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Notre culture nous ment sur ce qui est important et comment vivre mieux

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    Nous traversons tous
    des hivers froids dans nos vies.
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    Le mien fut en 2013.
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    La fin de mon mariage.
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    Je me sentais humilié par
    l'échec de mon engagement.
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    Mes enfants avaient quitté
    la maison ou étaient sur le départ.
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    j'ai grandi dans un milieu
    assez conservateur,
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    mais le conservatisme avait changé.
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    J'ai donc perdu aussi beaucoup d'amis.
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    Alors, ce que j'ai géré ça en vivant
    seul dans un appartement
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    et en me plongeant dans le travail.
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    Quand on ouvrait les tiroirs de cuisine,
    à la place des ustensiles,
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    il y avait des Post-it.
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    Dans le vaisselier,
    à la place des assiettes,
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    j'y rangeais des enveloppes.
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    j'avais des amis de travail, en semaine,
    mais aucun le week-end.
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    Mes week-ends se résumaient donc
    à de longs silences perçants.
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    Je me sentais seul.
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    De façon inattendue, la solitude
    est venue à moi sous forme de...
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    Je l'ai ressentie comme de la peur,
    une douleur à l'estomac,
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    qui ressemblait un peu à l'ivresse,
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    causée par de mauvaises décisions,
    la fluidité, le manque de solidité.
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    Il m'était particulièrement
    insupportable de réaliser
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    que le vide de mon appartement
    était le reflet de mon vide intérieur,
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    et que j'avais cru à certains mensonges
    dictés par notre culture.
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    Le premier est que réussir dans la vie
    est source d'épanouissement.
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    J'ai eu une carrière fructueuse
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    mais ça m'évitait de ressentir
    la honte que j'aurais ressentie
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    si j'avais pensé avoir échoué,
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    mais que ça ne m'avait pas été positif.
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    Le second mensonge consiste à nous faire
    croire qu'on peut devenir heureux,
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    à condition de conquérir
    une nouvelle victoire,
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    de perdre 7 kilos, de faire plus de yoga.
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    Et voilà, on sera heureux.
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    C'est le mensonge de l'autonomie.
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    Mais n'importe qui vous le dira
    à ses derniers moments sur Terre,
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    ce sont les relations de la vie
    qui rendent heureux,
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    la perte de l'autonomie.
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    La méritocratie est le troisième mensonge.
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    L'idée de la méritocratie est
    vous êtes votre accomplissement.
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    Le mythe de la méritocratie,
    c'est de gagner votre dignité
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    en s'associant avec
    des marques prestigieuses.
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    l'émotion de la méritocratie
    est l'amour conditionnel,
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    un amour que l'on « conquiert ».
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    L'anthropologie de la méritocratie est que
    vous n'êtes pas un esprit à purifier,
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    mais bien un ensemble
    de compétences à maximiser.
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    Et le malheur de la méritocratie
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    est que les personnes qui ont accompli
    un peu plus que les autres
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    valent mieux que les autres.
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    Par conséquent, le prix
    du péché est le péché.
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    Je pêchais donc par omission,
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    ne prenant pas de nouvelles,
    étant absent pour mes amis,
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    je fuyais et évitais les conflits.
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    Bizarrement, alors que je m’enfonçais
    dans cette vallée,
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    la vallée de l'isolement,
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    nous étions nombreux à agir semblablement.
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    C'est le secret de ma carrière
    en deux mots :
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    la majorité des choses qui m'arrivent
    arrivent souvent à beaucoup d'autres.
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    je suis une personne moyenne avec
    des capacités de communication hors norme.
  • 2:49 - 2:49
    (Rires)
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    Donc j'étais indifférent.
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    Et au même moment,
    beaucoup d'autres étaient indifférents,
  • 2:55 - 2:57
    isolés et fragmentés les uns des autres.
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    35% des Américains souffrent
    de solitude au-delà des 45 ans.
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    Seulement 8% disent avoir
    de vraies conversations
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    avec leurs voisins.
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    32% des Américains disent
    faire confiance à leurs voisins,
  • 3:08 - 3:10
    et seulement 18% des Millénials.
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    Le parti politique en vogue
    est indépendant.
  • 3:12 - 3:15
    La communauté religieuse qui croît
    la plus est indépendante.
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    Le nombre de gens dépressifs,
    les problèmes de santé mentale augmentent.
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    Le taux de suicide a augmenté
    de 30% depuis 1999.
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    Le taux de suicides chez les adolescents
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    a augmenté de 70% ces dernières années.
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    45 000 Américains mettent fin
    à leur vie chaque année.
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    72 000 meurent de dépendance
    à des opiacés.
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    L'espérance de vie diminue,
    elle n'augmente pas.
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    Aujourd'hui, je suis venu vous dire
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    qu'une crise économique
    et environnementale est là,
  • 3:43 - 3:44
    qu'une crise politique est là
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    et aussi une crise
    sociale et relationnelle.
  • 3:46 - 3:49
    Bref, nous sommes dans la vallée,
    séparés les uns des autres,
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    assaillis par des tonnes de mensonges
    venus de Washington.
  • 3:52 - 3:53
    Nous sommes dans la vallée.
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    J'ai passé ces cinq dernières années...
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    Comment sortir de cette vallée ?
  • 3:57 - 4:00
    Les Grecs disaient :
    « La sagesse vient de la souffrance. »
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    Depuis ses moments d'obscurité,
    j'ai pris conscience de certaines choses.
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    La première est : la liberté, ça craint.
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    Rien à redire à la liberté
    économique et politique.
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    C'est la liberté sociale qui craint.
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    Un homme sans racine
    est un homme à la dérive.
  • 4:16 - 4:20
    Un homme sans racine tombera
    dans l'oubli, faute d'engagement.
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    La liberté n'est pas un océan
    où l'on souhaite nager.
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    C'est un fleuve à traverser,
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    qui nous permet de nous engager
    et nous enraciner sur l'autre rive.
  • 4:29 - 4:31
    Ma deuxième leçon est que,
  • 4:31 - 4:34
    quand vous traversez
    un de ces moments pénibles
  • 4:34 - 4:35
    ils peuvent soit vous briser,
  • 4:35 - 4:36
    soit vous ouvrir.
  • 4:37 - 4:39
    Nous connaissons tous
    des personnes brisées.
  • 4:39 - 4:42
    Elles ont subi la douleur, le deuil
    et ça les diminue.
  • 4:42 - 4:44
    Elles sont en colère, aigries
    et violentes.
  • 4:44 - 4:45
    Comme le dit le dicton :
  • 4:45 - 4:48
    « On transmet la douleur
    que l’on ne transforme pas. »
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    Mais d'autres personnes s'ouvrent.
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    La souffrance a ce grand pouvoir
    d'interrompre la vie,
  • 4:54 - 4:57
    de rappeler qu'on n'est pas
    celui qu'on pense être.
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    Le théologien Pall Tillich disait
  • 4:59 - 5:02
    que la souffrance se fraye un chemin
    dans le fond de votre âme,
  • 5:02 - 5:03
    ce que vous pensiez être le fond.
  • 5:03 - 5:06
    Mais elle creuse ce fond
    et fait apparaître une nouvelle cavité.
  • 5:06 - 5:09
    Elle creuse encore et ouvre
    une nouvelle cavité.
  • 5:09 - 5:12
    Vous prenez conscience de profondeurs
    jamais imaginées
  • 5:12 - 5:16
    que seule la nourriture spirituelle
    et relationnelle peut combler.
  • 5:16 - 5:19
    Une fois parvenu au fond,
    c'est possible d'abandonner son égo
  • 5:19 - 5:21
    et d'entrer dans le domaine du cœur,
  • 5:21 - 5:23
    le cœur désirant.
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    L'idée est que nous aspirons au désir
    et à l'amour l'un pour l'autre,
  • 5:26 - 5:29
    le genre de choses que Louis de Bernières
    décrit dans son livre
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    « La Mandoline du Capitaine Corelli ».
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    Dans le roman, un homme parle à sa fille
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    de sa relation avec sa femme défunte.
  • 5:35 - 5:37
    Le vieil homme dit ceci :
  • 5:37 - 5:40
    « L’amour vrai, c’est ce qui reste
    quand on a cessé d’être amoureux
  • 5:40 - 5:43
    et c’est à la fois un art
    et un heureux accident.
  • 5:44 - 5:45
    Ta mère et moi l'avons eu,
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    nous avions des racines qui ont poussé
    les unes vers les autres sous la terre
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    et quand toutes les jolies fleurs
    sont tombées de nos branches,
  • 5:51 - 5:54
    nous avons compris que nous étions
    un seul arbre et non deux. »
  • 5:54 - 5:56
    C'est ce que le cœur désire.
  • 5:56 - 5:58
    La seconde chose que
    vous découvrez est votre âme.
  • 5:59 - 6:02
    Je ne vous demande pas
    de croire ou pas en Dieu,
  • 6:02 - 6:04
    mais je vous demande
    de croire qu'une partie de vous
  • 6:04 - 6:07
    n'a ni forme, ni taille,
    ni couleur ou poids
  • 6:07 - 6:09
    et que c'est elle qui vous donne
    dignité et valeur infinies.
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    Les gens riches qui réussissent
    n'en sont pas mieux pourvus
  • 6:12 - 6:14
    que ceux qui réussissent moins.
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    L'esclavage est mal parce
    qu'il s'agit de réifier une âme.
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    Le viol n'est pas qu'une attaque
    contre un ensemble de particules.
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    C'est une tentative d'outrage
    à l'âme d'une autre personne.
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    Or, l'âme désire la justice.
  • 6:26 - 6:30
    Le cœur désire la fusion avec l'autre
    et l'âme désire la justice.
  • 6:30 - 6:34
    Ça m'a conduit à la troisième réalisation,
    empruntée à Einstein :
  • 6:34 - 6:36
    « Aucun problème ne peut être résolu
  • 6:36 - 6:39
    du même niveau de conscience qui l’a créé.
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    Il faut changer le niveau
    de conscience qui l'a engendré. »
  • 6:43 - 6:44
    Alors, comment faire ?
  • 6:44 - 6:47
    D'abord, vous vous jetez
    dans les bras de vos amis
  • 6:47 - 6:50
    et vous avez des conversations
    profondes comme jamais.
  • 6:50 - 6:52
    Ensuite,
  • 6:52 - 6:54
    vous devez sortir seul dans la jungle.
  • 6:54 - 6:57
    Vous devez rejoindre cet endroit
    où il n'y a plus personne,
  • 6:57 - 6:59
    où l'égo n'a plus de sens
    et où il se détériore.
  • 6:59 - 7:02
    Seulement à ce moment,
    deviendrez-vous capable d'être aimé.
  • 7:02 - 7:05
    J'ai une amie qui disait
    que quand sa fille est née,
  • 7:05 - 7:09
    elle a compris qu'elle l'aimait
    bien plus que l'évolution ne le requérait.
  • 7:09 - 7:10
    (Rires)
  • 7:10 - 7:12
    J'adore cette parole.
  • 7:12 - 7:13
    (Applaudissements)
  • 7:13 - 7:16
    Parce que ça parle d'une paix
    située au plus profond de nous,
  • 7:16 - 7:18
    notre amour inexplicable
    les uns pour les autres.
  • 7:19 - 7:22
    Quand on touche cela,
    on est prêt à être sauvé.
  • 7:22 - 7:24
    La vérité brutale
    quand on est dans la vallée,
  • 7:25 - 7:27
    c'est qu'il est impossible d'en sortir,
  • 7:27 - 7:29
    on doit vous tendre la main
    et vous en extirper.
  • 7:29 - 7:31
    C'est ce qui m'est arrivé.
  • 7:31 - 7:34
    J'ai été, invité par chance
    chez un couple d'amis, Kathy et David,
  • 7:34 - 7:35
    et ils étaient --
  • 7:36 - 7:39
    Leur enfant, Santi, allait
    à l'école publique à Washington.
  • 7:39 - 7:41
    Santi avait un ami qui
    cherchait un logement
  • 7:41 - 7:43
    car sa mère avait des problèmes de santé.
  • 7:43 - 7:46
    Et cet enfant avait un ami
    et cet enfant avait un ami.
  • 7:46 - 7:48
    Quand je leur ai rendu visite il y 6 ans,
  • 7:48 - 7:51
    je suis entré et il y avait 25 personnes
    autour de la table,
  • 7:51 - 7:53
    dont un grand nombre dormait au sous-sol.
  • 7:53 - 7:55
    J'ai voulu me présenter à un gamin,
  • 7:55 - 7:58
    et il m'a dit :
    « Nous ne nous serrons pas la main ici,
  • 7:58 - 8:00
    on se fait l'accolade. »
  • 8:00 - 8:03
    Je ne suis pas le genre d'homme
    à qui on fait une accolade
  • 8:03 - 8:07
    mais j'ai continué de me rendre
    dans cette maison chaque jeudi soir
  • 8:07 - 8:09
    pour serrer dans mes bras tous ces gamins.
  • 8:09 - 8:10
    Ils ont besoin d'intimité.
  • 8:10 - 8:14
    Ils exigent de vous que
    vous vous dévoiliez entièrement.
  • 8:14 - 8:16
    Ils montrent une nouvelle façon de vivre,
  • 8:16 - 8:19
    le remède de toutes les maladies
    de notre culture.
  • 8:19 - 8:22
    C'est une façon de --
    de mettre la priorité sur les relations,
  • 8:22 - 8:25
    ce n'est pas un simple mot,
    mais une réalité.
  • 8:26 - 8:30
    La bonne nouvelle, c'est que
    ces communautés sont partout.
  • 8:30 - 8:33
    J'ai démarré un projet à l'Institut Aspen
    intitulé « Tisser : le tissu social ».
  • 8:33 - 8:34
    Voici notre logo.
  • 8:35 - 8:39
    Nous visitions des lieux divers
    et nous y trouvons des tisseurs partout.
  • 8:39 - 8:42
    Nous rencontrons des personnes
    comme Asiaha Butler, qui a grandi --
  • 8:42 - 8:45
    qui a vécu à Chicago, à Englewood,
    dans un voisinage violent.
  • 8:45 - 8:48
    Et elle était sur le point de partir
    à cause du danger justement
  • 8:48 - 8:51
    mais de l'autre côté de la rue,
    elle a vu deux petites filles
  • 8:51 - 8:53
    s'amusant sur un terrain vague
    avec des tessons.
  • 8:53 - 8:56
    Elle s'est tournée vers son mari
    et lui a dit : « On ne part pas.
  • 8:56 - 8:59
    Nous ne serons pas de ceux
    qui les ont abandonnées. »
  • 8:59 - 9:01
    Elle a googlé : « bénévolat, Englewood ».
  • 9:01 - 9:03
    Depuis, elle dirige R.A.G.E.,
  • 9:03 - 9:04
    une grande communauté là-bas.
  • 9:04 - 9:07
    Certaines de ces personnes
    ont traversé des vallées arides.
  • 9:07 - 9:11
    J'ai rencontré Sarah dans l'Ohio,
    qui a découvert en revenant de voyage
  • 9:11 - 9:16
    que son mari s'était suicidé
    après avoir tué leurs deux enfants.
  • 9:16 - 9:19
    Elle gère une pharmacie gratuite
    et elle est bénévole dans la communauté,
  • 9:19 - 9:23
    apportant soutien et enseignement
    aux femmes victimes de la violence.
  • 9:23 - 9:25
    Elle m'a dit : « Cette expérience
    m'a fait mûrir, car j'étais en colère.
  • 9:25 - 9:28
    J'allais me révolter contre
    ce qu'il a voulu m'infliger
  • 9:28 - 9:30
    en faisant une différence dans le monde.
  • 9:30 - 9:32
    Car il ne m'a pas tuée.
  • 9:32 - 9:33
    Ma réponse est que
  • 9:33 - 9:37
    quel que soit le mal qu'il m'ait réservé,
    je l'emmerde et il n'y arrivera pas. »
  • 9:38 - 9:41
    Ces tisseurs ne vivent pas
    une vie individualiste.
  • 9:41 - 9:45
    ils vivent une vie relationnelle
    sur la base d'autres valeurs.
  • 9:45 - 9:46
    Leurs motivations sont morales.
  • 9:46 - 9:49
    Leurs convictions sont sacerdotales
    et ils se sont enracinés.
  • 9:49 - 9:51
    À Youngstown dans l'Ohio,
  • 9:51 - 9:52
    un type tenait une pancarte :
  • 9:52 - 9:54
    « Défendons Youngstown ! »
  • 9:54 - 9:56
    Ils ont des similitudes radicales
  • 9:56 - 9:59
    et sont des génies des relations.
  • 9:59 - 10:01
    Mary Gordon, par exemple,
  • 10:01 - 10:03
    gère une organisation :
    « Racines de l'Empathie »
  • 10:03 - 10:06
    où ils accueillent des enfants de 4ème,
  • 10:06 - 10:08
    et aussi une mère et son nourrisson.
  • 10:08 - 10:11
    Les élèves doivent ensuite deviner
    ce que le bébé pense,
  • 10:11 - 10:12
    pour enseigner l'empathie.
  • 10:12 - 10:15
    Il y avait un enfant dans une classe
    plus grand que les autres
  • 10:15 - 10:19
    car il avait redoublé et c'était aussi
    un enfant mis sous tutelle
  • 10:19 - 10:21
    et il avait vu sa mère se faire tuer.
  • 10:21 - 10:23
    Mais il voulait tenir le bébé.
  • 10:23 - 10:25
    La mère était anxieuse
    parce qu'il faisait peur.
  • 10:25 - 10:28
    Mais elle lui a permis de tenir son bébé.
  • 10:28 - 10:30
    C'est ce qu'il a fait et avec brio.
  • 10:31 - 10:34
    Il a rendu le bébé et a posé des
    questions sur le rôle de parent.
  • 10:35 - 10:37
    Sa dernière question fut :
  • 10:37 - 10:40
    « Pourrais-je devenir un bon père
    même si personne ne m'a jamais aimé ? »
  • 10:41 - 10:42
    Et donc, Racines de l'Empathie
  • 10:42 - 10:45
    va au fond de la vallée
    et en sort les gens.
  • 10:45 - 10:47
    C'est ce que les tisseurs font.
  • 10:49 - 10:51
    Certains d'entre eux changent de travail.
  • 10:52 - 10:54
    Certains gardent leur travail.
  • 10:55 - 10:57
    Ils partagent en commun l'intensité.
  • 10:58 - 10:59
    J'ai lu ceci --
  • 10:59 - 11:05
    E.O. Wilson a écrit « Naturaliste », un
    très bon livre qui traite de son enfance.
  • 11:06 - 11:08
    Quand il avait 7 ans,
    ses parents ont divorcé.
  • 11:09 - 11:12
    Ils l'ont envoyé à Paradise Beach
    en Floride du Nord.
  • 11:12 - 11:14
    Il n'avait encore jamais vu l'océan.
  • 11:15 - 11:17
    Il n'avait encore jamais vu une méduse.
  • 11:17 - 11:19
    Il a écrit :
    « La créature était incroyable.
  • 11:19 - 11:22
    Elle existait au-delà
    de mon imagination. »
  • 11:22 - 11:23
    Un jour, il était assis sur un quai
  • 11:23 - 11:26
    et il a vu une raie nager sous ses pieds.
  • 11:26 - 11:28
    C'est à ce moment que
    le naturaliste est né
  • 11:28 - 11:30
    issu de l'étonnement
    et de l'émerveillement.
  • 11:30 - 11:33
    Il a fait cette observation :
  • 11:33 - 11:34
    « Quand on est enfant,
  • 11:34 - 11:38
    les animaux nous paraissent deux fois
    plus grands que quand on est adulte. »
  • 11:38 - 11:40
    Cela m'a beaucoup impressionné,
  • 11:40 - 11:45
    parce que, enfant, nous recherchons
    cette intensité morale
  • 11:45 - 11:48
    de nous donner totalement à quelque chose
  • 11:48 - 11:50
    et de trouver ce niveau de vocation.
  • 11:50 - 11:52
    Quand on est aux côtés des tisseurs,
  • 11:52 - 11:56
    on peut constater qu'ils voient
    les autres en deux fois plus grand.
  • 11:56 - 11:57
    Ils percent leur profondeur
  • 11:58 - 12:00
    et y découvrent de la joie.
  • 12:01 - 12:05
    Dans la première montée de notre vie,
    quand nous démarrons notre carrière,
  • 12:05 - 12:07
    nous cherchons le bonheur.
  • 12:08 - 12:11
    Le bonheur est très bien,
    c'est l'expansion du soi.
  • 12:11 - 12:12
    Vous remportez une victoire,
  • 12:12 - 12:16
    vous obtenez une promotion,
    votre équipe gagne au Super Bowl,
  • 12:17 - 12:18
    vous êtes heureux.
  • 12:18 - 12:22
    Mais la joie n'est pas l'expansion du soi,
    c'est en fait sa dissolution.
  • 12:23 - 12:27
    C'est le moment du sevrage
    entre une mère et son enfant.
  • 12:27 - 12:30
    C'est le moment où un naturaliste
    se sent libre dans la nature.
  • 12:31 - 12:34
    C'est le moment où on est si plongé
    dans son travail ou sa cause,
  • 12:34 - 12:36
    qu'on en oublie totalement son être.
  • 12:37 - 12:39
    La joie est préférable au bonheur.
  • 12:39 - 12:43
    Je collectionne les moments de joie
    de personnes quand elles la perdent.
  • 12:43 - 12:45
    L'un de mes favoris
    est celui de Zadie Smith.
  • 12:45 - 12:48
    En 1999, elle était dans une boîte
    de nuit londonienne,
  • 12:48 - 12:51
    cherchant ses amis, se demandant
    où était passé son sac à main.
  • 12:51 - 12:53
    Et soudainement, comme elle le relate :
  • 12:53 - 12:57
    « un homme mince et sec
    avec de gros yeux, m'a saisi la main
  • 12:57 - 12:58
    depuis une marée de corps.
  • 12:58 - 13:02
    Il m'a répété la ma même question
    encore et encore : « Tu la sens ? »
  • 13:02 - 13:06
    Mes talons ridicules me faisaient mal,
    j'étais terrifiée à l'idée de mourir,
  • 13:06 - 13:08
    mais en même temps,
    un plaisir immense m'a envahie.
  • 13:08 - 13:10
    le DJ passait le rap « Can I Kick It ? »
  • 13:10 - 13:13
    à ce moment précis
    dans l'histoire du monde,
  • 13:13 - 13:14
    la musique à fond,
  • 13:14 - 13:16
    et glissait vers « Teen Spirit »
    de Nirvana.
  • 13:16 - 13:19
    J'ai pris la main de l'homme,
    et je me suis lâchée.
  • 13:19 - 13:23
    on a dansé, et dansé,
    en s'abandonnant dans la joie. »
  • 13:24 - 13:27
    J'essaie de décrire ici
    deux états d'esprit différents.
  • 13:28 - 13:30
    Le premier esprit est celui de la montée,
  • 13:30 - 13:32
    le bonheur individuel,
    une carrière fructueuse.
  • 13:32 - 13:35
    C'est un bon état d'esprit
    et je n'ai rien à en redire.
  • 13:35 - 13:37
    Mais nous sommes dans la vallée nationale
  • 13:37 - 13:40
    dépourvus d'un autre état d'esprit
    pour le contrebalancer.
  • 13:40 - 13:43
    Nous ne perdons la sensation
    de bien-être en tant que personne
  • 13:43 - 13:46
    et la foi qui définit
    notre être dans l'avenir.
  • 13:46 - 13:50
    nous ne nous percevons plus profondément,
    nous ne nous traitons plus aussi bien.
  • 13:50 - 13:52
    Nous avons besoin de nombreux changements.
  • 13:52 - 13:55
    Nous avons besoin d'un changement
    économique et environnemental.
  • 13:55 - 13:58
    Nous avons aussi besoin d'une révolution
    culturelle et relationnelle.
  • 13:58 - 14:02
    Nous avons besoin d'appeler la langue
    d'une société retrouvée.
  • 14:03 - 14:05
    Et pour moi, les tisseurs
    ont trouvé cette langue.
  • 14:06 - 14:09
    Ma théorie du changement social
    est que la société change
  • 14:09 - 14:12
    quand un petit groupe de personnes
    trouve une meilleure façon de vivre,
  • 14:12 - 14:13
    et le reste les imite.
  • 14:14 - 14:16
    Ces tisseurs ont trouvé
    une meilleure façon de vivre.
  • 14:16 - 14:18
    Inutile d'en faire une théorie.
  • 14:18 - 14:22
    Ils sont là, les bâtisseurs
    de nos communautés à travers le pays.
  • 14:22 - 14:25
    Nous avons besoin
    d'ajuster un peu nos vies
  • 14:25 - 14:28
    afin de pouvoir dire : « Je suis,
    nous sommes des tisseurs. »
  • 14:28 - 14:29
    Et si nous faisons cela,
  • 14:30 - 14:32
    nous comblons le vide en nous,
  • 14:32 - 14:35
    et plus important,
    nous ravaudons l'unité sociale.
  • 14:35 - 14:36
    Merci beaucoup.
  • 14:36 - 14:41
    (Applaudissements)
Title:
Notre culture nous ment sur ce qui est important et comment vivre mieux
Speaker:
David Brooks
Description:

Notre société vit une crise sociale profonde, affirme David Brooks, journaliste, éditeur et auteur. Nous sommes piégés dans la vallée de l'isolement et de la fragmentation. Comment nous en échapper ? Les voyages de David Brooks à travers les États-Unis et ses rencontres avec un communauté de personnes exceptionnelle connues sous le nom de « tisseurs » ont construit sa vision d'une révolution culturelle qui nous rend autonomes et nous conduit à vivre une vie chargée de sens, d'objectif et de joie.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:54

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