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Les merveilles de l'amitié | Brian Mathé | TEDxAgroParisTech

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    Bonsoir, je m'appelle Brian Mathé,
    j'ai 29 ans.
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    Quand j'avais 6 ans, avec un copain
    qui habitait à côté de chez moi,
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    on est allés chercher
    le nouveau voisin juste arrivé
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    et on lui a demandé s'il voulait bien
    venir avec nous jouer dehors au ballon.
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    Je crois qu'il était content
    qu'on vienne le chercher,
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    à peine arrivé dans le quartier.
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    Il s'appelait Morgan.
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    Et nous aussi, on était très contents
    de pouvoir élargir la bande.
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    C'est comme ça que
    tous les gamins de notre âge,
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    on a constitué une bande de copains
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    avec pour occupation principale
    de se retrouver ensemble
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    pour jouer dehors, tout simplement.
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    Au fur et à mesure des années,
    il y a des copains qui rejoignent la bande
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    d'autres qui ont dû partir.
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    On a constitué comme ça une bande élargie.
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    Vingt ans plus tard presque,
    c'était il y a environ sept ans,
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    on était maintenant des étudiants,
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    on habitait dans des villes éloignées
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    mais on prenait un certain plaisir
    à se retrouver à continuer à jouer dehors.
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    Ça ne voulait plus tout à fait
    dire la même chose.
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    Ça voulait dire des petits voyages,
    ça partait toujours comme ça.
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    « Pourquoi est-ce qu'on n'irait pas
    faire un voyage en kayak en Sardaigne ? »
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    On n'y connaissait rien du tout au kayak,
    ni à la Sardaigne d'ailleurs.
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    Un jour, Morgan est arrivé
    avec cette idée :
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    « Les gars, j'ai un projet :
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    je veux faire le tour du monde à vélo.
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    Trois ans, 54 000 km autour du monde.
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    Tous les continents,
    je pars dans deux ans,
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    le temps de gagner un peu d'argent
    pour pouvoir le faire.
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    Si vous voulez qu'on construise
    ce projet ensemble, on le fait. »
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    Je ne vous cache pas qu'au début,
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    j'avais tendance à me retrouver
    dans la situation inverse du départ :
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    celui qu'on venait chercher
    pour aller jouer dehors.
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    Même si ça ne voulait
    plus du tout dire la même chose.
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    Je ne savais pas faire,
    le voyage au long cours.
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    C'est un truc qui me paraissait
    trop gros, trop impressionnant.
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    Ça me faisait peur en fait.
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    Ça me demandait de sortir
    un peu de moi-même,
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    de penser au-delà de mes propres limites,
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    d'élargir mon périmètre de pensée.
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    Ça me demandait de penser
    avec l'autre, en fait avec les autres,
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    car on était maintenant trois ou quatre
    à s'être engagés dans ce projet-là,
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    avec certains
    qui en faisaient partie avec nous.
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    Voilà ce que je voudrais partager
    avec vous ce soir :
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    la propension que certaines amitiés
    ont à s’immiscer dans nos vies
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    et finalement à nous lancer des défis
    qu'on ne se serait jamais lancés seul
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    et sortir d'une routine
    qui serait presque trop facile à vivre.
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    Nous voici deux ans plus tard,
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    un vélo chacun, des sacoches partout,
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    un duvet chacun
    et une tente pour trois ou quatre,
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    Surtout, la ferme volonté de continuer
    à jouer dehors, évidemment.
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    Maintenant, ça veut dire
    parcourir le monde à la force des jambes.
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    Sauf qu'on n'est pas cyclistes au départ.
  • 2:49 - 2:53
    Pour nous, le vélo, c'est un outil
    pour pouvoir découvrir le monde.
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    On avait anticipé
    que peut-être pendant trois ans,
  • 2:55 - 2:58
    trois ans, humainement, c'est loin,
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    54 000 km aussi...
  • 3:01 - 3:04
    Cet état d'esprit
    qui nous réunissait au départ,
  • 3:04 - 3:07
    de se lancer des petits défis,
    il fallait qu'il persiste
  • 3:07 - 3:09
    dans ce grand
    projet qui allait durer 3 ans.
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    L'idée était de se lancer des défis
    pendant trois ans.
  • 3:12 - 3:15
    Entrons directement dans le vif du sujet.
  • 3:15 - 3:17
    Par exemple, traverser l'Amazonie :
  • 3:17 - 3:21
    2 500 km sur une piste
    dont on ne connaissait rien du tout.
  • 3:21 - 3:24
    Très peu d'informations sur cet endroit.
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    On a commencé à scruter
    les vues satellites,
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    s'apercevoir qu'entre deux villages,
    il y avait peut-être 400 km maximum,
  • 3:34 - 3:37
    regarder où étaient les cours d'eau
    pour nous ravitailler.
  • 3:37 - 3:41
    On s'est aperçu que c'était envisageable
    donc on y est allé.
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    On a parcouru la piste transamazonienne
    dans le nord Bolivie et ensuite au Brésil.
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    C'était vraiment l'étape la plus difficile
    de notre voyage, physiquement parlant.
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    Parce qu'il faisait
    extrêmement chaud, 40-45°C,
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    il faisait presque 100% d'humidité
    à certains moments.
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    On buvait 10 l. d'eau par jour chacun,
  • 3:59 - 4:02
    on avait bien fait
    de regarder ces cours d'eau.
  • 4:02 - 4:06
    Le soir, dans mon hamac,
    j'avais un peu peur du onza.
  • 4:06 - 4:09
    Le Onza en portugais brésilien,
    c'est le jaguar.
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    Les habitants nous effrayaient
    avec ces histoires de jaguar,
  • 4:13 - 4:16
    « Vous n'avez pas d'armes
    pour vous défendre, etc. »
  • 4:16 - 4:18
    En réalité, il n'y avait pas
    tant de risques que ça.
  • 4:18 - 4:20
    Ce que je veux vous dire
    à travers ce défi-là,
  • 4:20 - 4:24
    c'est que le quotidien qu'on avait choisi
    n'était pas du tout confortable.
  • 4:24 - 4:28
    Mais c'était quelque chose
    qui nous soudait au jour le jour,
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    parce qu'ensemble, on le décidait,
    chaque jour, jour après jour.
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    Trois ans à se lancer
    des défis de ce genre-là,
  • 4:36 - 4:38
    mais aussi trois ans à vivre ensemble.
  • 4:39 - 4:40
    Même si on est des amis.
  • 4:43 - 4:45
    Il a fallu qu'on apprenne à se parler.
  • 4:45 - 4:49
    Vous imaginez, 54 000 km,
    on roule ensemble tous les jours.
  • 4:49 - 4:52
    On mange matin, midi et soir ensemble.
  • 4:52 - 4:53
    On partage la même tente.
  • 4:53 - 4:56
    On découvre des paysages ensemble.
  • 4:56 - 4:59
    On rencontre des personnes ensemble,
    on fait tout ensemble.
  • 4:59 - 5:02
    Il y a des choses
    qu'on ne fait pas ensemble.
  • 5:02 - 5:02
    (Rires)
  • 5:02 - 5:05
    contrairement à certaines
    de vos interrogations.
  • 5:05 - 5:05
    (Rires)
  • 5:05 - 5:08
    Tout ça pour vous dire
    qu'il a fallu apprendre à parler ensemble.
  • 5:08 - 5:10
    Même si on est des amis d'enfance,
  • 5:10 - 5:12
    on s'est beaucoup découvert.
  • 5:12 - 5:15
    Je remets dans le contexte :
    on est aux États-Unis,
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    ça fait 1 an et demi qu'on roule,
    on en a un peu marre du vélo,
  • 5:17 - 5:20
    on n'est pas des cyclistes.
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    J'avais lu un livre d'un aventurier
    qui avait descendu le fleuve du Yukon
  • 5:24 - 5:25
    sur un canoë,
  • 5:25 - 5:27
    J'ai proposé l'idée aux copains :
  • 5:27 - 5:31
    « Pourquoi pas prendre ce canoë,
    mettre les vélos dedans
  • 5:31 - 5:34
    et descendre la rivière
    comme lui l'avait fait. »
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    J'ai proposé l'idée,
    Morgan trouvait ça chouette,
  • 5:36 - 5:39
    Étienne trouvait
    que c'était une très bonne idée.
  • 5:39 - 5:42
    Ils avaient commencé à lire
    les récits de Jack London
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    et me disent : « Eux le faisaient en
    radeau, les chercheurs d'or, à l'époque. »
  • 5:47 - 5:49
    On allait y arriver bientôt.
  • 5:49 - 5:51
    « Pourquoi on ne s'arrête pas
    à Dawson City,
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    la ville où les chercheurs d'or
    s'arrêtaient ?
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    Pourquoi on n'irait pas
    jusqu'au Détroit de Bering
  • 5:56 - 5:58
    en Mer Arctique ? »
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    C'est vrai que la surenchère
    peut paraître insensée,
  • 6:02 - 6:04
    (Rires)
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    mais en fait, il y avait du bon là-dedans.
  • 6:08 - 6:10
    Parce que cette synergie
    qu'on développait en groupe,
  • 6:10 - 6:12
    elle était plutôt positive.
  • 6:12 - 6:14
    C'est vrai que si on m'avait dit :
  • 6:14 - 6:16
    « Tu vas construire un radeau
    pour descendre le Yukon. »
  • 6:16 - 6:18
    je ne l'aurais absolument pas cru.
  • 6:18 - 6:19
    (Rires)
  • 6:19 - 6:24
    Mais pourtant on a commencé
    à réfléchir ensemble et ça s'est fait.
  • 6:25 - 6:31
    Donc nous voici sur le fleuve avec
    le radeau construit de nos propres mains,
  • 6:31 - 6:32
    (Rires)
  • 6:32 - 6:35
    avec l'aide d'un menuisier charpentier
    rencontré sur la route.
  • 6:35 - 6:39
    Et au début, quand mes copains
    me proposaient de faire ce radeau,
  • 6:39 - 6:43
    je disais : « Tout ça n'est plus mon
    idée, moi je veux descendre en canoë. »
  • 6:43 - 6:45
    (Rires)
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    En fait, ils étaient aussi légitimes
    que moi pour parler.
  • 6:48 - 6:53
    Cette légitimité allait
    dans les deux sens.
  • 6:53 - 6:56
    Ce n'est pas parce que je suis
    l'initiateur d'une idée ou d'un projet
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    que je vais être le seul décideur et
    décider de tout ce que l'équipe va faire.
  • 7:02 - 7:04
    Ce que j'ai appris dans ce projet-là,
  • 7:04 - 7:07
    c'est que la créativité en groupe,
    c'est observer et proposer,
  • 7:07 - 7:14
    mais c'est aussi savoir accueillir
    le regard de l'autre sur sa propre idée.
  • 7:15 - 7:17
    Par exemple, quand je me plante
    dans un TED Talk,
  • 7:17 - 7:23
    je suis très content que vous appréciiez
    et que vous m'encouragiez.
  • 7:23 - 7:24
    (Rires)
  • 7:24 - 7:29
    Mais c'est aussi aller au bout du projet.
  • 7:29 - 7:31
    Donc si on m'avait dit
    que je me trouverais là,
  • 7:31 - 7:33
    j'aurais trouvé ça complètement fou.
  • 7:34 - 7:36
    Alors, pourquoi je vous parle
    de tout ça finalement ?
  • 7:37 - 7:38
    C'est pour vous dire :
  • 7:38 - 7:42
    « Est-ce qu'on ne pourrait pas porter
    un autre regard sur nos amitiés ? »
  • 7:42 - 7:46
    Se dire : « Ok, certes,
    on va boire un coup ensemble,
  • 7:46 - 7:49
    on dîne ensemble, éventuellement
    on part en vacances ensemble,
  • 7:49 - 7:51
    mais que pourrait être
    l'amitié jusqu'au bout ? »
  • 7:51 - 7:54
    Pour nous, c'était un engagement
    dans le temps,
  • 7:54 - 7:55
    en promiscuité aussi.
  • 7:55 - 8:00
    Aujourd'hui, on a tendance
    à voir nos amitiés
  • 8:00 - 8:02
    comme « on se voit et puis on se sépare ».
  • 8:03 - 8:05
    Je trouve qu'on pourrait
    en faire beaucoup plus que ça.
  • 8:05 - 8:08
    J'ai parlé de nous, je pourrais
    citer d'autres exemples :
  • 8:08 - 8:12
    prenez, dans le domaine entrepreneurial,
    Steve Jobs, Steve Wozniak,
  • 8:12 - 8:16
    deux potes au départ qui partagent
    un goût pour le bidouillage électronique
  • 8:16 - 8:20
    et qui, ensemble, avec un peu d'audace
    et les capacités de chacun bien utilisées,
  • 8:21 - 8:25
    créent un ordinateur révolutionnaire,
    on sait tous ce que c'est devenu.
  • 8:25 - 8:29
    Qu'on en pense du bien ou du mal, leur
    réussite commerciale est extraordinaire.
  • 8:29 - 8:34
    Il y a un autre exemple que j'aime bien,
    dans le domaine un peu plus social,
  • 8:34 - 8:36
    et même politique -
    on va comprendre pourquoi -
  • 8:36 - 8:40
    « Thelma et Louise » : deux héroïnes
    d'un film, deux femmes engagées
  • 8:40 - 8:42
    dans un combat contre le patriarcat.
  • 8:42 - 8:48
    Finalement, elles fuient
    le mari misogyne de l'une d'entre elles
  • 8:48 - 8:52
    et elles s'embarquent dans un road movie
    complètement rocambolesque,
  • 8:52 - 8:58
    et à la fin, elles y laissent même la vie
    - désolé, j'ai spoilé un peu le film -
  • 8:58 - 9:00
    (Rires)
  • 9:00 - 9:02
    tout ça pour dire qu'elles vont jusque-là.
  • 9:02 - 9:05
    Pour moi, tous ces exemples-là,
  • 9:05 - 9:08
    ils veulent dire vraiment
    l'amitié vécue jusqu'au bout.
  • 9:09 - 9:11
    Il faut que je vous dise
    autre chose sur moi,
  • 9:11 - 9:15
    j'aime bien les grandes idées ; parfois
    je lis un petit peu de philosophie,
  • 9:15 - 9:18
    je ne suis pas philosophe pour autant,
    mais j'aime bien ça.
  • 9:18 - 9:21
    Avec notre éditeur,
    on avait écrit un livre
  • 9:21 - 9:23
    sur notre premier grand voyage
    autour du monde
  • 9:24 - 9:27
    et il avait une collection intéressante,
  • 9:27 - 9:30
    qui pouvait prêter à écrire
    un livre sur l'amitié.
  • 9:30 - 9:32
    On a commencé à travailler ça ensemble
  • 9:33 - 9:36
    et j'ai acheté une pile de livres
    grande comme moi
  • 9:36 - 9:39
    - je suis pas très grand
    mais ça fait déjà pas mal -
  • 9:39 - 9:41
    et j'ai commencé à lire sur le sujet.
  • 9:41 - 9:44
    Je me suis aperçu
    que le rapport qui existe
  • 9:44 - 9:49
    et qui n'était pas du tout évident pour
    moi au départ, entre amitié et démocratie.
  • 9:49 - 9:51
    Je vous explique.
  • 9:51 - 9:54
    Pour Aristote, l'acte démocratique
    élémentaire, c'est quoi ?
  • 9:54 - 9:56
    C'est parler ensemble, c'est le dialogue.
  • 9:56 - 9:58
    Libre, sans contrainte, égalitaire aussi,
  • 9:59 - 10:02
    mais en vue d'une action qui va
    dans le sens de l'intérêt commun.
  • 10:02 - 10:04
    Intérêt commun qu'on a défini
    au préalable ensemble
  • 10:05 - 10:07
    et qui peut à tout moment être modifié.
  • 10:07 - 10:11
    Donc la démocratie,
    c'est ce processus vertueux sans fin.
  • 10:11 - 10:17
    Le mot république : l'étymologie,
    c'est res publica, la cause publique.
  • 10:17 - 10:20
    La cause publique défendue
    démocratiquement.
  • 10:20 - 10:23
    Je disais, c'est une grande idée, nous,
    sur notre radeau,
  • 10:23 - 10:24
    c'est exactement ce qu'on faisait
  • 10:25 - 10:28
    mais dans notre petit microcosme avec
    notre idéal à nous de « je veux te voir ».
  • 10:29 - 10:32
    Je crois qu'aujourd'hui
    dans notre culture occidentale moderne,
  • 10:32 - 10:35
    on a tendance à voir l'amitié
    comme quelque chose
  • 10:35 - 10:37
    de l'ordre de l'intime, du domaine privé.
  • 10:38 - 10:41
    On peut prendre par exemple l'amour :
  • 10:41 - 10:47
    tout le monde connaît, mais c'est
    institutionnalisé dans le domaine public
  • 10:47 - 10:49
    par le mariage.
  • 10:49 - 10:52
    Or il n'y a rien d'équivalent
    pour l'amitié.
  • 10:52 - 10:54
    On ne va pas voir le maire
    avec son nouveau pote :
  • 10:54 - 10:56
    « Bonjour monsieur,
    où est-ce qu'on signe ? »
  • 10:56 - 10:58
    Ça n'existe pas du tout.
  • 10:58 - 10:59
    (Rires)
  • 10:59 - 11:01
    Et pourtant, l'amitié, publiquement,
    ça veut dire quoi ?
  • 11:01 - 11:04
    Aristote dit ça en fait, au sens
    le plus noble du terme,
  • 11:04 - 11:06
    ça veut dire être
    un acteur de la démocratie.
  • 11:08 - 11:10
    Donc pour nous, ça voulait dire
    grimper des montagnes,
  • 11:10 - 11:12
    traverser des déserts,
  • 11:13 - 11:14
    aligner 120 km par jour,
  • 11:15 - 11:20
    et c'est vrai que,
    quand on raconte nos voyages,
  • 11:20 - 11:24
    on témoigne effectivement
    que c'est une très bonne école
  • 11:24 - 11:26
    pour apprendre à vivre ensemble.
  • 11:26 - 11:29
    Mais pas dans le sens « j'ai réussi
    à supporter mes potes pendant trois ans,
  • 11:29 - 11:32
    du coup, je reviens plus tolérant
    dans la vie normale. »
  • 11:32 - 11:35
    Ce n'est pas tellement ça,
    c'est plutôt de se dire :
  • 11:36 - 11:39
    est-ce qu'on ne pourrait pas voir
    dans ce genre d'aventure
  • 11:39 - 11:42
    aussi l'apprentissage
    d'un certain respect ?
  • 11:43 - 11:46
    Un respect qui veut dire :
    « Quand l'autre parle,
  • 11:46 - 11:47
    je l'écoute avant de juger,
  • 11:47 - 11:50
    et je me dis : 'Pourquoi pas ?
    Il a peut-être une bonne idée'
  • 11:50 - 11:53
    au lieu d'y aller direct avec mon idée
    et la défendre. »
  • 11:54 - 11:58
    Ce « pourquoi pas ? », il ne veut pas
    dire oui pour faire plaisir à l'autre,
  • 11:58 - 12:01
    il ne veut pas dire non
    pour faire gonfler son ego,
  • 12:02 - 12:04
    mais il veut simplement
    dire « pourquoi pas ? »,
  • 12:04 - 12:08
    et ce « pourquoi pas ? » élargit le champ
    des possibles si on y réfléchit bien.
  • 12:08 - 12:13
    Et durant toute cette aventure,
    c'est vraiment ça que j'ai appris
  • 12:13 - 12:15
    en tant qu'individu.
  • 12:15 - 12:19
    Et si je pouvais vous laisser
    avec quelque chose ce soir,
  • 12:19 - 12:26
    ce serait un peu de consistance
    et ce proverbe africain
  • 12:26 - 12:30
    qui, je crois, est connu
    par beaucoup de monde et qui dit :
  • 12:30 - 12:33
    « Tout seul, on va plus vite,
    ensemble, on va plus loin. »
  • 12:34 - 12:36
    Donc je vais devoir
    vous laisser maintenant
  • 12:36 - 12:39
    parce que j'ai des copains
    qui m'attendent, merci de m'avoir écouté.
  • 12:39 - 12:43
    (Applaudissements)
Title:
Les merveilles de l'amitié | Brian Mathé | TEDxAgroParisTech
Description:

Brian Mathé vous suggère de penser à l'amitié, la force motivante qui lui a fait relever le défi de voyage autour du monde à vélo pendant trois ans.

Brian Mathé est auteur et metteur en scène et il crée des histoires d'aventure profondément humaines.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
12:47

French subtitles

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