Télétravail : keep calm et lâchez prise

Pecha kucha - 6:30 - enregistré par Elie Sloïm, Président de la société Temesis à l'occasion du Grand ramdam des tiers lieux (Pau juillet 2013). Parlons télétravail, confiance et toutes ces sortes de choses.

Je suis Élie Sloïm,

aujourd'hui, je vais vous parler de télétravail,

je vais vous dire de rester calme, et de lâcher prise.

Alors, moi, quand j'ai,

il y a quelques années, j'ai commencé

j'ai travaillé dans un laboratoire.

Alors, je travaillais de manière…

un peu particulière puisque je travaillais tout seul,

j'étais tout seul à travailler

et en fait, je discutais avec mes burettes,

j'avais des burettes,

puis je discutais avec mes burettes toute la journée.

Et puis, j'avais une particularité,

c'est que je travaillais du côté de Pommerolles,

qui sonne peut-être pour certains d'entre vous,

et la particularité, c'est que je travaillais dans un laboratoire d'œnologie,

et je travaillais pour quatre personnes en même temps.

Ces quatres personnes étaient mes patrons

et j'étais le seul salarié.

Alors, c'était un truc un petit peu bizarre,

c'est un moment où j'ai commencé à apprendre que

en fait un salarié, ça doit savoir manager ses patrons.

Donc pendant cinq ans, j'ai travaillé dans ce laboratoire d'œnologie,

je me suis amusé à manager mes patrons,

c'était un truc un peu bizarre mais

ça m'a servi pour la suite quand j'étais plus salarié,

et que je suis devenu patron.

Alors tous les matins, j'habitais à Bordeaux et,

je me mettais à rouler,

et puis je faisais trente-cinq kilomètres,

et j'allais parler à mes burettes,

tous les soirs, et puis je revenais.

C'était chouette, c'était chouette pendant cinq ans,

et puis, j'avais un peu le sentiment d'être au fond d'une grotte,

un peu isolé,

un peu seul,

et je savais pas trop comment procéder,

et puis un moment j'ai eu envie de partir.

Alors, évidemment,

je me suis lancé,

ça correspondait à la sortie de…

pour moi la découverte d'Internet, évidemment,

qui existait déjà depuis un bon moment,

mais pour moi évidemment, ça a été une grande découverte,

évidemment, on peut rêver d'open-space,

on peut rêver de travailler tous ensemble avec pleins de gens,

dans un grand espace,

tous les matins rencontrer des collègues,

voir leur dire « bonjour » au café,

pouvoir discuter au moment de la machine à café !

Et puis surtout surtout surtout, ce qui est intéressant,

c'est de pouvoir savoir, être au courant de ce qui se passe,

pouvoir avoir un oeil aussi sur ce que font les salariés.

Moi j'ai voulu créer mon entreprise,

je me suis dit « bin quand même,

ça serait bien de pouvoir savoir ce que font les salariés ».

Et puis, j'ai fait des rencontres,

j'ai rencontré des gens très chouettes,

des gens qui travaillaient sur le Web ouvert,

notamment les gens d'OpenWeb,

les gens de Mozilla,

souvent des gens proches du logiciel libre mais pas seulement,

aussi des gens très compétents,

donc qui venaient de l'éducation nationale.

Et puis j'ai eu une espèce de coup de foudre,

et tous ces gens-là, ils avaient pour particularité

de déjà travailler, de déjà de donner,

c'était souvent des activistes,

des gens qui avaient pris position sur un certain nombre de choses,

et pris position sur un certain nombre de valeurs,

des choses qui sont très précieuses,

qui sont pas forcément faciles à trouver facilement,

et ces gens-là en fait, ils ont une énorme valeur,

ils ont souvent des compétences professionnelles très fortes,

mais ils ont besoin qu'on les mette dans un environnement naturel, idéal.

On peut pas leur dire « viens t'installer ici dans l'open space »,

on peut pas leur dire « viens faire ce que je veux »,

il faut les élever au naturel !

Et c'est le moment où il faut lâcher prise,

c'est le moment où on perd le contrôle,

c'est le moment où on peut plus tout savoir.

On peut plus tout maîtriser.

Alors il faut apprendre à lâcher un peu.

Alors évidemment, le mot clé c'est la confiance,

c'est super important la confiance dans ce domaine,

parce qu'il faut savoir laisser aller les choses,

et dans le télétravail, tout porte sur la confiance évidemment !

La bête que vous voyez ici, c'est mon dictateur bienveillant !

C'est comme ça qu'il faut se comporter quand on veut travailler avec des gens en télétravail,

c'est quelqu'un qui sait prendre des décisions,

et puis qui est quand même toujours bienveillant,

qui essaie toujours de vouloir le bien,

à la fois de ses équipes et aussi pour sa société,

donc c'est quelque chose qui était vrai pas seulement en télétravail, dans tous les cas,

mais c'est ça qu'il faut réussir à faire.

Et puis, dans une entreprise, tout le monde n'est pas nativement à sa place :

il y a des postes prédéterminés mais tout le monde n'est pas nativement à sa place,

souvent il faut trouver la place de chacun !

Il faut arriver à lui trouver son endroit où il va bien,

et trouver l'endroit où il va s'épanouir.

Et ça se cultive,

ça se travaille,

on met des années des fois à trouver la bonne place et la bonne efficacité pour une personne.

Et puis je vous parlais tout à l'heure de lâcher prise,

mais c'est pas un vrai lâcher-prise en fait,

on reprend le contrôle en réalité.

C'est une autre forme de contrôle.

On se retrouve beaucoup à faire du coaching,

à expliquer,

à essayer de trouver comment faire en sorte que les gens aillent bien,

dans une entreprise comme ça, qui travaille en télétravail.

Il faut passer beaucoup de temps à s'occuper des gens,

et les laisser aussi s'occuper de vous, comme je vous disais au début.

Quelques fois, il y a des affrontements,

c'est pas forcément très simple,

c'est pas toujours simple,

régulièrement,

des gens en télétravail dans une entreprise comme la mienne,

où il y a onze personnes en télétravail,

partent, enfin, partent un peu en vrille,

ils ont des problèmes,

et puis, bin il faut accepter ça !

Il faut accepter aussi l'auto-contrôle,

il faut accepter que chacun est capable de prendre ses responsabilités,

et que ni plus ni moins, exactement en télétravail comme dans d'autres secteurs,

et notamment quand on travaille en open-space,

les gens ont leurs propres responsabilités,

il faut accepter l'imperfection,

il faut accepter - je reviens à un thème qui m'est cher - c'est que

dans le télétravail comme dans d'autres sujets en fait,

l'imperfection, c'est quelque chose qui nous nourrit,

alors ça pose des problèmes,

ça nous oblige à trouver des solutions,

tout le temps, tout le temps, tout le temps !

Donc dans le télétravail,

il faut tout le temps trouver des solutions,

et c'est ça qui est rigolo :

il faut en faire un atout,

il faut accepter de lâcher prise,

accepter de lâcher prise pour reprendre le contrôle, mais d'une autre manière.

Voilà ! Je vous souhaite une bonne journée,

j'espère que vous vous éclatez bien à fond,

à bientôt au revoir !