Histoire de l'Alphabet (Language of Coins: 3/9)

Histoire de l'Alphabet: cette vidéo nous introduit aux hiérogyphes, au langage cunéiforme, hiératique, démotique, aux systèmes de prononciation phonétique. L'information est présentée comme une série de sélections à partir d'une colelction de symboles.

References (book):
- The Alphabetic Labyrinth (Drucker)
- Letter Perfect (David Sacks)
- Empire and Communications (Innis)
- The Mathematical Theory of Communication (Shannon)

Image References:
- http://cuneiform.library.cornell.edu/ (Cuneiform Library at Cornell)
- Egyptian photography thanks to Anne Mullier (Louvre, Department of Egyptian Antiquities) http://ritournelleblog.com/

Script Advisers:
Ali McMillan / Cameron Murray / Mel Bervoets

Extra voice footage thanks to:
Feroze Shahpurwal​a

De façon informelle, on peut penser que l'information est comme un message -

emmagasiné ou transmis - à travers un média.

Lorsque vous peignez, vous représentez un message

en utilisant un trait continu,

avec apparemment un nombre infini de formes possibles.

Ainsi, vous êtes libres de vous exprimer.

Lorsque les humains ont commencé à développer des systèmes d'écriture,

ils ont, de façon naturelle, divisé le monde

en une infinité d'unités atomiques qui sont exprimées à travers les "symboles".

Tout langage écrit peut être pensé de cette manière.

Les messages se forment en organisant

des symboles en des traits ou schémas spécifiques.

Mais retournons en l'an 3000 avant Jésus Christ

et explorons deux anciens systèmes d'écriture.

D'abord, dans l'ancienne Egypte, il y avait les "hiéroglyphes",

une forme de communication sacerdotale, réservée

à des fins gouvernementales, fiscales, magiques et religieuses.

Cette écriture était utilisée par des écrivains sélectionnés et peu nombreux, les "scribes".

L'écriture n'était pas compréhensible

par le peuple.

Quant aux symboles en général, ceux-ci peuvent être rangés dans deux grandes catégories:

"les mots-signes" - càd des symboles qui représentent

un seul concept chargé de sens -

dos - pomme

- et en "sons-signes".

Ces symboles représentent des morceaux de son.

[DES GENS PRONONCENT DES SONS MONO-SYLLABIQUES ]

Le nombre total des symboles

utilisés était alors de plus de 1500.

Et si on fait le calcul de tous ces symboles

et que l'on compare le nombre de "mots-signes" et de "sons-signes",

on arrive à une portion de "sons-signes"" bien plus réduite par rapport aux "mots-signes".

Il y avait environ 140 signes pour les sons

- et de ceux-ci seulement 33 représentaient des consonnes particulières -

une petite fraction de tous les symboles en usage.

A l'époque, le média utilisé

pour emmagasiner les symboles fut d'abord la pierre.

Et celle-ci fut l'idéal pour les inscriptions durables

car elle permettait aux messages de voyager à travers le temps.

La mobilité n'était pas un gros problème

lorsqu'on communiquait de cette manière.

Cependant, un nouveau média physique

pour emmagasiner les symboles allait faire son apparition.

Le long du Nil, des dépôts de limon, résidus d'inondations,

rendit les terres environnantes extrêmement fertiles.

L'une des principales cultures qui se développa alors

fut le payrus.

On pouvait le couper en languettes

qu'on humidifiait.

Puis on les assemblait en tissage et on les pressait,

ce qui permettait aux sucres naturels

d'agir comme de la colle.

Après plusieurs jours, le tout séchait et formait

une tablette qui ne pesait presque rien.

Ce média était l'idéal pour envoyer des messages

à de plus grandes distances, en comparaison avec d'autres supports durables

et en tenant compte du facteur temps.

Ce passage vers un médium

économique et portable, pour emmagasiner des symboles,

coincida avec la diffusion de l'écriture

dans les mains d'un plus grand nombre de personnes qui avaient aussi de nouveaux objectifs.

Au fur et à mesure que les gens utilisaient le papyrus

les symboles évoluaient pour s'adapter à une écriture plus rapide.

Ceci conduisit à une écriture cursive connue comme écriture "hiératique".

Voici par exemple le document chirurgical

le plus ancien arrivé jusqu'à nous.

Il est écrit en hiératique

et remonte à 1600 avant Jésus Christ environ.

Ces symboles étaient basés sur les hiéroglyphes

mais les dessins étaient simplifiés pour mieux

s'accorder à la rapidité de l'écriture,

une sorte de sténo à l'ancienne!

De plus, le nombre de symboles à disposition diminua

vers l'année 700.

En échappant ainsi au poids de la pierre,

la pensée devint plus légère.

Cette forte augmentation de l'écriture manuelle

fut accompagnée par la sécularisation

de l'écriture, de la pensée et de l'activité.

Ceci conduisit à une nouvelle écriture appelée "démotique".

autour de l'an 650 avant JC. Elle fut inventée

pour faciliter l'aisance d'une écriture rapide.

Ce texte par exemple, un contrat de mariage,

est l'un des premiers exemples d'écriture démotique.

Il est intéressant de remarquer

qu'il y eut ici aussi une réduction incroyable

des symboles en usage dans ce nouveau système -

à savoir plus ou moins 10% du nombre total

de symboles utilisés jusqu'alors.

C'était la conséquence de la victoire

des signes phonétiques - les "sons-signes" -

[DES GENS PRONONCENT DES SONS PHONETIQUES]

sur les mots-symboles (ou signes chargés de sens).

Cette simplicité toute neuve allait permettre

aux enfants d'apprendre à écrire dès leur plus jeune ge.

On remarque une situation identique dans d'autres cultures.

Mais retournons en 3000 avant JC et allons en Mésopotamie.

où l'écriture utilisée s'appelait "cunéiforme".

On l'employait pour des raisons fiscales

et c'était un excellent système

pour mémoriser ses dettes et ses disponibilités

bien avant l'invention des pièces de monnaie.

Par exemple voici un document qui enregistrait

le nombre de peaux d'animaux possédées par un individu.

Ce genre d'écriture évolua pour satisfaire d'autres besoins.

Par exemple, cette tablette contient des recettes

pour faire du pain ou de la bière.

Et voici une autre tablette qui contient un document légal.

Cette écriture à l'origine

était utilisée

par les Sumériens

et il y avait plus de 2000 symboles en usage

qui eux aussi pouvaient être des "mots-signes" ou des "sons-signes".

L'acadien remplaça petit à petit le sumérien

comme langue parlée.

Et voici le dictionnaire le plus ancien: il remonte à 2300 avant JC.

Il contient des listes de mots en acadien et en sumérien.

Il fut découvert en Syrie.

Lorsque les Acadiens adaptèrent cette écriture

à leur langue,

ils en réduirent le nombre de symboles à plus ou moins 600.

Eux aussi firent ceci

pour se tourner vers les "sons-signes"

De nouveau on voit qu'aussi bien les hiérogyphes que les cunéiformes

utilisaient dans leur forme la plus évoluée quelques centaines de symboles ...

Et vu que les systèmes d'écriture s'éloignaient de leur aspect formel

pour se répandre et toucher de plus en plus de gens

le terrain était fertile pour l'invention

d'un nouveau système d'écriture pour les personnes.

L'une des grandes découvertes de l'histoire de l'écriture

remonte à plus ou moins 1700 avant JC.

Des inscriptions furent trouvées dans la pénisule du Sinai.

Elles étaient à 6 mètres l'une de l'autre.

Ces inscriptions sont importantes car chaque dessin dénote le son d'une consonne

sans qu'aucun "mot-signe" soit utilisé.

Prononcées correctement,

les lettres correspondaient à des mots en ancien sémitique.

Quoique non déchiffré dans sa totalité, ce message pouvait être

composé d'un nom, d'un rang, d'une prière.

Les deux mots déchiffrés sont "chef" et "dieu".

Cet exemple très simple fait pourtant partie d'une révolution de l'écriture,

à savoir: créer du sens en ne fusionnant que des "sons-signes".

[FILLE QUI PRONONCE DEUX MOTS D'UNE ET DEUX SYLLABES]

[DOS", "POMME"]

En 1000 avant JC, nous arrivons à l'alphabet phénicien,

qui émerge le long de la Méditerranée.

Il était utilisé par les Phéniciens

un peuple de marins commerçants.

Leur système d'écriture était basé sur le principe

qu'un signe représentait une consonne.

Ce système était utilisé pour écrire une langue sémitique du Nord

qui ne contenait que 22 symboles au total.

Les symboles choisis pour représenter ces sons

étaient souvent repris des hiéroglyphes,

de façon à ce que le nom de la lettre commençait par le son de la lettre.

Par exemple, "mem" qui signifiait "eau"

devint notre lettre "M".

"Alph" qui signifiait "boeuf"

est devenue notre lettre A.

Mais le pouvoir secret de cet alphabet,

et ses inventeurs ne le savaient pas,

est qu'il n'avait pas besoin d'une langue sémitique

pour fonctionner.

[DES GENS PRONONCENT DES MONOSYLLABES]

Avec de petits ajustements, ces lettres miraculeuses

allaient pouvoir s'adapter aux langues

de l'Europe, de l'Inde et de l'Asie sud-orientale.

véhiculant l'alphabétisation tout autour de la planète.

Cet alphabet est la source des alphabets grec et, plus tard, romain

encore utilisés aujourd'hui.

L'alphabet est une méthode puissante

pour transmettre et emmagasiner de l'information.

Peu importe les symboles, comment on les a choisis,

ou dans quelle langue ils sont,

l'information est juste une sélection

de symboles au sein d'une collection de symboles possibles.

Avec le temps, nous avons toujours recherché

des moyens de transport plus rapides pour l'information

au-delà de distances de plus en plus importantes.

Mais lorsque pour cela, on utilise les nouveaux médias,

qui voyagent plus vite que l'homme ou que l'animal,

c'est un problème d'ingénieurie qui se présente...

Allo? Allo!