Réflexions sur une vie dédiée à combattre la pauvreté infantile
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0:01 - 0:03Pat Mitchell : Vous n'aimez pas
qu'on parle de « légende »… -
0:03 - 0:06Marian Wright Edelman : Non, en effet.
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0:06 - 0:06(Rires)
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0:06 - 0:08PM : Pourquoi, Marian ?
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0:08 - 0:10Car c'est vrai que vous êtes
un peu une légende. -
0:10 - 0:12Vous faites ça depuis longtemps,
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0:12 - 0:15et vous êtes toujours là
en tant que fondatrice et présidente. -
0:15 - 0:20MWE : Eh bien, mon père et ma mère
nous ont élevés pour servir, -
0:20 - 0:22et nous sommes des leaders-serviteurs.
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0:23 - 0:27Il ne s'agit pas de choses
extérieures ou d'étiquettes, -
0:27 - 0:30et je me considère
la plus chanceuse au monde, -
0:30 - 0:33d'être née à une époque où coexistaient
des injustices et des besoins criants -
0:33 - 0:36et aussi de belles opportunités
pour les changer. -
0:36 - 0:38Je suis donc très reconnaissante
d'avoir pu servir -
0:38 - 0:40et changer le cours des choses.
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0:40 - 0:42PM : Quelle belle façon de le dire !
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0:42 - 0:46(Applaudissements)
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0:46 - 0:48Vous avez grandi
dans le sud des États-Unis, -
0:48 - 0:51et comme tous les enfants,
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0:51 - 0:55vos parents ont joué un rôle important
dans ce que vous êtes devenue. -
0:56 - 0:59Dites-moi, que vous ont-ils enseigné
sur la création d'un mouvement social ? -
0:59 - 1:03MWE : Mes parents étaient formidables,
j'ai eu beaucoup de chance. -
1:03 - 1:06Ma mère savait organiser comme personne.
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1:06 - 1:09Elle a toujours tenu, même à l'époque,
à être financièrement indépendante. -
1:09 - 1:13Elle a ouvert une laiterie
pour gagner sa vie, -
1:13 - 1:16et c'est évident qu'elle m'a transmis
son sens de l'indépendance. -
1:16 - 1:20Mon père était pasteur
et ils étaient de véritables partenaires. -
1:20 - 1:23Ma sœur est l'aînée de ma fratrie,
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1:23 - 1:26moi, je suis la benjamine,
et entre nous deux, il y a trois garçons. -
1:26 - 1:30Mais j'ai toujours su que j'étais
aussi intelligente que mes frères. -
1:30 - 1:32J'ai toujours été garçon manqué.
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1:32 - 1:35J'ai toujours eu les mêmes
grandes envies qu'eux. -
1:35 - 1:38Mais surtout, nous étions tous bénis,
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1:38 - 1:40et même si nous avons grandi
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1:40 - 1:43dans une petite ville de Caroline du Sud
où régnait la ségrégation, -
1:45 - 1:47on savait que c'était mal.
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1:47 - 1:50J'ai toujours su,
depuis l'âge de quatre ans, -
1:50 - 1:54que je n'accepterais pas
qu'on me mette dans une case. -
1:54 - 1:56Papa et maman ont toujours cru
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1:56 - 2:00que ce n'était pas nous,
mais le monde extérieur, -
2:00 - 2:02et qu'en grandissant,
on pouvait le changer, -
2:02 - 2:04ce que j'ai fait très tôt dans la vie.
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2:04 - 2:06Mais surtout,
ils étaient les meilleurs modèles. -
2:06 - 2:09Ils disaient :
« Si tu constates un manque, -
2:09 - 2:11ne te demande pas pourquoi
personne n'agit, -
2:11 - 2:12vois ce que toi tu peux faire. »
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2:12 - 2:15Les maisons de retraite
n'existaient pas dans la ville. -
2:15 - 2:19Le Révérend Reddick, atteint de
ce qu'on appelle Alzheimer, 50 ans après, -
2:19 - 2:21a commencé à errer dans la rue.
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2:21 - 2:24Papa et maman ont compris
qu'il lui fallait un lieu où vivre. -
2:24 - 2:26On a ouvert une maison de retraite.
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2:26 - 2:28Les enfants devaient
cuisiner, nettoyer et servir. -
2:28 - 2:30Nous n'aimions pas ça,
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2:30 - 2:33mais c'est comme ça que
nous avons appris que c'était notre devoir -
2:33 - 2:36de prendre soin de ceux
qui ne pouvaient pas le faire eux-mêmes. -
2:36 - 2:40J'avais 12 frères et sœurs adoptives.
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2:40 - 2:44Ma mère les a accueillis avant et après
que nous avons quitté la maison. -
2:44 - 2:48Là encore, dès qu'on identifie un besoin,
on essaie d'y répondre. -
2:48 - 2:52Papa disait que Dieu dirige
une économie de plein emploi. -
2:52 - 2:53(Rires)
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2:53 - 2:55Et si vous vous laissez guider
par les besoins, -
2:55 - 2:59vous aurez toujours quelque chose à faire
et un vrai but dans la vie. -
2:59 - 3:02Tous les problèmes sur lesquels
travaille le Children's Defense Fund, -
3:02 - 3:07sont ceux qui m'ont touchée
intimement dans mon enfance. -
3:07 - 3:10Le petit Johnny Harrington,
qui vivait à trois maisons de chez nous, -
3:10 - 3:13a marché sur un clou ;
il vivait avec sa grand-mère, -
3:13 - 3:16il a attrapé le tétanos, est allé
à l'hôpital où on ne l'a pas vacciné. -
3:16 - 3:18Il est mort.
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3:18 - 3:19Il avait 11 ans.
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3:19 - 3:20Je m'en souviens.
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3:20 - 3:23Un accident a eu lieu sur la route
devant chez nous, -
3:23 - 3:25entre deux camionneurs blancs
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3:25 - 3:28et une famille d'immigrants
qui se trouvait être noire. -
3:28 - 3:30On s'est tous précipités pour les aider.
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3:30 - 3:34C'était devant une église ;
l'ambulance est arrivée, -
3:34 - 3:37ils ont vu que les camionneurs blancs
n'étaient pas blessés, -
3:37 - 3:40vu que les immigrés noirs l'étaient ;
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3:40 - 3:42ils ont fait demi-tour en les laissant là.
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3:42 - 3:43Je ne l'ai jamais oublié.
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3:43 - 3:45La vaccination est l'une
des premières choses -
3:45 - 3:48dont je me suis occupée à la Fondation,
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3:48 - 3:52pour m'assurer que chaque enfant soit
immunisé contre les maladies évitables. -
3:52 - 3:53Les écoles inégalitaires…
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3:53 - 3:56(Applaudissements)
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3:56 - 3:58… discriminantes et inégalitaires,
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3:58 - 4:00des fournitures refilées
par les écoles des Blancs. -
4:00 - 4:02Mais on a toujours eu des livres.
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4:02 - 4:03Papa lisait énormément.
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4:03 - 4:07Il me faisait lire avec lui tous les soirs
pendant 15 à 20 minutes. -
4:07 - 4:10Un jour, j'ai caché « Vraies Confessions »
dans un magazine « Life », -
4:10 - 4:13et il m'a demandé de le lire à voix haute.
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4:13 - 4:15Je n'ai plus jamais lu
« Vraies Confessions ». -
4:15 - 4:16(Rires)
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4:16 - 4:18Mais ils lisaient beaucoup.
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4:18 - 4:21On a toujours eu des livres
avant une deuxième paire de chaussures, -
4:21 - 4:22ce qui était très important.
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4:22 - 4:25Et même si on avait
des livres d'occasion à l'école -
4:25 - 4:26et que tout était d'occasion,
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4:26 - 4:28c'était un vrai besoin.
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4:28 - 4:32D'après mon père, la lecture
était une fenêtre sur le monde extérieur, -
4:32 - 4:36c'était donc un beau cadeau de leur part.
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4:37 - 4:43Mais la vraie leçon, c'était que Dieu
dirige une économie de plein emploi, -
4:43 - 4:45et que si on se laisse
guider par les besoins, -
4:45 - 4:48on aura toujours un but dans la vie --
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4:48 - 4:50ce qui a été le cas pour moi.
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4:50 - 4:52Notre ville connaissait
une ségrégation forte. -
4:52 - 4:55Je me suis rebellée
dès l'âge de quatre, cinq ans. -
4:55 - 4:57Je suis allée dans un grand magasin,
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4:57 - 4:59qui avait des fontaines étiquetées
« blanc » et « noir », -
4:59 - 5:02ce que je ne savais pas
et je n'y ai pas fait attention. -
5:02 - 5:04J'étais avec une enseignante
de catéchisme, -
5:04 - 5:06et j'ai bu dans la mauvaise fontaine.
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5:06 - 5:09Elle m'a écartée brusquement,
sans que je comprenne pourquoi, -
5:09 - 5:12puis elle m'a expliqué l'histoire
de l'eau pour Noirs et Blancs. -
5:12 - 5:16Mortifiée, je suis rentrée dire
ce qui s'était passé à mes parents -
5:16 - 5:19et leur ai demandé :
« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » -
5:19 - 5:21Et ils m'ont dit :
« Ça n'a rien à voir avec toi. -
5:21 - 5:23C'est le système qui ne va pas. »
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5:23 - 5:26Après, j'allais en cachette échanger
les pancartes des fontaines -
5:26 - 5:27partout où je passais.
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5:27 - 5:28(Rires)
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5:28 - 5:30Ça me faisait tellement de bien.
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5:30 - 5:32(Applaudissements)
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5:32 - 5:38PM : Ça ne fait aucun doute que
cette femme légendaire est une rebelle, -
5:38 - 5:40et qu'elle l'est depuis longtemps.
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5:40 - 5:43Alors vous avez commencé
à travailler comme procureur -
5:43 - 5:45et avec le mouvement des Droits civiques.
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5:45 - 5:47Vous avez travaillé avec
Martin Luther King -
5:47 - 5:49sur la première campagne pour les pauvres.
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5:49 - 5:52Et puis vous avez décidé, il y a 45 ans,
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5:52 - 5:56d'organiser une campagne nationale
pour la défense des enfants. -
5:56 - 6:01Pourquoi avoir choisi cette cause
en particulier ? -
6:01 - 6:04MWE : Parce que tant
de choses que j'ai vues, -
6:04 - 6:07dans le Mississippi et dans le Sud,
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6:07 - 6:09concernaient les enfants.
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6:09 - 6:11J'ai vu des enfants
le ventre gonflé, dans ce pays, -
6:11 - 6:13au bord de la famine,
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6:13 - 6:15qui avaient faim,
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6:15 - 6:17qui n'avaient pas de vêtements,
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6:17 - 6:19et personne ne voulait croire
-
6:19 - 6:21qu'il y avait des enfants
qui mouraient de faim, -
6:21 - 6:23et c'est un processus lent.
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6:23 - 6:25Personne ne voulait écouter.
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6:25 - 6:28Je disais aux membres du Congrès
qui venaient dans notre État : -
6:28 - 6:31« Allez voir », mais la plupart
ne voulaient pas s'en occuper. -
6:31 - 6:32Mais j'ai vu de l'extrême pauvreté.
-
6:32 - 6:35Pendant qu'il dressait
les listes électorales, -
6:35 - 6:38quand de jeunes blancs venaient d'ailleurs
pour aider les Noirs à s'inscrire, -
6:38 - 6:41l'État du Mississippi voulait que
tout le monde parte -
6:41 - 6:42et essayait donc de les affamer.
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6:42 - 6:45A la place des produits
alimentaires gratuits, -
6:45 - 6:47ils vendaient des bons
qui coûtaient deux dollars. -
6:47 - 6:48Les gens n'avaient aucun revenu,
-
6:48 - 6:51et personne ne voulait croire
qu'aux États-Unis, -
6:51 - 6:53il existait des gens sans aucun revenu,
-
6:53 - 6:55alors que j'en connaissais
des centaines, des milliers. -
6:55 - 6:58Et la malnutrition
devenait un problème de fond. -
6:58 - 7:01Donc un jour Martin Luther King est venu,
-
7:01 - 7:04on se battait pour plusieurs choses,
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7:04 - 7:06pour refinancer le programme Head Start
-
7:06 - 7:08que l'État de Mississippi avait refusé.
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7:09 - 7:12Et il est entré dans un foyer
géré par la communauté pauvre -
7:12 - 7:13sans aucune aide extérieure,
-
7:13 - 7:17et il a vu un professeur
découper une pomme pour 8 ou 10 enfants, -
7:17 - 7:20et il a dû sortir en vitesse,
parce qu'il était en larmes. -
7:20 - 7:22Il ne pouvait pas y croire.
-
7:22 - 7:25Mais ce n'est que quand Robert Kennedy
a décidé de venir -- -
7:25 - 7:27j'avais témoigné
sur le programme Head Start, -
7:27 - 7:28parce qu'ils attaquaient --
-
7:28 - 7:31et j'avais demandé, s'il vous plaît,
venez voir par vous-même, -
7:31 - 7:34et quand vous venez,
venez voir les gens affamés, -
7:34 - 7:35les enfants qui meurent de faim.
-
7:35 - 7:37Et ils sont venus, il a amené la presse,
-
7:37 - 7:40et cela a commencé à faire
avancer le mouvement. -
7:40 - 7:42Mais ils voulaient pousser
les pauvres vers le nord -
7:42 - 7:45et les empêcher de voter.
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7:45 - 7:46Et je suis fière de Mike Espy.
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7:46 - 7:49Bien qu'il ait perdu hier soir,
un jour il gagnera. -
7:49 - 7:51(Applaudissements)
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7:52 - 7:56Mais vous n'auriez pas vu
une si grande pauvreté, -
7:56 - 8:00et les gamins blancs qui venaient aider
les électeurs à s'enregistrer -
8:00 - 8:04pendant la campagne de l'été 1964
où on a perdu trois jeunes hommes. -
8:04 - 8:08Mais une fois qu'ils sont partis,
la presse est partie, -
8:08 - 8:10et il y avait juste un immense besoin,
-
8:10 - 8:12et on essayait de
faire partir les pauvres. -
8:12 - 8:15Donc, vous voyez, Head Start est arrivé,
-
8:15 - 8:18et nous l'avons demandé,
car l'État l'avait refusé. -
8:18 - 8:21Et cela est vrai de beaucoup d'États
qui refusent Medicaid aujourd'hui. -
8:21 - 8:24Et nous avons géré le plus grand programme
Head Start du pays, -
8:24 - 8:26ce qui a changé leur vie.
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8:26 - 8:29Ils avaient des livres figurant
des enfants qui leur ressemblaient… -
8:29 - 8:31On s'est vu attaquer de tout part.
-
8:31 - 8:32Mais ce qu'il faut retenir,
-
8:32 - 8:35c'est que, à bien des égards,
le Mississippi a donné naissance -
8:35 - 8:37au fonds de protection de l'enfance.
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8:37 - 8:40Et je me suis rendu compte
que pour les enfants -
8:40 - 8:42les investissements préventifs
-
8:42 - 8:45qui évitent des soins coûteux,
-
8:45 - 8:46l'échec et la négligence,
-
8:46 - 8:49étaient une façon plus stratégique
de procéder. -
8:49 - 8:52Et donc le Children's Defense Fund
-
8:52 - 8:55est né de la Poor People's Campaign.
-
8:55 - 8:57Mais il était évident
que tout ce qui s'appelait -
8:57 - 8:59noir indépendant ou brun indépendant
-
8:59 - 9:02allait voir une diminution
du nombre des électeurs. -
9:02 - 9:06Et qui peut être fâché contre
un bébé de deux mois ou de deux ans ? -
9:06 - 9:08Beaucoup de gens peuvent l'être.
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9:08 - 9:11Ils ne veulent pas les nourrir non plus,
d'après ce que nous avons vu. -
9:11 - 9:13Mais c'était le bon jugement à porter.
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9:13 - 9:14Donc par privilège de servir
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9:14 - 9:17comme coordinatrice de la politique
de la Poor People's Campaign -
9:17 - 9:20pendant deux ans, et il y en avait deux,
-
9:20 - 9:21et ce n'était pas un échec,
-
9:21 - 9:24parce que les graines
du changement sont semées, -
9:24 - 9:27et il faut des gens
qui continuent le travail. -
9:27 - 9:31Et je suis bonne travailleuse subalterne
et une personne persévérante. -
9:31 - 9:34Et par conséquent, tous ceux qui vivent
de bons alimentaires aujourd'hui -
9:34 - 9:38devraient remercier les pauvres
dans la boue du camp de Resurrection City. -
9:38 - 9:42Il faut un travail précis et un vrai suivi
et il ne faut jamais abandonner. -
9:43 - 9:45PM : Et vous le faites depuis 45 ans,
-
9:45 - 9:48et vous avez vu des résultats incroyables.
-
9:48 - 9:52Qu'est-ce qui vous rend le plus fière
dans le Children's Defense Fund ? -
9:53 - 9:58MWE : Je pense que le problème des enfants
est devenu une question sociale majeure. -
9:58 - 10:02Il y a beaucoup de nouvelles lois.
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10:03 - 10:05Des millions d'enfants sont nourris.
-
10:05 - 10:08Des millions d'enfants
démarrent bien dans la vie. -
10:08 - 10:10Des millions d'enfants ont
accès à Head Start -
10:10 - 10:13et ont pu en tirer les bénéfices.
-
10:13 - 10:15Puis il y a CHIP,
l'assurance maladie infantile, -
10:15 - 10:18et l'extension de l'assurance Medicaid
pour les enfants. -
10:18 - 10:22Nous essayons de reformer le système
de protection infantile depuis longtemps. -
10:22 - 10:24Nous avons enfin connu
une vraie avancée cette année, -
10:24 - 10:27ce qui nous dit : soyez prêts
à faire des propositions -
10:27 - 10:29dès que quelqu'un est prêt à agir.
-
10:29 - 10:31Ça peut prendre 5, 10, 20 ans,
mais il faut être prêt. -
10:31 - 10:34Je ne veux pas que les enfants
soient placés, -
10:34 - 10:37mais qu'ils restent en famille,
avec des services préventifs. -
10:37 - 10:38Et ça a été voté.
-
10:38 - 10:41Mais il y a des millions d'enfants
qui ont de l'espoir, -
10:41 - 10:42qui ont accès à la petite enfance.
-
10:42 - 10:43Nous n'avons pas fini,
-
10:43 - 10:46et nous n'aurons jamais
l'impression d'avoir fini -
10:46 - 10:48jusqu'à ce qu'on abolisse
la pauvreté infantile -
10:48 - 10:50dans le pays le plus riche au monde.
-
10:50 - 10:51(Applaudissements)
-
10:51 - 10:54C'est totalement absurde
qu'on soit obligés de le réclamer. -
10:54 - 10:57(Applaudissements)
-
10:58 - 11:02PM : Et il reste tant de problèmes
malgré les avancées, -
11:02 - 11:06et je vous remercie
d'en avoir parlé, Marian -- -
11:06 - 11:08des Freedom Schools,
-
11:08 - 11:10des générations d'enfants
-
11:10 - 11:13qui ont profité des programmes
du Children's Defense Fund. -
11:13 - 11:16Mais quand vous regardez
à travers le monde, -
11:16 - 11:19dans ce pays, les États-Unis,
et dans d'autres pays, -
11:19 - 11:21il reste encore tant de problèmes.
-
11:21 - 11:24Qu'est-ce qui vous préoccupe le plus ?
-
11:24 - 11:27MWE : Ce qui m'inquiète,
c'est à quel point, -
11:27 - 11:30nous, les adultes au pouvoir,
avons été irresponsables -
11:30 - 11:33quand il s'agit de transmettre
une Terre plus saine. -
11:33 - 11:36Et je m'inquiète quand je lis
le « Bulletin of Atomic Scientists » -
11:36 - 11:39et que je vois que nous sommes
à deux minutes de la fin, -
11:39 - 11:40plus près que jamais.
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11:40 - 11:43Nous avons compromis notre avenir,
-
11:43 - 11:47et l'avenir et la sécurité de nos enfants
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11:47 - 11:51dans un monde qui est encore
trop dominé par la violence. -
11:51 - 11:53Nous devons y mettre fin.
-
11:53 - 11:57Il faut investir non pas dans la guerre
mais dans la jeunesse et la paix, -
11:57 - 12:00et nous sommes si loin de le faire.
-
12:00 - 12:01(Applaudissements)
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12:01 - 12:04Et je ne veux pas que
mes petits-enfants soient obligés -
12:04 - 12:07de recommencer les mêmes luttes.
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12:07 - 12:09Et donc je deviens plus radicale.
-
12:09 - 12:12Plus je vieillis, plus je me radicalise,
-
12:12 - 12:15parce qu'il y a des choses
que nous, les adultes, devons faire -
12:15 - 12:16pour les générations futures.
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12:16 - 12:19J'ai pensé aux sacrifices
de Fannie Lou Hamer, -
12:19 - 12:20et à tous ces gens du Mississippi
-
12:20 - 12:23qui ont risqué leur vie
pour améliorer la nôtre. -
12:23 - 12:25Mais les États-Unis doivent adresser
-
12:25 - 12:28leur incapacité
à investir dans la jeunesse, -
12:28 - 12:31car c'est là le talon d'Achille
de cette nation. -
12:31 - 12:34Comment peut-on être
une des économies les plus riches au monde -
12:34 - 12:39et laisser 13,2 millions d'enfants
vivre dans la pauvreté, -
12:39 - 12:41laisser des enfants vivre sans abri,
-
12:41 - 12:43quand on a les moyens de faire autrement ?
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12:43 - 12:46Nous devons redéfinir
qui nous sommes en tant que peuple, -
12:46 - 12:48nous devons être un modèle pour le monde.
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12:48 - 12:50La pauvreté ne devrait pas exister.
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12:50 - 12:53Nous voulons dire que nous allons
abolir la pauvreté dans le monde. -
12:53 - 12:54Commençons chez nous.
-
12:54 - 12:55Nous avons bien progressé,
-
12:55 - 12:57mais le travail est si dur,
-
12:57 - 12:59et ce sera notre perte.
-
12:59 - 13:03Désolée, mais on doit arrêter d'accorder
des réductions d'impôts aux milliardaires -
13:03 - 13:06plutôt qu'aux bébés et à leur santé.
-
13:06 - 13:08Il nous faut revoir nos priorités.
-
13:08 - 13:09(Applaudissements)
-
13:09 - 13:12Ce n'est ni moral ni rentable.
-
13:12 - 13:16Et la solution pour ce pays sera
une population d'enfants instruits. -
13:16 - 13:18Pourtant il y en a tant
qui ne maîtrisent pas -
13:18 - 13:20les rudiments de la lecture
et de l'écriture. -
13:20 - 13:22Nous n'investissons pas là où il faut,
-
13:22 - 13:25et ça ne me gênerait pas que
quelqu'un possède un milliard, -
13:25 - 13:26dix milliards de dollars,
-
13:26 - 13:29s'il n'y avait pas d'enfants qui ont faim,
-
13:29 - 13:31s'il n'y avait pas d'enfants sans abri,
-
13:31 - 13:33s'il n'y avait pas d'enfants analphabètes.
-
13:33 - 13:37L'important, c'est ce que cela signifie
de vivre, de vivre cette vie. -
13:37 - 13:39Pourquoi sommes-nous sur Terre ?
-
13:39 - 13:42Nous sommes sur Terre
pour améliorer les choses -
13:42 - 13:43pour les générations futures.
-
13:43 - 13:45Et nous voilà en train de nous inquiéter
-
13:45 - 13:48à propos du changement climatique
et du réchauffement. -
13:48 - 13:50Et nous regardons --
je le cite à chaque fois -- -
13:50 - 13:53je regarde chaque année
le « Bulletin of Atomic Scientists » -
13:53 - 13:55qui dit : « Deux minutes avant la fin ».
-
13:55 - 13:57Sommes-nous fous, nous les adultes,
-
13:57 - 14:01quand il s'agit de léguer à nos enfants
un monde meilleur -- voire même un monde ? -
14:01 - 14:04C'est notre raison d'être :
léguer un monde meilleur pour tous, -
14:04 - 14:07et le concept qu'il y en a assez
pour tout le monde. -
14:07 - 14:09Il ne devrait pas exister d'enfants
affamés dans ce monde, -
14:09 - 14:11avec toute notre richesse.
-
14:11 - 14:14Je ne vois pas de cause plus importante,
-
14:14 - 14:16et je crois que c'est la foi qui me guide.
-
14:16 - 14:18Ce fut un privilège de servir,
-
14:18 - 14:22mais j'ai toujours bénéficié
des meilleurs modèles au monde. -
14:22 - 14:25Papa a toujours dit que
Dieu mène une économie du plein emploi, -
14:25 - 14:28et que si vous êtes guidé par les besoins,
-
14:28 - 14:30vous ne manquerez jamais
d'un but dans la vie. -
14:30 - 14:33Et j'ai observé leur partenariat,
car ma mère était une vraie partenaire. -
14:33 - 14:36Je savais que j'étais au moins
aussi intelligente que mes frères. -
14:36 - 14:40Et nous avons toujours su
qu'il ne s'agissait pas que de nous, -
14:40 - 14:43mais que nous étions là pour servir.
-
14:43 - 14:46PM : Eh bien, Marian, au nom
de tous les enfants au monde, -
14:46 - 14:49je voudrais vous dire un grand merci
pour votre passion, -
14:49 - 14:51votre combat et votre engagement.
-
14:51 - 14:53(Applaudissements)
- Title:
- Réflexions sur une vie dédiée à combattre la pauvreté infantile
- Speaker:
- Marian Wright Edelman
- Description:
-
Que faut-il pour créer un mouvement national ? Dans une conversation captivante avec Pat Mitchell, conservatrice de TEDWomen, Marian Wright Edelman réfléchit sur le parcours qui l'a menée à fonder, en 1973, la fondation pour la protection de l'enfance, le Children's Defense Fund. De son enfance dans le Sud des États-Unis, marquée par la ségrégation, jusqu'à son combat aux côtés de Martin Luther King. Elle nous raconte aussi comment, en vieillissant, elle est devenue encore plus radicale.
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 15:09
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