-
Au 17ème siècle,
quoique entourée d'ennemis,
-
l'Espagne dominait toujours le monde.
-
Le roi était Philippe IV,
le "Roi de la planète",
-
et ses territoires étaient gouvernés
d'une main de fer par son protégé,
-
le Comte-Duc d'Olivares.
-
En Flandre, les Amériques,
les Philippines,
-
une partie de l'Italie
et de l'Afrique du Nord,
-
le Portugal et ses colonies
avaient été ajoutés,
-
mais c'était en Flandre,
dans une guerre longue et cruelle,
-
que la bataille pour la survie de l'Empire
était menée.
-
Un Empire maintenu
par des armées professionnelles
-
dont le fer de lance était des vétérans
-
des redoutables régiments
d'infanterie espagnols.
-
Voici l'histoire
de l'un de ces hommes...
-
Flandre, hiver 1622
-
Par ici, Comte !
-
Comte, couvrez-nous!
-
Retraite !
-
Restez près de moi, comte.
-
Tenez-vous à ma chemise.
-
Meurt, chien de catholique !
-
Diable.
-
Lope.
-
Mon fils...
-
Mon fils, Diego...
-
Mon fils, Diego.
Mon fils.
-
Don Diego Alatriste : conformément à
la volonté de mon père,
-
qui est mort, que Dieu ait son âme,
dans la terre des hérétiques,
-
Je vous envoie mon frère Iñigo, que
je n'ai pas les moyens d'entretenir.
-
Il sait les mathématiques,
lire et écrire,
-
il est docile et apprend vite,
-
bien que quelque peu sujet
à la fantaisie, et têtu.
MADRID, UN AN PLUS TARD
-
Comme vous le savez, mon père
voulait qu'il fasse des études,
MADRID, UN AN PLUS TARD
-
pour aller à l'université,
mais il veut être un soldat.
-
Je prie que Dieu et Votre Honneur
interdisent une telle chose.
-
Ana de Balboa,
-
Oñate, Guipuzcoa.
-
C'est laquelle, celle-là ?
-
"M".
-
Tu es bien sombre aujourd'hui,
Don Francisco.
-
Comment va ton mémorial ?
-
Je pense que Philippe le Grand
et son favori Olivares
-
se sont torché le cul avec.
-
C'est toujours un grand honneur.
-
Un honneur pour son Royal Cul.
-
C'était du bon papier,
d'un demi-ducat par rame,
-
et de ma meilleure écriture.
-
Selon la rumeur, Olivares
commence à te tenir en estime.
-
Oui.
-
Il me donne même le loisir
de vivre à Madrid.
-
Il a besoin de tes vers.
-
Je t'emmerde, Capitaine !
-
Tu fais un meilleur ami
qu'ennemi.
-
Paraît-il.
-
Excusez-moi, seigneur de Quevedo.
-
Mes amis et moi, on se demandait
Si certains vers étaient les vôtres...
-
"Ci-gît, en tombe de noir ourlée,
sans vie et condamné
-
celui qui vendit son âme au profit vil
-
et qui, même dans la mort,
manque de flair et de style."
-
"En tombe de noir ourlée..."
-
Pourraient être améliorés s'ils étaient les miens.
N'est-ce pas, Iñigo ?
-
Bien sûr, Don Francisco.
-
En tout état de cause,
-
Góngora est-il à ce point aux abois
qu'on lui dédie des épitaphes ?
-
Pas que je sache.
-
J'ai entendu dire que Don Luis de Góngora
jouit toujours d'une bonne santé.
-
Tellement bonne que c'est toujours celui
qui écrit la meilleure poésie d'Espagne.
-
Ne gaspille pas ton acier si tôt
dans la journée, Don Francisco.
-
Et sur une telle bagatelle.
-
L'amusement est fini.
-
L'alguazil cocu.
-
Du calme,
-
ou je te botterai le cul
jusqu'au jugement dernier.
-
Retour au travail.
-
Diego, j'ai du travail pour toi.
-
Quelqu'un a besoin de toi.
-
Travail sûr,
-
pas de risques,
-
à part les risques habituels, bien sûr.
-
Et pour une bonne bourse...
à partager.
-
À partager ?
-
Avec qui ?
-
Suis-moi.
-
Deux gentilshommes étrangers.
-
Ils vont entrer dans Madrid seul,
à cheval, vendredi soir.
-
Le paiement de tes services
-
sera 60 escudos en doublons.
À partager. D'accord ?
-
Cela me convient.
-
Nous aurons chacun
trois médailles d'or.
-
À payer lorsque le travail
sera fait de façon satisfaisante.
-
À la satisfaction de qui ?
-
Mon fils,
-
Je suis le père Emilio Bocanegra,
-
Président du Conseil
de l'Inquisition.
-
Les deux hérétiques doivent mourir.
-
Pitié !
-
Pitié !
-
Pitié pour mon compagnon!
-
- Laissez-le !
- Voulez-vous plaisanter ?
-
Rien de tout cela n'est clair.
-
Ce ne sont pas de simples hérétiques.
-
Nous les tuerons un autre jour.
-
Nous nous reverrons.
-
Diego, tu es dans un beau pétrin.
-
J'imagine.
-
La nouvelle va bientôt se propager et
tout Madrid en sera ébranlé.
-
Maintenant venons-en au fait.
-
Qui t'a engagé ?
-
Des gens.
-
Ne m'ennuie pas, Diego.
Quels gens ?
-
C'est ce que j'aimerais bien savoir,
Excellence.
-
Je n'ai pas vu leurs visages.
-
Et ton compagnon dans l'embuscade ?
N'as-tu pas vu son visage non plus ?
-
Comme Votre Excellence le sait,
Je chasse toujours seul.
-
Diego, ce n'est pas
un interrogatoire de l'Inquisition.
-
Eh bien, c'est toi qui décide.
-
C'est ton cou, pas le mien.
-
Mais, juste par curiosité...
-
Sais-tu qui tu as presque tué
la nuit dernière ?
-
Non, comte. Je vous
en donne ma parole.
-
Je te crois.
-
Alors, pourquoi ne les as-tu pas tués ?
-
J'ai eu un pressentiment.
-
Sire, une affaire d'une extrême gravité
a eu lieu la nuit dernière.
-
Le Prince de Galles
et le duc de Buckingham
-
sont entrés dans Madrid incognito.
-
Ils souhaitent être reçus
par Votre Majesté.
-
Ils ont été presque
tué dans une embuscade.
-
J'ai ordonné une enquête
pour trouver les coupables.
-
Sire, cette visite inattendue
nous oblige à prendre une décision
-
concernant la possible mariage
de votre sœur,
-
la princesse Maria,
et le Prince de Galles.
-
J'ai convoqué le Conseil d'Etat
-
et le Comité des théologiens
pour vous donner leur avis.
-
Attaque !
-
Allez !
-
Tu n'es pas si bon que ça.
-
Vas-y, attaque !
-
Qu'y a-t-il, Iñigo ? Tu as l'air
d'avoir vu un fantôme.
-
Non, non.
-
On dit que le prince anglais
a été pris en embuscade.
-
Bien.
-
Sait-on qui a fait ça ?
-
On dit que c'est des voleurs.
-
Les gens ont
trop d'imagination.
-
Va chercher du vin.
-
Brute.
-
Aidez-moi.
-
Je ne peux pas marcher.
-
Comment vais-je rentrer à la maison ?
-
Je vais vous porter.
-
Suis-je très lourde ?
-
Non.
-
Non.
-
Quel est ton nom ?
-
Iñigo de Balboa.
-
Page du capitaine Diego Alatriste.
-
J'aime bien les soldats.
-
Mon nom est Angélica.
-
Tu t'en souviendras ?
-
Bien sûr, que je m'en souviendrai.
-
Je l'espère.
-
Tu peux me poser maintenant.
-
J'espère que vous savez ce que vous faites.
-
Je sais, ne vous inquiétez pas.
-
Renvoyez ces hommes.
-
Ne tuez pas ce Batriste...
Latriste, quel que soit son nom, pour le moment.
-
- Mais, madame...
- J'ai fait des plans qui concernent Iñigo.
-
J'ai besoin que ce capitaine
s'occupe de lui jusqu'au moment venu.
-
Ensuite, vous pourez le tuer.
-
Oui, Capitaine, c'est une comédie.
-
Commandé par Olivares
pour la reine.
-
Et Don Rafael
la produira.
-
- Un grand honneur.
- Et vous serez payé
-
ou cela sera-t-il un accompte
pour des faveurs futures, comme d'habitude ?
-
Je ne sais rien des faveurs. Aujourd'hui,
c'est hier, demain est encore à venir.
-
Pour le présent
Olivares a promis 5OO réals.
-
Une comédie...
-
Ce n'est pas ta spécialité.
-
-Comment osez-vous ?
-Non, le Capitaine a raison.
-
Mais si même le pauvre Cervantes a essayé,
Pourquoi pas moi ?
-
Don Francisco, ma femme,
la grande actrice Maria de Castro.
-
Et le Capitaine...
-
Alatriste.
-
Diego et moi nous connaissons.
-
À quoi penses-tu ?
-
Je devrais éviter
les femmes mariées.
-
Sauf si elle est la plus
désirée des femmes d'Espagne.
-
Je ne l'avais jamais vue.
-
Cela fait longtemps.
-
Près de trois ans.
-
Tu m'as manqué.
-
Pas en Italie.
-
Ça a mal tourné.
Elle a finalement épousé un autre.
-
J'en ai entendu parler.
-
Tu as changé, Diego.
-
Peut-être parce que je vieillis.
-
Ou est-ce à cause de ce garçon
qui vit avec toi.
-
Tu sais que j'aime
bien tout savoir.
-
C'est le fils d'un ami
qui est mort en Flandre.
-
J'ai promis de m'occuper de lui.
-
Et ?
-
J'ai peur de tout gâcher, Maria.
-
Tout peut arriver
avec un enfant.
-
Tu t'en sortiras bien.
-
Tu es un homme bon.
-
Je ne serais pas si sûr de cela.
-
Tu as peu de relations avec les gens.
-
Maria, il est temps!
Préparez-vous!
-
Ne t'inquiètes pas, continue.
-
C'est un homme raisonnable.
-
Je lui fait gagner beaucoup d'argent.
-
En vaut-il la peine ?
-
Je suis une femme pratique.
-
Je dois penser à l'avenir.
-
Au diable l'avenir.
-
Dans l'avenir, nous serons tous morts.
-
Diego Alatriste, je vous arrête
au nom de l'Inquisition.
-
Prenez ses armes.
-
Cherche des armes cachées.
-
Rien.
-
Il n'a rien.
-
À genoux.
-
Mon fils, vous êtes un traître
et un incompétent.
-
Avec vos inopportun scrupules
-
vous avez aidé
les ennemis de Dieu et de l'Espagne.
-
Actions que vous purgerez
dans les pires tourments de l'enfer.
-
Mais d'abord, vous aurez à payer, ici,
sur terre, dans votre chair mortelle.
-
Vous en avez trop vu.
-
Trop entendu.
-
Vous vous êtes aventuré trop loin.
-
Votre vie, capitaine,
ne vaut pas plus qu'une figue.
-
Vous êtes un cadavre
-
qui, par certains caprice du destin,
-
tient encore debout.
-
Vous pouvez disposer.
-
Libre ?
-
D'un certain point de vue.
-
La colère de Dieu saura
où vous trouver.
-
Laissez donc cela.
-
Ça ne vous sera d'aucune utilité.
-
Je ne suis pas venu pour vous tuer
-
mais pour vous sauver d'autres personnes.
Je ne savais pas
-
que vous aviez peur des moutons.
-
Seulement quand ils viennent
sans bergers.
-
Prenez ça, au cas où.
-
Étranges bergers.
-
Pas aussi étrange que vous.
-
Votre attitude m'attriste,
mais j'ai bien peur que ce soit vrai.
-
Vous les Espagnols étes
si vain et grossiers.
-
Vous manquez de finesse.
-
Peut-être est-ce pour ça
que vous gouvernez le monde...
-
pour le moment.
-
Nous nous reverrons.
-
Je l'espère.
-
Je vous aime bien, Capitaine.
-
C'est la raison pour laquelle je me réjouis
de vous combattre un jour.
-
Quand il vous plaira, señor...
-
Malatesta.
-
Gualterio Malatesta de Palerme.
-
S'il vous plait...
-
Ah, j'allais presque oublier...
-
Un souvenir,
-
pour me garder pour toujours
dans vos pensées.
-
Alors ?
-
L'idée était celle
de Frère Emilio Bocanegra.
-
Un secrétaire du roi a
recruté et payé les assassins.
-
Je vois.
-
Je vois.
-
Quoi d'autre ?
-
L'un était un vétéran de Flandre,
-
un protégé du comte de...
-
Vous pouvez disposer.
-
Cela nous unit à jamais.
-
Maintenant, tu ne sera jamais libéré de moi.
-
Je mourrais pour vous.
-
Un jour, tu le pourrais.
-
Iñigo.
-
Tu devrais être prudent.
-
Pour un homme, la beauté d'une femme
finit toujours par le tyraniser.
-
C'est la loi de la vie.
-
Je ne vous connais pas.
-
Tu vas me connaitre.
-
J'ai besoin d'une faveur.
-
Va chercher le capitaine,
J'ai besoin de lui vivant.
-
Je devrais te tuer maintenant,
tant que tu es encore un gamin.
-
Qu'en penses-tu ?
-
Je l'ai acheté à un peintre sévillan
qui travaille pour le roi.
-
On dit qu'il ne sait peindre que des têtes
-
mais je pense qu'il a du talent.
-
Bien...
-
Revenons à nos affaires.
-
Une personne importante
souhaite te voir.
-
C'est grave ?
-
Cela se pourrait.
-
Eh bien...
-
J'ai probablement déjà vu pire.
-
Non. tu n'as jamais rien vu de pire.
-
Vous ne pouvez pas éviter
de croiser le chemin de celui-ci.
-
C'est le comte-duc Olivares.
-
Sois plus honnête avec lui
que tu ne l'as été avec moi.
-
Je vais essayer.
-
Il le faut.
-
L'eau était froide comme la mort,
Votre Excellence.
-
Oui...
-
Mais tu n'as pas tremblé.
-
J'ai tremblé à l'intérieur,
comme tout le monde.
-
Je ne suis pas tout le monde.
-
Je suis un grand d'Espagne.
-
Dans le combat nous sommes tous égaux.
-
C'est là que tu as tort, Alatriste.
Pas même dans le combat
-
nous ne sommes égaux.
-
Dieu ne l'a pas voulu ainsi.
Tu devrais le savoir.
-
Si tu vas voir Olivares,
achete-toi de nouvelles bottes.
-
Bien.
-
Je t'ai consacré plus qu'assez de temps.
J'ai des choses à faire.
-
Et n'oublie pas pour les bottes.
-
Si tu n'as pas d'argent,
demandes-en à mon majordome.
-
Merci.
-
"Capitaine" est un surnom,
Je suppose.
-
Oui, Excellence.
-
Je vois que vous avez servi
à Naples et en Flandre
-
et contre les Turcs
dans le Levante
-
et sur la côte Barbaresque.
-
Une longue vie de soldat.
-
Depuis que j'ai treize ans, Excellence.
-
Est-il vrai que vous avez sauvé la vie
d'un certain voyageur anglais
-
alors que votre compagnon
était sur le point de le tuer ?
-
Excusez-moi, Excellence,
Je ne m'en souviens pas.
-
Il serait préférable
pour vous de vous en souvenir.
-
Ainsi que de ceux qui vous ont recruté,
par exemple.
-
J'ai bien peur que je ne le puisse pas.
-
J'ai une très mauvaise mémoire.
-
Je vois...
-
Appelez Don Luis de Alquézar.
-
Il semble, Don Luis, qu'il ya quelques
jours, il y a eu un complot
-
pour donner une leçon
à deux gentilhommes Anglais.
-
En tant que secrétaire de Sa Majesté
-
et homme accoutumé
à la bureaucratie de la cour,
-
peut-être avez-vous entendu
quelque chose ?
-
J'ai bien peur de n'être ici
que de peu d'utilité, Sire.
-
Effectivement.
-
Peut-être l'Église...
-
L'église est vaste.
-
Parleriez-vous du Père Bocanegra ?
-
Excellence, je...
-
Vous avez raison, Don Luis.
-
Le bon Père est un saint homme.
-
Comme nous le savons tous.
-
Dites-moi...
-
Est-ce que vos bottes signifient un manque
de moyens, ou de l'arrogance soldatesque ?
-
Les deux, Excellence.
-
Comme vous le voyez, Don Luis,
-
le señor Alatriste
est à la fois pauvre et hautain.
-
Mais il semble aussi être
-
courageux, discret
-
et digne de confiance.
-
Il serait dommage que quelques
malheurs viennent à lui arriver.
-
Je ne voudrais pas qu'il en soit ainsi.
J'imagine que vous êtes d'accord avec moi.
-
Bien sûr, Excellence.
-
Mais avec le genre de vie
que j'imagine que mène le señor...
-
Batriste...
ou quel que soit son nom,
-
il doit souvent
être exposé au danger.
-
Nul ne pourrait alors
assumer de responsabilité.
-
Bien entendu, Don Luis.
-
Afin de vous épargner de tels
désagréments, j'ai décidé
-
que, dorénavant,
vous servirez votre roi
-
dans les Indes.
-
Les hommes comme vous
sont nécessaires là-bas.
-
Vous pouvez commencer les
préparatifs du voyage.
-
Quant à vous...
-
Votre ancien général,
Ambroise Spinola,
-
tient à gagner plus de batailles
pour nous en Flandre.
-
Il serait délicat de votre part
de vous faire tuer plutôt là-bas, pas ici.
-
Je garderai cela
à l'esprit, Excellence.
-
Venez avec moi.
-
Pendant quatre longues années
-
J'ai étudié cette carte tous les soirs.
-
Je connais tous les ports,
-
chaque canal, chaque estuaire,
chaque forteresse...
-
La Flandre me prive de sommeil.
-
Pourtant, je n'y suis jamais allé.
-
C'est la fin du monde,
Excellence.
-
Lorsque le Seigneur Dieu a créé la Flandre,
il l'éclaira avec un soleil noir.
-
Un soleil hérétique
-
qui ni ne vous réchauffe, ni ne sèche
la pluie qui vous trempe jusqu'aux os.
-
C'est une terre étrange,
-
peuplée de gens étranges
qui nous craignent et nous méprisent
-
et ne nous laisseront jamais en paix.
-
Elle en prive plus d'un de sommeil.
-
La Flandre est l'enfer même.
-
Sans la Flandre
il n'y a rien, capitaine.
-
Nous avons besoin de cet enfer.
-
BREDA, 1625.
APRÈS UN AN DE SIÉGE
PAR LES ESPAGNOLS
-
Ils sont tout près maintenant,
malédiction!
-
Ils soufflent nos boulets au large
avec leurs mines.
-
Gardez-vous !
-
Fils de putes !
-
As-tu trouvé des oeufs ?
-
Oui.
-
Combien ?
-
Deux.
-
Du vin.
-
Maladroit !
Donne-moi ça.
-
Je entendu que tu avais reçu
une lettre des Indes.
-
Oui.
-
Et qui t'a écrit,
si je puis demander ?
-
Angélica de Alquézar.
-
Alquézar...
-
Un nom qui nous porte malchance.
-
Je l'ai presque.
-
Donne-moi du pain.
-
Tu l'as ou pas, bon sang !
-
Pas encore.
-
Mais il jette un oeil de temps en temps.
-
Je serai prêt la prochaine fois.
-
Merde !
-
Le Portugais, va voir si
tu peux le traîner dehors.
-
Hollandais !
-
Tu l'as tué ?
-
Un salaud de moins...
-
Un autre Hollandais
-
morts en état de péché mortel.
-
Comme toi quand ils te tueront.
-
Qu'as-tu dit ?
-
Qu'as-tu dit ?
-
Tu ne peux pas m'abuser,
malgré toutes les fois que tu te signes.
-
Vous les Portugais
vous êtes tous à moitié Juifs.
-
Tu veux mourir ?
-
Le capitaine !
-
J'apporte des ordres.
-
Peut-être que ces messieurs
ont quelque chose à dire.
-
Personne n'a rien à dire.
-
Moi, si.
-
J'ai trois choses
-
à-dire au capitaine Bragado.
-
Premièrement, je me fiche de qui je combat.
-
Des Turcs, des Hollandais
ou quiconque les a enfantés.
-
Et les deux autres choses ?
-
Deuxièmement, on ne nous a pas donné de
vêtements et nous sommes vêtus de haillons.
-
Je vois cela.
-
Et la troisième chose ?
-
Troisièmement, et le plus important...
-
Restez là.
-
Troisièmement, ces messieurs
-
n'ont pas reçu leur solde
depuis cinq mois. Cinq mois !
-
Personne n'a reçu son salaire.
-
Ni vous, Messieurs, ni moi.
-
Ni le maréchal
ni le général Spinola.
-
Je pensais que je parlais
à des Espagnols, pas à des Allemands.
-
Seuls les soldats d'autres nations
demandent leur salaire à l'avance.
-
Quels sont les ordres ?
-
Vous devez descendre
par les tunnels.
-
Du soufre !
-
Copons est manquant.
-
Sebastián !
-
Un seul suffit.
-
Diego !
-
Breda s'est rendu.
-
Crache !
-
Crache !
-
Breda s'est rendu.
-
Du butin ?
-
Non.
-
MADRID, 1O ANS PLUS TARD
-
Excellence.
-
Excellence.
-
Je suis Iñigo de Balboa.
Vous m'avez fait appeler.
-
Pour le Capitaine Alatriste.
-
Urgent.
-
PORT CALETA, CÁDIZ.
Débarquement des vétérans de Flandre
-
Allez !
-
Mère !
-
Que fais-tu ici ?
-
Mon fils, j'ai de mauvaises nouvelles.
-
Mauvaises nouvelles !
-
Regardez qui voilà.
-
Je croyais que tu étais à Madrid.
-
J'ai une lettre du palais.
-
Du travail ?
-
Je suppose.
-
Si tu as besoin de nous,
tu sais où nous trouver, Diego.
-
Ne l'ouvrirez-vous pas ?
-
Pour quoi faire ? Ils nous veulent toujours
pour la même chose.
-
Comment allez-vous ?
-
De plus en plus mal.
-
Tu as l'air bien.
-
Comment ça va à la cour ?
-
Je ne peux pas me plaindre.
-
Comment était le voyage ?
-
Mouvementé. Nous avons croisé une flotte
hollandaise et, bien...
-
Tu sais que je n'aime pas
beaucoup les combats en mer.
-
Je sais.
-
Dis-moi,
-
que s'est-il passé à Madrid
pendant mon absence ?
-
Il va y avoir la guerre avec la France.
-
À ce que l'on dit.
-
Don Francisco a épousé une veuve.
-
Dieu, non !
-
Et Velazquez et fini
"La reddition de Breda".
-
L'as-tu vu ?
-
Il a remplacé les drapeaux par des lances.
-
Et il a adouci les attitudes,
d'une certaine manière.
-
Mais c'est un grand tableau.
Vous allez adorer.
-
J'en suis sûr.
-
Autre chose ?
-
Angélica de Alquézar
-
est de retour en Espagne.
-
Il y aura des morts,
et beaucoup.
-
Je n'ai que deux mains.
-
Quatre.
-
Nous verrons bien.
-
Pourquoi ?
-
J'ai dit que nous verrons.
-
Quel est le travail ?
-
Je suis juste de passage.
Guadalmedina a les détails.
-
Mais l'or ne manquera pas.
-
La transaction est privée
mais la commande est royale.
-
Quel honneur !
-
Avec ces hauts
personnages en jeu,
-
ça doit être quelqu'un
qui a volé plus qu'il n'aurait dû.
-
Tu as été absent trop longtemps, Capitaine.
-
Il y a toujours quelqu'un qui
vole plus qu'il ne le devrait.
-
Oui.
-
Nous nous verrons plus tard.
-
Bien sûr.
-
Le navire est la "Vierge de Regla".
-
Il a 2OOO lingots d'or
non déclaré dans la cale.
-
N'ont-ils rien à dire,
à la douane ?
-
Je te trouve plutôt naïf
ce soir, Diego.
-
Les pots-de-vin gardent les bouches
fermées et l'esprit ouvert.
-
Y compris les courtisans
de haut rang.
-
Le plan est le suivant :
avant le déchargement
-
officiel à Séville, le navire
-
sera ancré au large et l'or
sera transféré dans un bateau flamand,
-
le "Niklaasbergen".
-
Et je suppose que, pour que
l'or revienne au roi,
-
le bateau flamand devra être
arraisonné. Ai-je raison ?
-
Ce que j'aime chez toi, c'est que tu n'as
jamais besoin qu'on t'explique les choses deux fois.
-
Et une fois l'or
rendu au roi,
-
où ira-t-il ?
-
Je ne te comprends pas.
-
Je vous demande, Excellence,
-
si l'or paiera les travaux
du Palais de Buen Retiro
-
ou les salaires des soldats
qui meurent en Flandre
-
ou mourront en France.
-
Tu bois trop, Alatriste.
-
Les mots ne coûtent pas cher.
-
Que lui avez-vous dit ?
-
Comment, Teodoro,
-
les hommes versent-ils des
compliments amoureux aux femmes ?
-
Vous déguisez mille de mensonges en vérité,
comme si vous étiez amoureux,
-
et à peine cela.
-
Oui, mais avec quels mots ?
-
Étrangement vous m'appuyez,
ma dame.
-
"Ces yeux," dit-je,
-
"ces adorables orbes sont la lumière
avec laquelle mes propres yeux voient... "
-
Et "Le corail et de perles
de votre bouche céleste... "
-
Céleste ?
-
De telles choses sont l'appat
de tous ceux qui aiment et désirent.
-
Vous avez mauvais goût, Teodoro.
-
Vous me décevez.
-
Les qualités de Marcela
sont surpassés par ses défauts.
-
Elle n'est pas propre de sa personne...
Mais je ne voudrais pas que vous
-
cessiez de l'aimer, malgré quelques petites
choses que je pourrais vous raconter...
-
Mais ne parlons plus
de ses charmes... ou de leur absence.
-
Je veux que vous l'aimiez
et que vous l'épousiez.
-
Bon, puisque que vous vous estimez
un expert de l'amour, conseillez-moi.
-
Et possède ainsi Marcela.
-
Maintenant, en tant qu'amie
-
qui n'a plus de répis depuis qu'elle est
amoureuse d'un homme d'humble condition
-
qu'il serait
déshonorant d'aimer.
-
Pourtant, si elle le perdait,
elle se consumerait de jalousie.
-
Et lui, ignorant de
son amour, est timide
-
et la traite avec déférence.
-
Bonjour, jeune homme.
-
Tu as grandi.
-
Tu es un homme.
-
Je te croyais mort.
-
Peut-être que je le suis.
-
Cela ne me surprendrait pas.
-
Nous allons nous revoir, j'imagine.
-
Vous pouvez y compter.
-
Alors, nous verrons
si vous êtes vivant...
-
ou mort.
-
Ne serait-il pas mieux
-
de le tuer ?
-
Il y a bien longtemps.
-
Très.
-
Qu'as-tu fait
toutes ces années ?
-
Tué des hérétiques
-
et écris des vers.
-
Et ces vers sont-ils
dignes d'être lus ?
-
Non, je ne le pense pas.
-
Mais c'était la seule manière
de t'imaginer.
-
Je vois que tu sais toujours
comment parler aux femmes.
-
J'ai cru ne jamais te revoir.
-
On dit que tu es encore
avec ce capitaine.
-
Naturellement.
-
J'ai des plans pour toi, Iñigo.
-
Le problème est...
-
que j'ai également des plans pour toi.
-
Teodoro,
-
vous partez
-
Et Je vous aime.
-
Je pars à cause de vos manières cruelles.
-
Vous me connaissez,
que dois-je faire ?
-
- Pleurez-vous ?
- Non.
-
Il y a quelque chose dans mon œil.
-
Est-ce l'amour ?
-
Oui, ça doit être cela.
-
Il a été là un certain temps
mais maintenant il est parti.
-
Je pars, ma dame,
mais pas mon âme.
-
Je dois partir sans elle.
Je n'ai
-
aucun regret pour votre amour,
pour votre beauté qui commande l'âme.
-
Commandez-moi, car je suis à vous.
-
-Quelle triste journée!
-Je pars, ma dame, je pars
-
mais pas mon âme.
-
Pleurez-vous ?
-
Non, il y a quelque chose dans mon œil,
-
comme ce qui a été dans le vôtre.
-
Mes larmes ont apporté le vôtre.
-
Cela doit être le cas.
-
J'ai mis mille choses enfantines
dans un coffre pour vous.
-
Pardonnez-moi, j'avais à le faire.
-
Si vous l'ouvrez,
-
assurez-vous de dire, comme si elles étaient
le butin d'un peu de victoire,
-
"Diana y a mis cela
-
avec des larmes dans les yeux. "
-
As-tu aimé la pièce ?
-
Tu as été merveilleuse.
-
As-tu vu
ce que le roi m'a envoyé ?
-
Il va attendre
quelque chose en retour.
-
Ne parle pas de ton roi comme cela.
-
Oui,
-
il est mon roi.
-
Mais il y a roi et roi
et celui-ci doevrait gouverner.
-
Un jour, ils te tueront, mon amour.
-
Peut-être.
-
Mon mari est mourrant.
-
Je suis désolé.
-
Oui, c'est malheureux.
-
Et quand il sera mort,
je devrai me remarier.
-
Je n'aime pas vivre seule.
-
Je pensais
-
comme tu es le premier
homme que j'ai connu...
-
Maria, je suis extrèmement pauvre.
-
Je fournirait l'argent
et toi tout le reste.
-
Et tes...
-
admirateurs ?
-
Diego, je suis une actrice
et je commence à prendre de l'âge.
-
L'Espagne est pleine de jeunes filles
désireuses de prendre ma place.
-
J'ai besoin d'amis qui me protégeront.
-
Si nous nous marions,
-
Je tuerai le premier homme
qui t'approche, qui que ce soit.
-
Je finirai sur la potence
et toi veuve, une fois de plus.
-
Ne sois pas vieux-jeu.
-
Quoi qu'il en soit, pourquoi t'inquièterais-tu ?
-
Tu n'es pas amoureux de moi.
-
Qu'en sais-tu ?
-
Faites place !
-
"Ainsi, ce jour,
-
cette phrase est lue
au prisonnier
-
et demain il sera conduit
de la prison sur une mule
-
à la Plaza de San Francisco,
-
où la potence sera
érigée pour l'occasion,
-
et là il sera pendu par le cou
jusqu'à ce que mort s'en suive.
-
J'ordonne que cette justice soit faite".
-
Signé par le roi, notre seigneur.
-
Avez-vous besoin de quelque chose ?
-
Un conseil.
-
J'ai besoin d'hommes pour un travail.
-
Des hommes courageux et discrets.
-
Tous ceux ici présents.
-
Vous pouvez tous leur faire confiance.
-
Le problème, c'est que la plupart
d'entre eux purgent de longues peines.
-
Je peux tous les faire libérer.
-
Sauf toi.
-
Je suis désolé.
-
C'est dommage.
-
Bien...
-
La mort est une formalité.
-
J'ai des choses à faire.
-
Je te verrai sur la plage.
-
Je n'irai pas.
-
Pourquoi ?
-
L'Inquisition me recherche.
-
Ils ont déjà arrêté
mon père et mon frère...
-
La torture...
-
Je ne pourrai pas la supporter...
-
Ils ont rien sur toi.
-
Tu as été soldat
et tu es innocent.
-
Luis Pereira, je vous arrête
au nom du Saint Tribunal de l'Inquisition.
-
Que la volonté de Dieu soit faite.
-
Dieu n'a rien à voir avec cela.
-
Rien !
-
Tu es en retard.
-
Une affaire m'a retenu.
-
Une affaire de sang ?
-
Que voulais-tu me dire ?
-
Tu sembles pressé.
-
Peut-être ma compagnie
te mets mal à l'aise.
-
Non, j'ai quelques
affaires à régler.
-
Tu devrais savoir que tu as
quelques amis incommodes.
-
Des amis qui sont des ennemis
de mes amis.
-
Le Capitaine Alatriste
-
est mon affaire.
-
À moi seul.
-
Reste avec moi.
-
Je ne peux pas.
-
Vous ne devez pas aller
à ce rendez-vous.
-
Je ne dois pas ?
-
Dis-moi pourquoi.
-
Parce que je ne peux pas épouser un cadavre.
-
Ce groupe partira en premier
et abordera la poupe.
-
Et qui seront les chefs ?
-
Sebastián abordera à la proue,
et moi à l'arrière.
-
Ça me va.
-
Heureux de l'entendre.
-
Aucun prisonnier ne doit être pris.
-
Il n'y aura pas de pillage.
-
Et nul ne doit...
-
en aucune circonstance,
descendre dans la cale.
-
Bonne chance.
-
Embuscade !
-
À couvert !
-
Merde !
-
Merde !
-
Je suis en retard. Désolé.
-
Diego...
-
Nous sommes des idiots.
-
Mère de Dieu!
-
Diego.
-
Ce n'est pas possible.
-
Et toi ?
-
Non.
-
Pitié.
-
Oui.
-
J'ai dû essayer.
-
Vous savez cela, n'est-ce pas ?
-
Oui, je sais.
-
Nous avons tous aimé une fois.
-
Ou plusieurs.
-
Puis, un jour, ça s'arrête.
-
Et c'est tout.
-
Aussi simple que cela ?
-
Aussi difficile que cela.
-
Écoute, Iñigo...
-
Elle a raison, de son point de vue.
-
Et moi du mien.
-
Vraiment ?
-
Explique moi.
-
Angélica de Alquézar
est mon affaire.
-
Bien.
-
Assied-toi.
-
Ils ne te le permettraient pas,
même si elle le voulait.
-
Elle a ses obligations.
-
Que voulez-vous dire par là ?
-
Que j'ai moi aussi mes obligations ?
-
Dieu ! Il ya des règles.
-
Quelles règles ?
-
Celles d'un capitaine
qui n'est pas un capitaine ?
-
Ou celles de quelqu'un qui loue
son épée pour tuer même ses amis ?
-
Nous nous retrouverons à Madrid.
-
Bien, bien.
-
Si ce n'est pas le Capitaine Alatriste !
-
Je vois que vos actes de charité
-
s'étendent à la visite des malades.
-
Je suis un bon catholique.
-
Êtes-vous venu pour me tuer ?
-
Ou préférez-vous attendre que
vos dernières aventures
-
finissent ce que vous êtes venu faire ?
-
Pas besoin de me dire
quoi que ce soit.
-
Je sais très bien
Qui est derrière tout ça.
-
Alors...
-
finissons-en.
-
J'apprécierais considérablement si vous
essayiez d'utiliser ce pistolet ou votre épée.
-
Aucune chance.
-
Ne pouvez-vous vraiment
pas sortir de ce lit ?
-
Allez-y, capitaine.
-
Vous ressemblez à une nonne de Sainte-Claire.
-
Ne laissez pas votre conscience
vous troubler maintenant.
-
Vous avez raison.
-
Dites vos prières.
-
Je n'ai jamais perdu mon temps
sur de telles inepties.
-
Allez-y.
-
Je salue votre honneur.
-
Sa Majesté souhaite te
donner cette chaîne.
-
Dois-je attendre toute la journée ?
-
Pourquoi es-tu habillée comme un homme ?
-
C'est interdit.
-
Me ferais-tu sortir la nuit
avec une jupe et un farthingale ?
-
As-tu encore de la
rancune contre moi ?
-
Je t'ai peut-être sauvé la vie.
-
Tandis que je trahissais
mes proches ?
-
J'ai aussi perdu certains de mes proches.
Alors nous sommes quittes.
-
Ce n'est pas pareil, Angélica.
-
Non.
-
Mais je suis sûr que vous ne m'avez
pas appelé juste pour me gronder.
-
L'autre jour,
-
- vous avez dit...
- Je sais ce que j'ai dit.
-
Et je le maintiens.
-
Mais tu en conviendras
ce ne sera pas une mince affaire.
-
Je sais.
-
Je pense que vous savez
que je suis Dame d'honneur de la reine
-
et qu'elle a de l'affection pour moi.
-
Où veux-tu en venir ?
-
Il y a un poste vacant de lieutenant
en second dans la Garde Royale...
-
Pas pour le moment.
-
Pour quoi est-ce le moment, alors ?
-
C'est le moment d'être
libre, Angélica.
-
Te libérer de tes obligations,
et moi des miennes.
-
Il est un lieu où nous pouvons aller.
-
Demain un galion met
les voiles pour Naples.
-
Il prendra des passagers.
-
Ne fais pas cela.
Je ne peux pas réfléchir.
-
l'ai parlé à la reine
et le poste est à toi.
-
Dans 2 à 3 ans
vous serez capitaine...
-
Nous n'aurons plus jamais
à nous cacher des gens.
-
Naples ?
-
Oui.
-
Ensemble.
-
Iñigo, vous devez prendre ce poste.
-
Non.
-
Alors, il n'y a plus rien à dire.
-
À partir de ce moment,
vous êtes mort pour moi.
-
Dieu! Il fait froid comme un luthérien !
-
Oui.
Cela refroidit l'âme.
-
Regarde ce que nous sommes devenus, capitaine.
-
Un pays de mendiants,
autrefois le centre de l'univers.
-
Je maudis le jour où j'ai mis ma plume
au service d'Olivares,
-
Ce tyran et un descendant des
Juifs qui sucent l'Espagne.
-
Calmez-vous, Don Francisco.
-
Calmez-vous, dis-tu ?
-
N'as tu pas entendu les nouvelles
de la guerre en France ?
-
Tandis que le Cardinal Richelieu
éperonne son roi pour conduire ses armées,
-
Olivares a transformé le nôtre en
prisonnier et en marionnette de palais,
-
tandis qu'il vole les pauvres
et humilie nos nobles.
-
Venez maintenant, Don Francisco.
-
Notre infanterie a besoin d'argent,
pas d'un roi pour la mener.
-
L'argent de ces nobles "humiliés"
dépensent sur les fêtes et la chasse.
-
Et quant aux pauvres,
que puis-je dire ?
-
En Espagne, la pauvreté
a toujours été monnaie courante,
-
peut importe qui gouverne,
Comte-Duc ou Vierge Marie.
-
Alors maintenant, vous soutenez Olivares ?
-
Allons, Don Francisco.
-
Nous nous connaissons depuis
trop longtemps pour cela.
-
Oui, c'est vrai.
-
Mes excuses, capitaine.
-
Tu sais que je ne voulais pas dire ça.
-
Oui, je sais.
-
Prenez mon bras,
le sol est gllissant.
-
Des nouvelles d'Iñigo ?
-
Oui.
-
Mais vous ne les aimerez pas.
-
C'est une pièce très précieuse.
-
Or pur des Indes.
-
Rassurez-vous,
je ne l'ai pas volé.
-
Je vous crois, mais quand même...
-
Je ne veux pas que vous l'achetiez,
seulement l'échanger contre un collier.
-
Vous pouvez échanger cette chaîne
pour plusieurs colliers.
-
Peut-être, mais j'ai besoin d'un seul.
-
Vous perdrez au change.
-
C'est mon affaire.
-
Un collier pour une dame...
-
C'est ça.
-
La dame en question doit être...
-
vraiment magnifique.
Ai-je raison ?
-
Vous avez raison.
-
Tant mieux.
Cela rendra les choses plus faciles.
-
Je ne voudrais pas abuser de votre confiance...
-
Cependant me tromperais-je
en supposant
-
qu'avec ce cadeau...
-
vous pensez à, dirons-nous...
-
...un avenir avec cette belle dame ?
-
Non.
-
Vous ne seriez pas confondue.
-
Alors, ce ne peut être que celui-ci.
-
Bonjour, Diego.
-
Pouvons-nous parler ?
-
Nous le pouvons.
-
Je suis chargé de t'avertir.
-
Eh bien, j'écoute.
-
Vous devez changer de jument, Diego.
La selle du occupée.
-
Par qui ?
-
Je ne peux pas vous le dire.
-
- Par qui ?
- Non.
-
J'ai dit par qui !
-
Je ne peux pas vous le dire, Diego.
-
Je vous prie de ne pas continuer.
-
Qui l'ordonne ?
-
Quelqu'un qui le peut.
-
Je ne discuterai pas avec
Votre Excellence. Laissez-moi passer.
-
Elle ne peut et ne va pas vous recevoir.
-
C'est à moi de le vérifier.
-
Vous ruineriez
votre vie pour une actrice ?
-
Son métier n'importe pas.
-
Vous aurez à me tuer d'abord.
-
Laissez-moi passer,
-
ou bien...
901
01:27:43,960 --> 01:27:46,960
Alba, Varela, Sessa
et Don Fadrique s'opposent maintenant à lui.
-
Même Guadalmedina
s'est distancé.
-
Le temps d'Olivares est venu.
Ses jours sont comptés.
-
Vous devez rester à l'écart
des complots de la cour.
-
Faites un don de 1OOOOO ducats
pour la guerre contre la France.
-
Cela satisfera le roi
et apaisera le tyran,
-
qui doit maintenant avoir
entendu parler de vos actions.
-
La prudence est la meilleure politique.
-
Le comte-duc pourrait nous écraser
-
et nul ne soulèverait
le petit doigt pour nous aider.
-
Pas même la reine.
-
Vous n'avez aucun titre de noblesse.
-
Mais vous, vous en aurez prochainement.
-
Comme vos enfants
et les enfants de vos enfants.
-
La reine souhaite vous marier
au comte Guadalmedina.
-
Iñigo, je dois vous informer
d'un sujet grave.
-
La reine et mon oncle veulent
me marier au comte de Guadalmedina.
-
Mon coeur est à toi seul. Si tu
souhaites encore partir à Naples,
-
Viens ce soir chez moi.
Mon domestique te mènera à moi.
-
De toute évidence,
en dépit de ce que j'ai dit,
-
tu n'es pas morts à mes yeux.
-
Iñigo, j'ai peur.
-
Si nous ne partons pas maintenant,
nous serons malheureux.
-
Nous irons dans un endroit
où ils ne nous trouverons jamais.
-
Un endroit où nous ne serons personne.
-
Personne.
-
Juste toi et moi.
-
Nous vivrions dans le péché.
-
Il n'y a aucun péché, Angélica.
-
Il n'y en a jamais eu.
-
Ce sont eux qui sont dans le péché.
-
Ce n'est qu'une femme, capitaine.
-
Je ne fais pas ceci
pour elle, mais pour moi-même.
-
Le roi est le roi...
-
Le roi est un fils de pute.
-
Tu devrais quitter Madrid.
-
Les rois sont vindicatifs,
tu devrais le savoir.
-
Guadalmedina est un Grand d'Espagne
-
et vos épées se sont croisées...
-
Demain, je lui ferai mes excuses.
J'espère qu'il les acceptera.
-
Même s'il le fait,
-
tu devrais quitter Madrid.
-
Et vous aussi.
-
Il y a certaines rumeurs...
-
Oui, c'est vrai.
-
J'ai récemment écrit des vers
cela a pu compliquer les choses...
-
Mais je suis trop vieux pour me cacher,
particulièrement pour cela...
-
Bonne chance, capitaine.
-
Et à vous aussi.
-
Diego,
-
Je suis un homme peu bavard.
-
Oui.
-
Je rentre chez moi.
-
Avec ce que j'ai gagné, je veux acheter
un coin de terre et trouver une femme.
-
Viens avec moi si tu veux.
-
C'était plus que quelques mots.
-
O très catholique, très sainte
et royale Majesté,
-
par la grâce de Dieu tout puissant,
-
un vieil homme simple, pauvre et honnête
-
implore, prosterné,
dans le silence et l'humilité.
-
Je prie le ciel
-
que mon zèle
obtienne sa juste récompense.
-
Un ministre vous avez
de noblesse et de courage
-
dont le seul souhait
est que vous régniez...
-
Sire.
-
Voyez, Philip IV,
célèbre dans le monde entier,
-
ouvrez son cœur généreux
et donnez-nous un héritier.
-
De celui qui jamais ne se lasse
de prendre le pain des pauvres,
-
lui qui dévalorise nos valeurs, qui vend le
royaume et vendrait Dieu lui-même,
-
délivrez-nous !
-
Délivrez-nous, Seigneur,
de tous les maux.
-
Amen.
-
Amen.
-
Amen.
-
Mais vous serez
une Grande d'Espagne,
-
et vos enfants...
-
et les enfants de vos enfants.
-
Vos enfants...
-
et vos petits-enfants...
-
Diego...
-
Don Francisco
a été arrêté la nuit dernière.
-
Prison de San Marcos.
-
Alors, c'est sûr.
-
Nous aurions dû garder
l'or pour nous.
-
Peut-être.
-
Je présume, Messieurs,
-
que vous connaissez
les lois du jeu.
-
Alors, nul n'est besoin de dire que
le prix des dettes est la mort.
-
Très bien.
-
Voilà la situation...
-
Monsieur de Balboa nous doit 2OO ducats
et dit qu'il ne peut pas payer.
-
Il a dit également qu'il
ne se soucie pas d'être tué.
-
Toutefois, j'ai entendu
dire que Votre Grâce
-
pourrait s'inquiéter
qu'il perde la vie.
-
Oui, je m'en inquièterait.
-
Alors nous avons tous à y gagner.
Monsieur de Balboa,
-
en dépit de lui-même,
-
gardera la vie sauve
-
et nous récupéreront notre argent,
aussi longtemps que vous, bien sûr,
-
paierez la dette.
-
Est-ce possible ?
-
C'est possible.
-
Nous sommes pas experts en bijoux.
-
Nous n'acceptons que les pièces.
-
Comme celles-là ?
-
Sebastián...
-
Quoi ?
-
Diego, je te dois une explication.
-
Rendez-vous au cloître
de Las Minillas.
-
Tu es en état d'arrestation, Diego!
-
Désarmez-le.
-
Rends-toi ou nous te tuerons.
-
Une question, Martin.
-
Avec quelle tringle de bureau ta
veuve se consolera-t-elle, maintenant ?
-
Pardon ?
-
Cocu !
-
Martin...
-
Quelle joie de vous voir
combattre, capitaine.
-
Ça faisait longtemps.
J'ai dû vous manquer.
-
Oui, et la catin
qui vous couvait aussi.
-
Assez parlé.
-
Diego.
-
Es-tu en vie ?
-
Je pense que oui.
-
Ne tousse pas, fils de pute,
-
ou tu saigneras à mort.
-
Tu ne le pensais pas, n'est-ce pas ?
-
Pardon ?
-
Ce que tu as dit.
-
Que j'étais cocu.
-
Bien sûr que non.
-
J'ai dit ça pour t'irriter.
-
Tu me connais.
-
C'est toujours pareil...
-
Foutre !
-
Je vais mourir.
-
Martin.
-
As-tu remarqué
-
que nous finissons toujours
par nous entre-tuer ?
-
Vie de merde.
-
Diego, ils m'ont forcé à le faire.
-
Ils m'ont forcé à le faire.
-
Je vous attendais, jeune homme.
-
Allons-y.
-
Juste un instant.
-
Si vous aviez l'amabilité...
-
Seras-tu de retour pour le souper ?
-
Je ne sais pas.
-
Vous savez qu'il n'y a
rien après la mort ?
-
Oui.
-
Là est le problème.
-
Comme vous pouvez l'imaginer, Don Luis,
-
mes services au roi
n'ont pas été sans aucun coût.
-
Excellence, chacun connait
votre attachement profond
-
à défendre la réputation
de notre monarchie
-
et à défendre la vraie foi.
Ainsi, j'ai décidé
-
que la dot de ma nièce sera
à l'égal de votre générosité.
-
Comme vous pourrez le constater,
Votre Excellence, j'ai inclus
-
les mines d'argent de Tasco,
les terres en Aragon...
-
Excellence, à propos
de ce capitaine Alatriste...
-
Excellence...
-
Non.
-
Je ne veux pas qu'il meure.
-
Si vous me le permettez, Excellence,
-
J'ai une idée.
-
"L'Espagne a tué et emprisonné
-
celui qui a fait de la Fortune une esclave.
-
Ils ont pleuré son envie,
un par un,
-
nations étrangères à nous.
-
Sa tombe, les campagnes en Flandre
-
et son épitaphe,
la lune rouge-sang".
-
"Et son épitaphe,
la lune rouge-sang".
-
On dit que la prison de San Marcos
est la plus froide d'Espagne.
-
Oui, c'est ce qu'on dit.
-
Vous souvenez-vous de moi ?
-
Oui.
-
Monsieur Malatesta a dit que s'il venait
à mourir le premier, je devrais vous donner ceci.
-
Il a également dit que vous pourriez
me garder si vous le désirez.
-
Merci.
-
Ce n'est pas nécessaire.
-
Comme vous le souhaitez.
-
Ce fut un plaisir de
vous revoir tous les deux.
-
Vous aussi.
-
Madrid
Hôpital des syphilitiques
-
Diego, que fais-tu ici ?
-
Je voulais te voir.
-
J'aurais dû t'épouser.
-
Que se passe-t-il ?
-
Il est en état d'arrestation
au nom du roi.
-
De quoi l'accuse-t-on ?
-
D'espionnage pour la France.
-
Vous ne pouvez pas entrer.
Son Excellence est en Italie.
-
Je viens voir la comtesse.
-
Que faites-vous ici ?
-
Je viens vous demander une faveur.
-
J'ai besoin que vous donniez cette lettre
au comte-duc Olivares.
-
J'ai essayé de la lui donner, mais on
ne me laisse pas entrer dans le palais.
-
Il s'agit d'Iñigo.
-
Il a été condamné aux galères
pour une année.
-
Je vous remercie, Excellence.
-
Ne m'appelez pas "Excellence".
-
Je déteste cela.
-
Iñigo m'a toujours appelée Angélica.
-
Ne pleurez pas, madame.
-
Excellence, ne pleurez pas.
-
Iñigo est fort.
-
Il survivra.
-
Je dois pleurer, capitaine.
-
La trahison est une tache
qui ne vieillit jamais.
-
Judas s'est pendu
mais je n'ai pas son courage.
-
C'est pourquoi je pleure.
-
Je donnerai la lettre
au comte-duc.
-
L'honneur et la réputation
de l'Espagne sont perdus, capitaine.
-
Le Seigneur Dieu
-
nous a abandonné.
-
Excellence...
-
Il n'y a pas d'autre explication.
-
Tout est malheur.
-
Casale aurait dû être prise,
-
Turin sauvé, Arras soulagés,
et les Catalans et les Portugais
-
n'auraient jamais dû se rebeller
contre leur roi.
-
C'est l'année la plus misérable
qu'ai jamais vue la monarchie.
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Excellence,
la lettre que je vous ai envoyé...
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Oui.
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La lettre.
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La lettre.
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Je l'ai lue.
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Mais les preuves étaient concluantes.
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Le jeune homme était un espion français.
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Excellence...
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Mais tout n'est pas perdu.
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Richelieu est malade
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et les Néerlandais veulent la paix.
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Si les troupes d'infanterie
du Cardinal...
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C'est le fils orphelin d'un
de vos soldats, je l'ai élevé...
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J'ai dit tout ce que j'avais
à dire, capitaine.
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Vous pouvez vous retirer.
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"Lettre à l'infanterie du Cardinal..."
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Excellence...
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«Monsieur...
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Lettres de Flandre... »
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Excellence !
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Regardez-moi dans les yeux.
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Iñigo de Balboa.
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Le roi t'a pardonné.
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Rentrons à la maison, fils.
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Rocroi, Mai 1643
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Le REGIMENT D'INFANTERIE DE CARTAGENE
APRES HUIT HEURES DE BATAILLE
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Feu !
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Prendre but!
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Feu !
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Feu !
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Pour l'Espagne !
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Piques !
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Tu n'écris plus ?
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Non, je n'écris plus.
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Cette chose, l'écriture...
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Tu n'oublies jamais comment on fait ?
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Non.
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Non.
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Soldat !
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Monsieur ?
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Vous êtes ?
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Alatriste, Excellence.
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Je me souviens.
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Ne vous ai-je pas récompensé
avec huit escudos
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pour avoir sauvé un
sergent-major à Nördlingen ?
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Ils les ont ramené à quatre,
Excellence.
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Bien, bien...
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Pas de chance, soldat.
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Oui, pas de chance, Excellence.
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Bragado !
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Diego...
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Si je n'y arrive pas,
continuez sans moi.
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Messieurs.
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Le duc d'Enghien
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considère que vous avez combattu
avec un courage qui dépasse les mots.
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Par conséquent
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il vous offre
une honorable reddition.
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Vous pouvez garder
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vos drapeaux
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et laisser le champ
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en formation.
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Qu'en dites-vous ?
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Dites au duc d'Enghien
que nous apprécions ses paroles,
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mais c'est à un régiment
espagnol qu'il s'adresse.
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Diego...
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C'est le plus loin que je puisse aller.
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Iñigo.
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Racontez-leur nos exploits.
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Les vétérans, à l'avant-garde !
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Les nouveaux soldats, à l'arrière-garde!
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Il n'était pas le plus honnête homme, ni
le plus pieux, mais il était brave.
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Son nom était Diego Alatriste
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et il avait combattu avec
les régiments d'infanterie en Flandre.
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Lorsque je l'ai rencontré, il vivait
à Madrid d'emplois douteux,
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et louait souvent son épée
pour 4 maravédis.
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(Sous-titres par David C...)