Ce qu'être lesbienne et présidente d'une sororité m'a appris sur la solidarité féminine | Jacki Bradshaw | TEDxOU

Jacki étudie à l'Université d'Oklahoma. Elle nous relate l'histoire de son coming out dans une communauté universitaire de sororité marquée par les stéréotypes normatifs de l'hétérosexualité.

Originaire de Jenks, en Oklahoma, Jacki étudie l'ingénierie en mécanique. Elle adore faire rire ses amis et est très extravertie. C'est une grande fan de Game of Thrones.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Je prends un moment
pour réaliser ce qu'il se passe.

Bonjour tout le monde.

En mai 2014, il y a eu un documentaire
assez court sur la vie de Shannon.

Shannon est depuis devenue
un phénomène sur les réseaux sociaux

et sur YouTube.

Sa vie et son histoire ont influencé
les gens partout dans le monde.

Dans ce documentaire,
Shannon fait le récit des deux vies

qu'elle pensait devoir vivre
à l'université :

être à la fois un membre actif
et fier de sa sororité

et être homosexuelle.

Certes, l'histoire de Shannon
est une source d'inspiration incroyable,

mais elle n'est pas unique.

De nombreuses personnes sur les campus

ressentent la nécessité
d'avoir une double vie

pour conserver leur statut social
au sein de leurs associations.

J'étais une de ces personnes.

Salut, je m'appelle Jacki.

Je suis un membre fier d'une sororité,

l'ancienne présidente de ma sororité

et je suis homosexuelle.

Je suis en paix avec ma sexualité

depuis la fin de ma deuxième
année à l'université.

C'est à ce point de ma vie aussi
que j'étais reconnue à l'université,

j'étais une leader de ma sororité

et j'allais sans doute devenir
la prochaine présidente.

C'est aussi à cette époque,
à cause de la peur de l'inconnu

et du sentiment de solitude absolue,

que j'avais décidé de cacher
ma sexualité à mon entourage.

Car il y a beaucoup de stéréotypes
qui vivent au sein des sororités.

Typiquement, vous êtes une personne
blanche, blonde, privilégiée,

riche, hétérosexuelle

et vous allez boire, fumer des joints
et avoir des relations sexuelles.

On combat activement
les nombreux aspects de ce stéréotype

au niveau international,
national et régional.

Mais la conversation sur l'hétérosexualité
n'en fait pas encore partie.

C'est pour cette raison précise

que je souhaite vous en parler.

J'ai d'ailleurs reçu une validation
d'une de mes meilleures amies.

Elle m'a envoyé un SMS

car elle a parlé de mon discours
à une personne de son université

et cette personne, en fait,
traverse exactement ce que j'ai traversé.

Voici mon histoire sur ce que ça fait
de ne pas rentrer dans la case « hétéro ».

Si vous faites une recherche
en ligne sur : « gay et fraternité »,

les premiers résultats, si on en a,

présentent des articles locaux
sur des fraternités

qui acceptent ou refusent
les membres homosexuels

mais il n'y a rien pour les homosexuelles.

Et, sans surprise, quand on recherche :
« lesbiennes et sororité »

typiquement, on tombe sur du porno,

(Rires)

et sur un article anonyme

sur l'effet d'être l'homosexuelle
qui se cache dans une sororité.

Il n'y a pas grand-chose d'autre.

Je ne rentre pas dans cette case-là.

Je ne suis pas hétéro.

Et je suis là pour vous dire
ce qu'il se passe.

Des choses sympas sont survenues en fait.

Quand j'ai enfin trouvé
le courage de parler,

je me souviens de deux de mes sœurs
dans ma sororité en particulier.

Une est catholique et républicaine
jusqu'au bout des ongles,

il n'y en a pas deux comme elle.

J'ai pensé :

« Si elle peut m'aimer,
tout le monde pourra m'aimer. »

C'est surprenant, hélas,

mais elle m'a acceptée telle que je suis
sans y penser à deux fois

et elle devenue mon plus grand soutien.

Quand j'ai parlé à l'autre amie,
mon autre sœur de sororité,

j'étais inquiète au sujet d'un rencard
auquel je me rendais

et elle sentait
que quelque chose n'allait pas.

Elle m'a fait parler
et plus tard dans la soirée,

elle m'a envoyé un SMS qui me fait
encore pleurer d'émotion aujourd'hui,

et une phrase en particulier :

« Jackie, je ne t'ai jamais aimée
parce que tu étais hétéro,

je t'aime parce que tu es toi. »

Au fur et à mesure que je dévoilais
mon orientation sexuelle,

on me présentait d'autres femmes
qui étaient comme moi.

J'ai commencé à ne plus me sentir seule

et je suis devenue le mentor
de certaines de ces femmes

car elles commençaient seulement
à explorer leur sexualité,

traversant la solitude, le sentiment
d'être véritablement sans personne,

sauf que j'avais pu les rencontrer
au début de leur cheminement.

Les choses évoluent

et des programmes d'alliés
au sein des sororités

sont établis dans les campus

pour former les personnes à devenir
un ambassadeur, un allié,

une personne qui soutient l'autre.

J'ai constaté que les politiques
des soirées ont changé.

Il n'y a plus de mention
restrictive sur les genres,

on emmène qui on souhaite.

J'ai vu des femmes saisir l'occasion
et emmener leur partenaire féminine

ou la personne qu'elles fréquentaient
à ce moment-là.

Il y a une chose précise
que je veux vous dire.

Cela peut sembler déconcertant,

mais toutes les personnes
à qui j'ai parlé,

quelle que soit la communauté,

mais surtout dans les sororités
et les fraternités,

m'ont acceptée immédiatement,

sans condition ni question,

car elles m'aiment pour qui je suis,

pas parce que je suis hétéro.

C'est pour cela
que j'ai pu trouver le courage

de faire mon coming-out en plénière
devant ma sororité.

Elles m'ont applaudie copieusement

et j'ai fini sur une blague gauche :
« No stress, je ne vous draguerai pas ! »

(Rires)

Maintenant que je suis de l'autre côté,

je suis devenue un meilleur leader,

une meilleure sœur,
une personne meilleure,

car quand on vit une double vie,

on n'a pas deux sois
dans deux mondes différents.

On un est demi-soi
tentant de soutenir deux identités.

C'est émotionnellement
et physiquement épuisant.

À moins d'être entièrement soi,

ce n'est pas possible de devenir
la personne à laquelle on aspire.

Comme je l'ai dit aux femmes
dont je suis la mentor,

j'aurais aimé être honnête dès le début.

J'aurais aimé en parler à ma sororité

au moment où j'ai pu accepter
cette partie-là de moi.

J'aurais aimé leur donner l'occasion

de montrer que mes craintes
étaient injustifiées

et de démontrer que l'idée que j'allais
devenir un paria était erronée,

comme elles l'ont fait.

Nous sommes dans une autre époque

et nous pouvons changer avec elle.

Merci.

(Applaudissements)