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Nus et culottés, se dépouiller soi-même pour découvrir le monde ! | Nans Thomassey | TEDxLyon

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    J'ai un ami qui me disait :
    « Voyager c'est découvrir.»
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    Découvrir c'est enlever des couches.
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    Alors je vais vous raconter
    comment j'en suis arrivé un jour
  • 0:23 - 0:29
    à partir sans vêtements, sans rien
    et ce que ces voyages nous ont enseigné.
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    Ça commence en 2005,
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    à l'époque je suis élève-ingénieur
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    dans une école d'ingénieurs
    à Toulouse qui s'appelle l'INSA.
  • 0:36 - 0:38
    Mes parents habitent Grenoble
  • 0:38 - 0:42
    et pour moi c'est un peu difficile
    de faire les aller-retours financièrement,
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    alors, un jour je me jette
    à l'eau et je fais du stop.
  • 0:46 - 0:49
    Ce petit coup de pouce va changer ma vie.
  • 0:49 - 0:52
    1200 km aller-retour.
  • 0:52 - 0:56
    Je me rends compte que j'ai mis les pieds
    dans un univers qui est bien plus vaste
  • 0:56 - 0:59
    qu'un simple moyen
    de transport économique.
  • 1:00 - 1:04
    Je me mets à faire la rencontre du monde
    dans l'habitacle des voitures.
  • 1:04 - 1:05
    Les aventures s’enchaînent
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    et moi je me sens chargé
    d'un sentiment de liberté
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    où tout devient possible.
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    Je me souviens un jour, je me fais
    prendre par un pilote d'avion acrobatique
  • 1:14 - 1:17
    qui me propose d'aller faire
    mon baptême de l'air
  • 1:17 - 1:20
    sur les côtes du pays de Galles
    lors d'un coucher de soleil.
  • 1:21 - 1:25
    Incroyable ! Et ce n'est que le début.
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    En 2008, j'ai mon diplôme
    d'ingénieur en poche,
  • 1:29 - 1:31
    et à ce moment-là
    c'est assez clair pour moi,
  • 1:31 - 1:33
    je me sens très attiré
    par le dépouillement
  • 1:33 - 1:35
    alors j'ai envie
    de continuer l'expérience.
  • 1:35 - 1:39
    Je vais aller en Amérique en stop
    et chez l'habitant avec un ami.
  • 1:39 - 1:43
    Ca commence par 60 jours
    sur la mer en voilier-stop,
  • 1:43 - 1:45
    et quand on arrive dans les Caraïbes,
  • 1:45 - 1:49
    eh bien nos économies sont
    vraiment très maigres en fait,
  • 1:49 - 1:51
    et puis elles vont fondre
    comme neige au soleil
  • 1:51 - 1:55
    en remontant l'Amérique centrale
    de la Colombie jusqu'au Mexique.
  • 1:55 - 1:58
    Alors là on est contents de découvrir
    les réseaux d'hospitalité
  • 1:58 - 2:01
    genre CouchSurfing,
    l'hébergement chez l'habitant.
  • 2:02 - 2:07
    Arrivés aux portes des États-Unis,
    on n'a plus d'argent.
  • 2:07 - 2:11
    Alors chance, hasard,
    sérendipité, je ne sais pas.
  • 2:11 - 2:14
    Le fait est qu'on rencontre
    une jeune californienne
  • 2:14 - 2:17
    qui nous invite à venir
    travailler dans sa ferme.
  • 2:17 - 2:19
    Alors pas n'importe quelle ferme,
  • 2:19 - 2:22
    une ferme qui travaille
    avec le cannabis médicinal.
  • 2:22 - 2:25
    (Rires)
  • 2:26 - 2:29
    Nous voilà largement rémunérés...
  • 2:29 - 2:31
    (Rires)
  • 2:31 - 2:34
    Nous, on venait de passer
  • 2:34 - 2:36
    trois mois en Amérique
    centrale sans un sou,
  • 2:36 - 2:40
    donc on en profite,
    on fait les kékés un peu,
  • 2:40 - 2:42
    mais très vite
    la question se pose
  • 2:42 - 2:45
    de rester dans cet Eldorado
    ou de continuer notre chemin.
  • 2:45 - 2:49
    Ça a été long. Pendant deux semaines
    on a beaucoup douté,
  • 2:49 - 2:52
    et je crois qu’inconsciemment
    on a fait le choix qu'on allait continuer
  • 2:52 - 2:56
    parce que l'abondance qu'on cherchait
    on ne la trouverait pas là-bas.
  • 2:56 - 2:59
    Donc on a continué, et d'ailleurs
    juste après cette expérience,
  • 2:59 - 3:04
    dans l'opulence, on a décidé
    de passer un autre pas
  • 3:04 - 3:06
    dans notre démarche de dépouillement.
  • 3:06 - 3:09
    Cette fois-ci on allait
    voyager sans argent.
  • 3:09 - 3:13
    De Montréal à Halifax, sans argent,
    en plein hiver par moins 40 °C,
  • 3:13 - 3:17
    et en plus, on allait se donner
    le challenge supplémentaire
  • 3:17 - 3:22
    de ne pas utiliser Internet
    pour demander l’hébergement chez les gens.
  • 3:22 - 3:24
    Donc seulement en toquant à la porte.
  • 3:25 - 3:27
    L'expérience a été fantastique,
  • 3:27 - 3:30
    si bien qu'au retour
    en France un an et demi plus tard,
  • 3:30 - 3:33
    on a commencé
    avec mon ami à écrire un livre
  • 3:33 - 3:36
    qui sera publié plus tard
    chez Lonely Planet,
  • 3:36 - 3:38
    sous le nom « La bible
    du grand voyageur ».
  • 3:38 - 3:40
    Et puis à la fin de l'écriture,
  • 3:40 - 3:43
    j'avais passé neuf mois dans ma chambre,
  • 3:43 - 3:46
    j'avais un peu marre
    donc j'appelle un ami, Mouts,
  • 3:46 - 3:48
    et puis je lui dis : « Écoute,
  • 3:48 - 3:51
    ça te dit qu'on se fasse un voyage,
    mais cette fois-ci en France ?
  • 3:51 - 3:55
    L'idée c'est de retrouver les sensations
    d'aventure qu'on avait à l'étranger
  • 3:55 - 3:58
    mais de les vivre chez nous
    dans notre territoire. »
  • 3:58 - 4:01
    Alors Mouts s'emballe
    et il me fait : « Oui. Avec plaisir!
  • 4:01 - 4:03
    Mais il faut se mettre un défi!"
  • 4:03 - 4:05
    Alors qu'est-ce qu'on va
    bien pouvoir faire ?
  • 4:05 - 4:09
    Alors on propose, eh bien,
    de voyager sans sac à dos.
  • 4:10 - 4:12
    « D'accord, ouai, ok. »
  • 4:12 - 4:14
    Et puis nous on était bien chauds.
  • 4:14 - 4:19
    L'autre répond : « D'accord,
    mais voyager sans argent. »
  • 4:19 - 4:20
    « Ouais. Ok. »
  • 4:20 - 4:25
    Et puis comme ça, Mouts propose :
  • 4:25 - 4:28
    « Est-ce qu'on partirait pas
    sans vêtements ? »
  • 4:28 - 4:29
    « Ouai, grave ! »
  • 4:29 - 4:34
    À ce moment-là, on est tous
    les deux à fond dans le bluff.
  • 4:34 - 4:40
    Deux mois plus tard, on est au bord
    de la Drôme, la rivière, à poil,
  • 4:40 - 4:41
    (Rires)
  • 4:41 - 4:42
    on se regarde une dernière fois,
  • 4:42 - 4:45
    on se demande
    mais qu'est-ce qu'on fait là ?
  • 4:45 - 4:47
    Et puis on se jette à l'eau.
  • 4:47 - 4:49
    Je ne vous cache pas que ça
    a été difficile pour ma mère,
  • 4:49 - 4:51
    qui m' a dit : « Mais chaton,
  • 4:51 - 4:54
    mais pourquoi tu as besoin de te mettre
    dans des situations comme ça ?
  • 4:54 - 4:57
    Qu'est-ce que j'ai loupé
    dans ton éducation ? »
  • 4:57 - 5:00
    Alors, quand même,
    on a pris un petit sac étanche
  • 5:00 - 5:05
    dans lequel on place un téléphone
    portable de secours pour la rassurer.
  • 5:06 - 5:07
    Aussi, un permis de conduire.
  • 5:07 - 5:10
    Parce ce que le rêve pour nous
    c'était de partir de la Drôme
  • 5:10 - 5:13
    pour arriver à Paris en décapotable rouge
  • 5:13 - 5:17
    pour sortir en boîte de nuit
    habillés en costard-cravate.
  • 5:17 - 5:19
    Un petit rêve de la quarantaine anticipée.
  • 5:20 - 5:23
    Et puis un autre objet,
    on a pris un couteau,
  • 5:23 - 5:28
    pour reprendre l'expression consacrée
    « partir avec son couteau ».
  • 5:28 - 5:30
    (Rires)
  • 5:30 - 5:34
    (Applaudissements)
  • 5:35 - 5:38
    Et enfin, on a pris avec nous
    un petit appareil photo
  • 5:38 - 5:40
    pour témoigner de ce qu'on allait vivre.
  • 5:40 - 5:42
    Alors je vous passe les détails
    de cette expérience,
  • 5:42 - 5:45
    mais sachez que quand
    on est arrivés, après cinq jours,
  • 5:45 - 5:49
    quand on est arrivés, dans l'excitation
    de ce qu'on venait de vivre,
  • 5:49 - 5:50
    on a monté un petit film.
  • 5:50 - 5:53
    Un film amateur, on n'avait pas
    du tout de connaissances.
  • 5:53 - 5:56
    Un film de trois minutes,
    on l'a monté en une nuit blanche.
  • 5:56 - 6:00
    Le lendemain matin, on l'envoie
    à une maison de production,
  • 6:00 - 6:01
    et bon, les semaines passent,
  • 6:01 - 6:06
    et on est convoqués à Paris
    par la boite de production Bonne Pioche.
  • 6:06 - 6:07
    Ça tombe bien.
  • 6:07 - 6:12
    Trois mois plus tard, on va avec eux
    habillés en buisson chez France 5.
  • 6:14 - 6:16
    L'aventure était lancée.
  • 6:16 - 6:22
    On allait produire des films documentaires
    de 52 minutes sur ces aventures.
  • 6:23 - 6:28
    Alors, c'était
    le double challenge.
  • 6:28 - 6:31
    Même si on était accompagnés
    d'une coréalisatrice, Charlène Gravel,
  • 6:31 - 6:33
    on n'avait aucune connaissance
    dans le milieu.
  • 6:33 - 6:36
    Donc c'était le challenge de partir
    à poil pour réaliser des rêves,
  • 6:36 - 6:39
    mais aussi de partir à poil
    pour réaliser des films.
  • 6:40 - 6:42
    Il n'y avait aucun scénario.
  • 6:43 - 6:48
    On avait juste notre lieu de départ,
    et puis notre destination c'était un rêve,
  • 6:48 - 6:49
    un rêve d'enfant.
  • 6:49 - 6:54
    Ça pouvait être aller faire un bonhomme
    de neige en haut d'une montagne.
  • 6:54 - 6:58
    Ou aller rencontrer un druide en Bretagne.
  • 6:58 - 7:01
    Boire le thé avec un Lord
    en Grande-Bretagne.
  • 7:01 - 7:03
    On en a réalisé seize comme ça en tout.
  • 7:04 - 7:06
    Bien sûr, ces rêves c'est
    à chaque fois des prétextes.
  • 7:06 - 7:10
    Des prétextes pour sortir
    de notre zone de confort.
  • 7:11 - 7:17
    Finalement, Nus et culottés était né,
    magnifique laboratoire de l'aventure,
  • 7:17 - 7:21
    nous transformant nous-mêmes
    en chercheurs de l'inattendu.
  • 7:23 - 7:25
    Alors je vais vous présenter
    quelques résultats des recherches,
  • 7:25 - 7:29
    parce que c'est quand même
    le petit côté ingénieur qui ressort.
  • 7:29 - 7:33
    Après 12 000 km en stop,
  • 7:33 - 7:39
    200 véhicules en auto-stop,
    voilier-stop, cargo-stop, avion-stop
  • 7:39 - 7:41
    et même hélicoptère-stop...
  • 7:41 - 7:43
    Ce qu'il y a de magique avec le stop
  • 7:43 - 7:46
    c'est que c'est le moyen de transport
    de la sérendipité par excellence.
  • 7:46 - 7:48
    On ne sait jamais sur qui on va tomber.
  • 7:48 - 7:51
    C'est le hasard, enfin le hasard,
    les dés sont un peu pipés,
  • 7:51 - 7:53
    c'est pas tout à fait le hasard.
  • 7:53 - 7:55
    J'ai remarqué qu'en tant qu'homme
  • 7:55 - 7:58
    j'ai deux chances sur trois
    de me faire prendre par un homme
  • 7:58 - 8:00
    ayant fait souvent
    du stop dans sa vie.
  • 8:00 - 8:03
    Si c'est une femme seule
    qui me prend,
  • 8:03 - 8:05
    il y a deux chances sur trois
    pour qu'elle travaille,
  • 8:05 - 8:08
    soit dans l'éducation
    soit dans les soins.
  • 8:08 - 8:11
    Des métiers où on a l'habitude
    d'être en relation avec l'autre
  • 8:11 - 8:12
    et donc où il y a moins de peur.
  • 8:12 - 8:16
    Des fois je m'amusais à demander
    à une femme qui me prenait seule en stop :
  • 8:16 - 8:19
    « Vous êtes institutrice ? »
    « Mais comment vous savez ça ? »
  • 8:19 - 8:20
    (Rires)
  • 8:20 - 8:23
    Alors si c'est moi qui vais
    directement voir les gens,
  • 8:23 - 8:24
    c'est une démarche active,
  • 8:24 - 8:26
    là, c'est encore différent.
  • 8:26 - 8:29
    On va avoir le temps de parler,
    de se sentir, de s'expliquer.
  • 8:29 - 8:32
    Si par exemple je vais
    dans une station service,
  • 8:32 - 8:34
    et là souvent on a des gens
    qui n'ont jamais pris en stop
  • 8:34 - 8:36
    qui vont oser le faire
    pour la première fois.
  • 8:36 - 8:40
    Donc là on étend encore
    nos possibilités de rencontres.
  • 8:40 - 8:43
    C'est là que pour nous
    ça devient vraiment intéressant,
  • 8:43 - 8:47
    à condition de ne pas choisir soi-même.
  • 8:47 - 8:48
    Parce qu’inconsciemment bien sûr,
  • 8:48 - 8:51
    on va vers ce qui nous rassure,
    vers ce qu'on connaît.
  • 8:51 - 8:55
    Je me souviens un soir avec Mouts on
    cherchait l'hébergement chez l'habitant,
  • 8:55 - 8:58
    et ce soir-là j'avais plein d'énergie
    alors je demandais aux gens.
  • 8:58 - 9:01
    Et puis au bout de 5 minutes,
    Mouts me regarde et me dit :
  • 9:01 - 9:05
    « Mais Nans, pourquoi tu ne
    demandes qu'à des femmes là ? »
  • 9:05 - 9:06
    (Rires)
  • 9:07 - 9:12
    Ce qui est intéressant justement
    avec le fait de partir tout nu,
  • 9:12 - 9:15
    c'est qu'on n'a pas vraiment
    le luxe de choisir.
  • 9:15 - 9:18
    Quand on sort des bois,
    on est très vulnérable,
  • 9:18 - 9:20
    on a faim, on a soif,
    on a mal aux pieds,
  • 9:20 - 9:24
    on est fatigué et c'est le voyage
    qui va décider pour nous.
  • 9:25 - 9:26
    Là, c'est très intéressant,
  • 9:26 - 9:30
    parce que c'est encore un potentiel de
    rencontres et de diversité extraordinaire.
  • 9:30 - 9:33
    On n'irait peut-être pas
    rencontrer les gens
  • 9:33 - 9:35
    qu'on va rencontrer en sortant des bois.
  • 9:35 - 9:37
    Et en quoi c'est intéressant ?
  • 9:37 - 9:40
    Tout simplement,
    comme on est invité chez les gens
  • 9:40 - 9:44
    on va être dans une position d'écoute,
    d'ouverture, de compréhension
  • 9:44 - 9:47
    et il va se passer
    cette alchimie extraordinaire
  • 9:47 - 9:52
    qui va nous permettre
    de rencontrer d'autres univers.
  • 9:52 - 9:55
    Pour moi c'est important ce moment-là.
  • 9:55 - 9:56
    C'est vrai que ça réveille des peurs.
  • 9:56 - 9:59
    Ces différences culturelles
    ce n'est pas évident.
  • 9:59 - 10:01
    Des fois il nous est arrivé
    de dormir chez des assassins.
  • 10:01 - 10:05
    Ça fait tout drôle, et pourtant,
    dans la position de l'invité
  • 10:05 - 10:07
    on va quand même chercher à se comprendre.
  • 10:07 - 10:09
    Ça réveille des peurs chez nous
    et aussi chez les autres,
  • 10:10 - 10:13
    de voir arriver comme ça
    deux hommes sauvages qui débarquent,
  • 10:13 - 10:16
    et là va se mettre en place un jeu
  • 10:16 - 10:18
    qui va être de cheminer
    entre les couches de peur
  • 10:18 - 10:23
    pour aller contacter chez l'autre le fond
    de bienveillance et de confiance
  • 10:23 - 10:25
    nécessaire pour continuer la rencontre.
  • 10:25 - 10:29
    À chaque fois que ça s'est passé
    pour nous ça a été une victoire.
  • 10:29 - 10:34
    En tout, en quatre ans, on a été
    hébergés 220 fois chez l'habitant
  • 10:34 - 10:36
    et passé seulement
    cinq nuits dehors.
  • 10:36 - 10:37
    Pourquoi cinq nuits dehors ?
  • 10:37 - 10:40
    Eh bien quand on se met
    à parler avec les gens,
  • 10:40 - 10:43
    on se rend compte qu'ils ne sont pas
    forcément disponibles,
  • 10:43 - 10:47
    ils n'ont pas forcément l'envie de passer
    une soirée avec deux inconnus,
  • 10:47 - 10:50
    mais pour nous, si on arrive
    à se comprendre et à parler,
  • 10:50 - 10:52
    c'est souvent
    des expériences très riches.
  • 10:52 - 10:55
    Ça dépasse le simple fait
    d'aller dormir chez l'habitant.
  • 10:56 - 10:59
    Alors on a été très touché
    pendant ces voyages
  • 10:59 - 11:02
    par la disponibilité dont
    faisaient preuve les gens.
  • 11:02 - 11:04
    Des fois ils étaient
    en plein repas de mariage
  • 11:04 - 11:07
    et on a été invités à venir à table.
  • 11:08 - 11:11
    Ils avaient une confiance
    aussi hors du commun.
  • 11:11 - 11:15
    Je me demandais si moi je serais capable
    d'offrir cette confiance à des inconnus.
  • 11:15 - 11:19
    Une femme un jour rencontrée dans la rue
    nous a tendu ses clefs et nous a dit :
  • 11:19 - 11:22
    « Tenez, voici mes clefs.
  • 11:22 - 11:25
    Allez vous installer chez moi
    je vous rejoins ce soir. »
  • 11:25 - 11:27
    C'était à Paris.
  • 11:27 - 11:29
    (Rires)
  • 11:29 - 11:31
    Alors on a beaucoup reçu dans ces voyages,
  • 11:31 - 11:34
    tellement reçu
    qu'un jour on s'est demandé :
  • 11:34 - 11:37
    « Mais qu'est-ce qu'on donne, nous ? »
  • 11:39 - 11:43
    Alors on a installé un petit rituel
    à la fin de chaque rencontre
  • 11:43 - 11:46
    où on confectionnait un cadeau.
  • 11:46 - 11:49
    Bien sûr avec les moyens du bord
    parce qu'on avait pas d'argent.
  • 11:49 - 11:51
    Ça pouvait être un origami, une chanson,
  • 11:51 - 11:56
    rendre un service, faire la vaisselle,
    le ménage, tailler une haie.
  • 11:57 - 11:59
    Et au bout d'un moment,
  • 11:59 - 12:04
    on s'est rendu compte que ces cadeaux
    ils avaient une autre fonction,
  • 12:04 - 12:07
    ils étaient là aussi
    pour honorer la rencontre
  • 12:07 - 12:10
    et pour inviter de la gratitude
    dans ce qui se passait avec ces gens,
  • 12:10 - 12:13
    parce que c'est vrai qu'avec le temps,
  • 12:13 - 12:16
    on peut tomber dans une forme
    de routine, d'habitude
  • 12:16 - 12:19
    et ça, ça tue l’émerveillement.
  • 12:19 - 12:23
    Il y a eu des bons moments, bien sûr,
    et puis il y a eu des moments terribles.
  • 12:23 - 12:26
    Je me souviens un jour
    on a dormi dans une poubelle,
  • 12:26 - 12:29
    ou alors dans un grenier
    avec des pigeons morts,
  • 12:29 - 12:32
    on essayait de trouver une place
    entre les cadavres de pigeons.
  • 12:32 - 12:35
    Des moments de grand doute
    où on perd toute confiance.
  • 12:36 - 12:41
    Et puis quand on arrive
    à la fin du voyage,
  • 12:41 - 12:44
    on se rend compte que chacune
    de ces expériences
  • 12:44 - 12:46
    était nécessaire pour réaliser notre rêve.
  • 12:46 - 12:48
    Les hauts et les bas.
  • 12:49 - 12:52
    La difficulté c'est d'en avoir conscience
    au moment où on les vit.
  • 12:52 - 12:56
    Alors nous on avait une petite technique,
    c'est Mouts qui avait installé ça,
  • 12:56 - 12:58
    à chaque qu'on vivait un moment difficile,
  • 12:58 - 13:01
    on se posait la question :
    « Qu'est-ce qu'on apprend là ? »
  • 13:01 - 13:03
    Il y a toujours
    des choses à apprendre!
  • 13:03 - 13:06
    Notre façon de formuler une demande,
    notre façon de se présenter.
  • 13:06 - 13:08
    Le lâcher prise, le détachement.
  • 13:08 - 13:11
    En fait, on s'est très vite rendu compte
    qu'on était des savants fous.
  • 13:11 - 13:15
    On était passionnés d'apprendre,
    de découvrir, de pousser les limites.
  • 13:15 - 13:19
    On s'est même mis des contraintes en plus.
  • 13:19 - 13:23
    Un jour on a fait tout un voyage
    en choisissant d'être pieds nus,
  • 13:23 - 13:25
    de refuser toute chaussure.
  • 13:25 - 13:28
    Un autre jour, un voyage
    en étant végétariens.
  • 13:28 - 13:31
    Alors, je ne vous explique pas
    pour trouver à manger...
  • 13:31 - 13:34
    Un autre jour, sans formuler de demande.
  • 13:34 - 13:38
    Et puis, un jour, même,
    tout une après-midi de stop sans parler.
  • 13:39 - 13:43
    On était fous et on était
    passionnés par la découverte.
  • 13:43 - 13:48
    Ça c'était notre laboratoire,
    et ce laboratoire, il a des limites.
  • 13:48 - 13:52
    On est deux, donc c'est rassurant,
    on est jamais vraiment dans l'inconnu.
  • 13:53 - 13:56
    On a des caméras, alors ce n'est pas
    que ça nous aide dans les rencontres,
  • 13:56 - 13:59
    au contraire des fois
    c'est plutôt un poids,
  • 13:59 - 14:01
    mais pour nous c'est
    une sacrée source de motivation,
  • 14:01 - 14:03
    une sacrée source aussi de reconnaissance,
  • 14:03 - 14:06
    donc là encore, ce n'est jamais
    vraiment totalement l'inconnu,
  • 14:06 - 14:11
    mais malgré tout, on a choisi ces limites
  • 14:11 - 14:14
    parce que ça nous permettait
    de partager ces pépites.
  • 14:14 - 14:18
    Et en parlant de pépite,
    j'aimerais terminer avec une histoire.
  • 14:19 - 14:22
    Ça s'est passé le premier jour avec Mouts,
  • 14:22 - 14:24
    où on est partis
    tout nus avec les caméras.
  • 14:25 - 14:26
    On avait très peur
  • 14:26 - 14:29
    parce que cette nuit-là,
    ils annonçaient 0 °C pour la nuit.
  • 14:29 - 14:34
    Donc si on voulait passer la nuit dehors
    le feu n'était pas du tout une option.
  • 14:35 - 14:39
    On avait appris une petite technique
    de friction avec deux bouts de bois,
  • 14:39 - 14:41
    et puis on s’entraîne, on s'entraîne,
  • 14:41 - 14:44
    toute la journée on frotte
    notre bout de bois,
  • 14:44 - 14:48
    et puis à un moment le soleil
    tombe, la température aussi
  • 14:48 - 14:49
    et toujours pas de feu.
  • 14:49 - 14:54
    On se dit : « Catastrophe !
    Là il va falloir trouver autre chose.
  • 14:54 - 14:58
    Si on a pas de feu, il faut
    une source d'isolation. »
  • 14:58 - 15:00
    Et à ce moment-là,
    on regarde autour de nous,
  • 15:00 - 15:02
    on est en plein milieu de la forêt,
  • 15:02 - 15:04
    il n'y a pas grand-chose au mois d'avril
  • 15:04 - 15:08
    mais on commence machinalement à gratter
    un rocher pour y trouver un peu de mousse.
  • 15:08 - 15:13
    Au bout de cinq minutes,
    Mouts m'appelle en hurlant :
  • 15:13 - 15:16
    « Nans, regarde ce que j'ai trouvé. »
  • 15:17 - 15:19
    Un briquet.
  • 15:19 - 15:20
    (Rires)
  • 15:20 - 15:23
    On venait de vivre un vrai miracle.
    C'était très, très mystérieux,
  • 15:23 - 15:27
    et c'était tellement mystérieux,
    qu'on a décidé de ne pas le jouer,
  • 15:27 - 15:29
    on s'est dit que personne
    n'allait nous croire.
  • 15:29 - 15:32
    Donc on a fait semblant d'allumer
    le feu avec deux bouts de bois.
  • 15:33 - 15:36
    Alors la magie, il y en a eu
    dans ces voyages.
  • 15:36 - 15:38
    Et aujourd'hui si je suis là avec vous,
  • 15:38 - 15:43
    c'est surtout pour témoigner
    d'une magie d'un autre genre.
  • 15:43 - 15:46
    C'était surtout la magie des rencontres.
  • 15:46 - 15:49
    Ces inconnus qui nous recevaient
    et qui ouvraient leur univers,
  • 15:49 - 15:51
    qui nous ouvraient leur porte,
  • 15:51 - 15:56
    et qui nous ont appris quelque part
    la véritable nudité, la nudité du cœur,
  • 15:56 - 16:01
    celle qui permet aux hommes
    dans leur diversité de vivre ensemble,
  • 16:01 - 16:03
    d'apprendre à se connaître,
    d'apprendre à se comprendre
  • 16:03 - 16:05
    et peut-être d'apprendre à s'aimer.
  • 16:05 - 16:10
    Alors j'aimerais leur rende hommage
    ce soir pour leur courage
  • 16:10 - 16:13
    et puis aussi pour nous avoir
    transmis toute cette beauté.
  • 16:21 - 16:26
    Nans : En fait il suffit de bien t'isoler
    avec 1,50 m de paille et tu dors nickel.
  • 16:26 - 16:32
    (Musique)
  • 16:35 - 16:38
    N : On vient de se faire arrêter
    par les gendarmes là,
  • 16:38 - 16:41
    eh bien en fait on était en règle.
  • 16:42 - 16:45
    Mouts : Ça y est,
    on rejoint la civilisation.
  • 16:45 - 16:48
    Femme : Mon dieu Maryline,
    ils sont partis tout nus.
  • 16:48 - 16:50
    M : Il fait bon tout de suite
    quand on s'habille.
  • 16:50 - 16:53
    En échange on a un mini-baluchon.
    F : C'est gentil merci.
  • 16:56 - 16:59
    F : On est parti les gars.
    M : En route moussaillon.
  • 16:59 - 17:01
    Et nous on a un petit cadeau
    quand même pour vous.
  • 17:01 - 17:03
    Bon c'est symbolique, c'est le soleil.
  • 17:03 - 17:06
    Homme : J'appelle ça des ancrages,
    je le garde précieusement.
  • 17:06 - 17:09
    M : Est-ce que ça vous dirait
    de venir avec nous ?
  • 17:09 - 17:12
    Alors nous en échange
    on a un petit cadeau pour toi.
  • 17:12 - 17:14
    Une cuillère pour Papé.
  • 17:14 - 17:17
    N : Oui, c'est la relation humaine
    qu'on a envie de rétablir.
  • 17:17 - 17:19
    De ne pas rester sur
    des relations artificielles
  • 17:19 - 17:21
    avec les gens que tu croises aussi.
  • 17:21 - 17:23
    De voir un peu ce qu'ils pensent et tout.
  • 17:28 - 17:31
    On est tombés dans un guet-apens.
    C'est la maison du bonheur.
  • 17:31 - 17:37
    (Musique)
  • 17:43 - 17:47
    [Du rien au rêve]
  • 17:49 - 17:51
    (Applaudissements)
Title:
Nus et culottés, se dépouiller soi-même pour découvrir le monde ! | Nans Thomassey | TEDxLyon
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.
À travers ses pérégrinations, Nans nous relate les belles leçons de vie qu'il a reçues d'étrangers au grand cœur. La sérendipité en action ou le pouvoir de la vulnérabilité.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks

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