    Je lui ai montré ceci,
    ce sont les vraies images
  • 5:21 - 5:25
    sur lesquelles il était.
    C'est Apollo 15. C'était sa mission.
  • 5:25 - 5:30
    Je lui ai montré ceci,
    et la réaction que j'ai eue était intéressante.
  • 5:30 - 5:33
    (« Ça ne va pas non plus. »)
    (Rires)
  • 5:33 - 5:36
    Ce qui s'est passé, ce que j'en ai déduit,
  • 5:36 - 5:39
    c'est qu'il s'en souvenait différemment.
  • 5:39 - 5:41
    Il se souvenait d'une tour de lancement
    complètement sécurisée,
  • 5:41 - 5:44
    d'un lancement parfaitement sûr,
    parce qu'il était assis
  • 5:44 - 5:46
    dans une fusée qui avait, genre,
    50 tonnes de poussée,
  • 5:46 - 5:48
    construite par le moins-disant.
  • 5:48 - 5:51
    Il espérait que ça allait bien marcher.
  • 5:51 - 5:53
    (Rires)
    (Applaudissements)
  • 5:53 - 5:55
    Il a donc modifié ses souvenirs.
  • 5:55 - 5:59
    Ron Howard a rencontré Buzz Aldrin,
    qui n'était pas dans le film,
  • 5:59 - 6:01
    il n'avait donc aucune idée
    que nous étions en train de truquer
  • 6:01 - 6:03
    ces images, et il a réagi
  • 6:03 - 6:06
    comme il devait réagir,
    et je vais vous le passer.
  • 6:06 - 6:08
    Ron Howard : Buzz Aldrin est venu me voir
  • 6:08 - 6:13
    et a dit, "Hé, les images du lancement.
    J'ai vu quelques plans
  • 6:13 - 6:18
    que je n'avais jamais vu avant.
    Dans quelle cave est-ce que vous avez trouvé ça ?"
  • 6:18 - 6:20
    Et j'ai dit, « Hé bien, nulle part, Buzz,
  • 6:20 - 6:24
    nous avons fabriqué tout ça à partir de rien. »
  • 6:24 - 6:28
    Et il m'a dit, « Mmm, c'est pas mal du tout.
    On peut s'en servir ? »
  • 6:28 - 6:31
    (Explosion) (« Bien sûr »)
    (Rires)
  • 6:31 - 6:33
    RL : C'est un Américain génial.
  • 6:33 - 6:37
    (Rires)
  • 6:37 - 6:40
    « Titanic », si vous ne connaissez pas l'histoire,
  • 6:40 - 6:42
    se termine mal.
  • 6:42 - 6:45
    (Rires)
  • 6:45 - 6:48
    Jim Cameron a filmé le vrai Titanic.
  • 6:48 - 6:50
    Il a au fond installé,
    ou plutôt il a cassé la suspension de l'incrédulité,
  • 6:50 - 6:52
    parce que ce qu'il a filmé était la réalité,
  • 6:52 - 6:56
    un sous-marin Mir qui descend, ou plutôt
  • 6:56 - 6:58
    deux sous-marins Mir qui descendent
    vers la vraie épave,
  • 6:58 - 7:00
    et il a créé ces images envoûtantes.
  • 7:00 - 7:03
    C'est vraiment magnifique,
    et ça évoque toutes ces
  • 7:03 - 7:05
    émotions différentes,
    mais il n'a pas pu tout filmer,
  • 7:05 - 7:08
    et pour tout vous dire,
  • 7:08 - 7:10
    j'ai dû remplir les vides,
    ce qui est assez difficile,
  • 7:10 - 7:12
    parce qu'il faut recréer coup sur coup
  • 7:12 - 7:15
    ce qui s'est réellement passé
    et à ce moment là,
  • 7:15 - 7:20
    j'étais le seul qui aurait pu tout foutre en l'air.
  • 7:20 - 7:22
    Voici donc les images qu'il a tournées,
  • 7:22 - 7:26
    et c'était assez émouvant et impressionnant.
  • 7:26 - 7:29
    Je vais la laisser tourner,
    pour que vous absorbiez tout ça,
  • 7:29 - 7:32
    et je vous décrirai mes réactions
  • 7:32 - 7:35
    quand je les ai vues la toute première fois.
  • 7:35 - 7:39
    J'ai eu la sensation que mon cerveau voulait
  • 7:39 - 7:41
    le voir reprendre vie.
  • 7:41 - 7:43
    J'ai voulu automatiquement voir ce navire
  • 7:43 - 7:46
    ce merveilleux navire, dans toute sa gloire,
  • 7:46 - 7:49
    et inversement,
    j'ai voulu le voir sans sa gloire,
  • 7:49 - 7:52
    au fond revenir à ce à quoi il ressemblait.
  • 7:52 - 7:55
    J'ai donc réalisé un effet
    que je vais vous montrer tout à l'heure.
  • 7:55 - 7:58
    Ce que j'ai essayé de faire,
    qui est en fait le cœur du film,
  • 7:58 - 8:01
    pour moi,
    c'est pourquoi j'ai voulu faire le film,
  • 8:01 - 8:05
    c'est pourquoi j'ai voulu créer le genre de choses
    que j'ai créées.
  • 8:05 - 8:07
    Je vais vous montrer une autre chose
    que j'ai trouvé intéressante,
  • 8:07 - 8:09
    qui est ce qui nous touche vraiment
  • 8:09 - 8:10
    quand nous le regardons.
  • 8:10 - 8:13
    Voici les coulisses du tournage,
    deux ou trois plans.
  • 8:13 - 8:15
    Quand vous avez vu mes images,
  • 8:15 - 8:18
    vous avez vu ça :
    fondamentalement une bande de types
  • 8:18 - 8:21
    qui renversent un navire,
    et les petits sous-marins Mir
  • 8:21 - 8:24
    ont en fait la taille d'un petit ballon de foot,
  • 8:24 - 8:26
    et sont filmés dans de la fumée.
  • 8:26 - 8:28
    Jim est descendu à 5 km de profondeur,
    moi je suis allé
  • 8:28 - 8:29
    à 5 km du studio
  • 8:29 - 8:32
    et j'ai filmé ça dans un garage.
  • 8:32 - 8:34
    Mais ce qui vous touche,
    ce que vous êtes en train de regarder,
  • 8:34 - 8:37
    reproduisait les mêmes sensations,
    la même qualité d'envoûtement,
  • 8:37 - 8:41
    que les images de Jim,
    j'ai donc trouvé fascinant
  • 8:41 - 8:45
    que nos cerveaux, dès lors que vous croyez
    à la réalité d'une chose,
  • 8:45 - 8:48
    y projettent tous nos sentiments,
  • 8:48 - 8:50
    cette qualité qu'on y retrouve,
    alors que tout est artificiel.
  • 8:50 - 8:54
    C'est imaginé de toutes pièces,
    mais pas à vos yeux,
  • 8:54 - 8:56
    et j'ai trouvé cela très intéressant
  • 8:56 - 8:59
    à explorer et utiliser,
    et ça m'a poussé à créer
  • 8:59 - 9:01
    l'effet suivant que je vais vous montrer,
    qui est une sorte
  • 9:01 - 9:04
    de transition magique.
    Tout ce que j'essayais de faire,
  • 9:04 - 9:08
    c'est d'obtenir que ce soit le spectateur
    qui me donne le signal,
  • 9:08 - 9:10
    pour que ça devienne une expérience fluide,
  • 9:10 - 9:13
    où je n'étais pas en train de vous montrer
    mon interprétation,
  • 9:13 - 9:16
    mais ce que le public voulait voir.
  • 9:16 - 9:22
    Le plan suivant, tout de suite après ça...
  • 9:22 - 9:24
    C'est pour que vous puissiez voir ce que j'ai fait.
  • 9:24 - 9:26
    Fondamentalement, s'il y a deux sous-marins
    dans le même plan,
  • 9:26 - 9:29
    c'est moi qui l'ai tourné,
    parce que où est placée la caméra ?
  • 9:29 - 9:30
    Quand c'est Jim qui l'a tourné,
    il n'y a qu'un seul sous-marin,
  • 9:30 - 9:32
    parce qu'il filmait de l'autre,
  • 9:32 - 9:33
    et je ne me souviens pas si c'est moi ou Jim
    qui a fait ça.
  • 9:33 - 9:37
    Disons que c'est Jim,
    parce qu'il aurait bien besoin de félicitations.
  • 9:37 - 9:43
    (Rires)
  • 9:43 - 9:45
    Ok. Maintenant la transition du Titanic.
  • 9:45 - 9:48
    Je faisais allusion à ça
    quand je disais que je voulais
  • 9:48 - 9:51
    passer comme par magie d'un état du Titanic
    à l'autre.
  • 9:51 - 9:55
    Je vais passer le plan une seule fois.
    (Musique)
  • 9:55 - 9:59
    (Musique)
  • 9:59 - 10:04
    Ce que j'espérais,
    c'est que ça se fonde sous vos yeux.
  • 10:10 - 10:14
    Gloria Stuart : C'est la dernière fois que le Titanic a vu la lumière du jour.
  • 10:14 - 10:17
    RL : Ce que j'ai fait, c'est de recommencer
  • 10:17 - 10:20
    l'expérience de la salle de projection,
    où j'ai enregistré l'endroit
  • 10:20 - 10:22
    où je regardais,
    où nous regardions,
  • 10:22 - 10:25
    et bien sûr, on regarde le deux personnes
    à la proue du navire,
  • 10:25 - 10:27
    et puis, à un certain moment,
  • 10:27 - 10:29
    je modifie la périphérie du plan,
  • 10:29 - 10:31
    je change, ça devient l'épave rouillée.
  • 10:31 - 10:34
    Je la passais tous les jours,
    jusqu'à ce que je trouve
  • 10:34 - 10:37
    l'instant précis où j'arrête de les regarder
  • 10:37 - 10:39
    et où je commence à remarquer le reste,
    et l'instant où mes yeux se déplacent,
  • 10:39 - 10:42
    nous l'avons marqué sur le photogramme.
  • 10:42 - 10:44
    A l'instant où mes yeux se déplacent,
    je commence immédiatement
  • 10:44 - 10:47
    à les changer,
    de façon à ce qu'on ne remarque pas
  • 10:47 - 10:49
    quand ça commence ni quand ça s'arrête.
  • 10:49 - 10:51
    Je vais vous le montrer à nouveau.
    (Musique)
  • 10:51 - 10:54
    C'est fait littéralement en se servant
    de ce que nos cerveaux
  • 10:54 - 10:58
    font naturellement,
    c’est-à-dire, dès que vous détournez l'attention,
  • 10:58 - 11:00
    quelque chose change, et ensuite
  • 11:00 - 11:02
    je laisse continuer l'écharpe,
    parce que ça devait vraiment être
  • 11:02 - 11:06
    un plan fantomatique,
    pour qu'ils paraissent vraiment être
  • 11:06 - 11:09
    encore sur l'épave.
    C'est là où ils sont enterrés pour toujours.
  • 11:09 - 11:11
    Ou quelque chose dans ce genre là.
    Je viens de l'inventer.
  • 11:11 - 11:14
    (Rires)
  • 11:14 - 11:16
    Entre parenthèses, c'est la dernière fois que j'ai vu
    la lumière du jour.
  • 11:16 - 11:19
    Ça a été un long un film sur lequel travailler.
    (Rires)
  • 11:19 - 11:22
    « Hugo Cabret » était un autre film intéressant,
    parce que
  • 11:22 - 11:24
    le film lui-même parle
    d'illusions cinématographiques.
  • 11:24 - 11:27
    Il parle de la façon
    dont notre cerveau est trompé
  • 11:27 - 11:29
    par la persistance rétinienne
    qui créée un film,
  • 11:29 - 11:33
    et l'une des choses que j'ai dû faire,
    c'est qu'on...
  • 11:33 - 11:36
    Sasha Baron Cohen est un gars très intelligent,
    très malin,
  • 11:36 - 11:38
    c'est un acteur,
    il voulait rendre un hommage
  • 11:38 - 11:41
    aux comédies burlesques à la Buster Keaton,
    et il voulait
  • 11:41 - 11:44
    que son attelle à la jambe se coince
    dans un train en marche.
  • 11:44 - 11:46
    Très dangereux, totalement impossible à faire,
    et spécialement sur notre plateau,
  • 11:46 - 11:49
    parce qu'il n'y a littéralement pas moyen
  • 11:49 - 11:54
    de faire vraiment bouger le train,
    parce qu'il est tellement ajusté sur notre plateau.
  • 11:54 - 11:57
    Je vais vous montré la scène,
    j'ai utilisé le truc
  • 11:57 - 12:00
    que Sergei Eisenstein avait repéré,
  • 12:00 - 12:04
    c’est-à-dire que si vous avez une camera
    qui se déplace
  • 12:04 - 12:06
    avec un objet en mouvement,
    ce qui ne bouge pas à l'air de bouger,
  • 12:06 - 12:09
    et ce qui bouge à l'air d'être arrêté,
  • 12:09 - 12:12
    donc ce que vous voyez en fait
    c'est que le train
  • 12:12 - 12:17
    ne bouge pas du tout,
    et ce qui bouge en fait, c'est le sol.
  • 12:17 - 12:20
    Voici le plan. Il y a une petite vidéo
  • 12:20 - 12:23
    de ce que vous voyez, là,
    c'est notre petit test,
  • 12:23 - 12:26
    donc voici en fait ce que vous voyez,
    et j'ai pensé
  • 12:26 - 12:28
    que c'était assez intéressant,
    parce que ce truc génial,
  • 12:28 - 12:31
    pour lequel je n'ai aucun mérite,
  • 12:31 - 12:34
    faisait un peu partie de l'hommage du film lui-même.
  • 12:34 - 12:37
    J'aimerais m'en attribuer le mérite
    mais je ne peux pas,
  • 12:37 - 12:41
    parce que ça a été inventé en 1910,
    dans ces eaux là, je l'ai dit à Marty,
  • 12:41 - 12:43
    et c'est un de ces trucs mentaux
    très difficiles à comprendre
  • 12:43 - 12:45
    tant que vous n'avez pas vu comment ça marche,
  • 12:45 - 12:48
    et je lui ai dit ce que j'allais faire, vous voyez,
    et il a répondu,
  • 12:48 - 12:50
    « Bon, voyons si j'ai bien compris. Le truc avec les roues ?
  • 12:50 - 12:52
    Ça ne bouge pas. »
  • 12:52 - 12:56
    (Rires)
    (Applaudissements)
  • 12:56 - 13:00
    « Et le truc sans les roues, ça bouge. »
  • 13:00 - 13:02
    Exactement.
    (Rires)
  • 13:02 - 13:05
    Ce qui m'amène au suivant, et dernier...
  • 13:05 - 13:09
    Marty ne verra pas ça, n'est-ce pas ?
    (Rires)
  • 13:09 - 13:13
    Personne ne le verra en dehors de...
    (Rires)
  • 13:13 - 13:17
    L'illustration suivante c'est un peu la théorie
    de la séquence en un seul plan.
  • 13:17 - 13:20
    C'est une manière très élégante
    de raconter une histoire,
  • 13:20 - 13:22
    spécialement si vous suivez quelqu'un
    dans un déplacement,
  • 13:22 - 13:25
    et que ce déplacement vous raconte quelque chose
  • 13:25 - 13:27
    sur sa personnalité de manière très concise,
  • 13:27 - 13:29
    et ce que nous voulions faire,
    comme pour la séquence des « Affranchis »,
  • 13:29 - 13:31
    qui est l'un des plus beaux plans du cinéma,
  • 13:31 - 13:35
    un film de Martin Scorsese qui suit Henry Hill
  • 13:35 - 13:37
    dans sa découverte de ce que c'est
    que de traverser Copacabana
  • 13:37 - 13:39
    comme un caïd,
    et d'être traité avec tous les égards.
  • 13:39 - 13:43
    Il était le maitre de son univers,
    et nous voulions que Hugo
  • 13:43 - 13:45
    ressente la même chose,
    nous avons donc réalisé ce plan.
  • 13:45 - 13:49
    (Musique)
  • 13:49 - 13:54
    Voici Hugo.
    (Musique)
  • 13:54 - 13:57
    Et nous avons pensé que
    si nous pouvions déplacer la camera avec lui,
  • 13:57 - 14:00
    on ressentirait ce que ça signifie
    qu'être ce garçon
  • 14:00 - 14:02
    qui est le maitre de son univers,
  • 14:02 - 14:05
    et son univers est dans les coulisses,
    vous voyez,
  • 14:05 - 14:07
    dans les entrailles de cette gare là
  • 14:07 - 14:10
    qu'il est le seul à pouvoir traverser
    de cette manière,
  • 14:10 - 14:12
    et il fallait que ça ait l'air normal,
  • 14:12 - 14:14
    sa vie quotidienne,
  • 14:14 - 14:17
    alors l'idée de le faire en un seul plan
    était essentielle,
  • 14:17 - 14:20
    et bien sûr, en tournant en 3D,
    ce qui signifie
  • 14:20 - 14:24
    une énorme camera pendue à un mât géant,
  • 14:24 - 14:27
    le but était de recréer l'effet d'un steadicam,
  • 14:27 - 14:30
    et de vous donner la même impression
  • 14:30 - 14:32
    que quand vous avez vu la scène
    dans « Les Affranchis ».
  • 14:32 - 14:36
    Ce que vous allez voir maintenant,
    c'est la façon dont on s'y est pris.
  • 14:36 - 14:39
    Il y a en réalité cinq plateaux différents,
    filmés à cinq moments différents,
  • 14:39 - 14:40
    avec deux garçons différents.
  • 14:40 - 14:42
    A gauche,
    c'est là où se termine le plan,
  • 14:42 - 14:48
    et à droite, c'est celui qui prend le relais,
  • 14:48 - 14:51
    et là nous changeons de garçon,
    nous passons de Asa Butterfield,
  • 14:51 - 14:55
    qui est la star du film, à sa doublure.
    (Musique)
  • 14:55 - 14:57
    Ce n'est pas vraiment sa doublure
    pour les cascades.
  • 14:57 - 14:59
    Nous avons construit un décor incroyable
    pour faire ça. (Musique)
  • 14:59 - 15:03
    Et nous sommes maintenant
    sur le plateau numéro 3,
  • 15:03 - 15:07
    et nous passons ensuite
  • 15:07 - 15:10
    aux derniers instants du plan,
    qui sont en fait
  • 15:10 - 15:12
    tournés avec un steadicam.
    Tout le reste a été filmé avec des grues
  • 15:12 - 15:14
    et des choses comme ça,
    et ça a été fait littéralement
  • 15:14 - 15:18
    sur 5 plateaux différents, deux garçons différents,
    à des moments différents,
  • 15:18 - 15:20
    et tout devait apparaître comme un seul plan,
  • 15:20 - 15:25
    et ce qui est formidable,
    c'est que ça a probablement été
  • 15:25 - 15:28
    l'une des scènes les plus appréciées
    sur lesquelles j'ai jamais travaillé,
  • 15:28 - 15:30
    et j'en étais assez fier une fois terminée,
    vous voyez,
  • 15:30 - 15:35
    alors qu'en fait il ne faudrait jamais être fier
    de ces choses-là, je crois.
  • 15:35 - 15:38
    J'en étais donc assez fier,
    et je suis allé voir un ami,
  • 15:38 - 15:40
    et j'ai dit, « Tu sais, c'est une des scènes
  • 15:40 - 15:42
    les plus appréciées
    sur laquelle j'ai jamais travaillé.
  • 15:42 - 15:45
    Selon toi, quelle en est la raison ? »
  • 15:45 - 15:46
    Et il a répondu, « Parce que personne ne sait
  • 15:46 - 15:48
    que c'est toi qui t'en es occupé. »
  • 15:48 - 15:51
    (Rires)
  • 15:51 - 15:55
    Tout ce que je peux dire, c'est merci,
  • 15:55 - 16:00
    c'était mon exposé pour vous.
    (Applaudissements)
  • 16:00 - 16:05
    (Applaudissements)
Title:
Robert Legato : L'art de créer l'émerveillement
Speaker:
Rob Legato
Description:

Rob Legato crée des effets cinématographiques tellement bien fait (parfois) qu'ils trompent la réalité. Dans ce discours amusant et passionné, il nous décrit sa manière d'améliorer la réalité à l'écran dans des films comme Apollo 13, Titanic et Hugo Cabret.

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English
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closed TED
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TEDTalks
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16:27
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for The art of creating awe
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Anna Cristiana Minoli approved French subtitles for The art of creating awe
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