Le vrai moi : la stigmatisation autour de la dépression | Ali Schulte | TEDxYouth@AnnArbor

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

La stigmatisation autour de la dépression pousse souvent les personnes à réprimer et cacher leurs réelles identités en tant qu'individu souffrant d'une maladie mentale. Cette conférence encourage à mettre fin à la stigmatisation et à tendre la main aux autres avec le message : la dépression n'est pas votre destinée.

J'ai récemment eu à écrire
quelques dissert' à propos de moi,

pour ma psychothérapie
à l'université.

Je suis douée pour l'écriture

et passionnée par mon futur
d'étudiant à l'université.

Mais j'étais perplexe.

J'étais un peu perdue, assise
devant mon ordinateur

essayant de trouver
quoi écrire,

parce que je mène deux vies.

Il y a la vie dont mes amis et
ma famille vous parleront ;

je suis une élève dévouée, une danseuse,
la capitaine de l'équipe Ethics Bowl,

et j'ai une bonne vie sociale.

Mais il y a aussi la vie
dont je ne parle pas.

Dans cette vie, je suis
toutes ces même choses,

mais je suis aussi très
affectée par la dépression.

La tâche était d'écrire
à propos du « vrai moi »,

mais j'étais devant
mon écran d'ordinateur,

me demandant si écrire
sur le vrai moi

n'allait pas affecter
mon futur à l'université.

Je me demandais si mes thérapeutes
allaient vouloir lire ma vraie histoire,

plutôt que celle que mes amis
et ma famille connaissaient.

Ma dépression et mes troubles de l'anxiété
ont été diagnostiqués

il y a un an et demi,

mais j'y faisais face depuis un an déjà.

Ce n'est pas une histoire triste :

c'est un succès.

Je souffre toujours,

et j'ai encore du mal
à me lever le matin.

Je remets en cause
toutes mes relations,

j'ai encore des problèmes
de concentration,

et je ne me sens pas en sécurité
avec moi-même.

Mais c'est un succès,
parce que j'ai survécu.

J'ai eu deux épisodes suicidaires
majeurs dans ma vie,

et j'ai survécu aux deux.

15 % des personnes diagnostiquées
en dépression mourront d'un suicide,

établissant le nombre annuel de suicides
juste sous le million,

et cela juste pour une année.

C'est huit fois plus élevé que le nombre
de morts de l'épidémie d'Ebola en 2014.

La dépression est continue ;

il n'y a pas de vaccin, pas de remède.

Je fais partie des chanceux, parce que
j'ai osé parler et j'ai reçu de l'aide.

Mais la stigmatisation de cette maladie
fait que beaucoup n'en parlent pas.

Aux États-Unis, 17 % des adultes

souffriront de dépression
au cours de leur vie.

C'est énorme.

Une personne sur cinq dans votre entourage

souffrira de dépression.

Vous ne le savez peut-être pas,
mais c'est le cas.

C'est la réalité,

et cela se passe partout autour de nous.

Nous devons en prendre conscience.

Nous devons être attentifs.

Il faut que l'on aide
ces personnes qui souffrent.

Le stéréotype selon lequel la dépression
est le signe d'un mauvais caractère,

ou d'une faiblesse, est réel.

Préféreriez-vous annoncer
à votre partenaire, vos amis,

vos parents, votre enfant,
que vous vous êtes cassé le bras ?

Ou que vous souffrez de dépression ?

En plus de cela,
seulement 14 % des pays

ont un plan de prévention des suicides,

bien que la dépression
soit déclarée comme épidémie.

En tant que communauté, nous devons
admettre que nous avons un problème

si nous voulons trouver une solution.

Je n'ai pas la solution
au problème de stigmatisation,

mais je voulais souligner
l'importance de ne pas abandonner

les personnes souffrant de dépression.

La maladie vous voile la face,

vous vous sentez
constamment sur le point

d'être abandonné.

Certaines personnes éliminent
toute négativité dans leur vie,

mais cela ne fait que renforcer l'idée

que la personne souffrant
de dépression n'est pas la bienvenue.

On croit souvent à tort que
dépression égale tristesse.

La tristesse est une réponse normale
et temporaire que l'on ressent

quand quelque chose
ne va pas dans notre vie.

La dépression est comme un parasite :

elle se glisse dans votre corps,
sans faux pas de votre part.

Elle s'installe dans votre esprit,
reste le temps qu'elle veut,

et vous fait sentir impuissant.

Être en dépression c'est se sentir triste
quand tout va bien dans votre vie.

La dépression ne partira pas,

mais elle peut être réduite.

Elle peut être réduite
à la taille de tristesse.

Mais pour cela il faut
qu'elle soit reconnue.

Les symptômes sont très différents
chez les ados et chez les adultes.

Ceux qui viennent
à l'esprit en premier

sont la tristesse permanente, l'insomnie,
et la perte d'intérêt en toute activité.

Chez les ados,
les symptômes fréquents

sont l'irritabilité,
des douleurs inexpliquées,

et une sensibilité extrême aux critiques.

Nous devons être conscient des symptômes,

pour pouvoir les reconnaître et aider
les personnes de notre entourage.

Si vous pensez être en dépression,
parlez-en à votre médecin traitant.

Il vous donnera
un rapide questionnaire

pour évaluer la sévérité de vos symptômes

et vous recommandera des thérapeutes.

C'est tout simple.

C'est une conversation de dix minutes
qui pourrait sauver votre vie.

Si vous pensez que quelqu'un que
vous connaissez souffre de dépression,

parlez avec lui ;

insistez sur le fait
qu'il a un impact positif

sur votre quotidien, et assurez-vous
qu'il en ait conscience.

Validez ses sentiments,
proposez-lui des sorties,

même des simples promenades,
et continuez d'essayer s'il refuse.

Rappelez-lui qu'il a encore
des choses à vivre,

et encouragez-le à se faire aider.

Mais avant tout,
et c'est ce qui m'a le plus aidée,

insistez sur le fait que
la dépression n'est pas sa destinée.

Pour ne pas oublier ça, j'ai inventé
cet acronyme appelé « DEVOTE »

D: Rappelez-lui que
ce n'est pas sa Destinée.

E: Engagez-vous avec lui.

V: Validez ses sentiments.

O: Invitez-le à sortir, s'Ouvrir.

T: Rappelez-lui qu'il a
des Trucs à vivre.

E: Encouragez-le à se faire aider.

Je ne veux pas vivre dans un monde
où une part essentielle de mon identité

doit rester cachée.

Je ne veux pas vivre en ayant peur
de moi-même toute ma vie.

Je refuse de laisser
ma maladie m'étouffer.

Quand j'ai écrit
mes textes pour l'université,

j'ai écrit sur ce que
je reconnaissais comme le vrai moi.

Le changement commence ici.

Si nous, les voix souffrant
en silence, nous exprimons,

nous serons entendus.

Luttez pour être accepté.

Nous méritons que la société se batte,

parce que la dépression
n'est pas notre destinée.

Merci.