Nus et culottés, se dépouiller soi-même pour découvrir le monde ! | Nans Thomassey | TEDxLyon
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0:09 - 0:14J'ai un ami qui me disait :
« Voyager c'est découvrir.» -
0:15 - 0:19Découvrir c'est enlever des couches.
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0:20 - 0:23Alors je vais vous raconter
comment j'en suis arrivé un jour -
0:23 - 0:29à partir sans vêtements, sans rien
et ce que ces voyages nous ont enseigné. -
0:30 - 0:32Ça commence en 2005,
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0:32 - 0:33à l'époque je suis élève-ingénieur
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0:33 - 0:36dans une école d'ingénieurs
à Toulouse qui s'appelle l'INSA. -
0:36 - 0:38Mes parents habitent Grenoble
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0:38 - 0:42et pour moi c'est un peu difficile
de faire les aller-retours financièrement, -
0:42 - 0:45alors, un jour je me jette
à l'eau et je fais du stop. -
0:46 - 0:49Ce petit coup de pouce va changer ma vie.
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0:49 - 0:521200 km aller-retour.
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0:52 - 0:56Je me rends compte que j'ai mis les pieds
dans un univers qui est bien plus vaste -
0:56 - 0:59qu'un simple moyen
de transport économique. -
1:00 - 1:04Je me mets à faire la rencontre du monde
dans l'habitacle des voitures. -
1:04 - 1:05Les aventures s’enchaînent
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1:05 - 1:09et moi je me sens chargé
d'un sentiment de liberté -
1:09 - 1:10où tout devient possible.
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1:10 - 1:14Je me souviens un jour, je me fais
prendre par un pilote d'avion acrobatique -
1:14 - 1:17qui me propose d'aller faire
mon baptême de l'air -
1:17 - 1:20sur les côtes du pays de Galles
lors d'un coucher de soleil. -
1:21 - 1:25Incroyable ! Et ce n'est que le début.
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1:25 - 1:27En 2008, j'ai mon diplôme
d'ingénieur en poche, -
1:29 - 1:31et à ce moment-là
c'est assez clair pour moi, -
1:31 - 1:33je me sens très attiré
par le dépouillement -
1:33 - 1:35alors j'ai envie
de continuer l'expérience. -
1:35 - 1:39Je vais aller en Amérique en stop
et chez l'habitant avec un ami. -
1:39 - 1:43Ca commence par 60 jours
sur la mer en voilier-stop, -
1:43 - 1:45et quand on arrive dans les Caraïbes,
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1:45 - 1:49eh bien nos économies sont
vraiment très maigres en fait, -
1:49 - 1:51et puis elles vont fondre
comme neige au soleil -
1:51 - 1:55en remontant l'Amérique centrale
de la Colombie jusqu'au Mexique. -
1:55 - 1:58Alors là on est contents de découvrir
les réseaux d'hospitalité -
1:58 - 2:01genre CouchSurfing,
l'hébergement chez l'habitant. -
2:02 - 2:07Arrivés aux portes des États-Unis,
on n'a plus d'argent. -
2:07 - 2:11Alors chance, hasard,
sérendipité, je ne sais pas. -
2:11 - 2:14Le fait est qu'on rencontre
une jeune californienne -
2:14 - 2:17qui nous invite à venir
travailler dans sa ferme. -
2:17 - 2:19Alors pas n'importe quelle ferme,
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2:19 - 2:22une ferme qui travaille
avec le cannabis médicinal. -
2:22 - 2:25(Rires)
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2:26 - 2:29Nous voilà largement rémunérés...
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2:29 - 2:31(Rires)
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2:31 - 2:34Nous, on venait de passer
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2:34 - 2:36trois mois en Amérique
centrale sans un sou, -
2:36 - 2:40donc on en profite,
on fait les kékés un peu, -
2:40 - 2:42mais très vite
la question se pose -
2:42 - 2:45de rester dans cet Eldorado
ou de continuer notre chemin. -
2:45 - 2:49Ça a été long. Pendant deux semaines
on a beaucoup douté, -
2:49 - 2:52et je crois qu’inconsciemment
on a fait le choix qu'on allait continuer -
2:52 - 2:56parce que l'abondance qu'on cherchait
on ne la trouverait pas là-bas. -
2:56 - 2:59Donc on a continué, et d'ailleurs
juste après cette expérience, -
2:59 - 3:04dans l'opulence, on a décidé
de passer un autre pas -
3:04 - 3:06dans notre démarche de dépouillement.
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3:06 - 3:09Cette fois-ci on allait
voyager sans argent. -
3:09 - 3:13De Montréal à Halifax, sans argent,
en plein hiver par moins 40 °C, -
3:13 - 3:17et en plus, on allait se donner
le challenge supplémentaire -
3:17 - 3:22de ne pas utiliser Internet
pour demander l’hébergement chez les gens. -
3:22 - 3:24Donc seulement en toquant à la porte.
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3:25 - 3:27L'expérience a été fantastique,
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3:27 - 3:30si bien qu'au retour
en France un an et demi plus tard, -
3:30 - 3:33on a commencé
avec mon ami à écrire un livre -
3:33 - 3:36qui sera publié plus tard
chez Lonely Planet, -
3:36 - 3:38sous le nom « La bible
du grand voyageur ». -
3:38 - 3:40Et puis à la fin de l'écriture,
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3:40 - 3:43j'avais passé neuf mois dans ma chambre,
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3:43 - 3:46j'avais un peu marre
donc j'appelle un ami, Mouts, -
3:46 - 3:48et puis je lui dis : « Écoute,
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3:48 - 3:51ça te dit qu'on se fasse un voyage,
mais cette fois-ci en France ? -
3:51 - 3:55L'idée c'est de retrouver les sensations
d'aventure qu'on avait à l'étranger -
3:55 - 3:58mais de les vivre chez nous
dans notre territoire. » -
3:58 - 4:01Alors Mouts s'emballe
et il me fait : « Oui. Avec plaisir! -
4:01 - 4:03Mais il faut se mettre un défi!"
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4:03 - 4:05Alors qu'est-ce qu'on va
bien pouvoir faire ? -
4:05 - 4:09Alors on propose, eh bien,
de voyager sans sac à dos. -
4:10 - 4:12« D'accord, ouai, ok. »
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4:12 - 4:14Et puis nous on était bien chauds.
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4:14 - 4:19L'autre répond : « D'accord,
mais voyager sans argent. » -
4:19 - 4:20« Ouais. Ok. »
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4:20 - 4:25Et puis comme ça, Mouts propose :
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4:25 - 4:28« Est-ce qu'on partirait pas
sans vêtements ? » -
4:28 - 4:29« Ouai, grave ! »
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4:29 - 4:34À ce moment-là, on est tous
les deux à fond dans le bluff. -
4:34 - 4:40Deux mois plus tard, on est au bord
de la Drôme, la rivière, à poil, -
4:40 - 4:41(Rires)
-
4:41 - 4:42on se regarde une dernière fois,
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4:42 - 4:45on se demande
mais qu'est-ce qu'on fait là ? -
4:45 - 4:47Et puis on se jette à l'eau.
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4:47 - 4:49Je ne vous cache pas que ça
a été difficile pour ma mère, -
4:49 - 4:51qui m' a dit : « Mais chaton,
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4:51 - 4:54mais pourquoi tu as besoin de te mettre
dans des situations comme ça ? -
4:54 - 4:57Qu'est-ce que j'ai loupé
dans ton éducation ? » -
4:57 - 5:00Alors, quand même,
on a pris un petit sac étanche -
5:00 - 5:05dans lequel on place un téléphone
portable de secours pour la rassurer. -
5:06 - 5:07Aussi, un permis de conduire.
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5:07 - 5:10Parce ce que le rêve pour nous
c'était de partir de la Drôme -
5:10 - 5:13pour arriver à Paris en décapotable rouge
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5:13 - 5:17pour sortir en boîte de nuit
habillés en costard-cravate. -
5:17 - 5:19Un petit rêve de la quarantaine anticipée.
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5:20 - 5:23Et puis un autre objet,
on a pris un couteau, -
5:23 - 5:28pour reprendre l'expression consacrée
« partir avec son couteau ». -
5:28 - 5:30(Rires)
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5:30 - 5:34(Applaudissements)
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5:35 - 5:38Et enfin, on a pris avec nous
un petit appareil photo -
5:38 - 5:40pour témoigner de ce qu'on allait vivre.
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5:40 - 5:42Alors je vous passe les détails
de cette expérience, -
5:42 - 5:45mais sachez que quand
on est arrivés, après cinq jours, -
5:45 - 5:49quand on est arrivés, dans l'excitation
de ce qu'on venait de vivre, -
5:49 - 5:50on a monté un petit film.
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5:50 - 5:53Un film amateur, on n'avait pas
du tout de connaissances. -
5:53 - 5:56Un film de trois minutes,
on l'a monté en une nuit blanche. -
5:56 - 6:00Le lendemain matin, on l'envoie
à une maison de production, -
6:00 - 6:01et bon, les semaines passent,
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6:01 - 6:06et on est convoqués à Paris
par la boite de production Bonne Pioche. -
6:06 - 6:07Ça tombe bien.
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6:07 - 6:12Trois mois plus tard, on va avec eux
habillés en buisson chez France 5. -
6:14 - 6:16L'aventure était lancée.
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6:16 - 6:22On allait produire des films documentaires
de 52 minutes sur ces aventures. -
6:23 - 6:28Alors, c'était
le double challenge. -
6:28 - 6:31Même si on était accompagnés
d'une coréalisatrice, Charlène Gravel, -
6:31 - 6:33on n'avait aucune connaissance
dans le milieu. -
6:33 - 6:36Donc c'était le challenge de partir
à poil pour réaliser des rêves, -
6:36 - 6:39mais aussi de partir à poil
pour réaliser des films. -
6:40 - 6:42Il n'y avait aucun scénario.
-
6:43 - 6:48On avait juste notre lieu de départ,
et puis notre destination c'était un rêve, -
6:48 - 6:49un rêve d'enfant.
-
6:49 - 6:54Ça pouvait être aller faire un bonhomme
de neige en haut d'une montagne. -
6:54 - 6:58Ou aller rencontrer un druide en Bretagne.
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6:58 - 7:01Boire le thé avec un Lord
en Grande-Bretagne. -
7:01 - 7:03On en a réalisé seize comme ça en tout.
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7:04 - 7:06Bien sûr, ces rêves c'est
à chaque fois des prétextes. -
7:06 - 7:10Des prétextes pour sortir
de notre zone de confort. -
7:11 - 7:17Finalement, Nus et culottés était né,
magnifique laboratoire de l'aventure, -
7:17 - 7:21nous transformant nous-mêmes
en chercheurs de l'inattendu. -
7:23 - 7:25Alors je vais vous présenter
quelques résultats des recherches, -
7:25 - 7:29parce que c'est quand même
le petit côté ingénieur qui ressort. -
7:29 - 7:33Après 12 000 km en stop,
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7:33 - 7:39200 véhicules en auto-stop,
voilier-stop, cargo-stop, avion-stop -
7:39 - 7:41et même hélicoptère-stop...
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7:41 - 7:43Ce qu'il y a de magique avec le stop
-
7:43 - 7:46c'est que c'est le moyen de transport
de la sérendipité par excellence. -
7:46 - 7:48On ne sait jamais sur qui on va tomber.
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7:48 - 7:51C'est le hasard, enfin le hasard,
les dés sont un peu pipés, -
7:51 - 7:53c'est pas tout à fait le hasard.
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7:53 - 7:55J'ai remarqué qu'en tant qu'homme
-
7:55 - 7:58j'ai deux chances sur trois
de me faire prendre par un homme -
7:58 - 8:00ayant fait souvent
du stop dans sa vie. -
8:00 - 8:03Si c'est une femme seule
qui me prend, -
8:03 - 8:05il y a deux chances sur trois
pour qu'elle travaille, -
8:05 - 8:08soit dans l'éducation
soit dans les soins. -
8:08 - 8:11Des métiers où on a l'habitude
d'être en relation avec l'autre -
8:11 - 8:12et donc où il y a moins de peur.
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8:12 - 8:16Des fois je m'amusais à demander
à une femme qui me prenait seule en stop : -
8:16 - 8:19« Vous êtes institutrice ? »
« Mais comment vous savez ça ? » -
8:19 - 8:20(Rires)
-
8:20 - 8:23Alors si c'est moi qui vais
directement voir les gens, -
8:23 - 8:24c'est une démarche active,
-
8:24 - 8:26là, c'est encore différent.
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8:26 - 8:29On va avoir le temps de parler,
de se sentir, de s'expliquer. -
8:29 - 8:32Si par exemple je vais
dans une station service, -
8:32 - 8:34et là souvent on a des gens
qui n'ont jamais pris en stop -
8:34 - 8:36qui vont oser le faire
pour la première fois. -
8:36 - 8:40Donc là on étend encore
nos possibilités de rencontres. -
8:40 - 8:43C'est là que pour nous
ça devient vraiment intéressant, -
8:43 - 8:47à condition de ne pas choisir soi-même.
-
8:47 - 8:48Parce qu’inconsciemment bien sûr,
-
8:48 - 8:51on va vers ce qui nous rassure,
vers ce qu'on connaît. -
8:51 - 8:55Je me souviens un soir avec Mouts on
cherchait l'hébergement chez l'habitant, -
8:55 - 8:58et ce soir-là j'avais plein d'énergie
alors je demandais aux gens. -
8:58 - 9:01Et puis au bout de 5 minutes,
Mouts me regarde et me dit : -
9:01 - 9:05« Mais Nans, pourquoi tu ne
demandes qu'à des femmes là ? » -
9:05 - 9:06(Rires)
-
9:07 - 9:12Ce qui est intéressant justement
avec le fait de partir tout nu, -
9:12 - 9:15c'est qu'on n'a pas vraiment
le luxe de choisir. -
9:15 - 9:18Quand on sort des bois,
on est très vulnérable, -
9:18 - 9:20on a faim, on a soif,
on a mal aux pieds, -
9:20 - 9:24on est fatigué et c'est le voyage
qui va décider pour nous. -
9:25 - 9:26Là, c'est très intéressant,
-
9:26 - 9:30parce que c'est encore un potentiel de
rencontres et de diversité extraordinaire. -
9:30 - 9:33On n'irait peut-être pas
rencontrer les gens -
9:33 - 9:35qu'on va rencontrer en sortant des bois.
-
9:35 - 9:37Et en quoi c'est intéressant ?
-
9:37 - 9:40Tout simplement,
comme on est invité chez les gens -
9:40 - 9:44on va être dans une position d'écoute,
d'ouverture, de compréhension -
9:44 - 9:47et il va se passer
cette alchimie extraordinaire -
9:47 - 9:52qui va nous permettre
de rencontrer d'autres univers. -
9:52 - 9:55Pour moi c'est important ce moment-là.
-
9:55 - 9:56C'est vrai que ça réveille des peurs.
-
9:56 - 9:59Ces différences culturelles
ce n'est pas évident. -
9:59 - 10:01Des fois il nous est arrivé
de dormir chez des assassins. -
10:01 - 10:05Ça fait tout drôle, et pourtant,
dans la position de l'invité -
10:05 - 10:07on va quand même chercher à se comprendre.
-
10:07 - 10:09Ça réveille des peurs chez nous
et aussi chez les autres, -
10:10 - 10:13de voir arriver comme ça
deux hommes sauvages qui débarquent, -
10:13 - 10:16et là va se mettre en place un jeu
-
10:16 - 10:18qui va être de cheminer
entre les couches de peur -
10:18 - 10:23pour aller contacter chez l'autre le fond
de bienveillance et de confiance -
10:23 - 10:25nécessaire pour continuer la rencontre.
-
10:25 - 10:29À chaque fois que ça s'est passé
pour nous ça a été une victoire. -
10:29 - 10:34En tout, en quatre ans, on a été
hébergés 220 fois chez l'habitant -
10:34 - 10:36et passé seulement
cinq nuits dehors. -
10:36 - 10:37Pourquoi cinq nuits dehors ?
-
10:37 - 10:40Eh bien quand on se met
à parler avec les gens, -
10:40 - 10:43on se rend compte qu'ils ne sont pas
forcément disponibles, -
10:43 - 10:47ils n'ont pas forcément l'envie de passer
une soirée avec deux inconnus, -
10:47 - 10:50mais pour nous, si on arrive
à se comprendre et à parler, -
10:50 - 10:52c'est souvent
des expériences très riches. -
10:52 - 10:55Ça dépasse le simple fait
d'aller dormir chez l'habitant. -
10:56 - 10:59Alors on a été très touché
pendant ces voyages -
10:59 - 11:02par la disponibilité dont
faisaient preuve les gens. -
11:02 - 11:04Des fois ils étaient
en plein repas de mariage -
11:04 - 11:07et on a été invités à venir à table.
-
11:08 - 11:11Ils avaient une confiance
aussi hors du commun. -
11:11 - 11:15Je me demandais si moi je serais capable
d'offrir cette confiance à des inconnus. -
11:15 - 11:19Une femme un jour rencontrée dans la rue
nous a tendu ses clefs et nous a dit : -
11:19 - 11:22« Tenez, voici mes clefs.
-
11:22 - 11:25Allez vous installer chez moi
je vous rejoins ce soir. » -
11:25 - 11:27C'était à Paris.
-
11:27 - 11:29(Rires)
-
11:29 - 11:31Alors on a beaucoup reçu dans ces voyages,
-
11:31 - 11:34tellement reçu
qu'un jour on s'est demandé : -
11:34 - 11:37« Mais qu'est-ce qu'on donne, nous ? »
-
11:39 - 11:43Alors on a installé un petit rituel
à la fin de chaque rencontre -
11:43 - 11:46où on confectionnait un cadeau.
-
11:46 - 11:49Bien sûr avec les moyens du bord
parce qu'on avait pas d'argent. -
11:49 - 11:51Ça pouvait être un origami, une chanson,
-
11:51 - 11:56rendre un service, faire la vaisselle,
le ménage, tailler une haie. -
11:57 - 11:59Et au bout d'un moment,
-
11:59 - 12:04on s'est rendu compte que ces cadeaux
ils avaient une autre fonction, -
12:04 - 12:07ils étaient là aussi
pour honorer la rencontre -
12:07 - 12:10et pour inviter de la gratitude
dans ce qui se passait avec ces gens, -
12:10 - 12:13parce que c'est vrai qu'avec le temps,
-
12:13 - 12:16on peut tomber dans une forme
de routine, d'habitude -
12:16 - 12:19et ça, ça tue l’émerveillement.
-
12:19 - 12:23Il y a eu des bons moments, bien sûr,
et puis il y a eu des moments terribles. -
12:23 - 12:26Je me souviens un jour
on a dormi dans une poubelle, -
12:26 - 12:29ou alors dans un grenier
avec des pigeons morts, -
12:29 - 12:32on essayait de trouver une place
entre les cadavres de pigeons. -
12:32 - 12:35Des moments de grand doute
où on perd toute confiance. -
12:36 - 12:41Et puis quand on arrive
à la fin du voyage, -
12:41 - 12:44on se rend compte que chacune
de ces expériences -
12:44 - 12:46était nécessaire pour réaliser notre rêve.
-
12:46 - 12:48Les hauts et les bas.
-
12:49 - 12:52La difficulté c'est d'en avoir conscience
au moment où on les vit. -
12:52 - 12:56Alors nous on avait une petite technique,
c'est Mouts qui avait installé ça, -
12:56 - 12:58à chaque qu'on vivait un moment difficile,
-
12:58 - 13:01on se posait la question :
« Qu'est-ce qu'on apprend là ? » -
13:01 - 13:03Il y a toujours
des choses à apprendre! -
13:03 - 13:06Notre façon de formuler une demande,
notre façon de se présenter. -
13:06 - 13:08Le lâcher prise, le détachement.
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13:08 - 13:11En fait, on s'est très vite rendu compte
qu'on était des savants fous. -
13:11 - 13:15On était passionnés d'apprendre,
de découvrir, de pousser les limites. -
13:15 - 13:19On s'est même mis des contraintes en plus.
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13:19 - 13:23Un jour on a fait tout un voyage
en choisissant d'être pieds nus, -
13:23 - 13:25de refuser toute chaussure.
-
13:25 - 13:28Un autre jour, un voyage
en étant végétariens. -
13:28 - 13:31Alors, je ne vous explique pas
pour trouver à manger... -
13:31 - 13:34Un autre jour, sans formuler de demande.
-
13:34 - 13:38Et puis, un jour, même,
tout une après-midi de stop sans parler. -
13:39 - 13:43On était fous et on était
passionnés par la découverte. -
13:43 - 13:48Ça c'était notre laboratoire,
et ce laboratoire, il a des limites. -
13:48 - 13:52On est deux, donc c'est rassurant,
on est jamais vraiment dans l'inconnu. -
13:53 - 13:56On a des caméras, alors ce n'est pas
que ça nous aide dans les rencontres, -
13:56 - 13:59au contraire des fois
c'est plutôt un poids, -
13:59 - 14:01mais pour nous c'est
une sacrée source de motivation, -
14:01 - 14:03une sacrée source aussi de reconnaissance,
-
14:03 - 14:06donc là encore, ce n'est jamais
vraiment totalement l'inconnu, -
14:06 - 14:11mais malgré tout, on a choisi ces limites
-
14:11 - 14:14parce que ça nous permettait
de partager ces pépites. -
14:14 - 14:18Et en parlant de pépite,
j'aimerais terminer avec une histoire. -
14:19 - 14:22Ça s'est passé le premier jour avec Mouts,
-
14:22 - 14:24où on est partis
tout nus avec les caméras. -
14:25 - 14:26On avait très peur
-
14:26 - 14:29parce que cette nuit-là,
ils annonçaient 0 °C pour la nuit. -
14:29 - 14:34Donc si on voulait passer la nuit dehors
le feu n'était pas du tout une option. -
14:35 - 14:39On avait appris une petite technique
de friction avec deux bouts de bois, -
14:39 - 14:41et puis on s’entraîne, on s'entraîne,
-
14:41 - 14:44toute la journée on frotte
notre bout de bois, -
14:44 - 14:48et puis à un moment le soleil
tombe, la température aussi -
14:48 - 14:49et toujours pas de feu.
-
14:49 - 14:54On se dit : « Catastrophe !
Là il va falloir trouver autre chose. -
14:54 - 14:58Si on a pas de feu, il faut
une source d'isolation. » -
14:58 - 15:00Et à ce moment-là,
on regarde autour de nous, -
15:00 - 15:02on est en plein milieu de la forêt,
-
15:02 - 15:04il n'y a pas grand-chose au mois d'avril
-
15:04 - 15:08mais on commence machinalement à gratter
un rocher pour y trouver un peu de mousse. -
15:08 - 15:13Au bout de cinq minutes,
Mouts m'appelle en hurlant : -
15:13 - 15:16« Nans, regarde ce que j'ai trouvé. »
-
15:17 - 15:19Un briquet.
-
15:19 - 15:20(Rires)
-
15:20 - 15:23On venait de vivre un vrai miracle.
C'était très, très mystérieux, -
15:23 - 15:27et c'était tellement mystérieux,
qu'on a décidé de ne pas le jouer, -
15:27 - 15:29on s'est dit que personne
n'allait nous croire. -
15:29 - 15:32Donc on a fait semblant d'allumer
le feu avec deux bouts de bois. -
15:33 - 15:36Alors la magie, il y en a eu
dans ces voyages. -
15:36 - 15:38Et aujourd'hui si je suis là avec vous,
-
15:38 - 15:43c'est surtout pour témoigner
d'une magie d'un autre genre. -
15:43 - 15:46C'était surtout la magie des rencontres.
-
15:46 - 15:49Ces inconnus qui nous recevaient
et qui ouvraient leur univers, -
15:49 - 15:51qui nous ouvraient leur porte,
-
15:51 - 15:56et qui nous ont appris quelque part
la véritable nudité, la nudité du cœur, -
15:56 - 16:01celle qui permet aux hommes
dans leur diversité de vivre ensemble, -
16:01 - 16:03d'apprendre à se connaître,
d'apprendre à se comprendre -
16:03 - 16:05et peut-être d'apprendre à s'aimer.
-
16:05 - 16:10Alors j'aimerais leur rende hommage
ce soir pour leur courage -
16:10 - 16:13et puis aussi pour nous avoir
transmis toute cette beauté. -
16:21 - 16:26Nans : En fait il suffit de bien t'isoler
avec 1,50 m de paille et tu dors nickel. -
16:26 - 16:32(Musique)
-
16:35 - 16:38N : On vient de se faire arrêter
par les gendarmes là, -
16:38 - 16:41eh bien en fait on était en règle.
-
16:42 - 16:45Mouts : Ça y est,
on rejoint la civilisation. -
16:45 - 16:48Femme : Mon dieu Maryline,
ils sont partis tout nus. -
16:48 - 16:50M : Il fait bon tout de suite
quand on s'habille. -
16:50 - 16:53En échange on a un mini-baluchon.
F : C'est gentil merci. -
16:56 - 16:59F : On est parti les gars.
M : En route moussaillon. -
16:59 - 17:01Et nous on a un petit cadeau
quand même pour vous. -
17:01 - 17:03Bon c'est symbolique, c'est le soleil.
-
17:03 - 17:06Homme : J'appelle ça des ancrages,
je le garde précieusement. -
17:06 - 17:09M : Est-ce que ça vous dirait
de venir avec nous ? -
17:09 - 17:12Alors nous en échange
on a un petit cadeau pour toi. -
17:12 - 17:14Une cuillère pour Papé.
-
17:14 - 17:17N : Oui, c'est la relation humaine
qu'on a envie de rétablir. -
17:17 - 17:19De ne pas rester sur
des relations artificielles -
17:19 - 17:21avec les gens que tu croises aussi.
-
17:21 - 17:23De voir un peu ce qu'ils pensent et tout.
-
17:28 - 17:31On est tombés dans un guet-apens.
C'est la maison du bonheur. -
17:31 - 17:37(Musique)
-
17:43 - 17:47[Du rien au rêve]
-
17:49 - 17:51(Applaudissements)
- Title:
- Nus et culottés, se dépouiller soi-même pour découvrir le monde ! | Nans Thomassey | TEDxLyon
- Description:
-
Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.
À travers ses pérégrinations, Nans nous relate les belles leçons de vie qu'il a reçues d'étrangers au grand cœur. La sérendipité en action ou le pouvoir de la vulnérabilité. - Video Language:
- French
- Team:
closed TED
- Project:
- TEDxTalks