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L'essor des nouveaux super-riches planétaires

  • 0:01 - 0:06
    Voici le fait économique majeur
    de notre époque :
  • 0:06 - 0:10
    nous assistons
    à une explosion des inégalités de revenus,
  • 0:10 - 0:13
    en particulier entre ceux qui sont au sommet
  • 0:13 - 0:15
    et tous les autres.
  • 0:15 - 0:19
    Ce glissement est le plus frappant
    aux Etats-Unis et au Royaume-Uni,
  • 0:19 - 0:21
    mais c'est un phénomène mondial.
  • 0:21 - 0:23
    On le voit en Chine communiste,
  • 0:23 - 0:25
    en Russie ex-communiste,
  • 0:25 - 0:28
    en Inde,
    dans mon pays natal, le Canada,
  • 0:28 - 0:31
    et même dans les social-démocraties confortables
  • 0:31 - 0:35
    comme la Suède, la Finlande
    et l'Allemagne.
  • 0:35 - 0:39
    Permettez-moi de vous donnez quelques chiffres
    pour bien situer les choses.
  • 0:39 - 0:41
    Dans les années 1970,
    les Un Pour Cent
  • 0:41 - 0:46
    représentaient environ 10 pour cent du revenu national
  • 0:46 - 0:48
    des Etats-Unis.
  • 0:48 - 0:51
    Aujourd'hui, cette part a plus que doublé
  • 0:51 - 0:53
    pour dépasser les 20 pour cent.
  • 0:53 - 0:55
    Mais ce qui est encore plus frappant,
  • 0:55 - 0:58
    c'est ce qui se passe tout en haut
  • 0:58 - 1:00
    de la pyramide des revenus.
  • 1:00 - 1:03
    Les 0,1 pour cent les plus riches
    aux Etats-Unis
  • 1:03 - 1:07
    représentent aujourd'hui plus de 8 pour cent
  • 1:07 - 1:08
    du revenu national.
  • 1:08 - 1:13
    Ils en sont là où étaient les Un Pour Cent
    il y a 30 ans.
  • 1:13 - 1:16
    Permettez-moi de citer encore un chiffre
    pour mettre cela en perspective,
  • 1:16 - 1:19
    un chiffre qui a été calculé en 2005
  • 1:19 - 1:21
    par Robert Reich,
  • 1:21 - 1:23
    Secrétaire au Travail
    du gouvernement Clinton.
  • 1:23 - 1:29
    Reich a pris la richesse de deux personnes
    incontestablement très riches,
  • 1:29 - 1:31
    Bill Gates et Warren Buffet,
  • 1:31 - 1:34
    et a trouvé qu'elle était égale
    à la richesse
  • 1:34 - 1:39
    des 40 % de la population
    la moins riche des Etats-Unis,
  • 1:39 - 1:42
    soit 120 millions de personnes.
  • 1:42 - 1:44
    Il s'avère, en l’occurrence,
  • 1:44 - 1:47
    que Warren Buffet n'est
    pas seulement un ploutocrate,
  • 1:47 - 1:51
    mais aussi l'un des observateurs
    les plus perspicaces de ce phénomène,
  • 1:51 - 1:54
    et qu'il a lui-même un chiffre de prédilection.
  • 1:54 - 1:58
    Buffet se plaît à souligner qu'en 1992
  • 1:58 - 2:00
    la richesse totale des individus
  • 2:00 - 2:03
    sur la liste Forbes 400,
  • 2:03 - 2:06
    la liste des 400 Américains les plus riches,
  • 2:06 - 2:09
    s'élevait à 300 milliards de dollars.
  • 2:09 - 2:10
    Réfléchissez-y.
  • 2:10 - 2:12
    Il n'était même pas nécessaire d'être milliardaire
  • 2:12 - 2:15
    pour figurer sur cette liste en 1992.
  • 2:15 - 2:19
    Eh bien, aujourd'hui, ce chiffre
    a plus que quintuplé
  • 2:19 - 2:22
    pour atteindre 1 700 milliards.
  • 2:22 - 2:24
    Et je n'ai sans doute pas besoin de vous dire
  • 2:24 - 2:27
    qu'on n'a pas vu
    la même chose se produire
  • 2:27 - 2:28
    pour la classe moyenne,
  • 2:28 - 2:33
    dont la richesse a stagné,
    si ce n'est diminué.
  • 2:33 - 2:37
    Nous vivons donc à l'ère
    de la ploutocratie mondiale,
  • 2:37 - 2:39
    mais il nous a fallu du temps
    pour nous en rendre compte.
  • 2:39 - 2:40
    L'une des raisons, je pense,
  • 2:40 - 2:43
    est une forme de syndrome de la grenouille
    portée à ébullition.
  • 2:43 - 2:46
    Les changements qui sont
    lents et graduels
  • 2:46 - 2:47
    peuvent être difficiles à percevoir,
  • 2:47 - 2:50
    même si leur résultat final est spectaculaire.
  • 2:50 - 2:54
    Après tout,
    pensez au sort de cette pauvre grenouille.
  • 2:54 - 2:56
    Mais je crois qu'il y a autre chose en jeu.
  • 2:56 - 2:59
    Parler d'inégalité de revenus,
  • 2:59 - 3:01
    même si on ne figure pas
    sur la liste Forbes 400,
  • 3:01 - 3:03
    peut nous déranger.
  • 3:03 - 3:07
    Ça parait moins positif,
    moins optimiste,
  • 3:07 - 3:09
    de parler du partage du gâteau
  • 3:09 - 3:12
    que de réfléchir à comment
    avoir un plus gros gâteau.
  • 3:12 - 3:15
    Et s'il s'avère que
    vous figurez sur la liste Forbes 400,
  • 3:15 - 3:18
    parler de répartition des revenus,
  • 3:18 - 3:21
    et, inévitablement, de son proche cousin,
    la redistribution des revenus,
  • 3:21 - 3:24
    peut être purement et simplement
    une menace pour vous.
  • 3:24 - 3:28
    Nous vivons donc à l'ère de l'explosion
    des inégalités de revenus,
  • 3:28 - 3:30
    en particulier au sommet.
  • 3:30 - 3:34
    Quel en sont les ressorts,
    et que peut-on y faire ?
  • 3:34 - 3:38
    Certaines des raisons sont politiques :
  • 3:38 - 3:43
    impôts en baisse, dérèglementation,
    en particulier des services financiers,
  • 3:43 - 3:48
    privatisation, affaiblissement des protections
    juridiques pour les syndicats,
  • 3:48 - 3:51
    tout cela a contribué
  • 3:51 - 3:55
    à ce que de plus en plus de revenus
    convergent vers le sommet du sommet.
  • 3:55 - 3:58
    Bon nombre de ces facteurs politiques
    peuvent être regroupés en gros
  • 3:58 - 4:02
    sous l'appellation de
    « capitalisme de connivence »,
  • 4:02 - 4:04
    des changements politiques
    qui profitent à un groupe de personnes
  • 4:04 - 4:06
    bien introduites
    et avec les réseaux qu'il faut,
  • 4:06 - 4:10
    mais qui n'ont pas tellement d'effet bénéfique
    pour le reste d'entre nous.
  • 4:10 - 4:13
    En pratique, se débarrasser
    du capitalisme de connivence
  • 4:13 - 4:15
    est incroyablement difficile.
  • 4:15 - 4:18
    Pensez à toutes ces années pendant lesquelles
    les réformateurs de tous poils
  • 4:18 - 4:22
    ont tenté de se débarrasser
    de la corruption en Russie, par exemple,
  • 4:22 - 4:25
    ou à la difficulté de règlementer
    de nouveau les banques,
  • 4:25 - 4:28
    même après la crise financière
    la plus profonde
  • 4:28 - 4:30
    depuis la Grande Dépression,
  • 4:30 - 4:34
    ou même à la difficulté de faire payer
    aux grosses multinationales,
  • 4:34 - 4:38
    y compris celles dont la devise
    pourrait être « ne fait pas le mal »,
  • 4:38 - 4:41
    des impôts dont le taux approcherait
    un tant soit peu
  • 4:41 - 4:43
    celui que paye la classe moyenne.
  • 4:43 - 4:46
    Mais si dans la pratique se défaire
    du capitalisme de connivence
  • 4:46 - 4:48
    est très, très difficile,
  • 4:48 - 4:52
    intellectuellement, en tout cas,
    c'est chose facile.
  • 4:52 - 4:57
    Après tout, personne n'est vraiment
    en faveur du capitalisme de connivence.
  • 4:57 - 5:00
    C'est d'ailleurs un des rares sujets
  • 5:00 - 5:03
    qui rassemblent la gauche et la droite.
  • 5:03 - 5:06
    La critique du capitalisme de connivence
    est tout aussi centrale
  • 5:06 - 5:10
    pour le Tea Party
    que pour Occupy Wall Street.
  • 5:10 - 5:15
    Mais si le capitalisme de connivence est,
    du moins intellectuellement,
  • 5:15 - 5:17
    la partie la plus simple du problème,
  • 5:17 - 5:20
    les choses se compliquent
    lorsqu'on se penche sur les ressorts économiques
  • 5:20 - 5:23
    de l'explosion des inégalités des revenus.
  • 5:23 - 5:26
    En eux-mêmes,
    ces ressorts ne sont pas bien mystérieux.
  • 5:26 - 5:29
    La mondialisation et la révolution technologique,
  • 5:29 - 5:32
    ces deux transformations jumelles de l'économie
  • 5:32 - 5:34
    qui changent notre vie
  • 5:34 - 5:36
    et métamorphosent l'économie mondiale,
  • 5:36 - 5:39
    alimentent aussi
    l'essor des super-riches.
  • 5:39 - 5:41
    Réfléchissez-y un instant.
  • 5:41 - 5:43
    Pour la première fois dans l'histoire,
  • 5:43 - 5:46
    si vous êtes un entrepreneur énergique
  • 5:46 - 5:47
    avec une idée nouvelle et brillante,
  • 5:47 - 5:50
    ou un nouveau produit fantastique,
  • 5:50 - 5:53
    vous avez accès presque instantanément,
    et pratiquement sans obstacle,
  • 5:53 - 5:57
    à un marché mondial
    de plus d'un milliard d'individus.
  • 5:57 - 6:01
    En conséquence,
    si vous êtes très, très malin,
  • 6:01 - 6:03
    et très, très chanceux,
  • 6:03 - 6:06
    vous pouvez devenir très, très riche
  • 6:06 - 6:08
    très, très rapidement.
  • 6:08 - 6:11
    La dernière icône de ce phénomène
  • 6:11 - 6:13
    est David Karp.
  • 6:13 - 6:16
    Le fondateur de Tumblr,
    âgé de 26 ans,
  • 6:16 - 6:19
    a récemment vendu son entreprise à Yahoo
  • 6:19 - 6:22
    pour 1,1 milliard de dollars.
  • 6:22 - 6:23
    Vous vous rendez compte :
  • 6:23 - 6:28
    1,1 milliard de dollars à seulement 26 ans.
  • 6:28 - 6:31
    Il est plus facile de voir comment
    la révolution technologique
  • 6:31 - 6:35
    et la mondialisation
    créent cette sorte d'effet superstar
  • 6:35 - 6:37
    dans des domaines très exposés,
  • 6:37 - 6:39
    comme le sport et le spectacle.
  • 6:39 - 6:42
    Nous voyons tous comment un athlète de talent
  • 6:42 - 6:47
    ou un comédien de talent peut aujourd'hui
    tirer profit de ses compétences
  • 6:47 - 6:51
    au travers l'économie mondiale,
    comme jamais auparavant.
  • 6:51 - 6:53
    Mais aujourd'hui, cet effet superstar
  • 6:53 - 6:56
    s'étend à l'ensemble de l'économie.
  • 6:56 - 6:58
    Nous avons des superstars de la technologie.
  • 6:58 - 6:59
    Nous avons des superstars de la banque.
  • 6:59 - 7:03
    Nous avons des superstars du droit
    et de l'architecture.
  • 7:03 - 7:04
    Il y a des superstars de la cuisine
  • 7:04 - 7:06
    et des superstars de l'agriculture.
  • 7:06 - 7:09
    Il y a même,
    et c'est mon exemple préféré,
  • 7:09 - 7:11
    des superstars chez les dentistes,
  • 7:11 - 7:13
    dont l'exemple le plus stupéfiant
  • 7:13 - 7:16
    est Bernard Touati,
    le Français qui s'occupe
  • 7:16 - 7:18
    du sourire d'autres superstars
  • 7:18 - 7:21
    telles que l'oligarque russe
    Roman Abramovich
  • 7:21 - 7:24
    ou de la créatrice de mode américaine
    d'origine européenne
  • 7:24 - 7:26
    Diane von Furstenberg.
  • 7:26 - 7:29
    Mais s'il est plutôt facile de voir
    comment la mondialisation
  • 7:29 - 7:31
    et la révolution technologique
  • 7:31 - 7:33
    créent cette ploutocratie mondiale,
  • 7:33 - 7:38
    il est en revanche plus dur
    de savoir quoi en penser.
  • 7:38 - 7:39
    Et cela parce que,
  • 7:39 - 7:41
    contrairement au capitalisme de connivence,
  • 7:41 - 7:45
    une grande partie de ce que la mondialisation
    et la révolution technologique ont produit
  • 7:45 - 7:48
    est grandement positif.
  • 7:48 - 7:49
    Commençons par la technologie.
  • 7:49 - 7:53
    J'adore l'Internet.
    J'adore mes appareils mobiles.
  • 7:53 - 7:55
    J'adore le fait que grâce à eux,
  • 7:55 - 7:59
    tout ceux qui le veulent
    pourront regarder cette conférence,
  • 7:59 - 8:01
    bien au-delà de cet auditorium.
  • 8:01 - 8:04
    Je suis encore plus fan de la mondialisation.
  • 8:04 - 8:06
    C'est la transformation
  • 8:06 - 8:08
    qui a sorti de la pauvreté
    des centaines de millions de personnes
  • 8:08 - 8:11
    parmi les plus pauvres de la planète
  • 8:11 - 8:13
    pour les faire entrer dans la classe moyenne.
  • 8:13 - 8:16
    Et si vous vivez dans la partie riche du monde,
  • 8:16 - 8:19
    la mondialisation a rendu abordables
    de nombreux nouveaux produits --
  • 8:19 - 8:22
    qui a fabriqué votre iPhone, à votre avis ? --
  • 8:22 - 8:26
    et fait baisser le prix des choses
    que nous utilisons de longue date.
  • 8:26 - 8:28
    Pensez à votre lave-vaisselle
    ou à votre T-shirt.
  • 8:28 - 8:31
    Comment ne pas aimer cela ?
  • 8:31 - 8:33
    Eh bien, il y a quelques raisons.
  • 8:33 - 8:35
    L'une des choses qui me préoccupent
  • 8:35 - 8:39
    est la facilité avec laquelle ce qu'on pourrait
    appeler une ploutocratie méritocratique
  • 8:39 - 8:42
    peut se transformer
    en ploutocratie de connivence.
  • 8:42 - 8:44
    Imaginez que vous soyez
    un entrepreneur brillant
  • 8:44 - 8:48
    qui a réussi à vendre
    telle idée ou tel produit
  • 8:48 - 8:49
    aux milliards d'individus
    de notre planète mondialisée
  • 8:49 - 8:52
    et que vous soyez devenu
    milliardaire au passage.
  • 8:52 - 8:54
    Il est tentant, à ce moment-là,
  • 8:54 - 8:57
    d'utiliser votre savoir-faire économique
  • 8:57 - 9:01
    pour manipuler les règles
    de la politique mondiale
  • 9:01 - 9:03
    en votre faveur.
  • 9:03 - 9:06
    Et ce n'est pas là
    un simple exemple théorique.
  • 9:06 - 9:10
    Prenez Amazon, Apple,
    Google, Starbucks.
  • 9:10 - 9:12
    Elles font partie des entreprises
    les plus admirées,
  • 9:12 - 9:15
    les plus encensées,
    et les plus novatrices, du monde.
  • 9:15 - 9:18
    Il se trouve qu'elles ont aussi
    un talent particulier
  • 9:18 - 9:20
    pour influencer le système fiscal international
  • 9:20 - 9:25
    afin de faire baisser leurs impôts
    de manière très, très importante.
  • 9:25 - 9:29
    Et pourquoi se contenter
    d'exploiter les systèmes
  • 9:29 - 9:31
    politique et économique mondiaux
    tels qu'ils existent
  • 9:31 - 9:33
    pour son plus grand profit ?
  • 9:33 - 9:38
    Une fois que vous disposez
    de l'énorme puissance économique
  • 9:38 - 9:41
    que l'on voit au sommet du sommet
    de la pyramide des revenus,
  • 9:41 - 9:44
    et le pouvoir politique
    qu'elle engendre inévitablement,
  • 9:44 - 9:46
    il devient terriblement tentant
  • 9:46 - 9:50
    de commencer à essayer de
    modifier les règles du jeu
  • 9:50 - 9:52
    à votre avantage.
  • 9:52 - 9:55
    Là encore, il ne s'agit pas
    d'une simple hypothèse.
  • 9:55 - 9:57
    C'est ce qu'ont fait les oligarques russes
  • 9:57 - 10:00
    en organisant la vente du siècle
    avec la privatisation
  • 10:00 - 10:02
    des ressources naturelles russes.
  • 10:02 - 10:04
    On peut décrire ainsi
    ce qui s'est passé
  • 10:04 - 10:06
    avec la dérèglementation
    des services financiers
  • 10:06 - 10:08
    aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
  • 10:08 - 10:10
    Une deuxième chose qui me préoccupe
  • 10:10 - 10:13
    est la facilité avec laquelle
    la ploutocratie méritocratique
  • 10:13 - 10:16
    peut se transformer en aristocratie.
  • 10:16 - 10:18
    Une façon de décrire les ploutocrates
  • 10:18 - 10:19
    est de parler d'obsédés de la réussite.
  • 10:19 - 10:22
    Ce sont des gens
    qui ont une conscience aiguë
  • 10:22 - 10:24
    de l'importance d’acquérir des compétences
    quantitatives et analytiques
  • 10:24 - 10:28
    hautement spécialisées
    dans le monde d'aujourd'hui.
  • 10:28 - 10:31
    C'est pourquoi ils consacrent
  • 10:31 - 10:34
    du temps et des ressources
    comme jamais auparavant
  • 10:34 - 10:36
    à l'éducation de leurs propres enfants.
  • 10:36 - 10:39
    Les classes moyennes consacrent elles aussi
    plus de moyens à l'éducation,
  • 10:39 - 10:41
    mais dans la course mondiale
    à l'armement éducatif,
  • 10:41 - 10:43
    qui commence à la maternelle,
  • 10:43 - 10:47
    pour finir à Harvard, Stanford ou le MIT,
  • 10:47 - 10:50
    les 99 pour cent font de moins en moins le poids
  • 10:50 - 10:52
    face aux Un Pour Cent.
  • 10:52 - 10:54
    Le résultat est ce que les économistes
    Alan Krueger et Miles Corak
  • 10:54 - 10:58
    appellent la Courbe de Gatsby le Magnifique :
  • 10:58 - 11:01
    à mesure que les inégalités se creusent,
  • 11:01 - 11:04
    la mobilité sociale diminue.
  • 11:04 - 11:06
    La ploutocratie peut bien être une méritocratie,
  • 11:06 - 11:09
    mais de plus en plus il faut être né
  • 11:09 - 11:14
    en haut de l'échelle pour pouvoir
    ne serait-ce que prendre part à cette course.
  • 11:14 - 11:17
    La troisième chose,
    celle qui me préoccupe le plus,
  • 11:17 - 11:21
    est l'ampleur avec laquelle
    ces mêmes forces largement positives
  • 11:21 - 11:24
    qui alimentent l'essor
    de la ploutocratie mondiale
  • 11:24 - 11:28
    creusent en même temps
    les classes moyennes
  • 11:28 - 11:31
    dans les économies industrialisées
    de l'Occident.
  • 11:31 - 11:33
    Commençons par la technologie.
  • 11:33 - 11:36
    Ces mêmes forces
    qui créent des milliardaires
  • 11:36 - 11:40
    dévorent également de nombreux emplois
    généralement destinés aux classes moyennes.
  • 11:40 - 11:43
    Quand est-ce que vous avez eu recours
    à une agence de voyage pour la dernière fois ?
  • 11:43 - 11:46
    Contrairement à la révolution industrielle,
  • 11:46 - 11:48
    les titans de notre nouvelle économie
  • 11:48 - 11:51
    ne créent pas tant d'emplois que ça.
  • 11:51 - 11:55
    A son summum, General Motors employait
    des centaines de milliers de personnes.
  • 11:55 - 11:58
    Facebook, moins de 10 000.
  • 11:58 - 12:00
    Idem pour la mondialisation.
  • 12:00 - 12:03
    Si elle sort bel et bien
    des centaines de millions de personnes
  • 12:03 - 12:06
    de la pauvreté
    dans les marchés émergents,
  • 12:06 - 12:09
    elle engendre en contrepartie
    la délocalisation de beaucoup d'emplois
  • 12:09 - 12:11
    hors des économies développées
    de l'Occident.
  • 12:11 - 12:14
    La terrible vérité
  • 12:14 - 12:16
    est qu'il n'existe pas de loi économique
  • 12:16 - 12:19
    qui transforme automatiquement
  • 12:19 - 12:21
    la croissance économique accrue
  • 12:21 - 12:23
    en prospérité partagée par l'ensemble.
  • 12:23 - 12:26
    C'est ce que montre
    la statistique économique
  • 12:26 - 12:29
    que je considère
    comme la plus terrifiante de notre époque.
  • 12:29 - 12:33
    Depuis la fin des années 90,
    les accroissements de productivité
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    et les accroissements de salaires
    et d'emplois
  • 12:36 - 12:38
    ne sont plus liés.
  • 12:38 - 12:41
    Ce qui signifie que nos pays
    deviennent plus riches,
  • 12:41 - 12:44
    que nos entreprises gagnent en efficacité,
  • 12:44 - 12:45
    mais que nous ne créons
    pas plus d'emplois
  • 12:45 - 12:49
    et que globalement
    nous ne payons pas plus les gens.
  • 12:49 - 12:54
    Une conclusion effrayante
    que l'on peut tirer de tout ça,
  • 12:54 - 12:57
    c'est qu'il faut s'inquiéter
    du chômage structurel.
  • 12:57 - 13:01
    Ce qui m'inquiète le plus,
    c'est un autre scénario catastrophe.
  • 13:01 - 13:04
    Après tout, dans un marché du travail
    entièrement libre,
  • 13:04 - 13:07
    on pourrait trouver un emploi
    à presque tout le monde.
  • 13:07 - 13:09
    La dystopie qui me préoccupe
  • 13:09 - 13:13
    est un monde dans lequel
    une poignée de génie
  • 13:13 - 13:15
    inventent Google et consorts
  • 13:15 - 13:20
    et où le reste d'entre nous est payé
    à leur faire des massages.
  • 13:20 - 13:22
    Quand tout cela me déprime trop,
  • 13:22 - 13:26
    je me rassure en pensant
    à la Révolution Industrielle.
  • 13:26 - 13:30
    Après tout, malgré toutes ses usines
    grises et diaboliques,
  • 13:30 - 13:33
    ça c'est bien terminé,
    n'est-ce pas ?
  • 13:33 - 13:40
    Après tout, nous sommes tous ici plus riches,
    en meilleure santé, plus grands --
  • 13:40 - 13:42
    enfin, avec quelques exceptions --
  • 13:42 - 13:47
    et nous vivons plus longtemps
    que nos ancêtres du début du 19e siècle.
  • 13:47 - 13:49
    Mais il est important de se souvenir
  • 13:49 - 13:52
    qu'avant d'apprendre à partager les fruits
  • 13:52 - 13:54
    de la Révolution Industrielle
  • 13:54 - 13:56
    entre tous les pans de la société,
  • 13:56 - 14:00
    il nous a fallu traverser deux dépressions,
  • 14:00 - 14:02
    la Grande Dépression des années 30,
  • 14:02 - 14:04
    et la Longue Dépression des années 1870,
  • 14:04 - 14:08
    deux guerres mondiales,
    les révolutions communistes
  • 14:08 - 14:10
    de Russie et de Chine,
  • 14:10 - 14:12
    et une époque
    d'énormes bouleversements
  • 14:12 - 14:15
    sociaux et politiques en Occident.
  • 14:15 - 14:18
    Ce n'est pas un hasard
    si nous avons vécu au même moment
  • 14:18 - 14:20
    une époque de formidable création
  • 14:20 - 14:23
    sociale et politique.
  • 14:23 - 14:25
    Nous avons créé l'Etat-Providence moderne.
  • 14:25 - 14:27
    Nous avons créé l'école publique.
  • 14:27 - 14:28
    Nous avons créé la santé publique.
  • 14:28 - 14:30
    Nous avons créé les retraites publiques.
  • 14:30 - 14:32
    Nous avons créé les syndicats.
  • 14:32 - 14:35
    Aujourd'hui, nous traversons une période
  • 14:35 - 14:37
    de transformations économiques
  • 14:37 - 14:40
    comparable,
    par son ampleur et sa portée,
  • 14:40 - 14:42
    à la Révolution Industrielle.
  • 14:42 - 14:45
    Pour être sûrs que cette nouvelle économie
    profite à tous,
  • 14:45 - 14:48
    et pas seulement aux ploutocrates,
  • 14:48 - 14:49
    il faut nous lancer dans une période
  • 14:49 - 14:53
    de changements sociaux et politiques
    tout aussi ambitieux.
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    Il nous faut un nouveau New Deal.
  • 14:56 - 15:00
    (Applaudissements)
Title:
L'essor des nouveaux super-riches planétaires
Speaker:
Chrystia Freeland
Description:

La technologie progresse par sauts. Idem pour les inégalités économiques, nous dit l'écrivain Chrystia Freeland. Dans une conférence passionnée, elle décrit l'essor d'une nouvelle classe de ploutocrates (ceux dont l'extrême puissance est due à leur extrême richesse), et avance l'idée que la mondialisation et les nouvelles technologies alimentent les inégalités de revenus plus qu'elles ne les réduisent. Freeland nous expose trois problèmes posés par la ploutocratie... et nous fait entrevoir une lueur d'espoir.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
15:24
Mathieu Bastien commented on French subtitles for The rise of the new global super-rich
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for The rise of the new global super-rich
Anna Cristiana Minoli approved French subtitles for The rise of the new global super-rich
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for The rise of the new global super-rich
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for The rise of the new global super-rich
Mohand Habchi accepted French subtitles for The rise of the new global super-rich
Mohand Habchi declined French subtitles for The rise of the new global super-rich
Mohand Habchi edited French subtitles for The rise of the new global super-rich
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  • En cherchant à retrouver cette vidéo, je me suis rendu compte qu'elle n'apparait pas sur mon profile. Sur la page TED de la vidéo, on indique le nom d'un autre traducteur (Patrick). Ca m'embête tout de même un peu. Quelqu'un sait ce que je peux faire pour corriger ça ?

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