20 % d'espace pour enrichir la parole | Kenichi Matsumoto | TEDxKobe
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0:20 - 0:21Vous êtes prêts ? Allons-y !
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0:22 - 0:23Commençons par de la gym intellectuelle.
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0:23 - 0:25Ne vous posez pas de question.
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0:25 - 0:27Une salade de pommes de terre, et...
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0:27 - 0:28Et... elle coute 250 yens.
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0:28 - 0:31Voyez-vous, c'est mon partenaire
en affaires, -
0:32 - 0:35on tient un kaïten sushi à Iwaki,
dans la province de Fukushima, -
0:35 - 0:37et c'est Demura-san qui en a eu l'idée.
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0:37 - 0:39C'est un kaïten sushi, donc.
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0:39 - 0:41Il y a certes un menu de garnitures.
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0:41 - 0:43Mais un de ces mets nous a posé problème.
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0:43 - 0:44Quel mets ?
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0:44 - 0:46Notre salade de patates
n'avait pas de succès. -
0:47 - 0:48Mais il y a des œufs et de la mayo.
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0:48 - 0:50Il faut donc la vendre le jour même
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0:50 - 0:53ou au pire, le lendemain
sans quoi on doit la jeter. -
0:53 - 0:56En ajoutant la salade de patates
au menu sans rien de plus, -
0:56 - 0:58ça ne donne pas envie.
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0:58 - 1:01Alors, qu'a fait Demura, croyez-vous ?
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1:01 - 1:03Il a ajouté une explication
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1:03 - 1:07à la salade de pommes de terre
pour la rendre particulière. -
1:07 - 1:09Notre chiffre d'affaires
a explosé avec ça. -
1:09 - 1:12Et si c'était vous à la place de Demura,
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1:12 - 1:14quelle explication ajouteriez-vous
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1:14 - 1:17pour vendre ce plat dans notre menu ?
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1:17 - 1:20Imaginez deux ou trois idées !
C'est ça, la gym intellectuelle. -
1:20 - 1:21Hmmm.
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1:21 - 1:24Vous avez dû penser à plein de choses.
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1:24 - 1:27Mais la bonne réponse qui
a explosé notre chiffre d'affaires est : -
1:27 - 1:31« Salade préparée par la star
de notre restaurant, Miyo - 250 yens. » -
1:32 - 1:34C'est curieux, n'est-ce pas ?
C'est plutôt insolite -
1:35 - 1:38de pouvoir rendre une salade
de pommes de terre appétissante -
1:38 - 1:41en y accolant une narration
qui lui apporte un certain volume. -
1:41 - 1:43C'est l'idée d'engager les clients
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1:43 - 1:47et en fait, toutes les entreprises
se posent la question de savoir -
1:47 - 1:49comment promouvoir
leurs produits et leurs services. -
1:49 - 1:52J'ai de plus en plus souvent le privilège
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1:52 - 1:57de les coacher, parfois même,
je coache des enseignants, -
1:57 - 2:00pour les aider à améliorer
leurs compétences en communication. -
2:00 - 2:02Il y a huit ans, en 2010,
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2:02 - 2:05on a ouvert une formation
en art de la scène rakugo -
2:05 - 2:07à Osaka, dans un théâtre appelé
Temma Tenjin Hanjo Tei. -
2:08 - 2:11Des artistes professionnels du rakugo
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2:11 - 2:14donnaient des cours à des gens
comme moi et je me suis inscrit. -
2:14 - 2:15J'étais mû par l'envie
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2:15 - 2:19d'améliorer mes compétences
en communication verbale, -
2:19 - 2:22de pouvoir faire des plaisanteries
qui toucheraient leur cible. -
2:22 - 2:24Environ six mois plus tard,
à la fin de la formation, -
2:25 - 2:28le président de l'association de rakugo -
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2:28 - 2:32il s'agit de Bunshi Katsura,
le sixième de la maison Katsura - -
2:32 - 2:36m'a baptisé avec mon nom de scène :
Hachikenya Kenichi. -
2:36 - 2:38Je suis et reste un amateur
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2:38 - 2:43mais j'ai l'honneur de faire du rakugo
dans ma région natale, Amazaki. -
2:43 - 2:45Les deux premières années,
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2:45 - 2:49ce sont mes proches et mes amis
qui venaient m'écouter sur scène. -
2:49 - 2:53Je n'étais pas très doué
et leur oreille était complaisante. -
2:54 - 2:59Je me souviens très bien
du 25 février 2012. -
2:59 - 3:02J'ai reçu une invitation pour prendre part
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3:03 - 3:04à une représentation de rakugo.
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3:04 - 3:07J'étais super motivé et cette invitation
m'a fait danser de joie. -
3:07 - 3:11J'étais déterminé à faire rire
les gens de bon cœur. -
3:12 - 3:14J'ai choisi avec soin
mes vêtements de scène. -
3:14 - 3:17Un kimono traditionnel noir
avec l'emblème de ma famille. -
3:18 - 3:22Le comédien de rakugo s'assied
sur une estrade, un dais. -
3:22 - 3:25Je me suis précipité sur l'estrade
et je me suis assis hâtivement -
3:25 - 3:28avec un air déterminé
à faire rire tout le monde. -
3:28 - 3:33Et là, les 30, 40 petits vieux
et petites vieilles dans l’assistance -
3:33 - 3:38m’ont regardé le sourire aux lèvres
comme pour m’accueillir avec chaleur. -
3:39 - 3:44Mais au bout de trois, quatre,
cinq minutes, ça a changé. -
3:44 - 3:47Les gens dans le public
commençaient à gesticuler, -
3:47 - 3:50certains regardaient même leur montre.
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3:50 - 3:52Au bout de 10 minutes,
à la moitié de mon histoire, -
3:53 - 3:56la moitié du public est assoupie,
la tête dodelinant. -
3:57 - 3:59Au moment de la chute, à la 18e minute,
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3:59 - 4:02les organisateurs,
ceux-là mêmes qui m’ont invité, -
4:02 - 4:05sont dans les bras de Morphée.
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4:05 - 4:08J'étais littéralement mortifié.
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4:08 - 4:12On dit que pour tuer un comédien
de rakugo, pas besoin d'arme blanche, -
4:12 - 4:13trois bâillements suffisent.
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4:13 - 4:16Avec un tel bide, j'étais au-delà
de toute agonie dantesque. -
4:16 - 4:20Je me demandais combien de réincarnations
seraient nécessaire pour effacer ma honte. -
4:20 - 4:22Et ça m'a fait réfléchir.
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4:22 - 4:26Comment aurais-je pu éveiller la curiosité
des petits vieux et des petites vieilles ? -
4:26 - 4:28Qu'aurais-je bien pu faire
pour les faire rire ? -
4:28 - 4:32J'ai cogité, j'ai posé la question
à plein de gens et j'ai lu des bouquins. -
4:32 - 4:36Je me suis souvenu de mes cours
d'art dramatique à l'école -
4:36 - 4:40et d'une citation de Kohei Tsuka,
un auteur de pièces de théâtre. -
4:40 - 4:42Ça m'est revenu ainsi, sans raison.
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4:42 - 4:44Tsuka dit ceci.
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4:45 - 4:48Imaginez une scène
où un couple se sépare, devant la mer. -
4:48 - 4:50Aucun paysage marin n'est
suffisamment froid -
4:50 - 4:52pour renforcer l'idée
de séparation entre eux, -
4:52 - 4:56que ce soit la mer du Japon,
l'Alaska ou l'Antarctique. -
4:57 - 5:00On est sur une scène, et on joue.
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5:01 - 5:02Si le comédien est super bon,
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5:02 - 5:04il va mettre sa main en poche,
regarder l'horizon, -
5:05 - 5:08et murmurer que la mer semble si froide.
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5:08 - 5:11Même sans le bruit des vagues,
la mer deviendra glaciale. -
5:11 - 5:14Il va pouvoir créer une mer
plus triste que l'Antarctique. -
5:14 - 5:17C'est parce qu'il émoustille
l'imagination du public -
5:17 - 5:21en lui faisant faire le lien
avec un monde plus vivant. -
5:21 - 5:24Ça m'a convaincu.
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5:24 - 5:27Je n'avais pas pu réveiller
de leur sommeil mes petits vieux -
5:27 - 5:30parce que je n'avais pas pu
éveiller leur imagination. -
5:30 - 5:32C'était donc ça !
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5:32 - 5:34Ce qui m'a amené à la question suivante :
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5:34 - 5:37comment je fais, moi,
pour suivre les pas de Tsuka ? -
5:37 - 5:41Comment faire pour éveiller l'imagination,
pour créer une image évocatrice ? -
5:42 - 5:43C'était une question épineuse.
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5:43 - 5:49C'est à cette époque que j'ai vraiment lu
un des haïkus les plus connus : -
5:49 - 5:53Croquant un kaki, j'écoute la cloche
du temple Horyuji tinter. -
5:53 - 5:57On dit que c'est le poème
le plus célèbre écrit par Shiki Masaoka. -
5:57 - 6:01Mais moi, je pose la question suivante
à toutes les personnes que je rencontre : -
6:01 - 6:03ce poème de Shiki Masaoka,
-
6:03 - 6:07quand exactement dans la journée
pensez-vous qu'il l'a composé ? -
6:08 - 6:11Il y a 24 heures dans une journée,
à quelle heure ? -
6:11 - 6:14Entre 80 et 90 % des gens
-
6:14 - 6:17me répondent qu'il l'a écrit en soirée.
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6:17 - 6:21Parfois on me dit que c'est le milieu
de la nuit, vers trois heures du matin. -
6:21 - 6:25Plus rarement, on évoque l'aube.
-
6:25 - 6:26Cela arrive, certes,
-
6:26 - 6:28mais entre 80 et 90 % des gens
-
6:29 - 6:33pensent qu'il a composé son poème
entre cinq et six heures du soir. -
6:33 - 6:36Alors je leur pose une nouvelle question :
-
6:36 - 6:37« Ah bon, le soir.
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6:38 - 6:40Où voyez-vous ça dans le poème ?
-
6:40 - 6:42Ça n'apparaît nulle part. »
-
6:42 - 6:45Sans même l'évoquer,
tous les lecteurs de ce poème -
6:45 - 6:49imaginent naturellement
une scène un peu nostalgique, -
6:49 - 6:51un soir paisible et encore chaud,
-
6:51 - 6:55à l'ombre du temple Horyu
quand la cloche tinte. -
6:56 - 6:58Absolument rien de tout cela
n'apparaît dans le poème, -
6:58 - 7:01pourtant, il évoque ces images précises
dans l'esprit des gens. -
7:01 - 7:04Et je suis arrivé à la conclusion
-
7:04 - 7:09qu'il ne faut pas raconter 100 %
des choses mais laisser 20 % de blancs. -
7:09 - 7:13Cet espace est la source même
qui fertilise l'imagination. -
7:13 - 7:15Les blancs fertilisent l'imagination.
-
7:15 - 7:19Je vais essayer de vous expliquer ce que,
concrètement, ça veut dire. -
7:19 - 7:23Je vais vous présenter une partie
de « Sutokuin », une pièce de rakugo. -
7:24 - 7:28Un jeune homme se promène en ville
et croise une jeune femme par hasard. -
7:28 - 7:29Il en tombe éperdument amoureux.
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7:30 - 7:34Il décrit la jeune femme avec ces mots :
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7:34 - 7:36« Elle doit avoir 17 ou 18 ans.
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7:36 - 7:41Elle est accompagnée par quatre
ou cinq personnes, qu'elle est belle ! -
7:41 - 7:45Elle était aussi belle
que la rosée sur un pétale de rose. » -
7:45 - 7:47C'est une strophe de « Sutokuin ».
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7:47 - 7:50Si on décrit un homme,
on peut dire ce genre de choses : -
7:50 - 7:53Il était grand et ses yeux vifs
étaient d'un noir d'encre. -
7:53 - 7:56Le genre d'homme mystérieux.
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7:56 - 7:59Cela vient de « Rinki no koma »,
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7:59 - 8:01une histoire sur la jalousie des femmes.
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8:02 - 8:04Pour décrire une femme, on pourrait dire :
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8:04 - 8:07« Elle était aussi mince et belle
qu'Isabelle Adjani », -
8:07 - 8:09ou bien : « Elle ressemble
à Audrey Hepburn. -
8:10 - 8:13Elle est élégante
et a une grande classe. » -
8:13 - 8:15Ce ne sont que deux exemples
-
8:15 - 8:18mais les personnes qui savent qui sont
Isabelle Adjani et Audrey Hepburn -
8:18 - 8:20vont se faire une image :
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8:20 - 8:23« Une femme si belle et si classe
existe vraiment ! » -
8:23 - 8:25Ceux qui ne savent pas de qui on parle
-
8:25 - 8:28ne pourront pas imaginer l'élégance
des femmes évoquées. -
8:28 - 8:34Ils vont se bloquer sur ça,
et leur imagination ne s'enflammera pas. -
8:34 - 8:36C'est pareil pour décrire un homme.
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8:36 - 8:39« Il ressemblait à Machin
et il était si beau. -
8:39 - 8:42Le mec est à tomber raide morte. »
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8:42 - 8:44Mais si la personne à qui on s'adresse
n'aime pas Machin, -
8:44 - 8:47elle va penser que notre personnage
est vulgaire ou peu séduisant. -
8:47 - 8:50C'est le risque avec l'imagination.
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8:50 - 8:53Faire appel à un langage vaporeux
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8:53 - 8:55est donc une compétence cruciale.
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8:55 - 8:57Il en va de même dans la vie quotidienne.
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8:57 - 9:00Si par exemple, il pleut.
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9:00 - 9:02On a écouté le bulletin météo
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9:02 - 9:06qui nous annonce des précipitations
à hauteur de 100 mm par heure pour demain. -
9:06 - 9:07« Ha ! En effet !
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9:07 - 9:10Il va pleuvoir des cordes. »
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9:10 - 9:12Seuls les météorologues
se feront une image. -
9:12 - 9:15Les gens normaux se demanderont
ce que ça signifie vraiment. -
9:15 - 9:19Certes, 100 mm est un fait quantifiable.
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9:19 - 9:21C'est une donnée exacte et absolue.
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9:21 - 9:25Mais toutefois, cela ne nous permet pas
de sentir l'odeur de la pluie au printemps -
9:25 - 9:29ou de l'entendre battre sur la toiture.
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9:29 - 9:32Toute la question est donc
de transposer cela dans l'imaginaire : -
9:32 - 9:34« La pluie résonnait comme une cascade. »
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9:35 - 9:38« Un rideau de pluie
s'est déversé sur nous. » -
9:38 - 9:43De telles expressions
vont éveiller notre imagination. -
9:44 - 9:46Un autre exemple : les battements du cœur.
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9:46 - 9:49Entre : « mon rythme cardiaque
a augmenté » -
9:49 - 9:51et « mon cœur battait la chamade, »
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9:51 - 9:53laquelle évoque davantage la nervosité ?
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9:53 - 9:55La chamade, n'est-ce pas ?
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9:55 - 9:58On trouve le même phénomène
dans la chanson. -
9:58 - 10:02« Courir après un lapin dans sa montagne,
pêcher des poissons, dans sa rivière » -
10:02 - 10:04Il s'agit de quelques paroles
de « Furusato ». -
10:04 - 10:07Sa montagne, sa rivière,
une image vague de « lui ». -
10:07 - 10:10Elle pourrait nous sembler nostalgique.
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10:10 - 10:11Que se passe-t-il si par exemple,
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10:11 - 10:14on nommait une montagne
ou une rivière précise ? -
10:14 - 10:17Courir après un lapin
dans la montagne de Ko. -
10:17 - 10:20Pêcher dans la rivière Kanzaki.
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10:20 - 10:22Certes, on peut se faire une image
-
10:22 - 10:25quand on vient de la région
de Kobe ou de Kyoto et Osaka. -
10:25 - 10:27Chez ceux qui ne sont pas de la région,
-
10:27 - 10:30ce nom de montagne
ou de fleuve n'évoque rien. -
10:31 - 10:34En rendant le lieu vague,
sa montagne, son fleuve, -
10:34 - 10:41on se souvient des lieux de notre enfance
et ils remplissent notre imagination. -
10:42 - 10:44Maintenant, un autre exemple,
-
10:44 - 10:47où on pense avoir transmis
100 % du message mais ce n'est pas le cas. -
10:47 - 10:49Je vais vous montrer.
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10:49 - 10:52On rencontre souvent
des phrases de ce genre-ci : -
10:52 - 10:54« Il était une fois,
il y a plus de 2 000 ans, -
10:55 - 10:57en contrefort d'une colline
haute de 843 mètres, -
10:58 - 11:01un couple de vieillards
qui avaient plus de 70 ans. -
11:01 - 11:04Un jour de mai,
vers une heure de l'après-midi, -
11:04 - 11:06l'épouse faisait la lessive seule,
-
11:06 - 11:11dans la plaine verte, sur la berge
du fleuve, large de 300 mètres. -
11:11 - 11:14Mais 580 mètres en amont,
-
11:15 - 11:18une grosse pêche
de 60 centimètres de diamètre -
11:18 - 11:23dévale le courant à une vitesse
de 5 kilomètres à l'heure. » -
11:23 - 11:26Une onomatopée suffit pour résumer
le bruit de cette pêche : -
11:27 - 11:28« Donbukaro »
-
11:28 - 11:31(Rires)
-
11:31 - 11:35La phrase que je viens de vous lire est
composée de 345 lettres et caractères. -
11:36 - 11:39Un mot de neuf lettres résume
une phrase de 345 caractères. -
11:39 - 11:40Prenez le temps de réfléchir :
-
11:40 - 11:41dans votre vie,
-
11:41 - 11:44avez-vous déjà fait la lessive
au bord d'un fleuve, -
11:44 - 11:47aperçu une pêche dans les flots que vous
avez attrapée et ramenée à la maison ? -
11:48 - 11:51Personne, bien évidemment,
n'a jamais fait ça. -
11:51 - 11:55Toutefois, même sans avoir vécu ça,
quand on entend l'onomatopée donburako, -
11:55 - 11:57consciemment ou inconsciemment,
-
11:57 - 12:00on recrée dans notre esprit
toute cette histoire. -
12:00 - 12:03C'est pour cela que le conte de Momotaro
est célèbre dans le monde. -
12:03 - 12:05Il est connu aussi en dehors du Japon.
-
12:05 - 12:08Donburako est une onomatopée,
elle évoque un bruit. -
12:08 - 12:09Aux yeux des étrangers,
-
12:09 - 12:12le japonais est riche en onomatopées.
-
12:13 - 12:14Ça les impressionne.
-
12:14 - 12:18J'ai un peu creusé le sujet
comme cela semble si puissant. -
12:18 - 12:21J'ai fait une recherche Google
sur « donburako ». -
12:22 - 12:25Pour vérifier comment
cela se traduit en anglais. -
12:26 - 12:29Le résultat est vraiment édifiant.
-
12:30 - 12:33Ouvrez bien les yeux !
Et le résultat est... -
12:34 - 12:36(Voix) (Anglais) Don Braco
-
12:36 - 12:38[Donburako - Don Braco]
Donburako. -
12:38 - 12:40Pas de traduction donc.
-
12:41 - 12:44C'est finalement normal puisqu'il
s'agit d'une onomatopée. -
12:44 - 12:46Il paraît qu'il y en a 5 500
dans la langue japonaise. -
12:46 - 12:49C'est un nombre impressionnant.
-
12:49 - 12:53C'est pour cela que la langue japonaise
ne cesse de m'émerveiller. -
12:53 - 12:56Pourtant, on entend souvent dire
au sujet des Japonais -
12:56 - 12:58qu'ils ne sont pas habiles
pour communiquer, -
12:58 - 13:01qu'ils ne savent pas se mettre en valeur.
-
13:01 - 13:04On me l'a déjà fait remarquer
une ou deux fois. -
13:04 - 13:06Mais si on me demande mon avis,
-
13:07 - 13:10ce n'est un manque d'habileté,
ni une incapacité à se mettre en valeur. -
13:11 - 13:14J'ai fini par penser
-
13:15 - 13:18que nos ancêtres ont construit
des relations et une société qui font sens -
13:19 - 13:20à travers les époques,
-
13:20 - 13:23en s'intéressant à l'univers mental
de l'autre, -
13:23 - 13:26en créant un silence autour
-
13:26 - 13:32ou en imaginant des représentations
de sons et de bruits, des onomatopées, -
13:33 - 13:39qui n'existent pas mais qui enflamment
l'imagination de l'autre. -
13:39 - 13:42Et donc, pour émouvoir l'autre,
-
13:42 - 13:44pour viser droit dans son cœur,
-
13:44 - 13:48il faut cultiver ces choses fertiles
qu'il a en lui. -
13:48 - 13:50J'ai compris que
-
13:50 - 13:54ce terreau, ce sont ces 20 % d'espace
que je lui laisse. -
13:55 - 13:58Certains parmi vous sont
peut-être convaincus -
13:58 - 14:01de ne pas pouvoir parler avec éloquence.
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14:01 - 14:05Ou bien d'avoir toujours échoué
à se faire bien comprendre par l'autre. -
14:05 - 14:08Cela peut devenir un traumatisme
qui empêche de persévérer. -
14:08 - 14:09Certains parmi vous
-
14:09 - 14:12ont peut-être fait marche arrière,
ou se sont renfermés sur eux-mêmes. -
14:13 - 14:16Ce n'est pas grave.
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14:16 - 14:19Deux haïkus vont vous expliquer pourquoi.
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14:19 - 14:21Voici le premier.
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14:21 - 14:24Les premières neiges - arrivent avec peine
à cacher la bouse. -
14:24 - 14:28Le chant de la cigale, le chant
de la cigale, seul son qu'on entend. -
14:28 - 14:30On penserait que ces vers
sont quelconques, sans relief. -
14:30 - 14:32Qui a bien pu écrire ça ?
-
14:32 - 14:35Ils sont pourtant du poète Shiki Masaoka.
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14:35 - 14:39Masaoka, en l'espace de 17 ans,
entre ses 18 et 34 ans, -
14:39 - 14:42a écrit 40 000 poèmes et haïkus.
-
14:42 - 14:4340 000.
-
14:44 - 14:46Il a conservé 40 000 poèmes, en fait.
-
14:46 - 14:49Combien d'autres en a-t-il écrit
avant de les jeter car trop nuls ? -
14:49 - 14:52Combien de vers a-t-il jetés
impitoyablement car trop mauvais ? -
14:52 - 14:55Si on prend en considération
ces vers-là aussi, -
14:55 - 14:57Masaoka a dû en écrire
des centaines de milliers. -
14:57 - 15:00Il faut écrire tous ces vers ratés
-
15:00 - 15:04pour écrire une pépite comme :
« Croquant un kaki ». -
15:04 - 15:08C'est parce qu'il a trébuché souvent
qu'il a pu créer ce poème célèbre. -
15:08 - 15:09Comment est-ce que je sais ça ?
-
15:09 - 15:12Eh bien, parce que moi aussi,
j'ai trébuché très souvent. -
15:12 - 15:14Je me suis couvert de ridicule.
-
15:14 - 15:15Je me suis trompé un peu partout.
-
15:15 - 15:17J'ai une montagne d'échecs.
-
15:17 - 15:20Mais je suis convaincu
qu'il y a une véritable valeur à échouer -
15:20 - 15:23car cela signifie
d'avoir relevé le défi et essayé. -
15:23 - 15:24Par exemple,
-
15:25 - 15:28si on reprend mon premier exemple
de la salade de Miyo, -
15:28 - 15:31tout le monde se demande qui est Miyo.
-
15:31 - 15:33Sans doute vous êtes-vous forgé une image.
-
15:34 - 15:36Allons à sa rencontre.
-
15:36 - 15:39Je suis allé au restaurant
et j'ai demandé à rencontrer Miyo. -
15:39 - 15:40« Elle est absente aujourd'hui. »
-
15:40 - 15:44J'y suis retourné mais c'était à nouveau
son jour de congé. -
15:44 - 15:47Je peux y aller autant de fois que je veux
mais Miyo n'est jamais là. -
15:48 - 15:49Pourquoi ?
-
15:49 - 15:50Exactement !
-
15:50 - 15:53Miyo n'existe pas,
c'est le fruit de l'imagination. -
15:53 - 15:55Un personnage fictif ?
-
15:55 - 15:59Vous pourriez regretter que
Miyo n'existe pas dans la vraie vie. -
15:59 - 16:01Mais quand je vous ai raconté l'anecdote,
-
16:01 - 16:03vous avez imaginé Miyo.
-
16:03 - 16:06Elle a pris chair dans votre esprit.
-
16:06 - 16:08Chacun de vous connaît une Miyo
-
16:08 - 16:12et c'est ça qui a conféré son succès
à la salade de pommes de terre, -
16:12 - 16:14qui l'a rendue si tentante et savoureuse.
-
16:15 - 16:19La richesse et la profondeur
naissent bien de l'imagination. -
16:19 - 16:21C'est le silence
qui a enrichi le discours. -
16:21 - 16:25Alors, ensemble, faisons un pas à la fois.
-
16:25 - 16:28Quand nous prenons la parole,
veillons à préserver 20 % de silence, -
16:29 - 16:3220 % de silence chez celui qui écoute.
-
16:32 - 16:37Cela vaut la peine de relever ce défi.
-
16:38 - 16:39Merci.
-
16:39 - 16:42(Applaudissements)
- Title:
- 20 % d'espace pour enrichir la parole | Kenichi Matsumoto | TEDxKobe
- Description:
-
Kenichi Matsumoto est coach en prise de parole. Il a étudié l'art de la scène humoristique « rakugo », la variante japonaise du one-man show, pour affuter ses compétences. Il est devenu comédien spécialiste du rakugo par la suite. Il se base sur cet art de la performance pour montrer les forces de la rythmique de la langue japonaise. Il est convaincu que les Japonais étaient de grands communicants à l'origine.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx
- Video Language:
- Japanese
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 16:50
eric vautier approved French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
eric vautier edited French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
eric vautier edited French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
Eriko Tsukamoto accepted French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
Eriko Tsukamoto declined French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
Eriko Tsukamoto edited French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe | ||
Eriko Tsukamoto edited French subtitles for 言葉の豊かさを生み出す20%の空白 | 松本賢一 | TEDxKobe |