WEBVTT 00:00:19.091 --> 00:00:22.071 J'ai une émotion qui me fascine : 00:00:22.334 --> 00:00:24.074 c'est la peur. 00:00:26.095 --> 00:00:30.865 Comment transformer nos peurs en moteur plutôt qu'en freins ? 00:00:32.089 --> 00:00:37.839 Pour moi, dépasser ses peurs, c'est oser être soi-même. 00:00:38.713 --> 00:00:43.313 Être moi-même, c'est un peu ce que j'ai essayé de faire toute ma vie. 00:00:43.899 --> 00:00:46.694 Je vais donc vous proposer trois clés. 00:00:46.959 --> 00:00:51.926 Trois clés qui m'ont permis à moi, de vivre mes rêves de gosse. 00:00:53.612 --> 00:00:57.612 Très jeune, j'ai compris de manière intuitive que pour être heureux, 00:00:57.963 --> 00:01:02.473 pour être épanoui, je devais pouvoir dépasser mes peurs au quotidien. 00:01:03.490 --> 00:01:07.210 À l'époque, j'avais deux peurs naturelles, après la mort. 00:01:07.210 --> 00:01:09.157 L'une d'entre elles était le vertige. 00:01:09.858 --> 00:01:13.291 Pour dépasser cette peur du vide, il a fallu que je commence par la base, 00:01:13.291 --> 00:01:14.682 à l'âge de 6 ans. 00:01:14.718 --> 00:01:17.552 J'ai d'abord appris à sauter depuis le rebord de la piscine. 00:01:18.132 --> 00:01:20.388 Une fois que j'ai bien maîtrisé les techniques, 00:01:20.711 --> 00:01:22.861 que j'ai été capable de faire de jolis sauts, 00:01:23.281 --> 00:01:27.516 je me suis élancé sur le plongeoir de un mètre, puis de 3 mètres, puis de 5 mètres. 00:01:27.989 --> 00:01:31.429 À 18 ans, je sautais de 23 mètres de haut dans les Gorges du Verdon. 00:01:31.670 --> 00:01:34.180 À 20 ans, je sautais depuis 4 500 mètres de haut, 00:01:34.680 --> 00:01:36.882 depuis la fenêtre d'un avion, en chute libre. 00:01:37.602 --> 00:01:41.064 Et aujourd'hui, c'est un peu comme si je sautais depuis la Lune : 00:01:41.574 --> 00:01:45.724 parce que la première de mes peurs, c'est la prise de parole en public. 00:01:46.509 --> 00:01:48.969 (Applaudissements) 00:01:48.969 --> 00:01:50.239 Merci beaucoup. 00:01:54.444 --> 00:01:56.464 Mais pourtant, je suis là ici, devant vous, 00:01:56.784 --> 00:02:01.584 un TEDx, 18 minutes, surtout, il ne faut pas les dépasser. 00:02:01.584 --> 00:02:04.739 Je peux vous promettre que je vais les dépasser. (Il rit.) 00:02:07.133 --> 00:02:11.803 Comme vous avez pu le lire, je suis un ancien athlète. 00:02:11.803 --> 00:02:13.767 Je faisais du snowboardcross. 00:02:13.917 --> 00:02:16.168 Le snowboardcross est une discipline toute bête. 00:02:16.168 --> 00:02:17.689 C'est du snowboard. 00:02:17.689 --> 00:02:21.118 Mais avec un mot en plus qui vient foutre le bordel : c'est le cross. 00:02:21.548 --> 00:02:24.788 On est quatre ou six, sur le départ, en même temps, 00:02:24.788 --> 00:02:26.878 ça dépend des formats de course. 00:02:26.882 --> 00:02:31.079 Et il faudra arriver dans les premiers des huitièmes de finale jusqu'à la finale. 00:02:31.809 --> 00:02:34.749 En fait, entre le départ et l'arrivée, 00:02:36.159 --> 00:02:39.729 il y a une cinquantaine d'obstacles : des virages relevés, des bosses, 00:02:39.729 --> 00:02:41.229 des ruptures de pente. 00:02:41.229 --> 00:02:45.779 Comment est-ce que je me positionne face à chacun de ces obstacles ? 00:02:46.454 --> 00:02:49.544 En gros, comment est-ce que je me positionne face à l'adversité ? 00:02:49.544 --> 00:02:52.484 Est-ce que c'est 50 raisons de faire une petite faute ? 00:02:52.726 --> 00:02:54.831 50 raisons de ne pas être performant ? 00:02:54.831 --> 00:02:57.479 50 raisons de subir le tracé ? 00:02:57.479 --> 00:03:00.468 50 raisons de me blesser, 50 raisons de me tuer ? 00:03:01.095 --> 00:03:04.075 Ou au contraire, est-ce que ce n'est pas plutôt : 00:03:04.075 --> 00:03:05.736 50 raisons de prendre du plaisir ? 00:03:05.736 --> 00:03:07.582 50 raisons de m'accélérer ? 00:03:07.582 --> 00:03:12.282 50 raisons de devenir performant, 50 raisons d'avoir une vision ? 00:03:12.340 --> 00:03:16.140 50 raisons de s'inventer un nouveau rêve ? 00:03:16.341 --> 00:03:19.106 50 raisons de vivre son rêve, tout simplement. 00:03:20.751 --> 00:03:23.555 On est ici sur le départ des X Games en 2008. 00:03:23.555 --> 00:03:28.481 Je suis sur le départ numéro 5, j'ai le dossard blanc. 00:03:28.481 --> 00:03:32.196 Le starter dit : « Attention, 5 secondes » et ça peut s'ouvrir n'importe quand. 00:03:32.196 --> 00:03:34.396 Et donc là, je suis dans le troupeau. 00:03:34.681 --> 00:03:36.572 Je suis ni devant, ni derrière. 00:03:36.572 --> 00:03:40.871 Du coup, je décide de laisser de la marge aux adversaires pour ne pas être gêné. 00:03:41.081 --> 00:03:43.109 Il faut que j'emmagasine de la vitesse. 00:03:43.113 --> 00:03:45.973 Et là, j'arrive sur la phase de plat, je suis à l'aspiration, 00:03:45.981 --> 00:03:50.161 et petit pas après petit pas, je vais passer de la 5e place à la 3e place. 00:03:50.167 --> 00:03:52.047 Je suis en position de chasseur. 00:03:52.047 --> 00:03:54.057 Devant moi Graham Watanabe l'Américain, 00:03:54.057 --> 00:03:57.218 c'est l'actuel leader mondial, c'est l'homme à battre, 00:03:57.218 --> 00:03:58.223 c'est ma bête noire. 00:03:58.223 --> 00:04:02.118 Et quoi qu'il arrive, j'ai un objectif, c'est de me faire Graham Watanabe. 00:04:02.118 --> 00:04:03.588 Et donc je suis dans l'action. 00:04:03.588 --> 00:04:05.928 On est à 3 000m d'altitude à Aspen aux États-Unis. 00:04:05.928 --> 00:04:09.298 C'est une course très physique, mais en même temps, il faut être fin. 00:04:09.298 --> 00:04:13.298 La difficulté de notre sport, c'est qu'il faut être fidèle à sa stratégie 00:04:13.298 --> 00:04:15.656 et à l'écoute de la conjoncture. 00:04:15.656 --> 00:04:19.546 La stratégie, c'est être sur la ligne la plus rapide du début jusqu'à la fin. 00:04:19.546 --> 00:04:23.016 La conjoncture, c'est les cinq bourrins qui sont autour de moi 00:04:23.016 --> 00:04:24.702 et qui veulent ma peau. 00:04:25.182 --> 00:04:27.833 Je suis dans un environnement qui change toujours. 00:04:27.833 --> 00:04:30.561 Mais là, je passe petit à petit à la première place. 00:04:30.823 --> 00:04:33.243 Ce que je vous ai pas dit, c'est que.... 00:04:33.243 --> 00:04:36.893 autant j'adore être un chasseur, mais dès que je suis chassé, 00:04:36.893 --> 00:04:38.473 je perds mes moyens. 00:04:38.473 --> 00:04:40.573 Des pensées parasites commencent à arriver, 00:04:40.573 --> 00:04:43.113 d'autant que je commence à avoir mal aux jambes. 00:04:43.113 --> 00:04:45.463 Là, je fais une petite faute, pas grand-chose, 00:04:45.463 --> 00:04:48.463 mais je vais passer de la 1e à la 5e place. 00:04:48.463 --> 00:04:49.813 Je suis dans l'action, 00:04:49.813 --> 00:04:52.723 je me dis que quoi qu'il arrive il faut que je ne lâche rien. 00:04:52.723 --> 00:04:54.273 Je vais pas baisser les bras, 00:04:54.273 --> 00:04:57.000 je n'ai pas passé l'arrivée et je vais encore me battre. 00:04:57.000 --> 00:05:01.102 Le maillot jaune, il est devant moi, et je vais me le faire quoi qu'il arrive. 00:05:01.112 --> 00:05:03.197 Je reste concentré, je respire, je respire. 00:05:03.197 --> 00:05:05.987 Le dernier saut : 40m de long 8m de haut. 00:05:06.677 --> 00:05:09.226 Mon adversaire va se faire déséquilibrer par le vent, 00:05:09.376 --> 00:05:11.816 je vais passer la ligne d'arrivée en premier. 00:05:11.816 --> 00:05:14.946 (Applaudissements) 00:05:15.162 --> 00:05:17.922 Merci beaucoup. 00:05:17.922 --> 00:05:19.959 Vous savez pourquoi je me tape la tête ? 00:05:19.959 --> 00:05:23.166 Parce qu'il y a un an, sur cette course, j'étais en finale, 00:05:23.166 --> 00:05:25.026 j'avais gagné les qualifications, 00:05:25.026 --> 00:05:28.856 j'ai chuté lourdement sur la tête et je ressors d'une hémorragie cérébrale. 00:05:28.856 --> 00:05:32.056 En gros, sur cette course, j'avais 50 raisons d'avoir peur. 00:05:32.056 --> 00:05:33.841 50 raisons de ne pas y aller. 00:05:34.098 --> 00:05:37.058 Et pourtant, j'ai affronté la mort ce jour-là. 00:05:37.418 --> 00:05:39.748 Et j'ai gagné mon pari. 00:05:41.038 --> 00:05:43.138 (Applaudissements) 00:05:43.138 --> 00:05:44.138 Merci. 00:05:46.991 --> 00:05:48.991 Nous sommes en février 92. 00:05:49.351 --> 00:05:51.991 Je suis avec mes quatre frères et sœurs devant la télé. 00:05:51.991 --> 00:05:53.692 C'est les JO d'Albertville. 00:05:53.692 --> 00:05:56.414 Si vous vous en rappelez, c'était immanquable à l'époque. 00:05:56.414 --> 00:06:00.014 Et donc, il était 8 heures moins 2. 00:06:00.014 --> 00:06:03.734 Chez nous, on a une règle : à 8 heures, quand notre mère rentre du boulot, 00:06:03.734 --> 00:06:06.078 si on n'a pas mis le couvert, on est mort. 00:06:06.528 --> 00:06:11.676 Et Xavier me dit ce jour-là: « Polo, t'as une minute 30 pour mettre le couvert 00:06:11.676 --> 00:06:13.604 et t'iras aux Jeux Olympiques. » 00:06:13.604 --> 00:06:17.374 Et donc, moi j'adore les défis, je mets le couvert en moins d'une minute 30. 00:06:17.374 --> 00:06:19.634 Je vais aux Jeux Olympiques, lui aussi. 00:06:19.634 --> 00:06:25.802 Le lendemain, il me dit : « Polo, 45 secondes et tu seras médaillé olympique. » 00:06:27.248 --> 00:06:29.498 Chanmé ! OK. 00:06:29.498 --> 00:06:32.238 Mais, J'avais anticipé son défi parce que je le connais 00:06:32.238 --> 00:06:35.618 et j'ai beau être jeune, en amont, j'avais déjà rempli la carafe d'eau, 00:06:35.618 --> 00:06:39.048 j'avais rapproché le pain, mis les verres et couverts sur les assiettes. 00:06:39.598 --> 00:06:41.668 J'ai mis le couvert en moins de 45 secondes. 00:06:41.928 --> 00:06:44.478 Et je suis devenu médaillé olympique. 00:06:44.478 --> 00:06:45.522 Et pas lui. 00:06:45.562 --> 00:06:47.702 (Rires) (Applaudissements) 00:06:50.462 --> 00:06:51.571 Merci. 00:06:51.571 --> 00:06:54.841 Est-ce que vous savez pourquoi il a les boules encore aujourd'hui ? 00:06:55.731 --> 00:06:58.591 Parce qu'il a jamais mis le couvert en moins de 45 secondes. 00:06:58.591 --> 00:06:59.461 (Rires) 00:06:59.531 --> 00:07:01.131 C'est ma pensée magique. 00:07:01.621 --> 00:07:05.348 La pensée magique, c'est mon premier outil, ma première clé. 00:07:05.348 --> 00:07:08.708 La pensée magique, c'est celle qui vous conditionne, 00:07:09.348 --> 00:07:11.108 c'est celle qui vous porte, 00:07:11.458 --> 00:07:14.558 qui vous permet de toujours vous rappeler qui vous êtes. 00:07:16.463 --> 00:07:19.393 Petit pas après petit pas, je grandis. 00:07:19.903 --> 00:07:22.773 Je suis en finale de mon premier championnat du monde junior. 00:07:22.773 --> 00:07:24.643 Je suis 2e juste avant le dernier saut. 00:07:24.643 --> 00:07:27.413 On arrive avec de la vitesse et au lieu d'amortir le saut, 00:07:27.413 --> 00:07:29.983 tellement heureux d'être vice-champion du monde junior, 00:07:29.983 --> 00:07:32.123 je mets une impulsion, j'attrape ma planche, 00:07:32.123 --> 00:07:33.683 je fais une figure. 00:07:33.683 --> 00:07:34.683 J'avais le « style ». 00:07:34.683 --> 00:07:36.458 C'est ce qu'on disait à l'époque. 00:07:36.458 --> 00:07:37.734 J'avais trop la classe. 00:07:37.734 --> 00:07:40.054 Je me rappelle avoir regardé mon ombre en l'air. 00:07:40.054 --> 00:07:43.105 Pas de bol, j'ai réceptionné trop loin je pose les fesses 00:07:43.105 --> 00:07:45.240 et je passe la ligne d'arrivée 3e. 00:07:45.670 --> 00:07:47.370 Bon, troisième, c'est pas grave. 00:07:47.370 --> 00:07:49.880 J'ai ma planche, j'attends pour monter sur le podium. 00:07:49.880 --> 00:07:51.275 Et personne ne m'appelle. 00:07:51.275 --> 00:07:52.838 Un journaliste vient et me dit : 00:07:52.838 --> 00:07:56.568 « Non Polo, en fait tu n'es pas 3e t'es 4e, t'étais 5 cm derrière le 3e. » 00:07:56.568 --> 00:08:00.728 Et là... pouf, gros sentiment de désarroi, 00:08:01.355 --> 00:08:05.625 d'injustice, de colère, de tristesse, il y avait tout. 00:08:06.221 --> 00:08:09.002 Et en fait, vous savez ce qu'il s'est passé ? 00:08:10.042 --> 00:08:14.024 Juste avant cette bosse, j'étais heureux, j'étais dans la joie. 00:08:14.024 --> 00:08:17.472 Mais je n'ai pas pu identifier cette émotion de manière assez fine 00:08:17.472 --> 00:08:19.582 et je n'ai pas été capable de la maîtriser. 00:08:19.582 --> 00:08:21.782 Cette joie s'est transformée en euphorie, 00:08:21.782 --> 00:08:24.722 et l'euphorie a engendré un comportement destructeur. 00:08:25.122 --> 00:08:28.822 En gros, au lieu de regarder l'objectif, 00:08:28.822 --> 00:08:31.082 d'être pleinement dans ce que j'avais à faire, 00:08:31.082 --> 00:08:32.642 pour atteindre mon résultat, 00:08:32.642 --> 00:08:36.092 eh bien, j'ai préféré me regarder le nombril. 00:08:37.566 --> 00:08:41.296 En rentrant chez moi, je croise mon cousin Nicolas 00:08:41.296 --> 00:08:44.101 qui a 8 ans de plus que moi, le philosophe de la famille. 00:08:44.101 --> 00:08:46.351 Il me dit : « Polo, baisse pas les bras, 00:08:46.351 --> 00:08:49.450 tu sais très bien que l'échec fait partie de la construction. 00:08:49.450 --> 00:08:51.601 Ce n'est pas moi qui vais te l'apprendre. » 00:08:51.601 --> 00:08:53.951 Et donc, il me cite Oscar Wilde : 00:08:53.951 --> 00:08:56.052 « Dans la vie, il faut toujours viser la Lune 00:08:56.052 --> 00:08:58.941 car même en cas d'échec, tu atterriras dans les étoiles. » 00:08:59.312 --> 00:09:03.102 OK, très bien, donc, ça veut dire quoi ? 00:09:03.296 --> 00:09:05.966 « Ben, c'est évident Polo. 00:09:06.486 --> 00:09:08.643 Fixe-toi des objectifs extrêmement hauts 00:09:08.643 --> 00:09:11.476 et tant que tu es dans des comportements constructifs, 00:09:11.676 --> 00:09:14.656 même si tu n'atteins pas ni ton objectif ni la Lune, 00:09:14.656 --> 00:09:16.556 tu iras peut-être encore plus loin. » 00:09:16.556 --> 00:09:18.794 Moi, ce n'est pas vraiment ce que j'ai compris. 00:09:18.794 --> 00:09:22.416 Ce que j'ai compris : pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. 00:09:22.416 --> 00:09:26.241 Donc, vise le plus haut possible, et tu auras fait des choses incroyables. 00:09:26.241 --> 00:09:28.011 Donc mon rêve, c'est quoi ? 00:09:28.011 --> 00:09:30.241 C'est d'être snowboarder professionnel. 00:09:30.241 --> 00:09:32.696 Et pour être snowboarder professionnel, 00:09:32.696 --> 00:09:35.576 je me convaincs qu'il faut que je sois champion olympique. 00:09:36.176 --> 00:09:38.776 Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. 00:09:38.776 --> 00:09:43.938 C'est la pensée motivante qui m'a habité tout au long de ma carrière sportive, 00:09:43.938 --> 00:09:47.028 qui m'a tiré, tellement souvent. 00:09:47.828 --> 00:09:52.467 Petit pas après petit pas, j'arrive en finale des Jeux Olympiques. 00:09:52.937 --> 00:09:54.629 À trois minutes du départ, 00:09:54.629 --> 00:09:57.298 je vais voir mes adversaires, je les prends dans mes bras 00:09:57.298 --> 00:09:59.971 et je leur dis : « Putain, les mecs, on vit notre rêve. 00:09:59.971 --> 00:10:02.081 Savourons cet instant. » 00:10:02.081 --> 00:10:06.261 On part dans la course, le départ est lancé. 00:10:06.261 --> 00:10:08.291 Je suis tout à gauche. 00:10:08.551 --> 00:10:12.211 Je ne suis pas habituellement un super starter. 00:10:13.170 --> 00:10:16.316 Et donc, là je pars, je me dis : « Oh mon dieu c'est la finale ! » 00:10:16.316 --> 00:10:18.604 et j'amortis mal ce premier saut. 00:10:18.604 --> 00:10:21.316 Du coup, je perds une vitesse, c'est très stratégique. 00:10:21.821 --> 00:10:24.911 Je sens l'Espagnol Jordi Font qui est 4e me revenir dessus. 00:10:24.911 --> 00:10:27.051 Jordi a toujours des trajectoires intérieures. 00:10:27.051 --> 00:10:30.711 Et moi je me dis : « OK, d'abord tu vas déstabiliser Jordi 00:10:30.711 --> 00:10:34.231 en l'obligeant à aller à l'extérieur, et ensuite tu te feras les autres. » 00:10:34.231 --> 00:10:37.041 Manque de bol, je l'ai tellement déstabilisé 00:10:37.501 --> 00:10:40.831 qu'il est monté sur ma planche, on est tombés tous les deux. 00:10:42.245 --> 00:10:46.245 Heureusement pour moi, je me relève devant lui et je termine 3e. 00:10:46.245 --> 00:10:48.773 Je termine médaillé olympique. 00:10:49.923 --> 00:10:52.763 Cette médaille va changer beaucoup de choses pour moi. 00:10:53.683 --> 00:10:55.773 Et elle va surtout changer une chose : 00:10:55.773 --> 00:10:59.193 le regard de la totalité de mon entourage proche ou lointain. 00:10:59.193 --> 00:11:00.853 Les gens ne me voient plus pareil. 00:11:00.853 --> 00:11:04.773 Je passe de l'outsider au seul médaillé olympique du snowboard français. 00:11:05.833 --> 00:11:10.282 Quatre ans plus tard, j'arrive donc sur ces nouveaux Jeux Olympiques de Vancouver 00:11:10.282 --> 00:11:15.060 en 2010 avec un nouveau statut et avec une nouvelle peur. 00:11:16.281 --> 00:11:19.541 Je n'ai pas été capable d'identifier cette peur qui était centrale. 00:11:19.541 --> 00:11:22.861 C'était la peur de perdre mon statut de médaillé olympique, 00:11:23.031 --> 00:11:25.851 qui revient à la peur de ne plus exister. 00:11:25.851 --> 00:11:28.871 Je ne l'ai pas regardée dans les yeux, je ne l'ai pas maîtrisée. 00:11:29.131 --> 00:11:33.221 C'est comme ça que je suis passé de la 3e place à la 25e place. 00:11:33.991 --> 00:11:36.367 Après une énorme remise en question, 00:11:36.367 --> 00:11:41.477 un gros travail sur mes faiblesses tant sur le plan physique que technique, 00:11:43.486 --> 00:11:46.496 je remonte les marches les unes après les autres. 00:11:46.506 --> 00:11:50.096 J'arrive en 2014, je fais à nouveau partie du top 10 mondial. 00:11:50.096 --> 00:11:54.790 Et manque de bol, 35 jours avant les Jeux Olympiques, c'est l'accident. 00:11:55.710 --> 00:11:58.400 C'est la conjoncture qui vient me frapper de plein fouet. 00:11:58.400 --> 00:12:01.980 Donc je suis dans l'action, tout va bien, je suis dossard jaune. 00:12:02.400 --> 00:12:07.380 Et un Italien vient toucher ma planche encore une fois sur le sommet de la bosse 00:12:07.380 --> 00:12:12.566 et je tombe de trois mètres de haut sur la tête, sur le plat, sur la glace. 00:12:12.566 --> 00:12:16.416 En gros, je suis dans l'action je me dis : « Ouh merde, pas bon. » 00:12:16.736 --> 00:12:19.466 Je ferme les yeux, j'ouvre les yeux 00:12:20.196 --> 00:12:22.656 et j'entends un « bip bip » derrière moi. 00:12:22.656 --> 00:12:24.786 J'ai des menottes et des tuyaux partout 00:12:25.276 --> 00:12:28.006 et le neurochirurgien qui vient me voir. 00:12:28.366 --> 00:12:32.036 « État des lieux : OK, triple fracture du plancher orbital, œdème pulmonaire. 00:12:32.036 --> 00:12:34.176 Vous allez cracher du sang pendant 3 semaines, 00:12:34.176 --> 00:12:36.596 vous ne contrôlerez pas vos yeux pendant un moment, 00:12:36.676 --> 00:12:39.724 et c'est surtout vos maux de tête, votre concentration. » 00:12:40.036 --> 00:12:42.366 Bon bref, j'en passe ; en gros, c'était la merde. 00:12:42.950 --> 00:12:46.460 Et donc, là, je le regarde 00:12:46.460 --> 00:12:50.434 et puis je me répète dans ma tête de manière instinctive : 00:12:51.084 --> 00:12:53.647 « Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. » 00:12:53.647 --> 00:12:55.447 C'est ma pensée motivante. 00:12:55.447 --> 00:12:58.897 Et je lui dis : « Très bien docteur, ai-je une hémorragie cérébrale ? » 00:12:58.897 --> 00:13:00.676 Il me dit que non. 00:13:00.676 --> 00:13:04.167 Je lui dis : « Très bien mais soyez bon, car dans 34 jours, il y a les JO. 00:13:04.167 --> 00:13:06.267 Il faut que vous me remettiez sur pieds. » 00:13:06.267 --> 00:13:10.577 Et donc, il part, je l'entends glousser dans le couloir. 00:13:10.577 --> 00:13:13.947 Mais moi j'ai une toute petite fenêtre et il faut que je la saisisse. 00:13:13.947 --> 00:13:16.177 Je vais mettre toutes les chances de mon côté. 00:13:16.177 --> 00:13:17.947 C'est l'élaboration de la stratégie. 00:13:17.947 --> 00:13:21.086 Quels sont mes forces, mes faiblesses, mon environnement actuel ? 00:13:21.086 --> 00:13:23.706 Mon objectif précis, je sais ce que c'est. 00:13:23.706 --> 00:13:27.016 Pendant 10 jours, je vais dormir 18 heures par jour. 00:13:27.016 --> 00:13:28.956 Je vais m'entourer des meilleurs, 00:13:28.956 --> 00:13:31.856 aller à Cap Breton au CERS, au meilleur centre de rééducation. 00:13:31.856 --> 00:13:34.797 Je connais ces gens, j'ai l'habitude de travailler avec eux. 00:13:34.797 --> 00:13:39.647 Mais il y a une angoisse qui me tétanise et qui m'habite sans cesse. 00:13:39.647 --> 00:13:42.561 C'est : est-ce que je serai prêt le jour J ? 00:13:43.147 --> 00:13:46.667 Je ne sais pas, pour vous tous, vous avez déjà tous géré 00:13:46.667 --> 00:13:49.107 ou en tout cas organisé des projets. 00:13:49.107 --> 00:13:50.967 À chaque fois, on se pose la question : 00:13:50.967 --> 00:13:53.867 « Est-ce que ce que je fais est la meilleure des solutions ? 00:13:53.867 --> 00:13:55.847 Est-ce cela qu'il faut que je fasse ? » 00:13:55.847 --> 00:13:58.197 Et en fait, vous vous dites plutôt : 00:13:58.197 --> 00:14:00.208 « Est-ce que je serai vraiment prêt ? » 00:14:00.208 --> 00:14:02.547 Un ancien entraineur est venu me voir et m'a dit : 00:14:02.547 --> 00:14:04.571 « Polo, remets le doute à sa place. 00:14:04.571 --> 00:14:08.117 Tu as assez douté durant ta stratégie et tu sais ce que tu dois faire. 00:14:08.117 --> 00:14:10.127 Maintenant, sois dans l'instant présent. 00:14:10.127 --> 00:14:13.697 Savoir si tu seras prêt ? Tu te poseras la question en temps et en heure, 00:14:13.697 --> 00:14:15.157 la veille de la compétition. » 00:14:15.157 --> 00:14:17.349 Et donc à partir du moment où il me dit ça, 00:14:17.349 --> 00:14:20.526 mes épaules descendent de 10 cm. 00:14:20.526 --> 00:14:23.436 Je suis beaucoup plus serein, et je suis dans l'instant. 00:14:23.436 --> 00:14:26.006 J'avance micro pas après micro pas. 00:14:26.006 --> 00:14:28.682 Quand je dois faire mes tractions, je fais mes tractions. 00:14:28.682 --> 00:14:32.025 Quand je dois faire mes étirements, je les fais et je les fais bien. 00:14:32.025 --> 00:14:36.000 La veille de la course, j'arrive devant mon docteur et mon entraineur, 00:14:36.000 --> 00:14:37.588 et c'est l'état des lieux : 00:14:37.588 --> 00:14:39.410 neurologiquement, ça passe, 00:14:39.410 --> 00:14:42.483 mais si jamais tu te blesses, tu sais que ça peut t'être fatal. 00:14:42.813 --> 00:14:45.243 Et donc mon entraineur me dit : « Pas question. » 00:14:45.243 --> 00:14:48.063 Personne ne voulait prendre la responsabilité que je parte. 00:14:48.063 --> 00:14:52.423 Et donc en fait, les écouter, c'était encore 50 raisons d'avoir peur. 00:14:52.783 --> 00:14:55.492 Si on m'avait dit formellement : « Non, tu n'y vas pas », 00:14:55.492 --> 00:14:56.777 je n'y serais pas allé. 00:14:56.777 --> 00:15:00.167 Mais j'étais capable d'être fidèle à une stratégie 00:15:00.167 --> 00:15:02.167 tout en étant à l'écoute de la conjoncture. 00:15:02.167 --> 00:15:04.367 Je l'avais déjà démontré dans le passé. 00:15:04.367 --> 00:15:07.457 Et je savais que j'allais le montrer encore une fois. 00:15:08.047 --> 00:15:09.987 Du coup, mon entraineur me dit : 00:15:09.987 --> 00:15:14.811 « OK, mais si tu fais la moindre faute entre les entrainements et la demi-finale, 00:15:14.811 --> 00:15:16.266 je te sors. » 00:15:16.266 --> 00:15:19.906 Très bien, donc du coup, petit pas après petit pas, 00:15:19.906 --> 00:15:22.666 je suis en finale. Je suis contre les 5 meilleurs mondiaux. 00:15:22.666 --> 00:15:24.016 Pour eux la course commence, 00:15:24.016 --> 00:15:27.746 et moi je suis assis, j'ai plus d'énergie, j'ai la tête qui tourne, 00:15:27.746 --> 00:15:30.626 je suis au bout de ma vie, mais ça va quand même. 00:15:32.948 --> 00:15:35.148 On est en finale olympique , allez ! 00:15:35.148 --> 00:15:37.578 Je suis le plus éloigné de la ligne la plus rapide. 00:15:37.578 --> 00:15:40.671 Je n'ai aucune chance d'être devant donc je suis dans le troupeau. 00:15:40.671 --> 00:15:43.691 Je respecte un minimum de distance entre mes adversaires et moi, 00:15:43.691 --> 00:15:46.021 je ne fais rien d'idiot, je suis bien concentré. 00:15:46.021 --> 00:15:47.761 Je laisse glisser ma planche. 00:15:47.761 --> 00:15:49.341 Je suis quatrième. 00:15:49.341 --> 00:15:53.091 Vous savez que dans ma préparation, je n'ai pas pu travailler physiquement 00:15:53.091 --> 00:15:56.421 sur le plan de la force, ni sur l'endurance, ni sur l'explosivité. 00:15:56.421 --> 00:15:58.451 Mais j'avais une vraie force. 00:15:58.451 --> 00:16:00.821 C'était ma proprioception, une finesse musculaire. 00:16:00.821 --> 00:16:05.381 Et donc c'est ce que j'arrivais à faire entre le 2e virage et le 3e virage, ici. 00:16:05.584 --> 00:16:08.654 À chaque run, j'ai réussi à redoubler mes adversaires. 00:16:08.654 --> 00:16:11.264 Je passe de quatrième à troisième. 00:16:11.264 --> 00:16:13.754 Et je me dis: « Oh mon dieu, Polo, tu revis Turin, 00:16:13.754 --> 00:16:15.244 Oh mon dieu, c'est maintenant. 00:16:15.244 --> 00:16:17.614 Non Polo, te laisse pas déconcentrer. 00:16:17.614 --> 00:16:19.714 T'as le Russe devant toi, tu vas te le faire. 00:16:19.714 --> 00:16:21.954 Tu vas faire la première place avec Pierrette. 00:16:21.954 --> 00:16:23.914 Allez, prends la trajectoire extérieure, 00:16:23.914 --> 00:16:26.304 Souffle, souffle, surtout, mets-toi à l'aspiration. 00:16:26.304 --> 00:16:28.974 Joue, non, mais allez Polo, t'es en finale. 00:16:28.974 --> 00:16:31.704 Non, non, non enlève cette pensée parasite. 00:16:31.704 --> 00:16:33.884 Continue, continue, bats-toi. » 00:16:33.884 --> 00:16:38.154 Là, je suis dans les rollers, Et attention, c'est maintenant. 00:16:39.233 --> 00:16:42.303 (Rires) (Applaudissements) 00:16:48.284 --> 00:16:51.224 Est-ce que vous savez ce qu'il se passe à ce moment précis ? 00:16:51.614 --> 00:16:55.614 Je suis en l'air, et c'est la lutte entre le conscient et l'inconscient. 00:16:55.614 --> 00:16:59.354 L'inconscient qui dit : « Vas-y Polo, t'es un dingue, tu vas te le faire. » 00:16:59.954 --> 00:17:02.970 Et à côté : « Mais ouais, t'as pas envie de crever quand même. » 00:17:02.970 --> 00:17:03.900 (Rires) 00:17:03.900 --> 00:17:05.740 C'est bon tu peux relancer. 00:17:06.849 --> 00:17:11.439 Et donc j'absorbe mal mon saut, et je fais une petite faute. 00:17:12.094 --> 00:17:14.524 Je me retrouve de 3e à 4e. 00:17:15.134 --> 00:17:18.134 Je serre les dents, et je me dis : « Oh putain, j'en peux plus ! 00:17:18.134 --> 00:17:20.014 Allez , glisse et sois concentré. » 00:17:20.014 --> 00:17:21.564 Regardez ma position en l'air : 00:17:21.564 --> 00:17:24.838 je suis tout tendu, j'ai plus de jus et je dois tomber sur mes pieds. 00:17:24.838 --> 00:17:27.884 Je franchis la ligne, et je me dis « Pierrette a gagné, 00:17:27.884 --> 00:17:30.284 et moi je suis allé le plus loin possible. » 00:17:30.284 --> 00:17:32.694 Je suis tellement content pour mon pote. 00:17:33.524 --> 00:17:36.824 Vous savez, notre sport peut paraître aléatoire, mais finalement, 00:17:36.824 --> 00:17:39.334 il n'est pas si aléatoire que ça. 00:17:39.584 --> 00:17:41.774 En trois Olympiades, j'en ai réussi deux. 00:17:41.774 --> 00:17:44.796 Même si la deuxième fois, je ne suis pas médaillé olympique. 00:17:44.796 --> 00:17:47.331 Par contre dans mon travail d'introspection, 00:17:47.331 --> 00:17:51.160 vous vous rappelez, la pensée motivante qui m'a tiré si souvent ? 00:17:51.160 --> 00:17:53.065 C'était ma résilience. 00:17:53.065 --> 00:17:55.275 C'était également une pensée limitante. 00:17:55.275 --> 00:17:57.845 Je me suis rendu compte que deux fois dans ma vie, 00:17:57.845 --> 00:18:01.975 j'étais à deux doigts de me battre pour le titre de champion olympique, 00:18:01.975 --> 00:18:05.428 et deux fois dans ma vie, j'ai renoncé avant même d'avoir essayé. 00:18:05.845 --> 00:18:08.177 Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. 00:18:08.177 --> 00:18:11.843 À trop relativiser vos objectifs, finalement, vous acceptez l'échec. 00:18:12.227 --> 00:18:15.857 Et en en discutant autour de moi, tous les gens qui ont identifié 00:18:15.857 --> 00:18:21.155 leur pensée motivante ont tous dans celle-ci une pensée limitante. 00:18:21.155 --> 00:18:24.762 Donc, quelle est la première de vos pensées motivantes 00:18:24.762 --> 00:18:27.212 qui vous a amené jusqu'à aujourd'hui, jusqu'ici ? 00:18:27.682 --> 00:18:30.762 Et quelle est la pensée limitante qui se cache derrière elle ? 00:18:31.682 --> 00:18:34.056 J'ai donc trois clés. 00:18:35.222 --> 00:18:37.987 La première, c'est la pensée magique. 00:18:38.592 --> 00:18:41.884 La pensée magique est celle qui vous conditionne. 00:18:42.592 --> 00:18:45.549 C'est celle qui vous porte et qui vous rappelle qui vous êtes. 00:18:46.192 --> 00:18:50.159 La deuxième clé, c'est la pensée motivante. 00:18:50.770 --> 00:18:54.400 C'est celle qui vous tire, du plus profond des abysses, 00:18:54.400 --> 00:18:57.230 qui vous remet en action, qui vous donne de l'énergie, 00:18:57.230 --> 00:19:00.790 qui vous permet de ne jamais oublier où est-ce que vous allez. 00:19:01.230 --> 00:19:06.435 Et enfin, la troisième de mes clés : eh bien, l'instant présent, 00:19:06.435 --> 00:19:09.560 qui vous ancre, ici et maintenant, 00:19:09.560 --> 00:19:12.430 qui vous permet de vivre pleinement votre vie, 00:19:12.430 --> 00:19:16.700 qui vous permet de ne pas réfléchir à la peur de la peur de demain. 00:19:18.971 --> 00:19:23.366 Vous savez, quand j'étais enfant, le monde pour moi était magique. 00:19:24.116 --> 00:19:27.276 Aujourd'hui il est encore plus que magique. 00:19:27.276 --> 00:19:29.276 Je suis père de deux enfants, je m'éclate. 00:19:30.126 --> 00:19:31.686 Vous savez pourquoi ? 00:19:31.686 --> 00:19:37.460 Parce que je n'ai jamais renoncé à ma capacité à vivre mes rêves. 00:19:38.454 --> 00:19:41.616 Hier, comme aujourd'hui, comme demain. 00:19:41.944 --> 00:19:44.277 C'est ce qui me définit, c'est mon identité. 00:19:44.737 --> 00:19:48.085 Et vous, quels sont vos rêves ? 00:19:49.465 --> 00:19:51.248 Merci beaucoup. 00:19:51.248 --> 00:19:55.168 (Applaudissements).