Définir son identité | Priyanka Yoshikawa | TEDxKyoto

Priyanka Yoshikawa est devenue Miss World Japon en 2016. Elle partage avec nous son cheminement de « hâfu », qui signifie « à moitié » dans une société japonaise homogène. Elle a pu aller au-delà des préjudices et trouver son équilibre pour célébrer la diversité culturelle des deux pays qu'elle représente avec tant de fierté : le Japon et l'Inde. Elle nous parle de l'identité en tant qu'être humain.

Priyanka Yoshikawa est la première femme avec un héritage métissé à conquérir le prix de Miss World Japon. Elle est devenue un modèle pour de nombreux jeunes. Les brimades de son enfance au Japon ne l'ont pas empêchées de poursuivre ses rêves et sa passion pour le mannequinat. Priyanka est née à Tokyo, élevée en Californie et en Inde jusqu'à l'âge de neuf ans. Ses racines culturelles sont donc indiennes et japonaises. Elle est ambassadeur touristique de la ville de Kyoto et projette de jeter des ponts entre ses deux pays à travers le tourisme. Sur le front humanitaire, Priyanka est ambassadeur de Smile Asia, qui agit pour soigner les enfants infligés par des déformations du visage, et de la fondation Balipara, qui agit en faveur du développement de communautés durables dans l'Est de l'Himalaya.

En 2017, Priyanka a fondé son entreprise ReR Co., qui développe du contenu marketing et s'associe avec des influenceurs dans 117 pays. Elle espère réussir son entreprise et devenir un influenceur du changement au Japon et dans le monde.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

Quelle est ton identité ?

On m'a posé cette question
à chaque interview

que j'ai eue après avoir gagné le titre
de Miss World Japon en 2016.

Je m'étais préparée à ce genre
de réactions après ma victoire.

Mais je ne m'attendais pas à celle-là.

Ce n'est cependant pas
le début de mon récit.

Alors que je devais
répondre à cette question,

je me suis rappelée mon cheminement
pour découvrir qui j'étais vraiment.

Je n'ai pas pris la décision
de participer à Miss World Japan

pour prouver que je suis japonaise.

Je voulais me mettre au défi
et dépasser l'image de mannequin

dans le regard des autres.

Je pensais aussi que cela m'offrirait
une plus grande latitude

pas uniquement pour ma carrière,

mais pour accomplir quelque chose
de bien dans le monde.

Ça m'a conduite à toucher quelque chose
de bien plus grand qu'imaginé

en devenant le visage et la voix
de la mixité ethnique.

Nous éprouvons tous le besoin de découvrir
nos racines à un moment de notre vie,

notre identité unique
et notre propre individualité.

Nous sommes tous des personnes uniques.

Qu'on s'en aperçoive ou pas,
nous sommes tous issus d'un mélange.

Mais être un mélange ne signifie pas
être moins qu'entier.

Au contraire, on peut être davantage.

Je m'appelle Priyanka Yoshikawa,
et je suis « hâfu » [à moitié],

née d'une mère japonaise
et d'un père indien.

En tant que hâfu, je savais ne pas être
entièrement Japonaise ou Indienne.

J'étais les deux,
et tout simplement, j'étais moi.

J'ai la nationalité japonaise
et je suis née au Japon.

Pourtant, quand je disais au Japon
que j'étais Japonaise,

les gens ne me croyaient pas.

En dehors du Japon,
ils s'exclamaient souvent :

« Waouh ! Votre japonais
est vraiment bon ! »

(Rires)

Ou bien : « Tu manges vraiment
du curry tous les jours ? »

(Rires)

Même quand je ne suis pas au Japon
et que je dis être japonaise,

les Japonais ne me considèrent pas ainsi.

Ils me regardent avec perplexité

et attendent que je leur explique pourquoi
je n'ai pas l'air vraiment japonaise.

Croyez-moi, ces échangent usent

quand ces questions reviennent
plusieurs fois par jour sur le tapis.

Parfois, je rêve d'une nationalité séparée
et dédiée aux ethnicités mixtes.

J'ai donc été une étrangère
dans mon propre pays et à l'étranger.

Mais j'étais à l'aise avec ça.

J'ai été éduquée dans trois pays :
les États-Unis, le Japon et l'Inde

et mes parents viennent de deux pays.

J'ai donc eu la chance de pouvoir
développer une pensée mondiale

et de pouvoir m'adonner à certains
privilèges comme manger du sashimi

avec autant de plaisir
que du Kolkata Phuchkas.

J'ai voyagé du Mont Fuji à l'Himalaya,

traversant avec bonheur
des cultures et communautés diverses.

Je m'adapte aisément aux changements
de mon environnement.

J'accepte aussi d'être différente.

Mais je n'ai pas toujours été ainsi.

Être métisse dans la société japonaise
vient avec son lot d'expériences amères.

À l'école, mes condisciples me traitaient
comme si j'étais un germe nuisible.

Dans les couloirs, s'il leur arrivait
de me toucher par accident,

elles frottaient la partie de leur corps
qui m'avait touchée

pour éviter toute contamination.

Elles m'excluaient de leurs groupes,
de leurs conversations

et de leurs cercles sociaux.

J'essayais en vain de m'intégrer
et j'ai perdu la confiance en moi.

Je n'ai pas un seul souvenir
heureux de l'école au Japon.

Je m'inquiétais de
ce que les autres pensaient

même si en apparence, j'agissais
comme si tout allait bien.

En fait, j'attendais que le temps passe

sans me battre pour moi-même
pour mon bonheur.

Je le regrette encore aujourd'hui.

Car, quel que soit notre âge,

nous méritons tous d'être aimés
et d'être heureux, dans le moment présent.

Secrètement,

je me disais que je n'étais peut-être pas
la fille la plus cool de l'école,

mais j'étais déterminée à devenir
la fille la plus cool du Japon.

Je n'y suis pas encore mais si je pouvais
expliquer à la Priyanka de 13 ans

qu'elle allait devenir Miss World Japan,

et participer à
des concours internationaux,

je pense qu'elle aurait été fière d'elle.

En entrant aux études secondaires,
où personne ne me connaissait,

je pensais pouvoir recommencer
à zéro et m'intégrer.

Mais j'essayais tant d'être
une personne que je ne suis pas

et j'ai dû concéder que je devais
m'accepter telle que je suis,

célébrer mon unicité

et éviter de changer ma personnalité
ou permettre qu'on me harcèle pour cela.

Ma mère m'a appris
l'importance de l'équilibre.

Elle m'a appris à écouter mon cœur,

à apprécier le meilleur des deux mondes,

à aimer et respecter mes deux cultures,

l'interconnexion et l'indépendance,

à éprouver de l'empathie
vis-à-vis de mon entourage

et plus important, vis-à-vis de moi-même.

J'étais une lycéenne moyenne,
et mes résultats étaient plutôt médiocres.

J'avais peu de talents.

Mais ma mère me disait que
j'étais intelligente et talentueuse.

Elle m'encourageait à poursuivre
mes rêves et mes passions.

Voici la leçon que j'en ai retirée :

Parfois, il faut pouvoir s'adapter
pour s'intégrer à son environnement.

Mais il ne s'agit pas
de perdre sa personnalité.

Il faut célébrer sa propre
diversité culturelle,

être soi-même et se regarder comme
on souhaite que les autres nous regardent.

C'est ma conviction profonde

et à travers une exploration sincère
de qui je suis vraiment,

j'ai compris que je voulais que ma voix
porte plus loin pour avancer ma cause

de rendre le monde un peu meilleur.

Peu avant de conquérir
le titre de Miss World Japan,

une personne proche m'a affirmé

que je ne serais pas sélectionnée
pour Miss Japon car j'étais hâfu.

Mais cela ne m'en a pas dissuadée.

Je voulais me dépasser,
et gagner en confiance

et devenir la personne
que je choisirais d'être.

J'étais prête

à mettre toute mon énergie
pour réaliser mes rêves.

C'est cette détermination

qui m'a permis de devenir la première
hâfu à gagner le prix de Miss World Japan

et à développer une entreprise
fructueuse grâce à ça.

Aujourd'hui, dans le monde
incroyable qui est le nôtre,

nous sommes nombreux à être hâfu.

J'ai compris que nous sommes liés
par les stéréotypes et les préjugés

qui nous circonscrivent et masquent
notre véritable personnalité.

En tant que personne d'influence
pour modeler les perceptions,

je crois que c'est ma responsabilité

d'encourager les autres
à s'élever au-dessus de ces forces

pour parvenir à nous reconnaître
pour qui nous sommes vraiment,

des êtres humains.

Si quelqu'un insiste pour faire de vous
une personne que nous n'êtes pas,

ne craignez rien et ne vous cachez pas.

Définissez-vous.
Les autres n'ont pas ce droit.

Personne de devrait nous dire quel est
notre bonheur, ou qui nous sommes.

Notre identité n'est pas toujours
définie par le lieu d'où nous provenons

ou celui où nous sommes nés.

Je suis japonaise et indienne
mais ce n'est pas mon identité.

L'identité est davantage
que le pays ou le sang.

L'identité est ce que nous sommes.

Dans la vie, nous sommes
confrontés à des obstacles.

Mais seuls ceux qui pourront relever
le défi pour les dépasser

pourront progresser.

Votre cheminement ne sera sans doute
pas celui que vous espériez.

Mais en chemin, vous grandirez

et gagnerez des éléments
que vous n'avez jamais imaginés.

Devenir Miss Monde n'est pas
un passage obligé

pour trouver sa place dans le monde.

Nous naissons libre de pouvoir
devenir la personne que nous souhaitons.

Tout est possible.

Merci.

(Applaudissements)