L'espace appartient aux rêveurs | Hakim Bennaia | TEDxYouth@CoursMirabeau

Hakim est un adolescent doté d'une imagination débordante. Son surnom est Lamartine, c'est tout dire ! Depuis l'âge de trois ans, il rêve de voitures et de véhicules du futur. Il est en train de concevoir une fusée pour étudier l'atmosphère. Jeune homme de 14 ans, il rêve d'espace depuis 2014.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Je vous remercie.

Merci, merci.

Je me présente : Hakim Bennaia.

Je suis élève en 3e,

et ce soir, j'ai une question pour vous :

avez-vous déjà rêvé
ou imaginé l'espace de demain ?

Moi, ça a vraiment
commencé en octobre 2015,

je voulais devenir designer automobile.

Je suis allé au cinéma
voir « Seul sur Mars »,

et en sortant de la salle de cinéma,

je voulais partir dans l'espace,
explorer Mars et ses secrets.

À partir de là, j'ai commencé
à rêver de plein de trucs,

un petit peu comme
les anciens explorateurs, en fait.

Après, je me suis mis à regarder
plein de vidéos YouTube,

je regardais des films, des livres, voilà.

Je me suis aussi un peu penché
sur le parcours à suivre

pour devenir ingénieur aérospatial,

parce que [c'est le domaine]
pour développer des vaisseaux.

En menant mes recherches,
j'ai découvert que

il y avait plein de contraintes à gérer
pour atteindre nos objectifs lointains.

Tout d'abord,

et pas des moindres, il y a la gravité.

Comme vous le savez peut-être,

sur Terre,

il y a une force qui nous retient au sol,

qui s'appelle la gravité,

et qui nous empêche de flotter partout.

Dans l'espace, il n'y a pas
de gravité, on flotte partout,

et ce n'est pas rigolo de flotter,
contrairement à ce qu'on pourrait penser.

En fait, quand on flotte dans l'espace,
on vieillit de façon accélérée.

On perd de la masse musculaire,
on perd de la masse osseuse,

et on vieillit artériellement.

Il y a aussi les radiations
qui sont encore pire :

ça entraîne des tumeurs,
des mutations, des maladies chelou.

Franchement, ce n'est pas sympa.

Et devinez quoi ?

Plus les temps de trajet sont longs,

plus les dangers que j'ai évoqués
juste avant sont accrus.

Et ils sont longs, justement.

Il faut en fait six mois
pour partir sur Mars,

et à peu près un peu plus
d'un an pour en revenir.

Mais ce n'est pas tout.

Comme vous le savez,
pour vivre, on a l'électricité,

on a de la lumière,

on fait chauffer nos aliments,

et dans l'espace,
il faut aussi de l'électricité.

Et il faut aussi de l'électricité
pour respirer, pour recycler l'air.

La solution la plus fréquemment
utilisée à l'heure actuelle,

c'est les panneaux solaires.

Et les panneaux solaires,
ça marche, ça fonctionne.

Mais nous, ce qui nous intéresse,

c'est d'aller très très loin dans
l'espace, parce qu'on est des rêveurs.

Plus tu vas loin dans l'espace,

moins il y a de soleil, tout simplement,

et donc moins il y a d'électricité.

Ensuite, il y a aussi le problème
de la nourriture et de l'oxygène.

Vous le savez peut-être :

il y a des astronautes qui tournent
en orbite autour de notre Terre,

au-dessus de nos têtes.

Ils sont alimentés par l'ATV,
le cargo ravitailleur européen -

le Véhicule Automatique de
Transfert européen, pardon -

qui leur apporte assez souvent
nourriture et oxygène frais.

Mais à 70 millions de kilomètres,
sur Mars,

on n'a pas d'ATV, c'est ça, le problème.

Là, vous allez vous dire que
peut-être ça m'a freiné dans mon rêve,

toutes ces contraintes.

En fait, pas du tout.

Vous l'aurez peut-être deviné,
je suis ici aujourd'hui.

En fait pas du tout.

ça m'encourage encore plus
à trouver des solutions

pour qu'on puisse partir dans l'espace.

Je fabrique un petit peu
ces solutions dans ma tête

grâce à l'imagination.

Et donc je vous invite
à me suivre dans mon rêve

de la vie futuriste,
de la vie dans l'espace.

Tout d'abord, pour partir dans l'espace,
on a besoin de vaisseaux.

On a des petits vaisseaux d'abord.

C'est plutôt pour
des équipages restreints,

plutôt d'exploration etc.

Ensuite on a les plus gros vaisseaux,

même beaucoup plus gros,

qui sont eux plutôt orientés vers
le voyage commercial, le tourisme,

mais pas que, il y a aussi du fret

pour alimenter les différentes colonies

et des astronautes qui
voyagent grâce à ça.

Vous allez dire :
« Mais toutes ces contraintes,

comment on fait face à ça
dans nos vaisseaux ? »

Eh bien,

on va créer des technologies
- je l'espère en tout cas -

et ces technologies sont les suivantes.

Pour faire face au manque de gravité,

on va simplement utiliser une force
toute bête : la force centrifuge, en fait.

Je ne sais pas si on peut voir.

Il y a des grands ronds,
des sortes de roues.

A vitesse constante,
cela produit une force,

la force centrifuge,
qui pousse vers l'extérieur.

Et donc qui va venir reproduire
simplement la gravité terrestre.

Ensuite,

pour les contraintes de rayonnement,

on va reproduire un petit peu
ce qu'il se passe sur Terre en fait.

Pour faire face au rayonnement,

on a notre atmosphère,

on a des rayons magnétiques
autour de la Terre

qui empêchent qu'on
reçoive dans la figure

tout ce qui est
rayons gamma, rayons X, etc.

Et sur nos vaisseaux,

on va reproduire un petit peu
la même chose, mais artificiellement,

en générant des champs magnétiques

qui pourront arrêter
ces rayons gamma énervants.

Vous allez dire : « Le trajet est long.

Comment faire pour ne pas
rester six mois dans l'espace ?

Eh ben ouais !

Alors...
(Rit)

Moi non plus !

Pour ça, on va utiliser tout simplement
des systèmes de propulsion avancés.

On a différents types :

la fusion nucléaire, à ne pas confondre
avec la fission nucléaire ;

on a aussi les voiles solaires
- comme ça -

qui, en fait, avec une force -
la pression de radiation -

qui pousse le véhicule

à des vitesses folles, en fait,

de manière progressive.

Malheureusement,
c'est comme l'électricité :

plus tu t'éloignes du soleil,

moins tu as de soleil,

et donc moins tu vas vite.

On a aussi la propulsion ionique qui
accélère des ions à très haute vitesse.

Ces vaisseaux partiraient
d'une station spatiale.

Ce serait une sorte de port spatial

où transiteraient astronautes,
touristes et fret,

donnant un accès à l'espace via
les vaisseaux que j'ai cités juste avant.

La Lune quant à elle,

elle serait une sorte de base arrière,

une base scientifique
où on développerait et fabriquerait

des vaisseaux et des habitats

pour pouvoir partir ailleurs
dans l'espace, sur Mars, etc.

Ça serait un peu notre usine.

La Lune, c'est cool :
il n'y a pas d'atmosphère.

L'atmosphère est un frein
à l'observation du cosmos :

ça crée des sortes d'ondulations,

et depuis la Terre,

on n'arrive pas
à bien voir le cosmos profond.

Pour y remédier, on a créé
les télescopes spatiaux.

On dépense des milliards

à envoyer des télescopes
spatiaux en orbite.

La solution serait simplement
de fabriquer nos télescopes sur la Lune

et de les y installer directement.

Et comme ça, on peut observer le cosmos.

La Lune, c'est très intéressant aussi,
parce que

la pierre lunaire, la régolithe,
regorge d'hélium 3.

La fusion de l'hélium 3

est beaucoup plus efficace
que la fission nucléaire

et est totalement propre.

Je vous ai dit que la Lune
serait aussi une base arrière.

Une base à quoi ?

Une porte ouverte au reste
du système solaire.

Je parle bien sûr de Mars

et d'au-delà.

Parlons de Mars.

Mars, très belle planète.

Mars, ce n'est pas très accueillant,

mais dans 50 ans,

Mars sera cool.

On partira en voyage sur Mars.

On fait ses valises et on part sur Mars,

grâce notamment à de grands dômes

qui pourront accueillir des chambres, des
laboratoires, des maisons, des habitats,

pour qu'on puisse vivre
entièrement en autosuffisance,

en produisant de l'énergie localement,

comme, par exemple,
avec la fusion de l'hélium 3.

Tout est recyclé, bien entendu.

Et cette microsociété martienne,

on ne peut pas imaginer
qu'elle reposerait sur l'argent -

ce n'est pas possible -

donc pas d'argent, tout est axé sur
le partage et les collectivisations.

Autour de Mars,

il y aurait un de ces ports spatiaux.

Encore.

Pourquoi ? Parce que Mars
serait aussi une base arrière,

pour l'exploration et l'exploitation
de la ceinture d'astéroïdes.

Qu'y a-t-il
dans la ceinture d'astéroïdes ?

Il y a des astéroïdes,

et dans les astéroïdes,

il y a plein de matériaux,

des matériaux normaux,
comme le métal et le plomb,

et on a aussi des matières
premières plus rares,

comme l'or,

le platine,

le diamant aussi - encore plus rare.

Tout ça en les extrayant
grâce à des mines spatiales,

des mines sur les astéroïdes.

On peut les extraire,

les transformer sur la Lune
et les revendre sur Terre,

pour rentabiliser nos voyages
parce que l'espace, ça coûte très cher.

Je voudrais maintenant parler d'au-delà
de la ceinture d'astéroïdes,

là où se trouvent Saturne et ses lunes.

Les lunes sont très intéressantes,

parce qu'on peut se poser
dessus - c'est pratique.

D'un point de vue scientifique, elles sont
très intéressantes ; par exemple Titan,

la petite boule marron.

(Rit)

Elle ressemble beaucoup à la Terre,

car elle a l'anatomie - je ne sais pas
si on peut dire comme ça - de la Terre :

des continents, des océans,

sauf que l'eau des océans serait
tout simplement du méthane liquide.

Enfin, c'est du méthane liquide.

C'est quoi ?

A l'heure actuelle,

une sorte de carburant.

C'est un carburant de fusées... on
peut utiliser ça comme carburant.

On peut l'exploiter pour

en prendre le méthane

et alimenter des sondes et des drones

qui pourraient voyager
sur Titan et l'explorer.

En fait,

l'autre cible très intéressante
des lunes de Saturne,

c'est Encelade, la petite
planète bleue et blanche.

Pourquoi ces couleurs ?
Parce qu'elle est faite de glace.

Sa croûte est de glace,

et en fait,

sous sa croûte de glace...

La glace, ça veut dire de l'eau.

Et sous sa croûte de glace,

d'après les sondes qu'on a envoyées,
il y aurait en fait des océans

d'eau salée liquide.

Donc c'est de la vie,
c'est très intéressant.

Mais là vous me direz un petit peu...

Mon voyage avec l'imaginaire est fini,
j'espère vous avoir fait voyager.

Vous devez vous dire :

« Mais à quoi ça sert,

Hakim, de rêver
quand on est un scientifique ? »

Eh bien,

cette question est très importante

parce qu'à mon sens,
un scientifique, c'est quoi ?

C'est quelqu'un qui va imaginer le futur.

Il s'y projette

en menant des recherches,

en concevant, en recommençant,

pour que, par exemple, demain, vous
et moi puissions être guéris du cancer.

En fait,

l'imagination occupe une place centrale
dans tous les domaines scientifiques

et du monde en général,

parce que si on n'imagine pas,

on ne peut pas appréhender le futur,

on ne peut rien découvrir,

parce que toute invention part un petit
peu de l'imaginaire de son inventeur.

Donc c'est très important.

Parlons d'imagination
et rajoutons l'espace maintenant.

Là, on est aux anges,

parce que vous devez sûrement connaître
un peu l'espace : Star wars, Star Trek,

Seul sur Mars,

c'est un sujet extrêmement exploité
dans la littérature et la cinématographie.

Là, j'ai un autre message aussi
à vous faire passer aujourd'hui,

puisque vous êtes beaucoup de jeunes.

Je pense que moi par exemple,
si je devais rêver toute la journée...

Rêver, c'est bien,

mais si je rêve toute la journée, toute
l'année, sur le canapé à ne rien faire,

je ne concrétiserai jamais mon rêve.

Donc c'est vraiment la première étape
de la concrétisation de son rêve.

Rêver, puis passer à l'action.

J'aime cette citation : « Il y a ceux qui
se recouchent pour continuer leur rêve

et d'autres qui se lèvent
pour le réaliser. »

Je pense qu'il faut vraiment faire
à son échelle, si on a vraiment un rêve,

si on a vraiment envie
de faire quelque chose,

si on se donne les moyens,
tout est possible.

Aussi petite soit-elle,
c'est très important.

J'aimerais faire une sorte
de petit ballon météorologique

et l'envoyer dans les couches
supérieures de l'atmosphère

pour un petit peu relever
des informations,

prendre des images - pourquoi pas ?
- de la Terre.

Vous allez me dire :

« C'est minuscule ! Tu as
parlé de choses extraordinaires.

L'exploration spatiale, c'est énorme,
mais le ballon, c'est minuscule. »

Eh bien, je pense que c'est déjà,

à mon sens, au sens de mon rêve,
quelque chose de super important.

C'est déjà une action.

Je vous l'ai dit,

aussi petite soit-elle, c'est important,

c'est déjà un pas dans le futur,

c'est le début de la concrétisation
de votre rêve.

Voilà, je pense que c'est comme ça
que le monde avance,

en imaginant [par exemple] un super
moteur à ions qui va super vite.

Je pense que notre capacité à imaginer
nous différencie des autres animaux.

Et pour finir une question -

encore une question -

vous, pour votre futur,

qu'est-ce que vous imaginez ?

Merci.

(Applaudissements)