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Comment les citoyens peuvent reprendre le pouvoir sur Internet

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    Bryn Freedman :
    Vous avez dit qu'au XXe siècle,
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    le pouvoir mondial
    appartenait aux gouvernements.
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    Qu'au début de ce siècle numérique,
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    il avait glissé vers les entreprises
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    et que dans un futur proche,
    il serait entre les mains des individus.
  • 0:15 - 0:17
    J'ai interviewé beaucoup de personnes
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    qui disent que vous vous trompez
  • 0:19 - 0:21
    et qui misent plutôt sur les entreprises.
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    Pourquoi pensez-vous avoir raison
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    et pourquoi les individus
    vont-ils se l'approprier ?
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    Fade Chehadé : Les entreprises
    satisfont les besoins des individus,
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    et nous, en tant que citoyens,
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    nous devons comprendre
    que nous avons un rôle essentiel
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    dans la manière dont la gouvernance
    du monde sera façonnée dans le futur.
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    C'est vrai, actuellement les frictions
    ont lieu entre des gouvernements
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    qui ont perdu beaucoup de leur pouvoir
    au profit des entreprises
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    car Internet n'est pas fondé
    sur le système de l'État-nation
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    sur lequel les États
    légitimisent leur pouvoir.
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    L'Internet est une entité transnationale.
  • 0:53 - 0:56
    L'Internet n'est
    ni international, ni national,
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    ce qui a rendu les entreprises
    très puissantes.
  • 1:00 - 1:02
    Elles façonnent notre économie.
  • 1:02 - 1:04
    Elles façonnent notre société.
  • 1:04 - 1:06
    Les autorités ne savent pas quoi faire.
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    Maintenant, elles sont réactives.
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    Je crains que si nous, citoyens,
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    qui sommes l'élément le plus important,
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    si nous n'assumons pas notre rôle,
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    vous avez raison.
  • 1:19 - 1:23
    Mes détracteurs, les partisans
    des entreprises, ont raison.
  • 1:23 - 1:24
    Cela va se produire.
  • 1:24 - 1:28
    BF : Vous dites que les individus
    vont obliger les entreprises
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    ou que les entreprises
    vont être obligées de réagir
  • 1:31 - 1:34
    ou craignez-vous
    que ce ne soit pas le cas ?
  • 1:34 - 1:36
    FC : Je pense que si.
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    Rappelez-vous, il y a deux semaines,
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    une petite entreprise nommée Skip
    a gagné contre Uber, Lyft et les autres.
  • 1:42 - 1:47
    Elle a obtenu la licence pour le marché
    des trottinettes à San Francisco.
  • 1:47 - 1:49
    Si vous voulez savoir
    pourquoi Skip a gagné,
  • 1:49 - 1:52
    c'est parce qu'elle a écouté
    les habitants de San Francisco,
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    qui en avaient marre des trottinettes
    abandonnées partout,
  • 1:55 - 1:58
    et que l'entreprise est allée
    à la mairie et leur a dit :
  • 1:58 - 2:00
    « Nous allons déployer le service,
  • 2:00 - 2:03
    mais nous répondrons
    aux exigences des citoyens
  • 2:03 - 2:06
    et nous allons nous organiser
    autour d'un ensemble de règles. »
  • 2:06 - 2:10
    Ils ont autogéré leur conduite
    et ont obtenu le contrat
  • 2:10 - 2:12
    face à des entreprises très puissantes.
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    BF : En parlant de règles
    et d'autogestion,
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    vous avez passé une vie entière
    à créer des règles et des normes
  • 2:19 - 2:21
    pour Internet.
  • 2:21 - 2:23
    Cette époque est-elle révolue ?
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    Qui va orienter, contrôler
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    et créer ces normes ?
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    FC : Les règles qui régissent
    les couches technologiques d'Internet
  • 2:33 - 2:36
    sont maintenant bien en place.
  • 2:36 - 2:39
    J'ai mis quelques années
    à établir ces règles
  • 2:39 - 2:43
    pour encadrer ce qui fait
    d'Internet un réseau.
  • 2:44 - 2:46
    Le système de noms de domaine,
    les adresses IP,
  • 2:46 - 2:48
    tout cela est en place.
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    Mais nous entrons à présent
    dans les couches supérieures d'Internet,
  • 2:52 - 2:55
    les problèmes qui nous affectent
    vous et moi tous les jours,
  • 2:55 - 2:58
    comme le respect
    de la vie privée ou la sécurité.
  • 2:59 - 3:05
    Le système de règles pour gérer ça
    n'existe malheureusement pas.
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    Nous avons donc un problème.
  • 3:07 - 3:10
    Nous avons un système de coopération
    et de gouvernance
  • 3:10 - 3:13
    qui doit être créé maintenant
  • 3:13 - 3:17
    pour que les entreprises,
    les gouvernements et les citoyens
  • 3:17 - 3:20
    s'accordent sur l'évolution
    du monde numérique.
  • 3:20 - 3:24
    BF : Qu'est-ce qui motive une entreprise ?
  • 3:24 - 3:26
    Par exemple, une entreprise
    comme Facebook
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    prétend prendre les intérêts
    de ses utilisateurs au sérieux,
  • 3:29 - 3:31
    mais je pense que beaucoup
    ne sont pas d'accord.
  • 3:31 - 3:37
    FC : C'est compliqué de vérifier
    comment ces entreprises réagissent
  • 3:37 - 3:40
    à la position des citoyens
    envers leurs technologies.
  • 3:41 - 3:44
    Certaines, il y a deux ou trois ans,
    s'en fichaient complètement.
  • 3:44 - 3:48
    Dans les conseils d'administration,
    j'entends souvent :
  • 3:48 - 3:50
    « On n'est
    qu'une plateforme technologique,
  • 3:50 - 3:51
    ce n'est pas notre problème
  • 3:51 - 3:56
    si elle pousse des familles
    à tuer leurs filles au Pakistan.
  • 3:56 - 3:58
    Ce n'est pas mon problème, c'est le leur.
  • 3:58 - 4:00
    C'est juste une plateforme. »
  • 4:01 - 4:03
    Je pense que nous entrons dans une ère
  • 4:03 - 4:06
    où les entreprises réalisent
  • 4:06 - 4:08
    qu'il n'est plus possible
    de continuer ainsi
  • 4:08 - 4:11
    et elles commencent à voir
    les réactions négatives
  • 4:11 - 4:14
    des gens, des utilisateurs, des citoyens
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    et aussi des gouvernements,
    qui commencent à dire :
  • 4:16 - 4:18
    « Ça doit cesser ! »
  • 4:18 - 4:24
    Une forme de maturité
    commence à s'installer,
  • 4:24 - 4:26
    notamment dans la Silicon Valley,
  • 4:26 - 4:31
    où les gens commencent à se dire :
    « Nous avons un rôle à jouer. »
  • 4:31 - 4:33
    Quand je parle
    à ces dirigeants, je leur dis :
  • 4:33 - 4:37
    « Vous pouvez être le PDG
    d'une entreprise florissante,
  • 4:37 - 4:39
    mais vous pouvez aussi être responsable. »
  • 4:40 - 4:41
    C'est ça le mot essentiel.
  • 4:41 - 4:44
    « Vous pouvez être responsable
    du pouvoir qu'on vous a confié
  • 4:44 - 4:48
    pour orienter la vie et l'économie
    de milliards de personnes.
  • 4:49 - 4:52
    Que souhaitez-vous être ? »
  • 4:52 - 4:54
    Et la réponse n'est pas l'un ou l'autre.
  • 4:55 - 4:57
    C'est notre problème actuellement.
  • 4:57 - 5:01
    Lorsqu'un adulte comme Brad Smith,
    le président de Microsoft,
  • 5:01 - 5:03
    déclarait il y a quelques mois :
  • 5:03 - 5:06
    « Il nous faut de nouvelles
    conventions de Genève
  • 5:06 - 5:08
    pour gérer la sécurité
    de l'espace numérique »,
  • 5:08 - 5:12
    de nombreux dirigeants de Silicon Valley
  • 5:12 - 5:15
    se sont élevés contre lui.
  • 5:15 - 5:17
    « Des conventions de Genève ?
  • 5:17 - 5:20
    Nous n'en avons pas besoin.
    Nous nous auto-régulons. »
  • 5:20 - 5:22
    Mais cet état d'esprit change,
  • 5:22 - 5:25
    et je constate que
    de plus en plus de dirigeants
  • 5:26 - 5:27
    nous demandent de l'aide.
  • 5:27 - 5:29
    Le nœud du problème est celui-ci :
  • 5:30 - 5:33
    qui va aider ces dirigeants
    à faire le bon choix ?
  • 5:33 - 5:35
    BF : Donc, qui va les aider ?
  • 5:35 - 5:40
    J'aimerais vous interviewer
    durant une heure,
  • 5:40 - 5:45
    mais quelles sont vos peurs et vos espoirs
  • 5:45 - 5:47
    concernant ce problème ?
  • 5:49 - 5:56
    FC : Mon plus grand espoir
    est que nous devenions tous responsables
  • 5:56 - 5:57
    de ce nouveau monde numérique.
  • 5:57 - 5:59
    C'est mon plus grand espoir
  • 5:59 - 6:04
    car je pense que souvent,
    nous rejetons la faute sur les autres.
  • 6:04 - 6:06
    « C'est la faute des PDG.
    Ils se comportent ainsi. »
  • 6:06 - 6:08
    « Les gouvernements ne font pas assez. »
  • 6:08 - 6:10
    Mais qu'en est-il de nous ?
  • 6:10 - 6:15
    Comment prenons-nous nos responsabilités
  • 6:15 - 6:17
    dans l'espace numérique qui nous entoure ?
  • 6:17 - 6:21
    L'une des choses que je répète
    aux présidents d'université
  • 6:21 - 6:25
    est qu'il faut que les étudiants
    en ingénierie, science et informatique,
  • 6:25 - 6:27
    ceux qui écriront
    les prochaines lignes de code
  • 6:27 - 6:30
    ou concevront
    les futurs appareils de l'IdO,
  • 6:30 - 6:35
    développent un sens
    des responsabilités et de la gestion
  • 6:35 - 6:36
    dans ce qu'ils créent.
  • 6:36 - 6:39
    J'ai suggéré la création
    d'un nouveau serment,
  • 6:39 - 6:40
    semblable au serment d'Hippocrate,
  • 6:40 - 6:43
    liant chaque étudiant
    commençant un parcours d'ingénieur
  • 6:43 - 6:47
    à un serment technocratique,
    un serment de sagesse,
  • 6:47 - 6:50
    ou un serment d'engagement
    envers le reste de la communauté.
  • 6:50 - 6:52
    C'est mon plus grand espoir,
    que nous grandissions tous.
  • 6:53 - 6:57
    Les gouvernements et les entreprises
    lutteront pour ce jeu de pouvoir,
  • 6:57 - 6:59
    mais nous ?
  • 6:59 - 7:03
    Si nous ne jouons pas
    à cette table du pouvoir,
  • 7:03 - 7:06
    je pense que cela se terminera mal.
  • 7:06 - 7:08
    Ma plus grande peur ?
  • 7:09 - 7:12
    Ma plus grande peur,
    en pratique aujourd'hui,
  • 7:12 - 7:15
    ce qui m'empêche de dormir,
  • 7:15 - 7:20
    c'est la guerre entre l'Occident,
    le monde libéral,
  • 7:21 - 7:23
    et la Chine,
  • 7:23 - 7:25
    dans le domaine
    de l'intelligence artificielle.
  • 7:25 - 7:27
    Une vraie guerre se déroule actuellement
  • 7:27 - 7:32
    et pour ceux qui ont vécu à l'époque
    de la non-prolifération nucléaire
  • 7:32 - 7:35
    et ont vu comment les gens
    se sont mis d'accord
  • 7:35 - 7:38
    pour retirer certains éléments
    dangereux de la table,
  • 7:39 - 7:42
    eh bien, la Fondation Carnegie
    vient de terminer une étude.
  • 7:42 - 7:45
    Ils ont échangé avec tous les pays
    ayant des armes nucléaires
  • 7:45 - 7:47
    et leur ont demandé :
  • 7:47 - 7:51
    « Quelle arme numérique
  • 7:51 - 7:55
    qui vise les écoles et hôpitaux
    d'autres pays retireriez-vous ? »
  • 7:56 - 7:57
    La réponse,
  • 7:57 - 8:00
    de toutes les puissances nucléaires,
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    a été :
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    « Aucune. »
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    C'est cela qui m'inquiète...
  • 8:06 - 8:09
    La militarisation de l'espace numérique
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    et la course pour y parvenir.
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    BF : Il semble que vous ayez
    beaucoup de travail.
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    Et nous aussi.
  • 8:15 - 8:18
    Fadi, merci beaucoup.
    Merci pour cette intervention.
  • 8:18 - 8:19
    FC : Merci à vous.
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    (Applaudissements)
Title:
Comment les citoyens peuvent reprendre le pouvoir sur Internet
Speaker:
Fadi Chehadé et Bryn Freedman
Description:

L'architecte informatique Fadi Chehadé a aidé à mettre en place l'infrastructure faisant fonctionner Internet : des éléments essentiels comme le système de noms de domaine (DNS) et les standards d'adresse IP. Aujourd'hui, il cherche à trouver de nouvelles manières pour la société de bénéficier de la technologie. Dans cet échange concis avec Bryn Freedman, directrice de l'Institut TED, il aborde la guerre entre l'Occident et la Chine au sujet de l'intelligence artificielle, la manière dont les entreprises technologiques peuvent prendre leurs responsabilités pour orienter la vie des citoyens et des économies et ce que peuvent faire les citoyens pour prendre le pouvoir sur Internet.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
08:34

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