Return to Video

Ce qu'il faut pour fabriquer un télescope

  • 0:01 - 0:02
    Je suis une astronome
  • 0:02 - 0:04
    qui construit des télescopes.
  • 0:04 - 0:09
    Je construis des télescopes
    premièrement parce que c'est génial.
  • 0:09 - 0:11
    Mais, deuxièmement,
  • 0:11 - 0:15
    je crois que si l'on veut faire
    de nouvelles découvertes sur l'univers,
  • 0:15 - 0:17
    il faut regarder l'univers
  • 0:17 - 0:18
    d'une nouvelle manière.
  • 0:18 - 0:20
    En astronomie, les nouvelles technologies
  • 0:20 - 0:24
    qui vont des lentilles
    et des plaques photographiques
  • 0:24 - 0:26
    jusqu'aux télescopes spatiaux,
  • 0:26 - 0:29
    nous ont toutes donné
    de nouvelles façons de voir l'univers
  • 0:29 - 0:32
    et ont directement permis
    de mieux comprendre
  • 0:32 - 0:34
    notre place au sein de l'univers.
  • 0:35 - 0:37
    Mais ces découvertes ont un coût.
  • 0:37 - 0:41
    Il a fallu des milliers
    de personnes et 44 ans
  • 0:41 - 0:45
    pour passer de l'idée du télescope
    Hubble à sa mise en orbite.
  • 0:45 - 0:47
    Cela prend du temps,
  • 0:47 - 0:49
    il faut savoir résister à l'échec,
  • 0:49 - 0:54
    chacun doit prendre la décision,
    chaque jour, de ne pas abandonner.
  • 0:54 - 0:57
    Je sais à quel point cette décision
    est rude parce que je la vis.
  • 0:57 - 1:02
    La réalité de mon travail
    est que j'échoue presque à chaque fois
  • 1:02 - 1:06
    et que je continue, car c'est ainsi
    que l'on construit des télescopes.
  • 1:07 - 1:09
    Le télescope que j'ai aidé
    à construire s'appelle
  • 1:09 - 1:14
    « Faint Intergalactic-medium
    Red-shifted Emission Balloon »,
  • 1:14 - 1:15
    ce qui est imprononçable,
  • 1:15 - 1:17
    donc on l'appelle « FIREBall ».
  • 1:17 - 1:20
    Et ne vous inquiétez-pas,
    il n'explose pas à la fin de l'histoire !
  • 1:22 - 1:24
    Je travaille sur FIREBall
    depuis plus de 10 ans
  • 1:24 - 1:28
    et je dirige maintenant
    l'incroyable équipe qui l'a construit.
  • 1:28 - 1:32
    FIREBall a été conçu pour observer
    les structures connues les plus légères :
  • 1:32 - 1:36
    des nuages massifs de gaz d'hydrogène.
  • 1:36 - 1:38
    Ces nuages sont immenses.
  • 1:38 - 1:41
    Ils sont encore plus grands que
    ce à quoi vous pensez, ils sont énormes.
  • 1:41 - 1:45
    On pense que ces nuages d'hydrogène
    flottent dans et hors des galaxies.
  • 1:46 - 1:49
    Je travaille sur FIREBall
    car ce que je veux vraiment,
  • 1:49 - 1:51
    c'est tout faire pour que, de l'univers,
  • 1:51 - 1:54
    on ne voie non seulement
    la lumière des étoiles
  • 1:54 - 1:59
    mais aussi tous les atomes de l'univers
    afin de les analyser.
  • 2:00 - 2:01
    C'est tout ce que je veux faire.
  • 2:01 - 2:02
    (Rires)
  • 2:03 - 2:05
    Mais observer au moins
    quelques-uns de ces atomes
  • 2:05 - 2:09
    est crucial pour comprendre
    l'apparence des galaxies.
  • 2:09 - 2:11
    Je veux savoir
  • 2:11 - 2:15
    comment ce gaz d'hydrogène
    entre dans une galaxie et crée une étoile.
  • 2:16 - 2:19
    J'ai commencé à travailler
    sur FIREBall en 2008,
  • 2:19 - 2:21
    pas sur le télescope
    mais sur le capteur de lumière,
  • 2:21 - 2:24
    qui est le cœur de tout télescope.
  • 2:24 - 2:27
    Ce nouveau capteur était développé
    par une équipe que j'ai rejointe
  • 2:27 - 2:29
    au Jet Propulsion Laboratory de la NASA.
  • 2:30 - 2:34
    Et notre but était de prouver
    que ce capteur marchait vraiment bien
  • 2:34 - 2:36
    pour détecter l'hydrogène gazeux.
  • 2:37 - 2:38
    En travaillant sur cela,
  • 2:38 - 2:44
    j'ai détruit plusieurs capteurs
    extrêmement onéreux
  • 2:45 - 2:47
    avant de réaliser
    que la machine que j'utilisais
  • 2:47 - 2:51
    créait un plasma qui court-circuitait
    tout appareil électrique qu'on y insérait.
  • 2:51 - 2:54
    On a utilisé une autre machine,
    on a eu d'autres défis
  • 2:54 - 2:56
    et il a fallu des années pour y arriver.
  • 2:56 - 2:59
    Quand le premier capteur a fonctionné,
  • 2:59 - 3:01
    c'était splendide !
  • 3:01 - 3:05
    Nos capteurs sont 10 fois meilleurs
    que les précédentes technologies de pointe
  • 3:05 - 3:08
    et sont installés
    dans tous les types de télescopes.
  • 3:08 - 3:12
    Nos capteurs vont nous donner
    une nouvelle façon de voir notre univers
  • 3:12 - 3:14
    et notre place au milieu de ce dernier.
  • 3:14 - 3:16
    Bien, une fois les capteurs finis,
  • 3:16 - 3:18
    il est temps de construire un télescope.
  • 3:18 - 3:21
    Et FIREBall est étrange
    par rapport aux autres télescopes
  • 3:21 - 3:24
    car il n'est ni dans l'espace,
    ni sur la terre ferme.
  • 3:24 - 3:27
    À la place, il est suspendu
    à un gigantesque ballon par un câble
  • 3:27 - 3:30
    et observe durant une seule nuit
  • 3:30 - 3:33
    depuis la stratosphère à 40 km d'altitude,
  • 3:33 - 3:36
    précisément à la limite de l'espace.
  • 3:36 - 3:41
    C'est en partie parce que la limite
    est bon marché comparée à l'espace.
  • 3:41 - 3:43
    (Rires)
  • 3:43 - 3:46
    En le construisant, bien entendu,
    il y a eu encore plus d'échecs :
  • 3:47 - 3:48
    des ratés sur les miroirs
  • 3:48 - 3:51
    car des miroirs rayés
    ont dû être remplacés,
  • 3:51 - 3:54
    puis un système de refroidissement
    entier a dû être reconstruit,
  • 3:55 - 4:00
    des échecs de calibrage, on a dû
    recommencer les tests encore et encore
  • 4:01 - 4:03
    et des ratés littéralement inattendus :
  • 4:03 - 4:07
    un jour, un bébé faucon adorable
    mais très énervé a atterri
  • 4:07 - 4:09
    sur le réservoir de notre spectrographe.
  • 4:09 - 4:10
    (Rires)
  • 4:10 - 4:12
    Pour être honnête,
    c'était le plus beau jour
  • 4:12 - 4:14
    de l'histoire de ce projet.
  • 4:14 - 4:15
    (Rires)
  • 4:15 - 4:17
    J'aimais vraiment ce faucon.
  • 4:18 - 4:20
    Une fois les dégâts du faucon réparés,
  • 4:20 - 4:23
    on l'a fabriqué pour tenter
    de le lancer en août 2017
  • 4:23 - 4:26
    et on n'a pas réussi à le lancer
  • 4:26 - 4:31
    à cause de six semaines de pluie continue
    dans le désert du Nouveau-Mexique.
  • 4:31 - 4:33
    (Rires)
  • 4:33 - 4:35
    Nos esprits lessivés,
    nous y sommes retournés
  • 4:35 - 4:38
    en août 2018, la dixième année.
  • 4:38 - 4:40
    Et durant la matinée du 22 septembre,
  • 4:45 - 4:47
    nous avons réussi à lancer le télescope.
  • 4:47 - 4:51
    (Applaudissements)
  • 4:52 - 4:57
    J'ai tout investi dans ce projet,
    même ma vie entière,
  • 4:57 - 5:01
    et je n'arrive toujours pas
    à croire que c'est arrivé.
  • 5:01 - 5:07
    Voilà une photo de notre ballon
    prise ce jour-là au crépuscule
  • 5:07 - 5:08
    FIREBall y est suspendu
  • 5:08 - 5:10
    et la lune est presque pleine.
  • 5:10 - 5:14
    Et j'adore cette photographie,
    Dieu que je l'aime.
  • 5:15 - 5:16
    Mais je la regarde
  • 5:16 - 5:18
    et ça me donne envie de pleurer.
  • 5:19 - 5:21
    Car lorsqu'un ballon
    comme celui-là est gonflé,
  • 5:21 - 5:23
    il est sphérique.
  • 5:23 - 5:25
    Et celui-ci ne l'est pas.
  • 5:25 - 5:27
    Il a une forme de larme.
  • 5:27 - 5:30
    Cela signifie que le ballon est percé.
  • 5:31 - 5:33
    Parfois les ballons échouent aussi.
  • 5:34 - 5:37
    FIREBall a atterri en urgence
    dans le désert du Nouveau-Mexique
  • 5:37 - 5:39
    on n'a pas eu les données
    que l'on voulait.
  • 5:39 - 5:41
    À la fin de cette journée,
    je me suis demandé :
  • 5:43 - 5:44
    « Pourquoi est-ce que je fais ça ? »
  • 5:45 - 5:48
    J'y ai beaucoup réfléchi depuis.
  • 5:49 - 5:54
    Je me suis rendu compte
    que tout mon travail a été rempli
  • 5:54 - 5:55
    de choses qui cassent, d'où l'échec,
  • 5:55 - 5:58
    qu'on ne comprend pas, d'où l'échec,
  • 5:58 - 6:00
    qu'on ne manipule pas bien dès le départ,
  • 6:00 - 6:01
    d'où l'échec.
  • 6:01 - 6:04
    Je pense aux milliers de personnes
    qui ont construit Hubble
  • 6:04 - 6:06
    et aux nombreux échecs qu'ils ont endurés.
  • 6:06 - 6:09
    Ils ont fait face à d'innombrables
    échecs qui fendent le cœur,
  • 6:09 - 6:11
    même quand il était dans l'espace.
  • 6:11 - 6:14
    Pour eux, aucun de ces échecs n'a été
    une raison d'abandonner.
  • 6:15 - 6:17
    Je repense à ce pourquoi
    j'aime mon métier.
  • 6:17 - 6:20
    Je veux savoir ce qu'il se passe
    dans l'univers.
  • 6:20 - 6:22
    Nous voulons tous savoir
    ce qu'il se passe dans l'univers.
  • 6:22 - 6:25
    Je veux savoir ce qu'il se passe
    avec cet hydrogène.
  • 6:26 - 6:29
    Je me suis rendu compte que la recherche
    est essentiellement un processus
  • 6:29 - 6:32
    de découverte de choses
    qui ne fonctionnent pas
  • 6:32 - 6:35
    et l'échec est inévitable quand on dépasse
    les limites de nos connaissances,
  • 6:35 - 6:37
    et c'est ce que je veux faire.
  • 6:37 - 6:39
    Alors je choisis de continuer.
  • 6:40 - 6:43
    Et notre équipe va faire ce qu'a déjà fait
  • 6:43 - 6:46
    quiconque qui a construit
    quelque chose avant nous :
  • 6:46 - 6:47
    nous allons réessayer,
  • 6:47 - 6:48
    en 2020.
  • 6:49 - 6:54
    Aujourd'hui, on dirait un échec,
    et ça y ressemble vraiment,
  • 6:54 - 6:56
    mais cela restera un échec,
  • 6:56 - 6:58
    seulement si j'abandonne.
  • 6:58 - 6:59
    Merci beaucoup.
  • 6:59 - 7:02
    (Applaudissements)
Title:
Ce qu'il faut pour fabriquer un télescope
Speaker:
Erika Hamden
Description:

L'astronome et TED Fellow Erika Hamden dirige l'équipe qui construit FIREBall, un télescope suspendu à un ballon géant qui flotte à la limite de l'espace et cherche des indices sur la créations des étoiles. Elle nous emmène sur les montagnes russes qu'ont été ses dix années aventureuses dans le but de passer de l'idée de ce télescope à sa mise en orbite - et nous montre comment l'échec est inévitable quand on dépasse la limite de nos connaissances.

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
07:18

French subtitles

Revisions