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TEDxGranta -- Tim Morley -- un Tremplin vers les langues

  • 0:18 - 0:20
    Bonjour, je m’appelle Tim Morley,
  • 0:20 - 0:24
    et j'aimerais vous parler
    d'une façon innovante
  • 0:24 - 0:26
    et assez différente,
    d'introduire les langues étrangères
  • 0:26 - 0:29
    à l'école primaire.
  • 0:29 - 0:32
    Actuellement, beaucoup d'écoles
    primaires au Royaume-Uni
  • 0:32 - 0:35
    ont des langues étrangères
    dans leurs programmes, c'est formidable,
  • 0:35 - 0:40
    mais il y a un problème de compétences :
    d'un côté nous avons
  • 0:40 - 0:46
    de nombreux instituteurs,
    très efficaces et bien formés,
  • 0:46 - 0:49
    mais la plupart ne parlent pas
    de langue étrangère
  • 0:49 - 0:52
    sans compter qu'ils n'ont reçu
    aucune formation pour en enseigner.
  • 0:52 - 0:54
    De l'autre côté, il y a
    beaucoup d'enseignants
  • 0:54 - 0:57
    de langues étrangères dans les collèges,
  • 0:57 - 0:59
    qui font un super boulot
    dans leurs classes,
  • 0:59 - 1:02
    mais mettez-les devant
    un groupe d'enfants de sept ans
  • 1:02 - 1:04
    et ils ne se sentiront
    pas vraiment à l'aise,
  • 1:04 - 1:08
    et nous pouvons leur pardonner
    de ne pas vouloir s'impliquer.
  • 1:08 - 1:12
    Face à ce problème
    il y a ce projet
  • 1:12 - 1:16
    « Tremplin vers les langues »
    (« Springboard to Languages »)
  • 1:16 - 1:19
    auquel je participe depuis quelques années
  • 1:19 - 1:24
    et qui a pour but de faire cela
    en enseignant l'espéranto
  • 1:24 - 1:27
    aux enfants d'école primaire.
  • 1:27 - 1:32
    Bon, le titre de la conférence vous donne
    un avant-goût du franc scepticisme
  • 1:32 - 1:35
    de la part de certains parents.
  • 1:35 - 1:36
    « Vous enseignez QUOI à mon enfant ?
  • 1:36 - 1:41
    Mais c'est quoi ? C'est de l'espagnol ?
    Mais pourquoi ? »
  • 1:41 - 1:44
    Autant de questions justifiables
    auxquelles je vais tenter de répondre.
  • 1:44 - 1:50
    Donc, première chose : ce N'EST PAS
    un cours pour parler espéranto.
  • 1:50 - 1:52
    L'objectif n'est pas d'envoyer
    des enfants à travers le monde
  • 1:52 - 1:54
    pour qu'ils parlent espéranto couramment
  • 1:54 - 1:56
    dans leur vie quotidienne,
    au travail, etc.
  • 1:56 - 2:01
    Ce n'est pas le but. La plupart
    des enfants, la grande majorité,
  • 2:01 - 2:05
    ne rencontreront probablement jamais
    d'autres espérantophones dans leur vie.
  • 2:05 - 2:07
    Ce n'est pas grave, ce n'est pas le but.
  • 2:07 - 2:11
    Alors de quoi s'agit-il ?
    Voilà de quoi il s'agit.
  • 2:11 - 2:15
    Quelque chose d'essentiel :
    la prise de conscience de la langue.
  • 2:16 - 2:21
    L'espéranto est une langue
    beaucoup plus simple
  • 2:21 - 2:23
    que n'importe quelle autre
    que j'ai pu rencontrer
  • 2:23 - 2:26
    (et j'en ai étudié et enseigné
    quelques-unes).
  • 2:26 - 2:31
    Elle a été conçue spécifiquement pour être
    simple et facile à apprendre
  • 2:31 - 2:33
    et il y a une différence
    d'ordre de grandeur
  • 2:33 - 2:34
    en terme de rapidité
    et facilité pour l'apprendre
  • 2:34 - 2:36
    par rapport à n'importe quelle
    autre langue que je connaisse.
  • 2:36 - 2:40
    Du coup les enfants
    dépassent rapidement
  • 2:40 - 2:43
    cette étape où ils doivent
    juste mémoriser des choses,
  • 2:43 - 2:46
    et ils peuvent utiliser la langue
    de manière créative, c'est formidable.
  • 2:46 - 2:51
    Cela aide à développer toute cette
    gymnastique mentale dont il y a besoin
  • 2:51 - 2:54
    pour avoir deux langues dans sa tête
  • 2:54 - 2:56
    et basculer entre les deux
    pour trouver des équivalences entre elles.
  • 2:56 - 3:00
    Toutes ces compétences sont
    développées avec une langue simple
  • 3:00 - 3:02
    et ces compétences peuvent être
    mises en application
  • 3:02 - 3:04
    pour étudier ensuite d'autres langues.
  • 3:04 - 3:07
    C'est une expérience inclusive,
    couronnée de succès.
  • 3:07 - 3:10
    « Inclusive » dans le sens que,
    dans une classe donnée,
  • 3:10 - 3:13
    une plus grande proportion de cette classe
  • 3:13 - 3:17
    sera capable de se débrouiller
    avec l'espéranto,
  • 3:17 - 3:21
    en faire des choses utiles,
    plutôt qu'avec d'autres langues.
  • 3:21 - 3:25
    Et j'ose dire, une expérience inclusive
    couronnée de succès.
  • 3:25 - 3:29
    Les réactions des enfants,
    les retours des enseignants,
  • 3:29 - 3:32
    ainsi que des parents,
    quand ils comprennent ce qu'on fait,
  • 3:33 - 3:36
    et même je devrais dire,
    l'évaluation scolaire aussi,
  • 3:36 - 3:39
    suggèrent que c'est positif.
    Ça fonctionne.
  • 3:39 - 3:41
    Regardons rapidement
    la taxonomie de Bloom,
  • 3:41 - 3:43
    sous-jacente à
    de nombreux programmes scolaires.
  • 3:43 - 3:47
    On commence depuis le bas
    et on poursuit vers le haut.
  • 3:47 - 3:51
    Il y a un risque avec l'enseignement
    des langues en primaire
  • 3:51 - 3:53
    de rester bloqué en bas.
  • 3:53 - 3:57
    Il faut mémoriser, apprendre par cœur,
  • 3:57 - 4:00
    les conjugaisons, le masculin
    et le féminin des mots,
  • 4:00 - 4:02
    épeler les mots, les prononcer —
  • 4:02 - 4:05
    autant de mémoire à solliciter
  • 4:05 - 4:08
    avant de pouvoir développer
    les compétences d'en haut.
  • 4:08 - 4:14
    Dans de nombreuses classes de primaire
  • 4:14 - 4:17
    où on essaye d'enseigner
    le français, l'espagnol, le mandarin,
  • 4:17 - 4:19
    on reste coincé en bas,
  • 4:19 - 4:22
    et on n'atteint jamais la partie créative,
  • 4:22 - 4:25
    et il y a un danger que l'enfant
    perde avant cela sa motivation.
  • 4:25 - 4:28
    L'espéranto minimise la tâche
    de mémorisation nécessaire
  • 4:28 - 4:31
    et on progresse rapidement vers le haut,
  • 4:31 - 4:33
    vers les compétences plus
    intéressantes et motivantes.
  • 4:33 - 4:37
    L'alphabétisation en anglais —
    l'espéranto aide les enfants à l'acquérir.
  • 4:37 - 4:42
    J'ai vu des enfants de 5 ans qui avaient
    du mal à lire et écrire en anglais,
  • 4:42 - 4:45
    mais qui ont découvert
    qu'ils étaient capables de lire
  • 4:45 - 4:48
    en lisant l'espéranto.
    C'était tellement plus simple,
  • 4:48 - 4:51
    et ça leur a donné cette
    confiance en eux dont ils avaient besoin
  • 4:51 - 4:53
    pour progresser en anglais.
  • 4:53 - 4:56
    J'ai vu des enfants de 9 ans,
    qui, face à la tâche
  • 4:56 - 4:59
    « entourer l'adjectif dans la phrase »,
  • 4:59 - 5:01
    faisaient d'abord la traduction
  • 5:01 - 5:03
    de la phrase en espéranto dans leur tête,
  • 5:03 - 5:06
    car les adjectifs sont tout de suite
    repérables en espéranto.
  • 5:06 - 5:08
    Donc ça les aide pour apprendre à lire
    leur première langue également.
  • 5:08 - 5:13
    Même les nombres,
    la façon dont on les verbalise
  • 5:13 - 5:17
    en espéranto aide à clarifier comment
    les chiffres deviennent des nombres.
  • 5:17 - 5:20
    Et quand on a 5 ans
    et qu'on apprend l'addition,
  • 5:20 - 5:21
    les dizaines et les unités,
    ça aide vraiment.
  • 5:21 - 5:23
    Je donnerai quelques exemples
    là-dessus après.
  • 5:23 - 5:26
    Donc l'espéranto apporte
    tout cela à la classe.
  • 5:26 - 5:29
    Presque comme un effet secondaire,
    ça apporte aussi
  • 5:29 - 5:30
    un contact avec des cultures étrangères
  • 5:30 - 5:32
    — ce qui est évidemment une motivation
    pour apprendre une langue étrangère —
  • 5:32 - 5:37
    et j'ai été dans des classes et
    ai pris part à des vidéoconférences
  • 5:37 - 5:38
    entre des classes anglaises
  • 5:38 - 5:43
    et des classes en Slovénie,
    en Hongrie, en Allemagne.
  • 5:43 - 5:47
    Il y a de nombreux projets Comenius —
  • 5:47 - 5:49
    Comenius est le nom des bourses données
  • 5:49 - 5:52
    par la Commission Européenne
    aux écoles primaires
  • 5:52 - 5:54
    qui établissent des liens avec
    d'autres écoles à travers l'Europe —
  • 5:54 - 5:56
    il y a eu de nombreux projets Comenius
  • 5:56 - 5:58
    où l'espéranto est utilisé
    comme une langue-pont
  • 5:58 - 6:01
    entre les enfants — et les adultes aussi.
  • 6:01 - 6:06
    Donc l'espéranto apporte
    tout cela à la classe.
  • 6:06 - 6:10
    Voici maintenant une analogie.
    Comment NE PAS parvenir à cela.
  • 6:10 - 6:12
    Voici un joueur de basson.
  • 6:13 - 6:15
    Il tire beaucoup de plaisir
    à jouer du basson,
  • 6:15 - 6:17
    peut-être même qu'il gagne sa vie avec.
  • 6:17 - 6:19
    Je suggèrerais que si vous voulez
    que votre enfant
  • 6:19 - 6:23
    devienne un joueur professionnel
    de basson,
  • 6:23 - 6:26
    le meilleur moyen N'EST PAS
  • 6:26 - 6:28
    de donner un basson à un enfant de 7 ans.
  • 6:28 - 6:30
    « Vas-y mon petit,
    joue nous un morceau ! »
  • 6:30 - 6:31
    Ça ne fonctionnera pas.
  • 6:31 - 6:35
    C'est un instrument grand, encombrant,
    même entre des mains adultes.
  • 6:35 - 6:37
    Avec des mains d'enfants,
    c'est vraiment très dur à jouer.
  • 6:37 - 6:39
    Il y a beaucoup à mémoriser,
    des doigtés à apprendre,
  • 6:39 - 6:42
    l'anche, c'est dur d'en tirer un couac !
  • 6:42 - 6:44
    sans parler d'en sortir une jolie note.
  • 6:44 - 6:48
    Du coup, si on fait ça, après 6, 12 mois,
  • 6:48 - 6:50
    le résultat est : « je n'aime pas ça,
  • 6:50 - 6:52
    je n'y arrive pas,
    je suis nul en musique.
  • 6:52 - 6:53
    Je ne veux pas faire de musique. »
  • 6:53 - 6:55
    Donc évidemment, ce n'est pas
    ce que nous faisons.
  • 6:55 - 6:58
    On commence par quelque chose de facile.
  • 6:58 - 7:00
    On va lever les mains : qui a joué
    de la flûte à bec en primaire ?
  • 7:00 - 7:02
    Moi déjà j'en ai joué.
  • 7:02 - 7:03
    Parfait, presque tout le monde.
  • 7:03 - 7:07
    Qui maintenant en joue encore,
    pour soi, ou dans un orchestre ?
  • 7:07 - 7:12
    Oh, un ou deux, d'accord...
    Plus que ce que j'attendais !
  • 7:12 - 7:17
    Quelques-uns continuent,
    mais la grande majorité a arrêté.
  • 7:17 - 7:21
    Sommes-nous devant un échec massif
    des politiques éducatives du primaire ?
  • 7:21 - 7:25
    Pourquoi avons-nous appris
    la flûte à bec ? Ça ne sert à rien.
  • 7:25 - 7:26
    Oh bien sûr, ce n'est pas l'objectif.
  • 7:26 - 7:29
    En apprenant la flûte à bec,
    on apprend la musique.
  • 7:29 - 7:31
    On apprend les gammes
    majeures et mineures.
  • 7:31 - 7:32
    On commence à lire la musique.
  • 7:32 - 7:34
    On apprend le rythme, le tempo,
  • 7:34 - 7:36
    à jouer ensemble, les harmonies.
  • 7:36 - 7:41
    Et tout ce savoir musical est pratiqué
    sur un instrument simple
  • 7:41 - 7:45
    et peut être ensuite appliqué au basson,
  • 7:45 - 7:47
    ou à l'orgue ou n'importe quel
    autre instrument.
  • 7:47 - 7:53
    Donc, par analogie,
    le français à l'école, c'est un basson.
  • 7:53 - 7:57
    L'espagnol à l'école, c'est un basson.
  • 7:57 - 8:00
    Le chinois est un basson super grand
    avec des sons en plus !
  • 8:02 - 8:07
    L'espéranto est une flûte à bec.
    Voilà ce dont il s'agit.
  • 8:07 - 8:09
    Bon, avant de continuer, je voulais dire :
  • 8:09 - 8:12
    je ne supporte plus ces présentations
    où on affiche un mur de texte
  • 8:12 - 8:14
    et quelqu'un se tient là et vous le lit.
  • 8:14 - 8:16
    Ce n'est pas une présentation, ça,
    c'est un rapport déclamé à haute voix
  • 8:16 - 8:17
    et ça devient vite ennuyeux.
  • 8:18 - 8:21
    Ceci dit, je vais bien afficher
    un mur de texte,
  • 8:21 - 8:22
    et je vais bien vous le lire !
  • 8:22 - 8:24
    Je vous prie de m'excuser,
    ça ne sera qu'une fois.
  • 8:24 - 8:26
    C'est un bref extrait d'un rapport
  • 8:26 - 8:28
    de l’École d’Éducation
    de l'Université de Manchester
  • 8:28 - 8:31
    qui a évalué le projet
    « Springboard to Languages »
  • 8:31 - 8:35
    et dans cette partie il parle
    d'une école A,
  • 8:35 - 8:39
    où les enfants avaient fait
    18 mois d'espéranto,
  • 8:39 - 8:43
    et de l'école B où ils avaient fait
    deux ans de français,
  • 8:43 - 8:47
    et venaient juste
    de commencer l'espéranto.
  • 8:47 - 8:49
    Ils ont fait un test de français
    et voici ce qui s'est passé.
  • 8:49 - 8:53
    « Est-ce que Springboard aide
    à apprendre d'autres langues ? »
  • 8:53 - 8:56
    Les élèves ont été invités à décoder
    la phrase suivante en français :
  • 8:56 - 8:58
    « Les oreilles de l'éléphant
    sont très grandes
  • 8:58 - 9:00
    et le nez est très long. »
  • 9:00 - 9:02
    Et ils ont observé que « les seuls enfants
  • 9:02 - 9:04
    qui ont correctement traduit
    la phrase complète
  • 9:04 - 9:06
    étaient, et c'est intéressant,
    de l'école A
  • 9:06 - 9:09
    où les enfants apprenant l'espéranto
    n'avaient jamais fait de français.
  • 9:09 - 9:12
    Ces deux enfants ont utilisé
    des stratégies
  • 9:12 - 9:16
    de décodage métalinguistique
    (relations, ponctuation, contexte). »
  • 9:16 - 9:17
    En d'autres termes,
    les compétences linguistiques
  • 9:17 - 9:19
    apprises grâce à l'espéranto.
  • 9:19 - 9:20
    « Les enfants de l'école B, qui avaient
  • 9:20 - 9:22
    appris le français
    depuis la première année,
  • 9:22 - 9:25
    ont eu des résultats à peine meilleurs
    que les enfants de l'école A
  • 9:25 - 9:27
    à un test de français. »
  • 9:27 - 9:30
    Donc les compétences des enfants,
    reçues de l'espéranto
  • 9:30 - 9:33
    leur ont permis, à un test de français,
  • 9:33 - 9:35
    de rattraper le niveau des enfants
    ayant appris le français.
  • 9:35 - 9:37
    Mais, qu'est-ce que l'espéranto a
    de si spécial ?
  • 9:37 - 9:39
    Pourquoi est-il si efficace pour cela ?
  • 9:39 - 9:40
    Voici quelques exemples rapides.
  • 9:40 - 9:42
    En haut, nous avons les nombres :
  • 9:42 - 9:44
    unu (1), du (2), tri (3),
    kvar (4), kvin (5)
  • 9:44 - 9:46
    ses (6), sep (7), ok (8),
    naŭ (9), dek (10)
  • 9:46 - 9:49
    Ceux-là, il faut mémoriser. OK.
  • 9:49 - 9:51
    Mais une fois mémorisé cela,
  • 9:51 - 9:54
    vous avez tout ce dont vous avez besoin
    pour aller jusqu'à 99.
  • 9:54 - 9:57
    Il n'y a rien d'autre à apprendre.
    On ne fait ensuite qu'appliquer.
  • 9:57 - 10:01
    11, 12, 13 sont simplement
    « dek unu », « dek du », « dek tri »,
  • 10:01 - 10:04
    littéralement « dix-un »,
    « dix-deux », « dix-trois »,
  • 10:04 - 10:07
    jusqu'à « dudek »,
    littéralement « deux-dix ».
  • 10:07 - 10:10
    Ensuite, c'est « dudek unu »,
    « dudek du » et ainsi de suite
  • 10:10 - 10:12
    jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf.
  • 10:12 - 10:15
    Donc, pour les enfants qui apprennent
    les centaines, les dizaines et les unités,
  • 10:15 - 10:19
    en fait ils traduisent les nombres
    en espéranto
  • 10:19 - 10:20
    (j'ai vu cela arriver en classe)
  • 10:20 - 10:25
    « donc... 27... dudek sep...
    donc 'dudek' est 'deux-dix'
  • 10:25 - 10:26
    donc c'est un '2'
    dans la colonne des dizaines
  • 10:26 - 10:28
    et un '7' dans la colonne des unités... »
  • 10:28 - 10:30
    Du coup, en traduisant
    les nombres en espéranto,
  • 10:30 - 10:34
    ça clarifie ce qui se passe,
    ce qu'un '2' dans '27' veut vraiment dire.
  • 10:36 - 10:39
    En bas il y a « sesdek tri »...
    quelqu'un sait ?
  • 10:39 - 10:46
    « 73 ? » C'est 63...
    mais merci pour l'effort !
  • 10:48 - 10:51
    Et cela illustre encore la minimisation
  • 10:51 - 10:53
    des choses à mémoriser —
  • 10:53 - 10:58
    quand on apprend « patro »,
    on peut dériver « patrino »,
  • 10:58 - 11:01
    « -ino » veut dire
    « équivalent féminin, femelle »,
  • 11:01 - 11:03
    donc « patrino » est le mot pour « mère ».
  • 11:03 - 11:04
    Il n'y a pas de mot à part à apprendre.
  • 11:04 - 11:09
    « Instruisto » est l'enseignant
    et si l'enseignant
  • 11:09 - 11:11
    est une femme et qu'on veut le préciser,
  • 11:11 - 11:14
    on peut dire
    qu'elle est une « instruistino ».
  • 11:14 - 11:18
    On utilise le même « -ino » chaque fois
    qu'on marque le féminin.
  • 11:18 - 11:22
    « Hundo », n'importe quel locuteur
    de l'allemand reconnaîtra le chien.
  • 11:22 - 11:28
    « Hundido » est un chiot,
    « -ido » est le jeune, la descendance.
  • 11:28 - 11:31
    Donc de « kato » (chat),
    on dérive « katido », un chaton
  • 11:31 - 11:34
    et « kuniklo » ? Les locuteurs du latin
    ou de l'italien sauront
  • 11:34 - 11:38
    que c'est un lapin,
    et que « kuniklido » est un « lapereau ».
  • 11:38 - 11:41
    Bon, je parle français depuis 25 ans,
  • 11:41 - 11:44
    j'ai vécu en France et ma famille
    est bilingue anglais-français,
  • 11:44 - 11:48
    mais je ne peux pas tout de suite
    me rappeler du mot français
  • 11:48 - 11:49
    pour un « bébé lapin ».
  • 11:49 - 11:51
    Je connais le mot pour lapin,
    mais pas pour son bébé.
  • 11:51 - 11:54
    Je ne me le rappelle pas,
    mais en espéranto, c'est juste évident.
  • 11:54 - 11:57
    Je ne peux PAS ne pas connaître ce mot !
    C'est évident, c'est là.
  • 11:57 - 11:59
    Voilà, « kontenta »
    signifie « heureux »,
  • 11:59 - 12:02
    et « malkontenta » - « mal- »
    donne l'opposé,
  • 12:02 - 12:03
    donc c'est « malheureux ».
  • 12:03 - 12:06
    De même avec « granda » pour grand,
    « malgranda »
  • 12:06 - 12:09
    est le mot normal en espéranto
    pour « petit ».
  • 12:09 - 12:10
    Il n'y a pas de mot à part à apprendre.
  • 12:10 - 12:13
    Il y a toujours « pour un acheté,
    recevez-en un gratuit »
  • 12:13 - 12:15
    avec les adjectifs en espéranto !
  • 12:15 - 12:17
    On a littéralement divisé par deux
    le nombre de mots à mémoriser
  • 12:17 - 12:20
    avec le simple préfixe « mal- ».
  • 12:20 - 12:23
    Bon, ce n'est qu'un petit aperçu
    de la langue,
  • 12:23 - 12:26
    mais ces principes s'étendent
    à travers la totalité de la langue.
  • 12:26 - 12:32
    J'ai trouvé qu'apprendre
    le français et d'autres langues
  • 12:32 - 12:35
    est un processus « additif » :
    je trouve un nouveau mot,
  • 12:35 - 12:37
    j'apprends sa prononciation,
    comment l'écrire,
  • 12:37 - 12:41
    sa signification et j'ai alors ajouté
    un mot dans ma besace.
  • 12:41 - 12:43
    L'apprentissage de l'espéranto
    est plutôt « multiplicatif ».
  • 12:43 - 12:47
    Chaque fois que j'ajoute un mot,
    il se recombine et se démultiplie
  • 12:47 - 12:49
    avec tout ce que j'ai déjà acquis.
  • 12:49 - 12:50
    je n'ai pas seulement un nouveau mot,
  • 12:50 - 12:53
    j'ai tout un nouvel horizon
    de capacité d'expression.
  • 12:53 - 12:57
    Et ceci s'applique tout autant
    dans la classe avec les enfants,
  • 12:57 - 13:00
    et du coup nous arrivons rapidement
    au point où ils peuvent utiliser
  • 13:00 - 13:02
    la langue de manière créative,
    plutôt que de
  • 13:02 - 13:05
    simplement répéter du vocabulaire
    et des phrases par cœur.
  • 13:05 - 13:08
    C'est bien plus intéressant.
  • 13:08 - 13:11
    Voici une anecdote : j'ai été interrompu
  • 13:11 - 13:14
    par un enfant de 8 ans,
    dans un espéranto parfaitement correct,
  • 13:14 - 13:17
    après environ 3 mois de cours.
  • 13:17 - 13:21
    On faisait cette activité
    où je donne une instruction,
  • 13:21 - 13:24
    les enfants suivent l'instruction
    et me disent ce qu'ils font.
  • 13:24 - 13:27
    Donc je dis un verbe impératif et
    ils utilisent un verbe au présent.
  • 13:27 - 13:33
    Donc je dis « Staru ! », ils se lèvent
    et disent « Mi staras ! »
  • 13:33 - 13:37
    Je dis « Sidu ! », ils s’asseyent
    et disent « Mi sidas ! »
  • 13:37 - 13:41
    Je dis « Saltu ! » et ils disent,
    « Mi saltas ! Mi saltas ! »
  • 13:41 - 13:43
    Et alors j'ai dit : « OK, silentu ! »
  • 13:43 - 13:46
    et toute la classe a dit :
    « Mi silentas ! »
  • 13:46 - 13:52
    sauf le petit Johnny qui crie :
    « Mi NE silentas ! »
  • 13:52 - 13:54
    Et là, c'est un dilemme :
  • 13:54 - 13:58
    je le réprimande
    ou je lui donne un bon point ?
  • 13:58 - 14:00
    Car il vient juste
    de faire rire toute la classe
  • 14:00 - 14:03
    avec une sortie parfaite
    grammaticalement dans la langue cible.
  • 14:03 - 14:04
    Du point de vue de l'enseignant de langue,
  • 14:04 - 14:08
    c'est un rêve qui se réalise,
    c'est ça l'objectif !
  • 14:08 - 14:11
    Donc je prends une expression
    mécontente-mais-souriante et je dis :
  • 14:11 - 14:15
    « Vi! Silentu ! »
    et il répond : « OK, mi silentas ! »
  • 14:15 - 14:21
    Cela ne m'est jamais arrivé
    pendant mes cours de français.
  • 14:21 - 14:24
    Ce n'est pas parce que je n'aime pas
    enseigner le français — j'aime ça —
  • 14:24 - 14:27
    et ce n'est pas parce que les enfants
    n'aiment pas apprendre
  • 14:27 - 14:28
    — je crois qu'ils aiment.
  • 14:28 - 14:32
    C'est juste qu'il y a tellement
    à mémoriser
  • 14:32 - 14:36
    et à pratiquer avant de rendre
    cela possible en français
  • 14:36 - 14:38
    ou en espagnol, en allemand
    ou d'autres langues
  • 14:38 - 14:42
    que ça n'arrive qu'après plusieurs années,
  • 14:42 - 14:45
    et à ce stade, malheureusement,
    beaucoup d'enfants ont perdu l'envie
  • 14:45 - 14:49
    et ont l'impression qu'ils sont
    mauvais en langues
  • 14:49 - 14:50
    parce qu'ils ne savent rien dire.
  • 14:50 - 14:52
    Ce n'est pas leur faute,
    ce n'est pas celle de l'enseignant,
  • 14:52 - 14:56
    c'est simplement très très dur
    d'arriver au moment
  • 14:56 - 14:59
    où on peut utiliser de manière créative
    une nouvelle langue.
  • 14:59 - 15:01
    L'espéranto permet de sauter par dessus
    une énorme partie de ces efforts
  • 15:01 - 15:04
    et permet aux enfants d'y arriver
    et d'acquérir l'expérience
  • 15:04 - 15:06
    de posséder une autre langue
    et de pouvoir faire des choses
  • 15:06 - 15:08
    utiles et amusantes avec.
  • 15:08 - 15:12
    Et c'est pour cela qu'on le fait.
  • 15:12 - 15:16
    Donc : l'espéranto ? Pendant les heures
    de cours ? Dans les écoles publiques ?
  • 15:16 - 15:19
    Oh oui, vraiment ! Ça arrive à l'heure
    même où je vous parle,
  • 15:19 - 15:22
    avec des leçons données par
    des spécialistes de l'espéranto comme moi,
  • 15:22 - 15:25
    mais aussi — et c'est très important —
    par des enseignants
  • 15:25 - 15:27
    n'ayant pas de connaissance
    préalable de l'espéranto,
  • 15:27 - 15:30
    qui peuvent acquérir la langue
    remarquablement vite
  • 15:30 - 15:34
    et aller l'enseigner,
    éliminant du même coup
  • 15:34 - 15:36
    ledit problème de compétences.
  • 15:36 - 15:39
    J'étais un peu embarrassé quand
    j'ai découvert pour la première fois,
  • 15:39 - 15:42
    que dans une classe qui étudiait
    depuis un an avec l'enseignant
  • 15:42 - 15:45
    à qui j'avais enseigné
    un minimum d'espéranto,
  • 15:45 - 15:48
    les enfants parlaient en fait
    bien mieux espéranto
  • 15:48 - 15:50
    que ceux à qui moi j'enseignais
    depuis un an.
  • 15:50 - 15:52
    Qu'est-ce qu'il se passait ?
  • 15:52 - 15:57
    En fait c'est évident : je ne passe que
    45 minutes par semaine à cette école.
  • 15:57 - 16:00
    J'en fais autant que possible
    pendant ce temps, mais c'est tout.
  • 16:00 - 16:02
    L'enseignant de la classe
    est tout le temps avec eux,
  • 16:02 - 16:04
    et des bouts d'espéranto
    s'immiscent dans tout ce qu'ils font.
  • 16:04 - 16:07
    En cours de maths, en cours d'anglais,
  • 16:07 - 16:09
    pendant la liste d'appel,
    c'est tout le temps.
  • 16:09 - 16:13
    Et donc ces enfants
    en tirent beaucoup plus
  • 16:13 - 16:18
    une fois que l'enseignant
    de la classe y participe
  • 16:18 - 16:21
    que leurs prédécesseurs
    n'en avaient fait avec moi.
  • 16:21 - 16:25
    Voilà ce qu'on fait.
    Ça marche magnifiquement bien
  • 16:25 - 16:29
    et je suis heureux et fier
    d'y prendre part. Merci.
Title:
TEDxGranta -- Tim Morley -- un Tremplin vers les langues
Description:

Après avoir été programmeur en informatique, Tim Morley est actuellement professeur d'anglais et de français. Il explore un programme innovant pour initier les jeunes enfants aux langues étrangères par l'utilisation de l'Espéranto.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:37

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