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Dan Phillips : Des maisons créatives en matériaux récupérés.

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    (Applaudissements)
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    Merci beaucoup.
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    J'ai quelques images,
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    et je vais parler un peu de
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    comment j'arrive à faire ce que je fais.
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    Toutes ces maisons sont construites
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    à partir de 70 à 80% de matériaux recyclés,
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    des choses destinées au broyeur, à la décharge, à l'incinérateur.
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    Tout était à jeter.
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    Voici la première maison que j'ai bâtie.
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    Cette porte d'entrée à double battant avec une imposte à trois vitres,
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    était destinée à la décharge.
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    Une petite tourelle là.
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    Ces petites bosses sur les corbeaux ici -
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    juste là -
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    sont des noix de hickory.
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    Ces bosses-là,
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    sont des œufs de poule.
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    Évidemment, tu déjeunes d'abord,
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    et ensuite tu remplis la coquille de mastic, la peins, l'attaches à un clou,
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    et tu obtiens une bosse architecturale
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    en une fraction de seconde.
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    Voici une vue de l'intérieur.
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    Vous voyez l'imposte à trois vitres là,
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    avec les fenêtres cathédrale -
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    sans doute une antiquité architecturale.
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    En route pour la décharge.
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    Même la serrure vaut probablement 200 $.
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    Tout dans la cuisine a été récupéré.
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    Il y a une cuisinière O'Keefe et Merrit de 1952,
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    si tu aimes faire la cuisine - une cuisinière super.
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    Ici on monte dans la tourelle.
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    J'ai eu cet escalier pour 20 $,
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    livraison sur place comprise.
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    (Rires)
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    Ensuite, en regardant vers le haut de la tourelle,
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    vous voyez qu'il y a des rondeurs, des poches et des tassements et ainsi de suite.
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    Bon, si ça te gâche la vie,
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    eh bien, tu n'as qu'à vivre ailleurs.
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    (Rires)
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    Voici une trappe pour le linge sale,
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    et ceci, là ; c'est une forme à chaussure.
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    Un de ces machins en fonte que tu vois chez les antiquaires.
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    Alors, j'en avais un,
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    et j'en ai donc créé un petit système low-tech
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    où tu appuies avec le pied sur la forme à chaussure,
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    la porte s'ouvre aussitôt, et tu y jettes ton linge sale.
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    Et puis, si t'es assez malin, il arrive dans une corbeille sur le lave-linge.
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    Sinon, il arrive dans la cuvette des WC.
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    (Rires)
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    Voici une baignoire que j'ai fabriquée,
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    avec des chutes de bois de 38 mm. sur 89 mm.
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    J'ai commencé par le bord là,
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    et puis je l'ai collée et clouée à un bac,
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    y ai attaché l'encorbellement, l'ai retournée,
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    et puis j'ai fait les deux profils de ce côté-ci.
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    C'est une baignoire pour deux personnes.
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    Après tout, ce n'est pas seulement une question d'hygiène,
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    il existe aussi la possibilité de divertissement.
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    (Rires)
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    Ce robinet-ci
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    est un morceau d'oranger des Osages.
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    Ça fait un peu phallique,
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    mais après tout, c'est une salle de bains.
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    (Rires)
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    Voici une maison inspirée d'une cannette de Budweiser.
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    Elle ne ressemble pas à une cannette de bière,
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    mais les clins d'œil à son dessin sont absolument immanquables.
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    Le motif de l'orge et du houblon sous l'avant-toit,
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    et le damier qui tient du rouge, blanc, bleu et argent de la cannette.
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    Ces consoles insérées sous l'avant-toit
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    portent ce petit dessin qui se trouve sur la cannette.
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    J'ai simplement posé une cannette sur une photocopieuse
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    et fait plusieurs agrandissements jusqu'à obtenir la taille voulue.
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    Sur la cannette on lit,
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    "Ceci est la célèbre bière Budweiser, nous ne connaissons aucune autre bière, blablabla."
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    Alors nous l'avons changé, et écrit ; "Ceci est la célèbre maison Budweiser.
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    Nous ne connaissons aucune autre maison, " et ainsi de suite et de suite.
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    Voici un pêne dormant. Il faisait partie de la clôture autour d'une scie circulaire des années 30.
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    C'est une machine très féroce que l'on utilise pour tailler le bois.
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    On m'a donné la clôture, mais pas la scie,
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    et nous en avons donc fait un pêne dormant.
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    Il arrêterait un éléphant en rut, je vous le promets.
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    Pour sûr, nous n'avons eu aucun problème avec des éléphants en rut.
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    (Rires)
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    La douche est censée simuler un verre de bière.
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    Nous avons des bulles qui montent ici, puis de la mousse en haut, imitée avec des carreaux bosselés.
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    Où est-ce que l'on trouve des carreaux bosselés ? Bon, on ne les trouve pas, bien sûr.
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    Mais on me file beaucoup de cuvettes, et je n'ai donc qu'à en achever une avec un marteau
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    pour obtenir des carreaux bosselés.
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    Le robinet, là,
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    est une pompe à bière.
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    (Rires)
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    Cette vitre
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    est la même vitre
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    que l'on retrouve sur chaque porte d'entrée de zone pavillonnaire des États-Unis.
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    On commence à s'en lasser, c'est un peu banal maintenant.
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    Donc, si tu la mets dans la porte d'entrée, ton dessin est raté.
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    Ne la mets pas dans la porte d'entrée alors, mets-la ailleurs.
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    C'est une belle vitre,
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    mais si tu la mets dans la porte d'entrée
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    on te dit, "Ah, tu essaies de faire comme ces autres-là, et tu n'y arrives pas."
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    Ne la mets pas là donc.
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    Une deuxième salle de bains, à l'étage.
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    Cette lampe est la même que l'on retrouve
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    chez chaque vestibule bourgeois aux États-Unis.
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    Ne la mets pas dans l'entrée.
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    Mets-la dans la douche, ou dans la penderie,
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    mais pas dans l'entrée.
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    Quelqu'un m'a donné un bidet, qui s'est ainsi fait installé.
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    (Rires)
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    Dans cette petite maison-ci
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    la balustrade est faite de branches de bois d'arc, ou oranger des Osages.
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    Les images vont encore défiler
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    pendant que je parle un moment.
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    Pour faire ce que je fais,
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    il faut comprendre
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    les causes du gaspillage dans l'industrie du bâtiment.
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    Nos logements sont devenus un produit de grande consommation,
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    et je vais en parler un peu.
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    Or, la première cause du gaspillage est probablement implantée dans notre ADN même.
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    L'être humain a besoin de conserver de la continuité
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    pour sa masse aperceptive.
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    Que veut dire cela?
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    Cela veut dire que, pour chaque perception que nous possédons,
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    il faut une correspondance avec ce qui l'a précédé,
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    sinon la continuité est perdue,
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    et nous en devenons un peu désorientés.
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    Je peux donc vous montrer un objet que vous n'avez pas déjà vu.
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    "Oh oui, c'est un portable."
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    Vous n'avez cependant jamais vu celui-là auparavant.
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    Ce que vous faites là
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    est évaluer l'ensemble de ses caractéristiques structurelles,
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    puis chercher dans vos bases de données - brrrr, portable.
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    "Oh oui, c'est un portable."
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    Si je le croquais,
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    vous diriez, "Attends.
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    Ce n'est pas un portable.
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    C'est un de ces nouveaux portables en chocolat."
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    (Rires)
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    Et vous seriez obligés d'ouvrir une nouvelle catégorie,
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    pile entre les portables et le chocolat.
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    Voilà notre procédure pour traiter l'information.
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    Et vous l'appliquez également à l'industrie du bâtiment.
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    Si nous avons un mur de vitres, et qu'une seule soit fêlée
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    nous disons : "Oh mince. Elle est fêlée. On la remplace.
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    On l'enlève. On la jette, ainsi personne ne peut l'utiliser. On en met une neuve."
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    Puisque c'est ce que l'on fait avec une vitre fêlée.
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    Peu importe que cela n'ait aucune incidence sur notre vie.
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    Cela fait seulement bouger l'organisation
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    et l'unité attendues des caractéristiques structurelles.
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    Cependant, si nous prenions un petit marteau,
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    et ajoutions des fêlures à toutes les autres vitres,
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    là, nous aurions un motif.
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    Car le gestaltisme privilégie la reconnaissance d'un motif
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    au dessus de celle des éléments qui le constituent.
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    Nous dirions : "Ooh, c'est beau."
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    Voilà qui m'est utile tous les jours.
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    La répétition crée un motif.
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    Si j'en ai cent de ceux-ci, cent de ceux-là,
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    peu importe ce qu'ils sont, ceux-ci et ceux-là.
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    Dès que je peux répéter quoi que ce soit, je dispose de la possibilité d'un motif
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    fait de noix et d'œufs de poule, tessons de verre, branches ;
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    tout est bon.
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    Cette première cause provoque beaucoup de gaspillage dans l'industrie du bâtiment.
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    La deuxième : Friedrich Nietzsche, vers 1885,
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    a écrit un livre intitulé "La naissance de la tragédie."
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    Il y a écrit
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    que les cultures ont tendance à basculer entre deux perspectives.
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    D'une part nous avons la perspective apollonienne,
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    assez ferme et réfléchie
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    et intellectualisée
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    et impeccable.
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    D'autre part, à l'autre bout du spectre, nous avons la perspective dionysiaque,
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    qui s'adonne plutôt aux passions et à l'intuition,
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    tolère les textures organiques et les gestes humains.
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    La personnalité apollonienne, sa méthode pour prendre un tableau
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    et l'accrocher,
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    est de sortir un théodolite,
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    un niveau à laser et un micromètre.
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    "Vas-y chérie. Un millimètre vers la gauche.
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    Faut mettre le tableau là. Ça y est. Parfait."
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    Fondée sur l'aplomb, l'angle droit et le centrage.
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    La personnalité dionysiaque
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    prend le tableau et fait...
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    (Rires)
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    Voilà toute la différence.
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    Je mets en valeur les imperfections.
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    Je mets en valeur les processus organiques.
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    Cette mentalité apollonienne,
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    'pile au centre', 'façon John Dewey', crée des montagnes de déchets.
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    Si quelque chose n'est pas parfait,
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    ne s'aligne pas au modèle préconçu - à la benne.
  • 7:50 - 7:52
    "Houp-là, on supprime - à la benne.
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    "Houp-là par là et houp-là par ci. Décharge. Décharge. Décharge.
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    On peut soutenir que la troisième cause est celle-ci.
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    La révolution industrielle a commencé pendant la Renaissance
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    avec la montée de l'humanisme,
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    et a reçu un coup de fouet à l'époque de la révolution française.
  • 8:05 - 8:07
    Au milieu du 19ème siècle elle est en plein boum,
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    et nous avons des bidules, des trucs
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    et des machins capables de faire
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    tout ce que nous avions jusqu'alors
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    dû faire à la main
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    De nos jours, donc, nous avons des matériaux standardisés.
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    Bon, les arbres ne poussent pas en 38mm par 89mm
  • 8:22 - 8:24
    et grands de 2,5, 3 ou 3,5 m.
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    Nous créons des montagnes de déchets.
  • 8:26 - 8:28
    On fait pourtant du bon travail
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    dans la forêt,
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    transformant tous les sous-produits de leur industrie
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    en panneau structurel orienté et aggloméré etc, etc,
  • 8:35 - 8:37
    mais il ne sert à rien
  • 8:37 - 8:40
    d'être responsable au niveau de la récolte dans la forêt
  • 8:40 - 8:43
    si les consommateurs gaspillent la récolte à l'utilisation ;
  • 8:43 - 8:45
    et c'est ce qui arrive.
  • 8:45 - 8:47
    Ainsi, que quelque chose ne soit pas conforme aux normes et :
  • 8:47 - 8:50
    "Houp-là, à la benne. Oh là là. Houp-là, c'est gauchi."
  • 8:50 - 8:52
    Si tu achètes une planche en 38mm sur 89mm et qu'elle n'est pas droite,
  • 8:52 - 8:54
    tu peux l'échanger.
  • 8:54 - 8:56
    "Ah, excusez-nous monsieur. Nous vous en donnerons une droite."
  • 8:56 - 8:59
    Alors moi, je mets toutes ces choses gauchies en valeur,
  • 8:59 - 9:01
    car la répétition crée le motif,
  • 9:01 - 9:03
    et j'ai une perspective dionysiaque.
  • 9:03 - 9:05
    La quatrième cause
  • 9:05 - 9:08
    est que la main d'œuvre soit démesurément coûteuse par rapport aux matériaux.
  • 9:08 - 9:10
    Bon, ce n'est qu'un mythe.
  • 9:10 - 9:13
    Voici une anecdote : Jim Tulles, un des gars que j'ai formés,
  • 9:13 - 9:15
    je lui dis, "Jim, c'est l'heure.
  • 9:15 - 9:18
    J'ai un poste pour toi comme contremaitre d'une équipe de charpentiers. Faut y aller."
  • 9:18 - 9:20
    "Dan, je ne pense vraiment pas que je sois prêt."
  • 9:20 - 9:23
    "Jim, c'est le moment, que diable ! Hop !
  • 9:23 - 9:25
    Nous avons accepté la mission alors.
  • 9:25 - 9:27
    Il était sur le chantier avec son mètre à ruban
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    en train de trier les déchets pour trouver de quoi faire une boutisse -
  • 9:29 - 9:31
    le panneau qui va au dessus d'une porte -
  • 9:31 - 9:33
    et pensant qu'il allait impressionner son patron - nous l'avions formé à faire ça.
  • 9:33 - 9:36
    Le chef de chantier arrive et lui demande : "Que fais-tu là ?"
  • 9:36 - 9:38
    "Oh, je cherche de quoi faire une boutisse."
  • 9:38 - 9:40
    Il attendait des compliments,
  • 9:40 - 9:43
    mais on lui assène ; "Hé, ho, je ne te paies pas pour fouiller les déchets. Au boulot."
  • 9:43 - 9:45
    Il a eu néanmoins la présence d'esprit de dire :
  • 9:45 - 9:47
    "Vous savez, si vous me payiez
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    300 $ de l'heure,
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    je comprendrais que vous me disiez ça,
  • 9:51 - 9:54
    mais là, je vous fais économiser cinq dollars à la minute.
  • 9:54 - 9:56
    Faites le calcul."
  • 9:56 - 9:58
    (Rires)
  • 9:58 - 10:01
    "Excellente idée, Tulles. Désormais, les mecs, on attaque les déchets d'abord."
  • 10:01 - 10:04
    L'ironie est qu'il n'était pas balèze en math.
  • 10:04 - 10:07
    (Rires)
  • 10:07 - 10:09
    Mais de temps en temps on a accès à la régie,
  • 10:09 - 10:11
    et on peut jouer un peu avec les cadrans.
  • 10:11 - 10:14
    Ce qui s'est passé cette fois-là.
  • 10:14 - 10:16
    La cinquième cause est que, après peut-être 2500 ans,
  • 10:16 - 10:19
    Platon fait toujours la loi avec sa notion des formes idéales.
  • 10:19 - 10:21
    Il a dit que nous avons dans la caboche
  • 10:21 - 10:24
    une idée parfaite de ce que nous voulons,
  • 10:24 - 10:27
    et que nous contraignons les ressources environnementales à la satisfaire
  • 10:27 - 10:29
    Nous avons donc tous la maison parfaite dans la tête,
  • 10:29 - 10:31
    le rêve américain, qui est une maison -
  • 10:31 - 10:33
    la maison de rêve.
  • 10:33 - 10:35
    Le problème est que nous n'en avons pas les moyens financiers.
  • 10:35 - 10:37
    Nous avons alors l'ersatz du rêve américain,
  • 10:37 - 10:39
    le mobile-home.
  • 10:39 - 10:42
    Voilà un fléau pour la planète.
  • 10:42 - 10:44
    C'est une hypothèque mobilière
  • 10:44 - 10:46
    exactement comme pour les meubles, ou une voiture.
  • 10:46 - 10:49
    Tu fais un chèque et il se déprécie aussitôt de 30%.
  • 10:49 - 10:51
    Après un an, tu n'arrives pas à en faire assurer tout le contenu,
  • 10:51 - 10:53
    seulement 70%.
  • 10:53 - 10:55
    Câblé avec du fil de 1,6 mm de diamètre typiquement.
  • 10:55 - 10:57
    Aucun problème là,
  • 10:57 - 10:59
    sauf si vous lui demandez de faire ce que devrait faire du fil de 2 mm de diamètre,
  • 10:59 - 11:01
    et c'est ce qui arrive.
  • 11:01 - 11:03
    Il émet une telle quantité de formaldéhyde
  • 11:03 - 11:06
    qu'une loi fédérale a été créée
  • 11:06 - 11:08
    afin d'alerter les nouveaux propriétaires de mobile-home
  • 11:08 - 11:11
    du danger des émissions de formaldéhyde.
  • 11:11 - 11:13
    Sommes nous tout simplement des imbéciles ahurissants ?
  • 11:13 - 11:15
    Les murs sont épais comme ça.
  • 11:15 - 11:18
    Le tout possède la robustesse d'une paille.
  • 11:18 - 11:20
    (Rires)
  • 11:20 - 11:22
    "Je pensais que 'Palm Harbor Village' était par là."
  • 11:22 - 11:24
    "Et bien que non. Il y a eu du vent hier soir.
  • 11:24 - 11:26
    C'est parti."
  • 11:26 - 11:29
    (Rires)
  • 11:29 - 11:32
    Puis quand ils se dégradent, qu'est-ce que l'on en fait ?
  • 11:32 - 11:34
    Or, tout ça,
  • 11:34 - 11:37
    ce modèle apollonien, platonicien,
  • 11:37 - 11:40
    l'industrie du bâtiment se fonde là-dessus,
  • 11:40 - 11:42
    et il y a de nombreux facteurs qui aggravent la situation.
  • 11:42 - 11:45
    L'un est que tous les professionnels,
  • 11:45 - 11:47
    tous les fournisseurs, vendeurs,
  • 11:47 - 11:49
    inspecteurs, ingénieurs, architectes,
  • 11:49 - 11:51
    ils pensent tous comme ça.
  • 11:51 - 11:53
    Puis cela se répercute sur le consommateur,
  • 11:53 - 11:55
    qui demande ce même modèle.
  • 11:55 - 11:58
    Il y a un effet Pygmalion. Nous ne pouvons pas y échapper.
  • 11:58 - 12:01
    Et voilà qu'arrivent les marketeurs et les fils de pub.
  • 12:01 - 12:03
    "Wouah. Hourra."
  • 12:03 - 12:06
    Nous achetons des choses dont nous ne savions pas avoir besoin.
  • 12:06 - 12:08
    On n'a qu'à regarder
  • 12:08 - 12:10
    ce qu'une société a fait avec du jus de pruneaux gazéifié.
  • 12:10 - 12:12
    Dégoûtant, non ?
  • 12:12 - 12:14
    (Rires)
  • 12:14 - 12:16
    Mais savez-vous ce qu'ils ont fait ? Ils y ont accroché une métaphore
  • 12:16 - 12:18
    et dit : "Je bois du Dr. Pepper ...",
  • 12:18 - 12:21
    et en un rien de temps, nous en éclusons des lacs,
  • 12:21 - 12:23
    des milliards de litres.
  • 12:23 - 12:26
    Il n'y a même pas de vrais pruneaux - on n'en a même pas le transit réglé.
  • 12:26 - 12:28
    (Rires)
  • 12:28 - 12:30
    Mince. C'est encore pire.
  • 12:30 - 12:33
    Et on se fait aspirer dare-dare.
  • 12:33 - 12:35
    Ensuite un nommé Jean-Paul Sartre a écrit un livre
  • 12:35 - 12:37
    intitulé "L'Être et le Néant."
  • 12:37 - 12:39
    Ça se lit assez vite.
  • 12:39 - 12:42
    Tu peux le parcourir en peut-être deux ans,
  • 12:42 - 12:45
    si tu le lis huit heures par jour.
  • 12:45 - 12:47
    Il y parle du moi divisé.
  • 12:47 - 12:50
    Il a dit que l'être humain se comporte autrement lorsqu'il sait qu'il est seul
  • 12:50 - 12:52
    que quand il sait que quelqu'un d'autre est là.
  • 12:52 - 12:55
    Si je mange des spaghettis alors, et que je sais que je suis seul,
  • 12:55 - 12:57
    je peux manger comme une rétrocaveuse.
  • 12:57 - 13:00
    Je peux m'essuyer la bouche sur ma manche - ma serviette reste sur la table,
  • 13:00 - 13:03
    mâcher la bouche ouverte, faire des petits bruits,
  • 13:03 - 13:05
    me gratter là où je veux.
  • 13:05 - 13:07
    (Rires)
  • 13:07 - 13:09
    Mais dès que tu arrives,
  • 13:09 - 13:11
    je fais : "Oh là. De la sauce à spaghettis là."
  • 13:11 - 13:13
    La serviette sur mes genoux, des demi-bouchées,
  • 13:13 - 13:15
    je mâche la bouche fermée, je ne me gratte plus.
  • 13:15 - 13:17
    Or, ce que je fais là
  • 13:17 - 13:20
    est de satisfaire tes attentes
  • 13:20 - 13:23
    concernant comment je devrais vivre.
  • 13:23 - 13:25
    Je ressens ces attentes,
  • 13:25 - 13:27
    et je m'y adapte,
  • 13:27 - 13:30
    et je vis selon ce que vous attendez que je fasse.
  • 13:30 - 13:32
    Cela arrive dans l'industrie du bâtiment aussi.
  • 13:32 - 13:35
    Voilà pourquoi tous nos lotissements se ressemblent.
  • 13:35 - 13:37
    Parfois, nous avons même
  • 13:37 - 13:39
    ces attentes culturelles formalisées.
  • 13:39 - 13:41
    Je parie que vos chaussures sont assorties, toutes.
  • 13:41 - 13:44
    Effectivement, nous y adhérons tous,
  • 13:44 - 13:47
    et dans les quartiers sécurisés,
  • 13:47 - 13:49
    nous voyons une exigence formalisée
  • 13:49 - 13:51
    avec un syndicat de copropriété.
  • 13:51 - 13:53
    Parfois ces types sont des Nazis,
  • 13:53 - 13:55
    bigre !
  • 13:56 - 13:59
    Tout ça aggrave et fait perdurer ce modèle.
  • 13:59 - 14:02
    On ne se préoccupe point de la convivialité.
  • 14:02 - 14:04
    L'être humain est une espèce sociale.
  • 14:04 - 14:06
    On aime s'attrouper,
  • 14:06 - 14:08
    exactement comme les gnous, exactement comme les lions.
  • 14:08 - 14:10
    Les gnous ne frayent pas avec les lions
  • 14:10 - 14:12
    parce que les lions mangent les gnous.
  • 14:12 - 14:14
    L'être humain est comme ça.
  • 14:14 - 14:16
    Nous faisons ce que fait le groupe
  • 14:16 - 14:18
    avec lequel nous essayons de nous identifier.
  • 14:18 - 14:21
    Vous le voyez donc assez souvent au lycée.
  • 14:21 - 14:24
    Ces gosses, ils vont travailler tout l'été,
  • 14:24 - 14:26
    se tuer,
  • 14:26 - 14:28
    afin de s'offrir
  • 14:28 - 14:30
    un jean de marque,
  • 14:30 - 14:32
    pour que, septembre arrivé,
  • 14:32 - 14:34
    ils puissent entrer à grands pas et asséner :
  • 14:34 - 14:36
    "Aujourd'hui je suis considéré.
  • 14:36 - 14:38
    Tu vois, regarde. Touche pas à mon jean de marque.
  • 14:38 - 14:41
    Je vois que toi, tu n'as pas de jean de marque.
  • 14:41 - 14:43
    Tu ne fais pas parti du beau monde.
  • 14:43 - 14:46
    Regarde, je fais partie du beau monde. T'as vu mon jean ?"
  • 14:46 - 14:49
    Voilà une motivation assez forte pour adopter un uniforme.
  • 14:49 - 14:52
    Et cela arrive dans l'industrie du bâtiment aussi.
  • 14:52 - 14:54
    Nous avons déréglé
  • 14:54 - 14:56
    la hiérarchie des besoins de Maslow
  • 14:56 - 14:58
    juste un peu.
  • 14:58 - 15:00
    Au niveau fondamental
  • 15:00 - 15:02
    nous avons les besoins élémentaires -
  • 15:02 - 15:05
    un abri, des vêtements, de la nourriture, de l'eau, un partenaire sexuel etc.
  • 15:05 - 15:08
    Deuxième, la sécurité. Troisième, les rapports humains.
  • 15:08 - 15:11
    Quatrième, le statut, l'estime de soi - c'est-à-dire la vanité.
  • 15:11 - 15:14
    Nous prenons la vanité et nous la plantons là.
  • 15:14 - 15:17
    Et nous finissons
  • 15:17 - 15:19
    avec des décisions futiles,
  • 15:19 - 15:21
    nous ne pouvons pas rembourser nos emprunts immobiliers,
  • 15:21 - 15:24
    ou même se permettre de manger autre chose que des haricots.
  • 15:24 - 15:26
    C'est que notre logement
  • 15:26 - 15:28
    est devenu un produit de grande consommation,
  • 15:28 - 15:31
    et il faut une certaine hardiesse
  • 15:31 - 15:34
    pour se plonger dans les profondeurs
  • 15:34 - 15:37
    primales et terrifiantes de nous-mêmes
  • 15:37 - 15:40
    et prendre nos propres décisions,
  • 15:40 - 15:42
    et ne pas voir notre logement comme un produit,
  • 15:42 - 15:45
    mais comme quelque chose qui jaillit des sources génitrices.
  • 15:45 - 15:47
    Cela nécessite un peu de hardiesse,
  • 15:47 - 15:50
    et, que diable, de temps en temps on échoue.
  • 15:50 - 15:52
    Mais ce n'est pas un problème.
  • 15:52 - 15:54
    Si l'échec te détruit,
  • 15:54 - 15:56
    alors tu ne peux pas le tenter.
  • 15:56 - 15:58
    J'échoue tout le temps, tous les jours.
  • 15:58 - 16:01
    J'ai connu des échecs gigantesques, je vous assure ;
  • 16:01 - 16:03
    des gros échecs publics humiliants
  • 16:03 - 16:05
    et mortifiants.
  • 16:05 - 16:07
    Tout le monde te montre du doigt et rit,
  • 16:07 - 16:09
    et ils disent, "Il l'a essayé une cinquième fois et cela ne marchait toujours pas.
  • 16:09 - 16:11
    Quel imbécile."
  • 16:11 - 16:13
    Très tôt les entrepreneurs se pointent pour te dire :
  • 16:13 - 16:15
    "Dan, t'es trop mignon,
  • 16:15 - 16:17
    mais tu comprends, cela ne pourra jamais marcher.
  • 16:17 - 16:20
    Pourquoi ne fais-tu pas ceci, et pourquoi ne fais-tu pas cela ?"
  • 16:20 - 16:22
    Et d'instinct tu veux dire :
  • 16:22 - 16:24
    "Va te faire cuire un œuf."
  • 16:25 - 16:27
    Mais tu ne le dis pas,
  • 16:27 - 16:30
    parce que ceux sont les mecs que tu cibles.
  • 16:30 - 16:32
    Ce que nous avons fait donc -
  • 16:32 - 16:34
    et ce n'est pas seulement dans le domaine du logement ;
  • 16:34 - 16:36
    mais aussi dans celui de l'habillement et l'alimentation
  • 16:36 - 16:39
    nos besoins en transports, en énergie -
  • 16:39 - 16:42
    on fait courir la rumeur juste un peu.
  • 16:42 - 16:45
    Et lorsque j'ai un peu d'attention médiatique,
  • 16:45 - 16:48
    je reçois des messages de personnes partout dans le monde.
  • 16:48 - 16:50
    Nous avons peut-être inventé l'excès,
  • 16:50 - 16:52
    mais le problème du gaspillage est
  • 16:52 - 16:55
    mondial.
  • 16:55 - 16:58
    On est dans une mauvaise passe.
  • 16:58 - 17:01
    Et bien que je n'aie pas le torse barré de ceinturons
  • 17:01 - 17:03
    ni un bandana rouge
  • 17:03 - 17:05
    nous somme pourtant vraiment dans le pétrin.
  • 17:05 - 17:07
    Ce que nous devrions faire
  • 17:07 - 17:09
    est renouer
  • 17:09 - 17:12
    avec ce qui est vraiment primordial chez nous,
  • 17:12 - 17:14
    prendre des décisions
  • 17:14 - 17:17
    et dire : "Tu sais, je pense que j'aimerais
  • 17:17 - 17:19
    couvrir ce mur de CD.
  • 17:19 - 17:22
    qu'est-ce que t'en penses, chérie ?"
  • 17:22 - 17:24
    Si cela ne va pas comme on voulait, on l'enlève.
  • 17:25 - 17:28
    Ce que nous devrions faire est renouer avec nous-mêmes,
  • 17:28 - 17:30
    et c'est vraiment passionnant.
  • 17:30 - 17:32
    Merci beaucoup.
  • 17:32 - 17:36
    (Applaudissements)
Title:
Dan Phillips : Des maisons créatives en matériaux récupérés.
Speaker:
Dan Phillips
Description:

A travers ce discours réjouissant et pénétrant de TEDxHouston, le constructeur Dan Phillips nous fait visiter une douzaine de maisons qu'il a construites au Texas en utilisant des matériaux recyclés et récupérés de façon insolite et créative. Brillantes et 'low-tech', ses inventions réveilleront votre élan créatif.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:37
Elaine Green added a translation

French subtitles

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