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Ce que c'est d'être un père transgenre

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    L'autre matin, je suis allé
    dans une épicerie
  • 0:03 - 0:04
    et un employé m'a salué
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    avec un « Bonjour monsieur,
    puis-je vous aider ? »
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    J'ai dit : « Non merci, ça va ».
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    La personne a souri
    et chacun a suivi son chemin.
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    J'ai attrapé des céréales
    et quitté l'épicerie.
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    J'ai été au drive d'un café local.
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    Après avoir commandé,
    la voix à l'autre bout a dit :
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    « Merci madame. Avancez. »
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    En l'espace de moins d'une heure,
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    j'ai été compris comme étant
    « monsieur » et « madame ».
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    Pour moi, aucune
    de ces personnes n'a tort,
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    mais elles n'ont aussi
    pas entièrement raison.
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    Ce petit être humain mignon
    c'est mon Elliot, presque deux ans.
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    Oui.
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    Les deux dernières années,
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    cet enfant m'a forcé à repenser le monde
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    et ma participation.
  • 0:43 - 0:46
    Je m'identifie comme étant
    transgenre et parent,
  • 0:46 - 0:49
    cela me rend transparent.
  • 0:49 - 0:51
    (Rires)
  • 0:51 - 0:52
    (Applaudissements)
  • 0:52 - 0:54
    (Cris)
  • 0:54 - 1:00
    (Applaudissements)
  • 1:00 - 1:03
    Vous pouvez voir que j'ai pris le thème
    de cette année très littéralement.
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    (Rires)
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    Comme toute bonne blague de papa.
  • 1:08 - 1:10
    Je m'identifie comme étant genderqueer.
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    Il y a beaucoup de façons de vivre
    en étant genderqueer,
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    mais je ne me considère pas
    vraiment homme ou femme.
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    Je me sens au milieu et parfois en dehors
    de cette binarité des genres.
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    Étant en dehors de ces genres binaires,
  • 1:21 - 1:24
    on me dit parfois
    « monsieur » et « madame »
  • 1:24 - 1:27
    en l'espace de moins d'une heure
    lors de mes activités quotidiennes,
  • 1:27 - 1:28
    comme faire des courses.
  • 1:28 - 1:31
    C'est sur cette voie au milieu
    que je me sens le mieux.
  • 1:31 - 1:33
    Cet espace où je peux être
    un monsieur et une madame
  • 1:33 - 1:35
    semble le plus juste
    et le plus authentique.
  • 1:35 - 1:38
    Cela ne signifie pas que ces interactions
    ne sont pas gênantes.
  • 1:38 - 1:41
    Croyez-moi, l'inconfort peut aller
    d'une gêne mineure
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    à une insécurité physique.
  • 1:42 - 1:44
    Comme quand, dans un bar,
  • 1:44 - 1:47
    un videur m'a physiquement sorti
    en me tenant par la nuque
  • 1:47 - 1:49
    et m'a chassé des toilettes pour femmes.
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    Mais « authenticité »
    ne veut pas dire « agréable ».
  • 1:52 - 1:55
    Il s'agit de gérer et négocier
    l'inconfort de la vie quotidienne,
  • 1:55 - 1:56
    même lorsque cela est dangereux.
  • 1:57 - 1:59
    Et ce n'est qu'une fois
    que mon vécu de transgenre
  • 2:00 - 2:02
    s'est télescopé avec
    mon identité de parent
  • 2:02 - 2:04
    que j'ai compris l'ampleur
    de mes vulnérabilités
  • 2:04 - 2:07
    et comment elles m'empêchent
    d'être le plus authentique possible.
  • 2:08 - 2:11
    La majorité des gens
    ne réfléchissent pas beaucoup
  • 2:11 - 2:13
    à comment leur enfant va les appeler
  • 2:13 - 2:15
    en dehors de mots spécifiques à la culture
  • 2:15 - 2:18
    ou de variations de termes sexospécifiques
    comme « maman » ou « papa ».
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    Pour moi, la possibilité
    de comment cet enfant,
  • 2:21 - 2:24
    qui deviendra un adolescent
    puis un véritable adulte,
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    m'appellera pour le reste de nos vies
  • 2:26 - 2:28
    était à la fois extrêmement
    effrayante et excitante.
  • 2:29 - 2:33
    J'ai passé 9 mois aux prises
    avec le fait qu'être appelé « maman »
  • 2:33 - 2:35
    ou une chose similaire
    ne me ressemblait pas.
  • 2:35 - 2:38
    Peu importe combien de fois
    ou de versions de « maman » j'essayais,
  • 2:38 - 2:40
    cela semblait forcé et très gênant.
  • 2:41 - 2:45
    Être appelé « moman » ou « m'man » serait
    plus facile à digérer pour beaucoup.
  • 2:45 - 2:47
    L'idée d'avoir deux mères
    n'est pas nouvelle,
  • 2:47 - 2:49
    surtout pas où nous vivons.
  • 2:50 - 2:51
    Alors j'ai essayé d'autres mots.
  • 2:51 - 2:54
    Quand j'ai joué avec « papa »,
    cela m'a semblé mieux.
  • 2:55 - 2:56
    Mieux, mais pas parfait.
  • 2:57 - 3:00
    C'était comme une paire
    de chaussures que vous aimez
  • 3:00 - 3:01
    mais que vous devez faire à votre pied.
  • 3:02 - 3:05
    Je savais que l'idée d'être né
    avec le sexe féminin et appelé « papa »,
  • 3:05 - 3:08
    cela serait un chemin plus difficile
    avec plus de moments gênants.
  • 3:08 - 3:11
    Mais avant que je ne le sache,
    le temps était venu
  • 3:11 - 3:14
    et Elliot est née en criant,
    comme la plupart des bébés,
  • 3:14 - 3:16
    et ma nouvelle identité
    de parent a pris vie.
  • 3:16 - 3:18
    J'ai décidé de devenir un papa
  • 3:18 - 3:21
    et notre nouvelle famille
    a fait face au monde.
  • 3:21 - 3:24
    Une des choses habituelles
    qui arrivent en rencontrant des gens
  • 3:24 - 3:25
    est qu'ils m'appellent « maman ».
  • 3:25 - 3:28
    L'interaction peut se passer
    de plusieurs façons
  • 3:28 - 3:32
    et j'ai dessiné cette carte
    pour illustrer mes options.
  • 3:32 - 3:33
    (Rires)
  • 3:33 - 3:36
    La première option
    est d'ignorer la supposition
  • 3:36 - 3:39
    et permettre aux gens de continuer
    à m'appeler « maman »,
  • 3:39 - 3:41
    ce qui n'est pas gênant
    pour l'autre partie
  • 3:41 - 3:44
    mais est en général très gênant pour nous.
  • 3:44 - 3:47
    Cela me pousse à limiter
    mon interaction avec ces gens.
  • 3:47 - 3:49
    Première option.
  • 3:49 - 3:52
    La deuxième option est
    de les arrêter et de les corriger,
  • 3:52 - 3:53
    de dire :
  • 3:53 - 3:56
    « Je suis le père d'Elliot »
    ou « Elliot m'appelle « papa » ».
  • 3:56 - 3:59
    Quand je fais cela, une ou deux
    des choses suivantes se produisent.
  • 4:00 - 4:03
    Les gens ne sont pas dérangés
    et disent : « Oh, d'accord ».
  • 4:03 - 4:04
    Et passent à autre chose.
  • 4:04 - 4:07
    Ils répondent en s'excusant platement
  • 4:07 - 4:10
    parce qu'ils se sentent mal,
    embarrassés, coupables ou bizarres.
  • 4:10 - 4:14
    Mais souvent, les gens sont déconcertés,
  • 4:14 - 4:17
    lèvent les yeux, ont un regard intense
    et disent quelque chose comme :
  • 4:17 - 4:19
    « Tu veux changer de sexe ?
  • 4:19 - 4:21
    Tu veux être un homme ? »
  • 4:21 - 4:22
    Ou disent des choses comme :
  • 4:22 - 4:24
    « Comment peut-elle être un père ?
  • 4:24 - 4:26
    Seuls les hommes le peuvent. »
  • 4:26 - 4:29
    La première option
    est souvent la plus simple.
  • 4:29 - 4:31
    La seconde option
    est toujours la plus authentique.
  • 4:31 - 4:34
    Tous ces scénarios impliquent
    une certaine gêne,
  • 4:34 - 4:35
    même dans le meilleur des cas.
  • 4:35 - 4:39
    Avec le temps, ma capacité
    à naviguer cette carte complexe
  • 4:39 - 4:40
    a gagné en aisance.
  • 4:40 - 4:42
    Mais la gêne est toujours là.
  • 4:42 - 4:44
    Je ne vais pas prétendre
  • 4:44 - 4:46
    que je maîtrise cela,
    j'en suis assez loin.
  • 4:46 - 4:49
    Certains jours, je permets encore
    à la première option d'arriver
  • 4:49 - 4:51
    car la seconde option
    est trop difficile ou risquée.
  • 4:52 - 4:55
    Il n'y a pas moyen d'être certain
    de la réaction de quiconque
  • 4:55 - 4:58
    et je veux m'assurer
    que les gens ont de bonnes intentions,
  • 4:58 - 5:00
    que ce sont des gens biens.
  • 5:00 - 5:03
    Nous vivons dans un monde où
    l'opinion de quelqu'un sur mon existence
  • 5:03 - 5:05
    peut être avancée par des menaces
  • 5:05 - 5:08
    envers ma sécurité émotionnelle,
    physique ou celle de ma famille.
  • 5:08 - 5:12
    Alors je soupèse les coûts
    en fonction des risques
  • 5:12 - 5:16
    et parfois, la sécurité de ma famille
    passe avant mon authenticité.
  • 5:17 - 5:18
    Mais malgré ce risque,
  • 5:18 - 5:22
    Elliot, en grandissant et sa conscience,
    ses compétences linguistiques croissant,
  • 5:22 - 5:25
    si je ne corrige pas
    les gens, elle le fera.
  • 5:26 - 5:29
    Je ne veux pas que mes peurs
    et insécurités reposent sur elle,
  • 5:29 - 5:32
    entament son moral ou la fassent
    remettre sa voix en question.
  • 5:32 - 5:35
    Je dois être un exemple de force,
    d'authenticité, de vulnérabilité
  • 5:35 - 5:39
    et aller vers ces moments gênants,
    être appelée « maman »
  • 5:39 - 5:41
    et m'exprimer et dire :
    « Non, je suis un papa.
  • 5:41 - 5:44
    Et j'ai même les blagues
    de papa pour le prouver. »
  • 5:44 - 5:45
    (Rires)
  • 5:46 - 5:49
    Il y a déjà eu beaucoup de moments gênants
  • 5:49 - 5:50
    voire même douloureux.
  • 5:50 - 5:53
    Mais il y a aussi eu,
    en deux courtes années,
  • 5:53 - 5:55
    des moments de validation
    et de transformation
  • 5:55 - 5:58
    sur mon chemin en tant que père
    et vers l'authenticité.
  • 5:58 - 6:00
    Lors de notre première échographie,
  • 6:00 - 6:03
    nous voulions connaître le sexe du bébé.
  • 6:03 - 6:04
    Le technicien a vu une vulve,
  • 6:04 - 6:06
    a affiché les mots
    « C'est une fille » à l'écran,
  • 6:06 - 6:09
    nous a donné une copie
    et renvoyés chez nous.
  • 6:09 - 6:12
    Nous avons partagé la photo
    avec nos familles
  • 6:12 - 6:15
    et, peu après, ma mère est arrivée
    chez nous avec un sac plein --
  • 6:15 - 6:17
    je n'exagère pas,
  • 6:17 - 6:22
    il était haut comme ça et débordait
    de vêtements et de jouets roses.
  • 6:23 - 6:26
    J'étais un peu contrarié d'être confronté
    à beaucoup de choses roses
  • 6:26 - 6:28
    et, ayant étudié le genre
  • 6:28 - 6:30
    et passé d'innombrables heures
    à enseigner ce sujet
  • 6:30 - 6:31
    en séminaire et en classe,
  • 6:31 - 6:35
    je pensais être initié
    à la construction sociale du genre,
  • 6:35 - 6:37
    comment le sexisme dévalue le féminin
  • 6:37 - 6:40
    et comment il se manifeste
    explicitement et implicitement.
  • 6:41 - 6:45
    Mais cette situation, cette aversion
    pour un sac plein de choses roses,
  • 6:45 - 6:49
    m'a forcé à explorer mon rejet
    des choses très féminines
  • 6:49 - 6:50
    dans le monde de mon enfant.
  • 6:51 - 6:54
    J'ai réalisé que je renforçais le sexisme
  • 6:54 - 6:56
    et les normes culturelles
    que je dis problématiques.
  • 6:57 - 7:00
    Peu importe combien je croyais
    en la théorie de la neutralité du genre,
  • 7:00 - 7:05
    en pratique, l'absence de féminité
    n'est pas la neutralité,
  • 7:05 - 7:06
    c'est la masculinité.
  • 7:06 - 7:09
    Si je n'habille mon bébé
    qu'en vert, en bleu et en gris,
  • 7:09 - 7:13
    le monde extérieur ne pense pas :
    « C'est un beau bébé de genre neutre ».
  • 7:13 - 7:16
    Ils pensent : « Quel beau garçon ».
  • 7:17 - 7:20
    Ma compréhension théorique du genre
    et mon monde de parent se sont télescopés.
  • 7:21 - 7:24
    Oui, je veux que mon enfant connaisse
    une diversité de couleurs et de jouets.
  • 7:24 - 7:27
    Je veux qu'elle ait
    un environnement équilibré
  • 7:27 - 7:28
    à explorer et comprendre.
  • 7:28 - 7:31
    Nous avons un nom non sexospécifique
    pour notre bébé né fille.
  • 7:31 - 7:35
    Mais la neutralité du genre
    est plus simple en théorie
  • 7:35 - 7:36
    qu'elle ne l'est en pratique.
  • 7:37 - 7:39
    En essayant de créer
    une neutralité du genre,
  • 7:39 - 7:43
    par inadvertance, je privilégiais
    la masculinité à la féminité.
  • 7:43 - 7:47
    Au lieu de modérer ou d'éliminer
    la féminité dans nos vies,
  • 7:47 - 7:49
    nous faisons un effort concerté
    pour la célébrer.
  • 7:49 - 7:52
    Nous avons du rose
    dans notre variété de couleurs,
  • 7:52 - 7:54
    nous équilibrons le mignon et le beau,
  • 7:54 - 7:56
    le joli et le fort et intelligent
  • 7:56 - 7:59
    et travaillons très dur
    à ne pas associer un mot à un genre.
  • 7:59 - 8:01
    Nous valorisons la féminité
    et la masculinité
  • 8:01 - 8:03
    tout en nous montrant très critiques.
  • 8:03 - 8:04
    Nous faisons de notre mieux
  • 8:04 - 8:07
    pour qu'elle ne soit pas limitée
    par les rôles de genre.
  • 8:07 - 8:08
    Nous le faisons en espérant
  • 8:08 - 8:12
    montrer l'exemple d'une relation saine,
    responsable avec le genre à notre enfant.
  • 8:13 - 8:17
    Ce travail pour développer une relation
    saine avec le genre pour Elliot
  • 8:17 - 8:20
    m'a fait repenser et réévaluer
    comment le sexisme se manifeste
  • 8:20 - 8:21
    dans mon identité de genre.
  • 8:22 - 8:24
    J'ai réévalué comment
    je rejetais la féminité
  • 8:24 - 8:27
    afin d'être à la hauteur
    d'une masculinité malsaine
  • 8:27 - 8:29
    ou d'une chose que je voulais transmettre.
  • 8:30 - 8:33
    Avec ce travail sur moi,
    je devais rejeter la première option :
  • 8:33 - 8:35
    ignorer, passer à autre chose.
  • 8:35 - 8:36
    Je devais choisir la seconde option.
  • 8:37 - 8:40
    Je devais renouer
    avec des parties de moi gênantes
  • 8:40 - 8:42
    pour aller vers un moi plus authentique.
  • 8:42 - 8:45
    Je devais me confronter vraiment
    à la gêne que j'avais avec mon corps.
  • 8:46 - 8:50
    Il est assez commun pour les transgenres
    d'être mal à l'aise dans leur corps
  • 8:50 - 8:53
    et ce malaise peut être
    incapacitant ou embêtant
  • 8:53 - 8:54
    et tout ce qu'il y a entre.
  • 8:54 - 8:58
    Apprendre mon corps et comment
    être à l'aise en tant que transgenre
  • 8:58 - 8:59
    est un chemin qui dure une vie.
  • 8:59 - 9:01
    J'ai du mal avec les parties de mon corps
  • 9:01 - 9:03
    pouvant être plus féminines --
  • 9:03 - 9:06
    ma poitrine, mes hanches, ma voix.
  • 9:06 - 9:09
    J'ai pris la décision
    parfois difficile, parfois facile
  • 9:09 - 9:12
    de ne pas prendre d'hormones
    ni d'avoir d'opération
  • 9:12 - 9:15
    pour me rendre plus masculin
    d'après les standards sociétaux.
  • 9:15 - 9:19
    Si je n'ai pas surmonté
    tous les sentiments d'insatisfaction,
  • 9:19 - 9:21
    j'ai réalisé qu'en
    ne confrontant pas ce malaise
  • 9:21 - 9:24
    et en ayant une position
    positive, affirmative de mon corps,
  • 9:24 - 9:27
    je renforçais le sexisme, la transphobie
  • 9:27 - 9:29
    et montrais un exemple
    de honte de son corps.
  • 9:29 - 9:30
    Si je déteste mon corps,
  • 9:30 - 9:33
    en particulier, les parties
    que la société estime féminines,
  • 9:33 - 9:35
    je dégrade potentiellement
  • 9:35 - 9:37
    comment mon enfant voit
    les possibilités de son corps
  • 9:37 - 9:39
    et de ses parties féminines.
  • 9:40 - 9:42
    Si je déteste ou suis mal à l'aise
    avec mon corps,
  • 9:42 - 9:45
    comment puis-je attendre
    de mon enfant qu'elle aime le sien ?
  • 9:46 - 9:49
    Il serait plus facile pour moi
    de choisir la première option :
  • 9:49 - 9:53
    ignorer mon enfant qui me questionne
    sur mon corps ou le lui cacher.
  • 9:53 - 9:55
    Mais je dois choisir
    la seconde option chaque jour.
  • 9:56 - 9:57
    Je dois confronter mes suppositions
  • 9:57 - 10:00
    quant à ce que le corps d'un père
    peut et devrait être.
  • 10:00 - 10:03
    Je travaille chaque jour pour être
    plus à l'aise dans ce corps
  • 10:03 - 10:05
    et avec mes façons d'exprimer ma féminité.
  • 10:05 - 10:07
    J'en parle plus,
  • 10:07 - 10:09
    j'explore les profondeurs de cette gêne
  • 10:09 - 10:11
    et trouve des mots
    avec lesquels je suis à l'aise.
  • 10:11 - 10:14
    Cette gêne quotidienne m'aide à bâtir
    de la force et de l'authenticité
  • 10:14 - 10:17
    sur ma représentation
    dans mon corps et mon genre.
  • 10:17 - 10:19
    Je travaille à ne pas me limiter.
  • 10:19 - 10:22
    Je veux lui montrer qu'un père
    peut avoir des hanches,
  • 10:22 - 10:24
    n'a pas à avoir une poitrine
    parfaitement plate
  • 10:24 - 10:26
    ni même la capacité à avoir une barbe.
  • 10:26 - 10:28
    Quand elle en sera capable,
  • 10:28 - 10:31
    je veux lui parler
    de mon voyage avec mon corps.
  • 10:31 - 10:33
    Je veux qu'elle voit mon voyage
    vers l'authenticité
  • 10:33 - 10:36
    même si cela implique de lui montrer
    les parties compliquées.
  • 10:37 - 10:39
    Nous avons un pédiatre génial
  • 10:39 - 10:42
    et avons une bonne relation
    avec le médecin de notre enfant.
  • 10:42 - 10:45
    Comme vous le savez,
    si votre médecin reste le même,
  • 10:45 - 10:47
    vos infirmiers et infirmiers praticiens
    vont et viennent.
  • 10:47 - 10:50
    Quand Elliot est née,
    nous l'avons amenée chez le pédiatre
  • 10:50 - 10:53
    et avons rencontré
    notre première infirmière, Sarah.
  • 10:53 - 10:55
    Très tôt durant notre période avec Sarah,
  • 10:55 - 10:57
    nous lui avons dit
    que j'allais être « papa »
  • 10:57 - 10:58
    et ma partenaire était « maman ».
  • 10:58 - 11:01
    Sarah était de ceux
    que ça ne dérangeait pas
  • 11:01 - 11:03
    et nos visites suivantes
    se sont bien passées.
  • 11:03 - 11:05
    Environ un an plus tard,
    Sarah a changé de garde
  • 11:05 - 11:08
    et nous avons travaillé
    avec une nouvelle infirmière, Becky.
  • 11:08 - 11:10
    Nous n'avons pas devancé les conversations
  • 11:10 - 11:13
    et ne l'avons pas abordé
    jusqu'à ce que Sarah, notre infirmière,
  • 11:13 - 11:15
    vienne dire bonjour.
  • 11:15 - 11:18
    Sarah est chaleureuse, joviale
    et a dit bonjour à Elliot, moi et ma femme
  • 11:18 - 11:20
    et, en parlant à Elliot, a dit :
  • 11:20 - 11:22
    « Ton père a ton jouet ? »
  • 11:22 - 11:23
    Du coin de l’œil,
  • 11:23 - 11:25
    je pouvais voir Becky
    pivoter dans sa chaise
  • 11:25 - 11:27
    et fusiller Sarah du regard.
  • 11:28 - 11:31
    Le sujet de conversation
    est passé à notre pédiatre
  • 11:31 - 11:34
    et j'ai vu l'interaction de Sarah
    et Becky continuer, quelque chose comme :
  • 11:34 - 11:38
    Becky, faisant non de la tête
    et murmurant le mot « maman » ;
  • 11:39 - 11:43
    Sarah, faisant non de la tête
    et murmurant : « Non, papa ».
  • 11:43 - 11:45
    (Rires)
  • 11:46 - 11:47
    Embarrassant, non ?
  • 11:47 - 11:50
    Cela a continué dans un silence
    complet quelques fois
  • 11:50 - 11:51
    jusqu'à ce que nous partions.
  • 11:52 - 11:54
    Cette interaction m'est restée.
  • 11:54 - 11:56
    Sarah aurait pu choisir
    la première option,
  • 11:56 - 11:59
    ignorer Becky et la laisser
    m'appeler « maman ».
  • 11:59 - 12:01
    Cela aurait été plus facile pour Sarah.
  • 12:01 - 12:05
    Elle aurait pu rejeter la faute sur moi
    ou ne rien dire du tout.
  • 12:05 - 12:08
    Mais à ce moment-là,
    elle a choisi la seconde option.
  • 12:08 - 12:10
    Elle a choisi de confronter
    les suppositions
  • 12:10 - 12:11
    et d'affirmer mon existence.
  • 12:11 - 12:14
    Elle a insisté qu'une personne
    me ressemblant
  • 12:14 - 12:15
    pouvait être un père.
  • 12:15 - 12:17
    De façon modeste mais significative,
  • 12:17 - 12:20
    elle m'a défendu,
    mon authenticité et ma famille.
  • 12:22 - 12:26
    Malheureusement, nous vivons dans un monde
    refusant d'accepter les transgenres
  • 12:26 - 12:29
    et la diversité
    des transgenres en général.
  • 12:30 - 12:32
    Mon espoir est que confronté
    à une opportunité
  • 12:32 - 12:34
    de défendre quelqu'un d'autre,
  • 12:34 - 12:38
    nous agissions tous comme Sarah,
    même quand cela implique un risque.
  • 12:39 - 12:43
    Certains jours, le risque d'être
    un père genderqueer semble trop grand.
  • 12:43 - 12:46
    Décider d'être un père
    a été très difficile.
  • 12:46 - 12:48
    Je suis sûr que cela continuera
    d'être l'expérience
  • 12:48 - 12:50
    la plus difficile
    et enrichissante de ma vie.
  • 12:51 - 12:54
    Malgré ce défi, chaque jour
    a semblé valoir entièrement le coup.
  • 12:55 - 12:58
    Alors chaque jour j'affirme
    ma promesse envers Elliot
  • 12:58 - 13:00
    et cette même promesse envers moi-même.
  • 13:00 - 13:02
    De l'aimer fort et de m'aimer fort
  • 13:02 - 13:05
    en faisant preuve de pardon
    et de compassion,
  • 13:05 - 13:07
    de fermeté et de générosité.
  • 13:07 - 13:11
    De laisser de la place pour grandir,
    aller au-delà du confort
  • 13:11 - 13:14
    dans l'espoir d'atteindre et de vivre
    une vie ayant encore plus de sens.
  • 13:14 - 13:16
    Je sais dans ma tête et mon cœur
  • 13:16 - 13:19
    qu'il y a des jours difficiles,
    douloureux et inconfortables à venir.
  • 13:19 - 13:21
    Ma tête et mon cœur savent aussi
  • 13:21 - 13:24
    que tout cela mènera à une vie
    plus riche et authentique
  • 13:24 - 13:26
    à laquelle je pourrai
    repenser sans regrets.
  • 13:26 - 13:27
    Merci.
  • 13:27 - 13:31
    (Applaudissements)
Title:
Ce que c'est d'être un père transgenre
Speaker:
LB Hannahs
Description:

LB Hannahs partage honnêtement l'expérience que cela est d'être un parent en tant qu'individu genderqueer et comment cela peut nous en apprendre beaucoup sur l'authenticité et la défense de ses droits. « « Authenticité » ne veut pas dire « agréable ». Il s'agit de gérer et négocier l'inconfort de la vie quotidienne », dit Hannahs.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
13:44

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