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Dépasser ses peurs, c'est oser être soi-même | Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes

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    J'ai une émotion qui me fascine :
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    c'est la peur.
  • 0:26 - 0:31
    Comment transformer nos peurs
    en moteur plutôt qu'en freins ?
  • 0:32 - 0:38
    Pour moi, dépasser ses peurs,
    c'est oser être soi-même.
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    Être moi-même, c'est un peu
    ce que j'ai essayé de faire toute ma vie.
  • 0:44 - 0:47
    Je vais donc vous proposer trois clés.
  • 0:47 - 0:52
    Trois clés qui m'ont permis à moi,
    de vivre mes rêves de gosse.
  • 0:54 - 0:58
    Très jeune, j'ai compris de manière
    intuitive que pour être heureux,
  • 0:58 - 1:02
    pour être épanoui, je devais pouvoir
    dépasser mes peurs au quotidien.
  • 1:03 - 1:07
    À l'époque, j'avais deux peurs
    naturelles, après la mort.
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    L'une d'entre elles était le vertige.
  • 1:10 - 1:13
    Pour dépasser cette peur du vide,
    il a fallu que je commence par la base,
  • 1:13 - 1:15
    à l'âge de 6 ans.
  • 1:15 - 1:18
    J'ai d'abord appris à sauter
    depuis le rebord de la piscine.
  • 1:18 - 1:20
    Une fois que j'ai bien
    maîtrisé les techniques,
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    que j'ai été capable
    de faire de jolis sauts,
  • 1:23 - 1:28
    je me suis élancé sur le plongeoir de un
    mètre, puis de 3 mètres, puis de 5 mètres.
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    À 18 ans, je sautais de 23 mètres
    de haut dans les Gorges du Verdon.
  • 1:32 - 1:34
    À 20 ans, je sautais
    depuis 4 500 mètres de haut,
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    depuis la fenêtre d'un avion,
    en chute libre.
  • 1:38 - 1:41
    Et aujourd'hui, c'est un peu
    comme si je sautais depuis la Lune :
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    parce que la première de mes peurs,
    c'est la prise de parole en public.
  • 1:47 - 1:49
    (Applaudissements)
  • 1:49 - 1:50
    Merci beaucoup.
  • 1:54 - 1:56
    Mais pourtant, je suis là ici,
    devant vous,
  • 1:57 - 2:02
    un TEDx, 18 minutes,
    surtout, il ne faut pas les dépasser.
  • 2:02 - 2:05
    Je peux vous promettre que
    je vais les dépasser. (Il rit.)
  • 2:07 - 2:12
    Comme vous avez pu le lire,
    je suis un ancien athlète.
  • 2:12 - 2:14
    Je faisais du snowboardcross.
  • 2:14 - 2:16
    Le snowboardcross est
    une discipline toute bête.
  • 2:16 - 2:18
    C'est du snowboard.
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    Mais avec un mot en plus qui
    vient foutre le bordel : c'est le cross.
  • 2:22 - 2:25
    On est quatre ou six,
    sur le départ, en même temps,
  • 2:25 - 2:27
    ça dépend des formats de course.
  • 2:27 - 2:31
    Et il faudra arriver dans les premiers
    des huitièmes de finale jusqu'à la finale.
  • 2:32 - 2:35
    En fait, entre le départ et l'arrivée,
  • 2:36 - 2:40
    il y a une cinquantaine d'obstacles :
    des virages relevés, des bosses,
  • 2:40 - 2:41
    des ruptures de pente.
  • 2:41 - 2:46
    Comment est-ce que je me positionne
    face à chacun de ces obstacles ?
  • 2:46 - 2:50
    En gros, comment est-ce que
    je me positionne face à l'adversité ?
  • 2:50 - 2:52
    Est-ce que c'est 50 raisons
    de faire une petite faute ?
  • 2:53 - 2:55
    50 raisons de ne pas être performant ?
  • 2:55 - 2:57
    50 raisons de subir le tracé ?
  • 2:57 - 3:00
    50 raisons de me blesser,
    50 raisons de me tuer ?
  • 3:01 - 3:04
    Ou au contraire, est-ce que
    ce n'est pas plutôt :
  • 3:04 - 3:06
    50 raisons de prendre du plaisir ?
  • 3:06 - 3:08
    50 raisons de m'accélérer ?
  • 3:08 - 3:12
    50 raisons de devenir performant,
    50 raisons d'avoir une vision ?
  • 3:12 - 3:16
    50 raisons de s'inventer un nouveau rêve ?
  • 3:16 - 3:19
    50 raisons de vivre son rêve,
    tout simplement.
  • 3:21 - 3:24
    On est ici sur le départ
    des X Games en 2008.
  • 3:24 - 3:28
    Je suis sur le départ numéro 5,
    j'ai le dossard blanc.
  • 3:28 - 3:32
    Le starter dit : « Attention, 5 secondes »
    et ça peut s'ouvrir n'importe quand.
  • 3:32 - 3:34
    Et donc là, je suis dans le troupeau.
  • 3:35 - 3:37
    Je suis ni devant, ni derrière.
  • 3:37 - 3:41
    Du coup, je décide de laisser de la marge
    aux adversaires pour ne pas être gêné.
  • 3:41 - 3:43
    Il faut que j'emmagasine de la vitesse.
  • 3:43 - 3:46
    Et là, j'arrive sur la phase de plat,
    je suis à l'aspiration,
  • 3:46 - 3:50
    et petit pas après petit pas, je vais
    passer de la 5e place à la 3e place.
  • 3:50 - 3:52
    Je suis en position de chasseur.
  • 3:52 - 3:54
    Devant moi Graham Watanabe l'Américain,
  • 3:54 - 3:57
    c'est l'actuel leader mondial,
    c'est l'homme à battre,
  • 3:57 - 3:58
    c'est ma bête noire.
  • 3:58 - 4:02
    Et quoi qu'il arrive, j'ai un objectif,
    c'est de me faire Graham Watanabe.
  • 4:02 - 4:04
    Et donc je suis dans l'action.
  • 4:04 - 4:06
    On est à 3 000m d'altitude
    à Aspen aux États-Unis.
  • 4:06 - 4:09
    C'est une course très physique,
    mais en même temps, il faut être fin.
  • 4:09 - 4:13
    La difficulté de notre sport, c'est
    qu'il faut être fidèle à sa stratégie
  • 4:13 - 4:16
    et à l'écoute de la conjoncture.
  • 4:16 - 4:20
    La stratégie, c'est être sur la ligne
    la plus rapide du début jusqu'à la fin.
  • 4:20 - 4:23
    La conjoncture, c'est les cinq bourrins
    qui sont autour de moi
  • 4:23 - 4:25
    et qui veulent ma peau.
  • 4:25 - 4:28
    Je suis dans un environnement
    qui change toujours.
  • 4:28 - 4:31
    Mais là, je passe petit à petit
    à la première place.
  • 4:31 - 4:33
    Ce que je vous ai pas dit, c'est que....
  • 4:33 - 4:37
    autant j'adore être un chasseur,
    mais dès que je suis chassé,
  • 4:37 - 4:38
    je perds mes moyens.
  • 4:38 - 4:41
    Des pensées parasites
    commencent à arriver,
  • 4:41 - 4:43
    d'autant que je commence
    à avoir mal aux jambes.
  • 4:43 - 4:45
    Là, je fais une petite faute,
    pas grand-chose,
  • 4:45 - 4:48
    mais je vais passer
    de la 1e à la 5e place.
  • 4:48 - 4:50
    Je suis dans l'action,
  • 4:50 - 4:53
    je me dis que quoi qu'il arrive
    il faut que je ne lâche rien.
  • 4:53 - 4:54
    Je vais pas baisser les bras,
  • 4:54 - 4:57
    je n'ai pas passé l'arrivée
    et je vais encore me battre.
  • 4:57 - 5:01
    Le maillot jaune, il est devant moi,
    et je vais me le faire quoi qu'il arrive.
  • 5:01 - 5:03
    Je reste concentré,
    je respire, je respire.
  • 5:03 - 5:06
    Le dernier saut : 40m de long 8m de haut.
  • 5:07 - 5:09
    Mon adversaire va se faire
    déséquilibrer par le vent,
  • 5:09 - 5:12
    je vais passer la ligne
    d'arrivée en premier.
  • 5:12 - 5:15
    (Applaudissements)
  • 5:15 - 5:18
    Merci beaucoup.
  • 5:18 - 5:20
    Vous savez pourquoi je me tape la tête ?
  • 5:20 - 5:23
    Parce qu'il y a un an, sur cette course,
    j'étais en finale,
  • 5:23 - 5:25
    j'avais gagné les qualifications,
  • 5:25 - 5:29
    j'ai chuté lourdement sur la tête
    et je ressors d'une hémorragie cérébrale.
  • 5:29 - 5:32
    En gros, sur cette course,
    j'avais 50 raisons d'avoir peur.
  • 5:32 - 5:34
    50 raisons de ne pas y aller.
  • 5:34 - 5:37
    Et pourtant, j'ai affronté
    la mort ce jour-là.
  • 5:37 - 5:40
    Et j'ai gagné mon pari.
  • 5:41 - 5:43
    (Applaudissements)
  • 5:43 - 5:44
    Merci.
  • 5:47 - 5:49
    Nous sommes en février 92.
  • 5:49 - 5:52
    Je suis avec mes quatre frères
    et sœurs devant la télé.
  • 5:52 - 5:54
    C'est les JO d'Albertville.
  • 5:54 - 5:56
    Si vous vous en rappelez,
    c'était immanquable à l'époque.
  • 5:56 - 6:00
    Et donc, il était 8 heures moins 2.
  • 6:00 - 6:04
    Chez nous, on a une règle : à 8 heures,
    quand notre mère rentre du boulot,
  • 6:04 - 6:06
    si on n'a pas mis le couvert, on est mort.
  • 6:07 - 6:12
    Et Xavier me dit ce jour-là: « Polo,
    t'as une minute 30 pour mettre le couvert
  • 6:12 - 6:14
    et t'iras aux Jeux Olympiques. »
  • 6:14 - 6:17
    Et donc, moi j'adore les défis, je mets
    le couvert en moins d'une minute 30.
  • 6:17 - 6:20
    Je vais aux Jeux Olympiques, lui aussi.
  • 6:20 - 6:26
    Le lendemain, il me dit : « Polo, 45
    secondes et tu seras médaillé olympique. »
  • 6:27 - 6:29
    Chanmé ! OK.
  • 6:29 - 6:32
    Mais, J'avais anticipé son défi
    parce que je le connais
  • 6:32 - 6:36
    et j'ai beau être jeune, en amont,
    j'avais déjà rempli la carafe d'eau,
  • 6:36 - 6:39
    j'avais rapproché le pain, mis les verres
    et couverts sur les assiettes.
  • 6:40 - 6:42
    J'ai mis le couvert
    en moins de 45 secondes.
  • 6:42 - 6:44
    Et je suis devenu médaillé olympique.
  • 6:44 - 6:46
    Et pas lui.
  • 6:46 - 6:48
    (Rires) (Applaudissements)
  • 6:50 - 6:52
    Merci.
  • 6:52 - 6:55
    Est-ce que vous savez pourquoi
    il a les boules encore aujourd'hui ?
  • 6:56 - 6:59
    Parce qu'il a jamais mis le couvert
    en moins de 45 secondes.
  • 6:59 - 6:59
    (Rires)
  • 7:00 - 7:01
    C'est ma pensée magique.
  • 7:02 - 7:05
    La pensée magique,
    c'est mon premier outil, ma première clé.
  • 7:05 - 7:09
    La pensée magique, c'est celle
    qui vous conditionne,
  • 7:09 - 7:11
    c'est celle qui vous porte,
  • 7:11 - 7:15
    qui vous permet de toujours
    vous rappeler qui vous êtes.
  • 7:16 - 7:19
    Petit pas après petit pas, je grandis.
  • 7:20 - 7:23
    Je suis en finale de mon premier
    championnat du monde junior.
  • 7:23 - 7:25
    Je suis 2e juste avant le dernier saut.
  • 7:25 - 7:27
    On arrive avec de la vitesse
    et au lieu d'amortir le saut,
  • 7:27 - 7:30
    tellement heureux d'être
    vice-champion du monde junior,
  • 7:30 - 7:32
    je mets une impulsion,
    j'attrape ma planche,
  • 7:32 - 7:34
    je fais une figure.
  • 7:34 - 7:35
    J'avais le « style ».
  • 7:35 - 7:36
    C'est ce qu'on disait à l'époque.
  • 7:36 - 7:38
    J'avais trop la classe.
  • 7:38 - 7:40
    Je me rappelle avoir
    regardé mon ombre en l'air.
  • 7:40 - 7:43
    Pas de bol, j'ai réceptionné trop loin
    je pose les fesses
  • 7:43 - 7:45
    et je passe la ligne d'arrivée 3e.
  • 7:46 - 7:47
    Bon, troisième, c'est pas grave.
  • 7:47 - 7:50
    J'ai ma planche, j'attends
    pour monter sur le podium.
  • 7:50 - 7:51
    Et personne ne m'appelle.
  • 7:51 - 7:53
    Un journaliste vient et me dit :
  • 7:53 - 7:57
    « Non Polo, en fait tu n'es pas 3e
    t'es 4e, t'étais 5 cm derrière le 3e. »
  • 7:57 - 8:01
    Et là... pouf, gros sentiment de désarroi,
  • 8:01 - 8:06
    d'injustice, de colère,
    de tristesse, il y avait tout.
  • 8:06 - 8:09
    Et en fait, vous savez
    ce qu'il s'est passé ?
  • 8:10 - 8:14
    Juste avant cette bosse,
    j'étais heureux, j'étais dans la joie.
  • 8:14 - 8:17
    Mais je n'ai pas pu identifier
    cette émotion de manière assez fine
  • 8:17 - 8:20
    et je n'ai pas été capable
    de la maîtriser.
  • 8:20 - 8:22
    Cette joie s'est transformée en euphorie,
  • 8:22 - 8:25
    et l'euphorie a engendré
    un comportement destructeur.
  • 8:25 - 8:29
    En gros, au lieu de regarder l'objectif,
  • 8:29 - 8:31
    d'être pleinement
    dans ce que j'avais à faire,
  • 8:31 - 8:33
    pour atteindre mon résultat,
  • 8:33 - 8:36
    eh bien, j'ai préféré
    me regarder le nombril.
  • 8:38 - 8:41
    En rentrant chez moi,
    je croise mon cousin Nicolas
  • 8:41 - 8:44
    qui a 8 ans de plus que moi,
    le philosophe de la famille.
  • 8:44 - 8:46
    Il me dit : « Polo, baisse pas les bras,
  • 8:46 - 8:49
    tu sais très bien que l'échec
    fait partie de la construction.
  • 8:49 - 8:52
    Ce n'est pas moi
    qui vais te l'apprendre. »
  • 8:52 - 8:54
    Et donc, il me cite Oscar Wilde :
  • 8:54 - 8:56
    « Dans la vie, il faut toujours
    viser la Lune
  • 8:56 - 8:59
    car même en cas d'échec,
    tu atterriras dans les étoiles. »
  • 8:59 - 9:03
    OK, très bien, donc, ça veut dire quoi ?
  • 9:03 - 9:06
    « Ben, c'est évident Polo.
  • 9:06 - 9:09
    Fixe-toi des objectifs extrêmement hauts
  • 9:09 - 9:11
    et tant que tu es dans des
    comportements constructifs,
  • 9:12 - 9:15
    même si tu n'atteins pas
    ni ton objectif ni la Lune,
  • 9:15 - 9:17
    tu iras peut-être encore plus loin. »
  • 9:17 - 9:19
    Moi, ce n'est pas vraiment
    ce que j'ai compris.
  • 9:19 - 9:22
    Ce que j'ai compris : pour atteindre
    la Lune, il faut viser les étoiles.
  • 9:22 - 9:26
    Donc, vise le plus haut possible,
    et tu auras fait des choses incroyables.
  • 9:26 - 9:28
    Donc mon rêve, c'est quoi ?
  • 9:28 - 9:30
    C'est d'être snowboarder professionnel.
  • 9:30 - 9:33
    Et pour être snowboarder professionnel,
  • 9:33 - 9:36
    je me convaincs qu'il faut que je sois
    champion olympique.
  • 9:36 - 9:39
    Pour atteindre la Lune,
    il faut viser les étoiles.
  • 9:39 - 9:44
    C'est la pensée motivante qui m'a habité
    tout au long de ma carrière sportive,
  • 9:44 - 9:47
    qui m'a tiré, tellement souvent.
  • 9:48 - 9:52
    Petit pas après petit pas,
    j'arrive en finale des Jeux Olympiques.
  • 9:53 - 9:55
    À trois minutes du départ,
  • 9:55 - 9:57
    je vais voir mes adversaires,
    je les prends dans mes bras
  • 9:57 - 10:00
    et je leur dis : « Putain, les mecs,
    on vit notre rêve.
  • 10:00 - 10:02
    Savourons cet instant. »
  • 10:02 - 10:06
    On part dans la course,
    le départ est lancé.
  • 10:06 - 10:08
    Je suis tout à gauche.
  • 10:09 - 10:12
    Je ne suis pas habituellement
    un super starter.
  • 10:13 - 10:16
    Et donc, là je pars, je me dis :
    « Oh mon dieu c'est la finale ! »
  • 10:16 - 10:19
    et j'amortis mal ce premier saut.
  • 10:19 - 10:21
    Du coup, je perds une vitesse,
    c'est très stratégique.
  • 10:22 - 10:25
    Je sens l'Espagnol Jordi Font
    qui est 4e me revenir dessus.
  • 10:25 - 10:27
    Jordi a toujours des trajectoires
    intérieures.
  • 10:27 - 10:31
    Et moi je me dis : « OK, d'abord tu vas
    déstabiliser Jordi
  • 10:31 - 10:34
    en l'obligeant à aller à l'extérieur,
    et ensuite tu te feras les autres. »
  • 10:34 - 10:37
    Manque de bol,
    je l'ai tellement déstabilisé
  • 10:38 - 10:41
    qu'il est monté sur ma planche,
    on est tombés tous les deux.
  • 10:42 - 10:46
    Heureusement pour moi, je me relève
    devant lui et je termine 3e.
  • 10:46 - 10:49
    Je termine médaillé olympique.
  • 10:50 - 10:53
    Cette médaille va changer
    beaucoup de choses pour moi.
  • 10:54 - 10:56
    Et elle va surtout changer une chose :
  • 10:56 - 10:59
    le regard de la totalité de mon
    entourage proche ou lointain.
  • 10:59 - 11:01
    Les gens ne me voient plus pareil.
  • 11:01 - 11:05
    Je passe de l'outsider au seul médaillé
    olympique du snowboard français.
  • 11:06 - 11:10
    Quatre ans plus tard, j'arrive donc sur
    ces nouveaux Jeux Olympiques de Vancouver
  • 11:10 - 11:15
    en 2010 avec un nouveau statut
    et avec une nouvelle peur.
  • 11:16 - 11:20
    Je n'ai pas été capable d'identifier
    cette peur qui était centrale.
  • 11:20 - 11:23
    C'était la peur de perdre mon statut
    de médaillé olympique,
  • 11:23 - 11:26
    qui revient à la peur de ne plus exister.
  • 11:26 - 11:29
    Je ne l'ai pas regardée dans les yeux,
    je ne l'ai pas maîtrisée.
  • 11:29 - 11:33
    C'est comme ça que je suis passé
    de la 3e place à la 25e place.
  • 11:34 - 11:36
    Après une énorme remise en question,
  • 11:36 - 11:41
    un gros travail sur mes faiblesses
    tant sur le plan physique que technique,
  • 11:43 - 11:46
    je remonte les marches
    les unes après les autres.
  • 11:47 - 11:50
    J'arrive en 2014, je fais à nouveau
    partie du top 10 mondial.
  • 11:50 - 11:55
    Et manque de bol, 35 jours avant
    les Jeux Olympiques, c'est l'accident.
  • 11:56 - 11:58
    C'est la conjoncture qui vient
    me frapper de plein fouet.
  • 11:58 - 12:02
    Donc je suis dans l'action,
    tout va bien, je suis dossard jaune.
  • 12:02 - 12:07
    Et un Italien vient toucher ma planche
    encore une fois sur le sommet de la bosse
  • 12:07 - 12:13
    et je tombe de trois mètres de haut
    sur la tête, sur le plat, sur la glace.
  • 12:13 - 12:16
    En gros, je suis dans l'action
    je me dis : « Ouh merde, pas bon. »
  • 12:17 - 12:19
    Je ferme les yeux, j'ouvre les yeux
  • 12:20 - 12:23
    et j'entends un « bip bip » derrière moi.
  • 12:23 - 12:25
    J'ai des menottes et des tuyaux partout
  • 12:25 - 12:28
    et le neurochirurgien qui vient me voir.
  • 12:28 - 12:32
    « État des lieux : OK, triple fracture
    du plancher orbital, œdème pulmonaire.
  • 12:32 - 12:34
    Vous allez cracher du sang
    pendant 3 semaines,
  • 12:34 - 12:37
    vous ne contrôlerez pas vos yeux
    pendant un moment,
  • 12:37 - 12:40
    et c'est surtout vos maux de tête,
    votre concentration. »
  • 12:40 - 12:42
    Bon bref, j'en passe ;
    en gros, c'était la merde.
  • 12:43 - 12:46
    Et donc, là, je le regarde
  • 12:46 - 12:50
    et puis je me répète dans ma tête
    de manière instinctive :
  • 12:51 - 12:54
    « Pour atteindre la Lune,
    il faut viser les étoiles. »
  • 12:54 - 12:55
    C'est ma pensée motivante.
  • 12:55 - 12:59
    Et je lui dis : « Très bien docteur,
    ai-je une hémorragie cérébrale ? »
  • 12:59 - 13:01
    Il me dit que non.
  • 13:01 - 13:04
    Je lui dis : « Très bien mais soyez bon,
    car dans 34 jours, il y a les JO.
  • 13:04 - 13:06
    Il faut que vous me remettiez sur pieds. »
  • 13:06 - 13:11
    Et donc, il part, je l'entends
    glousser dans le couloir.
  • 13:11 - 13:14
    Mais moi j'ai une toute petite fenêtre
    et il faut que je la saisisse.
  • 13:14 - 13:16
    Je vais mettre toutes les chances
    de mon côté.
  • 13:16 - 13:18
    C'est l'élaboration de la stratégie.
  • 13:18 - 13:21
    Quels sont mes forces, mes faiblesses,
    mon environnement actuel ?
  • 13:21 - 13:24
    Mon objectif précis, je sais ce que c'est.
  • 13:24 - 13:27
    Pendant 10 jours, je vais dormir
    18 heures par jour.
  • 13:27 - 13:29
    Je vais m'entourer des meilleurs,
  • 13:29 - 13:32
    aller à Cap Breton au CERS,
    au meilleur centre de rééducation.
  • 13:32 - 13:35
    Je connais ces gens,
    j'ai l'habitude de travailler avec eux.
  • 13:35 - 13:40
    Mais il y a une angoisse qui me tétanise
    et qui m'habite sans cesse.
  • 13:40 - 13:43
    C'est : est-ce que je serai
    prêt le jour J ?
  • 13:43 - 13:47
    Je ne sais pas, pour vous tous,
    vous avez déjà tous géré
  • 13:47 - 13:49
    ou en tout cas organisé des projets.
  • 13:49 - 13:51
    À chaque fois, on se pose la question :
  • 13:51 - 13:54
    « Est-ce que ce que je fais
    est la meilleure des solutions ?
  • 13:54 - 13:56
    Est-ce cela qu'il faut que je fasse ? »
  • 13:56 - 13:58
    Et en fait, vous vous dites plutôt :
  • 13:58 - 14:00
    « Est-ce que je serai vraiment prêt ? »
  • 14:00 - 14:03
    Un ancien entraineur
    est venu me voir et m'a dit :
  • 14:03 - 14:05
    « Polo, remets le doute à sa place.
  • 14:05 - 14:08
    Tu as assez douté durant ta stratégie
    et tu sais ce que tu dois faire.
  • 14:08 - 14:10
    Maintenant, sois dans l'instant présent.
  • 14:10 - 14:14
    Savoir si tu seras prêt ? Tu te poseras
    la question en temps et en heure,
  • 14:14 - 14:15
    la veille de la compétition. »
  • 14:15 - 14:17
    Et donc à partir du moment
    où il me dit ça,
  • 14:17 - 14:21
    mes épaules descendent de 10 cm.
  • 14:21 - 14:23
    Je suis beaucoup plus serein,
    et je suis dans l'instant.
  • 14:23 - 14:26
    J'avance micro pas après micro pas.
  • 14:26 - 14:29
    Quand je dois faire mes tractions,
    je fais mes tractions.
  • 14:29 - 14:32
    Quand je dois faire mes étirements,
    je les fais et je les fais bien.
  • 14:32 - 14:36
    La veille de la course, j'arrive devant
    mon docteur et mon entraineur,
  • 14:36 - 14:38
    et c'est l'état des lieux :
  • 14:38 - 14:39
    neurologiquement, ça passe,
  • 14:39 - 14:42
    mais si jamais tu te blesses,
    tu sais que ça peut t'être fatal.
  • 14:43 - 14:45
    Et donc mon entraineur me dit :
    « Pas question. »
  • 14:45 - 14:48
    Personne ne voulait prendre
    la responsabilité que je parte.
  • 14:48 - 14:52
    Et donc en fait, les écouter,
    c'était encore 50 raisons d'avoir peur.
  • 14:53 - 14:55
    Si on m'avait dit formellement :
    « Non, tu n'y vas pas »,
  • 14:55 - 14:57
    je n'y serais pas allé.
  • 14:57 - 15:00
    Mais j'étais capable d'être fidèle
    à une stratégie
  • 15:00 - 15:02
    tout en étant à l'écoute
    de la conjoncture.
  • 15:02 - 15:04
    Je l'avais déjà démontré dans le passé.
  • 15:04 - 15:07
    Et je savais que j'allais
    le montrer encore une fois.
  • 15:08 - 15:10
    Du coup, mon entraineur me dit :
  • 15:10 - 15:15
    « OK, mais si tu fais la moindre faute
    entre les entrainements et la demi-finale,
  • 15:15 - 15:16
    je te sors. »
  • 15:16 - 15:20
    Très bien, donc du coup,
    petit pas après petit pas,
  • 15:20 - 15:23
    je suis en finale. Je suis contre
    les 5 meilleurs mondiaux.
  • 15:23 - 15:24
    Pour eux la course commence,
  • 15:24 - 15:28
    et moi je suis assis, j'ai plus d'énergie,
    j'ai la tête qui tourne,
  • 15:28 - 15:31
    je suis au bout de ma vie,
    mais ça va quand même.
  • 15:33 - 15:35
    On est en finale olympique , allez !
  • 15:35 - 15:38
    Je suis le plus éloigné
    de la ligne la plus rapide.
  • 15:38 - 15:41
    Je n'ai aucune chance d'être devant
    donc je suis dans le troupeau.
  • 15:41 - 15:44
    Je respecte un minimum de distance
    entre mes adversaires et moi,
  • 15:44 - 15:46
    je ne fais rien d'idiot,
    je suis bien concentré.
  • 15:46 - 15:48
    Je laisse glisser ma planche.
  • 15:48 - 15:49
    Je suis quatrième.
  • 15:49 - 15:53
    Vous savez que dans ma préparation,
    je n'ai pas pu travailler physiquement
  • 15:53 - 15:56
    sur le plan de la force,
    ni sur l'endurance, ni sur l'explosivité.
  • 15:56 - 15:58
    Mais j'avais une vraie force.
  • 15:58 - 16:01
    C'était ma proprioception,
    une finesse musculaire.
  • 16:01 - 16:05
    Et donc c'est ce que j'arrivais à faire
    entre le 2e virage et le 3e virage, ici.
  • 16:06 - 16:09
    À chaque run, j'ai réussi à redoubler
    mes adversaires.
  • 16:09 - 16:11
    Je passe de quatrième à troisième.
  • 16:11 - 16:14
    Et je me dis: « Oh mon dieu,
    Polo, tu revis Turin,
  • 16:14 - 16:15
    Oh mon dieu, c'est maintenant.
  • 16:15 - 16:18
    Non Polo, te laisse pas déconcentrer.
  • 16:18 - 16:20
    T'as le Russe devant toi,
    tu vas te le faire.
  • 16:20 - 16:22
    Tu vas faire la première place
    avec Pierrette.
  • 16:22 - 16:24
    Allez, prends la trajectoire extérieure,
  • 16:24 - 16:26
    Souffle, souffle,
    surtout, mets-toi à l'aspiration.
  • 16:26 - 16:29
    Joue, non, mais allez Polo,
    t'es en finale.
  • 16:29 - 16:32
    Non, non, non enlève
    cette pensée parasite.
  • 16:32 - 16:34
    Continue, continue, bats-toi. »
  • 16:34 - 16:38
    Là, je suis dans les rollers,
    Et attention, c'est maintenant.
  • 16:39 - 16:42
    (Rires) (Applaudissements)
  • 16:48 - 16:51
    Est-ce que vous savez ce qu'il se passe
    à ce moment précis ?
  • 16:52 - 16:56
    Je suis en l'air, et c'est la lutte
    entre le conscient et l'inconscient.
  • 16:56 - 16:59
    L'inconscient qui dit : « Vas-y Polo,
    t'es un dingue, tu vas te le faire. »
  • 17:00 - 17:03
    Et à côté : « Mais ouais, t'as pas envie
    de crever quand même. »
  • 17:03 - 17:04
    (Rires)
  • 17:04 - 17:06
    C'est bon tu peux relancer.
  • 17:07 - 17:11
    Et donc j'absorbe mal mon saut,
    et je fais une petite faute.
  • 17:12 - 17:15
    Je me retrouve de 3e à 4e.
  • 17:15 - 17:18
    Je serre les dents, et je me dis :
    « Oh putain, j'en peux plus !
  • 17:18 - 17:20
    Allez , glisse et sois concentré. »
  • 17:20 - 17:22
    Regardez ma position en l'air :
  • 17:22 - 17:25
    je suis tout tendu, j'ai plus de jus
    et je dois tomber sur mes pieds.
  • 17:25 - 17:28
    Je franchis la ligne, et je me dis
    « Pierrette a gagné,
  • 17:28 - 17:30
    et moi je suis allé
    le plus loin possible. »
  • 17:30 - 17:33
    Je suis tellement content pour mon pote.
  • 17:34 - 17:37
    Vous savez, notre sport peut
    paraître aléatoire, mais finalement,
  • 17:37 - 17:39
    il n'est pas si aléatoire que ça.
  • 17:40 - 17:42
    En trois Olympiades, j'en ai réussi deux.
  • 17:42 - 17:45
    Même si la deuxième fois, je ne suis pas
    médaillé olympique.
  • 17:45 - 17:47
    Par contre dans mon travail
    d'introspection,
  • 17:47 - 17:51
    vous vous rappelez, la pensée motivante
    qui m'a tiré si souvent ?
  • 17:51 - 17:53
    C'était ma résilience.
  • 17:53 - 17:55
    C'était également une pensée limitante.
  • 17:55 - 17:58
    Je me suis rendu compte que
    deux fois dans ma vie,
  • 17:58 - 18:02
    j'étais à deux doigts de me battre
    pour le titre de champion olympique,
  • 18:02 - 18:05
    et deux fois dans ma vie, j'ai renoncé
    avant même d'avoir essayé.
  • 18:06 - 18:08
    Pour atteindre la Lune,
    il faut viser les étoiles.
  • 18:08 - 18:12
    À trop relativiser vos objectifs,
    finalement, vous acceptez l'échec.
  • 18:12 - 18:16
    Et en en discutant autour de moi,
    tous les gens qui ont identifié
  • 18:16 - 18:21
    leur pensée motivante ont tous
    dans celle-ci une pensée limitante.
  • 18:21 - 18:25
    Donc, quelle est la première
    de vos pensées motivantes
  • 18:25 - 18:27
    qui vous a amené jusqu'à
    aujourd'hui, jusqu'ici ?
  • 18:28 - 18:31
    Et quelle est la pensée limitante
    qui se cache derrière elle ?
  • 18:32 - 18:34
    J'ai donc trois clés.
  • 18:35 - 18:38
    La première, c'est la pensée magique.
  • 18:39 - 18:42
    La pensée magique est celle
    qui vous conditionne.
  • 18:43 - 18:46
    C'est celle qui vous porte
    et qui vous rappelle qui vous êtes.
  • 18:46 - 18:50
    La deuxième clé,
    c'est la pensée motivante.
  • 18:51 - 18:54
    C'est celle qui vous tire,
    du plus profond des abysses,
  • 18:54 - 18:57
    qui vous remet en action,
    qui vous donne de l'énergie,
  • 18:57 - 19:01
    qui vous permet de ne jamais oublier
    où est-ce que vous allez.
  • 19:01 - 19:06
    Et enfin, la troisième de mes clés :
    eh bien, l'instant présent,
  • 19:06 - 19:10
    qui vous ancre, ici et maintenant,
  • 19:10 - 19:12
    qui vous permet de vivre
    pleinement votre vie,
  • 19:12 - 19:17
    qui vous permet de ne pas réfléchir
    à la peur de la peur de demain.
  • 19:19 - 19:23
    Vous savez, quand j'étais enfant,
    le monde pour moi était magique.
  • 19:24 - 19:27
    Aujourd'hui il est encore
    plus que magique.
  • 19:27 - 19:29
    Je suis père de deux enfants, je m'éclate.
  • 19:30 - 19:32
    Vous savez pourquoi ?
  • 19:32 - 19:37
    Parce que je n'ai jamais renoncé
    à ma capacité à vivre mes rêves.
  • 19:38 - 19:42
    Hier, comme aujourd'hui, comme demain.
  • 19:42 - 19:44
    C'est ce qui me définit,
    c'est mon identité.
  • 19:45 - 19:48
    Et vous, quels sont vos rêves ?
  • 19:49 - 19:51
    Merci beaucoup.
  • 19:51 - 19:55
    (Applaudissements).
Title:
Dépasser ses peurs, c'est oser être soi-même | Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes
Description:

Dépasser ses peurs, c'est oser être soi-même. Être moi-même, c'est ce que j'ai essayé de faire toute ma vie. Les 3 clés m'ayant le plus aidé ? La pensée magique, celle qui me porte ; je pose mon intention. La pensée motivante, celle qui me tire ; j'irai jusqu'au bout ! Enfin, l'instant présent : c'est ici et maintenant que je commence à vivre mon rêve !

Quelle que soit la difficulté, elle peut tous nous tétaniser. Quelle que soit notre force, le mur peut nous faire peur. Paul-Henri de Le Rue, médaillé olympique de Snowboardcross par le biais de sa carrière de sportif de haut niveau nous fait vivre avec passion, simplicité et humour, ses expériences qui auraient pu le bloquer mais qu’il a su dépasser. Il décortique avec pédagogie et joie de vivre le chemin complexe des émotions qu’il faut savoir gérer pour aller au succès.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
20:09

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