La potion secrète de la créativité | Stephen Hall | TEDxRegina

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Stephen Hall a passé toute sa vie à être créatif. Ce n'est pas juste sa personnalité qui le rend créatif, c'est une pratique délibérée, un processus et souvent même une discipline. Entrez dans l'esprit d'un directeur créatif : trouvez comment être plus créatif dans votre vie et trouvez où le monde a besoin de vos idées.

J'aime explorer le sujet de la créativité,

j'aime particulièrement résoudre
les problèmes en étant créatif,

c'est ce dont nous allons
parler aujourd'hui.

J'ai travaillé les 30 dernières années
de ma vie dans des industries créatives.

Au début, j'étais décorateur au musée,
puis directeur pour la télévision,

après directeur créateur
pour une agence de publicité.

Un gars connu dans la pub,
George Lois, a dit :

« La créativité peut résoudre
presque tous les problèmes.

L'action créative vainc l'habitude
et surpasse tout par son originalité. »

Et j'aime cette citation,
Je l'aime vraiment.

Et en fait, je pourrais m'arrêter là,

parce que, d'une certaine façon,

cela résume tout ce que je pense

du pouvoir de la créativité
pour résoudre les problèmes.

Mais je vais développer un peu,

et juste partager cinq
leçons que j'ai apprises

sur l'utilisation de la créativité
pour résoudre les problèmes.

D'abord, il faut définir
les contraintes du problème.

Et c'est très important.
C'est quelque chose que l'on néglige.

Ça a l'air banal, mais avant de vous
intéresser à la résolution du problème,

vous devez en définir les paramètres,

trouver ce que vous avez
pour résoudre le problème.

Qu'est-ce qui est disponible ?
Quelles ressources ? Combien de temps ?

C'est difficile à voir,
mais c'est Apollo 13.

45 ans plus tôt,

ils ont été confrontés à un problème
causé par une explosion inattendue.

Ils étaient en route pour la Lune ;

sur la route, une explosion a eu lieu,
et a créé tout un tas de problèmes.

Le plus gros était que le niveau de CO2
augmentait dans la capsule.

L'air qu'ils respiraient devenait
de plus en plus empoisonné.

Ils devaient trouver une solution.

Pour s'en sortir, ils devaient vraiment
penser au problème depuis l'intérieur.

Ils devaient définir ce qui,
à l'intérieur de la capsule,

pouvait les aider à résoudre le problème.

Les gars dans la salle de contrôle
de la NASA s'agitaient,

essayaient de déterminer
ce qu'il y avait là-haut.

« Que peut-on rassembler ?

Que peut-on créer pour
résoudre ce problème ? »

Ils devaient le savoir
car il était inutile

de penser à quelque chose qui
était à l'extérieur de la capsule.

Ça ne les aiderait pas. Ils devaient
penser à ce qu'il y avait dans la capsule.

D'abord, il faut trouver les contraintes.

Je dirais qu'essayer de
résoudre un problème sans ça,

c'est comme jouer au squash
sans mur autour du terrain.

Ça ne peut pas marcher.

La deuxième leçon, c'est que
les idées ne tombent pas du ciel.

Elles doivent être provoquées.
Vous devez les faire survenir.

Vous devez surmonter la force de
l'habitude, pour qu'elles surviennent.

Aujourd'hui, je veux parler des forces.

Je suis un intello de la physique
donc ça ne me dérange pas d'en parler.

Je vais parler de la première loi
de Newton, ma préférée.

La première Loi de Newton,
dit que « un corps reste au repos

à moins qu'une force
vienne le déséquilibrer. »

Qu'est-ce que ça veut dire ?

C'est que cette chaise ici,

qui est restée immobile
depuis le début de mon discours,

va rester ici et ne rien faire

jusqu'à ce qu'une force
vienne la déséquilibrer.

C'est plutôt simple.
Il y a des forces en jeu là.

Il y a des forces en jeu maintenant.

Il y a la gravité en bas,
la réaction du sol vers le haut.

C'est une force équilibrée.

Un corps au repos n'ira nulle part.

On peut dire que c'est
l'état normal de la chaise.

Son état habituel.

Et puis une force instable
vient la bouger.

Je vais combiner Newton et
George Lois ici,

et vous sortir ce que j'appelle,
la première loi de la Créativité.

Une habitude va rester telle, à moins
d'être vaincue par son originalité.

C'est ce dont nous allons parler
aujourd'hui : les forces instables.

Une force instable est une idée originale.

Ce gars, Edward de Bono,
a donné un nom à ces forces instables.

Un nom un peu bizarre.

Au fait, Edward de Bono
est un gars brillant,

le père de la pensée parallèle,
un genre de gourou de la créativité.

Il a trouvé un nom à
ces forces instables :

Po.

Po est une partie

de mots comme hypothèse,

supposer,

possible,

et poésie.

Ces mots vous donne une clé
de ce qu'est la nature de « Po ».

C'est aussi un acronyme

et c'est celui que j'aime :
Provocation, Opération.

Ça suggère qu'une activité est requise.

Que la créativité a besoin
d'une certaine action pour survenir.

Un Po est une idée,

mais plus que ça,

un Po est une folle, radicale,
et absurde idée.

C'est le pouvoir du Po.

Alors comment ça marche ?
Faisons un peu de brainstorming.

Nous avons tous été dans ces salles
de réunion avec un tableau blanc.

Aujourd'hui, nous allons penser à des
idées pour un nouveau restaurant.

Sur le tableau, nous avons fait une liste
des restaurants qui existent à Regina.

Il y a beaucoup de restaurants italiens,
des pizzerias, des grecs.

On va rester loin de ça.
Nous voulons de nouvelles idées.

Commençons. Les gens lancent des idées.

Un restaurant mexicain authentique ?

Un russe ? Un népalais ? Un restaurant
pour de la fondue en famille ?

Et un endroit pour des burgers classes ?
Un endroit pas cher pour les sushis ?

Ça ne me tente pas vraiment.

Puis, quelqu'un crie
du fond de la salle,

« Et un restaurant
qui ne sert pas de nourriture ? »

Boum.

C'est un Po.

Une idée folle, qui ne fait aucun sens,
au premier abord.

Ok. Que fait-on maintenant ?

La troisième leçon, c'est qu'il faut
respecter les idées absurdes.

Vous ne les jetez pas immédiatement.

Pour que ce Po devienne puissant,
laissez-le respirer.

Laissez-le vivre.

Envisagez toutes les possibilités.

Que se passerait-il si ça existait ?

Un Po est comme une crise fabriquée.
Elle n'avait pas à survenir.

Un restaurant sans nourriture.
C'est absurde.

C'est facile de le rejeter.
Mais laissons-le vivre un peu.

Voici comment le traiter,

« Bon, c'est arrivé, c'est une crise,
un restaurant qui ne sert pas à manger.

Qu'allons-nous faire ?
Comment faire pour que ça marche ? »

Apollo 13 n'avait pas besoin
d'un autre Po. La crise est le Po.

La crise a mis en place
les circonstances

qui les a rendus créatifs.

« Comment faire ça ?
Ceci vient d'arriver.

Qu'allons-nous faire ?

Comment résoudre le problème ? »

Je sais ! Utilisons
la couverture de ce livre.

Coupons le tuyau des costumes.

Utilisons des chaussettes.
Nous avons du ruban adhésif.

Utilisons ça. On aura d'autres trucs.

Mettons tout ensemble.
Fabriquons un filtre à air.

Personne n'y aurait pensé
dans d'autres circonstances.

La crise, le Po, a créé la situation

qui nous a permis de considérer
les choses différemment,

de voir le potentiel créatif

et de tout rassembler
pour résoudre un problème.

Ils jouaient contre la montre.
Ils avaient une échéance.

Une échéance qui signifiait la mort.

Les échéances sont une autre
sorte de super Po.

Mon échéance préférée,
de loin est celle-ci :

le 31 décembre 1969.

C'est l'échéance que JFK avait
sous-entendue lors de son discours

que nous allions envoyer
un homme sur la Lune

avant la fin des années 60.

Il a agi comme la personne qui a dit :

« Et si on lançait un resto
sans nourriture ? »

Lui a dit : « Et si on envoyait un homme
sur la Lune avant la fin des années 60 ? »

Il n'a pas fabriqué un faux problème
ou une fausse crise,

il en a fabriqué une vraie.

Il a mis la réputation du pays en jeu.

Et il l'a fait avec optimisme.
Et c'est important.

Ce qui nous amène
à la quatrième leçon.

Vous devez être
objectif et optimiste.

Vous devez voir comment ça peut marcher,
pas comment ça risque de ne pas marcher.

Vous devez être optimiste
et plein d'espoir.

Cette idée folle,
vous allez l'envisager ;

cela va vous donner de nouvelles
idées qui pourraient bien marcher.

Revenons à notre restaurant
qui ne sert pas à manger.

Comment ça pourrait marcher ?

Le Po est puissant
quand il est légitimé.

« Ok, essayons de le faire marcher.
Voyons ce à quoi ça ressemble.

Un restaurant qui ne sert pas à manger.
A quoi ça ressemble ? »

S'il ne sert pas à manger,
d'où vient la nourriture ?

Si vous y allez pour manger,
vous ne serez pas servis.

Vous devez apporter la nourriture.

Les gens apportent leur nourriture et
vont au parc pour un pique-nique.

C'est comme un pique-nique d'intérieur.
Cool, c'est intéressant !

Que ferons-nous ? Nous leur donnerons un
endroit pour qu'ils mangent.

Nous mettrons des tables, des chaises et
des couverts. Nous servirons à boire.

De cette façon, nous ferons la différence.

Ils apportent à manger,
nous servons à boire.

Nous donnons un vaste choix,
une belle sélection.

Nous pourrions avoir une table de partage.

Beaucoup de gens ramènent leurs trucs.

Nous avons une table de partage ici,
nous pouvons les aider.

Nous réchauffons les plats et rendons
d'autres services pour que ça marche.

Nous pourrions avoir une animation.

Des serveurs qui chantent peut-être.
Les gens pourraient chanter.

Ils pourraient ramener à manger
et animer eux-mêmes.

Nous aurions une petite scène.

Un petit espace pour les rassembler,
pour qu'ils discutent et partagent.

Et au bout d'un moment, vous voyez
le potentiel des idées folles.

Nous n'aurions jamais pensé
à toutes ces choses,

si nous n'avions pas laissé
cette folle idée exister,

si nous ne l'avions pas traitée
avec optimisme et avec l'espoir

qu'il y existe peut-être là, une solution.

Les choses que nous découvrons
à travers ce processus

pourraient être utiles pour un restaurant
qui sert à manger.

En terme d'exercice de brainstorming,

et en terme de capacité à s'ouvrir
à toutes les sortes de possibilités,

c'est vraiment très utile.

C'est une maquette de ce que les
ingénieurs de la NASA ont conçu au sol.

Ils l'ont vite construite
et ont essayé de la tester.

Ils ont paniqué quand
la crise est survenue.

« Qu'ont-ils là-haut ?

Trouvons la réponse et construisons ça. »

Ils ont tout rassemblé et
voilà ceux qu'ils ont proposé.

Ils l'ont fait avec optimisme.

Ils n'ont pas pensé :
« Ça ne va probablement pas marcher. »

Non. Ils espéraient et priaient.

Ils croyaient que ça marcherait.

Ça va marcher ! Nous pouvons utiliser
la couverture du livre.

Utilisons les chaussettes,
ce truc en plastique,

ce tuyau, coupons la tenue
d'astronaute.

Ça peut marcher.

Il n'y a aucune valeur créative
à être cynique.

Il n'y a aucune valeur créative
à chercher les raisons que ça échoue.

Il est bien plus productif,
bien plus puissant,

de regarder les raisons
pour que ça puisse marcher.

En tant que personne créative, je pense
que mes idées folles vont marcher.

Je le pense vraiment. Tout le temps.

Et il y a du pouvoir là-dedans.

Nombre de personnes créatives
dans le public sont du même avis.

Il y a une force là-dedans et
c'est bien de la canaliser.

La dernière leçon, c'est qu'il faut fêter
une idée d'où qu'elle vienne.

Une part importante de mon travail
actuel est en équipe.

Je travaille rarement seul
pour résoudre des problèmes.

Je travaille avec une équipe.
Ils sont ici.

Je crois en une chose,
pour la collaboration,

ce n'est pas super de travailler
juste avec des gens comme moi.

Des gens qui pensent comme moi,
agissent comme moi,

croient aux mêmes choses que moi.

Avoir un bon mélange,

être avec des gens tous différents
amène des perspectives diverses.

Il y a une valeur dans ces
perspectives différentes.

Plus de potentiel
pour des idées folles,

pour l'idée originale
qui sort de ces discussions.

Quelqu'un avec une expérience
différente dit quelque chose.

On l'écrit sur le tableau
et nous devons nous en occuper.

Maintenant nous devons
explorer ça et faire que ça marche.

Dans ce processus, nous devons traiter
les idées d'autrui avec respect.

J'ai appris ça de ma femme,

et comme beaucoup de maris,
je n'ai pas eu le choix sur ça.

J'aime ma femme et nous sommes très
similaires. Elle est ici dans le public.

Nous sommes pareils sur plein d'aspects.

Et ça nous donne notre force
dans notre relation,

nous partageons les mêmes valeurs.

Mais nous réfléchissons différemment.

Nous avons des idées différentes.

Elle dit parfois des choses que
je trouve stupides.

Et puis après, je réalise que
c'est une idée brillante.

Ça nous est arrivé il y a deux ans.

Nous avons deux jeunes enfants.

Nous n'étions pas d'accord sur
un problème de parents,

et comment résoudre quelque chose.

Pendant la discussion, Laurie
a fait cette suggestion folle.

Et j'étais genre, « Non,
comment ça peut marcher ? »

Nous en avons parlé.

Et enfin, j'en suis arrivé au point où
j'ai dit : « Tu sais que tu as raison. »

Puis une drôle de chose est arrivée.

Elle s'est énervée parce qu'elle a pensé

que j'étais d'accord avec elle
parce que je voulais en finir.

Puis, je me suis énervé,
car ce n'était pas ce que je faisais.

C'était une superbe idée, et j'essayais
de le lui expliquer, j'ai dit cela :

« Ce n'est pas important que j'ai raison.
Mais c'est important qu'on ait raison. »

Car tout ce qui m'importait finalement,

ce qui comptait, c'était
ce qui était bien pour les enfants.

Pas que j'ai raison ou pas.

Voici l'image du filtre que
l'équipe d'Apollo 13 a construit

et qui a sauvé leurs vies.

Nul ne s'inquiétait de qui a eu l'idée
d'utiliser la couverture du plan de vol,

des sacs plastiques,
ou des chaussettes.

Tout le monde s'en fichait.
C'étaitt l'idée qui comptait.

C'etait ce qui importait.
Ce sont les idées qui importent.

Les meilleures idées gagnent,
pas celui qui l'a eue.

Pour vite conclure :
les cinq leçons que j'ai apprises.

1, définissez les contraintes.

Connaissez les paramètres qui vous
contraignent. Ne les ignorez pas.

Ils sont une aide, ils peuvent vous
conduire à une solution créative.

2, provoquez les idées,
n'attendez pas qu'elles arrivent.

Faites-les survenir, sortir.
Faites des suggestions exotiques.

3, respectez les idées absurdes.

Respectez-les car elles sont
plausibles, elles sont possibles.

Dites : « OK, c'est arrivé,
on va laisser les choses se dérouler. »

Nous allons en parler. Voyons quelles
idées peuvent en découler.

Quand vous le faites, soyez optimiste.
Soyez objectif avec optimisme.

Observez les possibilités en pensant
que ça peut marcher.

Pas, « Eh... ça ne va probablement
pas marcher, mais essayons. »

Il n'y a pas de valeur créative
à être cynique.

Dernier point, fêtez les belles idées,
quels que soient ceux qui les ont eues.

Et s'il y a une recette magique
pour la créativité,

surtout la créativité collaborative,
c'est ce qui est ici-même.

Il existe plein de problèmes dans
le monde qui nécessitent votre attention.

Nous en avons évoqué
quelques-uns aujourd'hui.

Je vais vous laisser un gros problème.

Nous devrions avoir une séance
de brainstorming géante, mondiale.

C'est à propos d'un vaisseau spatial.

Il y a des humains dessus.

Et le niveau de CO2 augmente.

Et le niveau de CO2 augmente
de façon dramatique,

ils n'ont plus de temps.

Nous devons résoudre le problème.

Tout ce dont on a besoin pour
résoudre le problème est ici-même.

Nous devons surmonter
la force de l'habitude.

Nous devons être créatifs,
avoir de nouvelles idées.

Les meilleures idées gagnent.

Merci.

(Applaudissements)