Ma fille, ma femme, notre robot, et la quête de l'immortalité
-
0:00 - 0:03Chris Anderson :
Voici ce qu'on va faire : -
0:03 - 0:05nous allons parler de votre vie,
-
0:05 - 0:08et utiliser quelques images
que vous avez partagées avec moi. -
0:08 - 0:11Nous devrions commencer
ici-même, avec celle-ci. -
0:11 - 0:14D'accord, qui est-ce ?
-
0:14 - 0:19Martine Rothblatt : C'est moi
avec notre fils aîné, Eli. -
0:19 - 0:21Il avait environ cinq ans.
-
0:21 - 0:23Cette photo a été prise au Nigéria
-
0:23 - 0:27juste après que j'ai passé l'examen
du barreau de Washington. -
0:27 - 0:31CA : D'accord. Mais cette personne
ne ressemble pas vraiment à une Martine. -
0:32 - 0:35MR : C'est ça.
C'était moi en tant qu'homme. -
0:35 - 0:38C'est comme ça que j'ai grandi.
-
0:40 - 0:44Avant que j'entame la transition d'homme
à femme et de Martin à Martine. -
0:44 - 0:46CA : Vous avez grandi Martin Rothblatt.
-
0:46 - 0:47MR : C'est ça.
-
0:47 - 0:51CA : Environ un an après cette photo,
vous avez épousé une femme magnifique. -
0:51 - 0:54Ça a été le coup de foudre ?
Que s'est-il passé ? -
0:54 - 0:55MR : Ce fut le coup de foudre.
-
0:55 - 1:00J'ai rencontré Bina
dans une discothèque à Los Angeles, -
1:00 - 1:04et plus tard, nous avons
commencé à vivre ensemble. -
1:04 - 1:07À l'instant où je l'ai vue, je n'ai vu
qu'une aura d'énergie qui émanait d'elle. -
1:07 - 1:09Je l'ai invitée à danser.
-
1:09 - 1:12Elle avait remarqué une aura
d'énergie autour de moi. -
1:12 - 1:16J'étais père célibataire.
Elle était mère célibataire. -
1:16 - 1:18Nous nous sommes montré
les photos de nos enfants, -
1:18 - 1:22et depuis un tiers de siècle,
nous sommes mariés et heureux. -
1:22 - 1:27(Applaudissements)
-
1:27 - 1:30CA : À l'époque, vous étiez
ce genre d'entrepreneur dans le vent, -
1:30 - 1:32travaillant avec des satellites.
-
1:32 - 1:34Vous aviez deux entreprises prospères,
-
1:34 - 1:37puis vous avez commencé
à aborder la question de la façon -
1:37 - 1:40dont les satellites pourraient
être utilisés pour révolutionner la radio. -
1:40 - 1:42Parlez-nous de ça.
-
1:42 - 1:44MR : J'ai toujours aimé
la technologie spatiale, -
1:44 - 1:48et les satellites, à mon avis,
sont les canoés que nos ancêtres -
1:48 - 1:50ont jetés à l'eau.
-
1:50 - 1:53C'était très enthousiasmant pour moi
de faire partie de la navigaton -
1:53 - 1:56des océans du ciel.
-
1:56 - 2:00Alors que je développais différents types
de systèmes de communication satellite, -
2:00 - 2:06mon activité principale a été de lancer
de plus gros et plus puissants satellites, -
2:06 - 2:09ce qui a permis
aux antennes de réception -
2:09 - 2:11d'être de plus en plus petites.
-
2:11 - 2:15Après être passée par la diffusion
télévisuelle en direct, -
2:15 - 2:19j'avais en tête que si nous pouvions
fabriquer un satellite plus puissant, -
2:19 - 2:21l'antenne de réception
pouvait être si petite -
2:21 - 2:25qu'elle ne deviendrait qu'une section
d'une antenne parabolique, -
2:25 - 2:28une petite assiette plate incorporée
dans le toit d'une automobile, -
2:28 - 2:32et il serait possible de recevoir
la radio satellite dans tout le pays, -
2:32 - 2:35et c'est Sirius XM aujourd'hui.
-
2:35 - 2:37CA : Wow. Qui ici a déjà utilisé Sirius ?
-
2:37 - 2:40(Applaudissements)
-
2:40 - 2:42MR : Merci pour vos abonnements mensuels.
-
2:42 - 2:44(Rires)
-
2:44 - 2:49CA : Ce projet a réussi malgré
les prédictions de l'époque. -
2:49 - 2:51Ç'a été un fort succès commercial,
-
2:51 - 2:55mais bientôt après cet événement,
au début des années 90, -
2:55 - 2:58il y a eu cette transition
importante dans votre vie -
2:58 - 3:00et vous êtes devenue Martine.
-
3:00 - 3:01MR : C'est ça.
-
3:01 - 3:03CA : Dites-moi,
comment cela s'est-il passé ? -
3:05 - 3:08MR : Ça s'est passé en concertation
-
3:08 - 3:13avec Bina et nos quatre beaux enfants.
-
3:13 - 3:17J'ai parlé avec chacun
d'entre eux du fait -
3:17 - 3:23que je sentais que mon âme était féminine,
et que je me sentais femme, -
3:23 - 3:26mais que j'avais peur que les gens
se moquent de moi -
3:26 - 3:27si j'exprimais cette nature.
-
3:27 - 3:30Donc j'avais toujours enfoui ça,
-
3:30 - 3:33et ne montrais que ma part masculine.
-
3:33 - 3:36Chacun d'entre eux
a eu une réaction différente. -
3:36 - 3:39Bina a dit :
-
3:39 - 3:44« J'aime ton esprit,
et que l'extérieur soit Martin ou Martine, -
3:44 - 3:47ça n'est pas important pour moi,
j'aime ton esprit. » -
3:47 - 3:50Mon fils a dit :
-
3:51 - 3:54« Si tu deviens une femme,
est-ce que tu seras toujours mon père ? » -
3:54 - 3:57Et j'ai répondu :
« Oui, je serai toujours ton père », -
3:57 - 4:00et à ce jour, je suis toujours son père.
-
4:00 - 4:03Ma fille cadette a fait quelque
chose de formidable, -
4:03 - 4:05typique d'une enfant de cinq ans.
-
4:05 - 4:10Elle a dit aux gens :
« J'aime mon papa et elle m'aime. » -
4:12 - 4:16Elle n'avait absolument aucun
problème avec le mélange des genres. -
4:16 - 4:19CA : Quelques années après,
vous avez publié ce livre : -
4:19 - 4:21« The Apartheid of Sex ».
-
4:21 - 4:23Quelle était votre thèse dans ce livre ?
-
4:23 - 4:28MR : Ma thèse est qu'il y a sept
milliards de gens dans le monde, -
4:28 - 4:33et sept milliards de façons
uniques d'exprimer son sexe. -
4:33 - 4:39Bien que les gens aient les organes
génitaux d'un homme ou d'une femme, -
4:39 - 4:42ces organes ne déterminent pas votre sexe
-
4:42 - 4:45ou même vraiment votre identité sexuelle.
-
4:45 - 4:49C'est juste une question d'anatomie
et d'appareils reproducteurs, -
4:49 - 4:52et les gens pourraient choisir
le sexe qui leur convient -
4:52 - 4:54s'ils n'étaient pas forcés par la société
-
4:54 - 4:57à rentrer dans les catégories
féminine ou masculine, -
4:57 - 4:59à la façon de l'Afrique du Sud,
qui forçait les gens -
4:59 - 5:02à rentrer dans les catégories
noire ou blanche. -
5:02 - 5:06Nous avons appris avec l'anthropologie
que l'idée de race est de la fiction, -
5:06 - 5:09bien que le racisme soit très, très réel,
-
5:09 - 5:11et nous avons appris
avec les études culturelles -
5:11 - 5:14que les sexes homme
ou femme bien distincts -
5:14 - 5:16sont une fiction
montée de toutes pièces. -
5:16 - 5:18La réalité est une fluidité des sexes
-
5:18 - 5:22qui couvre le continuum entier
du masculin au féminin. -
5:22 - 5:26CA : Vous-même, vous ne vous sentez
pas toujours 100% femme. -
5:26 - 5:27MR : C'est ça.
-
5:27 - 5:29D'une certaine façon, je dirais
que je change de sexe -
5:29 - 5:32à peu près aussi souvent
que je change de coiffure. -
5:32 - 5:34CA : (Rires)
-
5:34 - 5:39Bien, voici votre fille
magnifique, Genesis. -
5:39 - 5:41Je crois qu'elle avait environ cet âge-là
-
5:41 - 5:44lorsque quelque chose
d'assez terrible est arrivé. -
5:44 - 5:48MR : Oui, elle s'est trouvée
incapable de monter les escaliers -
5:48 - 5:51de notre maison
pour aller dans sa chambre. -
5:51 - 5:53Après plusieurs mois
de visites médicales, -
5:53 - 5:57on lui a diagnostiqué une maladie rare,
presqu'inévitablement mortelle, -
5:57 - 6:01appelée hypertension
artérielle pulmonaire. -
6:01 - 6:04CA : Quelle a été
votre réaction face à ça ? -
6:04 - 6:07MR : Nous avons d'abord essayé
de lui trouver les meilleurs docteurs. -
6:07 - 6:11Nous nous sommes retrouvés au Children's
National Medical Centre à Washington. -
6:11 - 6:14Le chef de la division
de cardiologie pédiatrique -
6:14 - 6:18nous a dit qu'il allait la recommander
pour une greffe de poumon, -
6:18 - 6:20mais de ne pas nourrir trop d'espoirs,
-
6:20 - 6:24parce qu'il y avait très peu de poumons
disponibles, surtout pour les enfants. -
6:24 - 6:28Il a dit que toutes les personnes
atteintes de cette maladie en mouraient. -
6:28 - 6:33Si certains d'entre vous
ont vu le film « Lorenzo », -
6:33 - 6:37il y a une scène où le protagoniste
s'effondre dans les escaliers -
6:37 - 6:41pleurant et déplorant le sort de son fils.
-
6:41 - 6:44C'est exactement ce que l'on
a ressenti pour Genesis. -
6:44 - 6:47CA : Vous n'avez pas accepté
cette maladie comme la limite -
6:47 - 6:48à ce que vous pouviez faire.
-
6:48 - 6:50Vous avez commencé
à faire des recherches -
6:50 - 6:53et à voir si vous pouviez
trouver un remède. -
6:53 - 6:57MR : C'est ça, elle était en soins
intensifs pendant des semaines d'affilées, -
6:57 - 7:01et Bina et moi nous
relayions pour rester à l'hôpital -
7:01 - 7:03pendant que l'autre
s'occupait du reste des enfants. -
7:03 - 7:05Lorsque j'étais à l'hôpital
et qu'elle dormait, -
7:05 - 7:07j'allais à la bibliothèque de l'hôpital.
-
7:07 - 7:12J'ai lu tous les articles que je pouvais
sur l'hypertension pulmonaire. -
7:12 - 7:15Je n'avais jamais suivi de cours
de biologie, même à l'université, -
7:15 - 7:21alors j'ai dû passer d'un livre scolaire
à un livre de niveau université, -
7:21 - 7:22puis à un livre médical,
-
7:22 - 7:26puis aux articles de journaux,
en faisant des allers et retours. -
7:26 - 7:29Finalement, j'avais appris assez
pour croire que c'était possible -
7:29 - 7:31que quelqu'un puisse trouver un remède.
-
7:31 - 7:35Alors nous avons lancé
une fondation à but non lucratif. -
7:35 - 7:38J'ai écrit une description
où je demandais aux gens -
7:38 - 7:40de donner des contributions
-
7:40 - 7:42et nous nous chargerions
de payer la recherche médicale. -
7:42 - 7:44Je suis devenue une experte —
-
7:44 - 7:46les docteurs me disaient, Martine,
-
7:46 - 7:50nous apprécions vraiment
tout cet argent que tu nous as fourni, -
7:50 - 7:53mais nous n'allons pas pouvoir
trouver un remède à temps -
7:53 - 7:55pour sauver ta fille.
-
7:55 - 7:57Cependant, il y a un médicament,
-
7:57 - 8:03qui a été développé à la Burroughs
Wellcome Company, -
8:03 - 8:06qui pourrait arrêter
la progression de la maladie, -
8:06 - 8:11mais Burroughs Wellcome vient juste
d'être acheté par Glaxo Wellcome. -
8:11 - 8:13Ils ont pris la décision de ne développer
-
8:13 - 8:16aucun médicament
pour les maladies rares et orphelines, -
8:16 - 8:21et peut-être que tu pourrais utiliser
ton expertise en communications satellites -
8:21 - 8:24pour développer ce remède
pour l'hypertension pulmonaire. -
8:25 - 8:28CA : Comment diable avez-vous
pu avoir accès à ce médicament ? -
8:28 - 8:30MR : Je suis allée chez Glaxo Wellcome,
-
8:30 - 8:36et après trois fois où j'ai été rejetée
et où l'on m'a fermé la porte au nez, -
8:36 - 8:39parce qu'ils n'allaient pas céder
leur licence sur ce médicament -
8:39 - 8:42à une experte
en communications satellites, -
8:42 - 8:49ils ne vendraient
leur médicament à personne, -
8:49 - 8:52et ils pensaient
que je n'avais pas l'expertise. -
8:52 - 8:58J'ai finalement pu convaincre un petit
nombre de gens de travailler avec moi -
8:58 - 9:00et de développer
suffisamment de crédibilité. -
9:00 - 9:03J'ai épuisé leur résistance.
-
9:03 - 9:06En fait, ils n'espéraient même
pas que ce médicament marcherait. -
9:06 - 9:07Ils ont essayé de me dire :
-
9:07 - 9:10« Vous perdez votre temps.
Nous sommes désolés pour votre fille. » -
9:10 - 9:13Mais à la fin, pour 25 000 dollars
-
9:13 - 9:18et un accord de verser 10%
des revenus que nous pouvions toucher, -
9:18 - 9:21ils ont accepté de me donner
les droits mondiaux sur ce médicament. -
9:22 - 9:26CA : Alors, vous avez mis
ce médicament sur le marché -
9:26 - 9:29d'une façon vraiment intelligente,
-
9:29 - 9:33en fixant un prix qui permettrait
de simplement rentabiliser ce produit. -
9:33 - 9:37MR : Oui, Chris, mais ce n'était vraiment
pas un médicament que j'ai fini par — -
9:37 - 9:40après avoir écrit le chèque pour 25 000
-
9:40 - 9:43et avoir dit : « Bien, où est
le médicament pour Genesis ? », -
9:43 - 9:46ils ont dit : « Oh, Martine,
il n'y a pas de médicament pour Genesis. -
9:46 - 9:49C'est juste un truc
qu'on a essayé sur les rats. » -
9:49 - 9:52Et ils m'ont donné
un petit sac de congélation -
9:52 - 9:53avec un peu de poudre.
-
9:53 - 9:56Ils ont dit :
« Ne le donne à aucun humain ». -
9:56 - 10:00Puis ils m'ont donné un morceau de papier
qui disait que c'était un brevet, -
10:00 - 10:04et à partir de là, nous avons dû nous
débrouiller pour fabriquer ce médicament. -
10:04 - 10:07Une centaine de chimistes
des plus grandes universités du pays -
10:07 - 10:12avait juré que ce petit brevet
ne pourrait jamais devenir un médicament. -
10:12 - 10:15S'il devenait un médicament,
il ne pourrait jamais être délivré -
10:15 - 10:18parce qu'il avait une demi-vie
de seulement 45 minutes. -
10:18 - 10:23CA : Pourtant, un ou deux ans plus tard,
vous étiez là avec un médicament -
10:23 - 10:27qui a marché pour Genesis.
-
10:27 - 10:34MR : Chris, ce qui est stupéfiant, c'est
que cette poudre, sans aucune valeur, -
10:34 - 10:38qui avait l'éclat d'une promesse
d'espoir pour Genesis, -
10:38 - 10:43non seulement garde en vie Genesis
et d'autres personnes aujourd'hui, -
10:43 - 10:47mais produit presque un milliard et demi
de dollars par an de revenus. -
10:47 - 10:49(Applaudissements)
-
10:49 - 10:51CA : Et voilà.
-
10:53 - 10:57Vous avez fait entrer cette entreprise
en bourse, c'est bien ça ? -
10:57 - 11:00Et vous avez fait une vraie fortune.
-
11:00 - 11:04Combien avez-vous payé Glaxo,
d'ailleurs, après ces 25 000 ? -
11:04 - 11:07MR : Eh bien, chaque année,
nous leur versons 10% de 1,5 milliard, -
11:07 - 11:11150 millions de dollars,
l'an dernier 100 million de dollars. -
11:11 - 11:13À ce jour, c'est leur meilleur
retour sur investissement. -
11:13 - 11:14(Rires)
-
11:14 - 11:18CA : Et la meilleure nouvelle d'entre
toutes, je suppose, est celle-ci. -
11:18 - 11:22MR : Oui. Genesis est une jeune
femme absolument brillante. -
11:22 - 11:25Aujourd'hui, à 30 ans,
elle est en vie et en bonne santé. -
11:25 - 11:27Vous nous voyez, moi, Bina et Genesis ici.
-
11:27 - 11:30Le plus incroyable avec Genesis,
-
11:30 - 11:33c'est qu'alors qu'elle pourrait
faire ce qu'elle veut de sa vie, -
11:33 - 11:37et croyez-moi, si vous aviez
passé votre vie entière avec des gens -
11:37 - 11:40vous disant sans prendre de gants
que vous avez une maladie mortelle, -
11:40 - 11:44je m'enfuirais sûrement à Tahiti
et ne voudrais plus voir personne. -
11:44 - 11:48À la place, elle a choisi
de travailler chez United Therapeutics. -
11:48 - 11:51Elle veut faire tout ce qu'elle peut
pour aider les personnes -
11:51 - 11:54atteintes de maladies orphelines
à accéder à des médicaments. -
11:54 - 11:58Aujourd'hui, elle est notre chef de projet
pour toutes les activités de téléprésence. -
11:58 - 12:01Elle aide à unir
numériquement l'entreprise entière -
12:01 - 12:05pour travailler ensemble pour trouver
des remèdes à l'hypertension pulmonaire. -
12:05 - 12:08CA : Tous ceux atteints de cette maladie
n'ont pas été aussi chanceux. -
12:08 - 12:10Beaucoup de gens en meurent toujours.
-
12:10 - 12:12Vous abordez ce problème aussi.
Comment ? -
12:12 - 12:13MR : Tout à fait, Chris.
-
12:13 - 12:17Rien qu'aux États-Unis,
environ 3 000 personnes, chaque année, -
12:17 - 12:20peut-être 10 fois plus
dans le monde entier, -
12:20 - 12:22continuent de mourir de cette maladie,
-
12:22 - 12:24parce que les médicaments
ralentissent sa progression -
12:24 - 12:26mais ne l'arrêtent pas.
-
12:26 - 12:30Le seul remède pour l'hypertension
pulmonaire, la fibrose pulmonaire, -
12:30 - 12:33la fibrose kystique, l'emphysème,
-
12:33 - 12:36la BPCO, la raison du décès
récent de Leonard Nimoy, -
12:36 - 12:39est une greffe de poumons.
-
12:39 - 12:42Malheureusement, il y a seulement
assez de poumons disponibles -
12:42 - 12:47pour 2 000 greffes par an aux États-Unis,
-
12:47 - 12:50alors que presque 500 000 personnes par an
-
12:50 - 12:52meurent d'insuffisance
pulmonaire terminale. -
12:52 - 12:55CA : Comment pouvez-vous faire face à ça ?
-
12:55 - 12:57MR : Je conceptualise la possiblité
-
12:57 - 13:00que, tout comme nous maintenons
les voitures, les avions -
13:00 - 13:03et les immeubles
en état permanent d'activité -
13:03 - 13:07avec un stock illimité
de pièces de construction et de machines, -
13:07 - 13:11pourquoi ne peut-on pas créer un stock
illimité d'organes transplantables -
13:11 - 13:13pour garder les gens indéfiniment en vie,
-
13:13 - 13:16en particulier ceux atteints
de maladies pulmonaires. -
13:16 - 13:22Nous avons fait équipe avec le décodeur
du génome humain, Craig Venter, -
13:22 - 13:23et l'entreprise qu'il a créée
-
13:23 - 13:27avec Peter Diamandis,
le créateur du X Prize, -
13:27 - 13:31pour manipuler génétiquement
le génome du cochon, -
13:31 - 13:35afin que les organes du cochon
ne soient pas rejetés par le corps humain, -
13:35 - 13:38et par là créer un stock illimité
-
13:38 - 13:40d'organes transplantables.
-
13:40 - 13:44Nous faisons ça avec notre entreprise,
United Therapeutics. -
13:44 - 13:47CA : Vous croyez vraiment
que d'ici, quoi, une dizaine d'années, -
13:47 - 13:51ce manque de poumons transplantables
pourrait être réglé, grâce aux cochons ? -
13:51 - 13:53MR : Absolument, Chris.
-
13:53 - 13:57Je suis aussi sûre de ça que je l'ai été
du succès que nous avons généré -
13:57 - 14:00avec la diffusion télévisuelle
en direct, Sirius XM. -
14:00 - 14:02En fait, ce n'est pas bien sorcier.
-
14:02 - 14:05C'est de la simple manipulation
de gènes, les uns après les autres. -
14:05 - 14:10Nous sommes si chanceux d'être nés
à l'époque où le séquençage des génomes -
14:10 - 14:12est une activité de routine.
-
14:12 - 14:15Les gens formidables de Synthetic Genomics
-
14:15 - 14:17peuvent se concentrer
sur le génome du cochon, -
14:17 - 14:20de trouver les gènes exacts
qui causent problème, et de les réparer. -
14:20 - 14:24CA : Ce ne sont pas que les corps qui —
bien que ce soit incroyable. -
14:24 - 14:27(Applaudissements)
-
14:27 - 14:31Ce ne sont pas que les corps durables
qui vous intéressent maintenant. -
14:31 - 14:33Ce sont les esprits durables.
-
14:33 - 14:38Je crois que ce graphique dit, pour vous,
quelque chose d'assez profond. -
14:38 - 14:40Qu'est-ce qu'il veut dire ?
-
14:40 - 14:44MR : Ce que ce graphique signifie,
et il vient de Ray Kurzweil, -
14:44 - 14:48c'est que le taux
de développement du traitement, -
14:48 - 14:51du matériel, du firmware
et des logiciels informatique, -
14:51 - 14:56a avancé sur une courbe
telle que d'ici les années 2020, -
14:56 - 14:59comme nous l'avons vu aujourd'hui
dans les autres présentations, -
14:59 - 15:01il existera une technologie
de l'information -
15:01 - 15:05qui traitera l'information
et le monde autour de nous -
15:05 - 15:08à la même vitesse qu'un cerveau humain.
-
15:09 - 15:12CA : Et donc, vous êtes en train
de vous préparer pour ce monde -
15:12 - 15:16en croyant que, bientôt,
nous serons capables de, quoi, -
15:16 - 15:19vraiment extraire le contenu
de nos cerveaux -
15:19 - 15:22et de les préserver
pour toujours en quelque sorte ? -
15:22 - 15:24Comment décrivez-vous ça ?
-
15:24 - 15:29MR : Eh bien Chris, nous travaillons
sur la création d'une situation -
15:29 - 15:31où les gens peuvent créer
un fichier intelligence. -
15:31 - 15:34Un fichier intelligence
est la collection de leurs maniérismes, -
15:34 - 15:37de leur personnalité,
leurs souvenirs, leurs sentiments, -
15:37 - 15:39croyances, attitudes et valeurs,
-
15:39 - 15:42tout ce que nous avons
aujourd'hui déversé sur Google, -
15:42 - 15:45sur Amazon, sur Facebook.
-
15:45 - 15:51Toute cette information sauvegardée
pourra, dans les prochaines décennies, -
15:51 - 15:56une fois que les logiciels sont capables
de récapituler l'état de conscience, -
15:56 - 15:58pourra faire revivre l'état de conscience,
-
15:58 - 16:01qui est imminent
dans notre fichier intelligence. -
16:01 - 16:03CA : Vous n'êtes pas juste
en train de jouer. -
16:03 - 16:06Vous êtes sérieuse.
Je veux dire, qui est-ce ? -
16:06 - 16:11MR : C'est une version robot
de mon épouse bien-aimée, Bina. -
16:11 - 16:13Et nous l'appelons Bina 48.
-
16:13 - 16:17Elle a été programmée
par Hanson Robotics, au Texas. -
16:17 - 16:20Voici la double-page
du National Geographic, -
16:20 - 16:22avec l'un de ses aide-soignants.
-
16:22 - 16:24Elle surfe sur le web,
-
16:24 - 16:28et a des centaines
d'heures de maniérismes -
16:28 - 16:30et de tempéraments de Bina.
-
16:30 - 16:32Elle est un peu
comme un enfant de deux ans, -
16:32 - 16:35mais elle dit des choses
qui épatent les gens. -
16:35 - 16:38La personne qui en parle
le mieux est peut-être -
16:38 - 16:41Amy Harmon, journaliste du New York Times
et lauréate du prix Pulitzer. -
16:41 - 16:44Elle dit que ses réponses
sont souvent frustrantes, -
16:44 - 16:46mais que parfois,
elles sont aussi intéressantes -
16:46 - 16:50que celles de toutes les personnes
en chair et en os qu'elle a interviewées. -
16:50 - 16:54CA : Votre réflexion ici,
une partie de votre désir, -
16:54 - 16:58est que cette version de Bina puisse,
dans un sens, vivre éternellement, -
16:58 - 17:03ou une version future
puisse vivre éternellement ? -
17:03 - 17:05MR : Oui. Pas seulement Bina,
mais tout le monde. -
17:05 - 17:10Vous savez, ça nous coûte presque rien
de stocker nos fichiers intelligence -
17:10 - 17:12sur Facebook, Instagram,
ou je ne sais quoi. -
17:12 - 17:15Les réseaux sociaux
sont l'une des inventions -
17:15 - 17:18les plus extraordinaires de notre époque.
-
17:18 - 17:21Alors que des applications permettront
-
17:21 - 17:24de surpasser Siri, de mieux en mieux,
-
17:24 - 17:26et de développer des systèmes
d'exploitation de conscience, -
17:26 - 17:29chacun dans ce monde,
des milliards de gens, -
17:29 - 17:33pourra développer
son clone d'intelligence -
17:33 - 17:36qui aura sa propre vie sur Internet.
-
17:36 - 17:37CA : Ce qu'il y a ici, Martine,
-
17:37 - 17:39c'est que dans n'importe
quelle conversation, -
17:39 - 17:41ça semblerait complètement dingue,
-
17:41 - 17:44mais dans le contexte de votre vie,
de ce que vous avez achevé, -
17:44 - 17:47des choses que nous avons
entendues cette semaine, -
17:47 - 17:49les réalités construites par nos esprits,
-
17:49 - 17:53je veux dire,
on ne parierait pas contre ça. -
17:53 - 17:56MR : Je crois que ce n'est rien
qui vienne de moi. -
17:56 - 18:02Je suis peut-être plutôt
un peu comme un vecteur d'activités -
18:02 - 18:05qui sont entreprises
par les plus grandes entreprises -
18:05 - 18:09en Chine, au Japon, en Inde,
aux États-Unis, en Europe. -
18:09 - 18:14Il y a des dizaines de millions de gens
qui travaillent sur l'écriture d'un code -
18:14 - 18:18qui exprime de plus en plus d'aspects
de notre conscience humaine. -
18:18 - 18:23Il ne faut pas être un génie
pour voir que tous ces fils -
18:23 - 18:27vont se rejoindre et à la fin
créer de la conscience humaine, -
18:27 - 18:29et c'est quelque chose qui nous importera.
-
18:29 - 18:31Il y a tellement à faire dans cette vie,
-
18:31 - 18:36et si nous pouvions avoir un simulacre,
un double numérique de nous-mêmes, -
18:36 - 18:39qui nous aide à faire
nos comptes et nos courses, -
18:39 - 18:41qui est notre meilleur ami,
-
18:41 - 18:44nos clones d'intelligence,
ces versions numériques de nous-mêmes -
18:44 - 18:46seront à la fin nos meilleurs amis.
-
18:46 - 18:48En ce qui nous concerne,
pour moi et pour Bina, -
18:48 - 18:50nous nous aimons comme des folles.
-
18:50 - 18:52Nous disons toujours
des choses comme : -
18:52 - 18:55« Je t'aime encore
plus qu'il y a 30 ans. » -
18:55 - 19:00Pour nous, l'idée des clones
d'intelligence et des corps régénérés, -
19:00 - 19:03c'est pour que notre histoire d'amour,
Chris, soit éternelle. -
19:03 - 19:05Nous ne nous ennuyons jamais.
-
19:05 - 19:07Je suis sûre que ça n'arrivera jamais.
-
19:07 - 19:09CA : Je crois que Bina est ici, non ?
MR : Oui. -
19:09 - 19:12CA : Serait-ce trop, je ne sais pas,
avons-nous un micro ? -
19:12 - 19:15Bina, puis-je vous inviter sur scène ?
J'ai juste une question à vous poser. -
19:15 - 19:17D'ailleurs, il faut que l'on vous voit.
-
19:17 - 19:20(Applaudissements)
-
19:23 - 19:25Merci, merci.
-
19:25 - 19:27Venez rejoindre Martine ici.
-
19:27 - 19:32Je veux dire, regardez,
lorsque vous vous êtes mariées, -
19:32 - 19:36si quelqu'un vous avait dit que,
d'ici quelques années, -
19:36 - 19:38l'homme que vous épousiez
allait devenir une femme, -
19:38 - 19:41et que quelques années après,
vous deviendriez un robot — -
19:41 - 19:44(Rires) —
-
19:44 - 19:47Comment ça a tourné ?
Comment ça s'est passé ? -
19:47 - 19:49Bina Rothblatt :
Ç'a été un voyage vraiment excitant, -
19:49 - 19:52et je n'aurais jamais pensé ça à l'époque,
-
19:52 - 19:56mais nous avons commencé à fixer
des buts et à les réaliser, -
19:56 - 19:58à accomplir des choses,
et sans nous en rendre compte, -
19:58 - 20:00nous avons continué à grandir,
-
20:00 - 20:02et nous n'avons toujours pas arrêté,
donc c'est super. -
20:02 - 20:05CA : Martine m'a dit quelque chose
de vraiment très beau, -
20:05 - 20:08c'était sur Skype, juste avant,
-
20:08 - 20:14qui était qu'il voulait vivre
des centaines d'années -
20:14 - 20:17en tant que fichier intelligence,
-
20:17 - 20:19mais uniquement si c'était avec vous.
-
20:19 - 20:22BR : C'est vrai,
nous voulons le faire ensemble. -
20:22 - 20:25Nous sommes aussi des cryonistes.
Nous voulons nous réveiller ensemble. -
20:25 - 20:27CA : De mon point de vue,
-
20:27 - 20:31ce n'est pas juste l'une des vies
les plus stupéfiantes que j'ai entendues, -
20:31 - 20:33c'est l'histoire d'amour
la plus stupéfiante -
20:33 - 20:34que j'ai jamais entendue.
-
20:34 - 20:36C'est un régal de vous
avoir toutes les deux à TED. -
20:36 - 20:38Merci beaucoup.
-
20:38 - 20:40MR : Merci.
-
20:40 - 20:44(Applaudissements)
- Title:
- Ma fille, ma femme, notre robot, et la quête de l'immortalité
- Speaker:
- Martine Rothblatt
- Description:
-
Martine Rothblatt, créatrice de la radio satellite Sirius XM, dirige maintenant une entreprise pharmaceutique qui fabrique des médicaments essentiels au traitement des maladies rares (y compris un médicament qui a sauvé la vie de sa propre fille). Pendant ce temps, elle travaille à préserver la conscience de la femme qu'elle aime dans un fichier digital... et une compagne robot. Dans une conversation sur scène avec Chris Anderson de TED, Rothblatt partage son histoire marquante d'amour, d'identité, de créativité et de possibilités sans limites.
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 21:04
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