Le harcèlement à l'école et la règle d'or | J. D. Daniel | TEDxTryon

Ce qui a commencé comme un sentiment d'impuissance à protéger sa fille du harcèlement de récréation, a conduit à une évaluation de son comportement et de celui de ses proches face aux mauvais traitements. J. D. Daniel ouvre nos cœurs aux peines causées par la brutalité et nous enseigne trois étapes pour adopter le pouvoir et l'esprit de la sagesse ancestrale appelée la « règle d'or.»

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Au moment où elle a passé la porte,
j'ai su que quelque chose n'allait pas.

Ma fille cadette, mon bébé,
ma rouquine, Libby,

elle avait la tête baissée,
les épaules tombantes,

et la larme à l'œil.

Elle a raconté comment
s'était passée sa journée à l'école,

comment quelques filles de sa classe
avaient inventé un jeu

appelé « Libby touch ».

Elles ont décidé qu'elle avait une maladie

et que s'elles la touchaient,
elles seraient infectées.

Et rapidement, ce groupe de filles,
à travers la pression sociale,

l'a propagé à toute la classe

et Libby a dû jouer seule
pendant la récréation.

Vous imaginez comment
j'ai réagi en tant que père.

J'ai fait ce que tout bon père ferait :

j'ai enfilé mes chaussures coquées,
ma veste en cuir

(Rires)

et mon durag,

et j'ai sauté dans
ma Subaru Forester break

(Rires)

pour aller frapper
les gamins responsables.

Et ce n'est pas ce que j'ai fait mais

(Soupir)

j'en avais envie.

J'étais frustré.

C'est moi qui lui avais appris
comment être originale,

comment marcher à son propre rythme
sans se soucier du regard des autres,

et maintenant elle était
torturée à l'école à cause de ça.

Que feriez-vous ?

Vous envoyez vos enfants à l'école,

en sécurité dans un cadre pédagogique

où ils peuvent grandir et devenir
des adultes productifs,

et ils se retrouvent harcelés
au point d'en pleurer.

Que feriez-vous ?

Les changer d'école ?

Leur apprendre le vieux droite-gauche

pour qu'ils puissent cogner l'autre
et se défendre par eux-mêmes ?

Diriez-vous à l'administration
que c'est de leur faute,

qu'il faut qu'ils contrôlent la classe ?

Ou laisseriez-vous couler

et laisseriez ces années de colère,
de frustration et d'amertume s'accumuler

jusqu'au jour où ils prendront une arme
et iront dans une école ou une église,

à moins que le suicide
ne devienne la seule option ?

Ma quête,

mon voyage :

Il fallait que je trouve
une réponse pour Libby.

J'en ai trouvé une.

En fait, j'ai trouvé la réponse.

La réponse était aussi ancienne
que la sagesse elle-même,

la réponse se trouvait
dans les anciens textes

de 21 des principales religions
dans le monde.

La réponse est connue sous le nom
d' « éthique de réciprocité »,

mais culturellement, nous la connaissons
en tant que « règle d'or ».

Je connaissais la règle d'or.

Mon père me l'avait apprise :

l'homme qui a l'or décide des règles !

C'est vrai !

(Rires)

Mais la règle d'or dit :

« Traite les autres
comme tu aimerais être traité. »

Le problème, c'est que Libby
ne connaissait pas la règle d'or

car comme pour beaucoup d'élèves,
elle ne l'a pas apprise,

et la raison pour laquelle
elle ne l'a pas apprise,

c'est que je ne pouvais pas lui enseigner,
ne l'appliquant pas moi-même.

Bien sûr, j'ai appris
une partie de la règle d'or.

J'appelle ça l'idée basique.

Vous savez, l'idée basique :

« Sois bon avec moi
et je serai bon avec toi.

Sois méchant avec moi,

gare à toi ! »

Et jusqu'ici,

c'est l'exemple qu'ont eu mes enfants
pour interagir entre eux.

On m'a appris à juger
les gens comme mauvais.

« Méchant, tu m'as fait
une queue de poisson. »

« Méchant, tu m'as roulé au magasin. »

« Méchant, tu as harcelé mon enfant
et l'a fait pleurer. »

Et je savais comment traiter ces méchants.

Je l'ai appris avec
tous mes héros d'enfance ;

Hulk Hogan, l'Agence tous risques -

vous vous souvenez, Mister T ?
« Je plains l'idiot ! »

(Rires)

Vous avez Justice League, avec Superman,
Batman et Wonder Woman.

Ils m'ont appris des trucs comme
« Œil pour œil, dent pour dent, »

ou « Combattre le feu par -»

(Audience) Le feu.

Ouais, vous avez regardé
les mêmes programmes que moi.

Et bien que ça fasse
une chouette histoire à la télévision,

dans la réalité, pouvez-vous imaginer
votre maison envahie par les flammes,

le camion de pompiers se garant

et les pompiers jaillissant
avec des lance-flammes

pour éteindre le feu ?

Ça me rappelle ce que Gandhi disait :

« Un œil pour un œil
rend le monde aveugle. »

Donc il fallait que
je trouve une solution,

quelque chose de simple et réutilisable,

que je puisse appliquer
et transmettre à mes trois enfants.

Donc j'ai imaginé trois étapes simples
pour mettre à profit cette règle d'or.

Et la première étape est :
répondre avec gentillesse.

Un vieux diction dit : « Une réponse
gentille détournera la colère. »

J'ai choisi la gentillesse en premier
pour deux raisons.

La première, nous sommes programmés pour
traiter les gens comme ils nous traitent.

En d'autres mots, vous me traitez mal,
je vous traite mal, vous me traitez mal,

et nous installons ce cycle.

Mais quand je choisis de répondre --

Regardez,

vous aussi avez été programmés
pour me répondre comme je vous traite.

Donc ça se passe comme ça :

Vous me traitez mal,

et au lieu de me révolter, je choisis
de répondre avec gentillesse.

Et du coup, ça devient vraiment difficile
pour vous de mal réagir.

Vous me répondez gentiment,
et ensuite je fais de même,

puis vous faites pareil.

Mais vous devez faire attention

car vous risquez
de vous faire plein d'amis.

(Rires)

La seconde raison pour laquelle
j'ai choisi la gentillesse,

c'est qu'il faut comprendre
ce que veulent les harceleurs.

Ils ont besoin de cette réaction.

Ils veulent cette colère, cette
frustration, cette souffrance en retour.

Et quand vous décidez de
leur répondre avec gentillesse,

vous ne leur donnez plus
ce qu'ils espèrent,

et en principe, un harceleur
choisira une cible plus facile.

La seconde idée, c'est le pardon.

Et il faut que je vous dise :

cette idée était vraiment,
vraiment difficile pour moi.

Vous voyez, j'avais gardé amertume,
colère et ressentiment,

j'ai une mémoire fantastique

et j'avais une liste longue d'un kilomètre

de choses qu'on m'avait
fait subir par le passé.

Et quand j'en ai pris conscience

et que j'ai réalisé que cette souffrance
et cette colère me nuisaient --

C'est attribué à Buddha

de dire que la rancœur,
c'est comme boire du poison

et espérer que votre ennemi meure.

Le problème n'est pas seulement
de l'avoir bu tout ce temps,

mais qu'il commençait à fuir tandis
que je montrais cet exemple à mes enfants.

Et quand j'ai pris conscience de ce
sentiment, cette souffrance et colère

et que j'ai lâché prise,

ça m'a apaisé.

J'appelle ça la paix
qui transmet la compréhension.

Et quand j'ai pu obtenir cette paix,

c'est incroyable comme ça a été facile
de l'enseigner à mes enfants.

La troisième idée, c'est la bénédiction,

et cela va de pair avec le pardon.

Ce n'est pas « bénédiction »
au sens religieux.

C'est « bénédiction » au sens humain.

Desmond Tutu disait que nous étions
tous meurtris à l'intérieur.

Et c'est cette déchirure qui fait
que nous blessons les autres.

C'est quand nous avons commencé à réaliser

que la raison pour laquelle
les enfants la traitaient mal,

c'est qu'ils étaient meurtris,

et quand nous avons commencé
à atteindre cette humanité,

que nous avons pu avoir de la compassion

et les bénir, ou prier pour eux
si vous préférez,

pour que leur souffrance guérisse

et qu'ils ne ressentent plus le besoin
de blesser les autres.

Donc ça ressemble à ça :

Libby va revenir de l'école

et on pourra facilement deviner
que la journée a été mauvaise.

Et je vais m'agenouiller et passer
mon bras autour de ses épaules

et lui dire : « Hé Libby,
raconte-moi ta journée. »

Et elle me dira ce que les enfants
lui ont fait à l'école ce jour-là

et à quel point ça l'a perturbée,

et je lui dirai : « Tu sais quoi, Libby ?

C'était mal.

Je suis en colère qu'ils t'aient fait ça.

Mais tu sais quoi ? Je leur pardonne.
Veux-tu leur pardonner avec moi ? »

Et nous explorons le pardon ensemble,

et après ça, nous nous connectons à leur
humanité et éprouvons de la compassion.

Parfois, nous jouons même
au jeu de la douleur,

quand nous pensons aux douleurs
que cet enfant doit endurer chez lui

ou avec ses frères et sœurs.

C'est sans doute cette douleur qui
le pousse à faire souffrir les autres.

Je vais être totalement
honnête avec vous :

parfois Libby montre qu'elle est
vraiment une fille du Sud.

(Rires)

Elle est en mode
« pas envie d'être sympa ».

(Rires)

L'autre jour,

elle se disputait avec sa sœur Emma,

j'ai pris Libby à part et lui ai dit :

« Libby, j'ai vu ce qu'Emma a fait
et c'était mal. Pardonnons-lui. »

Et elle m'a dit : « Non, papa ! je suis
furieuse et je veux être en colère ! »

Et vous savez quoi ?

C'est acceptable,

car parfois, nous avons
besoin de cette colère,

nous avons besoin
d'en prendre conscience,

pour pouvoir la libérer.

C'est ce que j'enseigne à mes enfants.

Et il y a des fois où c'est très compliqué

et vraiment frustrant,

et parfois, on dirait
que ça ne fonctionne pas.

Mais ensuite, il y a ces fois

où vous entendez votre fils au téléphone,

il a 15 ans, il parle à un de
ses camarades qui se fait harceler,

et le guide vers le pardon.

Ou il y a cette fois,

quand vous recevez
un appel de l'institutrice

et qu'elle vous dit : « M. Daniel,

Je voulais juste vous dire
qu'il y a eu un incident à l'école

et que Libby a été maltraitée.

Nous nous en sommes occupés,

mais je voulais vous prévenir pour
que vous puissiez gérer en rentrant. »

Donc je rentre et je dis : « Libby,
qu'est-ce qui s'est passé aujourd'hui ?»

Et elle dit :

« Eh bien, un enfant
m'a harcelée aujourd'hui.

Mais c'est okay, j'ai pardonné. »

Puis elle sort.

C'est là que j'ai su que
ça fonctionnait vraiment.

À nouveau, je le redis :

vivre cette règle d'or avec mes enfants

a été un voyage animé pour moi.

Parfois c'était difficile

et parfois je n'avais
pas envie de le faire.

Et c'est bon, je me suis réajusté,

j'en ai pris conscience

et j'ai continué,

parce que c'est mon voyage,

c'est ma façon d'élever
la prochaine génération.

Et puisque nous avons passé ensemble
ces dernières minutes,

c'est aussi votre voyage.

Donc ça donne ça :

la prochaine fois qu'on
vous double dans une queue,

ou qu'on vous roule
sur la monnaie rendue,

la prochaine fois qu'on fait pleurer
votre enfant à l'école,

comment allez-vous réagir ?

Allez-vous enfiler vos chaussures coquées,
votre veste en cuir

et votre durag ?

Ou allez-vous réagir avec gentillesse,

pardonner et bénir ?

C'est mon idée qui, je pense,
vaut la peine d'être diffusée.

Merci.

(Applaudissements) ( Acclamations)