La sombre histoire des tests de QI - Stefan C. Dombrowski

Consultez la leçon complète ici : https://ed.ted.com/lessons/the-dark-history-of-iq-tests-stefan-c-dombrowski

En 1905, les psychologues Alfred Binet et Théodore Simon ont créé un test pour les enfants français ayant des difficultés à l'école. Conçue pour déterminer quels enfants avaient besoin d'attention particulière, leur méthode a jeté les bases du test de QI. Comment les tests de QI fonctionnent-ils ? Sont-ils un reflet fiable de l'intelligence ? Stefan C. Dombrowski se penche sur l'utilisation de ces tests au cours de l'histoire.

Leçon par Stefan C. Dombrowski, réalisée par Kozmonot Animation Studios.

En 1905, les psychologues
Alfred Binet et Théodore Simon

ont créé un test pour les enfants
ayant des difficultés à l'école en France.

Conçue pour déterminer quels enfants
avaient besoin d'attention particulière,

leur méthode a jeté les bases
du test de QI.

À la fin du XIXe siècle,
des chercheurs ont émis l’hypothèse

que les capacités cognitives
comme le raisonnement verbal,

la mémoire de travail
et l'aptitude visuo-spatiale

attestent d'une intelligence générale,
ou facteur G.

Simon et Binet ont créé une série de tests
pour mesurer chacune de ces compétences

et en combiner les résultats
en un score unique.

Les questions étaient adaptées
à chaque tranche d'âge,

le score d'un enfant classait sa réussite
par rapport aux autres de son âge.

Diviser le score par son âge
et multiplier le résultat par 100

permettait d'obtenir
le quotient intellectuel, ou QI.

Aujourd'hui, la moyenne d'un échantillon
de la population est de 100,

avec 68 % de la population se trouvant
à plus ou moins 15 points de 100.

Simon et Binet pensaient que les aptitudes
évaluées lors de leur test

attestaient de l'intelligence générale.

Mais à l'époque, comme aujourd'hui,

personne n'est d'accord sur la définition
de l'intelligence générale.

Et cela a donné l'occasion à
certaines personnes d'utiliser ce test

pour servir leur propre idée préconçue
de ce qu'est l'intelligence.

D'abord conçue comme un moyen d'identifier
les enfants en besoin d'aide scolaire,

le test a rapidement été utilisé pour
classer les gens de différentes façons,

souvent au service d'idéologies
foncièrement défaillantes.

L'une des premières mises en pratique
à grande échelle

eut lieu aux USA pendant la Grande Guerre,
quand l'armée a utilisé un test de QI

pour trier les recrues et les sélectionner
pour la formation d'officier.

À l'époque, on croyait beaucoup
à l'eugénisme,

idée selon laquelle des traits génétiques
désirables et indésirables

peuvent et doivent être contrôlés
grâce à la reproduction humaine sélective.

De nombreux problèmes découlaient
de ce raisonnement,

notamment l'idée que l'intelligence
n'est pas seulement fixe et héritée,

mais aussi liée à la race d'une personne.

Sous l'influence de l'eugénisme,

des scientifiques ont utilisé le bilan
de la démarche de l'armée

pour affirmer de façon trompeuse
que certains groupes raciaux

étaient intellectuellement
supérieurs aux autres.

Sans même prendre en compte que
la plupart des recrues testées

étaient de récents émigrés aux USA,

sans éducation formelle et qui
ne parlaient pas ou peu anglais,

ils ont créé une hiérarchie erronée
de l'intelligence par groupes ethniques.

L'union de l'eugénisme et du test de QI
a influencé non seulement la science,

mais aussi la politique.

En 1924, l'État de Virginie
a voté des lois

autorisant la stérilisation forcée
des personnes ayant un faible score de QI,

décision approuvée par la
Cour suprême des États-Unis.

Dans l'Allemagne nazie, le gouvernement
a autorisé la mise à mort d'enfants

au faible QI.

À la suite de l’Holocauste
et du mouvement des droits civiques,

l'utilisation discriminatoire des tests QI

a été mise à mal à la fois sur le plan
moral et scientifique.

Les scientifiques ont commencé à prouver
que l'environnement a un impact sur le QI.

Par exemple, les tests de QI étant
ré-ajustés tout au long du XXe siècle,

les jeunes générations avaient toujours
des scores plus élevés aux anciens tests

que la génération précédente.

Ce phénomène,
appelé l'effet Flynn,

se produisait bien trop vite pour être dû
à des traits évolutionnaires hérités.

La cause était probablement
plutôt environnementale :

éducation plus performante,
soins de santé et nutrition meilleurs.

Au milieu du XXe siècle,

des psychologues ont également tenté
d'utiliser les tests de QI

pour évaluer autre chose que
l'intelligence générale,

notamment la schizophrénie, la dépression,
et d'autres troubles psychiatriques.

Ces diagnostics reposaient en partie sur
le jugement clinique des évaluateurs,

et utilisaient un sous-ensemble des tests
servant à déterminer le QI,

une pratique, désavouée plus tard, car
sans apport d'information clinique utile.

Aujourd'hui, les tests de QI utilisent
de nombreux dessins et types de questions

similaires aux premiers tests,

même si nous avons des méthodes avancées
pour identifier les biais possibles.

Ils ne sont plus utilisés pour
diagnostiquer les troubles psychiatriques.

Mais une pratique tout aussi controversée,
l'utilisation des scores de sous-tests,

est encore parfois utilisée pour le
diagnostic des troubles de l'apprentissage

contre l'avis de nombreux experts.

Les psychologues du monde entier
utilisent encore les tests de QI

pour identifier les handicaps psychiques,

et les résultats peuvent servir à choisir
le soutien éducatif, l'aide de vie

ou la formation professionnelle adaptés.

Les résultats du test de QI ont servis à
justifier de terribles politiques

et des idéologies dépourvues de tout
fondement scientifique.

Cela ne veut pas dire que le test lui-même
ne vaut rien,

il mesure bien les capacités de
raisonnement et de résolution de problèmes

qu'il vise à évaluer.

Mais cela ne revient pas à mesurer
le potentiel d'une personne.

Bien que nombre de controverses
politiques, historiques, scientifiques

et culturelles soient liées au test de QI,

de plus en plus de chercheurs
s'accordent sur ce point

et rejettent l'idée que les individus
peuvent être classés

en fonction d'un simple score numérique.