Charles Bukowski on A Crappy Life

Charles Bukowski [C.B.] :
rire

Je suis vraiment un vieux crapaud gâté

Jésus Christ.

Je devrai me plaindre.

Deux Acuras dans l'allée,

une piscine,

je râle comme un vieux, eh bien.

Ouais, ils disent que je suis bon en dialogues,

mais j'ai tellement vécu,

j'ai entendu assez de putains de conversations,
je devrai l'être.

Je suis béni par une vie de merde,
c'est tout.

C.B. et le journaliste rient

J'écris à propos de cette vie de merde.

Beaucoup d'écrivains se font
connaître quand ils ont 22, 23 ans,

et puis, ils entrent dans le monde,

vont dans des soirées cocktails,

et rien ne se passe, à part ça.

Alors ils manquent "le tas de merde".

J'ai toujours eu de la chance pour
décrocher des jobs.

Il y 10 personnes dans la salle d'attente

et ils me prennent moi pour une raison
ou une autre.

J'ai finalement compris pourquoi :

ils pensaient que j'étais bête,

trop bête pour voler,
donc ils me prenaient moi.

rires

Santé !

Je n'aime tant que ça ce que
j'écris.

Tu sais ce qui m'intéresse vraiment ?

Ce que je vais écrire demain soir.

C'est tout ce qui m'intéresse,
le prochain poème,

la putain de prochaine ligne.

Le passé et le passé,
je ne veux pas m'attarder dessus,

et le relire, jouer avec,

et m'en réjouire.

C'est passé, c'est fait.

Si tu ne peux plus écrire la
prochaine ligne, tu es mort.

Le passé importe peu.

Interviewer [I.] : Tu as habitué
à écrire toute les nuits, pas vrai ?

[C.B.] : Pas toutes les nuits.

Trois ou quatre par semaine,

et si je ne le fais pas,

j'agis différemment, je me sens mal,

Je, heu, je me sens vraiment déprimé.

C'est une libération, une libération...

C'est ma thérapie de laisser
sortir cette merde.

Je suis chanceux d'être payé
pour ça.

Je le ferai pour rien, à vrai dire,
je paierai même pour le faire.

Je te donnerai 10.000 $ par an

si tu me laisses écrire.

[I.] : Et durant des années,
tu n'étais pas payé pour écrire.

[C.B.] : Non,

vraiment pas.

[I.]: Tu as travaillé dans un bureau
de poste durant quoi,

15, 18 ans.

[C.B.] : Non, j'ai, heu,
arrêté à mes 50 ans.

Ouais, ouais...

Je partais la nuit d'après,
un mec dit :

"Ce vieux doit être fou,

pour quitter un bon job comme ça."

Je quittais le bureau,
et je pensais,

Jésus, ils ont peut-être raison.

Mais, j'en avais rien à faire.

J'étais prêt à régresser.

J'étais fatigué de tout.

Tant pis.

Je pense que ce que j'écris est
vraiment putain de puissant,

Mais je pense qu'après que
je sois mort et en sécurité,

tout ça va ressortir,

je vais vraiment être découvert,
tu vois.

Bukowski !

ça va vraiment être quelque chose.

Mais là, je suis bien comme ça.

D'une certaine façon silencieux.

Je ne sais pas ce que je suis.

Je vais aux toilettes.

rires