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Pourquoi des ados avouent des crimes qu'ils n'ont pas commis

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    Tyler Edmonds,
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    Bobby Johnson,
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    Davontae Sanford,
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    Marty Tankleff,
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    Jeffrey Deskovic,
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    Anthony Caravella
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    et Travis Hayes.
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    Vous ne reconnaissez
    probablement pas ces visages.
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    Collectivement, ils ont purgé 89 ans
    pour des meurtres qu'ils n'ont pas commis,
  • 0:25 - 0:28
    des meurtres pour lesquels
    ils se sont faussement confessés
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    quand ils étaient adolescents.
  • 0:30 - 0:32
    Je suis psychologue judiciaire
    du développement
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    et j'étudie ce genre d'affaires.
  • 0:35 - 0:36
    En tant que chercheuse,
  • 0:36 - 0:37
    professeure
  • 0:37 - 0:39
    et nouvellement, mère,
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    mon objectif est de réaliser
    une recherche scientifique
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    qui nous aide à comprendre
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    le comportement des enfants
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    dans un système judiciaire
    conçu pour les adultes.
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    En mars 2006,
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    la police a interrogé Brendan Dassey,
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    un lycéen de 16 ans
    avec un QI d'environ 70,
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    le plaçant sur l'échelle de ceux
    ayant une déficience intellectuelle.
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    Voici un bref extrait
    de cet interrogatoire de quatre heures.
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    (Vidéo) Policier 1 :
    Brendan, sois honnête.
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    Je t'ai dit que cela serait
    la seule chose qui allait t'aider.
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    Nous savons déjà ce qu'il s'est passé.
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    Policier 2 : Si tu n'es pas honnête --
  • 1:13 - 1:14
    je suis ton ami là,
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    mais je dois te croire
  • 1:18 - 1:19
    et si je ne te crois pas,
  • 1:19 - 1:21
    je ne peux pas te défendre.
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    D'accord ? Tu acquiesces.
  • 1:23 - 1:24
    Que s'est-il passé ?
  • 1:24 - 1:27
    P1 : Ta mère a dit que tu serais honnête.
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    P2 : Et elle te soutient à 100%,
    peu importe ce qu'il arrive.
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    P1 : C'est ce qu'elle a dit,
    car elle pense aussi que tu en sais plus.
  • 1:33 - 1:34
    P2 : On est à tes côtés.
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    P1 : Nous savons ce qu'il s'est passé,
    raconte-nous exactement. Ne mens pas.
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    Lindsay Malloy : Ils ont dit à Brendan
    que l'honnêteté « le libèrerait »,
  • 1:43 - 1:46
    mais ils étaient convaincus
    de sa culpabilité.
  • 1:46 - 1:48
    Par honnêteté,
    ils voulaient dire des aveux
  • 1:48 - 1:52
    et ses aveux n'allaient
    clairement pas le libérer.
  • 1:53 - 1:55
    Ils ont fini par obtenir
    des aveux de Brendan
  • 1:55 - 1:56
    qui n'avaient pas de sens,
  • 1:56 - 1:59
    ne correspondaient pas
    aux preuves matérielles du crime
  • 1:59 - 2:01
    et que beaucoup considèrent comme faux.
  • 2:01 - 2:05
    Pourtant, cela a suffi
    à condamner Brendan à la prison à vie
  • 2:05 - 2:08
    pour meurtre
    et agression sexuelle en 2007.
  • 2:09 - 2:12
    Il n'y avait aucune preuve
    matérielle contre Brendan.
  • 2:12 - 2:14
    Ce n'est rien de plus que ses propres mots
  • 2:14 - 2:17
    qui l'ont envoyé en prison
    pendant presque dix ans,
  • 2:17 - 2:20
    jusqu'à ce que, il y a quelques mois,
    un juge infirme sa condamnation.
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    L'affaire Dassey est unique
    car Netflix en a fait une série,
  • 2:26 - 2:27
    « Making a Murderer »,
  • 2:27 - 2:29
    que beaucoup ont dû voir
  • 2:29 - 2:32
    et, si ce n'est pas le cas,
    vous devriez la regarder.
  • 2:33 - 2:35
    L'affaire Dassey est également unique
  • 2:35 - 2:37
    car elle a généré une
    immense indignation publique.
  • 2:37 - 2:41
    Les gens étaient en colère de voir
    comment Brendan avait été interrogé
  • 2:41 - 2:42
    et beaucoup pensaient
  • 2:42 - 2:45
    que son interrogatoire
    devait être illégal.
  • 2:45 - 2:46
    Il ne l'était pas.
  • 2:47 - 2:49
    Étant chercheuse dans ce domaine
  • 2:49 - 2:51
    et connaissant les manuels
    de formation aux interrogatoires,
  • 2:52 - 2:54
    je n'ai pas été surprise
    par ce que j'ai vu.
  • 2:54 - 2:59
    Le fait est que l'interrogatoire de Dassey
    n'est pas du tout exceptionnel
  • 2:59 - 3:01
    et, pour être honnête, j'ai vu pire.
  • 3:01 - 3:05
    Je comprends l'indignation publique
    au sujet de l'injustice
  • 3:05 - 3:08
    dans l'affaire de Brendan Dassey.
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    Mais n'oublions pas
    qu'environ un million de ses pairs
  • 3:13 - 3:15
    sont arrêtés chaque année aux États-Unis
  • 3:15 - 3:18
    et peuvent être soumis à des techniques
    d'interrogatoire similaires,
  • 3:18 - 3:22
    des techniques reconnues pour
    augmenter le risque de faux aveux.
  • 3:23 - 3:26
    Je sais que beaucoup de gens
    auront du mal avec ce terme,
  • 3:26 - 3:27
    « faux aveux »,
  • 3:27 - 3:31
    et à croire qu'il y a vraiment
    des faux aveux.
  • 3:31 - 3:32
    Je comprends cela.
  • 3:32 - 3:36
    C'est choquant et contre-intuitif :
  • 3:36 - 3:41
    pourquoi quelqu'un confesserait-il
    et donnerait des détails macabres
  • 3:41 - 3:44
    au sujet d'un crime horrible
    tel qu'un viol ou un meurtre
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    s'il ne l'a pas réellement commis ?
  • 3:46 - 3:47
    Cela n'a aucun sens.
  • 3:48 - 3:51
    Nous ne pouvons jamais savoir précisément
  • 3:51 - 3:53
    à quelle fréquence il y a des faux aveux.
  • 3:53 - 3:57
    Mais nous savons qu'il y avait
    des fausses confessions ou des faux aveux
  • 3:57 - 4:00
    dans environ 25%
    des condamnations injustes
  • 4:00 - 4:03
    de gens ensuite exonérés
    par des preuves ADN.
  • 4:03 - 4:05
    Il s'avère qu'ils étaient innocents.
  • 4:06 - 4:09
    Ces affaires sont claires
    car nous avons de l'ADN.
  • 4:09 - 4:11
    Ils n'ont pas commis le crime
  • 4:11 - 4:14
    et pourtant, un quart d'entre eux
    l'ont quand même confessé.
  • 4:15 - 4:18
    Arrivé là, d'après d'innombrables
    projets de recherche,
  • 4:18 - 4:21
    nous savons à peu près pourquoi
    les gens font de faux aveux
  • 4:21 - 4:23
    et pourquoi certains,
  • 4:23 - 4:24
    comme Brendan Dassey,
  • 4:25 - 4:27
    ont plus de risques de le faire.
  • 4:28 - 4:31
    Nous savons que la jeunesse
    est particulièrement vulnérable
  • 4:31 - 4:33
    face au risque de faux aveux.
  • 4:34 - 4:36
    Par exemple, dans une étude
    sur les exonérations,
  • 4:36 - 4:39
    seuls 8% des adultes
    avaient fait de faux aveux,
  • 4:39 - 4:41
    mais c'était le cas de 42% des mineurs.
  • 4:42 - 4:44
    Bien sûr, si nous considérons seulement
  • 4:44 - 4:46
    les condamnations injustes
    et les exonérations,
  • 4:46 - 4:48
    nous n'obtenons qu'un bout de l'histoire.
  • 4:49 - 4:52
    Nous négligeons par exemple
    les nombreuses affaires
  • 4:52 - 4:53
    résolues par un plaider-coupable,
  • 4:53 - 4:54
    pas un procès.
  • 4:55 - 4:57
    Avec la TV et la une des journaux,
  • 4:57 - 5:00
    on peut croire que les procès
    sont la norme de notre justice
  • 5:00 - 5:03
    mais en réalité, 97% des affaires
    légales américaines
  • 5:03 - 5:06
    sont résolues avec un accord,
    pas avec un procès.
  • 5:06 - 5:08
    97%.
  • 5:09 - 5:13
    Également négligés sont les aveux
    à des types de crimes plus mineurs
  • 5:13 - 5:15
    qui n'incluent généralement
    pas de preuves ADN
  • 5:15 - 5:18
    et ne sont généralement pas revus
    ou ne font pas l'objet d'un appel
  • 5:18 - 5:19
    après une condamnation.
  • 5:19 - 5:20
    Pour cette raison,
  • 5:20 - 5:24
    beaucoup font référence aux faux aveux
    dont nous avons connaissance
  • 5:24 - 5:27
    comme étant la partie visible
    d'un iceberg bien plus imposant.
  • 5:27 - 5:29
    Dans notre recherche, nous avons découvert
  • 5:29 - 5:32
    des taux alarmants de faux aveux
    chez les adolescents.
  • 5:32 - 5:36
    Nous avons interrogé près de 200
    adolescents incarcérés de 14 à 17 ans
  • 5:36 - 5:38
    et 17% d'entre eux ont déclaré
  • 5:38 - 5:41
    avoir fait au moins
    un faux aveu à la police.
  • 5:42 - 5:45
    Ce que beaucoup trouvent
    également choquant est que,
  • 5:45 - 5:47
    aux États-Unis,
  • 5:47 - 5:50
    la police a le droit d'interroger
    les mineurs comme les adultes.
  • 5:50 - 5:52
    Ils peuvent leur mentir --
  • 5:53 - 5:56
    des mensonges éhontés tels que :
    « Nous avons tes empreintes,
  • 5:56 - 5:58
    nous avons ton ADN ;
  • 5:58 - 6:02
    ton ami est au bout du couloir
    et dit que c'était ton idée. »
  • 6:02 - 6:06
    Mentir aux suspects est interdit
    au Royaume-Uni, par exemple,
  • 6:06 - 6:08
    mais légal aux États-Unis,
  • 6:08 - 6:10
    même avec des adolescents
    ayant une déficience intellectuelle,
  • 6:10 - 6:12
    comme Brendan Dassey.
  • 6:12 - 6:15
    Dans notre recherche, la plupart
    des adolescents incarcérés interrogés
  • 6:15 - 6:18
    ont déclaré avoir connu
    des interrogatoires de police agressifs
  • 6:18 - 6:20
    sans la présence d'avocats ou de parents.
  • 6:21 - 6:25
    Plus de 80% ont décrit
    avoir été menacé par la police,
  • 6:25 - 6:28
    y compris avec l'éventualité
    d'être violé ou tué en prison
  • 6:28 - 6:30
    ou d'être jugé en tant qu'adulte.
  • 6:31 - 6:34
    Ces stratégies
    de maximisation sont conçues
  • 6:34 - 6:36
    pour que les suspects aient l'impression
    que nier est inutile
  • 6:36 - 6:39
    et qu'une confession est la seule option.
  • 6:39 - 6:43
    Vous avez entendu parler du fait
    de jouer au « bon flic, mauvais flic ».
  • 6:43 - 6:44
    Voilà le mauvais flic.
  • 6:45 - 6:50
    Les mineurs sont plus influençables
    et vulnérables à l'influence sociale,
  • 6:50 - 6:53
    telles que les accusations et soupçons
    sous une pression intense
  • 6:53 - 6:56
    et venant de figures d'autorité
    durant les interrogatoires.
  • 6:57 - 7:00
    Plus de 70% des adolescents
    de notre étude ont dit
  • 7:00 - 7:02
    que la police avait essayé
    de se montrer amicale
  • 7:02 - 7:06
    ou avait indiqué une volonté
    de les aider durant l'interrogatoire.
  • 7:07 - 7:10
    C'est ce que l'on appelle
    des « stratégies de minimisation »
  • 7:10 - 7:14
    et elles sont conçues pour communiquer
    de la compassion et de la compréhension
  • 7:14 - 7:18
    et impliquent qu'une confession
    aboutira à un traitement plus clément.
  • 7:19 - 7:22
    Dans la simplification excessive
    du bon flic, mauvais flic
  • 7:22 - 7:23
    des interrogatoires de police,
  • 7:23 - 7:25
    voici le « bon flic ».
  • 7:25 - 7:28
    (Vidéo) P1 : L'honnêteté, Brendan,
    c'est ce qui va t'aider ici.
  • 7:28 - 7:30
    Quoi que tu aies fait,
  • 7:30 - 7:32
    on peut trouver
    une solution ensemble, d'accord ?
  • 7:32 - 7:33
    On ne peut rien promettre,
  • 7:33 - 7:37
    mais on sera à tes côtés,
    quoi que tu aies fait.
  • 7:38 - 7:41
    LM : « Quoi que tu aies fait,
    on peut trouver une solution. »
  • 7:41 - 7:43
    Les allusions à la clémence comme ici
  • 7:43 - 7:46
    sont particulièrement efficaces
    chez les adolescents,
  • 7:46 - 7:49
    en partie car ils évaluent
    la gratification et le risque
  • 7:49 - 7:50
    différemment des adultes.
  • 7:51 - 7:54
    Avouer offre une gratification
    immédiate au suspect.
  • 7:54 - 7:57
    L'interrogatoire stressant
    et désagréable est fini.
  • 7:58 - 8:01
    Avouer semble être la meilleure option
    pour la majorité des adolescents
  • 8:01 - 8:05
    qui sont moins concentrés sur le risque
    de condamnation et punition à long terme,
  • 8:05 - 8:07
    par la suite,
  • 8:07 - 8:08
    du fait de cette confession.
  • 8:09 - 8:12
    Nous sommes tous d'accord
    qu'une planification à long terme
  • 8:12 - 8:15
    n'est pas le point fort
    de la majorité des adolescents.
  • 8:15 - 8:18
    Dans l'ensemble, le système
    judiciaire semble comprendre
  • 8:18 - 8:20
    que les jeunes victimes et témoins
  • 8:20 - 8:22
    devraient être traités
    différemment des adultes.
  • 8:22 - 8:26
    Quand il s'agit de jeunes suspects,
    on ne prend plus de précautions.
  • 8:26 - 8:30
    Traiter des mineurs comme des adultes
    durant les interrogatoires
  • 8:30 - 8:31
    est un problème
  • 8:31 - 8:34
    car des centaines d'études
    psychologiques et neuroscientifiques
  • 8:34 - 8:37
    montrent que les mineurs
    ne pensent pas comme les adultes,
  • 8:37 - 8:39
    ne se comportent pas comme les adultes
  • 8:39 - 8:41
    et ne sont pas faits comme les adultes.
  • 8:42 - 8:45
    Les cerveaux adolescents
    diffèrent des cerveaux adultes --
  • 8:45 - 8:46
    même anatomiquement.
  • 8:47 - 8:49
    Des changements importants se produisent
  • 8:49 - 8:52
    dans la structure et le fonctionnement
    du cerveau durant l'adolescence,
  • 8:52 - 8:55
    en particulier dans le cortex préfrontal
    et le système limbique
  • 8:55 - 9:00
    et ce sont des zones essentielles
    pour des choses comme la maîtrise de soi,
  • 9:00 - 9:01
    la prise de décision,
  • 9:01 - 9:03
    la gestion et la régulation des émotions
  • 9:03 - 9:06
    et la sensibilité au risque
    et à la gratification.
  • 9:06 - 9:10
    Tout cela influence votre comportement
    dans des circonstances stressantes,
  • 9:10 - 9:12
    telles qu'un interrogatoire de police.
  • 9:12 - 9:14
    Nous devons éduquer les forces de l'ordre,
  • 9:14 - 9:17
    les avocats, les juges et les jurés
  • 9:17 - 9:19
    sur les limites
    développementales des mineurs
  • 9:19 - 9:23
    et comment elles peuvent se manifester
    dans un interrogatoire aux enjeux élevés.
  • 9:23 - 9:25
    Dans un sondage national
    des officiers de police,
  • 9:25 - 9:28
    75% d'entre eux ont demandé
    une formation spécialisée
  • 9:28 - 9:30
    sur comment parler
    aux enfants et adolescents --
  • 9:30 - 9:32
    la plupart n'avaient eu aucune formation.
  • 9:33 - 9:34
    Nous devons également envisager
  • 9:34 - 9:37
    d'avoir des protections spéciales
    pour les mineurs.
  • 9:37 - 9:41
    Dans cette décision de 91 pages
    pour infirmer la condamnation de Dassey,
  • 9:41 - 9:45
    le juge a fortement souligné le fait
    que Dassey n'avait ni parent
  • 9:45 - 9:46
    ni un autre adulte allié
  • 9:46 - 9:48
    avec lui dans la salle d'interrogatoire.
  • 9:48 - 9:52
    Voici une vidéo de Brendan
    parlant à sa mère après avoir avoué,
  • 9:52 - 9:55
    quand il était manifestement
    trop tard pour lui.
  • 9:56 - 9:58
    (Vidéo) Mère : Que veux-tu dire ?
  • 9:58 - 10:00
    Brendan : Si son histoire est différente,
  • 10:00 - 10:02
    que je n'ai rien fait.
  • 10:04 - 10:06
    M : As-tu fait quelque chose ?
  • 10:08 - 10:09
    Hein ?
  • 10:09 - 10:10
    B : Pas vraiment.
  • 10:11 - 10:12
    M : Comment ça, « pas vraiment » ?
  • 10:13 - 10:14
    B : Ils m'ont manipulé.
  • 10:15 - 10:18
    LM : Il le résume très bien :
  • 10:18 - 10:19
    « Ils m'ont manipulé ».
  • 10:19 - 10:22
    Nous ne savons pas si le résultat
    aurait été différent pour Brendan
  • 10:22 - 10:25
    si sa mère avait été avec lui
    lors de l'interrogatoire.
  • 10:25 - 10:26
    Mais c'est certainement possible.
  • 10:27 - 10:30
    Dans notre recherche,
    seuls 7% des adolescents incarcérés,
  • 10:30 - 10:33
    dont la plupart avaient souvent
    été confrontésfois à la police,
  • 10:33 - 10:36
    avaient un parent ou un avocat
    avec eux dans la pièce
  • 10:36 - 10:38
    quand ils ont été interrogés
    comme suspect.
  • 10:38 - 10:42
    Très peu ont demandé à avoir
    un parent ou un avocat présent.
  • 10:44 - 10:46
    C'est aussi vrai
    avec des enjeux moins élevés.
  • 10:46 - 10:49
    Nous avons effectué une expérience
    de faux interrogatoire
  • 10:49 - 10:50
    dans notre labo à FIU --
  • 10:50 - 10:52
    avec la permission des parents
    pour les mineurs
  • 10:52 - 10:55
    et les accords éthiques appropriés.
  • 10:55 - 10:58
    Nous avons accusé à tort
    des adolescents et des adultes
  • 10:58 - 11:00
    d'avoir triché dans une étude --
  • 11:00 - 11:01
    une infraction académique --
  • 11:01 - 11:05
    et nous leur avons dit que c'était
    aussi grave que de tricher en cours.
  • 11:05 - 11:08
    Les participants avaient vu
    un camarade tricher,
  • 11:08 - 11:10
    quelqu'un faisant partie
    de notre équipe de recherche
  • 11:10 - 11:13
    et était soi-disant en probation.
  • 11:13 - 11:15
    Nous leur avons offert
    un choix difficile :
  • 11:15 - 11:18
    perdre le crédit supplémentaire
    de participation à l'étude
  • 11:18 - 11:20
    ou accuser son camarade,
  • 11:20 - 11:24
    qui sera probablement expulsé
    du fait de sa probation académique.
  • 11:24 - 11:27
    Bien sûr, aucune de ces conséquences
    n'aurait vraiment pris effet
  • 11:27 - 11:30
    et nous l'avons expliqué
    aux participants par la suite.
  • 11:30 - 11:34
    Mais la plupart des adolescents,
    59% d'entre eux,
  • 11:34 - 11:35
    ont signé les aveux,
  • 11:35 - 11:38
    assumant à tort
    la responsabilité d'avoir triché.
  • 11:39 - 11:41
    Seuls trois adolescents sur 74,
  • 11:41 - 11:43
    environ 4% d'entre eux,
  • 11:43 - 11:46
    ont demandé à parler à un parent
    quand nous les avons accusés de triche,
  • 11:46 - 11:48
    malgré le fait que pour la plupart,
  • 11:48 - 11:51
    leur parent était assis
    dans la pièce d'à côté durant l'étude.
  • 11:53 - 11:55
    Bien sûr, la triche est loin
    d'être un meurtre
  • 11:55 - 11:56
    et je le sais.
  • 11:56 - 11:59
    Mais il est intéressant que tant d'ados,
  • 11:59 - 12:02
    considérablement
    plus d'ados que d'adultes,
  • 12:02 - 12:05
    aient signé des aveux
    disant qu'ils avaient triché.
  • 12:05 - 12:07
    Ils n'avaient pas triché,
  • 12:07 - 12:10
    mais ils ont signé ce papier
    disant qu'ils avaient triché,
  • 12:10 - 12:13
    en essayant rarement d'impliquer
    un parent dans la situation.
  • 12:14 - 12:16
    D'autres études
    racontent la même histoire.
  • 12:16 - 12:19
    Plus de 90% des mineurs
    n'ont pas exercé leurs droits
  • 12:19 - 12:21
    et se sont soumis
    à un interrogatoire de police
  • 12:21 - 12:23
    sans la présence
    d'un avocat ou d'un parent.
  • 12:23 - 12:24
    En Angleterre et au Pays de Galles,
  • 12:24 - 12:27
    les interrogatoires de mineurs
    doivent être conduits
  • 12:27 - 12:29
    avec un « adulte compétent » présent,
  • 12:29 - 12:31
    tel qu'un parent, un tuteur
    ou un travailleur social.
  • 12:31 - 12:34
    Les jeunes n'ont pas besoin
    de le demander --
  • 12:34 - 12:37
    génial, car la recherche montre
    qu'ils ne demandent pas --
  • 12:37 - 12:38
    c'est automatique.
  • 12:39 - 12:43
    Aux États-Unis, avoir un adulte
    compétent veillant sur les mineurs
  • 12:43 - 12:45
    ne serait pas la solution universelle
  • 12:45 - 12:47
    pour améliorer
    les interrogatoires des jeunes.
  • 12:47 - 12:49
    Malheureusement,
    les parents manquent souvent
  • 12:49 - 12:51
    des connaissances
    et de la culture juridiques
  • 12:51 - 12:53
    pour conseiller
    leurs enfants correctement.
  • 12:54 - 12:57
    Considérez l'affaire
    des « Central Park Five » :
  • 12:57 - 13:02
    cinq adolescents ayant fait de faux aveux
    pour un viol collectif violent en 1989
  • 13:02 - 13:04
    avec leurs parents à leurs côtés.
  • 13:05 - 13:08
    Il a fallu plus d'une décennie
    pour laver leurs noms.
  • 13:08 - 13:11
    L'adulte compétent devrait être un avocat
  • 13:11 - 13:13
    ou un défenseur des droits de l'enfant.
  • 13:14 - 13:18
    En infirmant la condamnation de Dassey,
    le juge a indiqué qu'aucune loi fédérale
  • 13:18 - 13:21
    ne requiert que la police
    informe les parents du mineur
  • 13:21 - 13:23
    que le mineur est interrogé
  • 13:23 - 13:26
    ou honore la demande du mineur
    d'avoir un parent dans la pièce.
  • 13:28 - 13:30
    Si vous réfléchissez
    un instant à tout cela :
  • 13:31 - 13:34
    en tant que pays, nous avons décidé
    ne pas pouvoir faire confiance aux mineurs
  • 13:35 - 13:36
    pour voter,
  • 13:36 - 13:38
    acheter des cigarettes,
  • 13:38 - 13:39
    regarder certains films
  • 13:39 - 13:41
    ou conduire,
  • 13:41 - 13:44
    mais ils peuvent décider
    de renoncer à leurs droits,
  • 13:44 - 13:49
    des droits que, selon la recherche,
    la plupart des ados ne comprennent pas.
  • 13:49 - 13:53
    Les parents dans la pièce :
    selon l'État où vous vivez,
  • 13:53 - 13:56
    votre enfant peut renoncer à ces droits
    sans que vous le sachiez
  • 13:56 - 13:58
    et sans en parler d'abord à un adulte.
  • 14:00 - 14:03
    Personne -- et certainement pas moi --
    ne veut empêcher la police
  • 14:03 - 14:05
    de réaliser son important
    travail d'enquête
  • 14:05 - 14:07
    au quotidien.
  • 14:07 - 14:09
    Mais nous devons nous assurer
  • 14:09 - 14:12
    qu'ils aient une formation adéquate
    pour parler à des jeunes.
  • 14:12 - 14:14
    En tant que mère et chercheuse,
  • 14:14 - 14:16
    je pense que nous pouvons mieux faire.
  • 14:16 - 14:18
    Nous pouvons prendre des mesures
  • 14:18 - 14:20
    pour éviter un autre Brendan Dassey,
  • 14:20 - 14:23
    tout en obtenant les informations
    cruciales dont nous avons besoin
  • 14:23 - 14:24
    de la part des enfants et ados
  • 14:24 - 14:26
    pour résoudre des crimes.
  • 14:26 - 14:27
    Merci.
  • 14:27 - 14:29
    (Applaudissements)
Title:
Pourquoi des ados avouent des crimes qu'ils n'ont pas commis
Speaker:
Lindsay Malloy
Description:

Pourquoi des mineurs font-ils de faux aveux pour des crimes qu'ils n'ont pas commis ? Qu'est-ce qui les rend plus vulnérables que des adultes à ce phénomène choquant et contre-intuitif ? À travers l'interrogatoire et l'aveu de Brendan Dassey (tels qu'ils sont présentés dans le documentaire « Making a Murderer » de Netflix), la professeure en psychologie développementale et chercheuse Lindsay Malloy explique la science à la base de ces faux aveux et appelle à changer la façon dont les enfants sont traités par un système judiciaire conçu pour les adultes.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:43

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