Un mouvement mondial pour résoudre les problèmes mondiaux

Nous devons penser au-delà de nos frontières nationales pour résoudre les problèmes mondiaux, déclare l'activiste Colombe Cahen-Salvador. En réinventant les systèmes de gouvernance fracturés du monde et en dénonçant les réponses inefficaces apportées à des problèmes majeurs (de la pandémie de coronavirus au changement climatique et aux droits de l'Homme), elle présente NOW! un mouvement unifiant les personnes au-delà des frontières afin de créer un monde véritablement démocratique.

Depuis des années, je travaille
sur une idée simple :

pour que l'humanité fasse
un nouveau bond en avant,

il faut coopérer au-delà des frontières
pour résoudre les problèmes mondiaux.

De nos jours,

aucun mur ni frontière ne peut
nous protéger des crises.

Notre seul choix est de nous unir,

et ce rapidement.

En 2016, j'ai été bouleversée
par la décision du Royaume-Uni

de quitter l'Union européenne.

Je suis Française et, pour moi, l'UE
symbolise une société ouverte et mondiale.

Soudain, mes croyances
ont été bouleversées.

Et je n'étais pas la seule à ressentir ça.

Mon compagnon italien, Andrea,

et Damian, un ami allemand,

ont aussi senti le choc de voir
le monde se refermer sur lui-même.

Nous avons compris que même
en venant de trois pays différents,

nous avions assisté aux mêmes défis :

les flux migratoires traités
de façon inhumaine,

le changement climatique

ou le chômage élevé des jeunes.

Nous avions aussi les mêmes espoirs,
les mêmes rêves dans notre quotidien

et nous avions compris
que face aux défis européens,

il fallait abandonner le modèle obsolète

qui fait passer avant tout
les intérêts nationaux.

Nous avons donc décidé d'agir.

Pendant plusieurs mois, nous avons
travaillé sur l'idée de lancer Volt,

le premier mouvement
politique paneuropéen.

Bien sûr, nous en avons parlé
à nos amis sur Facebook,

beaucoup d'entre eux ont répondu
qu'ils étaient prêts à relever le défi

et voulaient aider.

Les gens ont commencé à se rassembler
localement dans des parcs,

des universités et des bars

pour discuter de leur avenir commun

et partager leurs solutions
aux problèmes majeurs de notre continent.

Nous avons mobilisé des dizaines de
milliers de gens dans 28 pays européens.

Deux ans plus tard,

Damian a été élu au Parlement européen

après une campagne menée par
des bénévoles au-delà des frontières,

sur l'idée que nous sommes
plus forts ensemble.

Nous avons montré qu'en travaillant
au-delà des frontières,

en s'unissant et en agissant ensemble,

nous pouvions commencer
à changer les mentalités.

Nous sommes les premiers
à avoir essayé à cette échelle

et les premiers à réussir.

Malgré cela,

après les élections
européennes de mai 2019,

Andrea et moi, nous nous sommes regardés

et nous nous sommes posés la question
que l'on ne veut jamais poser

après avoir passé deux ans à
travailler sur une chose

qui a fini par marcher :

« Est-ce que c'est assez ? »

Non, ça ne l'était pas.

Nous savions que les problèmes urgents
ne sont pas qu'européens,

ils sont mondiaux.

Et que nous ne pourrions
même pas essayer de les résoudre

en nous concentrant juste sur l'Europe,

un continent qui représente moins de
10 % de la population mondiale.

Le problème est que
notre façon de voir le monde

et sa façon de fonctionner

sont fondamentalement erronées.

En l'espace de deux générations,

le monde a plus changé
qu'il ne l'avait fait en 20 000 ans.

On peut aller sur la Lune,

on peut se réveiller à Shanghai
et se coucher à New York.

Nous avons accès à une énorme quantité
d'informations, tout le temps, partout.

Mais nous voyons toujours le monde
comme notre environnement immédiat.

Les problèmes comme la COVID-19,
le changement climatique, l'immigration,

la justice fiscale
ou les droits de l'Homme

nous forcent à penser et à nous unir
au-delà des frontières nationales.

Pour les résoudre,
il faut une approche mondiale.

Les pays doivent coopérer,

partager les ressources,
l'information et les solutions.

Ce n'est pas que la bonne chose à faire,

c'est aussi la plus intelligente.

Dans les semaines qui ont suivi
l'élection de Damian,

Andrea et moi avons décidé
de créer un mouvement mondial

pour unir les gens au-delà des frontières

et résoudre ces problèmes communs.

Nous l'avons appelé NOW!
sans grande originalité,

mais parce qu'il faut agir maintenant.

Je sais qu'aller au-delà des frontières
nationales n'est pas des plus faciles,

voici donc le cadre qui
nous guide dans notre travail.

Je l'appelle « Penser,
s'unir et avancer ».

D'abord, il faut changer
notre façon de penser au monde.

qu'on le veuille ou non,

nous vivons déjà dans la mondialisation.

Nous devons cesser
de penser à l'échelle nationale

et commencer à penser au niveau mondial.

Prenons notre façon de penser aux impôts.

Les entreprises multinationales
comme Facebook ou Amazon

sont déjà présentes
au-delà des frontières,

mais paient très peu d'impôts
dans très peu de pays

parce qu'on les voit dans
une perspective nationale.

Et par conséquent,

il n'y a pas de système
fiscal international.

À cause de cela,

les pays sont privés d'au moins
500 milliards de dollars chaque année.

Cinq cent milliards de dollars.

Pour remettre en perspective :

la moitié de cet argent

pourrait résoudre la faim
dans le monde pendant un an.

Mais nous ne le faisons pas,

à cause de la façon
dont nous voyons le monde.

Chez NOW!, nous voulons changer ça.

Nous mettons en relation des gens
des quatre coins du monde

qui discutent, travaillent ensemble
et comprennent

que la mondialisation est la norme

et qu'ils ont plus en commun
que ce qui les sépare.

Nous animons des évènements hebdomadaires

où nous discutons de sujets tels que
les droits des personnes LGBT+,

les pandémies,

la justice fiscale

ou la santé mentale.

Nous décomposons ces défis mondiaux

pour voir leurs conséquences
dans différentes parties du monde.

Nos membres font déjà preuve
de réflexion mondiale,

en mobilisant activement leur gouvernement
pour résoudre ces problèmes,

comme assurer la distribution équitable
de vaccins à travers le monde.

Puis, après avoir changé notre mentalité,

nous devons nous unir
au-delà des frontières.

De cette façon, nous pouvons obliger
les gouvernements à agir.

Prenons l'exemple de l'érosion
de la démocratie à Hong Kong.

La Chine a systématiquement sévi contre
les droits, la démocratie et les libertés,

mais les autres pays ont à peine
réagi pour défendre les Hongkongais.

Je ne parle pas juste de condamnations

qui ne conduisent à aucun changement,

mais de véritables réactions,
comme des sanctions.

C'est pour cela qu'à NOW!,
il y a quelques semaines,

nous avons lancé une campagne
de rassemblement des démocraties

afin de tenir tête
à la Chine efficacement.

Et pour attirer leur attention,

nous avons organisé des manifestations
devant les ambassades chinoises.

Après quelques semaines,

nous avons attiré plus d'un million
de personnes en ligne.

Nous espérons qu'en unissant et
en mobilisant au-delà des frontières,

nous pourrons faire pression
sur les nations

pour qu'elles imposent
des sanctions coordonnées à la Chine.

Enfin, nous devons avoir le courage
de faire un bond en avant

pour créer le monde de demain.

Il nous faut un système de gouvernance qui
fonctionne pour tous dans le monde entier.

Si des institutions supranationales,
comme les Nations unies, existent,

leurs mécanismes d'exécution sont
extrêmement limités.

Les citoyens ne peuvent pas participer

et les intérêts nationaux
l'emportent souvent.

Et à une échelle nationale,

les partis politiques sont contraints par
le calendrier électoral et les frontières,

ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas
se coordonner à un niveau mondial.

Le processus politique, la gouvernance et
la vie politique doivent aller plus loin.

Prenez l'exemple des réponses apportées
à la pandémie de COVID-19.

Les approches privilégiées par les pays
ont été pensées à court terme.

Ils n'ont pas coopéré sur
le matériel de protection,

les vaccins ou les médicaments.

NOW! a lancé une campagne

pour que l'Organisation mondiale
de la santé garantisse

que les professionnels de santé
dans le monde, de toute nationalité,

aient un accès prioritaire
aux futurs vaccins contre la COVID-19.

Nous avons fait appel à des médecins sur
les réseaux pour sensibiliser le public

et nous avons lancé une pétition
adressée à l'OMS.

Pendant deux semaines,

nos membres ont fait passer
l'information en ligne et à l'extérieur,

puis nous avons reçu une réponse
du directeur général de l'OMS

saluant notre campagne.

Il a rappelé que le pouvoir d'agir
repose sur chaque État membre

mais s'est engagé à travaillé
avec eux dans cette voie.

Vous voyez, cette lettre était bien
gentille, mais complètement inutile.

L'OMS ne peut pas agir de manière
significative sur ce problème.

Mais le fait est

qu'une agence des Nations unies
devrait être capable d'agir,

de créer des politiques contraignantes
et de les mettre en œuvre

face à une menace mondiale.

Maintenant, ce que
nous pouvons espérer de plus

c'est que les dirigeants du monde
entendent nos voix

et décident de faire ce qui est juste.

Ça ne peut pas continuer.

Dans ce monde globalisé,

il nous faut un système de gouvernance
mondiale démocratique et responsable.

C'est ce vers quoi nous travaillons,

mais une gouvernance mondiale
ne se fera pas du jour au lendemain.

Pour cela, il faut pousser
nos gouvernements

à agir à l'échelle mondiale,

à montrer qu'ensemble,
on arrive à de meilleurs résultats.

Il faut prouver que ça marche

avant de changer la façon
dont le monde fonctionne.

Voici donc mon plan :

penser au-delà des frontières nationales,

s'unir à travers le monde

et avancer pour s'assurer que le monde
peut fonctionner comme un seul homme.

C'est plus facile à dire qu'à faire,

mais c'est faisable.

Prenons notre cas comme exemple.

NOW! a seulement été lancé
le 1er janvier 2020

mais nous comptons déjà des milliers
de membres dans plus de 100 pays.

Nous voyons qu'il est possible
de s'unir au-delà des frontières,

nous pouvons y parvenir.

Et nous ne sommes absolument pas spéciaux.

Je n'ai pas de don particulier,

rien que l'idée de faire
cette conférence m'a terrifiée.

Mais j'essaie différentes façons de faire
changer les choses à échelle mondiale

parce que je sais que les mentalités
et les systèmes nationaux

doivent laisser la place à
quelque chose de plus grand,

à quelque chose de mieux.

J'espère que, de mon vivant,

je verrai ce que vivre ensemble
veut vraiment dire,

qu'en s'unissant,

nous pourrons protéger la démocratie,

pour protéger l'environnement,

pour sauver des vies
en partageant des vaccins,

pour créer des routes
migratoires plus sûres,

entre autres réussites.

Je ne sais pas si j'ai la bonne solution,

personne ne le sait.

Je ne sais pas si NOW! parviendra
à accomplir ces objectifs.

Ce n'est pas la question.

L'important, c'est que chacun agisse pour
changer les choses au niveau mondial.

J'espère que beaucoup d'entre vous
coopéreront au-delà des frontières,

que vous créerez de nouvelles façons
pour que le monde ne fasse qu'un.

Parce que oui, nous sommes
plus forts tous ensemble.

Alors, qu'est-ce que nous attendons ?

Merci.