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Acceptez votre pure et étrange magie

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    [Cette vidéo aborde des sujets d'adultes]
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    Ma mère m'a appelé cet été
    pour intervenir.
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    Elle avait lu des extraits
    de mon autobiographie,
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    qui n'était même pas encore sortie,
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    et elle s'inquiétait.
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    Pas à cause du sexe.
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    (Rires)
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    C'était le langage qui la dérangeait.
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    Par exemple :
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    « J'ai été beaucoup de choses
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    au cours de ce curieux voyage :
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    un garçon pauvre, un nègre,
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    un homme de Yale, un homme de Harvard,
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    un pédé, un chrétien,
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    un bébé accro au crack, soi-disant,
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    le diable incarné, la Seconde Venue,
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    Casey. »
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    Et ça c'est seulement la page 6.
  • 0:53 - 0:55
    (Rires)
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    Donc, vous comprenez l'inquiétude de ma mère.
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    Mais elle voulait juste changer un détail.
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    Donc elle m'appelle, et elle commence,
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    « Tu es un homme.
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    Tu n'es pas un pédé, ou un punk,
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    et je vais te dire la différence.
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    Tu es connu. Tu es intelligent.
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    Tu sais t'habiller et bien parler.
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    Les gens t'aiment.
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    Tu ne te promènes pas
    en faisant des gestes de punk.
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    Tu n'es pas un clochard.
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    Tu es une personne honnête
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    et le hasard fait que tu es gay.
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    Ne te mets pas dans cette case-là
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    quand tu es dans celle-ci. »
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    Elle pensait m'avoir rendu service,
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    et d'un côté, c'était le cas.
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    Son appel a mis en évidence
    ce que j'essaye de faire dans ma vie
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    et dans mon métier d'écrivain,
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    qui est de transmettre un message simple :
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    la façon dont on nous apprend à vivre
    doit changer.
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    J'ai appris ça à mes dépens.
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    Je suis né non pas
    du mauvais côté de la barrière
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    mais du mauvais côté d'une rivière,
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    la Trinity, à Oak Cliff, au Texas.
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    J'y ai été élevé en partie
    par ma grand-mère
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    qui était servante,
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    et par ma sœur,
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    qui m'a adopté
    quelques années après que notre mère,
  • 2:21 - 2:23
    qui souffrait de maladie mentale,
  • 2:23 - 2:25
    a disparu.
  • 2:25 - 2:27
    Et cette disparition,
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    qui a commencé quand j'avais 13 ans
    et a duré 5 ans,
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    m'a permis d’être qui je suis.
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    Et plus tard, qui je devais devenir.
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    Avant son départ, ma mère
    avait été ma cachette humaine.
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    Elle était la seule personne
    qui semblait aussi étrange que moi,
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    une étrangeté magnifique,
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    un mélange entre Blanche DuBois
    dans « Un tramway nommé Désir »
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    et une Whitney Houston des années 80.
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    (Rires)
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    Je ne dis pas qu'elle était parfaite,
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    mais je dois dire que j'ai
    profité de ses imperfections.
  • 3:02 - 3:05
    Et c'est peut-être ça, la magie :
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    une erreur utile.
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    Donc quand elle a commencé
    à disparaître pendant des jours,
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    j'ai eu recours à ma propre magie.
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    Il m'est venu à l'esprit, miraculeusement,
  • 3:14 - 3:18
    que je pouvais faire apparaître ma mère
    en marchant parfaitement
  • 3:18 - 3:22
    de mon école primaire
    située en haut d'une pente raide
  • 3:22 - 3:25
    jusqu'en bas chez ma grand-mère,
  • 3:25 - 3:29
    en mettant un pied, un seul pied,
    sur chaque pavé du trottoir.
  • 3:30 - 3:33
    Il ne fallait pas que mon pied
    touche la ligne entre les pavés
  • 3:33 - 3:35
    ou que je saute un pavé
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    jusqu'au dernier pavé
    et au dernier brin d'herbe
  • 3:38 - 3:41
    qui séparait notre jardin
    de notre allée de garage.
  • 3:41 - 3:45
    Et je vous jure, ça a marché.
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    Une fois seulement.
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    Mais si ma marche parfaite
    ne pouvait pas me ramener ma mère,
  • 3:51 - 3:54
    j'ai réalisé que cette démarche
    avait une tout autre utilité.
  • 3:55 - 3:57
    Tous les gens responsables autour de moi
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    n'aimaient rien d'autre que la perfection,
  • 4:00 - 4:03
    l'obéissance, la soumission.
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    Du moins, ils me laissaient
    tranquille lorsque je me soumettais.
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    Alors j'ai fait un marché
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    que j'ai retrouvé plus tard
    dans une prison de la Stasi à Berlin,
  • 4:13 - 4:15
    sur un panneau qui disait :
  • 4:15 - 4:18
    « Celui qui s'adapte vit tolérablement. »
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    C'était un marché qui me garantissait
  • 4:21 - 4:25
    un endroit où vivre et de quoi manger ;
  • 4:25 - 4:29
    un marché qui m'a gratifié d'éloges
    de mes profs, de ma famille, d'inconnus ;
  • 4:29 - 4:32
    un marché qui avait l'air de bien payer
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    le jour où, à 17 ans,
    quelqu'un de Yale est venu me recruter
  • 4:36 - 4:37
    pour l'équipe de football.
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    J'ai été aussi surpris
    que vous l'êtes aujourd'hui.
  • 4:42 - 4:45
    L'homme de Yale a dit
    - tout le monde a dit -
  • 4:45 - 4:49
    que c'était la meilleure chose
    qui puisse m'arriver,
  • 4:49 - 4:51
    la meilleure qui puisse arriver
    à la communauté entière.
  • 4:51 - 4:54
    « Prends ce billet, mon garçon »,
    m'ont-ils dit.
  • 4:55 - 4:56
    J'avais des doutes.
  • 4:57 - 5:00
    Yale semblait être un tout autre monde :
  • 5:00 - 5:03
    froid, étrange, hostile.
  • 5:04 - 5:06
    Le premier jour de mon recrutement,
  • 5:06 - 5:08
    j'ai envoyé un SMS à ma sœur
    pour ne pas y aller.
  • 5:08 - 5:10
    « Ces gens sont trop bizarres. »
  • 5:11 - 5:14
    Elle a répondu :
    « Tu te sentiras à ta place. »
  • 5:14 - 5:17
    (Rires)
  • 5:18 - 5:20
    J'ai pris le billet,
  • 5:20 - 5:22
    j'ai travaillé dur
    pour me sentir à ma place.
  • 5:22 - 5:26
    Quand le conseiller des 1ères années
    m'a dit d'éviter les casquettes...
  • 5:26 - 5:30
    « Tu es à Yale maintenant.
    C'est fini tout ça », disait-elle.
  • 5:31 - 5:34
    Je me suis dit, c'est l'un des petits prix
  • 5:34 - 5:36
    à payer pour y arriver.
  • 5:37 - 5:40
    Je les ai tous payés, j'ai essayé,
  • 5:40 - 5:43
    et effectivement
    ça a eu l'air de payer en retour :
  • 5:43 - 5:46
    j'ai été leader de l'équipe
    universitaire de football,
  • 5:46 - 5:49
    j'ai intégré une confrérie
    pas si secrète que ça
  • 5:49 - 5:51
    et obtenu un travail à Wall Street,
    puis Washington.
  • 5:51 - 5:55
    Les choses allaient si bien
    que j'ai songé, tout naturellement,
  • 5:55 - 5:57
    à devenir Président des Etats-Unis.
  • 5:57 - 6:01
    (Rires)
  • 6:01 - 6:03
    Mais vu que je n'avais que 24 ans
  • 6:03 - 6:06
    et que les présidents doivent
    eux aussi débuter quelque part,
  • 6:06 - 6:09
    je me suis contenté
    d'une campagne pour le Congrès.
  • 6:09 - 6:14
    C'était au lendemain
    de cette fantastique élection de 2008
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    durant laquelle un sénateur modéré
    et sérieux a souligné :
  • 6:19 - 6:23
    « Le message qu'il faut faire passer
    par-dessus tout
  • 6:23 - 6:26
    est que Barack Obama
    est un homme comme nous. »
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    Ils ont si bien fait passer ce message
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    que leur campagne est devenue
    le modèle d'excellence en politique,
  • 6:32 - 6:35
    voire un modèle de la vie moderne,
    ce qui semble aussi exiger que
  • 6:35 - 6:40
    chacun de nous fasse tout son possible
    pour pouvoir, au moment ultime,
  • 6:40 - 6:44
    dire avec paix et satisfaction :
    « J'étais juste comme tout le monde. »
  • 6:44 - 6:47
    Et mon message serait le même.
  • 6:48 - 6:54
    Alors un soir, j'appelle
    mon éventuel directeur de campagne.
  • 6:55 - 7:00
    On avait fait ce qu'il fallait pour gagner
    mais il avait d'abord une question :
  • 7:01 - 7:03
    « As-tu autre chose à me dire ? »
  • 7:04 - 7:08
    J'ai fini par lui dire :
  • 7:08 - 7:10
    « Il vaudrait mieux que tu saches
    que je suis gay. »
  • 7:12 - 7:13
    Silence.
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    « Hum. Je vois », a-t-il presque murmuré,
  • 7:18 - 7:22
    comme s'il avait trouvé une pièce d'or
    ou un oisillon mort.
  • 7:22 - 7:23
    (Rires)
  • 7:23 - 7:26
    « Tu as bien fait de me le dire »,
    a-t-il continué.
  • 7:26 - 7:28
    « Mais tu ne rends pas mon boulot facile.
  • 7:28 - 7:30
    Tu es quand même au Texas.
  • 7:30 - 7:33
    Mais ce n'est pas impossible, non non.
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    Mais Casey, je te pose la question :
  • 7:37 - 7:43
    Comment réagiras-tu si on te traite
    de pédé lors d'un réunion publique ?
  • 7:44 - 7:45
    Et soyons réalistes, OK ?
  • 7:46 - 7:49
    Tu te doutes bien que quelqu'un
    voudra sans doute se montrer violent.
  • 7:50 - 7:52
    Je veux juste savoir :
  • 7:52 - 7:54
    Es-tu vraiment prêt à vivre ça ? »
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    Je ne l'étais pas.
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    Et je n'arrivais pas à comprendre :
  • 8:01 - 8:03
    je n'arrivais presque plus à respirer,
  • 8:03 - 8:06
    à penser, ou à dire quoi que ce soit.
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    Mais soyons clairs :
    le garçon que j'étais alors
  • 8:10 - 8:13
    aurait sauté sur l'occasion
    de se faire blesser,
  • 8:13 - 8:16
    et de tout sacrifier,
    même sa vie, pour une cause.
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    Il y avait pourtant
    quelque chose de choquant.
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    Ça n'avait pas lieu d'être,
    mais c'était là :
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    dans l'idée qu'il se ferait blesser
    pour la seule raison d'être lui-même,
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    ce qu'il n'avait même pas essayé
    d'être en premier lieu.
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    Il croyait - je croyais -
    que tout ce que j'avais essayé
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    de faire et d'être, c'était
    ce qu'on attendait de moi.
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    J'étais connu à 24 ans :
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    j'étais intelligent, je parlais bien,
    m'habillais bien, j'étais un bon citoyen.
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    Mais le marché que j'avais accepté
    ne sauvera ni moi,
  • 8:53 - 8:54
    ni vous non plus.
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    Cette leçon, vous l'avez déjà apprise,
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    ou vous l'apprendrez,
    quelle que soit votre sexualité.
  • 9:02 - 9:06
    Les homos en reçoivent sans aucun doute
    une dose concentrée,
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    mais la répression est une pilule amère
    qui nous est offerte à tous.
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    On nous apprend à cacher tant d'aspects
    de notre identité et de nos parcours :
  • 9:15 - 9:18
    notre amour, notre douleur,
    pour certains, notre foi.
  • 9:19 - 9:22
    Dévoiler son homosexualité
    peut être pénible,
  • 9:23 - 9:27
    le dévoilement de soi dans toute sa pure
    et étrange magie est plus dur.
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    Miles Davis a dit: « Il faut du temps
    avant de trouver sa propre voix. »
  • 9:32 - 9:34
    C'était le cas pour moi.
  • 9:35 - 9:38
    À 24 ans
    j'ai eu cette révélation personnelle,
  • 9:38 - 9:40
    mais j'ai continué à vivre ma vie.
  • 9:40 - 9:44
    Je suis allé à Harvard Business School,
    j'ai créé un organisme à but non lucratif,
  • 9:44 - 9:47
    fait la couverture d'un magazine,
    été sur scène à TED.
  • 9:47 - 9:49
    (Rires)
  • 9:49 - 9:50
    J'avais atteint, à presque 30 ans,
  • 9:50 - 9:53
    presque tout ce dont un gamin peut rêver.
  • 9:54 - 9:56
    Mais j'étais à bout :
  • 9:57 - 10:02
    pas vraiment en pleine crise de nerfs,
    mais pas loin,
  • 10:02 - 10:04
    dans tous les cas,
    j'étais horriblement triste.
  • 10:04 - 10:07
    Je n'avais jamais pensé être un écrivain,
  • 10:07 - 10:10
    je n'avais même jamais vraiment lu
    jusqu'à mes 23 ans.
  • 10:12 - 10:14
    Mais le commerce du livre
    est la seule industrie
  • 10:14 - 10:17
    qui vous paye pour étudier
    vos propres problèmes, alors...
  • 10:17 - 10:20
    (Rires)
  • 10:23 - 10:25
    alors j'ai décidé d'essayer,
  • 10:26 - 10:29
    pour retracer ces fissures avec des mots.
  • 10:31 - 10:35
    Ce qui est apparu sur la page reflétait
    l'étrangeté que je ressentais alors,
  • 10:35 - 10:38
    ce qui a inquiété
    certaines personnes au départ.
  • 10:38 - 10:41
    Un écrivain respecté est venu
    pour intervenir de lui-même
  • 10:41 - 10:44
    après avoir lu les premiers chapitres,
  • 10:44 - 10:47
    et il a dit, tout comme ma mère :
  • 10:47 - 10:50
    « Écoute.
  • 10:51 - 10:53
    On t'a commissionné
    pour écrire une autobiographie.
  • 10:53 - 10:55
    C'est simple.
  • 10:55 - 10:57
    Il y a un début, un milieu et une fin,
  • 10:57 - 10:59
    et ça s'appuie
    sur les événements de ta vie.
  • 10:59 - 11:03
    Il y a d'ailleurs une grande tradition
    autobiographique dans ce pays,
  • 11:03 - 11:08
    menée par les marginaux
    qui écrivent pour revendiquer leur vie.
  • 11:08 - 11:12
    Va acheter ces livres et instruis-toi.
  • 11:12 - 11:14
    Tu pars dans la mauvaise direction. »
  • 11:16 - 11:19
    Mais je ne croyais plus
    ce qu'on nous apprenait -
  • 11:19 - 11:22
    que la bonne direction
    est la plus prudente.
  • 11:22 - 11:24
    Je ne croyais plus
    ce qu'on nous apprenait -
  • 11:24 - 11:27
    que les homosexuels, noirs ou pauvres
    sont des marginaux.
  • 11:27 - 11:31
    Je croyais ce que Kendrick Lamar dit
    dans « Section.80. » :
  • 11:32 - 11:35
    « Je ne suis ni en dehors
    regardant à l'intérieur,
  • 11:35 - 11:37
    ni en dedans regardant à l'extérieur.
  • 11:37 - 11:39
    Je suis en plein milieu
    et je regarde autour. »
  • 11:39 - 11:41
    (Rires)
  • 11:41 - 11:43
    C'était de ce point de départ
  • 11:43 - 11:45
    que je voulais travailler,
  • 11:45 - 11:49
    dans la seule direction d'intérêt,
    la mienne,
  • 11:49 - 11:52
    pour essayer de tous nous aider
    à refuser ces affreux marchés
  • 11:52 - 11:54
    qu'on nous a enseignés.
  • 11:55 - 11:57
    On nous a appris à nous changer
  • 11:57 - 12:01
    nous et notre travail en petites bouchées
    facilement digérables;
  • 12:01 - 12:04
    à nous mutiler pour pouvoir nous
    faire comprendre par les autres,
  • 12:04 - 12:08
    à nous nier pour nous faire de bons amis,
  • 12:08 - 12:11
    intégrer la bonne école,
    trouver le bon emploi,
  • 12:11 - 12:13
    être invité par le bon parti,
  • 12:13 - 12:16
    et, qu'un jour, le bon Dieu nous invite
  • 12:16 - 12:18
    à franchir les portes du Paradis
  • 12:18 - 12:21
    et qu'on L'adore ad vitam æternam.
  • 12:21 - 12:23
    Ce sont les récompenses, dit-on,
  • 12:23 - 12:25
    de notre obéissance :
  • 12:25 - 12:29
    être une bouchée pieuse, populaire
  • 12:29 - 12:29
    et mourir.
  • 12:31 - 12:34
    Et moi je dis : « Non merci. »
  • 12:35 - 12:38
    Au monde et à ma mère.
  • 12:40 - 12:41
    Enfin, pour tout vous dire,
  • 12:41 - 12:43
    J'ai juste dit :
    « OK Maman, à plus tard. »
  • 12:43 - 12:45
    (Rires)
  • 12:45 - 12:48
    Mais je me suis dit intérieurement :
    « Non, merci. »
  • 12:48 - 12:51
    Je ne peux pas accepter son marché.
  • 12:52 - 12:53
    Et vous non plus.
  • 12:54 - 12:59
    Ça serait facile pour beaucoup,
    comme nous ici
  • 12:59 - 13:02
    de nous considérer en sécurité,
  • 13:02 - 13:04
    de nous mettre de côté ici.
  • 13:06 - 13:08
    On parle bien, on s'habille bien,
  • 13:09 - 13:12
    on est intelligents, les gens nous aiment,
    ou font semblant.
  • 13:13 - 13:18
    Non, moi je dis : rappelons-nous
    de la femme de Loth.
  • 13:19 - 13:22
    Jésus de Nazareth l'a dit en premier
    à ses disciples :
  • 13:22 - 13:25
    « Rappelez-vous de la femme de Loth. »
  • 13:26 - 13:30
    Loth, au cas où vous n'auriez pas
    lu la Bible récemment,
  • 13:30 - 13:33
    a installé sa famille à Sodome,
  • 13:33 - 13:37
    au sein d'une société perverse
    que Dieu avait décidé de détruire.
  • 13:38 - 13:41
    Mais Dieu, dans sa cruauté,
    mais aussi dans sa bêtise,
  • 13:41 - 13:45
    fait accourir deux anges à Sodome
    pour dire à Loth de rassembler sa famille
  • 13:45 - 13:47
    et de fuir.
  • 13:47 - 13:51
    Loth a entendu le conseil de l'ange,
    mais s'est attardé.
  • 13:51 - 13:54
    Ils avaient autre chose à faire,
    alors ils ont pris les mains de Loth
  • 13:54 - 13:57
    les mains de ses filles,
    et les mains de sa femme,
  • 13:57 - 13:59
    et les ont faits vite sortir de Sodome.
  • 13:59 - 14:01
    Et les anges crient :
  • 14:01 - 14:04
    « Fuyez jusqu'aux montagnes.
    Et surtout, ne vous retournez pas »
  • 14:04 - 14:08
    au moment où Dieu fait pleuvoir du feu
    sur Sodome et Gomorrhe.
  • 14:08 - 14:11
    Je ne sais toujours pas comment
    Gomorrhe est impliqué.
  • 14:11 - 14:14
    Mais Loth et sa famille courent,
  • 14:14 - 14:15
    fuyant toute cette destruction,
  • 14:15 - 14:18
    détalant dans un nuage de poussière
    alors que Dieu sème la mort,
  • 14:18 - 14:24
    alors, pour une raison quelconque,
    la femme de Loth se retourne.
  • 14:25 - 14:27
    Dieu la transforme en statue de sel.
  • 14:29 - 14:32
    « Rappelez-vous de la femme de Loth »,
    dit Jésus.
  • 14:34 - 14:35
    Mais j'ai une question :
  • 14:37 - 14:38
    pourquoi se retourner ?
  • 14:40 - 14:43
    Se retourne-t-elle
    pour ne pas manquer le chaos,
  • 14:43 - 14:46
    pour apercevoir une dernière fois
    la ville en feu ?
  • 14:47 - 14:50
    Voulait-elle s'assurer que ses proches
  • 14:50 - 14:53
    soient assez loin du danger
    et puissent souffler un peu ?
  • 14:53 - 14:57
    Je suis si curieux et égoïste parfois
    que je l'aurais fait pour ces raisons
  • 14:57 - 14:58
    si j'avais été à sa place.
  • 14:59 - 15:05
    Mais la femme de Loth
    avait peut-être autre chose en tête ?
  • 15:06 - 15:12
    Elle ne pouvait peut-être pas supporter
    l'idée de laisser ces gens
  • 15:12 - 15:14
    brûler vifs tous seuls,
  • 15:14 - 15:16
    même au nom de la vertu ?
  • 15:17 - 15:18
    C'est possible, non ?
  • 15:19 - 15:25
    Si oui, alors ce regard en arrière
    d'une femme désobéissante
  • 15:25 - 15:27
    n'est peut-être pas
    un récit de mise en garde.
  • 15:27 - 15:30
    C'est peut-être l'acte le plus courageux
    de toute la Bible,
  • 15:30 - 15:33
    plus courageux que l'acte
    qui unit et cimente le Livre,
  • 15:33 - 15:34
    la crucifixion.
  • 15:35 - 15:40
    On nous dit que sur Golgotha,
    en haut d'une vieille croix robuste
  • 15:40 - 15:42
    Jésus est mort pour tous nous sauver :
  • 15:42 - 15:45
    des milliards et des milliards d'étrangers
    pour l'éternité.
  • 15:46 - 15:48
    C'est gentil.
  • 15:48 - 15:49
    Ça l'a rendu célèbre, c'est sûr.
  • 15:49 - 15:51
    (Rires)
  • 15:51 - 15:54
    Mais la femme de Loth a été tuée,
  • 15:54 - 15:57
    transformée en statue de sel,
  • 15:57 - 16:01
    tout ça parce qu'elle ne pouvait pas
    tourner le dos à ses amis,
  • 16:01 - 16:04
    les pervers de Sodome,
  • 16:04 - 16:07
    et personne n'a écrit son nom nulle part.
  • 16:09 - 16:12
    Oh, avoir le courage de la femme de Loth.
  • 16:13 - 16:16
    C'est le genre de courage
    dont on a besoin aujourd'hui.
  • 16:17 - 16:20
    Le courage de se mettre là-bas.
  • 16:20 - 16:23
    Le courage qui refuse que ;
    tout le monde doit être pédé,
  • 16:23 - 16:28
    ou personne ne peut être pédé,
    pour que nous soyons libres.
  • 16:28 - 16:32
    Le courage de se tenir
    avec d'autres clochards dans la rue,
  • 16:32 - 16:35
    avec les misérables de la Terre,
  • 16:35 - 16:37
    pour former une armée
    avec les plus petits d'entre eux,
  • 16:37 - 16:42
    avec la conviction que,
    grâce à la croûte pure de nos êtres,
  • 16:42 - 16:44
    nous pouvons construire un monde meilleur.
  • 16:45 - 16:46
    Merci.
  • 16:46 - 16:51
    (Applaudissements)
Title:
Acceptez votre pure et étrange magie
Speaker:
Casey Gerald
Description:

La façon dont on nous apprend à vivre doit changer, dit l'auteur Casey Gerald. Trop souvent, nous dissimulons des facettes de nous-mêmes pour nous intégrer, recevoir des éloges et nous faire accepter. Mais à quel prix ? Dans cette conférence inspirante, il raconte les sacrifices qu'il a lui-même faits pour atteindre le succès dans les hauts échelons de la société américaine - et explique pourquoi il est temps d'avoir le courage de vivre avec cette pure et étrange magie présente en nous.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:03
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