< Return to Video

Je vois des personnes décédées : rêves et visions des mourants | Christopher Kerr | TEDxBuffalo

  • 0:17 - 0:21
    J'ai lu une étude récente
    dont le titre était :
  • 0:21 - 0:23
    « Étude sur les peurs des Américains »,
  • 0:23 - 0:25
    et ce dont les Américains
    ont le plus peur,
  • 0:25 - 0:27
    c'est prendre la parole
    en public et mourir.
  • 0:27 - 0:28
    En d'autres termes, mon TEDx talk.
  • 0:28 - 0:30
    (Rires)
  • 0:30 - 0:34
    Comme si ça n'était déjà pas assez dur,
    le thème de ce soir est l'illumination,
  • 0:34 - 0:38
    et la question qui se pose est :
    mourir peut-il nous éclairer ?
  • 0:38 - 0:40
    Ce que nous savons de la mort est basé
  • 0:40 - 0:42
    sur ce que nous avons observé
    en tant que témoins.
  • 0:42 - 0:46
    Nous connaissons tous ce triste déclin
    psychologique et la souffrance,
  • 0:46 - 0:49
    et nous avons tous ressenti
    une perte profonde.
  • 0:49 - 0:52
    Donc, s'il y a de la lumière
    dans la noirceur de la mort,
  • 0:52 - 0:55
    elle se trouve dans son expérience,
    non dans son observation.
  • 0:55 - 0:57
    Ce soir, je vais partager avec vous
  • 0:57 - 1:00
    les mots et expériences
    de patients mourants.
  • 1:00 - 1:04
    Et j'espère que vous entendrez
    ce que j'ai entendu :
  • 1:04 - 1:07
    les mourants décrivent souvent
    leur fin de vie
  • 1:07 - 1:09
    d'une manière qui est en fait
    une affirmation de la vie,
  • 1:09 - 1:13
    riche de sens, d'amour et même de grâce.
  • 1:13 - 1:17
    Avant que je n'aille plus loin,
    je dois donner quelques avertissements.
  • 1:17 - 1:20
    Si je vous donne l'impression de
    ne pas tenir en place, c'est bien vrai.
  • 1:20 - 1:21
    (Rires)
  • 1:21 - 1:25
    Le second avertissement,
    c'est qu'en dehors de ma mère,
  • 1:25 - 1:27
    personne ne m'a jamais décrit
  • 1:27 - 1:30
    comme une personne particulièrement
    spirituelle ou éclairée.
  • 1:30 - 1:33
    Et croyez-moi, cette discussion
    n'a rien à voir avec le paranormal.
  • 1:33 - 1:38
    Une vérité bien plus dure pour moi
    est que j'ai une aversion profonde
  • 1:38 - 1:41
    pour les aspects non physiques
    et spirituels de la mort,
  • 1:41 - 1:44
    et cela remonte à mon enfance.
  • 1:44 - 1:48
    Le 6 août 1974, j'avais 12 ans,
  • 1:48 - 1:53
    et je me tenais debout devant
    mon père mourant, qui avait 42 ans.
  • 1:54 - 1:55
    Tandis qu'il gisait là,
  • 1:55 - 1:59
    il a tendu la main et a commencé
    à jouer avec les boutons de ma chemise,
  • 1:59 - 2:02
    me disant de me dépêcher ;
    nous devions prendre l'avion.
  • 2:02 - 2:05
    Nous devions aller au nord
    et pêcher comme nous en avions l'habitude.
  • 2:05 - 2:07
    Et c'est la dernière fois que je l'ai vu.
  • 2:07 - 2:11
    Ce que je veux dire, c'est que
    je n'ai pas choisi ce sujet de la mort ;
  • 2:11 - 2:14
    j'ai l'impression qu'il m'a choisi
    ou suivi toute ma vie,
  • 2:14 - 2:17
    personnellement et professionnellement.
  • 2:17 - 2:20
    Comme mon père, je suis devenu médecin.
  • 2:20 - 2:24
    Ça peut sembler étrange, mais si
    vous avez une aversion de la mort,
  • 2:24 - 2:26
    les écoles de médecine sont
    un endroit assez sûr.
  • 2:26 - 2:31
    Elles ne parlent jamais de la mort,
    et encore moins d'en faire l'expérience.
  • 2:31 - 2:34
    La formation médicale,
    c'est apprendre à défier la mort,
  • 2:34 - 2:39
    et lorsque vous n'y parvenez pas,
    vous la niez, en totalité ou en partie.
  • 2:39 - 2:41
    Cette approche de la médecine me convenait
  • 2:41 - 2:44
    lorsque je faisais des choses
    comme travailler aux urgences.
  • 2:44 - 2:47
    Mais en 1999, à travers une série
    d'événements inhabituels,
  • 2:47 - 2:49
    j'ai atterri dans cet endroit
    appelé un hospice.
  • 2:49 - 2:52
    Dans cet hospice, la science curative
  • 2:52 - 2:56
    avait abandonné le patient
    mais aussi abandonné le médecin
  • 2:56 - 2:59
    qui est, finalement,
    obligé d'être présent.
  • 2:59 - 3:02
    Et lorsque j'étais présent au chevet
    d'un mourant,
  • 3:02 - 3:04
    je me confrontais à ce que j'avais vu
  • 3:04 - 3:07
    et j'essayais réellement
    d'oublier mon enfance.
  • 3:07 - 3:10
    J'ai vu des patients mourants
    chercher à appeler
  • 3:10 - 3:12
    leur mère, leur père et leurs enfants,
  • 3:12 - 3:16
    qu'ils n'avaient pas vus, pour certains,
    depuis plusieurs années.
  • 3:16 - 3:20
    Mais ce qui était remarquable, c'est que
    la plupart d'entre eux semblaient en paix.
  • 3:21 - 3:23
    En avril 1999,
  • 3:23 - 3:26
    j'étais dans la chambre d'une patiente
    que j'aimais tout particulièrement.
  • 3:26 - 3:29
    Elle s'appelait Mary.
  • 3:29 - 3:33
    Elle approchait la fin de sa vie et ses
    quatre enfants étaient aussi présents.
  • 3:33 - 3:37
    Un jour, Mary a commencé à bercer
    un bébé que personne ne pouvait voir.
  • 3:37 - 3:41
    Elle l'appelait Danny -
    un nom que personne ne connaissait.
  • 3:41 - 3:45
    Le jour suivant, la sœur de Mary
    est revenue en ville
  • 3:45 - 3:50
    et a expliqué que Danny était en fait le
    premier enfant de Mary, qui était mort-né.
  • 3:50 - 3:52
    La perte était si profonde
  • 3:52 - 3:55
    que Mary n'avait pas été capable
    d'en parler durant toute sa vie.
  • 3:55 - 3:59
    Pourtant, en mourant, cette perte
    indescriptible lui était revenue
  • 3:59 - 4:03
    sous la forme d'une chaleur
    et d'un amour tangibles.
  • 4:04 - 4:06
    Mary, comme la plupart
    des patients mourants,
  • 4:06 - 4:09
    avait des blessures physiques
    qui ne pouvaient pas être soignées,
  • 4:09 - 4:12
    mais ses blessures spirituelles
    étaient en train de guérir.
  • 4:12 - 4:16
    Quelques semaines plus tard, j'ai vu
    un jeune homme appelé Tom.
  • 4:16 - 4:18
    Je suis sorti du poste des infirmières
    et j'ai dit :
  • 4:18 - 4:20
    « Je crois que Tom aura plus de temps
  • 4:20 - 4:23
    si on lui donne des antibiotiques
    et des fluides en IV. »
  • 4:23 - 4:24
    Et sans lever les yeux,
  • 4:24 - 4:27
    une infirmière, Nancy, a dit :
    « Non, il est mourant. »
  • 4:27 - 4:29
    J'ai répondu : « Pourquoi ?
  • 4:29 - 4:31
    - Parce qu'il voit sa mère
    qui est décédée.
  • 4:31 - 4:34
    - Je ne me rappelle pas
    avoir vu ça à l'école de médecine.
  • 4:34 - 4:36
    - Fils, tu as manqué beaucoup de cours ! »
  • 4:37 - 4:38
    Bref...
  • 4:38 - 4:40
    (Rires)
  • 4:40 - 4:41
    Tom est finalement décédé.
  • 4:41 - 4:44
    Ce que Nancy savait et que j'ignorais,
  • 4:44 - 4:47
    c'est que l'expérience de fin de vie
    de Tom avait un sens.
  • 4:47 - 4:49
    Elles étaient importantes,
    non seulement pour lui,
  • 4:49 - 4:52
    mais aussi pour ceux qu'il chargeait
    de prendre soin de lui.
  • 4:52 - 4:54
    Donc, si je voulais apporter de la valeur,
  • 4:54 - 4:57
    je devais comprendre, je devais apprendre.
  • 4:57 - 4:59
    J'ai appris que les expériences
    de fin de vie
  • 4:59 - 5:01
    sont des expériences subjectives vécues
    par les mourants
  • 5:01 - 5:04
    et font souvent référence à des rêves
    et des visions pré-décès.
  • 5:04 - 5:07
    De telles expériences ont été rapportées
  • 5:07 - 5:10
    tout au long de l'Histoire
    et dans toutes les cultures.
  • 5:10 - 5:11
    Elles sont mentionnées dans la Bible,
  • 5:11 - 5:14
    dans la « République » de Platon,
    chez Shakespeare.
  • 5:14 - 5:17
    Dans notre culture, les discussions
    les plus riches et significatives
  • 5:17 - 5:20
    sont toujours venues des sciences humaines
    et non de la médecine,
  • 5:20 - 5:23
    des poètes, des auteurs dramatiques
    et des philosophes.
  • 5:23 - 5:25
    Ces observateurs ont commenté
  • 5:25 - 5:27
    que les expériences de fin de vie
    sont si fréquentes
  • 5:27 - 5:31
    qu'elles sont essentiellement intrinsèques
    au processus de la mort.
  • 5:31 - 5:36
    Elles sont décrites comme réelles,
    intenses et pleines de sens ;
  • 5:36 - 5:39
    donnant du confort, une vision,
  • 5:39 - 5:42
    et se faisant, aident à alléger
    la peur de mourir.
  • 5:43 - 5:45
    Alors pourquoi la médecine
    a-t-elle si peu à dire
  • 5:45 - 5:47
    sur une chose aussi pleine de sens,
  • 5:47 - 5:49
    et de fait, avec un tel
    potentiel thérapeutique,
  • 5:49 - 5:53
    pas seulement pour le patient
    mais aussi pour les proches du patient ?
  • 5:53 - 5:54
    C'est en partie parce que
  • 5:54 - 5:58
    ces expériences peuvent facilement
    être prises pour de la confusion.
  • 5:58 - 5:59
    Et c'est vrai ;
  • 5:59 - 6:01
    beaucoup de patients mourants
    font l'expérience
  • 6:01 - 6:03
    de confusion à travers tout ce processus.
  • 6:03 - 6:04
    Cependant,
  • 6:04 - 6:08
    contrairement aux patients
    qui vivent ces expériences
  • 6:08 - 6:10
    à travers des rêves et des visions,
  • 6:10 - 6:13
    les patients désorientés sont détachés.
  • 6:13 - 6:14
    Ils ont une pensée désorientée.
  • 6:14 - 6:17
    Ils sont incapables de reconnaître
    ce qui les entoure,
  • 6:17 - 6:21
    et ils sont plus souvent très agités
    et angoissés.
  • 6:21 - 6:25
    La distinction est mieux comprise
    en écoutant le patient.
  • 6:25 - 6:29
    La patiente que vous allez voir
    dans cette vidéo, Jeanne,
  • 6:29 - 6:33
    était à la fin de sa vie ;
    et elle est décédée depuis.
  • 6:33 - 6:34
    (Lancement de la vidéo)
  • 6:34 - 6:36
    Jeanne : J'étais couchée sur mon lit,
  • 6:36 - 6:41
    et des gens marchaient,
    lentement, autour de moi.
  • 6:42 - 6:46
    À ma droite, je ne les connaissais pas
    mais ils étaient tous très sympathiques,
  • 6:46 - 6:52
    et ils touchaient mon bras ou ma main
    en passant près de moi.
  • 6:52 - 6:55
    Mais de l'autre côté,
  • 6:55 - 6:57
    se trouvaient les gens que je connaissais.
  • 6:57 - 7:00
    Ma mère et mon père étaient là,
    mon oncle ;
  • 7:02 - 7:06
    tous ceux que je connaissais
    et qui étaient décédés étaient là.
  • 7:06 - 7:08
    Et ils passaient et faisaient
    la même chose.
  • 7:08 - 7:10
    Je pensais que c'était un bon rêve,
  • 7:10 - 7:15
    mais oh, je me souviens
    de chaque partie de leur visage.
  • 7:15 - 7:20
    Je savais que c'était ma mère et mon père,
    mon oncle et mon beau-frère.
  • 7:20 - 7:24
    Je vois ma mère plus souvent
    ces derniers temps.
  • 7:25 - 7:29
    Interlocuteur : Comment vous sentez-vous
    quand vous la voyez ?
  • 7:29 - 7:31
    Jeanne : Oh ! Merveilleusement bien !
  • 7:32 - 7:37
    Je ne peux pas dire que ma mère et moi
    étions très proches,
  • 7:37 - 7:40
    mais à la fin, on s'entendait bien.
  • 7:40 - 7:42
    (Fin de la vidéo)
  • 7:43 - 7:46
    Christopher Kerr :
    Jeanne n'est pas désorientée,
  • 7:46 - 7:48
    et ce serait la déshumaniser
    que de la décrire ainsi.
  • 7:48 - 7:51
    Mais elle nous montre tellement plus.
  • 7:51 - 7:53
    Elle nous montre que mourir
    est ce paradoxe :
  • 7:53 - 7:55
    elle décline physiquement,
  • 7:55 - 7:57
    et pourtant, émotionnellement
    et spirituellement,
  • 7:57 - 7:59
    elle est vive ; elle est vivante
    et elle est présente.
  • 7:59 - 8:03
    Les expériences de fin de vie ne sont pas
    seulement liées à nos visions personnelles
  • 8:03 - 8:06
    mais elles sont liées à certains
    de nos plus grands besoins :
  • 8:06 - 8:10
    le besoin d'aimer, d'être aimé
    d'être veillé, d'être pardonné.
  • 8:11 - 8:15
    Les expériences de fin de vie représentent
    aussi une interconnectivité riche
  • 8:15 - 8:17
    entre le corps et l'esprit,
  • 8:17 - 8:20
    entre les réalités que nous connaissons,
    et celles que nous ignorons,
  • 8:20 - 8:23
    entre notre passé et notre présent.
  • 8:23 - 8:25
    Mais plus important,
  • 8:25 - 8:28
    les expériences de fin de vie
    représentent la continuité
  • 8:28 - 8:32
    entre et à travers nos vies,
    vivant et mort,
  • 8:33 - 8:35
    pour que des mères comme Mary puissent
  • 8:35 - 8:38
    serrer dans leurs bras
    leurs enfants disparus,
  • 8:38 - 8:39
    et pour que des enfants comme Jeanne
  • 8:39 - 8:43
    puissent être réunis et réconfortés
    par leur mère disparue.
  • 8:44 - 8:46
    Donc, à nouveau, la question est :
  • 8:46 - 8:50
    pourquoi ne prenons-nous pas plus
    en considération les mots des mourants ?
  • 8:50 - 8:52
    Je n'ai pas toutes les réponses,
  • 8:52 - 8:55
    mais nous vivons à une époque
    où on ne croit que ce qu'on voit,
  • 8:55 - 9:00
    où les données et les preuves sont
    nécessaires pour comprendre et accepter.
  • 9:01 - 9:04
    Malheureusement, lorsqu'on parle
    d'expériences de fin de vie,
  • 9:04 - 9:07
    la plupart des études se basent
    sur des anecdotes.
  • 9:07 - 9:11
    Autrement dit, personne ne parle
    directement aux patients
  • 9:11 - 9:13
    ou n'essaye de les quantifier
    ou les mesurer.
  • 9:13 - 9:15
    Alors c'est ce que nous avons fait,
  • 9:15 - 9:18
    et à ce jour, nous avons interrogé
    plus de 1 400 patients mourants.
  • 9:19 - 9:20
    Dans notre première étude,
  • 9:20 - 9:24
    nous avons parlé avec 66 patients,
    chaque jour, jusqu'à leur décès,
  • 9:24 - 9:26
    et rassemblé 450 interviews.
  • 9:26 - 9:29
    Nous avons découvert
    qu'une grande majorité, plus de 80 %,
  • 9:29 - 9:31
    a rapporté au moins un rêve
    ou une vision pré-décès,
  • 9:31 - 9:37
    le décrivant comme plus réel que
    la réalité et distinct d'une rêve normal.
  • 9:37 - 9:40
    La prochaine question, c'est :
    de quoi ont-ils rêvé ?
  • 9:40 - 9:45
    Nous avons découvert que 72 %
    ont rêvé de proches disparus :
  • 9:45 - 9:48
    familles, amis ou animaux de compagnie,
  • 9:48 - 9:51
    59 % ont rêvé d'aller ou de se préparer
    à aller quelque part,
  • 9:51 - 9:56
    29 % ont rêvé des vivants et 28 %
    d'expériences passées importantes.
  • 9:57 - 9:59
    La prochaine question était donc :
  • 9:59 - 10:04
    des rêves différents fournissent-ils
    différents niveaux de réconfort ?
  • 10:04 - 10:08
    Voici le réconfort sur une échelle
    de un à cinq, cinq était le plus haut.
  • 10:08 - 10:10
    De tous les types de rêves,
  • 10:10 - 10:14
    voir les personnes disparues était associé
    avec un grand degré de réconfort.
  • 10:15 - 10:16
    La question suivante était :
  • 10:17 - 10:19
    y avait-il des changements
  • 10:19 - 10:23
    de sujets ou de fréquence des rêves quand
    les patients se rapprochaient de la mort ?
  • 10:23 - 10:25
    Autrement dit, le cas de Nancy ;
  • 10:25 - 10:29
    pourrions-nous prédire la mort
    en nous basant sur ces variables ?
  • 10:29 - 10:31
    Bien sûr, à nouveau, Nancy avait raison.
  • 10:31 - 10:36
    La fréquence est sur l'axe y, des
    semaines avant la mort sur l'axe des x,
  • 10:36 - 10:38
    Alors que les patients se rapprochent
    de la mort,
  • 10:38 - 10:41
    la fréquence de ces rêves augmente
    de façon impressionnante.
  • 10:41 - 10:44
    Ils rêvent notamment
    des personnes disparues,
  • 10:44 - 10:47
    et ces rêves sont associés
    au plus grand niveau de confort.
  • 10:47 - 10:51
    Donc, la question suivante que
    nous voulions poser dans notre recherche,
  • 10:51 - 10:54
    c'était : qu'est-ce que cela signifie
    pour la personne qui rêve ?
  • 10:54 - 10:57
    Y avait-il des thèmes communs ?
    Des significations communes ?
  • 10:57 - 11:01
    Le thème le plus commun était
    la présence réconfortante.
  • 11:01 - 11:04
    Voir les disparus ou voir les vivants
    était extrêmement positif,
  • 11:04 - 11:09
    donnait un sentiment de retrouvailles
    et le sentiment de ne pas être seul.
  • 11:09 - 11:12
    Maggie par exemple avait 80 ans.
  • 11:12 - 11:16
    Elle avait été grandement blessée par
    un ami d'enfance plus tard dans sa vie.
  • 11:16 - 11:18
    Avant de mourir,
  • 11:18 - 11:21
    elle a rêvé de cet ami, qui est revenu
    vers elle pour lui dire :
  • 11:21 - 11:26
    « Pardon, tu es une bonne personne.
    Si tu as besoin d'aide, appelle-moi. »
  • 11:27 - 11:29
    Kenny avait 88 ans.
  • 11:30 - 11:32
    Il avait perdu sa mère
    lorsqu'il était encore enfant.
  • 11:32 - 11:35
    Et avant de mourir,
    il a rêvé d'être enfant à nouveau.
  • 11:35 - 11:40
    Il était dans la cuisine de sa mère
    et a dit : « Je sens son parfum,
  • 11:40 - 11:43
    et j'entends sa voix douce qui me dit
    'Je t'aime !' »
  • 11:44 - 11:47
    Sandy a été élevée par sa sœur Emily.
  • 11:47 - 11:52
    Et avant de mourir, Emily est retournée
    vers elle dans un rêve et lui a dit :
  • 11:52 - 11:54
    « Souviens-toi de ce que je t'ai appris. »
  • 11:54 - 11:57
    Beaucoup de patients rapportent sentir
    la présence des autres,
  • 11:57 - 12:00
    qu'ils décrivent comme étant juste là,
    présents.
  • 12:00 - 12:03
    Peu de choses sont dites,
    mais beaucoup de choses sont comprises.
  • 12:03 - 12:06
    La prochaine vidéo est celle de Paul.
  • 12:06 - 12:07
    Paul a une maladie incurable.
  • 12:07 - 12:10
    En fait, il est mort trois semaines
    après cette vidéo.
  • 12:10 - 12:12
    Mais il parle de sa femme décédée.
  • 12:12 - 12:13
    (Lancement de la vidéo)
  • 12:13 - 12:16
    Paul : je rêve en couleurs
    la plupart du temps.
  • 12:16 - 12:19
    Et elle porte toujours
    quelque chose d'un joli bleu clair.
  • 12:19 - 12:23
    Ça peut être un tailleur.
    Ça peut être une blouse, une robe.
  • 12:23 - 12:25
    Mais c'est toujours bleu clair.
  • 12:25 - 12:29
    Quelques fois, elle me salue
    avec distinction.
  • 12:29 - 12:32
    Quelques fois, elle semble m'accueillir
    toujours avec un sourire.
  • 12:32 - 12:35
    Je n'ai entendu sa voix
    qu'une ou deux fois.
  • 12:35 - 12:38
    Elle me laisse toujours savoir
    qu'elle va bien.
  • 12:38 - 12:40
    C'est le sentiment que j'ai
    après ce genre de rêve.
  • 12:40 - 12:42
    (Fin de la vidéo)
  • 12:42 - 12:46
    CK : Comme je l'ai dit, 60 % rêvent
    de ce thème du voyage.
  • 12:46 - 12:49
    Jimmy voyait beaucoup d'amis
    et proches disparus et disait :
  • 12:49 - 12:52
    « Je n'ai pas vu certaines
    de ces personnes depuis des années.
  • 12:52 - 12:55
    Je sais que nous allons quelque part,
    mais je ne sais pas où. »
  • 12:55 - 12:59
    D'autres rêvent des personnes disparues
    qui les attendent juste là.
  • 12:59 - 13:03
    Sarah disait : « Il y avait six personnes
    décédées de ma famille qui m'attendaient.
  • 13:03 - 13:05
    C'est bon de les voir. »
  • 13:06 - 13:08
    Moins fréquemment, les gens font
    des rêves angoissants.
  • 13:08 - 13:12
    Ils revivent parfois le passé, des
    évènements traumatisants comme la guerre.
  • 13:12 - 13:13
    Voici Paul à nouveau.
  • 13:13 - 13:15
    (Lancement de la vidéo)
  • 13:15 - 13:19
    Paul : Une chose dont je rêve
    aussi souvent, mais pas récemment,
  • 13:19 - 13:21
    c'est d'être à nouveau à l'armée.
  • 13:21 - 13:24
    Je suis à Fort Devens
    dans le Massachusetts,
  • 13:24 - 13:26
    où ils entraînaient un régiment,
  • 13:26 - 13:29
    nous devions superviser ;
    un nouveau régiment.
  • 13:29 - 13:34
    Tous les gars sont jeunes. Ils sont...
    Je me souviens d'eux ! Et je suis vieux.
  • 13:34 - 13:36
    Et j'essaye de leur dire :
  • 13:36 - 13:40
    « Les gars ! Je suis passé par là.
    Je ne vais pas recommencer. »
  • 13:40 - 13:42
    Et ils se disputent avec moi !
  • 13:42 - 13:43
    (Fin de la vidéo)
  • 13:43 - 13:44
    (Rit)
  • 13:45 - 13:49
    CK : J'ai le grand privilège d'entendre
    beaucoup d'histoires personnelles
  • 13:49 - 13:53
    qui ont tendance à refaire surface
    en fin de vie.
  • 13:53 - 13:58
    Parfois, je suis attristé par le nombre
    de traumatismes et de tragédies vécus.
  • 13:58 - 14:02
    Mais le plus souvent, je suis inspiré
    par la force de l'esprit humain
  • 14:02 - 14:06
    et sa quête éternelle de guérir
    ce qui est blessé et ce qui est cassé.
  • 14:06 - 14:08
    Ce qui m'amène à l'histoire de Mack.
  • 14:09 - 14:12
    J'ai rencontré Mack en 2011.
  • 14:13 - 14:17
    Quand je suis entré dans sa chambre
    et lui ai demandé ce qui n'allait pas,
  • 14:17 - 14:21
    il m'a répondu par trois mots :
    « problème de guerre ».
  • 14:22 - 14:25
    Sa famille m'a expliqué que Mack
    ne parlait jamais de la guerre,
  • 14:25 - 14:27
    mais ces dernières semaines,
  • 14:27 - 14:30
    c'était impossible pour lui de fermer
    les yeux et de ne pas revivre l'horreur.
  • 14:30 - 14:34
    Il ne pouvait pas dormir,
    c'est pourquoi il était venu ici.
  • 14:34 - 14:37
    Mack a expliqué qu'il était un vétéran
    de la Seconde Guerre mondiale.
  • 14:37 - 14:42
    Il était très fier d'être du Texas
    et de servir sur l'USS Texas.
  • 14:42 - 14:47
    À 17 ans, en juin 1944,
    il a participé au Débarquement,
  • 14:48 - 14:52
    artilleur sur une péniche de débarquement
    qui allait de la plage au bateau.
  • 14:52 - 14:56
    Mais il faisait des cauchemars
    sur le retour de la plage au bateau.
  • 14:56 - 15:00
    Parce que c'est là qu'il transportait
    les morts et les mourants.
  • 15:00 - 15:04
    Il qualifiait ses cauchemars
    de terrifiants et réalistes.
  • 15:04 - 15:06
    Il disait :
    « Il n'y a rien hormis la mort...
  • 15:06 - 15:09
    Des soldats morts partout autour de moi. »
  • 15:09 - 15:11
    Quelques jours plus tard,
  • 15:11 - 15:14
    Mack était complètement transformé.
  • 15:14 - 15:17
    Il semblait apaisé et en paix.
    Il arrivait à dormir.
  • 15:17 - 15:20
    Il disait que le rêve terrifiant
    s'était apaisé,
  • 15:20 - 15:23
    et était remplacé par deux types de rêves.
  • 15:23 - 15:26
    C'était des rêves réconfortants
    et neutres.
  • 15:26 - 15:28
    Dans les rêves réconfortants,
    il pouvait revivre le jour
  • 15:28 - 15:32
    où il avait reçu ses papiers
    de démobilisation.
  • 15:32 - 15:38
    Dans le rêve neutre, un soldat mort
    venait à lui sur une plage.
  • 15:38 - 15:41
    Il ne savait pas qui il était
    et il disait :
  • 15:41 - 15:46
    « Bientôt, eux, tes camarades soldats
    vont venir te chercher et t'emmener. »
  • 15:46 - 15:51
    Mack a été secouru par des soldats décédés
    qu'il avait tant essayé de sauver.
  • 15:51 - 15:54
    Il pouvait tourner la page ; il pouvait
    fermer les yeux ; se reposer.
  • 15:54 - 15:58
    Il est mort en paix,
    et il est mort avec dignité.
  • 15:58 - 16:00
    Pensez-y un instant.
  • 16:00 - 16:06
    L'esprit humain et ce courageux gamin
    de 17 ans se sont battus pendant 67 ans
  • 16:06 - 16:08
    pour être libres, pour être libérés
  • 16:08 - 16:12
    de cette responsabilité écrasante,
    de cette douleur,
  • 16:12 - 16:14
    de cette horrible injustice.
  • 16:14 - 16:19
    Ses expériences de fin de vie
    n'ont pas dénié la réalité, la guerre,
  • 16:19 - 16:22
    mais elles les ont remodelées
    de telle façon
  • 16:22 - 16:25
    qu'on lui accordait enfin
    cette paix si durement gagnée.
  • 16:26 - 16:28
    Je veux terminer par là où j'ai commencé :
  • 16:28 - 16:31
    j'espère que vous entendrez
    ce que j'ai entendu des mourants.
  • 16:31 - 16:33
    Leurs mots sont éloquents et pertinents.
  • 16:33 - 16:35
    Et j'espère qu'ils laissent la possibilité
  • 16:35 - 16:39
    qu'il existe une lumière au sein
    des ténèbres de la mort.
  • 16:39 - 16:41
    Repensez à votre propre vie.
  • 16:41 - 16:44
    Pensez à votre plus grande perte,
  • 16:44 - 16:47
    votre plus grand réconfort,
    et votre plus grand émerveillement -
  • 16:47 - 16:50
    la perte d'un être cher,
  • 16:50 - 16:54
    l'accolade familière et chaleureuse d'un
    grand-parent, la naissance d'un enfant.
  • 16:55 - 16:58
    Et si, à la fin de votre vie,
    à une heure donnée,
  • 16:58 - 17:00
    le retour perdu,
  • 17:00 - 17:02
    les sentiments de distance
    devenaient familiers
  • 17:02 - 17:04
    s'ils faisaient sens ?
  • 17:04 - 17:08
    Si l'une de ces choses est vrai,
    alors la mort est une illumination.
  • 17:08 - 17:09
    Merci.
  • 17:09 - 17:11
    (Applaudissements)
Title:
Je vois des personnes décédées : rêves et visions des mourants | Christopher Kerr | TEDxBuffalo
Description:

Le Dr Christopher Kerr partage ses recherches sur les expériences de fin de vie à l'aide de vraies interviews, avec l'espoir que nous pourrons entendre ce qu'il a entendu de la part des mourants. « Leurs mots sont justes et pertinents. » dit-il, et ils évoquent la possibilité que les expériences de fin de vie sont en fait une affirmation de la vie, et non un déni.

Le Dr Christopher W. Kerr est le médecin-chef dans un centre de soins palliatifs où il travaille depuis 1999. Son passé de chercheur a évolué, des bancs de la science à l'expérience humaine de la maladie, en étant témoin à leurs chevets, et en étant notamment témoin de leurs rêves et visions à la fin de leur vie. Bien qu'ignorés par la médecine, ces expériences presque universelles fournissent souvent du réconfort et du sens, ainsi qu'une vision sur la vie vécue et la mort anticipée.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
17:26

French subtitles

Revisions Compare revisions