Protéger son emploi grâce à l'innovation | Diana Kander | TEDxICC

Comment créer une culture de l'innovation et faire en sorte que ses employés pensent comme des entrepreneurs ? Selon Diana Kander, autrice de All In Startup qui s'est classé parmi les best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal, « Être entrepreneur c'est vraiment effrayant. En tant que gérant d'entreprise, on craint toujours qu'on se moque de nos produits. » Dans sa présentation, Diana Kander explique qu'innover dans son approche, dans son travail et dans son entreprise est la clé du succès. Réfléchir à un de ces trois éléments peut vous permettre de gagner cinq heures de travail par semaine.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Je ne me plains pas mais,

être entrepreneur,
c'est vraiment effrayant.

En tant que gérant d'entreprise,

on craint toujours
qu'on se moque de nos produits,

même si l'un de ces produits

est un livre intitulé
« Tricoter avec des poils de chien ».

Il existe vraiment.

Je ne sais pas si vous voyez
le cartouche mais c'est écrit :

« Arrêtez d'aspirer
et commencez à tricoter ».

En tant que gérant,

on craint toujours que les gens remarquent

le détail qui nous aurait échappé,

comme par exemple l'acronyme
de l'entreprise qui donne ASS [« CUL »].

(Rires)

Ce salon existe vraiment.

Et beaucoup, comme moi,

craignent qu'on se rende compte
qu'ils ont commis une erreur.

Je suis venue relever
un des plus grands défis de ma vie

et admettre que j'ai perdu 250 000 dollars

parce que je n'avais pas compris
un principe fondamental

dans la création des produits commerciaux.

Et je ne suis pas ici
juste pour me soulager,

je suis venue car je pense
que comprendre mon erreur

peut vous aider à sauver votre emploi.

À le sauver des robots,

des réductions de personnel,
de la mondialisation, entre autres.

Je vais m'expliquer mais
on va d'abord revenir en arrière

il y a très longtemps,

à ma première grande idée commerciale.

J'étais serveuse dans un drive-in Sonic,

j'avais quatorze ans,

je devais en paraître au moins dix,

et j'étais très enthousiaste
de débuter ma carrière dans le service.

Ma première grande idée
était de porter des rollers au travail.

Je sais, j'avais 14 ans, d'accord ?
C'était ma première idée.

Et personne ne portait
de rollers au travail,

contrairement à
ce qu'on voit dans les pubs

ou les affiches rétro.

Et ça allait être gagnant-gagnant.

Plus de pourboires pour moi
parce que c'était nouveau,

et beaucoup plus de clients
pour mon entreprise

parce qu'aucun autre fast-food
n'avait d'employés sur roulettes.

C'était donc une bonne situation.

Le seul problème, c'est que
le gérant de mon Sonic a dit

qu'il était formellement interdit
de venir travailler en rollers.

Léger problème.

Donc après un certain nombre
de négociations infructueuses,

un jour, je suis simplement venue

en rollers, sans chaussures de rechange.

Oui, j'ai fait les cinq kilomètres
qui séparaient ma maison

de mon travail, en montée,

sans chaussures de rechange.

La seule chose que j'avais emportée,

c'était une décharge de responsabilité
que j'avais rédigée,

mobilisant mon avocat intérieur à 14 ans,

que j'ai présentée
au seul manager présent.

Alors,

imaginez un adolescent
mal à l'aise de 17 ans

avec des cheveux très gras.

Il a regardé le document
pendant une minute et a fini par dire :

« Peu importe. Fais-ce que tu veux. »

J'étais plutôt fière de moi.

Gros succès, pas vrai ?

Jusqu'à ce que je doive
commencer à travailler.

Chez Sonic, vous devez
prendre le plateau du client,

puis reculer

en poussant deux portes
qui sont très, très lourdes.

Elles se referment très vite
pour éviter que les mouches rentrent.

Donc le problème,
c'est qu'avec les rollers,

je ne pouvais pas m'appuyer
sur les portes pour les ouvrir.

J'ai essayé sur le côté,
mais impossible d'y arriver.

Au début, mes collègues m'ont aidée

mais ça les a vite embêtés car
ils avaient eux aussi du travail.

Donc pour résumer ma grande idée :

j'ai contrarié mon manager

en le mettant
dans une situation délicate ;

j'ai contrarié mes collègues

en leur rajoutant du travail
et en les retardant ;

et moi, je suis épuisée.

Après avoir porté des rollers
pendant cinq heures d'affilée,

j'ai dû rentrer chez moi en rollers,

sur cinq kilomètres, en montée,

dans la neige.

(Rires)

Là, on arrive au moment
interactif de ma présentation.

Comment vous pensez qu'on se sent quand
on a la pire idée commerciale du monde ?

À votre avis,
qu'est-ce qu'on ressent physiquement ?

Dites-moi.

Public : On est triste.

On est triste.

On a la nausée.

On est gêné,

on voudrait pouvoir
rester chez nous le lendemain.

Ça, c'est ce que vous pensez,

mais en réalité on a l'impression
d'avoir eu la meilleure idée du monde

jusqu'à ce qu'on se prenne
la réalité en pleine face

et qu'on réalise notre erreur.

Et ce point central, cette différence,

le fait que nos idées
peuvent nous sembler géniales

mais s'avérer désastreuses,

je ne l'ai compris qu'après avoir commis
une erreur bien plus grave.

Je vais maintenant avancer
jusqu'à il y a environ cinq ans.

Je suis une entrepreneuse
motivée de 29 ans

qui a plusieurs réussites au compteur.

Assez pour avoir
250 000 dollars à investir.

Plutôt pas mal.

À votre avis, est-ce que
je les ai mis de côté au cas où ?

Non, les entrepreneurs ne font pas ça.

Est-ce que j'ai acheté une flotte
de Tesla pour mon entreprise ?

Les entrepreneurs font ça, mais non.

Est-ce que j'ai engagé un orchestre

pour qu'il me suive
partout pendant un an ?

Non, mais ça aurait été génial
de commencer cette présentation comme ça.

En réalité,
c'est une histoire assez drôle.

J'ai pris tout l'argent,

et l'ai investi dans une jeune start-up
du nom de Facebook.

Et ces cinq dernières années,
j'ai multiplié l'argent investi

par environ mille.

Bon, ça non plus, ça n'est pas arrivé.

(Rires)

Dommage !

Non, en réalité je l'ai utilisé

pour créer un logiciel juridique
pour les avocats et leurs clients.

Et j'aurais mieux fait non seulement
d'investir dans des actions Facebook

mais aussi d'engager l'orchestre,

parce que j'ai perdu tout cet argent.

Encore une de ces idées qui me
semblaient excellentes sur le moment

mais qui s'est avérée
une très mauvaise idée commerciale,

et je ne l'ai compris
qu'une fois tout l'argent dépensé.

Difficile d'expliquer comment marche
un logiciel juridique en dix minutes,

alors j'ai voulu vous présenter
un produit tout aussi mauvais

pour qu'on puisse avoir un exemple

qui illustre le produit que j'avais créé.

Alors pour cette présentation,
disons que j'ai inventé

le récupérateur de crotte
du logiciel juridique, d'accord ?

(Rires)

Moi, Diana Kander, ai créé le
récupérateur de crotte style SM,

« plus besoin de ramasser après ton chien

mais personne
ne te regardera dans les yeux

quand ton chien le porte ».

Le récupérateur de crotte
du logiciel juridique. Donc...

Je vais l'enlever pour
ne pas vous distraire.

Donc ...

Le problème que j'ai eu,
c'est que j'ai confondu invention

et innovation.

Toute la différence est là.

L'invention, c'est quand
on a une nouvelle idée

mais que ça ne sert à personne.

Ça n'apporte
aucune réelle valeur à personne.

Ça pourrait même faire de sérieux dégâts.

L'innovation, c'est quand
on a une nouvelle idée,

et qu'elle apporte réellement
de la valeur à notre cible.

C'est ça, la différence :

est-ce que votre idée a vraiment
de la valeur pour vos clients ?

Mais ça, ce n'est pas vous qui en décidez.

Seuls vos clients peuvent vous le dire.

Et même si le récupérateur de crotte
du logiciel juridique était une nouveauté

qui n'existait pas jusque-là,

il apportait à peu près
autant de valeur que...

le vrai récupérateur de crotte.

C'était une invention à la Frankenstein

dont le monde ne voulait pas.

Pour mes clients, pas la peine

de dépenser leur temps ou leur argent.

Et cette différence
entre invention et innovation

et le fait de savoir si ce qu'on fait

apporte réellement de la valeur,

ça ne hante pas seulement
les entrepreneurs,

ça nous affecte tous
au quotidien dans notre travail.

Je m'explique.

Au travail, on confond faire les choses,

accomplir au mieux
les tâches qu'on nous confie -

inventer -

avec apporter une vraie valeur
à notre entreprise -

innover.

Il y a environ deux mois,
j'ai mené une étude

dans laquelle j'ai demandé à plus de
mille managers et gérants d'entreprises

combien de leurs employés
étaient irremplaçables.

Un employé irremplaçable
est celui qui est tellement précieux

que, quelle que soit la situation
de l'entreprise ou de l'économie,

il sera la dernière personne
dont vous vous séparerez.

Il est le Chewbacca de votre Han Solo,

le M. Smithers de votre M. Burns.

Plutôt important.

Et ces managers définissaient
les employés irremplaçables

comme les personnes créant de la valeur
en dehors de leurs attributions.

Ils ne parlaient pas de personnes
qui excellaient dans leur travail,

mais de ce qu'elles faisaient
au-delà de leurs attributions :

le fait de constamment
trouver de nouvelles opportunités,

de trouver des leviers d'efficience

et de résoudre des problèmes
que les autres n'ont pas remarqués.

Ils disaient que ces employés
pensent comme des entrepreneurs,

comme s'ils voyaient
leur travail comme un produit

et leur entreprise comme un client,

et qu'ils vérifient constamment

si ce qu'ils créent apporte de la valeur

ou s'ils doivent ajuster leur travail.

Donc,

réfléchissez-y un instant.

On sait que les entreprises d'aujourd'hui

doivent changer pour rester d'actualité.

Vraiment.

Il en va de même dans votre travail.

Pour que notre apport
soit continûment pertinent,

pour devenir irremplaçable,

il faut innover dans notre travail
et dans ce que l'on fait.

Mes recherches montrent

que si vous voulez faire cette transition,

devenir non plus une charge dans le bilan

mais un réel atout,

vous devez changer de mode de pensée

et ne plus juste
venir au travail chaque jour

pour accomplir les tâches
que vous avez à faire,

mais penser de manière stratégique

à ce que vous devriez faire.

Vous devez passer de défenseur
qui suit sa to-do list

à attaquant qui réfléchit
à des façons de créer de la valeur.

C'est bien beau d'en parler,
mais comment y arriver ?

J'ai quelques suggestions.

Vous devriez passer au moins
15 minutes par semaine

à réfléchir à un de ces trois éléments :

Innover dans votre approche,
votre travail, et votre entreprise.

Quelques exemples.

Si vous voulez innover dans votre approche

pour apporter
de la valeur à votre entreprise,

pourquoi ne pas faire une liste
de 10 raisons de vous virer le jour-même ?

Je sais, on ne pense pas souvent à ça,

mais en y réfléchissant,

cette liste est comme
un plan de création de valeur

pour votre entreprise.

Ensuite, cherchez des moyens de créer
de la valeur en changeant votre travail.

Pensez à 10 choses
que vous pourriez changer

dans vos méthodes de travail pour
gagner cinq heures par semaine.

On a tous des leviers,

mais on n'y réfléchit pas assez.

Pour finir,

pensez à des façons de créer de la valeur
en innovant dans votre entreprise.

Essayez par exemple de lister

10 choses que votre service pourrait faire

pour impliquer les employés.

Et pourquoi ne pas proposer
de mener un de ces projets ?

Ce sont d'excellents moyens
d'apporter de la valeur à votre entreprise

et de devenir un employé irremplaçable.

Mais je ne vous ai donné
que trois suggestions.

En réalité,

on peut trouver des centaines de questions

dans chaque catégorie.

Le truc, c'est d'en faire une habitude.

Le truc, c'est de ne plus simplement
effectuer ses tâches quotidiennes

mais de réfléchir
à ce qu'on devrait faire.

Par exemple, toutes ces réunions
sont-elles vraiment nécessaires ?

Non !

Ce projet est-il la meilleure
façon d'utiliser votre temps

ou est-ce qu'autre chose

pourrait selon vous apporter
encore plus de valeur à l'entreprise ?

J'ai beaucoup avancé

depuis ma journée en rollers chez Sonic

et mon récupérateur de crotte
du logiciel juridique,

et c'est parce que j'ai arrêté d'inventer
et j'ai commencé à innover.

Me focaliser sur la création de valeur

m'a permis non seulement
de dépasser mon échec,

mais aussi d'écrire un best-seller,

de créer et vendre une entreprise

et de devenir consultante en innovation
pour les plus grandes entreprises.

Ça a été un voyage incroyable mais
vous pouvez aussi l'entreprendre.

Je vous demande sincèrement

d'enlever vos rollers métaphoriques

et d'arrêter de vous demander

si vous faites du bon travail,

si vous travaillez assez dur
pour atteindre vos objectifs

et de vous demander :
« Est-ce que je crée de la valeur ? »

Merci.

(Applaudissements)