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La face cachée de la guerre du Yémen | Atiaf Alwazir | TEDxBerkeley

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    Le poète Mahmoud Darwish a écrit :
    « Je suis de là-bas, j’ai des souvenirs. »
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    Comme lui, de nombreuses personnes
    évoquent leur chez-soi par « là-bas ».
  • 0:17 - 0:20
    Mes parents ont quitté le Yémen
    il y a des années,
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    et ils n'ont jamais cessé
    de nous parler de « là-bas ».
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    Mama nous a parlé de son chat, Lulu,
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    et de la manière dont il l'accompagnait
    à l'école chaque jour.
  • 0:31 - 0:33
    Ils sont devenus d'autant plus proches
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    lorsque la grande sœur de maman
    fut tuée par une balle perdue à 9 ans.
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    Baba nous a parlé des montagnes
    où il est né et a grandi,
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    et nous raconta plus tard à quel point
    la brise de la montagne lui manquait
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    lorsque, adolescent, il fut emprisonné
    pour des raisons politiques.
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    Chaque fois qu’ils nous racontaient
    des histoires de « là-bas »,
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    j'étais transportée dans un endroit
  • 0:58 - 1:04
    rempli d'amour, d'aventure,
    de sacrifice et de nostalgie.
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    Je suis née « là-bas ».
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    à Sanaa, au Yémen.
  • 1:09 - 1:11
    En fait, c'est dans cette même pièce -
  • 1:12 - 1:13
    c'est ma mère et moi -
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    que je suis née en 1979.
  • 1:15 - 1:18
    Je vous laisse le soin
    de calculer mon âge.
  • 1:19 - 1:22
    Lorsque je n'étais qu'une enfant,
    nous avons quitté le Yémen,
  • 1:22 - 1:26
    et nous nous sommes finalement installés
    aux États-Unis à mon adolescence.
  • 1:26 - 1:29
    Mais, 18 ans plus tard,
  • 1:30 - 1:32
    j'ai décidé de partir vivre au Yémen,
  • 1:32 - 1:34
    et j'ai eu la chance inouïe
  • 1:34 - 1:37
    de vivre à l'endroit
    dont j'avais toujours rêvé,
  • 1:37 - 1:39
    la vieille ville de Sanaa.
  • 1:39 - 1:42
    Nous vivions dans cette maison,
    là, au troisième étage,
  • 1:42 - 1:44
    mon mari et moi.
  • 1:45 - 1:50
    Les manifestations ont commencé
    en janvier 2011,
  • 1:50 - 1:52
    et j'ai vite rejoint la révolution,
  • 1:52 - 1:56
    scandant,
    « Ash-shab yurid isqat an-nizam » :
  • 1:56 - 2:00
    « Le peuple veut la fin du régime. »
  • 2:00 - 2:02
    Pendant les deux années qui ont suivi,
  • 2:02 - 2:06
    j’ai écrit sur la situation
    dans mon blog et mes op-eds,
  • 2:06 - 2:09
    j'ai documenté les violations
    des droits de l'Homme,
  • 2:09 - 2:11
    interviewé de nombreuses femmes en prison,
  • 2:11 - 2:15
    et ai photographié beaucoup trop de corps
    de jeunes sans vie.
  • 2:17 - 2:22
    C'était une période très compliquée,
    c'est le moins qu'on puisse dire.
  • 2:22 - 2:23
    Mais pas totalement.
  • 2:23 - 2:27
    Ce fut en fait, l'une des meilleures
    périodes de ma vie.
  • 2:28 - 2:32
    J'ai tissé des liens très, très profonds
    avec de nombreuses personnes.
  • 2:32 - 2:36
    Des gens de tous les milieux
    étaient au même endroit.
  • 2:37 - 2:44
    Les gens étaient remplis d’espoir
    et d’amour, de vitalité, et de tant d’art.
  • 2:45 - 2:49
    Un jour, j'ai décidé d'écrire à propos
    de cet art révolutionnaire,
  • 2:49 - 2:54
    et mon éditeur voulait ajouter la ligne :
  • 2:54 - 2:58
    « Le Yémen, patrie ancestrale
    d’Oussama ben Laden. »
  • 2:59 - 3:03
    Comme si cela définissait le pays.
  • 3:03 - 3:06
    Maintenant, imaginez
    que vous rédigiez un article
  • 3:06 - 3:12
    à propos de l'inauguration d'une nouvelle
    galerie d'art, dans l'État de New York
  • 3:12 - 3:15
    et que votre éditeur ajoute le titre :
    « New York, État d'origine
  • 3:15 - 3:19
    de l'auteur de l'attentat à la bombe
    d'Oklahoma City, Timothy McVeigh .»
  • 3:19 - 3:21
    (Rires)
  • 3:22 - 3:23
    Ça n'aurait aucun sens, non ?
  • 3:24 - 3:26
    Ce qui, pour moi, n'avait aussi aucun sens
  • 3:26 - 3:28
    était le fossé
  • 3:28 - 3:32
    entre le Yémen où je vivais,
    le Yémen que je connaissais,
  • 3:32 - 3:37
    et le Yémen qu'il pensait connaître,
    à des milliers de kilomètres.
  • 3:37 - 3:41
    Mais lui ne voyait le Yémen
    que d'une vision stéréotypée.
  • 3:41 - 3:43
    Et le problème avec les stéréotypes,
  • 3:43 - 3:46
    comme l'auteur Chimamanda Adichie l'a dit
    dans sa conférence TED,
  • 3:46 - 3:51
    ce n'est pas qu'ils sont faux,
    mais qu'ils sont incomplets.
  • 3:51 - 3:55
    Ils font d'une histoire la seule histoire.
  • 3:57 - 4:03
    J'ai quitté le Yémen en janvier 2015,
    alors que le conflit prenait de l'ampleur.
  • 4:03 - 4:06
    Le privilège de pouvoir fuir
    le pays si vite
  • 4:06 - 4:10
    m'a fait me sentir honteuse, coupable.
  • 4:10 - 4:12
    J'avais l'impression d'être une lâche.
  • 4:13 - 4:17
    Je n'ai pas dit « au revoir »
    aux personnes que j'aimais.
  • 4:17 - 4:19
    Et deux mois plus tard,
  • 4:19 - 4:23
    des bombes américaines frappèrent
    la capitale du Yémen, où je suis née.
  • 4:24 - 4:29
    Et même si j'avais participé activement
    au mouvement lors de la révolution,
  • 4:29 - 4:32
    cette fois-ci, je restais figée.
  • 4:32 - 4:36
    Je me sentais impuissante face à la guerre
    que je regardais depuis l'étranger.
  • 4:36 - 4:39
    Et la culpabilité me consumait.
  • 4:40 - 4:43
    Je me sentais coupable
    en allant faire mes courses,
  • 4:43 - 4:47
    coupable en prenant une douche chaude,
  • 4:47 - 4:53
    et coupable en allant chez le médecin,
    même si j'étais alors enceinte.
  • 4:54 - 4:56
    Tout cela parce qu'au Yémen,
  • 4:56 - 4:59
    les gens étaient privés -
    ils continuent de l'être -
  • 4:59 - 5:03
    de services de bases comme
    les services de santé et l'électricité.
  • 5:04 - 5:08
    Les enfants ne meurent pas de faim
    comme les médias nous le disent,
  • 5:08 - 5:11
    ils sont en réalité délibérément affamés
  • 5:11 - 5:12
    comme arme de guerre
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    en raison d’un blocus
    soutenu internationalement.
  • 5:17 - 5:21
    Le truc avec la guerre, c’est qu'elle
    nous force à prendre des décisions
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    que nous ne devrions jamais
    avoir à prendre.
  • 5:23 - 5:26
    Alors que le dilemme du tramway -
  • 5:26 - 5:30
    feriez-vous dévier ce train
    et tuer une personne
  • 5:30 - 5:32
    afin d'en sauver cinq -
  • 5:32 - 5:36
    n'est simplement qu'un débat
    ou une discussion éthique
  • 5:36 - 5:38
    pour beaucoup d'entre nous ;
  • 5:38 - 5:41
    pour d'autres,
    c'est une véritable réalité.
  • 5:42 - 5:44
    Pour certains parents au Yémen,
    par exemple,
  • 5:44 - 5:46
    ils doivent choisir entre
  • 5:46 - 5:50
    acheter les médicaments nécessaires pour
    sauver un enfant souffrant du choléra,
  • 5:50 - 5:54
    ou utiliser cet argent
    pour nourrir toute la famille.
  • 5:55 - 5:56
    Dans les deux cas,
  • 5:56 - 5:58
    quelqu'un va probablement mourir
  • 5:58 - 6:02
    et les parents n'ont autre choix
    que de prendre cette difficile décision
  • 6:02 - 6:07
    et regarder leurs enfants
    perdre lentement la vie.
  • 6:08 - 6:12
    En tant que mère d’un enfant de quatre ans
    et d'un autre en route,
  • 6:12 - 6:15
    je ne peux pas imaginer le traumatisme
  • 6:15 - 6:20
    de devoir prendre
    une décision si déchirante.
  • 6:20 - 6:24
    Personne ne devrait être
    dans cette position, personne.
  • 6:26 - 6:28
    Souvent, je pense à ces parents,
  • 6:28 - 6:30
    à vrai dire, je les vois dans mes rêves.
  • 6:30 - 6:33
    Je les vois s'enfuir
    loin des bombardements,
  • 6:33 - 6:34
    se cacher,
  • 6:34 - 6:36
    mais essayer de protéger leurs enfants.
  • 6:36 - 6:40
    Et dans un rêve
    particulièrement troublant,
  • 6:40 - 6:45
    je coupais un corps en morceaux et mettais
    ces morceaux dans des sacs en plastique.
  • 6:46 - 6:49
    Je ne veux pas savoir ce que ça veut dire,
    ou ce que ça dit sur moi.
  • 6:50 - 6:52
    Mais la guerre nous suit partout,
  • 6:52 - 6:55
    elle nous suit même
    au sein de la diaspora,
  • 6:55 - 6:57
    elle nous suit dans nos rêves.
  • 6:58 - 7:03
    Très vite, les images
    que je voyais à la télévision
  • 7:03 - 7:05
    ont occulté mes propres
    souvenirs du Yémen.
  • 7:07 - 7:10
    Et je suis devenue
    ce que les dictateurs aiment :
  • 7:10 - 7:12
    une personne politiquement apathique.
  • 7:15 - 7:19
    Puis, un jour, alors que
    je parcourais mes vieilles photos,
  • 7:19 - 7:21
    je suis tombée sur cette photo
  • 7:21 - 7:27
    qui me rappela une nuit de l'an 2011,
    où je fus réveillée à 3 heures du matin
  • 7:27 - 7:31
    par le bruit assourdissant de coups de feu
    et d'artillerie lourde.
  • 7:32 - 7:36
    Ce jour-là, les affrontements
    n'ont cessé qu'une fois midi passé.
  • 7:36 - 7:40
    Cette après-midi-là,
    j'étais au mariage de ma cousine.
  • 7:40 - 7:43
    Je pensais que le mariage serait repoussé,
    naturellement.
  • 7:43 - 7:45
    Mais ce ne fut pas le cas.
  • 7:45 - 7:48
    Et je ne trouvais pas cela approprié
    de faire la fête,
  • 7:48 - 7:53
    j'ai donc mis une robe que je porte
    habituellement lors de funérailles.
  • 7:53 - 7:58
    Ma tante avait une robe d'un jaune vif,
    ornée de perles,
  • 7:58 - 8:01
    et quand elle me vit, elle fut horrifiée.
  • 8:01 - 8:02
    Je n'étais pas coiffée,
  • 8:02 - 8:04
    je n'étais pas maquillée,
  • 8:04 - 8:07
    ma robe était inappropriée
    pour le mariage.
  • 8:07 - 8:09
    Elle a très vite fouillé
    dans son sac à main,
  • 8:09 - 8:12
    et y trouva un rouge à lèvres
    et quelques bracelets
  • 8:12 - 8:14
    qu'elle me donna.
  • 8:14 - 8:19
    Je suis ensuite entrée,
    je suis rentrée dans le chapiteau,
  • 8:19 - 8:22
    la musique était à fond.
  • 8:22 - 8:26
    (Elle chante)
  • 8:29 - 8:32
    Tant de gens étaient en train de danser...
  • 8:32 - 8:35
    et j'étais consternée.
  • 8:36 - 8:39
    Fidèle à moi-même, je les ai jugés.
  • 8:39 - 8:44
    Comment pouvaient-ils danser alors
    que 84 personnes venaient de mourir ?
  • 8:45 - 8:49
    Mais une heure plus tard,
    on me tira sur la piste de danse,
  • 8:49 - 8:53
    et je compris enfin les mots
    du poète Djalâl ad-Dîn Rûmî.
  • 8:54 - 8:57
    « Danse au milieu du combat,
  • 8:57 - 8:59
    Danse dans ton sang.
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    Danse quand tu es totalement libre. »
  • 9:03 - 9:07
    Ce souvenir était un véritable cadeau
  • 9:07 - 9:13
    parce qu’il me rappela la capacité
    extraordinaire des gens à faire face.
  • 9:14 - 9:18
    J'ai décidé que je ne regarderai plus
    le Yémen de la même manière,
  • 9:18 - 9:21
    je le regarderai désormais,
    au-delà des gros titres,
  • 9:21 - 9:26
    et au-delà de ma propre responsabilité
    à perpétuer un récit incomplet.
  • 9:27 - 9:29
    N'avais-je pas vécu au Yémen ?
  • 9:31 - 9:32
    Je me mis à écrire de nouveau.
  • 9:32 - 9:37
    Mais cette fois, sans donner ma voix
    au Yémen qu'on voit à la télévision,
  • 9:37 - 9:40
    mais en la donnant
    au Yémen de mes souvenirs.
  • 9:40 - 9:44
    Et j’ai commencé à écouter
    la voix des gens,
  • 9:44 - 9:47
    leurs histoires d'héroïsme quotidien.
  • 9:47 - 9:49
    Et cela me frappa,
  • 9:49 - 9:52
    alors qu'eux vivaient la guerre,
  • 9:52 - 9:55
    je m'apitoyais sur mon sort.
  • 9:56 - 9:59
    Et plus je récoltais leurs histoires,
  • 9:59 - 10:02
    plus je me défaisais de cet apitoiement
    et de ce désespoir.
  • 10:02 - 10:07
    C'est incroyable de voir comment
    les gens font face à la guerre,
  • 10:07 - 10:09
    comment les gens vivent vraiment.
  • 10:11 - 10:13
    C'est incroyable de voir
  • 10:13 - 10:16
    comme des voisins se partagent
    le peu de nourriture qu'ils ont,
  • 10:16 - 10:21
    comme ils s'entraident pour transporter
    de l'eau sur des kilomètres,
  • 10:21 - 10:25
    comment les parents tentent de distraire
    leurs enfants des bruits des bombes,
  • 10:25 - 10:30
    en chantant à tue-tête
    ou en mettant la musique à fond,
  • 10:31 - 10:35
    comment les gens essaient
    de normaliser leur journée.
  • 10:35 - 10:37
    Ils continuent d'aller au travail,
    chaque jour,
  • 10:37 - 10:41
    même s'ils n'ont pas reçu de salaire
    depuis des mois.
  • 10:41 - 10:44
    Ils gardent le courage de tomber amoureux.
  • 10:45 - 10:46
    Certains se séparent ;
  • 10:46 - 10:50
    d'autres se marient dans des salles
    aussi grandes que celle-ci ou plus encore
  • 10:50 - 10:52
    pour accueillir toute la famille.
  • 10:53 - 10:59
    Et certains, comme ce propriétaire
    de magasin de jouets,
  • 10:59 - 11:03
    rénovent leurs entreprises -
  • 11:03 - 11:05
    c'est dans la ville de Ta'izz -
  • 11:05 - 11:06
    même dans un bâtiment comme celui-là,
  • 11:06 - 11:08
    qui a été détruit.
  • 11:09 - 11:13
    Certains ouvrent de nouvelles entreprises,
  • 11:13 - 11:15
    comme Arsheef à Sanaa,
  • 11:15 - 11:18
    la première galerie d'art
    contemporain du pays.
  • 11:19 - 11:25
    Et les enfants vont toujours à l'école,
    même dans des bâtiments comme celui-ci.
  • 11:25 - 11:27
    Ça, c'est leur école qui a été détruite.
  • 11:30 - 11:33
    Ces images sont des images du Yémen,
  • 11:33 - 11:38
    mais il y a des histoires similaires
    dans de nombreuses autres zones de conflit
  • 11:38 - 11:42
    que ce soit au Congo, au Cachemire,
    en Palestine, ou...
  • 11:44 - 11:45
    Montrer ces images n'a pas pour intention
  • 11:45 - 11:48
    de glorifier la misère,
  • 11:48 - 11:52
    mais plutôt de montrer la ténacité
    de l'esprit humain,
  • 11:52 - 11:54
    où les enfants se lèvent chaque matin,
  • 11:54 - 11:56
    et continuent d'aller à l'école,
  • 11:56 - 12:00
    même lorsque le monde leur dit
    qu'ils n'ont pas d'avenir.
  • 12:01 - 12:06
    Lorsqu'on dit aux enfants que le Yémen
    est l'un des pires endroits sur Terre,
  • 12:06 - 12:10
    ce que nous leur disons essentiellement
  • 12:10 - 12:13
    c'est qu'ils n'ont pas le pouvoir d'agir,
  • 12:13 - 12:16
    nous leur disons
    qu’ils devraient abandonner,
  • 12:16 - 12:20
    qu'ils sont pires que,
    moins que, nous tous ici.
  • 12:20 - 12:26
    Il n’est donc pas étonnant que lorsque
    les immigrants de ces pays
  • 12:26 - 12:28
    soient parfois perçus
  • 12:28 - 12:32
    comme incapables
    de contribuer à la société,
  • 12:32 - 12:34
    ou sont destinés à être un fardeau
    pour cette dernière,
  • 12:34 - 12:39
    parce qu'ils sont, malheureusement,
    présentés comme cela dans les médias,
  • 12:39 - 12:41
    à quelques exceptions près.
  • 12:42 - 12:45
    Je comprends l’intention derrière cela :
  • 12:45 - 12:48
    nous devons montrer la souffrance
    pour défendre une cause.
  • 12:49 - 12:53
    Dans mon propre activisme,
    c'est souvent ce que j'ai fait.
  • 12:53 - 12:57
    Et je le fais toujours, mais
    j'essaie aussi de montrer l'autre côté.
  • 12:58 - 13:00
    J'essaie de raconter
    des histoires de résilience
  • 13:00 - 13:04
    parce que tant nous avons besoin
    de parler de la machine de guerre,
  • 13:04 - 13:07
    du commerce d'armes
    et des crimes de guerre,
  • 13:07 - 13:10
    nous devons aussi contrebalancer cela
  • 13:10 - 13:16
    en racontant comment les gens survivent
    alors même que l’enfer se déchaîne.
  • 13:16 - 13:19
    Parce que ça aussi
    fait partie de leur récit.
  • 13:19 - 13:24
    Nous devons raconter
    toutes les histoires de guerre
  • 13:24 - 13:26
    parce que les perceptions de la réalité
  • 13:26 - 13:30
    sont renforcées par les histoires
    que nous nous racontons.
  • 13:30 - 13:34
    Nous devons raconter les histoires
    de gens ordinaires
  • 13:34 - 13:38
    faisant des choses ordinaires,
    mais toutefois extraordinaires,
  • 13:38 - 13:40
    parce que ce sont eux
    qui construisent vraiment la paix.
  • 13:41 - 13:44
    La paix n'est pas seulement
    la fin des combats,
  • 13:44 - 13:50
    c'est la réparation des cœurs brisés
    et la reconstitution de la vie.
  • 13:51 - 13:53
    C'est ce que nous devons nous dire
    dans la vraie vie,
  • 13:53 - 13:56
    même dans la tragédie,
  • 13:56 - 13:58
    l'humour est toujours présent.
  • 13:59 - 14:01
    La vie est toujours présente
    même en temps de guerre,
  • 14:01 - 14:03
    même dans la misère.
  • 14:05 - 14:08
    Nous devons partager
    nos propres souvenirs,
  • 14:08 - 14:10
    nos propres histoires,
    nos propres blagues,
  • 14:10 - 14:14
    afin de commencer
    le processus de guérison collective.
  • 14:14 - 14:17
    Partagez vos souvenirs,
    partagez votre histoire,
  • 14:17 - 14:19
    partagez vos blagues,
  • 14:19 - 14:21
    et je partagerai les miennes.
  • 14:21 - 14:23
    Je partagerai les miennes avec vous tous,
  • 14:23 - 14:25
    je partagerai les miennes
    avec mes enfants,
  • 14:25 - 14:29
    comme mes parents avaient partagé
    leurs histoires avec moi.
  • 14:29 - 14:32
    Ça, c'est ma résistance,
  • 14:32 - 14:36
    et je vous invite à rejoindre
    la résistance.
  • 14:37 - 14:39
    (Applaudissements)(Acclamations)
  • 14:39 - 14:43
    [Que la force soit avec vous]
  • 14:54 - 15:00
    Je vous incite à nous aider
    à renverser les préjugés de l’humanité
  • 15:00 - 15:05
    ainsi que notre tendance à nous concentrer
    uniquement sur les événements tragiques.
  • 15:05 - 15:07
    Dans ce monde chaotique,
  • 15:07 - 15:10
    c'est vraiment un acte de rébellion,
  • 15:10 - 15:11
    c'est vraiment radical
  • 15:11 - 15:13
    de penser à ce qui pourrait
    se passer bien.
  • 15:15 - 15:18
    Je ne vous dis pas d'inventer des choses
    lorsque vous écrivez,
  • 15:18 - 15:23
    mais ne résistez pas à l'idée qu'il y ait
    d'autres réalités sur le terrain.
  • 15:24 - 15:29
    Et enfin, parlons
    des faces cachées de la guerre,
  • 15:29 - 15:31
    afin de créer un nouveau récit
  • 15:31 - 15:35
    où les gens ne seraient pas définis
    par des limitations,
  • 15:35 - 15:37
    mais plutôt par des possibilités infinies.
  • 15:38 - 15:40
    Comme l'auteur Amin Maalouf l'a dit :
  • 15:40 - 15:43
    « Car c'est notre regard
  • 15:43 - 15:47
    qui enferme souvent les autres
    dans leurs plus étroites appartenances,
  • 15:47 - 15:49
    et c'est notre regard aussi
  • 15:49 - 15:51
    qui peut les libérer. »
  • 15:51 - 15:54
    Merci beaucoup... merci.
  • 15:54 - 15:57
    (Applaudissements)
Title:
La face cachée de la guerre du Yémen | Atiaf Alwazir | TEDxBerkeley
Description:

Atiaf Z. Alwazir est née à Sanaa, a passé son enfance à Beyrouth et Djeddah, et est ensuite partie s'installer dans la région métropolitaine de Washington alors qu'elle était adolescente. Elle vit actuellement à Bruxelles, où elle est consultante en recherche le jour et écrivaine la nuit. Avec une connaissance approfondie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), elle se concentre notamment sur les genres, les droits de l’Homme et la rencontre entre l’art et de la politique.

Elle a travaillé dans des organisations non gouvernementales et des institutions de recherche à Washington, au Caire, à Sanaa, à Tunis, à Beyrouth, à Berlin, à Lille et à Bruxelles, et emporte un peu de chaque ville avec elle, s'identifiant alors comme citoyenne du monde. En 2011, elle participa activement à la révolution yéménite, dont elle documenta les événements sur son blog et cofonda SupportYemen, un collectif de conteurs. Ses articles ont été publiés dans plusieurs journaux dont The Guardian, Foreign Policy, openDemocracy, Fair Observer et Al-Jazeera English. Elle est également co-auteure de Change Square, un livre photo sur la révolution yéménite.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http: //ted. com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:06

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